Affaire Empain 1592842 25392666 2008-01-26T16:01:21Z Analphabot 167728 Maintenance du modèle : Voir homonymes, Replaced: {{Homon|Empain}} → {{Voir homonymes|Empain}} {{Voir homonymes|Empain}} L''''affaire Empain'''<ref>Contrairement aux usages, l'affaire porte le nom de « Empain » et non celui des ravisseurs, sans doute à cause de l'importance de l'otage.</ref> est une affaire criminelle [[France|française]] qui a défrayé la chronique au début de l'année [[1978]], suite à l'[[Kidnapping|enlèvement]] à [[Paris]] d'un [[homme d'affaires]] [[Belgique|belge]], le baron [[Édouard-Jean Empain]], à l'époque riche héritier et Président-directeur général du groupe [[Empain-Schneider]]. Grâce au travail des enquêteurs, le baron sera libéré après soixante-trois jours de captivité. == Édouard-Jean Empain == {{Article détaillé|Édouard-Jean Empain|Empain-Schneider}} En 1978, [[Édouard-Jean Empain]] est un [[homme d'affaires]] [[Belgique|belge]] résidant à [[Paris]]. Riche héritier âgé de quarante-et-un ans, il est le [[Président-directeur général]] du groupe [[Empain-Schneider]] depuis [[1971]]. Il fait partie des grands patrons de France<ref>En [[1976]], il sera le premier étranger admis à siéger au [[Conseil national du patronat français]] (CNPF) d'après [http://www.creusot.net/creusot/histoire/schneider/schneider.htm creusot.net].</ref> avec un groupe réunissant près de trois cents sociétés, cent cinquante mille employés et vingt-deux milliards de [[Franc (unité monétaire)|francs]] de chiffre d'affaires<ref>D'après le [http://www.planete.tm.fr/programmes/fiche.html?PROG_ID=186622&BROA_ID=24095 site de Planète].</ref>. Le groupe Empain-Schneider détient par exemple les sociétés [[Areva NP|Framatome]] (chaudières nucléaires), Creusot-Loire (métallurgie), Jeumont-Schneider, Cerci, Citra et Spie-Batignolles (BTP)<ref>Depuis 1999, le groupe, qui a subi de profondes mutations, est officiellement nommé [[Schneider Electric]].</ref>. Le rapt d'Édouard-Jean Empain le marquera profondément. Il déclarera ne plus être le même depuis<ref name="empain">D'après [[Édouard-Jean Empain]] dans le documentaire ''L'Enlèvement du baron Empain'' - « [[Faites entrer l'accusé]] » (2005).</ref>. == L'enlèvement == === L'enlèvement avenue Foch === [[Image:Avenue-foch-paris.jpg|350px|thumb|L'[[avenue Foch]], lieu de l'enlèvement, et sa contre-allée.]] Le lundi {{date|23|janvier|1978}} vers dix heures trente, le [[Baron (noblesse)|baron]] Édouard-Jean Empain est enlevé à la sortie de son domicile à [[Paris]], dans la prestigieuse [[avenue Foch]] du [[16e arrondissement de Paris|16{{e}} arrondissement]], à côté de la [[Place Charles-de-Gaulle]] et de l'[[Arc de triomphe de l'Étoile]]<ref name="fea">D'après le documentaire ''L'Enlèvement du baron Empain'' - « Faites entrer l'accusé » (2005).</ref>. Sa voiture avec chauffeur, une [[Peugeot 604]], est interceptée dans la contre-allée de l'avenue une cinquantaine de mètres après sa sortie du parking&nbsp;: un cyclomoteur est couché en travers de la rue pour simuler un accident et faire stopper le véhicule à proximité d'une camionnette garée. Une fois la voiture arrêtée, des hommes armés poussent le chauffeur hors du véhicule et s'emparent de la voiture. Le baron est rapidement neutralisé avec des menottes puis emmené dans son propre véhicule. Les ravisseurs le menacent&nbsp;: « Fais ce qu'on te dit ou on te bute ». La voiture du baron sera retrouvée quelques heures plus tard dans un parking souterrain, sans empreintes digitales exploitables<ref name="fea" />. Même si les témoins de la scène ne sont pas en mesure de fournir aux enquêteurs des renseignements assez précis pour être véritablement utiles, les circonstances de l'enlèvement sont rapidement connues<ref name="murat">D'après l'inspecteur de la [[Brigade criminelle]] Jean-Claude Murat dans le documentaire ''L'Enlèvement du baron Empain'' - « Faites entrer l'accusé » (2005).</ref>. En vue de retrouver le baron, la police alertée met en place des contrôles routiers à Paris et en banlieue parisienne, sans résultats<ref name="fea" />. === L'enquête initiale === Le chauffeur d'Édouard-Jean Empain, Jean Denis, relâché peu après [[Porte Maillot (métro de Paris)|porte Maillot]]<ref name="baronperdu">Michel Bôle-Richard, ''[http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=953817 Les désillusions du baron perdu]'', ''[[Le Monde]]'', 28 juillet 2006.</ref>, expliquera qu'on lui a mis des menottes avant de le ligoter sous la menace d'armes à feu<ref name="jt">Journal télévisé, janvier 1978</ref>. Il est ensuite violemment jeté dans la camionnette<ref name="jt" />. Il n'a pas vu les visages des agresseurs mais a entendu l'un d'eux parler en allemand<ref name="jt" />. Les autorités pensent alors à une prise d'otage politique émanant d'un mouvement d'[[extrême gauche]] similaire à la [[Fraction armée rouge]] allemande<ref name="about">D'après le journaliste Jean-Pierre About dans le documentaire ''L'Enlèvement du baron Empain'' - « Faites entrer l'accusé » (2005).</ref> d'autant que, peu de temps auparavant, le {{date|5|septembre|1977}}, le président du patronat allemand, [[Hanns-Martin Schleyer]], avait été enlevé puis exécuté quarante-trois jours plus tard par la « [[bande à Baader]] ». La période est en effet marquée par de nombreux enlèvements avec demandes de rançon comme celui de l'[[homme politique]] [[italie]]n [[Aldo Moro]], ou celui deux ans plus tard de l'industriel [[Michel Maury-Laribière]]. Les policiers investissent l'appartement familial du baron pour filtrer en permanence les communications téléphoniques car ils supposent que les ravisseurs vont contacter la famille<ref name="fea" />. Par des mesures de conseil, de protection et de surveillance, ils cherchent à éviter qu'elle traite directement avec les kidnappeurs<ref name="murat" />. Le [[Président de la République française|Président de la République]] d'alors, [[Valéry Giscard d'Estaing]], proche du baron Empain<ref name="about" />, convoque le [[Ministère de l'Intérieur (France)|ministre de l'Intérieur]] [[Christian Bonnet]] et le [[Garde des Sceaux]] [[Alain Peyrefitte]] pour mettre en place un « état-major de crise ». Peyrefitte lance un appel à la « délation des criminels » et le [[Parti socialiste (France)|Premier secrétaire du PS]] [[François Mitterrand]] parle d'un « recul de civilisation »<ref name="baronperdu" />. Une cellule de crise similaire à celle du gouvernement, conduite par René Engen, bras-droit du baron, et [[Robert Badinter]], avocat du groupe industriel, est aussi mise sur pied au sein du groupe [[Empain-Schneider]], décidé à ne pas laisser la police prendre seule toutes les décisions<ref name="fea" />. L'ancien directeur général de la police judiciaire, Max Fernet, y est employé comme « conseiller technique »<ref name="baronperdu" />. === Premier message des ravisseurs === [[Image:Paris Gare de Lyon clock tower dsc03815.jpg|thumb|right|250px|Le beffroi de la gare de Lyon, appellé ''Tour de l'Horloge''.]] Le mardi {{date|24|janvier|1978}}, au lendemain de l'enlèvement, le groupe radiophonique [[RTL (France)|RTL]] reçoit un coup de téléphone revendiquant le rapt&nbsp;: {{Citation bloc|Nous, ''Noyaux armés pour l'autonomie populaire'', revendiquons l'enlèvement du baron Empain.<br />Nous exigeons la libération de nos camarades avant mercredi midi<ref>C'est-à-dire le lendemain (le 25 janvier).</ref> sinon nous tuerons le baron.<br />D'autres patrons suivront...<ref name="rtl">Message des ravisseurs à RTL le 24 janvier 1978, document [[RTL (France)|Radio Télévision Luxembourg]] (RTL).</ref>}} Les [[Noyaux armés pour l'autonomie populaire]] (NAPAP) sont une organisation française de [[lutte armée]] d'extrême gauche et généralement qualifiée de [[terrorisme|terroriste]]<ref>Le groupe semble lui-même issu d'une autre organisation, les [[Brigades internationales (1974-1977)|Brigades internationales]], qui ont revendiqué les assassinats de plusieurs diplomates étrangers.</ref>. Cette fausse piste, volontairement distillée par les ravisseurs, confirme temporairement la thèse politique dont la presse se fait l'écho mais la police privilégie déjà une autre hypothèse<ref name="fea" />. En effet, trente-six heures après l'enlèvement<ref name="fea" />, les proches de l'otage reçoivent un coup de téléphone anonyme qu'ils relaient à la police<ref name="fea" />. Lors de cet appel passé depuis une banque de la rue d'Anjou, c'est-à-dire tout près du siège du groupe Empain-Schneider, on exige qu'une personne se rende à la [[gare de Lyon]] pour récupérer un message laissé dans la consigne numéro&nbsp;595<ref name="bizeul">D'après le commissaire André Bizeul de la [[brigade criminelle]] dans le documentaire ''L'Enlèvement du baron Empain'' - « Faites entrer l'accusé » (2005).</ref>. Un des collaborateurs du groupe, accompagné de la brigade criminelle, va chercher ce message qui comporte en fait une carte d'identité, plusieurs lettres des kidnappeurs (écrites avec des caractères ne permettant pas de reconnaître l'auteur par une recherche [[Graphologie|graphologique]]), quelques mots du baron Empain, dont un message à sa femme, et un paquet<ref name="bizeul" />. Par son contenu, ce message prouve que le baron est toujours en vie et qu'il s'agit bien là des vrais ravisseurs<ref name="fea" />. Les ravisseurs réclament quatre-vingt millions de [[Franc (unité monétaire)|francs]]<ref name="fea" /> (soit environ douze millions d'[[euro]]s) de rançon à la famille et se montrent très déterminés&nbsp;: le paquet contient un flacon de formol dans lequel se trouve une phalange de l'[[Auriculaire (anatomie)|auriculaire]] gauche du baron Empain que les ravisseurs ont sectionné<ref name="empain" />. La famille est d'autant plus marquée psychologiquement que la lettre stipule que d'autres morceaux de corps mutilés du baron suivront si la rançon n'est pas payée<ref name="murat" /><sup>, </sup><ref name="bizeul" />. === Six jours d'attente === Six jours passent sans nouvelles des kidnappeurs. La police élargit son enquête à la vie privée du baron Empain<ref name="fea" /> dans le but de savoir si cette prise d'otage n'est pas liée à une raison autre que purement crapuleuse<ref name="bizeul" />. Plusieurs pistes seront suivies. La passion du baron pour le [[poker]], auquel il s'adonne plusieurs soirs par semaine et pour des sommes importantes, indique une possible piste [[mafia|mafieuse]]<ref>D'autant plus que la mutilation pourrait être une sanction pour un joueur malhonnête.</ref>. L'enquête révèle que le baron a perdu onze millions de francs quelques semaines auparavant et qu'il a dû emprunter de l'argent pour rembourser cette dette<ref name="fea" />. La presse se fait rapidement l'écho de ces révélations. L'hypothèse que le baron ait pu organiser son propre enlèvement pour payer ses dettes de jeu apparaît<ref name="dupeux">D'après maître Jean-Yves Dupeux, avocat du baron Empain à l'époque, dans le documentaire ''L'Enlèvement du baron Empain'' - « Faites entrer l'accusé » (2005).</ref>. Cependant, c'est la vie sentimentale et sexuelle extraconjugale du baron qui cristallise l'essentiel des discussions. Relayées dans la presse qui en fera ses choux gras, les révélations portent un gros coup à l'image, jusqu'ici irréprochable, du baron<ref name="fea" />. Néanmoins, l'enquête écarte rapidement cette piste. Blessée par ces révélations, la famille Empain devient de plus en plus méfiante vis-à-vis des journalistes<ref name="fea" /> et préfère garder le silence<ref name="patricia">Patricia Empain, la fille du baron, dans un document [[RTL (France)|RTL]] de janvier 1978.</ref>. Malgré cela, la presse, à l'affût, maintient sa présence ininterrompue aux abords de l'immeuble du baron<ref>[http://www.lexpress.fr/info/france/dossier/presidentielle/dossier.asp?ida=454430&p=1 ''La Première Vie de Nicolas Hulot''], Élise Karlin, LEXPRESS.fr, décembre 2006.</ref>. La police refuse de confirmer que le baron a été amputé d'une phalange, ce qui provoque des spéculations et des rumeurs dans les médias<ref name="baronperdu" />. Dans le même temps, les ravisseurs adressent à la famille un nouveau courrier. Il s'agit d'une lettre manuscrite rédigée par Édouard-Jean Empain sous la dictée de ses ravisseurs<ref name="fea" />. Elle donne des consignes quant à la transmission de la rançon et rappelle que la police ne doit pas être avertie<ref name="fea" />. La famille et le groupe Empain-Schneider ne préviennent pas immédiatement les forces de l'ordre, préférant envisager seuls la conduite à tenir<ref name="bizeul" />. Ce comportement suscitera, de la part de la police, une attitude de méfiance envers les proches du baron qui se verront faire l'objet d'une surveillance renforcée<ref name="fea" />. Cette surveillance permettra de découvrir l'existence de négociations secrètes entre le groupe et les ravisseurs visant à faire baisser la somme demandée de quatre-vingt millions à trente millions de francs<ref name="fea" />. En effet, la famille et le groupe estiment qu'il vaut mieux payer, dans la mesure où la somme est minorée, tandis que les policiers, forts de leur expérience en matière d'affaires d'enlèvement, refusent toute idée de paiement d'une rançon<ref name="toussaint">D'après l'écrivain Yvon Toussaint dans ''L'Enlèvement du baron Empain'' - « Faites entrer l'accusé » (2005).</ref>. Au fil des échanges, le groupe se laisse convaincre par la police et le commissaire Pierre Ottavioli, directeur de la [[brigade criminelle]] de 1974 à 1979 et chef de l'enquête, qui décident de ne verser qu'une rançon factice — au grand désespoir de la famille et notamment de la femme du baron, Silvana Empain, qui estime que cela met en péril la vie de son époux<ref name="fea" /> — étant donné que le versement d'une rançon ne constitue en rien le gage de la libération d'un otage<ref name="ottavioli">D'après le commissaire Pierre Ottavioli, directeur de la [[brigade criminelle]] de 1974 à 1979 et chef de l'enquête, dans le documentaire ''L'Enlèvement du baron Empain'' - « Faites entrer l'accusé » (2005).</ref>. === Une période de calme relatif === Quatre semaines après l'enlèvement, le lundi {{date|20|février|1978}}, un coup de téléphone des ravisseurs passé au siège social du groupe indique que la rançon demandée est minorée à quarante millions de francs, sans autres négociations<ref name="fea" />. La brigade criminelle obtient le soutien de la [[Brigade de recherche et d'intervention|brigade antigang]]. [[Image:Vue de Megève 04-07-2004.jpg|thumb|right|250px|Vue de [[Megève]].]] Le rendez-vous fixé par les ravisseurs doit avoir lieu deux jours plus tard à [[Megève]], une station de sports d'hiver huppée de [[Haute-Savoie]]. Un système de communication radio est rapidement mis en place dans cette zone montagneuse et des repérages sont faits pour faciliter l'opération<ref name="bizeul" />. Les policiers envisagent les différents scénarios possibles concernant la façon dont les ravisseurs pourraient procéder, étudiant notamment la manière dont ils sont susceptibles de quitter la ville<ref name="fea" />. Pour que les voitures de police banalisées en provenance de la région parisienne ne soient pas repérées, leurs [[plaque d'immatriculation|plaques d'immatriculation]] sont changées<ref name="bizeul" />. L'inspecteur Jean Mazzieri, réputé pour sa maîtrise des [[Art martial|arts martiaux]] et son [[sang-froid]], est désigné pour assurer la livraison de la rançon sous le pseudonyme de « M. Mazo », collaborateur du baron<ref name="fea" />. === L'épisode de Megève === Le jour prévu, le mercredi {{date|22|février|1978}}, Jean Mazzieri se rend à l'hôtel « ''Le Chalet du Mont d'Arbois'' » où il doit recevoir un coup de téléphone d'une personne surnommée « [[Félix le Chat]] » qui demandera un « Jacques Dupond » afin de fixer un autre lieu de rendez-vous pour l'échange<ref name="fea" />. Il a avec lui deux sacs de sport contenant dix-sept millions de [[Franc suisse|francs suisses]] factices<ref name="fea" />. Le lieu est surveillé par de nombreux policiers en civil prêts à intervenir en cas de besoin<ref name="broussard">D'après le commissaire [[Robert Broussard]], chef-adjoint de la [[Brigade de recherche et d'intervention|brigade antigang]] de 1972 à 1978, dans le documentaire ''L'Enlèvement du baron Empain'' - « Faites entrer l'accusé » (2005).</ref>. Mais les ravisseurs n'appellent pas et l'opération est annulée en fin de soirée. === Reprise des contacts === Sept semaines après l'enlèvement, le vendredi {{date|17|mars|1978}}, Pierre Salik, un homme d'affaires belge et proche du baron Empain, reçoit un coup de téléphone à son bureau de [[Bruxelles]]<ref name="fea" />. Les ravisseurs souhaitent contacter René Engen et appellent Salik pour déjouer la surveillance téléphonique française. Engen se rend directement d'un voyage d'affaires au [[Luxembourg (pays)|Luxembourg]] au lieu du rendez-vous, l'hôtel « ''[[Hilton]]'' » de Bruxelles, où il doit attendre un appel<ref name="fea" />. Lors de cet appel, on lui indique qu'une nouvelle tentative d'échange va avoir lieu et qu'il recevra les consignes par courrier<ref name="fea" />. La lettre qu'il reçoit ensuite, écrite par Empain toujours sous la dictée des ravisseurs, donne les consignes en précisant que « c'est la vie ou la mort » si la police est avertie<ref name="fea" />. Les forces de l'ordre, toutefois prévenues, déploient rapidement un dispositif d'alerte pour le nouveau rendez-vous fixé au jeudi 23 mars à quinze heures au restaurant « ''[[Fouquet's]]'' » de l'[[avenue des Champs-Élysées]] à Paris<ref name="fea" />. === Pérégrinations parisiennes === Le jour fixé, c'est à nouveau le policier Jean Mazzieri qui doit porter la rançon sous le même pseudonyme. Une certaine « [[Charlotte Corday]] » appelle un « M. [[Jean-Paul Marat|Marat]] » comme convenu et questionne la personne pour s'assurer qu'elle n'appartient pas à la police<ref name="fea" />. Un point de rendez-vous, le café « ''Le Murat'' », [[porte d'Auteuil]], est fixé pour un nouvel appel téléphonique<ref name="fea" />. Pendant tout le trajet, Mazzieri est discrètement suivi par d'autres policiers lourdement armés<ref name="yung">D'après le policier Eric Yung, inspecteur de la [[Brigade de recherche et d'intervention|brigade antigang]] de 1974 à 1978, dans le documentaire ''L'Enlèvement du baron Empain'' - « Faites entrer l'accusé » (2005).</ref>. La personne qui appelle est de plus en plus méfiante et semble vouloir interrompre la transaction mais Jean Mazzieri parvient à jouer sur la cupidité des ravisseurs et le jeu de piste continue<ref name="fea" />. Mazzieri doit récupérer un plan de route au fond d'une poubelle située à proximité d'une des bouches de la station de métro [[Porte d'Auteuil (métro de Paris)|Porte d'Auteuil]]<ref name="fea" />. Le plan indique l'adresse d'un café, « ''Le Rond Point'' », à la [[porte d'Orléans]], et impose un trajet précis ainsi qu'une vitesse fixe de cinquante kilomètres heures<ref name="fea" />. Le plan stipule que la voiture doit emprunter une voie de service ouverte spécialement par les ravisseurs qui comptent ainsi s'assurer que le véhicule n'est pas suivi par la police<ref name="fea" />. Jean Mazzieri peut toutefois contacter les autres policiers par radio afin d'éviter le piège<ref name="fea" />. Un nouveau plan de route envoie Mazzieri à [[Antony]] où il doit emprunter une voiture abandonnée sur un parking, laquelle ne sera évidemment équipée d'aucune radio<ref name="fea" />. La boîte à gants contient un nouveau lieu de rendez-vous, le café « ''Les Trois Obus'' », situé près de la station de métro [[Porte de Saint-Cloud (métro de Paris)|Porte de Saint-Cloud]]. De là, il doit se rendre à l'hôtel « ''[[Hilton]]'' » d'[[Orly]]. Sur place, après six heures de pérégrinations dans Paris et sa banlieue, il reçoit un appel des ravisseurs qui, prétextant la tombée de la nuit, jugent qu'il est trop tard et remettent l'échange au lendemain<ref name="fea" />. === L'arrestation === [[Image:Mur-anti-bruit.png|thumb|right|200px|Une partie du [[mur anti-bruit]] avec sa porte de maintenance le long de l'autoroute près de [[L'Haÿ-les-Roses]].]] Le lendemain, le vendredi {{date|24|mars|1978}}, en début de soirée, au bar du « ''Hilton'' » d'Orly, Mazzieri reçoit un appel téléphonique lui demandant d'aller faire le plein d'essence comme s'il devait se préparer à un nouveau jeu de piste. Il doit ensuite revenir au bar de l'hôtel<ref name="fea" />. À son retour, Mazzieri reçoit un nouvel appel au cours duquel son interlocuteur qui se montre impatient, lui demande de s'arrêter sur l'« [[Autoroute française A6|autoroute du Sud]] », direction Paris, à la borne d'appel d'urgence B16<ref name="fea" />. Là encore, un important dispositif de suivi policier est mis en place<ref name="fea" />. Alors que la voiture est stationnée sur la bande d'arrêt d'urgence, une dépanneuse s'arrête derrière elle, la croyant en panne<ref name="mazzieri">D'après le policier de la [[brigade criminelle]] Jean Mazzieri dans le documentaire ''L'Enlèvement du baron Empain'' - « Faites entrer l'accusé » (2005).</ref>. Les policiers, sur leurs gardes, pensent avoir peut-être affaire à un complice<ref name="broussard" />. Jean Mazzieri sort de la voiture pour parler au dépanneur et lui dire qu'il n'est pas en panne&nbsp;: c'est alors que deux personnes embusquées dans les fourrés s'emparent de la voiture<ref name="broussard" />. Après quelques centaines de mètres, le véhicule s'arrête à proximité d'une porte de maintenance ménagée dans le [[mur anti-bruit]] d'environ vingt mètres de haut qui borde l'autoroute au niveau de [[L'Haÿ-les-Roses]], porte que les ravisseurs ont prévu d'emprunter pour fuir, la piégeant au passage avec une [[grenade (arme)|grenade]] afin de ne pas être suivis<ref name="yung" />. Un complice, posté sur le mur avec un [[pistolet mitrailleur]], avise l'arrivée de la police et fait feu<ref name="yung" />. Une fusillade a lieu entre la police et les ravisseurs&nbsp;: un des ravisseurs est tué et un autre arrêté<ref name="yung" />. L'homme abattu est Daniel Duchâteau, déjà condamné pour braquage de banque, et son complice arrêté, « Alain », est en revanche inconnu des services de police<ref name="fea" />. === La libération === Le dimanche {{date|26|mars|1978}}, la police interroge Alain, qui s'avèrera s'appeler Alain Caillol<ref name="ina">JT de 20h sur TF1 du 27 juin 1979 sur le [http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&id_notice=CAA7900999501 site de l'INA]</ref>, pour qu'il prévienne ses complices et leur demande de libérer l'otage<ref name="ottavioli" />. Devant la détermination des policiers, il cède après avoir obtenu la garantie que ses complices ne seraient pas arrêtés<ref name="ottavioli" />. Le commissaire Ottavioli propose à Alain Caillol de les appeler depuis son propre téléphone qui n'est pas sur écoute<ref name="ottavioli" />. Caillol appelle deux fois&nbsp;: « c'est foutu, la rançon a été saisie, il faut éviter le carnage et relâcher le baron »<ref name="baronperdu" />. Après ces coups de fils, il déclare que « c'est bon à quatre-vingt-dix-neuf pour cent »&nbsp;: la libération du baron est proche<ref name="ottavioli" />. Un magnétophone enregistrant la conversation permet d'identifier le numéro appelé au moyen des tonalités des impulsions sur le cadran à touches<ref name="ottavioli" />. Deux heures après, avant même la localisation de l'appel, le baron est libéré<ref name="baronperdu" />. Après plusieurs mois d'enquête, tous les ravisseurs seront arrêtés<ref name="ina" />, sauf un, mort au cours d'un braquage effectué pendant sa cavale<ref name="baronperdu" />. Deux sont appréhendés au [[Portugal]] et les autres en France<ref name="fea" />. Dans le cadre de cette affaire, deux cent quarante mille véhicules auront été contrôlés lors de barrages routiers et douze mille habitations visitées<ref name="ina" />. Le rapt aura duré soixante-trois jours. == La captivité == D'après son témoignage, le baron Empain est tout d'abord emmené dans une maison en ruine sans eau ni électricité<ref name="empain" />. Enchaîné par le cou, il est enfermé dans une tente de camping orange montée dans une cave<ref name="empain" />. Tout contact avec les ravisseurs se fait après que l'otage a enfilé une cagoule l'empêchant d'identifier ses interlocuteurs<ref name="empain" />. La mutilation d'une phalange le premier jour de détention<ref name="paroles">Catherine Humblot, ''[http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=475278 Paroles d'otages - Vaders, Empain, Kauffmann : trois parmi d'autres]'', ''[[Le Monde]]'', 7 janvier 1990.</ref>, bien que dramatique, le rassure car c'est, selon lui, un signe de la volonté des ravisseurs de ne pas le tuer immédiatement<ref name="empain" />. Le baron se doute qu'une rançon aussi importante ne pourra être versée puisque les ravisseurs ont enlevé, selon lui, « la seule personne qui a de l'argent »<ref name="empain" />. Il espère donc qu'ils se contenteront d'une somme inférieure<ref>Autour de sept millions de francs.</ref> ce qui rendrait possible la collecte et le paiement d'une rançon par ses proches<ref name="empain" />. Durant sa détention, le baron ne voit quasiment jamais la lumière du jour, ce qui provoque chez lui une [[Dépression (médecine)|dépression]]<ref name="fea" />. Les ravisseurs tentent d'améliorer ses conditions de captivité, en lui donnant par exemple une petite lampe de chevet<ref name="empain" />. Après la tentative de [[Megève]], les ravisseurs, nerveux, changent de planque<ref name="fea" />. Le baron est transporté dans une caisse clouée<ref name="empain" />. Le nouveau lieu n'est pas aussi glacial que le premier et Empain dispose d'une lampe lui permettant de lire ainsi que d'une petite télévision qu'il laissera allumée en permanence<ref name="empain" />. Toujours d'après le témoignage du baron, les ravisseurs cherchent à gagner du temps car, selon eux, plus le temps passe, plus les chances d'obtenir une rançon sont élevées<ref name="empain" />. D'après lui, les ravisseurs avaient fixé une somme très importante dans le but de recueillir une rançon conséquente mais moindre<ref name="empain" />. Le vendredi {{date|24|mars|1978}}, le baron est libéré suite à l'appel d'Alain Caillol. Cagoulé et vêtu d'un jogging bleu à rayures blanches, il est abandonné sur un terrain vague dans une rue d'[[Ivry-sur-Seine]], en proche banlieue parisienne<ref name="baronperdu" />, avec un billet de dix francs<ref name="empain" />. C'est la première fois qu'il marche depuis deux mois. Il se dirige difficilement vers une bouche de métro qu'il aperçoit à proximité, soulagé d'être à Paris<ref name="empain" />. Il descend à la [[Opéra (métro de Paris)|station Opéra]] et téléphone chez lui pour prévenir de sa libération et parler à sa femme<ref name="fea" />. Madame Empain et la police se rendent sur place immédiatement et ramènent le baron chez lui<ref name="fea" />. Dans la voiture, il éclate en sanglots<ref name="fea" />. Le {{date|7|avril|1978}}, une photographie du baron prise par les ravisseurs lors sa détention fait la couverture de ''[[Paris Match]]'' avec le titre « ''Empain enchaîné'' »<ref>[http://www.affaires-criminelles.com/images/revues/81.jpg ''Empain enchaîné''], couverture de ''[[Paris Match]]'' n°&nbsp;1506 (7 avril 1978).</ref>. == Les retrouvailles == Les retrouvailles de « Wado », comme l'appellent ses proches<ref name="baronperdu" />, avec sa femme se passent mal. « Je savais que tu allais sortir ce soir » seront les seules paroles qu'elle prononcera, sans émotion apparente, donnant l'impression de minimiser le drame qui vient de se terminer<ref name="empain" />. Elle souhaite que le baron aille directement faire une déposition à la police tandis que lui, libéré, souhaite absolument rentrer chez lui et faire sa déposition plus tard<ref name="empain" />. La plaie de son doigt, non soignée, le fait souffrir, il est épuisé<ref name="fea" />, mal nourri, en manque d'efforts physiques<ref name="about" /> et a perdu vingt kilos<ref name="fea" />. Il est hospitalisé le lendemain à l'[[Hôpital américain de Paris]], à [[Neuilly-sur-Seine]]. Le lieu de sa détention, identifié par la police grâce à la localisation de l'appel d'Alain Caillol à son complice, était la cave d'un banal pavillon de [[Savigny-sur-Orge]], à seulement vingt-six kilomètres de Paris, déserté par ses occupants avant l'arrivée de la police. Le nom des locataires et un travail d'enquête permettent cependant de retrouver les personnes impliquées qui, à la grande surprise des policiers, ne sont nullement des figures importantes du grand banditisme<ref name="bizeul" />. Peu de temps après sa libération, le baron décide de divorcer<ref name="empain" />. Ses proches souhaitent des explications quant aux révélations de la presse sur sa vie privée<ref name="empain" />. Le groupe Empain-Schneider, qui a géré son absence tandis que ses collaborateurs prenaient le contrôle des affaires<ref name="empain" />, doit désormais faire face à son retour et les « frasques » désormais publiques du baron posent problème<ref name="empain" />{{,}}<ref name="fea" />. Quittant une prison pour une autre, le baron déclare qu'il préférait la première, et de loin<ref name="empain" />. Il est très affecté par le comportement de ses proches lorsqu'il apprend la manière dont l'opération a été gérée<ref name="empain" />{{,}}<ref name="Cartes sur table">''Édouard Jean Empain'', Cartes sur table, A2 18/09/1978, [http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&cs_page=6&cs_order=0&mc=enl%E8vement&num_notice=43&total_notices=85 INA]</ref>. Il explique que s'il avait su cela lorsqu'il était retenu prisonnier, il se serait « laissé mourir »<ref name="empain" />. Très déçu par son entourage et par l'accueil qui lui a été fait, il quitte la France pour aller vivre six mois aux [[États-Unis]]<ref name="Cartes sur table"/>, « avec un jean et un sac à dos », pour se changer les idées<ref name="baronperdu" />. Il se remarie avec une Française<ref name="fea" /> et rompt l'essentiel de ses liens avec le milieu des affaires français. Il recevra les mois suivants son enlèvement de nombreuses lettres de soutien<ref name="Cartes sur table"/> et évitera pendant de nombreuses années de retourner avenue Foch, lieu de son enlèvement<ref name="ina2">JT de 20h du 7 septembre 1978 sur le [http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&mc=Empain,%20Edouard%20Jean&num_notice=2&total_notices=3 site de l'INA]</ref>. Le [[7 septembre]] [[1978]], plusieurs mois après sa libération, il donne sa première conférence de presse<ref name="baronperdu" />. Il avoue avoir subi des pressions pour ne pas parler à la presse avant cette date et reconnaît que cet évènement a modifié sa façon de voir les choses en concluant&nbsp;: « La privation de liberté est un état insupportable. Vous savez, les choses importantes, c'est de pouvoir aller chaque matin prendre sa douche et de prendre son petit déjeuner tranquillement »<ref name="baronperdu" />. C'est « un homme différent » qui explique pardonner à ses ravisseurs mais pas à la police pour l'avoir sali en laissant entendre qu'il aurait pu s'agir d'un auto-enlèvement organisé en vue d'éponger ses dettes et avoir révélé à sa famille ses aventures extraconjugales<ref name="baronperdu" />{{,}}<ref name="Cartes sur table"/>. Il s'étonne aussi du comportement de ses proches&nbsp;: « Je m'attendais à être accueilli autrement. Au lieu d'amitié et d'amour, on m'a tout de suite parlé, sans attendre que je récupère, d'un certain nombre de faits de ma vie privée, et on m'a demandé d'y répondre »<ref name="baronperdu" />{{,}}<ref name="Cartes sur table"/>. Ses collaborateurs aussi l'ont déçu&nbsp;: « Je ne peux plus faire confiance à personne parce que je n'ai jamais réussi à savoir ce qui s'était vraiment passé pendant ma séquestration. J'ai trouvé l'attitude du groupe étrange »<ref>D'après une interview accordée au ''[[Le Point|Point]]'' en avril 1980.</ref>. En février 1981, le baron quitte le groupe, cédant sa participation à la banque [[Paribas]]<ref name="baronperdu" />. À propos de ses années 1970, il déclare&nbsp;: « Je n'avais qu'à avancer. Les gens se couchaient ! Un ministre me demandait quelque chose&nbsp;: si je lui disais non, il n'insistait pas. J'ai toujours été joueur. En 1978, j'avais quelques ardoises à droite, à gauche. Je ne savais pas tellement comment les régler, mais comme j'étais le Dieu vivant, cela n'avait pas d'importance. » Après son enlèvement, cette époque est pour lui bel et bien révolue<ref name="baronperdu" />. == Le procès == Le {{date|2|décembre|1982||1}}, quatre ans après les faits, s'ouvre le procès de l'« affaire Empain ». Il durera seize jours<ref name="fea" /> sous la présidence du juge Chavagnac<ref name="ina" />. Paradoxalement, l'attention se fixe immédiatement sur la victime et non sur les accusés<ref name="tardrew">D'après la journaliste Catherine Tardrew dans le documentaire ''L'Enlèvement du baron Empain'' - « Faites entrer l'accusé » (2005).</ref>. Pour la première fois, le baron Empain voit le visage de ses huit ravisseurs encore en vie, six hommes et deux femmes, qui l'ont séquestré pendant soixante-trois jours<ref name="fea" /> dont un [[Proxénétisme|proxénète]] [[Marseille|marseillais]] et sa femme<ref name="fea" />, les frères Alain et François Caillol, Georges Bertoncini<ref name="ina" /> dit «Joe le marseillais», son beau-frère Marc Le Gayan et Bernard Guillon. Ils lui apparaissent comme de « petits mecs » sans envergure<ref name="empain" />. Il annonce publiquement qu'il leur a pardonné afin que la condamnation ne soit pas trop sévère, confirmant ce qu'il avait dit lors de sa première conférence de presse. En effet, fort de son expérience de deux mois sans liberté, il est conscient de la dureté de cette sentence sur une longue période<ref name="empain" />. La défense se base sur le fait que les accusés n'auraient été que de simples exécutants, intermédiaires d'un commanditaire inconnu et trop dangereux pour qu'ils osent le dénoncer<ref name="fea" />. Les accusés tentent de faire porter la responsabilité des faits les plus graves sur Daniel Duchâteau, le ravisseur tué lors de la fusillade sur l'autoroute du Sud<ref name="rizet">D'après le journaliste Dominique Rizet dans le documentaire ''L'Enlèvement du baron Empain'' - « Faites entrer l'accusé » (2005).</ref> et sur un autre, tué au cours d'un hold-up en décembre 1978<ref name="baronperdu" />. La découverte de billets d'avion pour [[Majorque]] prouve que ces personnes, qui prétendent ne pas se connaître, se sont en fait toutes rendues ensemble à cet endroit pendant une semaine pour planifier l'enlèvement<ref name="rizet" />. Une reconstitution ordonnée par le tribunal est faite le {{date|27|juin|1979}} au pavillon de Savigny-sur-Orge<ref name="ina" />. Au cours du procès, les ravisseurs déclarent avoir choisi le baron au sein d'une liste de trois personnalités&nbsp;: [[Marcel Dassault]], le [[Edmond de Rothschild (1926-1997)|baron de Rothschild]] et lui-même<ref name="rizet" />. Ses habitudes, ses horaires précis et réguliers et sa constitution physique plus solide, lui permettant de mieux supporter la détention, ainsi que la contre-allée de son domicile permettant un enlèvement plus facile, ont déterminé le choix de ses ravisseurs<ref name="rizet" />. Devant le tribunal, les accusés font leurs excuses au baron<ref name="empain" />. Le procès permet également au baron Empain de s'expliquer et donc de réhabiliter son image<ref name="dupeux" />. Désormais patron d'une petite entreprise de quinze salariés<ref name="baronperdu" />, il raconte son calvaire, avec pudeur et dignité<ref name="tardrew" />, sans chercher à accabler les accusés<ref name="fea" /> et en se refusant à donner « les détails sordides »<ref name="baronperdu" />. Il ajoutera&nbsp;: « ce fut un cauchemar. Je ne souhaite pas cela à mon pire ennemi »<ref name="baronperdu" />. Ses invectives sont en fait plutôt dirigées vers ses proches et ses collaborateurs — les vrais coupables selon lui<ref name="empain" />. Il explique aussi comment, après sa libération et avant l'arrestation de ses ravisseurs, il a continué à vivre dans la peur parce qu'il avait signé sous la menace une reconnaissance de dette de trente-cinq millions de francs et que, faute de paiement, ses ravisseurs menaçaient de tuer au hasard des inconnus dans la rue en épinglant sur eux une copie de ce document<ref name="baronperdu" />. Les peines infligées aux ravisseurs sont de quinze à vingt ans de réclusion criminelle. Leurs complices, quant à eux, écopent de deux à cinq ans<ref>Documentaire « Faites entrer l'accusé » : [http://programmes.france2.fr/faites-entrer-laccuse/19147947-fr.php saison 2004/2005].</ref>. == Annexes == === Bibliographie === * [[Édouard-Jean Empain]], ''La Vie en jeu'', Éditions Jean-Claude Lattès, octobre 1985, 228 pages. {{ISBN|9782709604307}} * [[Christophe Hondelatte]], Marie-Sophie Tellier et Hugues Raffin, ''L'Enlèvement du baron Empain'', Éditions Michel Lafon, avril 2006, 215 pages. {{ISBN|2749904447}} * Yvon Toussaint, ''Les Barons Empain'', Éditions Fayard, janvier 1996, 473 pages. {{ISBN|2213031266}} === Documentaires === * ''L'Enlèvement du baron Empain'' - [[Faites entrer l'accusé]] (2005)<ref>Première diffusion du documentaire en France, sur [[France 2]] le 10 avril 2005. [http://programmes.france2.fr/faites-entrer-laccuse/19147947-fr.php Site officiel].</ref> * ''Paroles d'otages'' de Jean-Claude Raspiengeas et Patrick Volson (1989). Récit de trois otages : Gerhard Vaders, [[Édouard-Jean Empain]] et [[Jean-Paul Kauffmann]], VHS, TF1 Vidéo, 1990<ref>Première diffusion du documentaire en France, sur [[TF1]] en 1990.</ref> * ''L'affaire Empain'', TF1 Journal de 20H00 27/06/1979, reconstitution de la séquestration [http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&id_notice=CAA7900999501 INA] * ''Édouard Jean Empain'', Cartes sur table, A2 18/09/1978, [http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&cs_page=6&cs_order=0&mc=enl%E8vement&num_notice=43&total_notices=85 INA] === Notes et Références === {{références|colonnes=2}} {{Bon article|vote=BA|oldid=19516764|date=14 août 2007}} {{Portail droit français}} {{DEFAULTSORT:Empain, Affaire}} [[Catégorie:Affaire criminelle française]] [[Catégorie:1978]]