Bataille de Cérisoles 1153943 31436085 2008-07-09T13:31:38Z Deep silence 126287 Restauration des [[Projet:Restauration des ancres brisées|ancres brisées]] {{Infobox conflit militaire |conflit = [[Bataille de Cérisoles]] |guerre = [[Guerres d'Italie#Neuvième guerre d’Italie (1542-1546)|Neuvième guerre d'Italie]] |image = [[Image:Battle of Ceresole (preliminary).png|300px]] |légende = Mouvements des troupes avant le choc : en rouge, progression des Impériaux depuis Asti ; en bleu, marche du duc d'Enghien depuis Carignano. |date = [[11 avril]] [[1544]] |lieu = Cérisoles (actuelle [[Ceresole Alba]]) au sud-est de Turin, dans le [[Piémont]] |casus = Revendication françaises sur le duché de Milan |territoires = [[Piémont]] |issue = Victoire française décisive et [[Trêve de Crépy-en-Laonnois]] |combattants1 = {{France monarchie}} |combattants2 = {{Saint Empire}}<br/> {{Empire colonial espagnol}} |commandant1 = [[François de Bourbon (1519-1546)|François de Bourbon, comte d'Enghien]] |commandant2 = [[Alfonso de Àvalos]] |forces1 = ~{{formatnum:11000}} à {{formatnum:13000}} fantassins,<br/> ~{{formatnum:1500}} à {{formatnum:1850}} cavaliers,<br/> ~20 canons |forces2 =~{{formatnum:12500}} à {{formatnum:18000}} fantassins,<br/> ~800 à 1000 cavaliers,<br/> ~20 canons |pertes1 =~{{formatnum:1500}} à {{formatnum:2000}} tués ou blessés |pertes2 =~{{formatnum:5000}} à {{formatnum:6000}} tués ou blessés,<br/> ~{{formatnum:3150}} prisonniers |batailles = [[Bataille de Solway Moss|Solvay Moss]] - [[Siège de Nice|Nice]] - [[Bataille de Cérisoles|Cérisoles]] - [[Siège de Saint-Dizier (1544)|Saint-Dizier]] - [[Siège de Boulogne (1544)|Boulogne]] |notes = }} La '''bataille de Cérisoles''' a lieu le [[11 avril]] [[1544]] lors de la [[Guerres d'Italie|neuvième guerre d'Italie]] près du village [[piémont]]ais de Cérisoles (actuelle ville de [[Ceresole Alba]]). Elle oppose les Français - parmi lesquels le jeune [[Gaspard de Coligny]] - commandés par [[François de Bourbon (1519-1546)|François de Bourbon]], comte d'Enghien, aux troupes de [[Charles Quint]] commandées par [[Alfonso de Àvalos]], marquis du [[Vasto|Guast]] <ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', p. 187. [[Jeremy Black]] observe également que « tous les compte-rendus de la bataille en reflètent la confusion » (Black, « ''Dynasty Forged by Fire'' », 43).</ref>. Les combats<ref>''incroyablement confus'' (« ''marvelously confused'' ») d'après le cinéaste américain Bert Hall</ref>, d'une durée inhabituelle, se soldent par une victoire française. Toutefois, malgré les pertes infligées à l'ennemi, les Français n'exploitent pas leur avantage jusqu'au bout, alors que Milan se trouve sans défense, comme l'a indiqué Monluc. Le [[Duc d'Enghien|comte d'Enghien]] et le marquis d'Àvalos déploient leurs armées sur deux crêtes parallèles : du fait de la topographie du champ de bataille, les actions individuelles s'engagent sans réelle coordination. La bataille s'ouvre par plusieurs heures de tirs d'[[arquebuse]] et d'artillerie à l'efficacité douteuse, après quoi le marquis d'Àvalos donne l'ordre de marcher sur l'ennemi sur toute la largeur du front. Au centre, les [[lansquenet]]s viennent au contact des [[mercenaire]]s [[Confédération des XIII cantons|suisses]] au service de la France, et subissent d'énormes pertes. Au sud, l'infanterie piémontaise, harassée par les charges de la cavalerie française, ne se replie qu'à l'annonce que le centre allemand est enfoncé. Au nord, l'infanterie française se débande, le comte d'Enghien entreprenant une série de charges de cavalerie aussi coûteuses qu'inutiles contre les lignes austro-espagnoles, jusqu'à ce que celles-ci finissent par battre en retraite sous la menace d'enveloppement par les mercenaires suisses victorieux au centre. Cérisoles est l'une des rares batailles rangées des dernières [[guerres d'Italie]]. Connue des historiens pour le combat à outrance qui suit le choc des arquebusiers et des piquiers au centre, elle témoigne de l'importance conservée par la cavalerie lourde dans des engagements désormais dominés par les fantassins armés d'arquebuses et de piques. == Contexte == François I{{er}} considérant que Charles Quint a rompu la trêve d'Aigues-Mortes en léguant le [[Duché de Milan|Milanais]] à son fils [[Philippe II d'Espagne|Philippe]], la [[guerres d'Italie#Neuvième guerre d’Italie (1542-1546)|Neuvième guerre d'Italie]] s'ouvre sur le [[Siège de Nice]], une opération combinée franco-[[Empire ottoman|ottomane]] en août [[1543]] ; entretemps, les forces impériales s'ébranlent depuis la [[Lombardie]] vers [[Turin]], abandonnée aux Français lors de la [[guerres d'Italie#Huitième guerre d’Italie (1536-1538)|guerre précédente]] en [[1538]]<ref>Arnold, ''Renaissance at War'', p. 180; Blockmans, ''Emperor Charles V'', pp. 72–73; Oman, ''Art of War'', p. 213.</ref>. Au cours de l'hiver 1543–44, les Français, menés par le capitaine [[Guigues Guiffrey]], seigneur de Boutières, et les Impériaux du marquis d'Àvalos arrivent à une paix armée dans le [[Piémont]]<ref>Oman, ''Art of War'', p. 229.</ref>. Les positions françaises, centrées autour de Turin, sont bornées par quelques places fortes : [[Pignerol]], [[Carmagnola]], [[Savigliano]], [[Susa]], [[Moncalieri]], [[Villanova d'Asti]], [[Chivasso]], et quelques autres ; d'Àvalos, de son côté, contrôle plusieurs forteresses alentour : [[Mondovì]], [[Asti]], [[Casale Monferrato]], [[Verceil]], et [[Ivrea]]<ref>Oman, ''Art of War'', p. 229. D'Àvalos vient juste de s'emparer de Mondoví.</ref>. Les deux armées attaquent mutuellement leurs places frontières ; Boutières s'empare ainsi de [[San Germano Vercellese]], près de [[Verceil]], et met le siège devant [[Ivrée]]; d'Àvalos prend [[Carignano|Carignan]], à 23 km seulement au sud de Turin, et entreprend d'y loger une [[garnison]] et d'en renforcer les [[fortification]]s<ref>Oman, ''Art of War'', p. 229. Oman, citant du Bellay, dit que les nouvelles fortifications comportent « cinq [[bastion]]s, joints par de bons remparts, et un fossé profond ».</ref>. [[Image:Titian - Marchese del Vasto.jpg|left|thumb|200px|''Portrait d'Alfonso de Àvalos, marquis du Guast, en armure avec son page'' ([[peinture à l'huile|huile sur toile]] du [[Le Titien|Titien]], vers 1533).]] Alors que les deux armées prennent leurs quartiers d'hiver, [[François Ier de France|François I{{er}}]] relève Boutières de son commandement et nomme à sa place [[François de Bourbon (1519-1546)|François de Bourbon-Vendôme, comte d'Enghien]], un prince encore dépourvu d'expérience militaire<ref>Oman, ''Art of War'', 229–30.</ref>. Il dépêche en outre des renforts vers le Piémont : plusieurs [[lance]]s, quelques compagnies de fantassins du [[Dauphiné]] et du [[Languedoc]], et des piquiers de [[Gruyères (Fribourg)|Gruyères]]<ref>Oman, ''Art of War'', p. 230. Les [[piquier]]s ne sont cette fois plus des mercenaires des [[Confédération des XIII cantons|Cantons suisses]], mais sont recrutés par le comte de Gruyères parmi ses sujets ; Oman cite la description que Giovio donne de ces hommes {{citation|recrutés dans toutes les régions du Haut-[[Rhône (fleuve)]] et du [[Lac Léman]]}}.</ref>. En janvier [[1544]], Enghien met le siège devant Carignan, défendue par la garnison de [[Pirro Colonna]]<ref>Knecht, ''Renaissance Warrior'', p. 490; Oman, ''Art of War'', p. 230. Oman signale que cette garnison comportait les meilleures troupes du marquis d'Àvalos.</ref>. Les Français estiment que le marquis d'Àvalos sera forcé de porter secours à la ville assiégée, et qu'il est ainsi possible de le contraindre à une bataille rangée ; mais de telles batailles étant désormais jugées aléatoires, Enghien préfère dépêcher [[Blaise de Monluc]] auprès du roi pour faire approuver son plan<ref>Knecht, ''Renaissance Warrior'', p. 490; Oman, ''Art of War'', p. 230. Oman rapporte que du Bellay, qui visiblement n'aimait pas Monluc, tait le nom de l'émissaire du comte, et évoque simplement {{citation|un gentilhomme}}...</ref>. Apparemment, Monluc parvient à convaincre François I{{er}} (sous réserve, cependant, que les capitaines du comte d'Enghien approuvent l'attaque) contre les avis du [[François Ier de Saint-Pol|comte de Saint-Pol]], lequel observe qu'une défaite exposerait la France à une invasion par le marquis d'Àvalos au moment même où [[Charles Quint]] et [[Henri VIII d'Angleterre]] s'en prennent à la [[Picardie]]<ref>Knecht, ''Renaissance Warrior'', p. 490; Oman, ''Art of War'', pp. 230–231. La source essentielle sur la teneur du discours de Monluc au roi, et sur le débat qui suivit, est la propre autobiographie de Monluc ; Oman rappelle que si {{citation|on ne peut croire complètement ce récit}}, dans la mesure où Monluc se voit toujours au centre de l'action, {{citation|il n'est pas possible que Monluc ait pu inventer tous les détails du débat entre les conseillers, ni son propre plaidoyer pour l'action}}. Hackett donne une description semblable des événements (Hackett, ''Francis the First'', pp. 421–423). Le fait qu'Enghien doive recueillir l'approbation de ses capitaines avant d'engager le combat est un détail donné par le seul du Bellay ; Monluc n'y fait même pas allusion.</ref>. Monluc, en retournant en Italie, amène avec lui une centaine de jeunes nobles volontaires, dont le jeune [[Gaspard II de Coligny|Gaspard de Coligny]]<ref>Knecht, ''Renaissance Warrior'', p. 490; Oman, ''Art of War'', p. 231. Une liste complète des noms de ces chevaliers est donnée par du Bellay : on y relève les noms de Dampierre, Saint-André, Vendôme, Rochefort et Jarnac.</ref>. == La bataille == === Ordre des troupes === Les troupes d'Enghien prennent position sur une ligne de crête plus élevée au centre que sur les ailes, si bien que les deux ailes françaises ne peuvent se voir l'une l'autre<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', 186; Oman, ''Art of War'', p. 234. Hall estime que le manque de coordination des Français au cours de l'affrontement s'explique principalement ainsi. Black est également d'avis que la topographie a eu sa part dans la confusion des combats (Black, "Dynasty Forged by Fire", p. 43).</ref>. L'armée française est ordonnée de façon traditionnelle : le corps de bataille, l'avant-garde et l'arrière-garde avaient respectivement pris position au centre, à l'aile droite et à l'aile gauche du front<ref>Oman, ''Art of War'', p. 234. Oman affirme que cette stratégie était une recommandation à l'époque.</ref>. À l'extrémité de l'aile droite française a pris position un corps de cavalerie légère composé des trois compagnies des capitaines [[Paul de La Barthe de Thermes|de Thermes]], Bernadino et Mauré, soit près de 500 cavaliers<ref>Oman, ''Art of War'', p. 234. Oman penche plutôt pour un effectif de 650 cavaliers.</ref>. Ils sont flanqués des fantassins de de Tais, près de {{formatnum:4000}} hommes, et, plus à gauche encore, d'un escadron de 80 gens d'armes commandés par Boutières, commandant en titre de l'aile droite française<ref>Oman, ''Art of War'', p. 234. L'escadron de Boutières était amoindri, il aurait dû compter une centaine de chevaliers.</ref>. Le centre français comporte treize compagnies de [[piquier|vétérans suisses]], près de {{formatnum:4000}} fantassins emmenés par Wilhelm Frülich de [[Soleure]] et un capitaine du nom de Saint-Julien<ref>Oman, ''Art of War'', p. 234. Saint-Julien commande six compagnies, et Wilhelm Frülich les sept autres. Selon André Thévet (''Hommes illustres'', tome VI), Frühlich est sénateur de la ville de Soleure et passe 40 ans au service de la France. Il meurt à Paris en 1562 {{citation|dans un âge fort avancé}}.</ref>. À leur gauche, le comte d'Enghien commande trois compagnies de [[Chevalerie|chevaliers]], un escadron de cavalerie légère, et les jeunes chevaliers venus de Paris, soit au total près de 450 cavaliers, ou 45 [[lance]]s.<ref>Oman, ''Art of War'', p. 234. Les chevaliers en armure, commandés par [[Charles de Crussol]], d'Accier et Montravel, ne sont pas à effectif complet ; et la compagnie de cavalerie légère, emmenée par d'Ossun, ne compte que 150 hommes.</ref> L'aile gauche consiste en deux colonnes de fantassins, soit {{formatnum:3000}} hommes levés dans la région de [[Gruyères]] et {{formatnum:2000}} Italiens, tous commandés par Descroz<ref>Oman, ''Art of War'', pp. 232–235. Descroz prend le commandement en l'absence de M. de Gruyères, retardé.</ref>. À l'extrémité gauche, 400 [[archer]]s montés sont déployés comme cavalerie légère ; ils sont commandés par Dampierre, qui a la responsabilité de toute l'aile gauche des Français<ref>Oman, ''Art of War'', p. 235. Les archers avaient été détachés de la cavalerie lourde, qu'ils accompagnaient d'ordinaire.</ref>. Les lignes des Impériaux sont en position sur une crête parallèle à celle des Français<ref>Oman, ''Art of War'', pp. 234–235. La crête occupée par les troupes du marquis d'Àvalos s'abaisse, elle aussi, vers les ailes : d'Àvalos se poste sur un monticule au centre, d'où il peut voir l'ensemble du front.</ref>. À l'extrémité de son aile gauche, face aux chevaliers de [[Paul de La Barthe de Thermes|de Thermes]], se tiennent 300 cavaliers [[Florence|florentins]] commandés par [[Rodolphe Baglioni]]; ils sont appuyés sur leur droite par {{formatnum:6000}} fantassins italiens sous les ordres de [[Ferrante Sanseverino]], prince de Salerne<ref>Oman, ''Art of War'', pp. 231 et 236.</ref>. {{formatnum:7000}} [[lansquenet]]s sous les ordres d'[[Eriprando Madruzzo]] tiennent le centre<ref>Oman, ''Art of War'', p. 236.</ref>. À leur droite, le marquis d'Àvalos et 200 [[Chevalerie|chevaliers]] commandés par [[Carlo Gonzaga]]<ref>Oman, ''Art of War'', p. 236. La cavalerie lourde impériale faisait exactement face à la chevalerie française d'Enghien</ref>. L'aile droite des Impériaux compte environ {{formatnum:5000}} fantassins allemands et espagnols commandés par [[Raimond de Cardona]] ; ils sont appuyés sur leur droite par les 300 cavaliers italiens de [[Maison de Lannoy#Philippe de Lannoy, prince de Sulmone (1514-1553)|Philippe de Lannoy]], prince de [[Sulmona]]<ref>Oman, ''Art of War'', pp. 231 et 236. l'infanterie de Cardona est formée de vétérans des campagnes africaines de Charles Quint.</ref>. === Mouvements de troupes === Comme les troupes du général d'Àvalos, venues de Cérisoles, arrivent sur le champ de bataille, les deux armées cherchent à tromper l'adversaire sur leur effectif et leurs positions : ainsi le comte d'Enghien ordonne aux Suisses de se coucher derrière la ligne de crête, cependant que seule l'aile gauche des Impériaux est visible des Français <ref>Oman, ''Art of War'', p. 235.</ref>. D'Àvalos dépêche des escouades d'arquebusiers pour tenter de débusquer les ailes des Français ; Enghien, de son côté, détache près de 800 arquebusiers emmenés par Monluc pour gêner la progression des Impériaux<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', p. 187; Oman, ''Art of War'', p. 235. Les arquebusiers de Montluc ont été recrutés dans les compagnies italiennes et gasconnes.</ref>. L'arquebusade entre les deux camps dure près de quatre heures. {{citation|C'était}}, nous dit [[Martin Du Bellay]], témoin de cet engagement, {{citation|un assez joli spectacle pour tous ceux qui étaient à couvert et sans ordres, car ils usèrent de toutes les ruses et stratagèmes de la guérilla}}<ref>Oman, ''Art of War'', p. 235. Hall, lui aussi, fait état de cette arquebusade (Hall, ''Weapons and Warfare'', p. 187).</ref>. » Lorsque la position et la taille des deux armées est reconnue, Enghien et d'ÀAvalos mettent leur artillerie en batterie<ref>Oman, ''Art of War'', p. 235. L'artillerie impériale est rangée en deux batteries abritées par deux fermes situées devant le centre et l'aile droite autrichienne, tandis que l'artillerie française, elle aussi répartie en deux batteries, jouxte les mercenaires suissses au centre et le contingent de Gruyères à l'aile gauche.</ref>. La cannonade qui s'ensuit dure plusieurs heures, mais n'a guère de résultat du fait de l'espace et des abris disponibles aux soldats des deux camps<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', 186; Oman, ''Art of War'', p. 235. Hall remarque que l'artillerie {{citation|était soigneusement en retrait... et les officiers des deux camps veillaient à ne pas exposer inutilement l'infanterie à ses tirs.}}</ref>. [[Image:Battle of Ceresole (start).png|thumb|left|250px|Première phase de la bataille, marquée par l'assaut des Impériaux, la déroute de la cavalerie florentine, l'enfoncement des rangs des lansquenets, la charge puis la retraite de la chevalerie espagnole.]] L'arquebusade prend fin avec la charge de la cavalerie impériale sur les arquebusiers français ; Montluc sollicite l'assistance de des Thermes, qui fait donner tous ses escadrons légers<ref>Oman, ''Art of War'', p. 235.</ref>. D'Àvalos, voyant le mouvement des Français, ordonne à ses troupes d'avancer sur toute la largeur du front<ref>Oman, ''Art of War'', pp. 235–236.</ref>. À l'extrémité sud du champ de bataille, la cavalerie légère française repousse les Florentins du régiment Baglioni sur les lignes de Sanseverino et entreprend de charger directement les colonnes d'infanterie<ref>Oman, ''Art of War'', p. 236.</ref>. Mais la formation italienne tient bon, et des Thermes lui-même, blessé, est capturé ; pourtant, lorsqu'enfin Sanseverino a remis les troupes en ordre de progression, le combat au centre est terminé<ref>Oman, ''Art of War'', p. 236. Oman, qui s'appuie sur les récits de du Bellay et Monluc, remarque que des Thermes, {{citation|ne doutant pas qu'il entraînerait ses hommes après lui}}, s'enfonce profondément dans les rangs ennemis, est désarçonné et fait prisonnier.</ref>. === Le choc === L'infanterie française (essentiellement formée de [[Gascogne|Gascons]]) descend à présent vers Sanseverino<ref>Oman, ''Art of War'', p. 236.</ref>. Monluc, remarquant que la confusion dans les rangs italiens les a réduits à l'inaction, suggère que le sieur de Tais attaque d'abord la colonne lansquenette de Madruzzo ; cet avis est suivi, et la formation française oblique vers la gauche pour prendre en tenaille les lansquenets<ref>Oman, ''Art of War'', p. 236. Ce détail est rapporté par Monluc lui-même.</ref>. Madruzzo réagit en divisant ses troupes en deux groupes, l'un parant l'attaque de flanc des Français tandis que l'autre reprend la progression vers le haut de la colline pour en découdre avec les mercenaires suisses<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', p. 187; Oman, ''Art of War'', p. 237. Oman, rendant hommage au talent tactique de Madruzzo lors de la manœuvre de division, cite la description que du Bellay donne du mouvement des troupes : {{citation|Voyant que les Français avaient changé leur plan, les Impériaux modifièrent eux-même leur formation, et de leur grand bataillon ils en firent deux, l'un pour combattre les Suisses, l'autre les Français, et pourtant si pressés l'un à l'autre que vu de côté on avait l'impression qu'ils ne formaient qu'une seule masse compacte}}. Hall qualifie ce mouvement de {{citation|manœuvre extrêmement délicate}}. </ref>. [[Image:Bad-war.jpg|right|thumb|250px|Choc de mercenaires suisses et de lansquenets (gravure de [[Hans Holbein le Jeune]], début du {{s|XVI|e}}).]] L'infanterie, dans les deux camps, a adopté une formation mêlant arquebusiers et piquiers, les armes à feu étant disséminées au sein de larges formations de piquiers<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', pp. 186–187. Hall rappelle que les carrés de piquiers, avec les arquebusiers placés au centre, un type de formation typique de la fn du XVIe siècle, n'est probablement pas au point au moment de la bataille de Cérisoles.</ref>. Cette combinaison de piques et de mousquets rend le combat rapproché extrêmement sanglant<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', p. 187.</ref>. Les formations d'infanterie mixtes comprennent normalement des pelotons d'arquebusiers et de piquiers bien distincts, les armes à feu appuyant une colonne centrale de piquiers ; mais à Cerisoles, l'infanterie française consiste en un premier rang de piquiers, suivi immédiatement par un rang d'arquebusiers ayant reçu l'ordre de soutenir leur feu jusqu'à ce que les deux colonnes entrent au contact. Montluc<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', pp. 187–188; Oman, ''Art of War'', p. 237. </ref>, qui affirme avoir mis au point cette formule, écrit à ce propos : {{citation_bloc|1=De cette manière, nous devions tuer tous leurs capitaines au premier rang. Mais nous avons constaté qu'ils étaient tout aussi ingénieux que nous-mêmes, car derrière leur première ligne de piques ils avaient rangé leurs arquebusiers. Aucune des deux parties n'ouvrit le feu avant le choc, puis il se fit une grande tuerie : tous les coups portaient, de sorte que le premier rang de chaque camp fut décimé<ref>Cité par Oman, ''Art of War'', p. 237 et Hall (''Weapons and Warfare'', p. 187). Ce dernier se demande comment Montluc a pu se tirer en vie du carnage qu'il avait lui-même suscité.</ref>.}} Les Suisses, en voyant les Français engager l'une des colonnes de lansquenets, descendent à la rencontre de l'autre colonne, qui monte lentement à l'assaut du côteau<ref>Oman, ''Art of War'', p. 237. Les Suisses attendent que les Français soient à douze portées de pique de leurs vis-à-vis avant de s'ébranler à leur tour vers les colonnes ennemies.</ref>. Les deux corps d'infanterie restent au contact jusqu'à ce que l'escadron de cavalerie lourde de Boutières charge les lansquenets par le flanc, rompant leur formation et leur progression vers la crête<ref>Black, ''Dynasty Forged by Fire'', p. 43 ; Hall, ''Weapons and Warfare'', p. 187; Oman, ''Art of War'', pp. 237–238.</ref>. La cavalerie lourde impériale, qui tient l'aile droite des lansquenets, et qui a reçu du général d'Àvalos l'ordre d'attaquer les Suisses, prend la fuite devant le barrage des piques et se replie à l'arrière, laissant capturer Carlo Gonzaga<ref>Oman, ''Art of War'', p. 238. Oman signale que, si le comportement de la cavalerie impériale est passé sous silence par les chroniqueurs français, Giovio rapporte qu'elle {{citation|se déshonora}}.</ref>. Les Suisses et les Gascons massacrent le reste des lansquenets (dont l'ordre serré empêche une retraite suffisamment rapide) qui tentent de se replier<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', p. 187; Oman, ''Art of War'', p. 238. </ref>. La route de Cérisole est jonchée de cadavres. Les Suisses, en particulier, désireux de venger les mauvais traitements infligés à la garnison suisse de Mondovì en novembre précédent, ne font pas de quartier<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', p. 187; Oman, ''Art of War'', p. 238. </ref>. La plupart des officiers lansquenets trouvent la mort, et si les estimations de l'époque exagèrent sans doute le nombre de morts, il est clair qu'à la suite de ce combat, l'infanterie allemande cesse d'exister en tant qu'unité combattante<ref>Oman, ''Art of War'', p. 238. Oman est d'avis que le chiffre donné à l'époque ({{formatnum:5000}} victimes sur {{formatnum:7000}} combattants) est exagéré, mais il relève que la liste des victimes dressée par Giovio conclut que {{citation|pratiquement tous leurs capitaines furent tués}}. Black se borne à affirmer que {{citation|plus de 25% des lansquenets furent décimés}} (Black, ''Dynasty Forged by Fire'', p. 43).</ref>. Sanseverino, voyant la tournure prise par les combats, décide que la bataille est perdue et fait retraite sur la place-forte d'Asti avec l'essentiel de l'infanterie italienne et les vestiges de la cavalerie florentine de Baglioni. Quant à la cavalerie légère française, elle se met en chasse des fuyards lansquenets<ref>Oman, ''Art of War'', p. 238. Les Florentins de l'escadron Baglioni, qui ne sont pas poursuivis par les Français après le choc, sont parvenus à se reformer.</ref>. === Combats au nord === À l'extrémité nord du champ de bataille, les événements prennent une tournure très différente. Dampierre met la compagnie de cavalerie légère de Lannoy en déroute, tandis que les Italiens et les contingents de Gruyères rompent les rangs et fuient, laissant leurs officiers se faire tuer<ref>Black, "Dynasty Forged by Fire," 43; Oman, ''Art of War'', 238–239.</ref>. Comme les régiments d'infanterie de Cardona débordent les lignes françaises, le comte d'Enghien fait donner toute sa cavalerie lourde. L'engagement a lieu sur la contre-pente de la crête, à l'insu des autres combattants<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', p. 187; Oman, ''Art of War'', p. 239. Oman critique les décision d'Enghien, qui {{citation|ne tint aucun compte de la tournure de la bataille sur l'ensemble du front... perdant de vue les devoirs d'un commandant}}.</ref>. [[Image:Battle of Ceresole (end).png|thumb|right|250px|Seconde phase de la bataille : déroute de la cavalerie napolitaine et des lansquenets, repli de Sanseverino, charges successives de la cavalerie du comte d'Enghien, retraite de l'infanterie austro-espagnole, et retour des fantassins français et suisses depuis Cérisoles.]] À la première charge, la cavalerie d'Enghien pratique une brèche dans la formation impériale, la traverse de bout en bout perdant dans cette action une bonne partie des jeunes chevaliers volontaires de la cour<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', p. 187; Oman, ''Art of War'', p. 239. Oman compare cette charge ({{citation|purely a matter of infantry versus cavalry}}) à celle de la [[bataille de Marignan]].</ref>. Comme les rangs des hommes de Cardona se referment, la cavalerie française fait volte-face et charge à revers sous des tirs d'arquebuse nourris, une action plus meurtrière encore, sans parvenir à briser la colonne impériale<ref>Black, "Dynasty Forged by Fire," p. 43; Hall, ''Weapons and Warfare'', p. 187; Oman, ''Art of War'', p. 239. Oman s'appuie sur les récits de du Bellay et de Monluc lorsqu'il évoque la tuerie de la deuxième charge de cavalerie.</ref>. Enghien, désormais rejoint par la cavalerie légère de Dampierre, entreprend une troisième charge ,aussi peu décisive que les précédentes, et qui ne laisse qu'une centaine de gens d'armes en vie<ref>Oman, ''Art of War'', pp. 239–240. Oman signale que la troisième charge est apparemment une idée de [[Gaspard de Saulx]], sieur de Tavannes ; ce dernier, de son propre aveu, aurait dit au comte d'Enghien : {{citation|Monsieur, il faut boire le calice}}.</ref>. Selon Monluc, Enghien croit alors la bataille perdue et pense à se poignarder<ref> {{citation|... ils se donna de la poincte de l'espée dans son gorgerin, se volant thuer soy-mesmes ; et me dict au retour qu'il s'estoict veu en tel estat lors qu'il eust voulu qu'on luy eust donné de l'espée dans la gorge. Les Romains pouvoinct fere cela, mais non pas les chrestiens.}} (Montluc, ''[[Commentaires (Blaise de Montluc)|Commentaires]]'', tome I, éd. ''Libr. Sté Hist. de France'', 1864, p. 275.</ref> quand Saint-Julien, le commandant suisse, débouche du centre du champ de bataille et fait connaître que les forces impériales ont été mises en déroute<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', p. 187; Oman, ''Art of War'', p. 240. Oman met en cause le récit de Monluc, porté à romancer les faits ({{citation|Montluc loves a tragic scene}}).</ref>. La nouvelle de la défaite des lansquenets parvient à Cardona à peu près en même temps qu'à Enghien; les Impériaux se replient vers leurs positions initiales<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', p. 187; Oman, ''Art of War'', p. 240.</ref>. Enghien les poursuit avec le reste de sa cavalerie et reçoit bientôt le renfort d'arquebusiers montés italiens, en garnison à Racconigi et qui ont rejoint le champ de bataille au son des premiers coups de canon<ref>Oman, ''Art of War'', p. 240. On avait détachés ces arquebusiers pour surveiller les gués de la Mera, à 12 km environ du champ de bataille.</ref>. Ces arquebusiers, qui mettent pied à terre pour faire feu et se remettent en selle ensuite, harcelent suffisamment la colonne impériale pour ralentir sa retraite<ref>Oman, ''Art of War'', p. 240.</ref>. Pendant ce temps, l'infanterie française et suisse victorieuse au centre, après avoir atteint Cérisoles, fait demi-tour et rejoint le champ de bataille ; Monluc, qui est avec eux, écrit : {{citation_bloc|1=Après avoir entendeu ce que Monsieur d'Anguien nous mandoit, incontinent la bataille<ref>c'est-à-dire ici la troupe, le régiment.</ref> des Suisses et la nostre tournasmes devers Monsieur d'Anguien : et ne viz jamais deux batailles si tost reffaictes, car de nous-mesmes nous mismes en bataille en cheminant, et allions toujours joinctz cousté à cousté. Les ennemis, qui s'en alloinct le grand pas<ref>« à toute allure »</ref>, tirant toujours harcquebuzades, faizoinct tenir nostre cavalerie à la largue<ref>« ... tenaient notre cavalerie au large », c'est-à-dire à distance.</ref> ; nous commensa à descouvrir, et comme ilz virent que nous leur estions à quatre ou cinq cens pas, et la cavalerie sur le devant, qui les vouloinct charger, ilz jectarent les picques, se jectans entre les mains de la cavalerie. Les ungs en thuoinct, et d'autres en sauvoinct<ref>Les chevaliers français tuaient les uns, épargnaient les autres.</ref>, y en ayant tel qu'en avoict plus que quinze ou vingt entour de luy<ref>Certains chevaliers avaient plus de quinze ou vingt ennemis autour d'eux.</ref>, les fuyans toujours de la presse, pour crainte de nous autres qui voulions tout esgorger..<ref>Blaise de Montluc, ''[[Commentaires (Blaise de Montluc)|Commentaires]]'', tome I, éd. ''Libr. Sté Hist. de France'', 1864, p. 279.</ref>}} Peut-être la moitié des fantassins autrichiens périssent alors qu'ils tentent de se rendre ; le reste, soit environ {{formatnum:3150}} hommes, sont faits prisonniers<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', 188; Oman, ''Art of War'', 240–241. Hall cite Montluc : {{citation|Plus de la moitié furent tués, car nous avions envoyés tous les hommes que nous pouvions trouver}}. Selon Oman, il y avait parmi les prisonniers {{formatnum:2530}} Allemands et 630 Espagnols.</ref>. Quelques-uns, dont le baron de Seisneck, qui commande les fantassins allemands, parviennent à s'échapper. == Conséquences == Pour l'époque, le nombre de tués, environ 28% de l'effectif engagé, est inhabituellement élevé<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', 217.</ref>. Les contemporains évaluent de {{formatnum:5000}} à {{formatnum:6000}} morts dans les rangs des troupes impériales, bien que de source française on trouve des chiffres aussi élevés que {{formatnum:12000}} morts<ref>Oman, « ''Art of War'' », p. 241. Oman juge ce dernier chiffre peu plausible.</ref>. Un grand nombre d'officiers périssent, en particulier chez les lansquenets ; la plupart de ceux qui survivent, comme [[Raimond de Cardona]], Carlo Gonzaga, and Eriprando Madruzzo, sont faits prisonniers<ref>Oman, ''Art of War'', p. 241. Oman renvoie vers Giovio pour la liste complète des capitaines tués, parmi lesquels l'héritier du [[Fürstenberg-Baar|comté de Fürstenberg]], le baron de Gunstein, deux frères Scaliger (Christopher et Brenno), Michael Preussinger, Jacob Figer, etc. Madruzzo , grièvement blessé, est même un temps laissé pour mort, mais il s'en tire finalement.</ref>. Le nombre des victimes françaises, plus réduit, ne peut toutefois être inférieur à {{formatnum:1500}}-{{formatnum:2000}} morts<ref>Selon Oman, ''Art of War'', p. 241. Oman est d'avis que les 500 victimes reconnues par les chroniqueurs français sont {{citation|évidemment très en dessous de la réalité}}.</ref>. La plupart sont des officiers des régiments d'infanterie gascons et de Gruyères, et un nombre important des gens d'armes menés par le comte d'Enghien<ref>Oman, ''Art of War'', p. 241. Oman cite cinq capitaines du régiment de Gascogne (la Molle, Passin, Barberan, Moncault, et Sainte-Geneviève) et tous les officiers du régiment de Gruyères, parmi lesquels Descroz et [[Charles du Dros]], le gouverneur de Mondovì. Parmi les chevaliers, se trouvent deux des [[écuyer]]s du comte d'Enghien et plusieurs jeune nobles de la cour, dont d'Accier, D'Oyn, Montsallais, de Glaive, Rochechouart, Courville, et plusieurs autres.</ref>. Le seul prisonnier français célèbre est [[Paul de La Barthe de Thermes]], qui, désarçonné, est encerclé pendant le repli des fantassins italiens du régiment de Sanseverino<ref>Oman, ''Art of War'', p. 241.</ref>. Malgré la désintégration de l'armée impériale, cette bataille n'a pas de conséquence stratégique en Italie même<ref>Black, « ''Dynasty Forged by Fire'' », p. 43.</ref>. Sur ordre de François I{{er}}, l'armée française est chargée de reprendre d'abord la [[Carignano|place de Carignan]], que le gouverneur Colonna parvient encore à défendre plusieurs semaines de suite ; peu après sa reddition, Enghien doit renvoyer 23 compagnies de fantassins italiens et gascons ainsi que près de la moitié de sa cavalerie en [[Picardie]], envahie par Charles Quint depuis les [[Pays-Bas espagnols]]<ref>Oman, ''Art of War'', p.242.</ref>. Privé d'une armée digne de ce nom, Enghien n'essaie pas d'attaquer [[Milan]] ; d'Àvalos, entretemps, met en déroute des troupes de relève italiennes menées par [[Pierre Strozzi]] et le Comte de Pitigliano lors de la [[bataille de Serravalle]]<ref>Knecht, « ''Renaissance Warrior'' », p. 490; Oman, ''Art of War'', pp. 242–243. Oman situe cet affrontement le [[2 juin]], mais Knecht parle du [[4 juin]].</ref>. On revient ainsi à un [[statu quo]] sur le théâtre d'opération italien. == Historiographie == Plusieurs récits d'époque de la bataille nous sont parvenus. Parmi les chroniqueurs français, il y a d'abord les narrations détaillées de [[Martin du Bellay]] et de [[Blaise de Monluc]], qui tous deux assistèrent au combat. Le [[Gaspard de Saulx|Sieur de Tavannes]], qui accompagnait le comte d'Enghien, fournit quelques anecdotes dans ses ''Mémoires''<ref>Cf. Oman, « ''Art of War'' », 243.</ref>. Cependant, le récit le plus détaillé est celui de [[Paolo Giovio]], qui donne le point de vue des Impériaux. Quoiqu'entaché de confusions avec d'autres altercations, l'historien anglais [[Charles Oman]] y trouve {{citation|des remarques utiles sur certains aspects négligés des observateurs français}}<ref>Oman, « ''Art of War'' », p. 243. Oman relève toutefois une erreur flagrante dans l'ordre de bataille donné par Giovio, où les formations des Suisses et des Gascons sont manifestement inversées.</ref>. Les spécialistes d'histoire militaire se sont surtout intéressés à ce combat pour le rôle qu'y a joué l'armement individuel et le carnage qui s'est produit sur les lignes centrales<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', p. 188.</ref>. L'ordre serré selon lequel piquiers et arquebusiers furent rangés a été jugé ''a posteriori'' trop coûteux et ne fut plus suivi avant longtemps. Lors des batailles ultérieures, on utilisa les arquebuses pour les combats d'escarmouche ou en appui à l'aile de grandes formations de piquiers<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', p. 188. Hall remarque que l'armée du Saint Empire, dont l'armement individuel était supérieur à celui des Français, fut cependant vaincue.</ref>. La bataille de Cérisoles montre également qu'encore à cette époque, la cavalerie lourde conserve son rôle traditionnel sur les champs de bataille<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', pp. 188–190.</ref>. Malgré l'échec des charges du comte d'Enghien au nord (selon Bert Hall, les Français croyaient toujours à l'efficacité de la cavalerie lourde pour rompre les rangs de fantassins), il n'en reste pas moins que quelques [[Gendarmerie nationale (France)|gendarme]]s avaient suffi à mettre en déroute les colonnes de lansquenets déjà aux prises avec les mercenaires suisses<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', pp. 188–189. Hall remarque qu'Enghien pouvait s'attendre à de meilleurs résultats que ceux finalement obtenus par sa cavalerie, car l'infanterie de Cardona était encore désorganisée lorsque l'assaut de cavalerie fut lancé.</ref>. Hormis son utilité tactique, la cavalerie joue un rôle évident dans la conclusion du combat, car les gendarmes français étaient les seuls officiers pouvant recevoir une proposition de cesser le combat de l'ennemi : les fantassins français et les mercenaires suisses, en effet, combattaient à outrance et d'ordinaire ne faisaient pas de prisonniers. Selon Hall, la cavalerie était {{citation|presque naturellement portée aux pourparlers}}<ref>Hall, ''Weapons and Warfare'', pp. 189–190. Hall écrit de cet épisode (avec le massacre final d'une grande partie des fantassins autrichiens malgré leur proposition de reddition) qu'{{citation|on ne peut mieux illustrer la brutalité inhabituelle des combats armés du XVIe siècle}}.</ref>. == Notes et références == === Notes === <references /> *{{Traduction/Référence|en|Battle of Ceresole|181698817}} {{commons|Category:Battle of Ceresole|Bataille de Cérisoles}} === Sources primaires === [[Image:Blaise-de-monluc.jpg|thumb|200px|Blaise de Monluc]] *{{ouvrage |éditeur=Gallimard|collection=Bibliothèque de la Pléiade|titre = Commentaires (1521-1576)|nom=de Monluc |prénom= Blaise|date=1964|lieu=Paris|publi=édition de Paul Courteault}} *{{ouvrage |éditeur=Société de l'histoire de France |titre=Mémoires de Martin et Guillaume du Bellay|prénom=Martin |nom=du Bellay|lieu=Paris|format = 4 vol.|année=1908–19 |publi=V. L. Bourrilly et F. Vindry |pages=865}} *{{ouvrage |éditeur=D. Visconti|titre=Pauli Iovii Opera |volume=3 |titre volume=Historiarum sui temporis|prénom=Paul |nom=Jove|lieu=Rome|format = |année=1957|publi= |partie=1|pages=}} * [[Gaspard de Saulx|Saulx, Gaspard de, Seigneur de Tavanes]]. ''Mémoires de très noble et très illustre Gaspard de Saulx, seigneur de Tavanes, Mareschal de France, admiral des mers de Levant, Gouverneur de Provence, conseiller du Roy, et capitaine de cent hommes d'armes''. Château de Lugny: Fourny, 1653. === Sources secondaires === * Arnold, Thomas F. ''The Renaissance at War''. Smithsonian History of Warfare, edited by [[John Keegan]]. New York: Smithsonian Books / Collins, 2006. ISBN 0-06-089195-5. * [[Jeremy Black (historian)|Black, Jeremy]]. "Dynasty Forged by Fire." ''MHQ: The Quarterly Journal of Military History'' 18, no. 3 (Spring 2006): 34–43. {{ISSN|1040-5992}}. * [[Wim Blockmans|Blockmans, Wim]]. ''Emperor Charles V, 1500–1558''. Translated by Isola van den Hoven-Vardon. New York: Oxford University Press, 2002. ISBN 0-340-73110-9. *{{ouvrage |éditeur=Alphonse Picard et Fils |titre=Blaise de Monluc historien|prénom=Paul |nom=Courteault |lieu=Paris |année=1908 |publi= |pages=865}} * Hackett, Francis. ''Francis the First''. Garden City, New York: Doubleday, Doran & Co., 1937. * Hall, Bert S. ''Weapons and Warfare in Renaissance Europe: Gunpowder, Technology, and Tactics''. Baltimore: Johns Hopkins University Press, 1997. ISBN 0-8018-5531-4. * Knecht, Robert J. ''Renaissance Warrior and Patron: The Reign of Francis I''. Cambridge: Cambridge University Press, 1994. ISBN 0-521-57885-X. *{{ouvrage |éditeur=École Pratique des Hautes Études|titre=Recherches sur les effectifs des armées françaises des guerres d'Italie aux guerres de religion, 1494–1562|prénom=Ferdinand |nom=Lot|lieu=Paris|format = |année=1962|publi= |pages=865}} * [[Charles Oman|Oman, Charles]]. ''A History of the Art of War in the Sixteenth Century''. London: Methuen & Co., 1937. * Phillips, Charles and Alan Axelrod. ''Encyclopedia of Wars''. Volume 2. New York: Facts on File, 2005. ISBN 0-8160-2851-6. {{Portail|histoire militaire|Renaissance}} {{Lien AdQ|en}} {{Lien AdQ|es}} {{DEFAULTSORT:Cerisoles}} [[Catégorie:Bataille des guerres d'Italie]] [[Catégorie:Bataille de 1544]] [[Catégorie:Bataille d'Espagne]] [[Catégorie:Bataille de l'histoire de France]] [[de:Schlacht von Ceresole]] [[en:Battle of Ceresole]] [[es:Batalla de Cerisoles]] [[it:Battaglia di Ceresole]] [[pl:Bitwa pod Ceresole]]