Abbaye Saint-Corneille
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2008-07-24T00:49:07Z
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{{Infobox édifice religieux
| nommonument = Abbaye Saint-Corneille
| photo = Abbaye sc.jpg
| nomlocal =
| ville = [[Compiègne]]
| pays = [[Image:Blason France moderne.svg|30px]]
| région = [[Picardie]]
| département = [[Oise (département)|Oise]]
| culte = [[Église catholique romaine|Catholique romain]]
| type = [[Abbaye]]
| rattachement = [[Diocèse de Soissons]]
| début constr = [[876]]
| fin const = [[1790]]
| style = [[Architecture gothique|Gothique]]
| classement = Rares vestiges classés [[Monument historique (France)|monuments historiques]]
}}
L’'''abbaye Saint-Corneille''' de [[Compiègne]] ([[876]]-[[1790]]), située à 75 km au nord de [[Paris]], dans le [[comté de Valois|pays de Valois]], s’appelle tout d’abord Sainte-Marie ou Notre-Dame. Elle est rebaptisée par la suite Saint-Corneille et est connue également sous le nom de Saint-Cyprien.
Cette abbaye impériale et royale, fondée par un empereur, pour succéder ou être au moins la rivale de la [[chapelle palatine]] d’[[Aix-la-Chapelle]], est consacrée par un pape, honorée par la présence de plusieurs [[concile|Conciles]]. Plusieurs Carolingiens se font couronner ou inhumer dans ses murs. L’abbaye Notre-Dame est l’équivalent pour cette dynastie de l’[[Basilique Saint-Denis|abbaye Saint-Denis]] pour les [[Capétiens]]. Quand ces derniers prennent le pouvoir, c'est en son sein qu'une assemblée reconnait roi [[Hugues Capet]]. Mais, après [[987]], l'influence de l'abbaye diminue et devient presque uniquement provinciale. Toutefois, aux yeux des princes comme du peuple, elle reste, du fait de son passé et de ses précieuses reliques, une illustre abbaye royale. L'histoire de la ville de Compiègne et du [[Comté de Valois|Valois]] est étroitement liée à celle de son abbaye. Toutefois, même quand les chanoines font place en [[1150]] à des moines de l’[[ordre de saint Benoît]], les tensions demeurent, mais aussi les intérêts en commun. Les moines ont encore des rapports conflictuels avec les puissants seigneurs locaux et les [[Liste des évêques de Soissons|évêques de Soissons]]. Les rois et les papes doivent sans cesse les protéger ou plus rarement modérer leurs ambitions. A la fin du Moyen-Âge, l’on peut encore écrire : ''les institutions canoniales du nord, quelque importantes qu'elles soient, sont éclipsées par la fameuse abbaye de Saint-Corneille''. L’abbaye recèle toujours, à la Renaissance, de nombreuses reliques, des drapeaux pris à l’ennemi, et reçoit des princes et des reines. Elle a même ses huit barons fieffés. Les abbés détiennent une puissance durable dans la moyenne vallée de l’[[Oise (rivière)|Oise]] et à [[Compiègne]]. Toutefois le [[régime de la commende]] et la réunion de sa [[mense]] à l'[[Église du Val-de-Grâce|abbaye royale du Val-de-Grâce]] vont provoquer son déclin. La Révolution de [[1789]] met fin à son histoire presque millénaire. L’abbaye royale, encore riche et célèbre, [[Panthéon]] de [[Compiègne]] est profanée, pillée et laissée à l’abandon, en [[1793]]. Les derniers vestiges de l'abbaye seront bombardés en [[1940]] par l'aviation nazie.
== Naissance et apogée de l'abbaye ==
===La fondation de l’abbaye Notre-Dame de Carlopolis (876) ===
[[image:KarlII monks.jpg|thumb|200px|[[Charles le Chauve]] et des moines de Tours. A Compiègne la future abbaye est une [[collégiale]] et les religieux des [[chanoine]]s.]]
[[Pépin le Bref]] rassemble un [[concile]] à [[Compiègne]] en [[757]]. Ce prince fait placer dans la chapelle du palais le premier orgue connu en France, un cadeau de [[Constantin V]], l’empereur d'Orient<ref> [http://smcj.club.fr/bureau/biblio/cavaille/org_arc/aper_oa.htm Voir début de l'article]</ref>. Compendium a déjà une importance considérable en [[Francie occidentale]] dès avant la mort de [[Clotaire Ier|Clotaire]] en cette ville, en [[561]].
[[Charles le Chauve]] établit progressivement à [[Compiègne]] le siège principal de son autorité royale, puis impériale. Mais l'on ne peut en rien parler de véritable capitale. Le pouvoir n'est en rien centralisé et [[Verberie]] et [[Compiègne]] ne sont juste que deux palais parmi tant d'autres. Sacré empereur à [[Rome]], à la Noël [[875]], Charles fonde en [[876]] l’abbaye Notre-Dame de Karlopole, ''SS. Cornelius et Cyprianus Compendiens, ou Compendiense Monasterium''<ref> ''Dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la Bible'', par ... Augustin Calmet ... p.225. </ref>, qu'il établit à l'emplacement de l'ancien palais mérovingien, tandis que lui-même se fait construire un nouveau palais situé vers l'[[Oise (rivière)|Oise]], auquel l'abbaye sert de chapelle impériale. Il s'inspire fortement du modèle de palais de son grand-père [[Charlemagne]], à [[Aix-la-Chapelle]]<ref> ''Procès-verbaux, rapports et communications diverses'', de Société historique de Compiègne, 1934-36, p.2. </ref>. Carlopolis est la capitale de l’empire<ref> ''Histoire de Compiègne'', Édition des Beffrois, 1988, p.44. </ref>. Le regroupement des différents bâtiments est nécessaire à l'exercice du pouvoir et à la vie d'une cour (dont ''l'aula'' pour la réception, des bâtiments d'habitation, et une chapelle pour que l'empereur et sa cour assistent à l'office divin, légitime son pouvoir spirituel et puisse abriter son futur tombeau).
La papauté, pendant cette courte période, joue un rôle assez important au sein de l'empire, mais certes en rien comparable à sa toute puissance à partir du {{s|XI|e}}. Il faut qu’en [[877]], soixante douze évêques se réunissent à [[Compiègne]] et que le pape [[Jean VIII (pape)|Jean VIII]] préside cette assemblée, pour que soit consacrée l'église de Saint-Corneille. [[Charles le Chauve]] est surnommé ''le chauve'', non en raison d’une [[calvitie]], mais parce que ce [[5 mai]] [[877]], jour de la consécration de la [[collégiale]] Sainte-Marie, future [[abbaye Saint-Corneille]], il s’est fait raser le crâne en signe de soumission à l’[[Église catholique romaine|Église]], et ce, malgré la coutume franque exigeant qu’un roi ait les cheveux longs.
[[Image:Johannes-Scotus-Erigena.jpg|thumb|left|100px|[[Jean Scot Erigène]].]]
Et [[Charles le Chauve]] estime que ces grâces purement temporelles ne suffisent pas pour décorer cette église naissante. Outre le transfert de précieuses reliques, il demande au pape [[Jean VIII (pape)|Jean VIII]] d’accorder des privilèges qui vont devenir célèbres à l'Église de Compiègne<ref> ''Œuvres complètes de Cochin, avocat au Parlement de Paris'', p.252. </ref>.
Le premier abbé de Saint-Corneille est [[Hincmar de Reims]] ([[806]]-[[882]]), futur [[Liste des archevêques de Reims|archevêque de Reims]]<ref> ''Encyclopédie théologique, ou Série de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse,'' pub. par M. l'abbé Migne ... p.420. </ref>. Le roi y met 100 chanoines<ref> ''Dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la Bible'', par Augustin Calmet ... p.225. </ref>. [[Jean Scot Erigène]] est à la fin de sa vie, lui aussi à l’origine de cette abbaye<ref> Selon la Société Historique de Compiègne </ref>. Mais ce [[philosophe]] et [[théologien]] du {{s-|IX|e}}, meurt en [[876]] au moment de sa création.
Les successeurs de [[Charles le Chauve]], les Carolingiens de [[Francie occidentale]] vont continuer à considérer leurs palais de Compiègne et de [[Verberie]] et cette abbaye comme les successeurs du [[palais d'Aix-la-Chapelle]] et de la [[chapelle palatine]].
=== Du temps des Carolingiens (877-987) ===
[[Image:Palais.carolingien.png|thumb|250px|Le palais des Carolingiens à [[Verberie]], près de [[Compiègne]].]]
Le fils de [[Charles le Chauve]], [[Louis II de France|Louis II le Bègue]], est intronisé et sacré à Compiègne en [[877]], dans la chapelle palatine, où il est enterré deux ans plus tard, en [[879]].
L'abbaye prend, sous ses successeurs, une grande importance, et acquiert d'immenses richesses. La ville se bâtit à l’ombre de l’abbaye. Elle est gouvernée par des prieurs et des doyens<ref> ''Dictionnaire d'ascétisme ...'', par les abbés J.-C. G. et J.-C. P. T. 2, contenant en outre Le traité de la perfection du chrétien, par le cardinal de Richelieu. Les secrets de la vie spirituelle, qui en découvrent les illusions / par le R.P. François Guilloré, Paris : J.-P. Migne, 1854, p.1192. </ref>.
Les chanoines ont le droit de battre monnaie. [[Charles III de France|Charles le Simple]], roi de [[898]] à [[922]], confirme la donation que [[Frédérune]], sa femme, avait faite à l'église de Compiègne de la moitié de la monnaie dans la ville de ''Cainsei'', ou plutôt dans celle de [[Ponthion]], ''ancien palais de nos rois''<ref> Duby, ''Monnaie des barons et des prélats'', tome II, p.247.</ref>. Une tour de la Monnaie est visible sur des gravures de l’abbaye et citée dans de nombreux textes à l’angle du jardin potager de la collégiale Saint-Corneille, après l’alignement des maisons des chanoines<ref> Plans modernes de 1509 et de 1567. </ref>. Par ce droit à la moitié de la monnaie, il faut certainement entendre le partage des bénéfices que procure l'émission du numéraire, ou bien le droit de frapper un nombre de deniers et d'oboles égal à celui que le château met en circulation. Il n’existe pas de monnaie avec le nom de Saint-Corneille ou de quelque abbé.
[[Image:France_Xe_s.jpg|thumb|left|Le royaume de [[Francie Occidentale]], au temps des derniers [[Carolingiens]]. Compiègne ne va plus être la capitale du royaume et Saint-Corneille l'abbaye de ses rois.]]
L’abbaye est toutefois détruite en partie par les [[Viking|Vikings]]<ref> ''Dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la Bible'', par ... Augustin Calmet ... p.225. </ref> en [[882]] ou des incendies en [[912]] et en [[916]] <ref> ''L’Oise, De la préhistoire à nos jours'', Bordesoules, p.119. </ref> et relevée par [[Charles III de France|Charles le Simple]] <ref> ''Histoire de saint Augustin'', par M. Poujoulat... Sixième édition, p.XXXI. </ref> à partir de [[917]]<ref> ''Histoire de Compiègne'', Édition des Beffrois, 1988, p.44. </ref>. L'abbaye Saint-Corneille doit donc choisir des avoués ou défenseurs. Elle se met d'abord sous la sauvegarde des [[Liste des comtes de Champagne|comtes de Champagne]], qui sont de la [[Herbertiens|Maison de Vermandois]] à cette époque et ensuite sous celle des [[Liste des comtes de Roucy|seigneurs de Roucy]]<ref> ''Encyclopédie théologique, ou Série de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse'', pub. par M. l'abbé Migne ... p.420. </ref>.
L'ordre monastique des chanoines réguliers, dont la discipline s'était relâchée au milieu des guerres et des révolutions, appelle en [[816]] l'attention de [[Louis le Pieux]] ([[778]]-[[840]]). Au mois de septembre de cette année, ce monarque invite les évêques réunis à [[Aix-la-Chapelle]] à rédiger une règle pour les chanoines<ref> ''Revue de l'art chrétien'', de Société de Saint-Jean, p.549. </ref>.
[[Eudes Ier de France|Eudes]], qui est un [[Robertiens|Robertien]] est élu roi des Francs et sacré le [[29 février]] [[888]] en l'abbaye Saint-Corneille de [[Compiègne]], par Gautier, [[Liste des archevêques de Sens|archevêque de Sens]].
En [[978]], le roi [[Otton II du Saint-Empire]] pille le palais et l'abbaye de [[Compiègne]] en représailles de l'attaque de son palais à [[Aix-la-Chapelle]]<ref> ''Histoire de France illustrée depuis les origines jusqu'à la révolution'' - Page 410, de Ernest Lavisse - 1911 et ''Collection de textes pour servir à l'étude et à l'enseignement de l'histoire'' - Page 26, 1925. </ref>.
Le dimanche de Pentecôte, [[8 juin]] [[979]], le père de [[Louis V de France|Louis V]], [[Lothaire de France| Lothaire]] l’associe au trône, et le fait couronner à l'abbaye Saint-Corneille de [[Compiègne]] par [[Liste des archevêques de Reims|Adalbéron]], [[Liste des archevêques de Reims|archevêque de Reims]]. [[Louis V de France|Louis V]] est inhumé en l'église de l’abbaye Saint-Corneille de Compiègne, en [[987]].
Les rois seront par la suite couronnés presque toujours dans des cathédrales. Compiègne n’est plus le centre de la [[Francie Occidentale]], qui est désormais situé plus au sud. Néanmoins les premiers [[Capétiens]] vont faire de multiples dons et des concessions à l’abbaye royale.
=== Du temps des premiers Capétiens (987-1150) ===
[[Image:Constance d'Arles gisant.jpg|thumb|120px|[[Constance d’Arles]], bienfaitrice de la [[collégiale]].]]
C’est dans l’abbaye que des assemblés reconnaissent roi [[Hugues Capet]]. Le changement de dynastie se joue entre trois villes, où l’abbaye est très présente et puissante : [[Compiègne]], [[Senlis (Oise)|Senlis]] et [[Noyon]]. Mais si Hugues porte la [[Chape (catholicisme)|cappa]], il n’est pas abbé laïc de l'abbaye de Compiègne et désormais le centre de gravité de la [[Francie occidentale]] se situe entre Paris, [[Orléans]] et [[Reims]]], cette rivale qui va triompher de Compiègne.
Certes, [[Constance d’Arles]], [[reine de France]] par son mariage avec [[Robert II de France|Robert II]], donne à l’abbaye un très important domaine à [[Verberie]] pour le repos de l’un de ses fils, [[Hugues II de France|Hugues]] ([[1007]]-[[1025]]), qui est sacré roi en [[1017]]. Mais c'est un roi qui n'a pas règné qui est inhumé dans l’abbaye Saint-Corneille de Compiègne, huit ans plus tard<ref> ''Histoire de Compiègne'', Édition des Beffrois, 1988, p.55. </ref>.
Compiègne et une grande partie des biens de l’abbaye sont situés dans le minuscule domaine royal et dépendent d’un prévôt. En [[1048]], le roi [[Henri Ier de France]], las des nombreuses plaintes contre les pillages des prévôts concède aux clercs de Sainte-Marie la prévôté royale de la ville de Compiègne<ref> ''Histoire de Compiègne'', Édition des Beffrois, 1988, p.53. </ref>.
Le roi [[Philippe Ier de France]] ([[1052]]-[[1108]]) convoque en [[1085]] un [[concile]] pour examiner les plaintes de l'[[Liste des évêques de Soissons|évêque de Soissons]] contre les immunités de cette abbaye. [[Renauld Ier du Bellay]], [[Liste des archevêques de Reims|archevêque de Reims]] [[1083]]-[[1096]], métropolitain<ref> C'est-à-dire un [[archevêque]] assurant un rôle de coordination entre les [[évêque]]s des [[diocèse]]s.</ref> demande à dix [[évêque]]s et dix-neuf abbés d’être présents<ref> Moreri, ''Grand dictionnaire historique'', p.871. </ref>. Non seulement, le roi et le métropolitain de Reims leur confirment par une charte tous leurs privilèges, mais ils leur accordent aussi le pouvoir d’empêcher toute construction de tour ou de forteresse dans leur terroir de Compiègne en [[1092]]<ref> ''Le Cabinet historique'', de Louis Paris, p.167. </ref>. Car désormais, les chanoines doivent lutter aussi contre les prétentions des grands seigneurs des environs. [[Philippe Ier de France]], par exemple, doit exiger qu’on leur rende six métairies<ref> ''Histoire de Compiègne'', Édition des Beffrois, 1988, p.54. </ref> et doit confirmer leurs droits de voierie à [[Longueil-Sainte-Marie|Longueil]] et [[Sacy-le-Grand|Sacy]].
Sous le règne de ce souverain [[Roscelin de Compiègne]] ([[1050]]-[[1120]]) est le chanoine de cette abbaye. C’est un [[philosophe]] [[scolastique]] français, considéré comme le fondateur du [[nominalisme]] et le maître d'[[Abélard]]. Depuis longtemps les communautés monastiques cherchent à réformer les mœurs. Deux chartes de [[1110]] et [[1125]] défendent aux clercs de l’abbaye Saint-Corneille, engagés dans les ordres sacrés d’avoir des femmes<ref> ''Le Cabinet historique'', de Louis Paris, p.167. </ref>.
[[Image:Couronnement de Louis VI le Gros.jpg|thumb|left|[[Louis VI de France|Louis VI le Gros]] déclare libre quiconque a été [[chanoine]] de Compiègne pendant cinq ans.]]
[[Louis VI de France|Louis le Gros]] ([[1081]]-[[1137]]), qui décèdera au château de [[Béthisy-Saint-Pierre]], dans le [[comté de Valois|pays de Valois]]<ref> Le comté de Valois, ou, si l'on aime mieux,de Crépy, ne contenait guère que ce qui forma plus tard l'arrondissement des deux châtellenies de la Ferté-Milon et de Crépy, tandis que le pays de Valois, dans le sens général ,
comprenait aussi les deux bailliages de Senlis et de Compiègne. Histoire physique, civile et morale des environs de Paris,depuis les ..., p.56. </ref>, maintient de nouveau l’abbaye en possession de droit de battre monnaie, en [[1120]]. Une charte de [[Louis VI de France|Louis le Gros]] datant de [[1118]] déclare homme libre quiconque a été [[chanoine]] de Compiègne pendant cinq ans<ref> ''Le Cabinet historique'', de Louis Paris, p.168. </ref>. Des membres de la ''familia'''' royale entre dans l’état ecclésiastique dans cette abbaye sans consulter le roi. Et ce roi ne fait rien pour empêcher cela. Au contraire, il déclare que la ville de Compiègne a été l’objet de la prédilection des rois de France, qui y séjournèrent, à cause de la dignité de son éminent sanctuaire et sa grande fréquentation<ref> ''Histoire de Compiègne'', Édition des Beffrois, 1988, p.55. </ref>.
Dans une [[Bulle pontificale|bulle]], en [[1118]], le pape [[Calixte II]] expose d'abord que suivant la suite des titres de l'église de Compiègne, elle appartient singulièrement au siège de Rome, et se trouve soumise à son autorité seule. Le pape confirme tous ces privilèges, et en conséquence, il permet au chapitre de Compiègne d'excommunier ceux qui, par une entreprise téméraire, attenteraient à ses droits, et n'absoudre que ceux qui auraient réparé leurs injustices. Cette [[Bulle pontificale|bulle]] défend également aux chanoines de reconnaître d'autre juge que le pape ou son légat, et il veut qu'ils demeurent exempts de toute soumission envers tous évêques et autres personnes : ''Liberi maneatis''<ref> ''Œuvres complètes de Cochin, avocat au Parlement de Paris'', p.256. </ref>.
Un missel du {{s-|XII|e}} peut encore parler sans se tromper de la ''Major Ecclesia'' de Compiègne. Mais, les chanoines de Saint-Corneille oublient un peu trop l’enseignement du Christ. Les causes de leur grandeur, leurs richesses, deviennent celles de leur décadence. En effet, l'abbaye de Saint-Corneille ne tarde pas à déchoir de son ancienne importance<ref> ''Les environs de Paris, Histoire, monuments, paysages. Versailles...'', p.260. </ref>. L'[[Suger de Saint-Denis|abbé Suger]] va devoir remettre de l’ordre dans ce puissant établissement religieux.
=== La réforme de Saint-Corneille (1150) ===
[[Image:Suger cour Napoleon Louvre.jpg|thumb|120px|L'abbé [[Suger de Saint-Denis|Suger]].]]
Saint-Corneille est connue également sous le nom de Saint-Cyprien<ref> ''Histoire de saint Augustin'', par M. Poujoulat... Sixième édition, p.XXXII. </ref>. Les chanoines sont les principaux responsables de la mise en place des infrastructures urbaines à [[Compiègne]], de la [[léproserie]] et des grands défrichements. Leur présence enrichit la ville, car ils attirent les pèlerins venant toucher les reliques. Ils accueillent les princes et obtiennent de nombreux privilèges pour les foires, ce qui enrichit considérablement les habitants de la cité.
Mais, Louis VI rappelle à nouveau aux chanoines qu’ils ne doivent pas être mariés, ni avoir de concubines, même si leurs vices aux yeux de leurs contemporains ne s’arrêtent pas là. L'[[Suger de Saint-Denis|abbé Suger]] ([[1080]]-[[1151]]), premier ministre du roi [[Louis VII de France|Louis le Jeune]], dit qu’''il faut remplacer le camp du diable par le camp de Dieu''<ref> ''Histoire de Compiègne'', Édition des Beffrois, 1988, p.57.</ref>. Il met en [[1150]] des moines de [[Ordre de saint Benoît|bénédictins]] dans l'abbaye de Saint-Corneille, à la place des chanoines, et change la [[collégiale]] en monastère.
[[Philippe de France (1125-1161)]], un des frères du roi, qui est chanoine et trésorier de cette abbaye, refuse de transmettre son trésor au premier abbé. Le pape [[Adrien IV]] et un autre frère du souvrain, [[Henri de France (1121-1175)]], [[Liste des évêques de Beauvais|évêque de Beauvais]] doivent l’exhorter à obéir<ref> ''Œuvres complètes de Cochin, avocat au Parlement de Paris'', p.258. </ref>. Un accord est obtenu. Il prévoit que les chanoines conservent leurs prébendes jusqu’à leur mort et l’abbaye ses biens et ses privilèges. Une bulle d'[[Adrien IV]] porte confirmation des privilèges et possessions de Saint-Corneille de Compiègne, en [[1159]]<ref> ''Le Cabinet historique'', de Louis Paris, p.168. </ref>. Le roi, qui a vu les abbés séquestrés par les chanoines et secourus par les bourgeois de Compiègne, érige en [[1153]] la ''Commune de Compiègne'', pour redonner le pouvoir politique aux laïcs.
Pendant le règne de [[Louis VII de France|Louis le Jeune]], l'abbé de cette abbaye est [[Eudes de Deuil]]. Il ne veut pas du pouvoir seigneurial usurpé par les chanoines, mais doit batailler ferme pour récupérer le trésor de l’abbaye, mais aussi des biens de l’abbaye dont s’étaient emparés des maires, comme celui de Mesvilliers ou de Doulaincourt. [[Eudes de Deuil]] doit faire face à une quasi-absence de dons et affronter les [[Liste des évêques de Soissons|évêques de Soissons]].
Ses successeurs sont pendant longtemps tirés de l'[[Basilique Saint-Denis|abbaye de Saint-Denis]]. Ensuite, on les choisit entre les religieux de l'abbaye même. Certains d'entre eux sont des membres de la [[Maison d'Estrées]], d'autres de celle de [[Maison de Châtillon|Châtillon-sur-Marne]]<ref> ''Encyclopédie théologique, ou Série de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse'', pub. par M. l'abbé Migne... , p.420. </ref>.
Les Bénédictins font prospérer l'abbaye.
[[Image:Papstbullen.jpg|thumb|left|Sceaux de Bulle pontificale d'[[Alexandre III (pape)| Alexandre III]].]]
[[Image:Calixtus II.jpg|thumb|120px|[[Calixte II]]]]
Les abbés dépendent directement du pape. En [[1160]], une [[bulle pontificale]] d'[[Alexandre III (pape)|Alexandre III]] institue l'abbé de Saint-Corneille de Compiègne juge des ecclésiastiques de la ville<ref> ''Histoire de Compiègne'', Édition des Beffrois, 1988, p.53. </ref>. En même temps, par une autre [[bulle pontificale]], ce pape impose certaines obligations aux anciens chanoines de Compiègne<ref> ''Le Cabinet historique'', de Louis Paris, p.168. </ref>. Une troisième [[Bulle pontificale|bulle]] d'[[Alexandre III (pape)|Alexandre III]] confirme aux religieux de Compiègne tout ce qu'avaient possédé les chanoines, en [[1163]], tandis qu'une quatrième décision papale en [[1165]] maintient aux religieux de Saint-Corneille de Compiègne leur juridiction sur l'hôpital<ref> ''Le Cabinet historique'', de Louis Paris, p.168. </ref>. Le [[29 mars]] [[1170]], [[Alexandre III (pape)|Alexandre III]] écrit à l’[[Liste des archevêques de Reims|archevêque de Reims]], [[Henri de France (1121-1175)|Henri Ier]], frère du [[roi de France]] [[Louis VII de France|Louis VII]], pour le prier de protéger les religieux de l’abbaye Saint-Corneille de [[Compiègne]]. Ils doivent lutter contre les empiètements de leurs ennemis, les bourgeois de [[Compiègne]], l’abbé de l'[[Collégiale Notre-Dame en Vaux de Châlons-en-Champagne|abbaye de Saint Memmie de Chalons sur Marne]] et enfin le seigneur de La Tournelle. Il menace les ennemis des moines d'[[excommunication]].
L’année suivante, ce Pierre de la Tournelle, seigneur de [[Rollot (Somme)|Rollot]], est accusé d'extorsion, tandis que l'abbé de Saint-Corneille est accusé de détournement. En d'autres termes, Pierre vole ses concitoyens pour son profit personnel, et l'abbé n'est pas plus clair dans cette sombre histoire.
=== Sous le règne de Philippe Auguste ===
[[Image:Philippe Auguste messagers.jpg|thumb|left|[[Philippe II de France|Philippe Auguste]] recevant des messagers du pape l'appelant à la croisade.]]
[[Philippe II de France|Philippe Auguste]] est très généreux avec l’abbaye. Par un acte de [[1185]], il lui accorde le droit de faire durer la foire annuelle de cette ville pendant quinze jours. Nous avons trois autres chartes de [[Philippe II de France|Philippe Auguste]] en faveur de Saint-Corneille de Compiègne, datant de [[1186]], [[1187]], [[1189]] et des lettres de [[1180]], de [[Guillaume aux Blanches Mains]], [[Liste des archevêques de Reims|archevêque de Reims]], adjugeant la possession de [[Cuise-la-Motte|Cuise]] à l'abbaye de Compiègne<ref> ''Le Cabinet historique'', de Louis Paris, p.169. </ref>. Un diplôme du roi, datant de [[1201]], confirme les conventions faites entre l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne et la commune de cette ville, au sujet de la place dite La Cour du Roi, située près de l'église. Les religieux s'y réservent la justice pendant les trois jours de foire de la mi-carême. La commune promet à l'abbé que les autres foires de l'année finies, elle enlèvera de la place les étaux et échoppes qui y auraient été construits, et payera à l'abbaye 100 sols parisis de prestation annuelle.
Dans une charte d’[[août]] [[1201]], Jean, maire de Compiègne, et toute la commune, confirment les conventions faites par-devant le roi [[Philippe II de France|Philippe Auguste]], entre la commune et l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, au sujet de la place de cette ville<ref> ''Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie'', p.570 et les suivantes. </ref>. Cette année-là un autre [[concile]] se tient dans l’abbaye<ref> Moreri, ''Grand dictionnaire historique'', p.871. </ref>. Mais les bourgeois de Compiègne ne sont pas prêts à tout accepter. Dans une charte du maire et des jurés de [[Compiègne]], datant de [[1206]], il est question d'un traité fait entre eux et les religieux de Saint-Corneille de Compiègne, relativement au droit de rivage sur l'[[Oise (rivière)|Oise]]. Les bourgeois contestent ce droit, ne voulant y être tenus que pour le vin.
[[Image:Coelestin III.jpg|thumb|Le [[pape]] [[Célestin III]] et [[Henri VI du Saint-Empire|Henri VI]].]]
Avec les [[Liste des évêques de Soissons|évêque de Soissons]] les luttes pour savoir qui exercent le pouvoir sur la ville et la vallée de l'[[Oise (rivière)|Oise]] continuent. Une [[Bulle pontificale|bulle]] de [[Célestin III]], pape de [[1191]] à [[1198]], confirme l'indépendance de l'abbaye à l'égard de l’[[Liste des évêques de Soissons|évêque de Soissons]]. Elle ordonne que même si celui-ci, ou l'un de ses successeurs, obtenait des lettres du [[Saint-Siège]], les religieux de Compiègne ne seront point tenus de les reconnaître pour juges. Il en résulte que les [[Liste des évêques de Soissons|évêques de Soissons]] ne pourront exercer sur le monastère, ni une juridiction propre, ni une juridiction même empruntée. Sur ce fondement, le pape déclare nulle une sentence d'excommunication, prononcée par l'[[Liste des évêques de Soissons|évêque de Soissons]], contre des prêtres et des clercs soumis à la juridiction de Saint-Corneille<ref> ''Œuvres complètes de Cochin, avocat au Parlement de Paris'', p.260.</ref>.
La riposte de l’évêque ne se fait pas attendre ; il crée trois nouvelles paroisses. Mais son pouvoir sur ces paroisses est limité par différents jugements. Des commissaires procèdent à une enquête en [[1214]]. C'est là que l'on voit dans un grand détail quelle est la possession des abbés et religieux de Compiègne pour l'exercice de la juridiction. Tous les témoins y reconnaissent que l'abbaye a toute la juridiction sur les clercs et sur la ville de Compiègne. Ils attestent qu'elle en est en possession publique et immémoriale, jusqu'à prononcer des interdits auxquels tous les prêtres obéissent. ''Ils prennent l’huile des malades, des abbés et religieux.'' On ne reçoit point de prédicateurs dans les paroisses que sur ordre de l'abbé. Par ces traits, et par d'autres répandus dans l'enquête, il est donc facile de juger de l'étendue de la juridiction de l'abbaye de Saint-Corneille<ref> ''Œuvres complètes de Cochin, avocat au Parlement de Paris'', p. 262. </ref>.
==Un certain déclin ==
=== L'abbaye de Saint-Louis à la Renaissance (1226-1492) ===
[[Image:San Domenico47.jpg|thumb|left|'''Philippe de Châtillon''', abbé de Saint-Corneille, est l'un des religieux qui accueillent la [[châsse]] de [[Louis IX de France|Saint Louis]], à l’[[Basilique Saint-Denis|abbaye Saint-Denis]].]]
La situation à l’intérieur de l’abbaye ne s’améliore pas. Beaucoup de moines sont là par [[simonie]] et ne pensent qu’à s’enrichir. Les différents papes en excommunient certains, mais doivent finalement fermer les yeux. ''La maison des Ajeux'' est l’ancêtre de nos maisons de tolérance. Beaucoup de moines s’y rendent en bateau par le canal de La Conque<ref> ''Histoire de Compiègne'', Édition des Beffrois, 1988, p.63. </ref>. Les papes doivent même faire libérer des moines emprisonnés par les autorités locales. Toutefois les éternelles rivalités de pouvoir dans le [[Comté de Valois|Valois]] sont certainement plus à l’origine de ce qui est à l'époque un abus de pouvoir que les débauches de certains moines. D'ailleurs, un bref du [[18 octobre]] [[1259]] du pape [[Alexandre IV (pape)|Alexandre IV]], donne commission à l'abbé de Saint-Médard de Soissons, sur les plaintes portées par l'abbé et les religieux de Saint-Corneille de [[Compiègne]]. Il s'agit de sanctionner les maire et jurés de cette ville, qui arrêtent les clercs et les incarcèrent, au mépris et au préjudice de la juridiction de l'abbé, malgré la défense faite aux laïcs de s'arroger aucun pouvoir sur les clercs. Il enjoint aux maire et jurés de [[Compiègne]] de renoncer à ce procédé et les contraint par les censures ecclésiastiques à se renfermer dans la limite de leurs pouvoirs avec précaution de ne point comprendre ''l'université de la ville'' dans l'interdit, sans un mandat spécial de sa sainteté<ref> ''Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie'', p.570 et les suivantes. </ref>.
Le nouveau roi, [[Louis IX de France|Saint Louis]] ([[1214]]-[[1270]]), fait des dons importants à l’abbaye, mais le processus d'aliénation du domaine royal s'achève sous [[Louis IX de France|saint Louis]].
Les temps changent. A Compiègne, seules la grande salle et la tour de l'ancien palais sont conservées comme siège et symbole de l'administration militaire et féodale. Les grandes assemblées doivent désormais se tenir à l'abbaye de Saint-Corneille<ref> ''Encyclopédie théologique, ou Série de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse'', pub. par M. l'abbé Migne ... p.420. </ref>.
[[Louis IX de France|Saint Louis]] meurt. Une [[châsse]], contenant des reliques du roi, est apportée de Paris à l’[[Basilique Saint-Denis|abbaye Saint-Denis]]. Après l'office du matin, les religieux de l'abbaye, assistés du [[patriarche d'Antioche]], transportent l'antique [[châsse]] où se trouvent renfermés des os du saint roi. L'abbé de Saint-Corneille de Compiègne, '''Philippe de Châtillon''' est à leurs côtés.
[[Image:Saint corneille + prison.jpg|thumb|250px|Derrière cette prison de l’abbaye, nous pouvons voir des bâtiments la Tour de la monnaie et de l’abbaye (à gauche)]]
La succession des abbés se fait la plupart du temps après leur décès. En [[1277]], une procuration est donnée par le sire de [[Ribécourt]] et par le couvent de Saint-Corneille de Compiègne, à deux moines de cette abbaye, pour obtenir du roi la permission d'élire un abbé en remplacement de défunt '''Pierre de Braine'''<ref> ''Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie'', p.574. </ref>. Cette année-là un nouveau [[concile]] se tient dans l’abbaye<ref> Moreri, ''Grand dictionnaire historique'', p.871. </ref>.
À nouveau, les relations entre les différents pouvoirs ecclésiastiques restent tendues. Une lettre circulaire du [[5 juin]] [[1283]] de '''Pierre''', abbé de Saint-Corneille et de la communauté, adressée aux prieurs, sous-prieurs, etc., de l'[[abbaye de Saint-Médard-lès-Soissons]], auxquels il est enjoint, en vertu de la soumission immédiate de l'église de Compiègne, d'avoir à sommer l'[[Liste des évêques de Soissons|évêque de Soissons]] de retirer la défense qu'il a faite aux maire et jurés de [[Compiègne]], de remettre à l'abbé, suivant l'ancien usage, les clercs qu'ils auront fait arrêter dans la ville. Faute de quoi ledit [[Liste des évêques de Soissons|évêque de Soissons]] sera suspendu par l'abbé et même excommunié s'il persiste dans sa résolution<ref> Cab. de Ch., CC. 231 cité par ''Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie'', p.575. </ref>.
[[Image:Charles V ordonnant la traduction d'Aristote copy.jpg|left|thumb|[[Charles V de France|Charles V]] est lui-aussi un grand protecteur de l'abbaye. Celle-ci possède une très riche bibliothèque.]]
Les moines ont de plus en plus des conflits avec les bourgeois de Compiègne. Des lettres du roi [[Philippe III de France|Philippe le Hardi]], de janvier [[1283]], desquelles il résulte que le roi ayant accordé aux abbé et religieux de Saint-Corneille de Compiègne durant une année, la levée d'un droit qu'on appelait coutume. Cette laquelle coutume est perçue jusqu'ici par les maire et jurés de ladite ville, ceux-ci en obtiennent la continuation à la charge de rendre à l'abbaye de Saint-Corneille une somme pour la reconstruction d'un pont, objet pour lequel cette coutume avait été accordée aux religieux. Le roi ne veut pas au surplus que cette concession faite aux maires et aux jurés porte aucun préjudice aux droits de l'abbaye et donne un nouveau titre aux maires et aux jurés<ref> Cab. des Ch., CC. 231, cité par ''Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie'', p.575. </ref>.
En mars [[1292]], c’est un arrêt du [[Parlement de Paris]], interprétatif d'un autre arrêt du mois de juin [[1291]], en faveur des abbé et religieux du monastère de Saint-Corneille de Compiègne, contre les maire et jurés de ladite ville ; cette interprétation roule sur les articles suivants :
* sur le prix des valeurs et des objets volés ;
* sur la taille que les religieux lèvent dans la ville, sur les droits qu'ils ont d'enlever portes et fenêtres pour taille non payée ;
* sur les cours ou rues de la ville ;
* sur les acquisitions dans le tréfond de l'abbaye, etc.
[[Image:Traité de Troyes.svg|thumb|'''1429'''{{Légende|#ea8b9d|Territoires contrôlés par Henri V}}
{{Légende|#c896c8|Territoires contrôlés par le duc de Bourgogne }}
{{Légende|#7f9ad7|Territoires contrôlés par le Dauphin Charles}}
{{Légende|#ffff00|Principales batailles}}
{{Ligne de légende|red dotted 2px|Raid Anglais de 1415}}
{{Ligne de légende|blue dotted 2px|Itinéraire de Jeanne d'Arc vers Reims en 1429}}]]
En [[1301]] et en [[1304]], [[Robert de Courtenay-Champignelles]], [[Liste des archevêques de Reims|archevêque de Reims]] ([[1299]]-[[1324]]) célèbre deux conciles en cette abbaye<ref> Moreri, ''Grand dictionnaire historique'', p.871. </ref>. [[Guillaume de Trie]], son successeur, assemble, en [[1329]], un autre [[concile]] à Compiègne, contre ceux qui s’opposent aux libertés des églises.
[[Charles V de France|Charles V]] édifie vers [[1370]] ce qui deviendra le [[château de Compiègne]]. Il achète le terrain en [[1374]] aux religieux de Saint-Corneille, à qui [[Charles le Chauve]] l'avait vendu. Il fait abattre les maisons qui s'y trouvent et les travaux ne sont pas terminés lorsque [[Charles V de France|Charles V]] meurt en [[1380]].
La Cour remet au [[parlement de Paris]] le jugement sur les stalles et sur la division des prévôtés et le bailli de [[Senlis (Oise)|Senlis]] dans une autre affaire tranche lui-aussi en faveur des abbés. Il est vrai que l’abbaye est toujours l’objet de la prédilection des rois de France. D'ailleurs, quand [[Jean de France (1398-1417)]] meurt empoisonné en [[1417]], il est inhumé en l’église abbatiale.
Toutefois à [[Compiègne]] le choix du roi qu’il faut soutenir n’est pas évident pendant la [[guerre de Cent Ans]]. La cité est dans le territoire qui est occupé par le roi [[Henri V d'Angleterre]]. Certains Compiégnois choisissent de soutenir ce souverain et ses successeurs. C'est le cas de '''Jean Dacier''', abbé de Saint-Corneille de Compiègne en [[1431]], licencié en droit, ex-aumônier du pape [[Martin V]]. En effet, au procès officiel de [[Jeanne d'Arc]], en [[1431]], il se retrouve seul étranger à la province au milieu des chefs d'abbayes normandes. Mais, il n'assiste qu'à la séance du 9 mai, et n'est pas consulté sur le jugement à porter<ref> ''La vraie Jeanne d'Arc'' ... de Jean Baptiste Joseph Ayroles, p.13. </ref>. Cela lui vaut néanmoins, quelques années plus tard, en guise de représailles, d'être dépouillé de son temporel par [[Charles VII de France|Charles VII]]. Mais, quand il meurt le [[4 mai]] [[1437]], c'est après avoir assisté au [[concile de Bâle]], comme représentant des abbés de la province rémoise.
À la fin du Moyen-Âge, l’on peut encore écrire : ''les institutions canoniales du nord, quelque importantes qu'elles soient, sont éclipsées par la fameuse abbaye de Saint-Corneille''<ref> Revue de l'art chrétien, de Société de Saint-Jean, p.549. </ref>. La Renaissance va voir les moines conserver leurs privilèges et accueillir des rois vivants ou défunts, sans jamais retrouver leur rôle du temps des [[Carolingiens]].
=== L’abbaye à la Renaissance ===
[[Image:Jacques Amyot.jpg|thumb|left|[[Jacques Amyot (évêque)|Jacques Amyot]] Jacque Amyot est abbé de Saint-Corneille]]
Des lettres par lesquelles [[François Ier de France|François I{{er}}]], à la demande des religieux de Saint-Corneille et des habitants de Compiègne, rétablit dans cette ville la foire de la [[Mi-Carême]], en [[décembre]] [[1531]] donnent l’illusion d’une réconciliation entre les bourgeois et les moines. Mais les problèmes demeurent.
Les religieux au {{s-|XVI|e}}, perdent le droit d'élire leurs abbés. Ils ont d'abord des cardinaux pour commendataires, puis les ecclésiastiques compiégnois sont remplacés par de grands seigneurs avides de bénéfices. C’est le funeste règne du [[régime de la commende]].
[[Louis de Bourbon-Vendôme]], troisième fils de [[François de Bourbon-Vendôme]] et de [[Marie de Luxembourg (1462-1546)|Marie de Luxembourg]], cardinal et seigneur de [[Condé-en-Brie|Condé]] en est le meilleur exemple. Et un [[Jacques Amyot (évêque)|Jacques Amyot]] ([[1513]]-[[1593]]), s'il n’est pas un membre de l’aristocratie, est l’ancien précepteur des fils d'[[Henri II de France|Henri II]]. Cet [[Liste des évêques d'Auxerre|évêque d'Auxerre]], érudit spécialisé dans les études grecques devient abbé de Saint-Corneille, grâce à l’un de ses pupilles [[Charles IX de France|Charles IX]]. Son frère, [[Henri III de France|Henri III]], le fait nommer [[grand aumônier de France|grand aumônier]] en [[1561]].
Le roi [[Henri III de France|Henri III]] doit renoncer à tenir à Compiègne les [[états généraux]] de [[1576]]<ref> Ils ont lieu en définitive à [[Blois]]. </ref>, mais c'est à Saint-Corneille que son corps est transporté pour y être inhumé après son assassinat en [[1589]]<ref> Le corps d'Henri III sera transféré à la [[basilique de Saint-Denis]] en [[1610]]. </ref>.
Quand les ligueurs sont battus à [[Senlis (Oise)|Senlis]] par les Compiégnois, ceux-ci ramènent les drapeaux des vaincus à l’abbaye<ref> ''Le Logis abbatial de Saint-Corneille'', baron de Bonnault, Société Historique de Compiègne, B. XV 133. </ref>. Au siècle suivant, les derniers Capétiens vont confier l’abbaye aux Bénédictins de la [[congrégation de Saint-Maur]] et réunir en [[1658]] sa [[mense]] à celle de l'[[Église du Val-de-Grâce|abbaye royale du Val-de-Grâce]] à Paris.
===La congrégation de Saint-Maur (1626)===
Les Bénédictins de la [[congrégation de Saint-Maur]] occupent l'abbaye de Saint-Corneille depuis l'an [[1626]]<ref> ''Dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la Bible'', par Augustin Calmet... p.225. </ref>. Parmi les membres de la [[congrégation de Saint-Maur]], un Compiégnois, [[Don (titre)|Dom]] [[Pierre Coustant]] ([[1654]]-[[1721]]), est l’auteur d'une étude complète des lettres des papes [[Clément Ier]] à [[Innocent III]] et meurt à l’[[abbaye de Saint-Germain-des-Prés]], le [[18 octobre]] [[1721]], abbaye dont il était devenu le doyen.
=== La fin du titre abbatial (1658) ===
[[Image:Saint-Corneille (plan 1).jpg|thumb|320px|left|Plan de [[Compiègne]] en 1671(partie 1)]]
[[Image:Saint-Corneille (plan 2).jpg|thumb|430px|right|Plan de [[Compiègne]] en 1671(partie 2) Le couvent des Carmélites ayant juste derrière le moulin de la Porte-Chapelle (2) ; le château (3) ; le collège des Jésuites (4) ; le couvent des Filles de la Congrégation de Notre-Dame (5) ; l’égise Saint-Pierre des Minimes (6) ; l’église Saint-Jacques (7), l’hôtel de ville (8), Saint-Jean (9) ; Saint-Corneille (10) ayant devant la Cour-le-Roi ; les Cordeliers (11) ; Saint-Nicolas (12) ; Saint-Antoine (13), Saint-Jacques (14)<ref> ''Description d'une vue cavalière de Compiègne de 1671'', par Armand Rendu,...</ref>.]]
En [[1656]], [[Simon Legras]], [[Liste des évêques de Soissons|évêque de Soissons]], qui a eu l'honneur de sacrer [[Louis XIV de France|Louis XIV]] en l'absence de l'archevêque de Reims, et qui vient d'être pourvu de cette abbaye, meurt. La reine [[Anne d'Autriche (1601-1666)]] fait éteindre le titre abbatial, et réunit en [[1658]] la [[mense]] à l'[[Église du Val-de-Grâce|abbaye royale du Val-de-Grâce]] à [[Paris]]<ref> ''Encyclopédie théologique, ou Série de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse'', pub. par M. l'abbé Migne ... p.420. </ref>. Tout ne se passe pas très bien. Il existe un ''Mémoire en faveur des religieuses de l'[[Église du Val-de-Grâce|abbaye royale du Val-de-Grâce]] de Paris'' pour réclamer leurs droits seigneuriaux dans l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne<ref> Imprimé, Paris, P. Simon. Fol. 18, ''Le Cabinet historique moniteur des bibliothèques et des archives'', de Louis Paris, p.53. </ref>. D. Galopin, religieux de Saint-Corneille de Compiègne et curé du Crucifix, porte plainte contre les religieuses du Val-de-Grâce, desquelles il réclame une portion congrue<ref> Paris, Vincent. Fol. 198-239, ''Le Cabinet historique moniteur des bibliothèques et des archives'', de Louis Paris, p.53. </ref>.
[[Image:AnnaofAustria04.jpg|thumb|left|La reine [[Anne d'Autriche (1601-1666)]] réunit la [[mense]] à l'[[Église du Val-de-Grâce|abbaye royale du Val-de-Grâce]].]]
Les tensions avec les [[Liste des évêques de Soissons|évêques de Soissons]] ne cessent pas du temps des religieuses. En [[1674]], une transaction entre un de ces évêques et l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne touche sur la juridiction de la ville. Les prérogatives séculaires de l’abbaye sont en partie supprimées. Elle résiste toutefois et elle prend en charge le collège de Compiègne à partir de [[1772]]. Mais, elle doit défendre ses biens même contre les officiers des eaux et forêts de la maîtrise particulière, qui outrepassent leurs droits. Il existe un ''Factum'' où les abbesses et religieuses du Val du Grâce, et les religieux de l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, sont demandeurs devant les tribunaux contre eux.
Néanmoins, l’oraison funèbre de monseigneur le duc d'Orléans, [[Philippe de France (1640-1701)]], frère unique de [[Louis XIV de France|Louis XIV]], est prononcée dans l'église de l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, en [[1701]]<ref> ''Biographie universelle ou dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom par leur génie, leurs talents, leurs vertus, leurs erreurs ou leurs crimes.'', 4, GAL-JUV, par F.X. de Feller, p.130. </ref>. L’abbaye royale Saint-Corneille est toujours célèbre et puissante au {{s-|XVIII|e}}. Au dire du connaisseur qu’est Dom Pierre Nicolas Grenier, à la veille de la Révolution, ''la bibliothèque de l’abbaye Saint-Corneille de Compiègne est encore l’une des plus riches de province en manuscrits''. C’est de la Picardie dont il parle, non de l’ensemble des provinces françaises, bien entendu… <ref> ''Les saisies révolutionnaires et les manuscrits provenant des abbayes compiégnoises, autres que Saint-Corneille'', par l’abbé Bernard Merlette. </ref>. On conserve entre autre dans la bibliothèque de Saint-Corneille de Compiègne des traductions de [[Jules César]], de [[Salluste]] et de [[Lucain]], par un anonyme du {{s-|XIV|e}}<ref> ''Introduction à l'histoire générale de la province de Picardie'', de Pierre Nicolas Grenier; Charles Dufour; Jacques Garnier, p.49. </ref>.
[[Image:Mottet val de Grâce.jpg|thumb|L'[[Église du Val-de-Grâce|abbaye royale du Val-de-Grâce]]]]
Lors des fêtes pour le rétablissement et la convalescence de S.M. [[Louis XV de France|Louis XV]], en [[1744]], tout commence par un ''[[Te deum]]'' solennel à l’abbaye<ref> Bulletin de la Société historique de Compiègne, 1875, comte Coustant d’Yanville, ''Dom François Coustant et les fêtes célébrées à Compiègne en 1744'', p. 375. </ref>. Une [[Éloge funèbre|Oraison funèbre]] de [[Louis de France (1729-1765)|Monseigneur le Dauphin]] est prononcée en l'église de l'abbaye royale de Saint-Corneille de Compiègne, le [[25 janvier]] [[1766]]<ref> ''Bulletin de la Société historique de Compiègne'' - page 199, 1875 </ref>.
Au {{s-|XVIII|e}} à Compiègne, la justice civile et criminelle appartient par moitié au lieutenant du bailli de [[Senlis (Oise)|Senlis]] pour le roi, et au ''prévôt de la juridiction des dames du Val-de-Grâce de Paris'', pour les droits de l'abbé de Saint-Corneille<ref> ''État de la France en 1789'', de Paul Boiteau d'Ambly, Dieudonné Alexandre Paul Boiteau, Paul Boiteau... p.302. </ref>. L’un de ses prévôts est très longtemps un Compiégnois, Louis Mottet de La Motte, qui est aussi baron fieffé de Saint-Corneille et officier de la vénerie royale. Il loge au château de Compiègne, mais exerce ses pouvoirs aussi à Paris. Son beau-père, neveu de [[Don (titre)|Dom]] [[Pierre Coustant]] est gouverneur attorney de [[Compiègne]], mais il est également bailli général des douanes du Val de Grâce. Certaines familles de Compiègne, très cultivées et encore très pieuses, parlant sans accent le même français que celui des conseillers du roi parisiens, profitent de la réunion des menses des deux abbayes pour être présentes à Paris, à la cour et dans les ministères.
''Au moment de la révolution française, l’abbaye offre à la piété chrétienne les reliques du grand évêque de Carthage renfermées dans une splendide [[châsse]] d'argent; une tempête politique détruit l'antique abbaye et disperse les pieux trésors qu'elle possédait''<ref> ''Histoire de saint Augustin'', par M. Poujoulat... sixième édition, p.XXXII. </ref>.
=== De la profanation à la destruction de l’abbaye (1793-1822) ===
[[Image:Saint-Corneille (ruines).jpg|thumb|left|L'abbaye en ruines.]]
L’abbaye Saint-Corneille est classée bien national en [[1791]] en même que celle du Val de Grâce <ref> ''Répertoire numérique de la Série Q''. Biens nationaux, de Archives, Oise (France). Archives départementales, p.39. </ref>. De nombreux acquéreurs achètent les bâtiments pour en faire des entrepôts. Quelques moines quittent la ville. Les autres se cachent. Mais, les dénonciations sont très rares et l’offensive anti-catholique est le fait d’une poignée de Compiégnois, aidés par les militaires stationnés dans la ville. D'ailleurs, en [[mai]] [[1793]], la municipalité s’associe encore à la [[Fête-Dieu]]<ref> ''Histoire de Compiègne'', Édition des Beffrois, 1988, p.173.</ref>.
À Compiègne, le [[Convention nationale|conventionnel en mission]], [[André Dumont]] ([[1764]]-[[1838]]) est à l’origine de la fermeture des églises et de leur pillage, ''offensive à laquelle se rallie servilement les autorités locales''<ref> ''Histoire de Compiègne'', Édition des Beffrois, 1988, p.173.</ref>. Il est vrai que le passage de [[Jean-Marie Collot d'Herbois|Collot d’Herbois]] et [[Jacques Isoré|Isoré]] s’est traduit dans le district par 72 arrestations. Parmi eux, figurent 11 ecclésiastiques, dont plusieurs anciens moines et des élus révolutionnaires modérés.
Le [[10 août]] [[1793]], les [[sans-culotte|sans-culottes]] de [[Compiègne]] envahissent l'abbaye Saint-Corneille et la pillent. Les corps des rois sont dispersés et leurs statues brûlées. Pendant cette profanation de tombes ils font connaître le même sort aux restes de seigneurs et ecclésiastiques reposant dans l’église de l’abbaye. C’est le cas aussi de ceux du prévôt et baron Louis Mottet de La Motte, grand-père d'[[Agathe de Rambaud]] qui a élevé le Dauphin de sa naissance à [[1792]]<ref> Guy de Rambaud, ''Pour l’amour du Dauphin''. </ref> et père de [[Benoît Mottet de La Fontaine]], gouverneur des Indes françaises. Assez bizarrement, un autre de ses fils, François Mottet ([[1728]]-[[1808]]), est administrateur en l'an II, puis président du [[district de Compiègne]] en nivôse an III. ''Il tient alors un rôle de premier plan particulièrement pendant la crise frumentaire de l'automne hiver 1794-95''<ref> J. Bernet, secrétaire de la Société d'histoire moderne et contemporaine de Compiègne, maître de conférences en histoire moderne à l'université de Valenciennes. </ref>.
La présence de révolutionnaires modérés parmi le personnel politique et administratif, n’empêche pas l'exécution des Carmélites de Compiègne, un an après la profanation des tombes et de l'abbaye :
{{Article détaillé|Carmélites de Compiègne}}
Le [[Premier Consul]] signe le décret qui ordonne la destruction de l’abbaye Saint-Corneille, mais l’édifice n’est détruit qu’en [[1822]]<ref> ''Le Logis abbatial de Saint-Corneille'', baron de Bonnault, Société Historique de Compiègne, B. XV 133.</ref>. Sur leur emplacement on perce une rue et on élève un magasin militaire de fourrages. Les bâtiments encore debout de l’abbaye seront presque complètement brûlés en [[1940]] du fait d'un bombardement de la [[Luftwaffe]]<ref> ''Les monuments détruits de l'art français'', histoire du vandalisme, de Louis Réau, p.317.</ref>.
Des vastes bâtiments rebâtis à l'époque gothique, il ne subsiste plus que le cloître, restauré dans son état du {{s-|XIV|e}} et quelques éléments de clocher et d'avant nef. La bibliothèque municipale Saint-Corneille ne recèle plus qu’une infime partie des ouvrages possédés par l’abbaye.
==La vie de l’abbaye Saint-Corneille==
=== Richesse et puissance de l’abbaye ===
[[Image:Theodorus Philoxenus Sotericus A 00.JPG|thumb|Diptyque de Theodorus Philoxenus Sotericus, Consul en [[525]] à [[Constantinople]], en ivoire d'éléphant, avec monture en métal doré, estampé, France, {{s-|XIII|e}}, réutilisé comme plat de reliure d'un manuscrit de l’abbaye Saint-Corneille de Compiègne<ref> Bibliothèque Nationale de France, Département des Monnaies, Médailles et Antiques. </ref>.]]
Distinguée par l'étendue de ses possessions territoriales, l'abbaye de Saint-Corneille se signale encore par la richesse des ornements et des [[châsse]]s précieuses de son église<ref> ''Revue de l'art chrétien'', de Société de Saint-Jean, p.549.</ref>. Sa juridiction est reconnue comme épiscopale et s'étend sur un grand nombre d'églises. Outre le droit de seigneurie et de justice que l'abbaye de Saint-Corneille a dans la ville de Compiègne<ref> ''Archives historiques et ecclésiastiques de la Picardie et de l'Artois'', de Paul André p.209 </ref> et dans la vallée de l'[[Oise (rivière)]], elle possède aussi de riches terres, des fiefs et des seigneuries. Les donations, tant en villages qu’en dîmes, se répartissent dans le [[Communauté de communes du Tardenois|Tardenois]], dans le [[Beauvaisis]], en [[Amiénois]], en [[Boulonnais]], en [[Communauté d'agglomération du Soissonnais|Soissonnais]], en [[Communauté de communes du Laonnois|Laonnois]] et jusque dans les [[Massif ardennais|Ardennes]] et en [[Bourgogne]]<ref> ''Histoire de Compiègne'', Édition des Beffrois, 1988, p.45.</ref>. Mais, au fil des siècles, la plupart des biens sont aliénés par suite des guerres, ou de l'incurie des abbés, ou de l'avarice des vassaux<ref> ''Dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la Bible'', par Augustin Calmet... p.225. </ref>.
''L’abbaye de Saint-Corneille pouvait-elle constituer une seigneurie (le fait qu’elle détenait de nombreux fiefs et des hommes liges est étranger à la question) ? A première vue, il peut sembler étrange que les nombreuses donations royales à partir de sa fondation en [[877]] aient eu pour effet de donner à l’abbé la qualité de vassal d’un roi de France, son suzerain. Pourtant dom Gillisson et Carolus Barré n’hésitent pas à parler de seigneurie pour Saint-Corneille, ensuite pour Saint-Clément. Le critère de la seigneurie est de bénéficier de prérogatives régaliennes. Or l’abbaye percevait un [[tonlieu]] en [[917]] et exerçait la prévôté et par conséquent la justice à l’intérieur de ses limites, en [[1048]], sans parler d’un four banal un moulin, des [[fourches patibulaires]]. La réponse peut donc être positive''<ref> ''Les armes et les couleurs de Compiègne (nouvelle approche)'', Communication de Maître Jean-Claude Brault, le samedi 7 mai 2005. </ref>.
[[Image:Saint corneille.jpg|thumb|left|250px|L’église de l’abbaye Saint-Corneille]]
Les rois Carolingiens interviennent constamment pour défendre les biens de l’abbaye Saint-Corneille de Compiègne. C’est le cas avec [[Louis IV de France|Louis IV dit d'Outremer]], à peine couronné. Malgré cela, '''Rothard''', [[Liste des évêques de Meaux|évêque de Meaux]], dès [[936]], garde des biens contestés et devient sire de [[Coudun]]<ref> ''Histoire de Compiègne'', Édition des Beffrois, 1988, p.45.</ref>. Néanmoins, la protection faible, mais constante des souverains assure aux chanoines, puis aux abbés, une puissance durable dans la moyenne vallée de l’[[Oise (rivière)]] et à [[Compiègne]]<ref> ''Histoire de Compiègne'', Édition des Beffrois, 1988, p.53.</ref>.
La juridiction de l'abbé et des religieux de Saint-Corneille est solennellement confirmée en [[1199]], non seulement par le suffrage des juges choisis, mais encore par l'[[Liste des évêques de Soissons|évêque de Soissons]] lui-même. Cette juridiction ne s'étend pas seulement sur le monastère, mais encore sur tout le territoire de Compiègne, tant pour les églises qui sont déjà bâties, que pour celles qui le seront. On n'excepte uniquement que les églises paroissiales, pour ce qui a rapport au soin des âmes. Cette transaction passée en [[1199]], est d'autant plus solennelle, qu'elle est confirmée en particulier par une [[Bulle pontificale|bulle]] d'[[Innocent III]] ([[1160]]-[[1216]])<ref> ''Œuvres complètes de Cochin, avocat au Parlement de Paris'', p.261.</ref>.
===Son architecture===
[[Image:Aachen Dehio 1887.jpg|thumb|La [[chapelle palatine]] d’[[Aix-la-Chapelle]].]]
L’abbaye se trouve entre la future place de l’hôtel de ville, la rue des Bonnetiers et celle des Clochettes, la place du Change et la future rue de l’Étoile<ref> ''Le Logis abbatial de Saint-Corneille'', baron de Bonnault, Société Historique de Compiègne, B. XV 133.</ref>.
Le plan de l’église fondée par [[Charles le Chauve]] est-il octogonal, comme le décrit [[Jean Scot Erigène]], à l’image de la [[chapelle palatine]] d’[[Aix-la-Chapelle]] ? Pour Vieillard-Troïekouroff, [[Charles le Simple]], lors de la restauration de l’église, fait adjoindre une nef basilicale à l’octogone avec des cryptes et un [[atrium]].
[[Charles III de France|Charles le Simple]] ceint Saint-Corneille d’un mur et d’un fossé. Compiègne est très certainement pourvue d’un ''castellum'' dès [[917]].
L'abbaye est détruite ou incendiée plusieurs fois. L’abbaye Saint-Corneille brûle de nouveau en [[1300]], et est rebâtie cent ans après<ref> ''Histoire de saint Augustin'', par M. Poujoulat... Sixième édition, p.XXXI. </ref>. L'architecte évolue en fonction de ces différentes reconstructions et agrandissements à des périodes différentes. [[Louis de Bourbon-Vendôme]], abbé de Saint-Corneille, par exemple, restaure l’église et la dote d’un somptueux portail en [[1516]]<ref> ''Les étapes d'un touriste en France : promenades et excursions dans les environs de Paris. Région du Nord'', par Alexis Martin, Martin, Alexis (1834-....), p.516.</ref>.
[[Image:Basse-Œuvre de Beauvais.jpg|thumb|left|[[Église paroissiale Notre-Dame-de-la-Basse-Œuvre de Beauvais]].]]
Du fait de ces remaniements à différentes époques, l’abbaye de Saint-Corneille telle qu’elle apparaît sur les gravures n’a plus grand-chose à voir avec l’abbaye fondée par [[Charles le Chauve]]. L’art monumental carolingien, la forme typique des basiliques romaines, ne se retrouve plus dans l’[[Oise (département)|Oise]] qu’au niveau de l’[[église paroissiale Notre-Dame-de-la-Basse-Œuvre de Beauvais]]. Pour nous faire une idée des premiers édifices, il convient d'imaginer cette église, au sein d'un ensemble de bâtiments datant de cette époque. Néanmoins on devine la magnificence de Saint-Corneille même en observant les images tardives de ses différents édifices.
''Un ancien sarcophage sert de baptistère dans l'église de Saint-Corneille de Compiègne; on y fait depuis plusieurs bénédictions de l'eau aux veilles des fêtes de Pâques et de la Pentecôte. C'est certainement le tombeau d'un païen. Il a cinq pieds huit pouces de long dans la partie supérieure, cinq pieds quatre pouces dans la partie inférieure et trois pieds moins un pouce de large. L'intérieur a quatre pouces de moins; ces quatre pouces forment son épaisseur dans le haut. Sa hauteur a aussi deux pouces et quelque petite chose avec, moins que sa largeur. Il est orné de cannelures en spirales qu'on nomme Gaudron. On voit par-devant et par-derrière deux têtes qui paraissent être des têtes de [[Mercure (mythologie)|Mercure]] à cause des deux ailes qui partent du front. On ignore d'où vient ce tombeau''<ref> ''Introduction à l'histoire générale de la province de Picardie'', de Pierre Nicolas Grenier; Charles Dufour; Jacques Garnier, p.240.</ref>.
===Les reliques ===
[[Image:Heiliger Cornelius.jpg|thumb|80px|[[Corneille (pape)|Corneille]]]]
Selon ''Le Martyrologe d'Adon'', [[Charles le Chauve]] fait apporter les restes de [[Cyprien de Carthage|saint Cyprien]], qui étaient en dépôt dans l'église de Lyon, et le corps de [[Corneille (pape)| saint Corneille]]. Il fait venir aussi de la [[chapelle palatine]] d'[[Aix-la-Chapelle]] toutes les reliques et les autres présents que [[Charlemagne]], son aïeul, y avait mis, et entre autres ''le [[Saint-Suaire]] de notre Seigneur''<ref> ''Description historique de la ville de Paris et de ses environs'', par feu M. Piganiol de la Force. Nouvelle édition, p.146 et ''Histoire de saint Augustin'', par M. Poujoulat... Sixième édition, p.XXXI. </ref>.
[[Image:Heiliger Cyprianus.jpg|thumb|80px|left|[[Charles le Chauve]] fait apporter les restes de [[Cyprien de Carthage|saint Cyprien]].]]
[[Charles III de France|Charles le Simple]] en [[916]] fait transporter à [[Attigny (Ardennes)|Attigny]] des reliques de [[Walpurgis|sainte Walburge]] et y fonde une chapelle desservie par douze chanoines. Son intention est que cette chapelle soit soumise à l’abbaye Saint-Corneille de Compiègne<ref> ''Histoire de Compiègne'', Édition des Beffrois, 1988, p.44. </ref>.
Dans une charte de [[Philippe Ier de France]] ([[1052]]-[[1108]]), nous apprenons que ce prince fait mettre le [[Saint-Suaire]] et les autres reliques de Jésus-Christ, ''que [[Charles le Chauve]] avait données à l'église de Saint-Corneille, dans une châsse d'or enrichie de pierres précieuses données par la reine Mathilde d'Angleterre ; au lieu qu'auparavant elles étaient gardées dans un vase d'ivoire''<ref> ''Description historique de la ville de Paris et de ses environs'', par feu M. Piganiol de la Force. - Nouvelle édition, p.147. </ref>.
Saint-Corneille attire les pèlerins par ses reliques, en particulier le [[Saint-Suaire]] et le ''voile de la Vierge''.
[[Voltaire]], dans son ''[[Dictionnaire Philosophique]]'', pense que l'abbaye de Saint-Corneille possède un [[Saint Prépuce]] : ''Les chrétiens ont, depuis longtemps, la circoncision en horreur; cependant les catholiques se vantent de posséder le [[prépuce]] de notre Sauveur; il est à Rome dans l’[[Archibasilique Saint-Jean de Latran|église de Saint Jean de Latran]], la première qu’on ait bâtie dans cette capitale; il est aussi à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne; dans Anvers; dans l’abbaye de Saint-Corneille à Compiègne; à Notre-Dame-de-la-Colombe, dans le diocèse de Chartres; dans la cathédrale du Puy-en-Velai; et dans plusieurs autres lieux''<ref> [http://www.voltaire-integral.com/Html/20/prepuce.htm Article "Prépuce" du ''Dictionnaire Philosophique''] </ref>. Mais [[Voltaire]] se trompe, car la relique qui est conservée au monastère Saint-Corneille, de son temps, ''n'est que le couteau qui aurait servi à opérer la circoncision de Jésus''<ref> Collin de Plancy, ''Dictionnaire critique'', II, p.49. </ref>.
===Les huit barons fieffés===
[[Image:Mottet Compiègne.jpg|thumb|300px|[[Compiègne]] avant la Révolution. On peut voir outre le beffroi, la Tour de la monnaie et le clocher l'église abbatiale.]]
Guillaume de Flogny, deuxième abbé de Saint-Corneille, obtient du roi [[Louis VII de France|Louis le Jeune]], l’établissement de huit fiefs, qui sont dotés de revenus et donnés à des seigneurs chargés de défendre les intérêts de l’abbaye, de garder les abbés et de les accompagner dans les cérémonies officielles. Autorisés par les [[Capitulaire|capitulaires de Charlemagne]], désignés dans les chartes sous les noms de ''feodati'', ''casati'', etc., ces fieffés ont un costume spécial et prennent presque partout le titre de baron et quelquefois celui de [[Pairie|pair]]<ref> Bulletin de la Société historique de Compiègne, 1875, comte Coustant d’Yanville, ''Dom François Coustant et les fêtes célébrées à Compiègne en 1744'', p. 378 et 380.</ref>. Les huit fieffés de Saint-Corneille sont obligés de paraître effectivement à l'abbaye avec des [[dalmatique|dalmatiques]] ou habits bigarrés, qu'on peut regarder comme la livrée de l’abbaye<ref> ''Encyclopédie théologique, ou Série de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse'', pub. par M. l'abbé Migne ... p.420.</ref>.
En [[1220]], la sentence arbitrale de l'abbé d'[http://www.serviteurs.org/-Abbaye-d-Ourscamp-.html Ourscamp] conserve aux religieux le droit d'exercer toutes les fonctions curiales à l'égard de leurs domestiques, et même des huit fieffés, et autres sujets de l'abbaye, qui étant regardés comme dans une dépendance singulière du monastère, demeurent exempts de la juridiction de l'évêque de Soissons et des curés de Compiègne. C'est ce qui formera jusqu'à la Révolution une cure exempte dans l'intérieur de l'abbaye, appelée la cure du Crucifix<ref> ''Oeuvres complètes de Cochin, avocat au Parlement de Paris'', p.262. </ref>.
Ces vassaux, ces huit barons ou grands fieffés existent encore en [[1789]] et sont toujours les jours de fêtes solennelles obligés de se tenir en costume au pied de l'autel<ref> ''Revue de l'art chrétien, de Société de Saint-Jean'', p.549.</ref>. Le comte Coustant d’Yanville, dans son étude sur ''Dom François Coustant et les fêtes célébrées à Compiègne en [[1744]]'', nous parle du beau-frère de ce prieur de l'abbaye, Claude Mottet de La Motte, prévôt et baron fieffé<ref> ''L'hôtel du Mess'' et également ''Les hommes illustres du département de l'Oise''.</ref>.
=== Le cimetière ===
Les moines et leurs proches sont certainement enterrés dans ou autour de l’église Saint-Corneille à cette période, mais le cimetière n’est signalé que sur le plan de Chandellier.
== Saint-Clément et Saint-Maurice ==
Outre la paroisse du Crucifix, les [[Collégiale|collégiales]] Saint-Clément et Saint-Maurice dépendent de l’abbaye Saint-Corneille<ref> Moreri, ''Grand dictionnaire historique'', p.871. </ref>.
En [[909]], [[Frédérune]] fonde, à [[Compiègne]], une [[collégiale]] placée sous l'invocation de Saint-Clément. Elle a sans doute ses droits seigneuriaux et par suite son tribunal<ref> Collection des poètes de Champagne antérieurs au {{s-|XVI|e}}. </ref>. En [[1198]], un accord est signé fait entre l'église de Saint-Corneille et celle de Saint-Clément de Compiègne<ref> P. 633. Cb. CDXVIl., cité par ''Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie'', p.618. </ref>. Le chapitre de Saint-Clément est soumis à celui de Saint-Corneille par décisions royales, même si cela est parfois contesté par les évêques de Soissons.
== Abbés de Saint-Corneille ==
[[Image:Blason de saint-corneille.jpg|thumb|Blason de l’abbaye Saint-Corneille.]]
Le pape [[Jean VIII (pape)|Jean VIII]] les exempt de la juridiction de l'évêque diocésain, et plusieurs de ses successeurs accordent d'autres droits très honorables aux abbés de saint Corneille, comme de porter la [[Crosse épiscopale|crosse]], la [[mitre]] et l'anneau d'officier pontificalement, de conférer la [[tonsure]] et les Ordres-mineurs<ref> ''Bibliothèque sacrée : ou dictionnaire universel historique, dogmatique, canonique, géographique et chronologique des sciences ecclésiastiques'' ... / par les révérends pères Richard et Giraud, Dominicains. Réimprimée avec additions et corrections par une société d'ecclésiastiques, p.270. </ref>.
Liste des abbés de Saint-Corneille de Compiègne au diocèse de Soissons (à compléter) :
* [[Hincmar de Reims]] ([[876]]-[[882]])
* [[Roscelin de Compiègne]] (? - [[1120]])
* [[Philippe de France (1125-1161)]] (? - [[1150]]
* [[Eudes de Deuil]] ([[1151]]-[[1152]])
* [[Guillaume de Flogny]] ([[1152]]-[[1158]])
* '''Richard''' ([[1197]]-[[1216]])
* '''Philippe de Châtillon''' ([[1270]])
* '''Pierre de Braine''' (? -[[1277]])
* '''Pierre''' [[1283]]
* '''Jean Dacier''' (avant [[1431]]-[[1437]])
* '''Hugues II de Talaru''', [[Liste des archevêques de Lyon|archevêque de Lyon]] ([[1499]]-([[1517]]) et cardinal
* ''Christophe de Clermont''
* '''Antoine II de Talaru''' (? - [[1535]])
* [[Louis de Bourbon-Vendôme]] ([[1535]]-[[1546]]) cardinal, grand-oncle du roi<ref> Un tableau, précieux par le nom du grand maître qui l'avait composé ([[Léonard de Vinci]]), représentait l'ouverture de la [[châsse]] où Philippe Ier, en [[1092]], avait fait déposer le Saint Suaire. François Ier présidait à cette cérémonie, accompagné du cardinal de Bourbon , abbé de Saint-Corneille, des princes et d'une foule de grands seigneurs. Ce bel ouvrage était placé au-dessus des fonts baptismaux de l'église de Saint-Corneille. (Cambry, ''Description de l'Oise''.) </ref>
* '''François de III Pisseleu''' ([[1546]]-[[1552]]), frère d'[[Anne de Pisseleu]]<ref> Enterré à l'abbaye de St Corneille de Compiègne </ref>
* [[Nicolas de Pellevé]] ([[1552]]- ?)
* [[Jacques Amyot (évêque)|Jacques Amyot]] (? -[[1593]])
* [[Simon Legras]]
==Galerie==
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== Annexes ==
=== Bibliographie ===
* Caplain Albert, ''L'abbaye Saint-Corneille de Compiègne, Sa restauration'', Imprimerie de Compiègne (Oise). 1930
* Graya, Louis de, escuyer, sieur de Treville, ''Les huit Barons Fïeffez de l'Abbaye royalle de Saint-Corneille de Compiègne, leur institution, leur noblesse et leur antiquité'', Noyon, 1686. Contient des choses curieuses et intéressantes sur l'origine des fiefs et sur l'inféodation. A la fin on trouve un catalogue des abbés de saint Corneille.
=== Articles connexes ===
* [[Liste des abbayes et monastères]]
* [[Abbaye]]
* [[Souverains français enterrés hors de Saint-Denis]]
=== Liens externes ===
{{Commons|Abbaye Saint-Corneille|Abbaye Saint-Corneille}}
* [http://www.histoire-compiegne.com/monument-detail.htm?histoireID=2 L'Abbaye de Saint-Corneille de Compiègne par Société historique de Compiègne]
* [http://www.compiegne.fr/decouvrir/abbayesaintcorneille.asp Abbaye saint corneille]
* [http://rollot.baillet.org/rollb/rlb04/rlb0402analyse.htm Rollot au Moyen-Âge, cartulaire de l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne]
* [http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CPicZ.aspx?E=2C6NU0CI14QU Les reliques]
* [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96311r Le Saint suaire de Saint-Corneille de Compiègne, par le chanoine Morel... consultable sur Gallica]
* [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4787v Cartulaire de l'Abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, Tome troisième, 1261-1383, par le chanoine Morel,... ; Société historique de Compiègne ; publié par les soins de Louis Carolus-Barré... consultable sur Gallica]
=== Notes et références ===
{{références|colonnes=2}}
{{Bon article|vote=BA|oldid=29389945|date=10 mai 2008}}
{{ABC catholique en Picardie}}
{{Portail|monachisme|architecture chrétienne|catholicisme|Oise|Picardie}}
{{DEFAULTSORT: Abbaye de Saint-Corneille}}
[[Catégorie:Religion sous l'Ancien Régime]]
[[Catégorie:Abbaye bénédictine]]
[[Catégorie:Abbaye de l'Oise]]
[[Catégorie:Architecture religieuse du Moyen Âge]]
[[Catégorie:Site archéologique de France]]
[[Catégorie:Monument historique de l'Oise]]
[[Catégorie:Liste d'abbés]]
[[de:Abtei Saint-Corneille]]