Affaire Borrel 575092 31154014 2008-06-30T11:58:58Z Deep silence 126287 /* Subornation de témoins */ , orthographe {{homonyme|Borrel}} {{pas fini}} {{Infobox biographie | nom =Bernard Borrel | image = | tailleimage(en px)= | legende = | nomofficiel = | surnom = | datedenaissance =1955 | lieudenaissance =[[France]] | datededeces =18 octobre 1995 | ageaudecès =40 | lieudedeces =[[Djibouti]] | nationalite =[[Image:Flag of France.svg|18px]] [[France|Française]] | metier =[[Magistrat (France)|Magistrat]] | occupation = | formation =[[École nationale de la magistrature|ENM]] | hommage = | autresfonctions = | note = | famille =Élisabeth Borrel }} '''Bernard Borrel''' était un [[magistrat]] [[France|français]]. Il a été [[Procureur de la République (France)|procureur]] de [[Lisieux]] de [[1988]] à [[1995]], avant d'être détaché en tant que conseiller technique en avril 1994 auprès du ministre djiboutien de la Justice pour effectuer des missions de coopération<ref name="L'Énigme Borrel">{{Journal | auteur=Gérard Davet | titre=L'Énigme Borrel | date=3 février 2005 | journal =[[Le Monde]] | ISSN =0395-2037 | URL=http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article906 |consulté le= 28 août 2007 }}</ref>. Bernard Borrel disparaît à [[Djibouti]] le {{Date|18|octobre|1995}} : on retrouve son cadavre le lendemain, en partie calciné au pied d'une falaise<ref name="L'Énigme Borrel" />. L'hypothèse du [[suicide]] a été dans un premier temps privilégiée par les autorités djiboutiennes et françaises. Mais le {{date|6|février|1996}}, les faits sont requalifiés par la justice française, à la suite d'une information judiciaire, en [[assassinat]]<ref name="La chronologie de l'affaire Borrel">{{Journal | titre=La chronologie de l'affaire Borrel | date=14 juin 2007 | journal =[[Le Figaro]] | ISSN =0182-5852 | URL=http://www.lefigaro.fr/france/20070614.WWW000000478_la_chronologie_de_l_affaire_borrel.html |consulté le= 28 août 2007 }}</ref>. Une [[Instruction (droit)|instruction]] sur l'assassinat de Bernard Borrel est encore en cours, actuellement dirigée par le [[Juge d'instruction|juge]] Sophie Clément du [[tribunal de Paris]]. '''Élisabeth Borrel''', sa veuve, elle-même magistrate à [[Toulouse]], accuse l'actuel [[Président de la République|président]] djiboutien [[Ismail Omar Guelleh]] d'être l'un des commanditaires de l'[[assassinat]] de son mari. Elle a également déposé une plainte pour [[subornation de témoin]]s contre les services secrets djiboutiens (instruction menée par la juge Magali Tabareau) et une plainte pour pressions sur la justice de la part de l'administration française (instruction menée par Fabienne Pous et Michèle Ganascia)<ref name="La chronologie de l'affaire Borrel"/>. Selon Bernard Nicolas<ref>Auteur de l'enquête ''Juge Borrel : Révélations sur un suicide impossible'', [[Canal+]], magazine ''90 minutes'', co-auteur d'''[[#Unjugeassassiné|Un juge assassiné]]'' avec Élisabeth Borrel</ref>, l''''affaire Borrel''' est particulièrement marquée par {{Guillemets|une ingérence de la diplomatie sur la justice}}<ref>{{Lien web |url=http://www.dailymotion.com/video/x25x5y_itw-de-bernard-nicolas-sur-laffaire_politics |titre=Interview de Bernard Nicolas sur l'affaire Borrel |auteur=[[Rue89]] |date=4 juin 2007 |éditeur=[[Dailymotion]] |en ligne le=4 juin 2007 |consulté le= 28 août 2007 }}</ref>. 2 instructions sont cependant toujours en cours : seul un procès sur l'affaire de subordination de témoins est prévu<ref>{{Journal | auteur=Alain Salles | titre=Deux proches du président djiboutien renvoyés devant la justice française dans le cadre de l'affaire Borrel | date=28 août 2007 | journal = [[Le Monde]] | ISSN =0395-2037 | URL=http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-948369@51-948174,0.html |consulté le= 28 août 2007 }}</ref>. {{article connexe|Chronologie de l'affaire Borrel}} == Contexte == [[Image:Djibouti-carte.png|right|200px|thumb|Carte de Djibouti]] [[Image:Mirage 2000 4-33.jpg|right|250px|thumb|[[Dassault Mirage 2000|Mirages 2000]] français au-dessus du désert djiboutien]] === Contexte diplomatique === {{Article détaillé|Djibouti}} Djibouti est une [[Liste des colonies françaises|ancienne colonie française]] dans laquelle est installée la première base militaire française à l'étranger avec une garnison de 2 700 hommes<ref name="DossierPaysDjibouti">{{Lien web |url=http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/djibouti_369/index.html |titre=Dossier pays > Djibouti |éditeur=[[Ministère des Affaires étrangères (France)|Ministère français des affaires étrangères]] |date=27 juin 2006 |site=France Diplomatie |consulté le= 28 août 2007 }}</ref>{{,}}<ref name="MonsieurX">''[[Rendez-vous avec X]]'', « L'affaire du juge Borrel », {{date|14|février|2004}}, produit et présenté par [[Patrick Pesnot]], réalisé par Michèle Billoud {{lire en ligne|lien=http://comitesoutienborrel.free.fr/audio/monsieurx.mp3|texte=écouter}} {{lire en ligne|lien=http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/rendezvousavecx/index.php?id=20772|texte=présentation en ligne}}. Consultés le 2 septembre 2007</ref> : outre la [[base aérienne 188 Djibouti]], Djibouti est également le siège du [[5e régiment interarmes d'outre-mer|5{{e}} régiment interarmes d'outre-mer]]. Elle offre en effet une position stratégique pour ces forces militaires, avec un accès à la [[Mer Rouge]] (et donc, au [[Canal de Suez]]) et au [[Golfe Persique]], ainsi qu'un terrain d'entraînements militaires en situation aride<ref name="DossierPaysDjibouti"/>. Cette coopération militaire entre la France et Djibouti remonte à l'indépendance de cette dernière, le {{date|27|juin|1977}}<ref>{{Légifrance|base=avant90|numéro=1DX9851171|url=http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000872720&dateTexte=vig|texte=Décret}} n{{o}}85-1171 du 5 novembre 1985 portant publication du Protocole provisoire fixant les conditions de stationnement des forces françaises sur le territoire de la République de Djibouti après l'indépendance et les principes de la coopération militaire, signé à Djibouti le 27 juin 1977, JO du 10 novembre 1985, p. 13060</ref>{{,}}<ref>{{pdf}} {{Lien web |url=http://www.doc.diplomatie.gouv.fr/BASIS/pacte/webext/bilat/DDD/19770200.pdf |titre=Protocole provisoire fixant les conditions de stationnement des forces françaises sur le territoire de la République de Djibouti après l'indépendance et les principes de la coopération militaire |site=Base Pacte |éditeur=[[Ministère des Affaires étrangères (France)|Ministère français des affaires étrangères]] |consulté le= 28 août 2007 }}</ref>, et a été reconduite par une [[Traité (droit)|convention bilatérale]] le {{date|3|août|2003}}, dans laquelle la République française s'engage à payer une contribution forfaitaire de {{formatnum:30000000}} d'euros par an, en contrepartie de la présence des forces militaires françaises sur le territoire de Djibouti jusqu'en 2015 au moins<ref>{{Légifrance|base=JORF|numéro=MAEJ0530101D|texte=Décret}} n{{o}}2006-30 du {{date|5|janvier|2006}} portant publication de la ''Convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Djibouti relative à la situation financière et fiscale des forces françaises présentes sur le territoire de la République de Djibouti'', signée à Djibouti le 3 août 2003, notamment les articles 1 et 12, [[JORF]] n{{o}} 10 du 12 janvier 2006, page 473</ref>. Cependant, les [[États-Unis]] y ont également déployés, après les [[attentats du 11 septembre]], une [[force opérationnelle]] de près de {{formatnum:1800}} hommes, dans le cadre de l'[[Opération Enduring Freedom - Horn of Africa|opération ''Enduring Freedom - Horn of Africa'']]<ref>''[[:en:Combined Joint Task Force - Horn of Africa|Combined Joint Task Force - Horn of Africa]]''</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |url=http://www.hoa.centcom.mil/resources/english/facts.asp |titre=Fact Sheet |site=http://www.hoa.centcom.mil/ |éditeur=Combined Joint Task Force - Horn of Africa Public Affairs Office |consulté le= 2 septembre 2007 }}</ref>. Cette présence militaire concurrence maintenant ouvertement celle de la France<ref name="MonsieurX"/>. === Contexte politique === [[Image:Hassan Gouled Aptidon.jpg|180px|thumb|[[Hassan Gouled Aptidon]], premier président de la République de Djibouti, de [[1977]] à [[1999]]]] {{Article détaillé|Politique de Djibouti|Afar (peuple)|Issa (Afrique)|Réseaux d'influence français en Afrique}} Le [[Géographie de Djibouti|territoire de Djibouti]] a été composé par la France lors de la colonisation, sans tenir compte des réalités ethniques et politiques<ref name="MonsieurX"/>. On retrouve donc à Djibouti deux principales [[ethnie]]s : * Les tribus d'origine somalienne (Issas, gadabursi, Issak,etc..) représentent 60% de la population<ref name="CIAWFB">{{Lien web |url=https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/dj.html |titre=[[CIA World Factbook]] |auteur=[[Central Intelligence Agency]] |date=16 août 2007 |site=cia.gov |consulté le= 4 septembre 2007 }}</ref>. C'est un peuple d'origine [[somalie]]nne, installé principalement sur les deux-tiers sud du pays. * Les Afars (ou danakils)sont une ethnie minoritaire (35% de la population<ref name="CIAWFB"/>), d'origine [[éthiopie]]nne, principalement installés au nord de Djibouti. <!--* {{formatnum:367000}} [[Afar (peuple)|Afar]]s, situés au nord du territoire ({{formatnum:1866000}} dans toute la [[corne de l'Afrique]], d'origine [[éthiopie]]nne)<ref>{{Lien web |url=http://www.joshuaproject.net/print.php?rog3=DJ&rop3=102419 |titre= Afar of Djibouti |site=Joshua Project |éditeur=U.S. Center for World Mission |consulté le= 2 septembre 2007 }}</ref> * {{formatnum:318000}} [[Issa (Afrique)|Issas]], au sud de Djibouti ({{formatnum:13013000}} dans toute la corne de l'Afrique, d'origine [[somalie]]nne)<ref>{{Lien web |url=http://www.joshuaproject.net/print.php?rog3=DJ&rop3=109392 |titre= Somali, Issa of Djibouti |site=Joshua Project |éditeur=U.S. Center for World Mission |consulté le= 2 septembre 2007 }}</ref>.--> Djibouti a ainsi été nommé [[Côte française des Somalis]] ([[1894]]-[[1967]]) et [[Territoire français des Afars et des Issas]] ([[1967]]-[[1977]]), avant de prendre son nom actuel à l'indépendance. Pendant l'époque coloniale, la France privilégie dans un premier temps les Afars avant de favoriser les Issas. ainsi Djibouti s'appelle d'abord Côte française des Somalis puis Territoire français des Afars et des Issas en 1967: les Issas réclamaient le rattachement de Djibouti à la Somalie, tandis que les Afars étaient partisans de la présence française<ref name="MonsieurX"/>. La France tarde également à accorder son indépendance à Djibouti, afin de profiter de son positionnement stratégique. Alors que la principale vague de [[décolonisation]] a lieu dans les années 1960, Djibouti n'accède à l'[[indépendance]] qu'en 1977. Des mouvements indépendantistes Issas se forment alors dans les années 1970, aidés par la Somalie. 5 Issas prennent d'ailleurs en [[otage]], en [[1976]], un car scolaire transportant des enfants de militaires français. Finalement, par la voie du [[référendum]], le pays accède à l'indépendance<ref name="MonsieurX"/>. Après l'indépendance, un Issa, [[Hassan Gouled Aptidon]], est élu premier président de la République de Djibouti ; il était prévu que son premier ministre soit alors issu de l'ethnie des Afars. Gouled installe cependant, en [[1981]], un régime autoritaire, avec un parti unique, le ''Rassemblement populaire pour le progrès'' (RPP). En 1987, un attentat attribué (par le pouvoir) aux Afars tue 5 Français à la terrasse d'un café. Le {{date|27|septembre|1990}} se déroule également un attentat au Café de Paris de Djibouti, lieu de rencontre de la communauté française. Cet attentat à la grenade fit un mort (un enfant de six ans, fils d’un militaire français basé à Djibouti<ref name="Geopolotique.com">{{Lien web |url=http://www.geopolitique.com/criminalite/affaire-borrel-les-dossiers-du-juge-le-loire-sur-l-attentat-du-cafe-de-paris-247.html |titre= Borrel : les dossiers du juge Le Loire sur l’attentat du Café de Paris |site=Geopolitique.com |consulté le= 30 août 2007 }}</ref>), et blessa une dizaine de personnes{{référence à confirmer}}<ref>{{Guillemets|11 blessés}} selon le [http://www.lesnouvelles.org/P10_magazine/12_depeche03/12108_canalborrel.html#Ancre01 dossier de presse de Canal+], 14 selon [[#_note-L'Énigme Borrel|Gérard Davet]], 17 selon [[#_note-Geopolotique.com|Geopolitique.com]].</ref>. C'est le début, en [[1991]], d'une guerre civile entre les afars et le pouvior somalien aidés par les français. la révolte afar est menée par le ''Front pour la restauration de l'unité et de la démocratie'' (FRUD). Elle ne prendra fin qu'en [[1995]]<ref name="MonsieurX"/>. === Contexte judiciaire === L'affaire Borrel se déroule également avec, en toile de fond, l'enquête sur l'attentat du Café de Paris. Le [[juge d'instruction]] Roger Le Loire est chargé de l'enquête, et Bernard Borrel l'assiste dans ses recherches. Selon l'instruction, [[Aden Robleh Awaleh]], président du [[Parti national démocratique|Parti national démocratique djiboutien]] (opposition), a commandité cet attentat. Il a néanmoins toujours clamé son innocence, et pense que cette accusation n'est qu'un {{Guillemets|prétexte à un règlement de compte politique}}<ref>{{Lien web |url=http://www.lesnouvelles.org/P10_magazine/21_thema/26_droitshumains/26003_robleh-cafedeparis.html |titre=Lettres et communiqués de Aden Robleh Awaleh |auteur=Aden Robleh Awaleh |date=avril 2001 |éditeur=LesNouvelles.org |consulté le= 30 août 2007 }}</ref>. Il a été jugé le {{date|9|avril|2001}} par la Cour criminelle de Djibouti pour cet attentat, reconnu coupable, et condamné à six mois de prison avec [[sursis]]. Bien que l'instruction ait duré plus une dizaine d'années, la date du procès n'a été fixée qu'une semaine auparavant, surprenant tous les avocats ; le procès lui-même n'a duré que 6 heures<ref>{{Journal | titre= Aden Robleh Awaleh condamné à 6 ans de prison avec sursis. | date= 8 avril 2001 | journal =Dépêches Moulin du pont | URL=http://www.lesnouvelles.org/P10_magazine/12_depeche/12009_MDProbleh010408.html |consulté le= 30 août 2007 }}</ref>. == Biographie == Bernard Borrel sort [[major]] de la promotion {{Guillemets|[[Pierre Michel (juge)|juge Michel]]}} de l'[[École nationale de la magistrature]]<ref>[[#Borrel|Élisabeth Borrel]], p. 23</ref>. Substitut du [[Procureur de la République (France)|procureur]] à [[Privas]] en en [[1982]], il y rencontre Élisabeth Borrel, où elle n'est encore qu'[[auditeur de justice|auditrice de justice]]. Elle y sera nommée [[juge des enfants]] à la sortie de l'ENM<ref>[[#Borrel|Élisabeth Borrel]], p. 24</ref>. Plus tard, Bernard Borrel est nommé [[procureur de la République]] à [[Lisieux]], et Élisabeth Borrel [[juge d'application des peines]] à [[Caen]]<ref>[[#Borrel|Élisabeth Borrel]], p. 26</ref>. Ils se marient en 1985 et auront ensemble deux enfants, Louis-Alexandre et François-Xavier. En tant que juge d'application des peines, Élisabeth Borrel a été agressée trois fois<ref>[[#Borrel|Élisabeth Borrel]], p. 29</ref> dont une prise d'otage le {{date|29|décembre|1991}} au [[centre pénitentiaire de Caen]]<ref>[[#Borrel|Élisabeth Borrel]], p. 93</ref>. Finalement, à la faveur d'une circulaire de mutation, Bernard Borrel apprend qu'un poste de coopérant se libère pour travailler comme magistrat détaché auprès du ministre de la justice djiboutien. Il faudra attendre trois ans pour que Bernard Borrel y soit effectivement nommé<ref>[[#Borrel|Élisabeth Borrel]], p. 30</ref>. En [[avril 1994]], la famille s'installe à Djibouti. <!-- M{{me}} Borrel, sans emploi, s'occupe alors du {{Guillemets|club de peinture sur porcelaine}}<ref name="L'Énigme Borrel"/>, tandis que son mari travaille en tant que [[conseiller technique]] auprès du [[ministre de la justice]] djiboutien. Sa principale mission est d'aider à mettre en place une nouvelle législation pénale<ref name="Geopolotique.com"/>{{Lien web |url=http://www.geopolitique.com/criminalite/affaire-borrel-les-dossiers-du-juge-le-loire-sur-l-attentat-du-cafe-de-paris-247.html |titre= Borrel : les dossiers du juge Le Loire sur l’attentat du Café de Paris |site=Geopolitique.com |consulté le= 30 août 2007 }}</ref>. Par diverses [[Commission rogatoire en France|commissions rogatoires]], Bernard Borrel assiste également le juge Le Loire dans son [[instruction (droit)|instruction]].--> == Assassinat == <ref>{{Journal | auteur=Sylvie Véran | titre=Sept ans après, la mort toujours mystérieuse du juge Borrel | date=16 mai 2002 | journal =[[Le Nouvel Observateur]] | ISSN =0029-4713 | URL=http://leruisseau.iguane.org/spip.php?article156 |consulté le= 4 septembre 2007 }}</ref>Le corps de Bernard Borrel a été découvert carbonisé sur sa partie supérieure le {{Date|19|octobre|1995}} au bas d'une [[falaise]] à 80 kilomètres de [[Djibouti]], devant l'[[île du Diable (Djibouti)|île du Diable]]. Il était vêtu d'un [[slip]] et d'un [[tee-shirt]]. Sa [[voiture]] était garée en haut de la falaise, son short plié et un [[jerrican]] d'[[Essence (hydrocarbure)|essence]] posés à côté. Le long de la descente ont été trouvé différents objets lui appartenant dont l'une de ses [[chaussures]] intacte. À la découverte du corps, la thèse du [[suicide]] prédomina, l'[[Représentations françaises dans le monde|ambassade de France]] à Djibouti informant même le [[Ministère des Affaires étrangères (France)|Quai d'Orsay]] du suicide du juge Borrel avant même l'[[autopsie]]. Le juge Borrel se serait embrasé à côté de sa voiture après s'être aspergé d'essence et aurait descendu l'à-pic avant de s'effondrer mort en bas de la falaise. Cette thèse fut d'abord accréditée par le fait que Bernard Borrel avait retiré 50 000 [[Franc français|Francs]] sur son [[Types de dépôts bancaires|compte]] et écrit une [[Courrier|lettre]] d'adieu à sa femme. De plus plusieurs rumeurs concernent sa vie personnelle, il aurait entre autres eu des liaisons et aurait été sur le point de [[divorce]]r. Il faut toutefois préciser que ces rumeurs n'ont au mieux jamais été confirmées, au pire inventées pour prouver a posteriori la version du suicide<ref>Elysabeth Borrel et Bernard Nicolas, ''Un Juge assassiné'', Flammarion, {{Date|4|octobre|2006}}, 383 p</ref>. Un rapport de la [[Direction générale de la sécurité extérieure|DGSE]] à ce sujet conclut au suicide et que, selon elle, l'[[hypothèse]] d'un [[assassinat]] est peu justifiée. C'est pour cela que le [[gouvernement français]] soutient aujourd'hui l'actuel [[Président de la République|président]] djiboutien dans l'affaire. L'[[Instruction (droit)|instruction]] conclura d'abord à la thèse du suicide après autopsie effectué en février [[1996]] et une reconstitution de [[mars 2000]] filmée et diffusée en partie dans un reportage de l'émission ''90 minutes'' diffusée sur [[Canal+]] consacré à l'affaire Borrel<ref>Reportage de Bernard Nicolas et Jean-Claude Fontan diffusée pour la première fois le {{Date|2|décembre|2002}} sur Canal+ dans l'émission ''90 minutes''</ref>. Une seconde autopsie et reconstitution auront lieu en [[2002]] après le désaisissement des premiers [[Juge d'instruction|juges d'instruction]]. Elles concluront que le juge Borrel n'a pas pu se suicider. Mohammed Saleh Aloumekani, un ancien officier de la garde présidentielle de Djibouti, a affirmé devant la juge Sophie Clément avoir surpris le {{Date|19|octobre|1995}}, au lendemain de l'assassinat du juge, dans le [[jardin]] du [[palais]] présidentiel de Djibouti une conversation entre six hommes, dont l'actuel président djiboutien, Ismail Omar Guelleh, alors [[chef de cabinet]] du président Gouled Aptidon, Hassan Saïd, chef des services de [[sécurité]] et Awalleh Guelleh et Hamouda Hassan Adouani. Les interlocuteurs d'Ismail Omar Guelleh seraient venus lui rendre compte de « l'élimination du juge fouineur » et de la disparition des traces du crime. Le [[procureur]] de Djibouti Djama Souleiman est soupçonné d'avoir tenté de faire pression sur Mohammed Saleh Aloumekani pour qu'il revienne sur son [[témoignage]]. Le chef des [[services secrets]] Hassan Saïd serait également intervenu pour que le capitaine Iftin, chef de la garde présidentielle de Djibouti en [[1995]], rédige une attestation discréditant Mohammed Saleh Aloumekani. L'[[Enquête de police|enquête]] djboutienne sur la [[mort]] du juge a conclu au [[suicide]] mais l'enquête française privilégie la thèse d'un [[assassinat]] en se fondant notamment sur une série d'[[expertise]]s de médecine légale. Un bilan objectif des indices relevés a ce jour conduit à une contradiction qui devra être surmontée pour pouvoir conclure : * Bernard Borrel semble avoir eu conscience de l'approche de sa mort (paroles pessimistes à son épouse, lettre de {{Guillemets|dernières volontés}}sur certains points étranges dont le retrait et l’inemploi d’une forte somme) et pourrait avoir (consciemment ou non) contribué à certains aspects de sa préparation (utilisation et remplissage en essence de son propre jerrican, qui sera retrouvé sur le lieu de sa mort). * Au contraire, il semblerait que sa mort ait vu l'intervention directe d'un tiers (accompagnement vers le lieu de sa mort par un autre personnage, fractures d'origine non accidentelle, aspersion en liquide inflammable ne pouvant provenir que d'un tiers). La responsabilité du [[Président de la République|président]] [[djibouti]]en et de membres de son entourage dans la disparition du juge a été évoquée par plusieurs [[témoin]]s lors de l'[[Instruction (droit)|instruction]]. {{précision nécessaire|Un autre témoin privilégie au contraire une piste franco-française}}. === Vers Djibouti === * Un ex-gardien de [[prison]] [[djibouti]]en a ainsi [[témoin|témoigné]] en [[mai 2006]] devant la [[juge d'instruction]] Sophie Clément qu'un détenu djiboutien extrait le jour du [[crime]] de sa cellule pouvait être impliqué dans l'affaire. * Le {{Date|19|octobre|2006}}, la juge Sophie Clément a délivré des [[mandats d'arrêt internationaux]] à l'encontre de deux repris de justice en fuite, Awalleh Guelleh et Hamouda Hassan Adouani. « L'[[Enquête de police|enquête]] menée établissait qu'il s'agissait d'un [[assassinat]] », écrivait la juge Sophie Clément dans les motifs des [[mandats d'arrêt]]. La juge souhaite comparer leur ADN à des [[empreinte génétique|empreintes génétiques]] inconnues retrouvées sur le short du juge. * En [[mai 2005]], la juge a demandé à entendre le [[Président de la République|président]] djiboutien, en visite à [[Paris]] où il avait rencontré le président [[Jacques Chirac]] à l'[[Palais de l'Élysée|Élysée]], mais M. Guelleh avait quitté la capitale sans se rendre à la convocation de la [[magistrat]]e. En [[février 2007]], la juge Sophie Clément a demandé à entendre comme témoin le président djiboutien Ismail Omar Guelleh, qui devait participer au sommet Afrique-France à [[Cannes]]. Fin [[septembre 2006]], la [[cour d'appel de Versailles]] a ordonné la diffusion de [[mandats d'arrêt]] contre le [[procureur de la République]] Djama Souleiman et Hassan Saïd, le chef des [[services secrets]] de [[Djibouti]] pour une éventuelle « [[subornation de témoin]]s ». Parallèlement, la juge d'instruction Sophie Clément a transmis au [[procureur de la République de Paris]] une demande de [[réquisition]] concernant la délivrance de deux mandats d'arrêt visant les principaux suspects de l'assassinat du juge Bernard Borrel, Awalleh Guelleh et Hamouda Hassan Adouani. === Vers la Tunisie === Le tunisien '''Hamouda Hassan Adouani''' est soupçonné d'avoir participé à « l'[[assassinat]] » du juge français à [[Djibouti]] en [[octobre 1995]] et est considéré comme l’exécutant le plus probable du meurtre avec '''Awalleh Guelleh''', un autre repris de justice. Sur [[commission rogatoire]] internationale de la [[juge d'instruction]] Sophie Clément, Hamouda Hassan Adouani a été entendu par un juge [[tunisie]]n. Il est actuellement en liberté dans son [[pays]] d'origine, la Tunisie et la France n'ayant pas de convention d'[[extradition]]. Lors d’une précédente audition réalisée à la demande de la France par le doyen des juges d’instruction tunisien, Hamouda Hassan Adouani avait nié toute participation à la mort de Bernard Borrel. A l’époque des faits, il purgeait une peine de 20 ans de réclusion après avoir commis un attentat anti-français. Un prélèvement de l'ADN d'Hamouda Hassan Adouani a été effectué. Il ne correspond pas à celui retrouvé sur le short du juge français. <ref>[http://www.lefigaro.fr/international/2007/11/12/01003-20071112ARTFIG00156-affaire-borrel-le-test-adn-du-principal-suspect-est-negatif.php Affaire Borrel : le test ADN du principal suspect est négatif , Le Figaro, 12 novembre 2007]</ref> == Subornation de témoins == Le juge [[Magali Tabareau]] du [[Tribunal correctionnel (France)|tribunal correctionnel]] de [[Versailles]] est chargée d'une [[information judiciaire]] pour {{Guillemets|subornation de témoins}}. Un ex-membre de la garde présidentielle djiboutienne, Mohammed Saleh Aloumekani, exilé en [[Belgique]], avait affirmé en décembre 1996 avoir entendu, le jour de la mort du juge, cinq hommes déclarer à l'actuel président djiboutien Ismail Omar Guelleh, que {{Guillemets|le juge fouineur est mort}} et qu'{{Guillemets|il n'y a pas de trace}}. Le président Guelleh était alors le directeur de cabinet de son prédécesseur. La famille de Mohamed Saleh Aloumekani a été bannie de Djibouti en octobre 2007 et expulsée vers le Yemen. <ref> [http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20071023.OBS1110/affaire_borrel__la_famille_dun_temoin_clef_expulsee_par.html Affaire Borrel: la famille d'un témoin clef expulsée par Djibouti, nouvelobs.com, 24 octobre 2007]</ref>. Le second témoin, menacé de représailles sur sa famille, est [[Ali Iftin]], l'ex-chef de la garde présidentielle. Également réfugié à [[Bruxelles]], il avait affirmé que le chef des services secrets djiboutiens l'avait obligé à mentir<ref name="NouvelObs280807">{{Journal | titre=Borrel : 2 dignitaires djiboutiens devant la justice française | date=28 août 2007 | journal =[[Nouvelobs interactif]] | URL =http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/international/20070828.OBS2337/borrel__2_dignitaires_djiboutiens_devant_la_justice_fra.html |consulté le= 28 août 2007 }}</ref>. Le procureur général de Djibouti [[Djama Souleiman]] et le chef des services secrets [[Hassan Saïd]] ont été renvoyés pour le délit de "subornation de témoins" devant le tribunal correctionnel de Versailles par une ordonnance du juge Magali Tabareau datée du 20 août 2007<ref name="NouvelObs280807"/>. == Pressions sur la justice == Depuis 2004, les autorités djiboutiennes souhaitent se voir reconnues compétentes pour mener l'enquête sur l'assassinat du juge Borrel. Or, le {{date|29|janvier|2005}}, le [[Ministère des Affaires étrangères (France)|ministère des affaires étrangères français]] assure publiquement, par communiqué de presse, qu'une copie du dossier d'instruction français relatif au décès de Bernard Borrel serait {{Guillemets|prochainement transmise à la justice djiboutienne}}, qui en avait fait la demande. Cette communication est intervenue dix jours avant que la juge Sophie Clément, chargée de l'instruction de l'assassinat de Bernard Borrel, ne soit officiellement saisie de cette demande d'entraide judiciaire. La juge Sophie Clément refusera plus tard, le {{date|8|février|2005}} la transmission, estimant notamment que la demande de Djibouti avait {{Guillemets|pour unique but de prendre connaissance [...] de pièces mettant en cause le procureur de la République de Djibouti}}. Le comportement d'[[Hervé Ladsous]], alors porte-parole du quai d'Orsay, s'analyse, selon Élisabeth Borrel, en une pression sur la juge Clément<ref>Art. {{Légifrance|base=CP|numéro=434-16|texte=434-16}} du [[Code pénal (France)|Code pénal français]] : {{citation bloc|La publication, avant l'intervention de la décision juridictionnelle définitive, de commentaires tendant à exercer des pressions en vue d'influencer les déclarations des témoins ou la décision des juridictions d'instruction ou de jugement est punie de six mois d'emprisonnement et de 7500 euros d'amende. <br />Lorsque l'infraction est commise par la voie de la presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables.}}</ref>. Elle dépose alors une [[Plainte avec constitution de partie civile (France)|plainte avec constitution de partie civile]], et une enquête est confiée aux juges Fabienne Pous et Michèle Ganascia le {{Date|2|mars|2006}}<ref>{{Journal | titre=Elisabeth Borrel porte plainte | date=8 février 2005 | journal =[[Nouvelobs interactif]] (archives) | URL=http://archquo.nouvelobs.com/cgi/articles?ad=societe/20050207.OBS8177.html&host=http://permanent.nouvelobs.com/ |consulté le= 28 août 2007 }}</ref><ref name="La chronologie de l'affaire Borrel"/>. À cette fin, [[Hervé Ladsous]] et Pierre Vimont (directeur de cabinet du ministre des affaires étrangères) ont été auditionnés le {{Date|21|mars|2007}} en tant que [[témoin assisté|témoins assistés]]. Il ont tous deux affirmés qu'ils s'étaient contentés de publier un communiqué préparé par [[Laurent Le Mesle]], alors directeur de cabinet du ministre de la justice [[Dominique Perben]], et [[Michel de Bonnecorse]], responsable de la cellule Afrique de l'Élysée<ref name="Affaire Borrel : la Chancellerie mise en cause">{{Journal | auteur= | titre=Affaire Borrel : la Chancellerie mise en cause | date=12 juin 2007 | journal =[[Nouvelobs interactif]] | URL=http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20070609.OBS0992/affaire_borrel__la_chancelleriemise_en_cause.html |consulté le= 28 aout 2007 }}</ref>{{,}}<ref>{{Journal | auteur=Sophie Coignard | titre=Quand des juges s'attaquent à l'Elysée | date=10 mai 2007 | journal = [[Le Point]] | ISSN =0242-6005 | URL=http://www.lepoint.fr/content/societe/article?id=182533 |consulté le= 28 aout 2007 }}</ref>. Une perquisition a ensuite été menée le {{Date|19|avril|2007}} au ministère des affaires étrangères français<ref>{{Journal | auteur= | titre=Affaire Borrel : perquisition au Quai d’Orsay | date=19 avril 2007 | journal =[[Le Figaro]] | ISSN =0182-5852 | URL=http://www.lefigaro.fr/france/20070419.WWW000000552_affaire_borrel_perquisition_au_quai_dorsay.html |consulté le= 28 aout 2007 }}</ref>, puis le lendemain au ministère de la justice français<ref name="Affaire Borrel : la Chancellerie mise en cause"/> . === Ministère des affaires étrangères === Une note de l'[[Représentations françaises dans le monde|ambassadeur de France]] à Djibouti, dont l'[[Agence France-Presse|AFP]] a eu copie, montre que c'est l'Etat français qui a le premier suggéré à Djibouti d'attaquer la France en justice pour faire plier la juge. « Ils réfléchissent à notre idée de recours à la CIJ ([[Cour internationale de justice]]) », écrit le {{Date|25|juin|2005}} le [[Diplomatie|diplomate]] en rendant compte d'un entretien avec son homologue djiboutien. Djibouti saisira la CIJ le {{Date|12|janvier|2006}} afin d'obtenir la communication du dossier Borrel et aussi l'annulation de convocations, en qualité de [[témoins assistés]], de hauts représentants de l'État djiboutien, dont Ismail Omar Guelleh. Le soutien de la France à Djibouti transparaît également dans les notes de travail de la direction Afrique du quai d'Orsay, destinées à préparer la rencontre [[Jacques Chirac|Chirac]]-Guelleh du {{Date|17|mai|2005}}. « Nous sommes votre premier partenaire au développement, votre premier partenaire commercial. Nos relations sont excellentes à tous points de vue. Il n'existe qu'une seule ombre à ce tableau : l'affaire Borrel », écrivent les diplomates en invitant Djibouti à la « surmonter ». Une note rédigée le 21 avril 2004 par [[Pierre Vimont]], directeur du cabinet du ministre des affaires étrangères, et saisi en avril 2007 attesterait de pressions sur la justice française. Destinée au ministre [[Michel Barnier]] avant une rencontre avec [[Jacques Chirac]], il y figure au paragraphe "Djibouti" : "''Faute d'avoir obtenu un accord de la part du parquet pour que ce dernier fasse une déclaration exonérant les autorités de Djibouti de toute implication dans l'assassinat du juge Borrel, le Quai d'Orsay s'est associé à la défense pour rédiger un communiqué très ferme''."... "''Vous pourriez indiquer au président que la situation a donc été rétablie conformément à son souhait''." <ref>{{Journal |auteur=AFP |titre=Affaire Borrel : un document accuse le ministère des affaires étrangères |journal=[[Le Monde]] |date =23 octobre 2007 |URL=http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-970049@51-969318,0.html |consulté le=23 octobre 2007 }}</ref>{{,}}<ref>{{Journal |auteur=Angélique Négroni |titre=Affaire Borrel : un document accuse le Quai d'Orsay |journal=[[Le Figaro]] |date =23 octobre 2007 |URL=http://www.lefigaro.fr/france/20071023.FIG000000040_affaire_borrel_un_document_accuse_le_quai_d_orsay.html |consulté le=23 octobre 2007 }}</ref> === Ministère de la justice === Selon les documents saisis en [[avril 2007]] à la Chancellerie et au [[Ministère des Affaires étrangères (France)|Quai d'Orsay]], le ministère de la Justice dirigé par [[Dominique Perben]] s'est secrètement engagé, dès [[2004]], à remettre l'[[Enquête de police|enquête]] sur le juge Borrel aux autorités de [[Djibouti]]. Cette transmission du dossier a cependant été refusée, le {{Date|8|février|2005}} par la [[juge d'instruction]] Sophie Clément. « Je vous remercie de veiller à ce qu'il soit apporté une réponse favorable à la demande formulée par les autorités djiboutiennes » écrivait le {{Date|30|juillet|2004}} [[Laurent Le Mesle]], directeur de cabinet du [[garde des Sceaux]]. En [[janvier 2005]], [[Laurent Le Mesle]] assurait à l'[[ambassadeur]] de Djibouti en France avoir « demandé à ce que tout soit mis en oeuvre pour que la copie du dossier d'[[Instruction (droit)|instruction]] (...) soit transmise au [[ministre de la Justice]] de Djibouti ». === Présidence de la République === Après cette première vague de perquisitions, Michel de Bonnecorse, conseiller chargé du département Afrique de l'Élysée, déclare dans ''[[Jeune Afrique]]'' : {{citation bloc|contrairement à ceux qui préjugent de l’assassinat de Bernard Borrel sur ordre des autorités djiboutiennes, confie-t-il, je préjuge, moi, qu’il s’est suicidé <ref>{{Journal |auteur=François Soudan |titre=Fin de mission(s) |journal=[[Jeune Afrique]] |ISSN= |date =29 avril 2007 |URL=http://www.jeuneafrique.com/jeune_afrique/article_jeune_afrique.asp?art_cle=LIN29047findesnoiss0 |consulté le=28 août 2007 }}</ref>}} Cette remarque est également analysée par Élisabeth Borrel comme une tentative de pression sur la justice. [[Jacques Chirac]] et la [[Président de la République|présidence de la République]] seraient mêlés à ces pressions sur la justice. D'après des documents saisis au [[Ministère des Affaires étrangères (France)|quai d'Orsay]], et à la Chancellerie et cités par le journal ''Le Monde''<ref>{{Journal | auteur=Alain Salles | titre=M. Chirac serait intervenu pour aider Djibouti dans l'affaire Borrel | date=12 juin 2007 | journal =[[Le Monde]] | ISSN =0395-2037 | résumé=http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=993736&clef=ARC-TRK-NC_01 |consulté le= 28 août 2007 }}</ref>, l'idée de saisir la [[Cour internationale de justice]] contre la France pour contourner la [[juge d'instruction]] Sophie Clément et avoir accès au dossier a été suggérée par Jacques Chirac au président [[djibouti]]en. Parmi ces documents, figurent des notes sur la préparation puis sur les retombées d'une rencontre à l'[[Palais de l'Élysée|Élysée]] le {{Date|17|mai|2005}} entre Jacques Chirac et le président Ismail Omar Guelleh, durant laquelle l'affaire Borrel est longuement abordée. « En sortant de son entretien avec le PR (Président de la République), IOG (Ismaël Omar Guelleh) avait quasiment compris que cette histoire de [[Cour internationale de justice|CIJ]] était une formalité et qu'après un échange de courrier, ils (ndlr, les Djiboutiens) auraient le dossier dans les 15 jours », écrit notamment, le {{Date|29|juillet|2005}}, un membre de la direction d'[[Afrique]] du Quai d'Orsay à son directeur<ref>{{Journal | auteur= | titre=Affaire Borrel : Chirac mis en cause | date=16 juin 2007 | journal =[[Nouvelobs interactif]] | URL=http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/politique/20070612.OBS1436/affaire_borrel_chirac_mis_en_cause.html |consulté le= 28 août 2007 }}</ref>. Le {{Date|2|mai|2007}}, les deux juges ont tenté en vain de [[perquisition]]ner la [[cellule africaine de l'Élysée]], mais l'accès leur est refusé par les [[Gendarmerie nationale (France)|gendarmes]], en vertu de l'article 67 de la [[Constitution de 1958|Constitution]]<ref>{{Journal | titre=Tentative de perquisition à l'Élysée dans l'affaire Borrel | date= {{Date|2|mai|2007}} | journal =[[Le Monde]] | ISSN =0395-2037 | résumé=http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-904230@51-898723,0.html |consulté le= 28 août 2007 }}</ref>. L'article 67 prévoit que {{Guillemets|le Président de la République n'est pas responsable des actes accomplis en cette qualité, sous réserve des dispositions des articles [[Article 53-2 de la Constitution de la cinquième République française|53-2]] et [[Statut pénal du président de la République française|68]]. Il ne peut, durant son [[Mandat politique|mandat]] et devant aucune [[juridiction]] ou [[Autorité administrative indépendante en France|autorité administrative]] française, être requis de [[témoin|témoigner]] non plus que faire l'objet d'une action, d'un acte d'information, d'[[Instruction (droit)|instruction]] ou de poursuite. Tout délai de [[Prescription en droit français|prescription]] ou de [[forclusion]] est suspendu}}. De plus, {{Guillemets|les instances et procédures auxquelles il est ainsi fait obstacle peuvent être reprises ou engagées contre lui à l'expiration d'un délai d'un mois suivant la cessation des fonctions}}. Les juges avaient argué qu'ils ne s'intéressaient qu'au bureau d'un collaborateur, pas à Jacques Chirac et que cette règle ne s'appliquait donc pas. Toujours selon des documents auxquels l'[[Agence France-Presse|AFP]] a eu accès, des conseillers de Jacques Chirac lui proposent, dans un argumentaire, d'assurer à son homologue djiboutien que sa « colère est parfaitement compréhensible ». « Nous avions pris l'engagement de vous transmettre ce dossier. Malheureusement les services de la Chancellerie avaient mal évalué les conséquences d'une telle transmission. [[Dominique Perben]] pourrait être poursuivi par Mme Borrel pour forfaiture », poursuit l'argumentaire en assurant « que les autorités françaises font le maximum de ce qui est en leur pouvoir ». == Rôle de l'Armée française == L'armée française basée à Djibouti aurait été la première informée de la mort du juge (Le Figaro du 9 juillet 2007). Les gendarmes français de la prévôté d'[[Arta]] semblent avoir été les premiers à avoir eu connaissance du drame le 19 octobre 1995. Ils affirment que lors d'une patrouille, deux d'entre eux se seraient arrêtés en bordure d'une falaise, intrigués par la présence d'un véhicule inoccupé ; c'est là qu'ils avaient découvert le corps calciné du juge en contrebas de la route. L'heure de la découverte consignée dans la procédure est 7 h 20. Selon un officier de renseignement de l'état major des Forces françaises, plusieurs responsables de l'armée française étaient au courant dès 5 h 30. Pour certains, "il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait d'un assassinat" (selon Le Figaro). La [[commission consultative du secret de la défense nationale]] a rendu un avis favorable le 3 août 2007 sur la déclassification par le ministère de la défense de plusieurs dizaines de documents concernant ce dossier. Il revient maintenant au ministre de la défense [[Hervé Morin]] de suivre ou non l'avis de la CCSDN. Ce sont plus de 200 pages de documents que la juge Sophie Clément pourrait pouvoir consulter, notamment les "journaux de marches et des opérations" de plusieurs unités militaires françaises, dont certaines basées à Djibouti<ref>{{Journal | auteur=Angélique Négroni | titre=Nouvelles révélations dans l'affaire Borrel | date=9 juillet 2007 | journal =[[Le Figaro]] | ISSN =0182-5852 | URL=http://www.lefigaro.fr/france/20070709.FIG000000366_affaire_borrel_revelations_autour_de_la_mort_du_juge.html |consulté le= 28 août 2007 }}</ref>. == Bibliographie == * {{ouvrage |éditeur=Flammarion |titre=Un juge assassiné |auteurs = Élisabeth Borrel, Bernard Nicolas |lieu=Paris |année=2006 |mois=octobre |jour=4 |pages=383 |format=broché |isbn=2080689762 |id=Borrel }} Chris Laffaille Aux Portes de l'Enfer. L'inavouable vérité de l'affaire Borrel Scali 31 Janvier 2008 338 pages broché isbn 978-2-35012-203-8 == Notes et références == {{Références|colonnes=2}} <!-- aide : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aide:Notes et références --> 42. Chris Laffaille," La thèse du suicide demeure", dans Paris-Match No 2533 du 6 juin 2007 p 90-95 ==Voir aussi== ; Articles connexes * [[Chronologie de l'affaire Borrel]] * [[Raison d'État]] ;Liens externes * [http://comitesoutienborrel.free.fr Comité de soutien à Elisabeth Borrel] {{commentaire biblio|Suivi de l'actualité de l'affaire}} * [http://www.icj-cij.org/docket/index.php?p1=3&p2=1&case=136&code=djf&p3=0&lang=fr Affaire Djibouti c. France] (site de la Cour internationale de justice) {{commentaire biblio|Plate-forme de suivi de la requête déposé par Djibouti contre la France auprès de la [[Cour internationale de justice]]}} * [http://www.lesnouvelles.org/P10_magazine/12_depeche03/12108_canalborrel.html#Ancre01 Révélations sur un suicide impossible] {{commentaire biblio|Dossier documentaire sur l'affaire Borrel, à l'occasion de la première diffusion du documentaire ''Révélations sur un suicide impossible'' de Bernard Nicolas et Jean-Claude Fontant}} <!--; Presse Tous ces documents externes doivent être liés à l'article * [http://www.ardhd.org/affinfo.asp?articleID=4098 Dix ans de procédure et d'enquête, une chronologie détaillée de l'affaire Borrel, réalisée par les soutiens d'Elisabeth Borrel, veuve du juge assassiné] : article publié le {{Date|17|octobre|2005}} par le journal [[Libération (journal)|Libération]] ([http://www.liberation.fr/page.php?Article=331432 archive]) et disponible sur le site de l'ARDHD. * Affaire Borrel : le [[Président de la République|président]] de Djibouti sera entendu / La [[Juge d'instruction|juge]] Sophie Clément, chargée de l'enquête sur la mort du juge français a demandé à entendre comme [[témoin]], vendredi à Paris, le président Ismail Omar Guelleh [http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/international/afrique/20070214.OBS2495/affaire_borrel__le_presidentde_djibouti_sera_entendu.html]. * Pression sur la justice : audition de l'[[Ambassade de France en Chine|ambassadeur de France en Chine]] M. [[Hervé Ladsous]] le {{Date|21|mars|2007}} [http://www.ardhd.org/affinfo.asp?articleID=6007]. * Affaire Borrel : la Chancellerie mise en cause, nouvelobs.com, {{Date|9|juin|2007}} [http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20070609.OBS0992/affaire_borrel__la_chancelleriemise_en_cause.html] * ''M. [[Jacques Chirac|Chirac]] serait intervenu pour aider Djibouti dans l'affaire Borrel'', Le Monde, {{Date|12|juin|2007}} * ''Borrel, une affaire d'Etat'', Le Monde, {{Date|12|juin|2007}}--> {{Portail|droit français|politique}} [[Catégorie:Affaire Borrel|*]] [[en:Bernard Borrel]]