Bataille de Latroun (1948) 2985612 31856073 2008-07-24T17:46:04Z Latroun 406340 /* Khirbet Kourikour */ {{Infobox conflit militaire| image=[[Image:Latrun-Police-Building.jpg|300px]]| légende=Poste de police de Latroun.| conflit='''Bataille de Latroun'''| guerre=[[Guerre israélo-arabe de 1948-1949]]| date=[[25 mai]] [[1948]]<br/>[[18 juillet]] [[1948]]| lieu=Région de Latroun, [[Plan de partage de la Palestine|zone arabe de Palestine]]| issue=Victoire jordanienne| combattants2=[[Image:Flag of Jordan.svg|22 px]] [[Jordanie]]| combattants1=[[Image:Flag of Israel.svg|22 px]] [[Israël]]| commandant1=Lt-Gen [[Yigaël Yadin]]<br/>Gen [[David Marcus]]</br/>Lt-Gen [[Yigal Allon]]| commandant2=Lt-Gen [[John Bagot Glubb]]<br/>Lt-col [[Habes al-Majali]]| forces1=Divers contingents composés des brigades ''Sheva'', ''Alexandroni'', ''Harel'', ''Guivati'' et ''Yiftah''| forces2=2{{e}} et 4{{e}} régiments de la [[Légion arabe]] secondés par des irréguliers palestiniens et jordaniens| batailles={{Batailles de la Première Guerre israélo-arabe}} }} La '''Bataille de Latroun''' fait référence aux 5 (ou 6)<ref>[[#Shapira|Anita Shapira (2005)]], p.96 parle de 6 assauts mais sans les nommer. Les historiens [[#morris_1948|Benny Morris (2008)]], [[#gelber|Yoav Gelber (2006)]] et [[#tal|David Tal (2003)]] ne font toutefois explicitement référence qu'à 5 assauts : les opérations Ben Nun, Ben Nun Bet et Yoram, une attaque du dispositif jordanien par l'est et un dernier assaut sur le fort.<br/> [[#khalidi_1992|Walid Khalidi (1992)]] considère que les attaques menées lors de l'[[Opération Maccabée]] constituent le premier assaut sur Latroun.<br/> Dans sa biographie sur [[Ygal Allon]], [[#shapira2|Anita Shapira, (2005)]], p.234 fait référence à la bataille de ''Khirbet Kourikour'' que l'historiographie israélienne a « oublié ». Il pourrait s'agir du 6{{e}} assaut auquel elle fait référence. [[#morris 1948|Benny Morris (2008)]], p.293 rapporte également cette bataille.<br/> Sur le site du [[Palmach]], on parle également d'un 6{{e}} assaut, mais il s'agit d'un autre sur [http://www.palmach.org.il/show_item.asp?levelId=42858&itemId=9084&itemType=0 Beit Nuba].</ref> assauts menés par les forces [[Israël|israéliennes]] sur les contreforts de Latroun tenus par la [[Légion arabe]], les 25 mai, 31 mai, 9 juin, et entre les 16 et 18 juillet [[1948]] pendant la [[guerre israélo-arabe de 1948-1949|Première Guerre israélo-arabe]]. En mai 1948, la position de Latroun était située en territoire arabe mais contrôlait l'unique route qui reliait [[Jérusalem]] à Israël, ce qui lui conférait une importance stratégique majeure dans le contexte de la bataille pour la ville entre [[Tsahal]] et la [[Légion arabe]]. Aucun des assauts ne permit aux forces israéliennes de prendre la position qui resta sous contrôle jordanien jusqu'à la [[Guerre des six jours]]. Les historiens estiment aujourd'hui que les attaques coutèrent la vie à 168 soldats israéliens. La Jérusalem juive put toutefois être ravitaillée par la découverte fortuite d'un chemin permettant d'éviter Latroun et nommé « [[route de Birmanie]] », qui fut aménagée pour le passage de convois. La Bataille de Latroun a marqué l'imaginaire israélien et constitue un des « [[mythe fondateur|mythes fondateurs]] »<ref>[[#Shapira|Anita Shapira (2005)]], p.91.</ref> de cette nation. L'historiographie l'a tantôt présentée comme « une victoire stratégique illustrant la clairvoyance de Ben Gourion » et tantôt comme « le plus grave échec de toute l'histoire de [[Tsahal]] ». Le nombre de ses victimes a enflé dans les récits pour atteindre le chiffre de {{formatnum:2000}} morts. Elle a pris également une valeur symbolique de part la participation « héroïque » d'immigrants survivants de la [[Shoah]] et d'un [[Mahal (Israël)|volontaire étranger]], le colonel américain [[David Marcus]], le plus haut gradé de [[Tsahal]] lors de la guerre, lequel fut accidentellement tué par un [[tir ami]]. Les Jordaniens de leur côté en conservent l'image d'une « grande victoire ». Aujourd'hui, le site est un musée militaire israélien consacré aux corps blindés, ainsi qu'un mémorial de la [[Guerre israélo-arabe de 1948-1949|guerre de 1948]]<ref>[http://www.arcm-latrun.org.il/english/index_e.htm site internet du musée de Latroun]</ref>. == Contexte et enjeux == {{article détaillé|Guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire|Guerre israélo-arabe de 1948-1949}} === Guerre israélo-arabe === [[Image:Zone de Latroun.png|400px|thumb|right|Théatre des opérations et ligne de front au 20 mai 1948.]] Suite au vote du [[Plan de partage de la Palestine|Plan de partage]] en [[novembre]] [[1947]], la [[Guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire|guerre civile]] éclate en [[Palestine mandataire|Palestine]]. La situation dans laquelle se trouve la communauté juive de [[Jérusalem]] constitue un des points faibles du [[Yichouv]] et une préoccupation majeure des ses autorités. Comptant près de 100 000 personnes, soit 1/6 de la population juive totale de [[Palestine]], la ville est en effet isolée au cœur du territoire sous contrôle arabe<ref name = "guerre des routes">Voir [[Guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire#Guerre des routes et blocus de Jérusalem|Guerre des routes et blocus de Jérusalem]] et [[Opération Nahshon]]</ref>. Dès janvier, dans le contexte de la « guerre des routes », la ''[[Jaysh al-Jihad al-Muqaddas]]'' d'[[Abd al-Kader al-Husseini]] assiège la ville juive en empêchant le passage des convois de ravitaillement entre Tel-Aviv et Jérusalem. Fin mars, la tactique a payé et la ville est effectivement isolée. La [[Haganah]] lance alors l'[[opération Nahshon]] qui permet entre le 4 et le 20 avril de fournir 2 mois de ravitaillement à la ville<ref name = "guerre des routes"/>. Suite à la mort d'[[Abdel Kader al-Husseini]], la Comité militaire de la [[Ligue arabe]] ordonne à l'autre force arabe en Palestine, l'[[Armée de libération arabe]] de déplacer ses forces de [[Samarie]] (nord de la [[Cisjordanie]] actuelle) vers la route de Jérusalem et les régions de Latroun, Lydda et Ramle<ref>[[#gelber|Yoav Gelber (2006)]], p.95.</ref>. Fin mai, la situation pour les 50 000 habitants arabes de la ville et les 30 à 40 000 des faubourgs n'est pas meilleure<ref>[[Benny Morris]], ''The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited'', 2003, p.116.</ref>. Après le [[massacre de Deir Yassin]] et l'offensive juive d'avril qui a déclenché l'[[exode palestinien de 1948|exode massif des arabes palestiniens]] dans les autres villes mixtes, la population arabe de Jérusalem est effrayée et craint pour son sort<ref>[[#gelber|Yoav Gelber (2006)]], p.109.</ref>. Dès le départ des Britanniques le 14 mai, la Haganah lance une série d'opérations pour la prise de contrôle de la ville et les dirigeants arabes lancent des appels alarmistes au roi [[Abdallah 1er de Transjordanie]] afin que son armée vienne à leur secours<ref>[[#gelber|Yoav Gelber (2006)]], p.140.</ref>. En plus de son importance stratégique, la ville de Jérusalem comporte également une valeur symbolique importante pour les protagonistes en tant que lieu saint du [[Judaïsme]], du [[Christianisme]] et de l'[[Islam]]. Aux alentours du [[15 mai]], la situation en Palestine est chaotique. Les forces juives ont pris l'avantage sur les forces arabes mais elles redoutent l'intervention des États arabes prévue pour le 15 mai<ref name = "gelber 138-145">[[#gelber|Yoav Gelber (2006)]], pp.138-145.</ref>. === Latroun === La place de Latroun se situe à 15 km de Jérusalem d’un coté et 14 km de Ramle et Lydda de l’autre, au premier sommet des contreforts de la route de Jérusalem. De par sa position en hauteur, elle domine la vallée d'Ayalon et la force qui l'occupe commande la route de [[Jérusalem]]<ref>Voir [http://www.rc.net/wcc/israel/latrun.jpg cette photo de la vallée prise depuis Latroun].</ref>. En 1948, elle comporte un poste de police fortifié établi à côté d’un monastère [[trappiste]] des années 1860 et de plusieurs villages arabes dont celui de Latroun. Pendant la guerre civile, le poste de police est occupé par les forces britanniques qui ne l'abandonnent que le 14 mai<ref>[[#morris_1948|Benny Morris (2008)]], p.132.</ref>. == Chronologie des événements == === Une prise de contrôle dans la confusion === Le [[8 mai]], la [[Haganah]] lance l'[[opération Maccabée]] contre l'[[Armée de libération arabe]] qui réoccupe plusieurs villages et places-fortes de la route de Jérusalem. La 5{{e}} brigade ''Givati ''(à l'ouest) et la 10{{e}} brigade ''Harel'' (à l'est) sont engagées dans ces combats. Pendant les 10 jours qui suivent, plusieurs positions changent de mains<ref name = "karsh 60-62">[[#karsh|Efraïm Karsh (2002)]], pp.60-62.</ref>. À Latroun même, les forces arabes se sont positionnées autour du poste de police et dans les villages alentours dans l'indifférence des Britanniques<ref>[[#gelber|Yoav Gelber (2006)]], p.92.</ref>. Lors de la confusion<ref name = "gelber 138-145">[[#gelber|Yoav Gelber (2006)]], pp.138-145.</ref> qui règne les tous derniers jours du mandat britannique et avec l'entrée en guerre des armées arabes, la position de Latroun va changer de mains en dehors de tout combat. Il y a un certain flou autour de la chronologie des événements. Tout d'abord, aux alentours du 14 mai (ou le 15 mai<ref name = "morris_2002_152">[[#morris_2002|Benny Morris (2002)]], p.152.</ref>), ordre est donné à [[Fawzi al-Qawuqji]] et à ses forces de l'Armée de libération de se retirer et laisser la place à la [[Légion arabe]]. Selon [[Yoav Gelber]], ce départ s'effectue avant l'arrivée des troupes jordaniennes à Latroun et la position n'est plus tenue que par 200 irréguliers<ref name = "gelber 138-145"/>{{,}}<ref name = "L&C611">[[#lapierre collins|Lapierre et Collins (1971)]], p.611</ref>. [[Benny Morris]] indique toutefois qu'une section de légionnaires de la 11{{e}} compagnie est présente<ref name = "morris_2002_152"/>. Le [[15 mai]] au matin, une patrouille de la brigade ''Givati'' tire quelques obus de mortiers sur la position de Latroun mais sans provoquer de riposte. Les soldats pénètrent alors jusque dans l'enceinte du poste de police et constatent que la position a été abandonnée. Toutefois, suite à l'avance de l'armée égyptienne, la brigade ''Givati'' reçoit l'ordre de se redéployer plus au sud et les soldats qui viennent de prendre le poste de police doivent abandonner la position à leur tour. Cette décision aurait fait controverse entre [[Yigaël Yadin]], le chef des opérations de la [[Haganah]] et [[Yitzhak Rabin]], le commandant de la brigade ''Harel'', elle-même redéployée vers Jérusalem<ref name = "L&C611"/>. Selon [[Benny Morris]], aucun des 2 camps n'a encore réalisé à ce moment l'importance vitale de Latroun dans la bataille pour Jérusalem, et cette prise de conscience ne viendra que les jours suivants, en premier lieu chez [[John Bagot Glubb]], l'officier britannique qui commande la [[Légion arabe]]<ref>[[#morris_1948|Benny Morris (2008)]], p.219; p.469 n196.</ref>. === Entrée de la Légion arabe en Palestine === [[Image:Habes al-Majali.png|right|thumb|Lt-Col [[Habes al-Majali]], commandant du 4{{e}} régiment de la [[Légion arabe]].]] En tant que force auxiliaire des Britanniques en [[Palestine mandataire]], plusieurs éléments de la [[Légion Arabe]] servent en Palestine durant la fin du mandat. Les Britanniques ont promis que ces unités se seront retirées de Palestine pour la fin avril mais « pour des raisons techniques », plusieurs compagnies sont toujours en Palestine le 15 mai. C'est le cas notamment à Latroun où une section de légionnaires « laissés en arrière » et secondée par des miliciens transjordaniens s'empare du fort<ref>[[#morris_1948|Benny Morris, (2008)]], pp.207-208.</ref>{{,}}<ref>[[Pierre Razoux]], ''Tsahal, nouvelle histoire de l'armée israélienne'', Perrin, 2006, p.73.</ref>. Le [[15 mai]], La [[Légion arabe]] entre en Palestine. Le corps expéditionnaire se compose de<ref>[[#balagan|Steven Thomas, sur le site www.balagan.org.uk]]</ref> : * la 1{{e}} brigade<ref>Dans le corps expéditionnaire jordanien, chaque brigade est composée de 2 régiments vraisemblablement lui-même composé de 3 ou 4 compagnies. Cette information est néanmoins sujet à caution. Les sources sont contradictoires à ce niveau. Les divergences sont probablement dues au fait que le ''bataillon'', qui est généralement l'unité qui subdivise la brigade, porte le nom de ''régiment'' dans la [[Légion arabe]].</ref> comprenant les 1{{e}} et 3{{e}} régiments; * la 3{{e}} brigade sous les ordre du colonel Ashton comprenant le 2{{e}} régiment sous les ordres du Major Geoffrey Lockett<ref name = "isseroff"/> et du 4{{e}} régiment sous les ordres du lieutenant colonel [[Habes al-Majali]]; * des 5{{e}} et 6{{e}} régiments qui agissent de manière indépendante. La 1{{e}} brigade se dirige vers [[Naplouse]] tandis que la 3{{e}} brigade prend position à [[Ramallah]]. Glubb Pacha envoie ensuite le 4{{e}} régiment prendre position à Latroun qu'il atteint le [[17 mai]] tandis qu'une compagnie d'infanterie du 2{{e}} régiment est envoyée vers [[Jérusalem]]<ref name = "morris victimes fr 247-255">, [[Benny Morris]], ''Histoire revisitée du conflit arabo-sioniste'', Editions complexe, 2003, carte p.241 et pp.247-255.</ref>. Le 18 mai, ses forces se sont déployées entre Latroun et Bab al-Oued et la route est à nouveau bloquée<ref name = "morris_2002_152"/>{{,}}<ref name = "morris_1948_latroun"/>. L'objectif de Glubb est double. Il souhaite empêcher les Israéliens de renforcer Jérusalem et de l'approvisionner et il veut faire diversion pour tenir les forces de la [[Haganah]] loin de la ville, assurant aux Arabes le contrôle de Jérusalem-Est<ref>[[#morris_2002|Benny Morris (2002)]], p.169.</ref>. Il faut plusieurs jours à l'état-major israélien pour se rendre compte de la position réelle des forces jordaniennes autour de Latroun et Jérusalem car celles-ci, particulièrement redoutées, ont été annoncées présentes à plusieurs endroits du pays<ref name = "gelber 138-145"/>. === Opération Ben Nun (24-25 mai) === [[Image:Ygal Yadin - Lt Gel 1949-1952.jpg|right|thumb|Lt-Gen [[Yigaël Yadin]], Chef des Opérations de Tsahal durant la [[guerre israélo-arabe de 1948-1949|Première Guerre israélo-arabe]].]] A [[Jérusalem]], après des offensives réussies qui permettent aux forces juives de prendre le contrôle des bâtiments et des places-fortes abandonnées par les Britanniques<ref>Voir [[Guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire#Opération Kilshon (13 mai - 18 mai)|Opération Kilshon]]</ref>, [[John Bagot Glubb|Glubb Pacha]] envoie le 3{{e}} régiment de la Légion renforcer les irréguliers arabes et combattre les forces juives. De violents combats les opposent et les positions juives dans la [[Vieille Ville de Jérusalem]] sont menacées (celle-ci tombera d'ailleurs le 28 mai)<ref name = "morris victimes fr 247-255"/>. L'étau se resserre autour de la ville : les [[22 mai|22]] et [[23 mai]], la seconde brigade égyptienne, composée de plusieurs bataillons d'irréguliers et de plusieurs unités de l'armée régulière, atteint les faubourgs sud de [[Jérusalem]] et participe à l'attaque de [[Ramat Rachel]]<ref name = "morris victimes fr 247-255"/>. Glubb sait toutefois que l'armée israélienne sera un moment où l'autre plus forte que la sienne et qu'il faut empêcher le renforcement des brigades ''Harel'' et ''Etzioni'' pour sécuriser Jérusalem-Est. Il redéploie ses forces le 23 mai pour renforcer le blocus<ref name = "morris_1948_latroun">[[#morris_1948|Benny Morris (2008)]], Description de l'opération Ben Nun, pp.221-224.</ref>. L'armée irakienne, maintenant secondée de blindés, relève les éléments de la Légion dans le nord de la Samarie et ces derniers sont déployés vers le secteur de Jérusalem. Le 2{{e}} régiment de la Légion fait mouvement vers Latroun<ref name = "morris victimes fr 247-255"/>. C'est donc une brigade jordanienne entière qui se positionne dans ce secteur. Dans le camp israélien, plusieurs dirigeants de la ville juive envoient des télégrammes alarmistes à [[David Ben Gourion]] où ils décrivent la situation comme étant désespérée et où ils estiment ne pouvoir tenir que 2 semaines<ref name = "shapira91_96">[[#Shapira|Anita Shapira (2005)]], ''Latroun : la mémoire de la bataille'', Chap.III.1 l'événement, pp.91-96.</ref>. Craignant que sans approvisionnement et sans renforts, la ville ne finisse par totalement tomber, Ben Gourion donne l'ordre de prendre la position de Latroun. La décision semble stratégiquement nécessaire mais politiquement délicate, car Latroun se trouve suivant les termes du [[Plan de partage de la Palestine|Plan de partage]] dans la partie arabe et cette attaque est donc contraire aux [[Guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire#Rencontre entre Abdallah et Golda Meir (10 mai)|accords de non-agression]] conclus avec le [[Abdallah Ier de Jordanie|roi Abdallah]]<ref name = "morris victimes fr 247-255"/>. Cette décision voit également l'opposition très vive du chef de opérations, [[Yigaël Yadin]] qui estime qu'il y a bien d'autres priorités militaires à ce moment, notamment sur le front sud, où l'armée égyptienne risque de menacer [[Tel-Aviv]] si Yad Mordechaï tombe. Mais c'est [[David Ben Gourion]] qui fixe la politique militaire d'[[Israël]]<ref name = "L&C Latroun">[[#lapierre collins|Lapierre & Collins (1971)]], Événements relatifs à la première bataille de Latroun, pp.700-706; pp.720-723; pp.726-732; pp.740-741.</ref>. Ce différend va influencer l'historiographie de la bataille et sera débattu en Israël pendant de longues années (voir section [[#Historiographie et mémoire collective|Historiographie et mémoire collective]]). {{Article détaillé|Ordre de bataille de l'opération Ben Nun}} La tâche de mener l'opération ''Ben Nun'' (''fils de Nun'', en référence à la victoire de Josué, fils de Nun, contre les [[Cananéen]]s {{formatnum:3200}} ans plus tôt, au même endroit<ref name = "morris_1948_latroun"/>) est confiée à [[Shlomo Shamir]], un ancien officier de l'armée britannique. Il dispose de 450 hommes de la 3{{e}} brigade ''Alexandroni'' et de 1 650 hommes de la 7{{e}} brigade ''Sheva'', en cours de constitution<ref>Voir l'article détaillé : [[Ordre de bataille de l'opération Ben Nun]]</ref>. Parmi ces hommes se trouvent entre 140 à 145 immigrants qui viennent de débarquer en Israël<ref>Lapierre et Collins parlent de 450 nouveaux immigrants tout juste débarqués ([[#lapierre collins|Lapierre & Collins (1971)]], p.712) mais il s'agit probablement des effectifs de tout le bataillon. [[#isseroff|Ami Isseroff (2003)]] sur site www.mideastweb parle de 145 et [[#shapira|Anita Shapira (2005)]] pp. 94-95 parle de 65 à 70 immigrants pour la compagnie B.</ref>. Son armement lourd se limite à deux canons de montagne français de 1906 surnommés les « Napoleonchiks », un canon de 88 avec 15 obus, une « Davidka »<ref name = "L&C Latroun"/>, 10 mortiers de 3 pouces et 12 véhicules blindés<ref name = "morris_1948_latroun"/>. Trois cents soldats de la 10{{e}} brigade ''Harel'' auraient également participé au combat mais par hasard, se trouvant dans la région sans avoir été informés de l'assaut et l'apprenant suite à des transmissions radios<ref name = "isseroff">[[#isseroff|Ami Isseroff (2003)]], site www.mideastweb se référant à Yitzhak Levi, ''Nine measures'', p.266</ref>. Les forces jordaniennes sont sous les ordres du lieutenant-colonel Habes al-Majali<ref name = "L&C Latroun"/>. Il dispose du 4{{e}} régiment et de 600 volontaires jordaniens secondés par 600 volontaires locaux. Le 2{{e}} régiment de la brigade, commandée par le Major Geoffrey Lockett, vient de quitter Jérusalem et arrive à Latroun pendant la bataille.<ref name = "isseroff"/> La brigade totalise 2300 hommes secondés par 800 auxiliaires. Elle dispose de 35 véhicules blindés dont 17 de type [[:en:Marmon-Herrington Armoured Car|Marmong Herrington]] armés chacun d'un canon antichar de 40 mm. Au niveau artillerie, elle est appuyée par 8<ref name = "isseroff"/> [[:en:Ordnance QF 25 pounder|canons de 88 mm]], 8 [[:en:Ordnance QF 6 pounder|de 60 mm]], 10 [[Ordnance QF 2 pounder|de 40 mm]] ainsi que de 16 mortiers de 3 pouces<ref name = "morris_1948_latroun"/>. L'heure H est initialement fixée à minuit le 23 mai mais elle est est retardée de 24 heures parce qu'il n'a pas été possible de rassembler les effectifs et l'armement à temps. Aucune opération de reconnaissance n'a été effectuée, ce qui fait que les Israéliens ignorent la composition des forces ennemies<ref name = "L&C Latroun"/>. Les rapports de renseignements ne parlent que de « forces locales irrégulières »<ref name = "morris_1948_latroun"/>. Le 24 mai à 19h30, Shlomo Shamir est prévenu qu'une force ennemie de 120 véhicules, comprenant blindés et artillerie, se dirige probablement vers Latroun. Il faut donc attaquer le plus rapidement possible. L'heure H est avancée de deux heures, et fixée à 22h<ref name = "L&C Latroun"/>. L'attaque est prévue sur deux axes : [[Image:Opération Ben Nun Aleph.gif|thumb|400px|right|thumb|Plan de la première bataille de Latroun (Opération Ben Nun).]] * le bataillon de la brigade ''Alexandroni'' s'emparera du hameau de Latroun, du poste de police puis du village d'Imwas afin de bloquer tout nouveau renfort arabe, et également protéger le passage du convoi de ravitaillement; * le 72{{e}} bataillon contournera la position par le sud pour rejoindre la route de Jérusalem au niveau du défilé de Bab al-Oued; il traversera la route et gravira les crêtes pour prendre Deir Aiyoub, Yalou et Beit Nouba, et enfin s'embusquera sur place pour couvrir le passage du convoi. Il sera soutenu par trois automitrailleuses et deux half-tracks du 73{{e}} bataillon<ref name = "L&C Latroun"/>. Dans la nuit, un imprévu survient : une barricade sur la route que doit emprunter la brigade pour attaquer doit être démantelée. L'heure H est une fois de plus changée pour être fixée à minuit<ref name = "L&C Latroun"/>. En définitive, la colonne ne démarre qu'entre 2 et 5 heures du matin<ref name = "isseroff"/> et ne pourra bénéficier de l'obscurité pour l'attaque. Les assaillants sont rapidement repérés, privant les Israéliens de l'effet de surprise. À quatre heures du matin, la bataille s'engage. Les forces juives sont soumises à des tirs nourris. L'artillerie tente d'intervenir, mais tombe rapidement à court de munitions ou n'est pas à portée pour assurer un tir de contre-batterie<ref name = "morris_1948_latroun"/>{{,}}<ref name = "L&C Latroun"/>. Devant l'échec total de l'attaque, Shlomo Shamir ordonne la retraite à 11h30. Mais celle-ci s'effectue à découvert, sous un soleil de plomb et alors que les soldats n'ont pas d'eau. De nombreux hommes sont tués ou blessés sous les tirs arabes. Ce n'est qu'à 14h00 que les derniers blessés atteignent les autobus quittés le matin<ref name = "morris_1948_latroun"/>{{,}}<ref name = "L&C Latroun"/>. La Légion arabe n'exploite néanmoins pas cette victoire alors qu'elle pourrait facilement effectuer une contre-attaque jusqu'au quartier général israélien situé à Houlda<ref name = "morris_1948_latroun"/>. La Légion arabe et les irréguliers comptent 5 morts et 6 blessés. Les Israéliens dénombrent 72 morts (52 hommes du 32{{e}} bataillon et 20 du 72{{e}}), 6 prisonniers et 140 blessés<ref name = "morris_1948_latroun"/>. La « mémoire collective » israélienne a fait naître un mythe à ce sujet. [[Dominique Lapierre]] et [[Larry Collins]], dans « ''Ô Jérusalem'' », écrivent que ce nombre est certainement sous-évalué et que les victimes furent pour la plupart des immigrants tout justes arrivés en Israël. Au contraire, les tués côté israélien étaient majoritairement des [[sabra]]s installés de longue date dans le pays, le 32{{e}} bataillon étant une unité de Sabras<ref name = "morris victimes fr 247-255"/>. La « mémoire collective » jordanienne retient de la bataille une « grande victoire », une des rares de la guerre face aux Israéliens (voir la section [[#Historiographie et mémoire collective|Historiographie et mémoire collective]]). [[Ariel Sharon]], futur Premier Ministre d'Israël, mais alors lieutenant, commande une section du 32{{e}} bataillon<ref>[[#morris_1948|Benny Morris (2008]], p.222.</ref> et est gravement blessé à l'estomac au cours de la bataille<ref>[[Ariel Sharon]], ''Warrior. An Autobiography'', Simon & Schuster, p.57.</ref> === Opération Ben Nun Bet (30-31 mai) === [[Image:Davidmarcus.JPG|thumb|[[David Marcus]], premier général de l'armée israélienne.]] Fin du mois de mai, [[David Ben Gourion]] est convaincu que la Légion arabe compte occuper l'entièreté de Jérusalem. De plus, avec l'encerclement et les combats, la situation s'y détériore : la ville ne dispose plus de réserve de carburant, de pain, de sucre et de thé que pour 10 jours, et de l'eau pour 3 mois<ref name = "Tal">[[#tal|David Tal (2003)]], pp.225-231.</ref>. Pour Glubb, il s'agit toujours d'empêcher les Israéliens de renforcer la ville et d'en prendre le contrôle de sa partie arabe<ref>[[#morris_2002|Benny Morris (2002)]], p.169.</ref>. Le 29 mai, le [[Conseil de sécurité des Nations-Unies|Conseil de sécurité]] annonce sa volonté d'instaurer un cessez-le-feu de 4 semaines, ce qui gèlera les lignes de front et empêchera le ravitaillement de la ville<ref name = "morris_1948_latrounB">[[#morris_1948|Benny Morris (2008)]], Description de l'opération Ben Nun Bet, pp.224-229.</ref>. Militairement, la 10{{e}} brigade ''Harel'' est à bout de force et Ben Gourion lui détache un bataillon de la 6{{e}} brigade ''Etzioni''. Il estime impératif que la 7{{e}} brigade rejoigne les forces de Jérusalem ainsi qu'un contingent de 400 nouvelles recrues pour renforcer la 10{{e}} brigade d'autant que de plus en plus d'armement est arrivé en Israël par les airs ainsi que des chasseurs en pièces détachées maintenant prêts au combat<ref name = "Tal"/>. Le commandement de la 7{{e}} brigade de son côté désire également neutraliser les effets négatifs de la débâcle sur le moral des troupes et son prestige<ref name = "morris_1948_latrounB"/>. Le front central a été réorganisé et son commandement confié au colonel américain [[David Marcus]], nommé ''Alouf'' (général)<ref name = "L&C LatrounB"/>. Il prend la tête des 6{{e}} et 7{{e}} brigades, ''Etzioni'' et ''Sheva'', et de la 10{{e}} brigade ''Harel'' du [[Palmach]]. Le commandement de l'opération est à nouveau confié à Shlomo Shamir, qui dispose de la 7{{e}} brigade et du 52{{e}} bataillon de la brigade ''Guivati'' qui remplace le 32{{e}} décimé par la bataille précédente<ref name = "Tal"/>{{,}}<ref name = "morris_1948_latrounB"/>. Le 73{{e}} bataillon est une force blindée comprenant 13 half-tracks armés de lance-flammes et 22 auto-mitrailleuses de fabrication locale<ref name = "L&C LatrounB">[[#lapierre collins|Lapierre & Collins (1971)]], Événements relatifs à la seconde bataille de Latroun, pp.774-787.</ref>. Les Israéliens envoient de nombreuses patrouilles en reconnaissance<ref name = "L&C LatrounB"/>, mais ils n'ont toutefois pas d'idée claire sur les forces adverses. Ils s'attendent à affronter 600 hommes de la Légion et de l'[[Armée de libération arabe]], soit une force insuffisante pour tenir le front de 4 km du versant de Latroun<ref name = "Tal"/>. Les Transjordaniens disposent en fait toujours d'un brigade complète, et sont secondés par plusieurs centaines d'irréguliers. Tenant compte des erreurs de l'attaque précédente, cette nouvelle attaque est organisée avec une « précision d'horloger » et la zone d'où doivent s'élancer les forces a été « nettoyée » le 28 mai, notamment les deux hameaux de Beit Jiz et Beit Sousin d'où une contre-attaque avait été lancée par les miliciens arabes lors de la première bataille<ref name = "L&C LatrounB"/>{{,}}<ref name = "morris_1948_birmanie"/>. L'attaque est à nouveau prévue sur deux axes<ref name = "morris_1948_latrounB"/> : [[Image:Opération Ben Nun Bet.png|400px|right|thumb|Plan de la seconde bataille de Latroun (Opération Ben Nun Bet).]] * les 72{{e}} et 52{{e}} bataillons d'infanterie doivent procéder par surprise, à pied, à un long mouvement de contournement par le sud jusqu'à Beit Sousin pour ensuite prendre Bab al-Oued puis attaquer respectivement Deir Aiyub et Yalou pour ensuite obliquer vers le village de Latroun et l'attaquer par l'est; * les 71{{e}} bataillon d'infanterie et 73{{e}} bataillon mécanisé doivent prendre d'assaut le poste de police, le monastère et le village de Latroun pour le nord-ouest. Vers minuit, les hommes du 72{{e}} et 52 {{e}} passent en silence à Bab al-Oued puis se séparent vers leur objectif respectif. Une compagnie prend Deir Aiyub, qui est vide, mais est ensuite surprise tandis qu'elle escalade la colline avoisinante. Elle subit le tir conjoint de l'artillerie et des mitrailleuses de la Légion. 13 hommes sont tués et plusieurs sont blessés. La compagnie composée d'immigrants bat alors en retraite vers Bab al-Oued. Le 52{{e}} bataillon qui se prépare à ce moment à prendre la colline devant Yalou reçoit l'ordre de retraiter également<ref name = "morris_1948_latrounB"/>. Sur l'autre front, les forces se divisent en deux. Les fantassins du 71{{e}} prennent rapidement le monastère puis se battent pour la prise du village. De l'autre côté, l'artillerie israélienne a réussi à neutraliser les armes du fort. Les half-tracks franchissent la barrière de défense et les lance-flammes prennent les défenseurs au dépourvu. Toutefois, la lumière dégagée par l'incendie qu'ils provoquent détruit leur couverture nocturne et ils deviennent des cibles faciles pour les canons de 60 mm jordaniens déployés dans la zone. Ils sont rapidement neutralisés et détruits. Les sapeurs parviennent malgré tout à faire exploser la porte, mais dans la confusion ne sont pas suivis par les fantassins. Haim Laskov, chefs des opérations sur ce front, ordonne alors à la compagnie D du 71{{e}} bataillon restée en réserve d'intervenir, mais un des soldats fait accidentellement exploser une mine, provoquant la mort de 3 hommes et en blessant de nombreux autres. L'explosion attire un feu nourri de l'artillerie jordanienne, lequel provoque la panique du reste des hommes, qui s'enfuient vers l'ouest<ref name = "morris_1948_latrounB"/>. La bataille n'est pas encore perdue pour les Israéliens mais l'aube approchant, Laskov estime que ses hommes ne pourront pas tenir face à une contre-attaque de la Légion, et il préfère ordonner la retraite<ref name = "morris_1948_latrounB"/>. Le 73{{e}} bataillon a subi près de 50% de pertes et l'ensemble des forces engagées compte 44 morts et le double de blessés. Les pertes de la Légion ne sont pas connues mais le lieutenant commandant le fort est mort durant les combats<ref name = "morris_1948_latrounB"/>. Le 4{{e}} régiment se retrouve également à court de munitions<ref name = "morris victimes fr 247-255"/>. [[David Marcus]] attribuera la responsabilité de la défaite à l'infanterie, déclarant : « la couverture d'artillerie était correcte. Les blindés étaient bons. L'infanterie, très mauvaise ». Benny Morris estime quant à lui que l'erreur fut plutôt de disperser les forces sur plusieurs objectifs au lieu de concentrer toute la brigade sur l'objectif principal : le fort<ref name = "morris_1948_latrounB"/>. === Route de Birmanie === [[Image:Route de Birmanie.png|400px|right|thumb|Tracé de la route de Birmanie.]] Le 28 mai, suite à la prise de contrôle de Beit Sousin, les Israéliens contrôlent un étroit corridor entre la côte et Jérusalem. Toutefois, ce couloir n'est parcouru par aucune route dans la zone sud de Bad al-Oued (Sha’ar HaGai en hébreu)<ref name = "morris_1948_birmanie"/>. Une patrouille d'hommes du [[Palmach]] se déplaçant à pied découvre des pistes qui relient entre eux plusieurs villages abandonnés dans les collines au sud de la route contrôlée par la Légion arabe<ref name = "morris victimes fr 247-255"/>. Dans la nuit du 29 au 30 mai, des jeeps envoyées dans les collines confirment qu'il y existe un chemin carrossable.<ref name = "morris_1948_birmanie">[[#morris_1948|Benny Morris (2008)]], Informations relatives à la route de Birmanie, pp.230-231.</ref>. La décision est alors prise d'aménager une route dans la zone. On lui donne le nom de « route de Birmanie », en référence à la route de ravitaillement entre la [[Birmanie]] et la [[République populaire de Chine|Chine]] construite par les Britanniques durant la [[Seconde Guerre mondiale]]<ref name = "morris victimes fr 247-255"/>. Les ingénieurs se mettent immédiatement à l'ouvrage pour aménager la route tandis que des convois de jeeps, de mules et de chameaux<ref name = "morris victimes fr 247-255"/> sont organisés depuis Houlda pour transporter des mortiers et des canons de 65 mm à Jérusalem. Sans en connaître les objectifs, les Jordaniens réalisent que des travaux sont en cours dans les collines. En réponse, ils effectuent des tirs d'artillerie et envoient des patrouilles pour perturber les travaux, mais sans succès<ref name = "morris_1948_birmanie"/>. Toutefois, c'est de nourriture dont les habitants de la Jérusalem juive ont avant tout besoin. A partir du 5 juin, les ingénieurs israéliens commencent à aménager la route de manière à ce qu'elle permette le passage des camions de transports civils nécessaires au ravitaillement de la ville<ref name = "morris_1948_birmanie"/>. Cent cinquante ouvriers, travaillant en 4 équipes, se relaient également pour installer un pipeline destiné à ravitailler en eau la ville juive, car l'autre pipeline, passant par Latroun, a été coupé par les Jordaniens<ref name = "morris_1948_birmanie"/>{{,}}<ref name = L&C 827">[[#lapierre_collins|Dominique Lapierre et Larry Collins (1971)]], pp.827-828.</ref>. Dans ''Ô Jérusalem'', Dominique Lapierre et Larry Collins relatent une action héroïque, quand dans la nuit du 6 au 7 juin, devant le situation critique de Jérusalem et pour redonner espoir à la population, 300 habitants de [[Tel-Aviv]] sont réquisitionnés pour transporter à dos d'hommes, sur les quelques kilomètres non encore carrossables, de quoi ravitailler les habitants de Jérusalem pour un jour de plus<ref>[[#lapierre_collins|Dominique Lapierre et Larry Collins (1971)]], pp.806-809.</ref>. La première phase des travaux est achevée pour la trêve du 10 juin<ref name = "morris_1948_birmanie"/> et le 19 juin, un convoi de 140 camions, transportant chacun 3 tonnes de marchandise ainsi que de nombreuses armes et munitions atteint Jérusalem<ref name = L&C 827"/>. Le siège de la ville est définitivement levé<ref name = "morris victimes fr 247-255"/>. Cette réussite israélienne est ponctuée d'un incident qui a marqué les mémoires avec la mort accidentelle, la nuit du 10 au 11 juin, de [[David Marcus]], tué par une sentinelle israélienne<ref>[[Pierre Razoux]], ''Tsahal, nouvelle histoire de l’armée israélienne'', Perrin, 2006, p.78.</ref>. === Opération Yoram (8-9 juin) === [[Image:Yigal Allon.jpg|thumb|Lt-Gen [[Yigal Allon]], Chef des Opérations Yoram et [[Opération Dani|Dani]], notamment.]] Entre le 30 mai et le 8 juin, la situation entre les armées israélienne et arabes a peu évolué marquant plutôt un [[statu quo]] sur le terrain. Elles se sont livrées à des combats violents et ont subi de lourdes pertes et épuisées, elles accueillent favorablement le cessez-le-feu que les Nations-Unies ont réussi à imposer pour le 11 juin<ref>[[Howard Sachar]], ''A History of Israel. From the Rise of Zionism to our Time'', Knopf, 3ème édition, 2007, p.327.</ref>. C'est dans ce contexte que [[David Ben Gourion]] prend la décision de retirer du front de Galilée la 9{{e}} brigade ''Yiftah'', une unité d'élite sous les ordres de [[Yigal Allon]] pour lancer juste avant la trêve un troisième assaut contre Latroun<ref name = "gelber 138-145"/>. Ils disposeront d'un soutien d'artillerie constitué de 4 canons de 65 mm et de 4 mortiers de 120 mm<ref name = "morris_1948_yoram"/> faisant partie de l'armement lourd récemment livré à Israël. Cette fois, l'État-major opte pour une attaque concentrée menée par le sud au centre du dispositif de la Légion avec plusieurs attaques de diversion portées sur le nord du dispositif jordanien<ref name = "morris_1948_yoram">[[#morris_1948|Benny Morris (2008)]], Informations relatives à l'opération Yoram, pp.229-230.</ref> : * un bataillon de la brigade ''Harel'' devra prendre la colline 346 située entre les 4{{e}} et 2{{e}} régiments de la Légion; * un bataillon de la brigade ''Yiftah'' longera ensuite la colline 346 pour prendre la colline 315 par l'est et de là attaquer Latroun et le poste de police. * un bataillon de la brigade ''Yiftah'' effectuera des attaques de diversions sur Salbit, Imwas et Beit Nouba. [[Image:Opération Yoram.png|400px|right|thumb|Plan de la troisième bataille de Latroun (Opération Yoram).]] L'opération israélienne débute par un barrage d'artillerie sur le fort, le village de Latroun et les positions environnantes. Les collines 315 et 346, chacune occupée par une compagnie de la Légion, ne sont pas visées pour ne pas alerter les Jordaniens<ref name = "morris_1948_yoram"/>. Les hommes de la ''Harel'' progressent alors à pied en partant de Bab al-Oued mais se trompent de chemin et attaquent la colline 315. Repérés par les sentinelles, ils sont pris pour cible, se lancent à l'assaut et engagent un combat au corps-à-corps. Les légionnaires sont délogés mais contre-attaquent avec violence, allant jusqu'à demander des tirs d'artillerie sur leur propre position. Les Israéliens comptent de lourdes pertes<ref name = "morris_1948_yoram"/>. Quand les hommes de la ''Yiftah'' arrivent au pied de la colline 346, ils subissent des tirs d'armes à feu, des lancer de grenade puis des tir d'artillerie. Pensant être pris pour cible par les hommes de la ''Harel'', ils demandent par radio au Quartier-général de faire stopper le feu, ce que ce dernier refuse, ne croyant pas que ce qui est relaté se produit vraiment. Ils restent alors sur place<ref name = "morris_1948_yoram"/>. La confusion chez les Jordaniens est tout aussi grande que chez les Israéliens, avec la chute de la colline 315 et les attaques de diversion qui bien que faisant peu de victimes sèment beaucoup de troubles<ref name = "morris_1948_yoram"/>. Le matin approchant et étant incapable d'évaluer la situation, le Quartier-général israélien donne à 5h30 l'ordre aux soldats de retraiter sur Bad al-Oued<ref name = "morris_1948_yoram"/>. Les pertes sont importantes. Le bataillon de 400 hommes de la ''Harel'' décompte 16 morts et 79 blessés et celui de la ''Yiftah'', une poignée de morts et de blessés. La Légion décompte de son côté plusieurs douzaines de victimes<ref name = "morris_1948_yoram"/>. Le lendemain, une force de la taille d'un bataillon, composée de légionnaires et d'irréguliers et appuyés par une douzaine de véhicules blindés, effectue une contre-attaque sur le kibboutz de Gecher d'où sont parties les attaques de diversion. Celui-ci est défendu par 68 soldats de la [[Haganah]] (dont 13 femmes). Après une bataille de quatre heures, le kibboutz est pris. Une douzaine de défenseurs parviennent à s'enfuir ; la plupart des autres se rendent et un ou deux sont exécutés. Les légionnaires protègent les prisonniers des irréguliers et le lendemain libèrent les femmes. Le bilan est de 39 morts côté israélien et de 2 morts chez les légionnaires. Le kibboutz est également pillé par les irréguliers. Les légionnaires évacuent la zone après les combats et le soir, des hommes de la ''Yiftah'' reprennent le kibboutz aux irréguliers<ref name = "morris_1948_yoram"/>. === Premier assaut mené dans le cadre de l'opération Dani (15-16 juillet) === {{article connexe|Guerre israélo-arabe de 1948-1949#Première trêve (11 juin 1948-8 juillet 1948)}} [[Image:Assauts contre Latroun de juillet 1948.png|400px|thumb|Plan des assauts menés contre la position de Latroun dans le cadre de l'[[opération Dani]].]] Après le mois de trêve qui a permis à [[Tsahal]] de reprendre des forces et de s'équiper, le point faible du dispositif israélien reste le front central et l'étroit couloir qui relie Jérusalem à la plaine côtière. L'État-major décide de lancer l'[[Opération Larlar]] dont l'objectif est de prendre [[Lydda]], [[Ramle]], Latroun et [[Ramallah]] et ainsi de complètement désenclaver la Jérusalem juive<ref name = "morris_1948_286">[[#morris_1948|Benny Morris (2008)]], p.286.</ref>. Pour remplir cet objectif, [[Yigal Allon]] se voit confier les brigades ''Harel'' et ''Yiftah'' (maintenant totalisant 5 bataillons), la 8{{e}} brigade blindée (nouvellement constituée des 82{{e}} et 89{{e}} bataillons), plusieurs bataillons d'infanterie des brigades ''Kiryati'' et ''Alexandroni'' et 30 pièces d'artillerie<ref name = "morris_1948_286"/>. Dans une première phase, entre les 9 et 13 juillet, les Israéliens prennent Lydda et Ramle au cours de l'[[opération Dani]] mais les forces sont épuisées et l'État-major renonce à la percée jusqu'à [[Ramallah]]<ref name = "morris_1948_293"/>. La nuit du 15 au 16 juillet, plusieurs compagnies de la brigade ''Harel'' mènent un assaut contre Latroun par l'est, aux alentours de la « crête d'artillerie » et des villages de Yalou et Beit Nouba mais ils sont repoussés<ref name = "morris_1948_293">[[#morris_1948|Benny Morris (2008)]], p.293.</ref>{{,}}<ref>[http://www.palmach.org.il/show_item.asp?levelId=42858&itemId=9084&itemType=0 récit de l'assaut contre Beit Nouba] rapporté sur le site internet du Palmach (consulté le 2 mai 2008).</ref>{{,}}<ref>[http://www.palmach.org.il/show_item.asp?levelId=42858&itemId=9083&itemType=0 récit de l'assaut contre la « crête d'artillerie »] rapporté sur le site internet du Palmach (consulté le 2 mai 2008).</ref>. === Second assaut mené dans le cadre de l'opération Dani (18 juillet) === Le 18 juillet, quelques heures avant le début du cessez-le-feu, 2 tanks Cromwell pilotés par des déserteurs britanniques, et secondés par un bataillon de la brigade ''Yiftah'' avec un soutien d'artillerie<ref>[http://www.palmach.org.il/show_item.asp?levelId=42858&itemId=9085&itemType=0 récit de l'assaut du 18 juillet] rapporté sur le site internet du Palmah (consulté le 2 mai 2008).</ref>, tentent un assaut frontal sur le poste de police mais abandonnent après qu'un des chars ait été touché (ou bien ait subi une avarie mécanique)<ref name = "morris_1948_293"/>. === L'assaut final ? === {{article connexe|Guerre israélo-arabe de 1948-1949#Seconde trêve (18 juillet 1948-15 octobre 1948)}} Durant la seconde trêve qui suit la « campagne des 10 jours », les Israéliens ont acquis la supériorité militaire totale sur leurs adversaires et le Cabinet étudie où et quand frapper. Les choix peuvent se diriger vers l'enclave arabe en Galilée, tenue par les forces de l'[[Armée de libération arabe]] ; vers la Samarie et la Judée, tenue par les Irakiens et les Jordaniens ; ou enfin le Sud Neguev tenu par les Égyptiens<ref name = "morris_1948_315">[[#morris_1948|Benny Morris (2008)]], pp.315-319</ref>. Chaque option présente ses avantages et inconvénients<ref name = "morris_1948_315"/>. Toutefois, le 24 septembre, une attaque effectuée par des irréguliers palestiniens dans le secteur de Latroun et au cours de laquelle 23 soldats israéliens trouvent la mort précipite les débats. Le 26 septembre, [[David Ben Gourion]] défend devant son Cabinet le point de vue de re-attaquer Latroun et de conquérir la Cisjordanie<ref name = "morris_1948_315"/>. Après discussions, la motion est rejetée par 7 voix contre 5. Selon [[Benny Morris]], les arguments qui ont pesé dans la balance sont les répercussions internationales négatives pour Israël du récent assassinat du [[Folke Bernadotte|Comte Bernadotte]] ; les craintes des conséquences de l'attaque sur un accord avec Abdallah ; les craintes que la défaite de la [[Légion arabe]] ne provoque l'intervention militaire britannique par l'activation de l'accord de défense mutuel entre la Jordanie et la Grande-Bretagne ; et enfin les conséquences démographiques de l'incorporation de plusieurs centaines de milliers de citoyens arabes supplémentaires à Israël<ref name = "morris_1948_315"/>. [[Ben Gourion]] qualifie la décision du Cabinet de ''bechiya ledorot'' (« cause de lamentation pour des générations ») en considérant qu'Israël renonce peut-être à jamais à la [[Vieille Ville de Jérusalem]] et à la [[Judée]] et la [[Samarie]]<ref name = "morris_1948_315"/>. === Conséquences === [[Image:Zone de Latroun après Dani.png|400px|right|thumb|Situation dans la zone de Latroun après l'[[opération Dani]].]] Au niveau opérationnel, l'ensemble des assauts sur Latroun se solde par des défaites israéliennes et des victoires jordaniennes : bien que parfois mis à mal, les Jordaniens repoussent tous les assauts et conservent le contrôle de la route reliant la plaine côtière à Jérusalem tandis que les Israéliens déplorent 168 morts et de très nombreux blessés et les Jordaniens de « faibles<ref>Les pertes jordaniennes ne sont pas connues.</ref> pertes ». Au niveau stratégique, le résultat est mitigé : * la « [[route de Birmanie]] » permet aux Israéliens de contourner Latroun et d'assurer le ravitaillement des {{formatnum:100000}} habitants juifs de Jérusalem-ouest en vivres, armes et munitions et ainsi d'éviter sa chute ; * si le contrôle de Jérusalem-ouest par les Israéliens mobilise une partie des armées arabes loin de la plaine côtière, le contrôle de Latroun par les Jordaniens, à 15 km de [[Tel-Aviv]], reste une menace qui mobilise une partie importante des forces israéliennes<ref>[[#morris_2002|Benny Morris (2002)]], p.169.</ref> ; * Latroun est un point-pivot du dispositif de la Légion : [[Glubb Pacha]] y a massé un tiers de ses troupes ; sa chute aurait certainement conduit à la chute de la Jérusalem arabe et la prise de l'ensemble de la Cisjordanie par les Israéliens<ref>[[#morris_2002|Benny Morris (2002)]], p.241.</ref>. Lors des [[Accords d'armistice israélo-arabes de 1949|discussions d'armistice israélo-jordanienne]] à Rhodes, les Israéliens demandent mais sans l'obtenir, le retrait de la Légion de Latroun<ref>[[#gelber|Yoav Gelber (2006)]], p.250.</ref>. La position restera sous contrôle jordanien jusqu'à la [[Guerre des six jours]]. == Historiographie et mémoire collective israéliennes == Il existe une distance, parfois très grande, entre les « faits établis par la recherche historique » et l'image que la « mémoire collective » en conserve. C'est le cas pour la bataille de Latroun qui est devenue un « [[mythe fondateur]] » en [[Israël]]<ref>[[#shapira|Anita Shapira (2005)]], p.91.</ref>. === La clairvoyance stratégique du commandant en chef === [[Image:BGsculptureS.jpg|250px|thumb|buste de [[David Ben Gourion]] à l'aéroport de [[Tel-Aviv]].]] La première version de la bataille de Latroun est forgée par [[David Ben Gourion]] et son entourage. Au début, le pouvoir reste silencieux sur la bataille. Toutefois, le 27 mai, le quotidien israélien ''Maariv'' rapporte avec scepticisme les compte-rendus arabes qui parlent d'une grande victoire de la Légion avec 800 morts israéliens. En réaction, la presse israélienne marque son scepticisme et souligne que le but de l'opération n'était pas de prendre Latroun mais de frapper la Légion et le 1{{er}} juin, elle publie les chiffres de 250 morts côté arabe et 10 morts, 20 blessés et 20 blessés légers côté israélien<ref name = "shapira_97-102">[[#shapira|Anita Shapira (2005)]], pp.97-102.</ref>. À partir du 14 juin, l'accent dans la presse est mis sur l'« ouverture de la route de Birmanie » et dans le contexte d'une lutte entre l'État-Major et [[David Ben Gourion]], ce dernier parle « d'une grande victoire » tandis que [[Yigaël Yadin]] parle lui d'une « défaite effroyable »<ref name = "shapira_97-102"/>. La « version officielle » entre dans l'historiographie en 1955 du fait du Lieutenant-colonel Israël Ber, pourtant adjoint et soutien de Yadin à l'époque des faits, qui publie ''« Les batailles de Latroun »''. Cette étude, considérée par [[Anita Shapira]] comme « la plus intelligente qui ait été écrite sur le sujet » place les batailles dans leurs plans militaire et politique. Elle conclut qu'au vu de l'importance tant morale que stratégique de Jérusalem, « les trois défaites tactiques survenues à Latroun (...) assurèrent l'approvisionnement de [la ville] et constituèrent une manoeuvre de diversion face à la Légion arabe (...) [et] découlent de la clairvoyance stratégique du commandant en chef, capable d'identifier les éléments clés et de subordonner à sa vision générale les considérations tactiques, nécessairement limitées, du commandement militaire<ref name = "shapira_97-102"/>. » Ber fait porter la responsabilité principale des défaites tactiques sur des défauts des services de renseignement et l'absence de commandement séparé sur les différents fronts. Il souligne également la présence d'immigrants mal entraînés, sans toutefois les blâmer, d'un équipement défectueux, et la difficulté pour une nouvelle armée de réussir une première opération visant à la capture d'une zone de défense organisée à l'avance. Il fournit les premières estimations des pertes de 50 morts dans le 32{{e}} bataillon de la brigade ''Alexandroni'' et de 25 morts dans le 72{{e}} bataillon de la 7{{e}} brigade (constituée partiellement d'immigrants)<ref name = "shapira_97-102"/>. Enfin, Ber fonde le [[mythe fondateur|mythe]] et dépeint les événements de Latroun comme « une épopée héroïque, de celles qui se produisent à la naissance d'une nation ou lors de la percée historique de mouvements de libération nationale »<ref name = "shapira_97-102"/>. === La négligence criminelle === {{Aphorisme|The Israelis made five separate attempts to capture the position, but all failed. In one attack 400 new immigrants soldiers serving in the 7th Brigade were killed, without ever knowing their country. In all, more than 700 men died before Latroun.|John Laffin, The Israeli Army in the Middle East Wars 1948-73, Osprey Publishing, 1982, p.8.| 3=style="float:right;width:400px;margin:1em;padding:1em;border:solid 1px #99B3FF;<!-- -->background-color:#F0FBFF;-moz-border-radius: 0.6em" }} Bien qu'il existe plusieurs événements de la [[guerre israélo-arabe de 1948-1949|guerre de 1948]] qui ont été plus sanglants pour les Israéliens (comme le [[massacre de Kfar Etzion]] avec près de 150 morts ou celui du convoi du Mont Scopus avec 78 morts), la Bataille de Latroun est certainement l'événement de la guerre qui a provoqué le plus de « rumeurs, de récits et de controverses » en Israël<ref name = "shapira_103-112">[[#shapira|Anita Shapira (2005)]], pp.103-112.</ref>. Une première explication est que Latroun a continué à verrouiller la route de Jérusalem jusqu'à la [[Guerre des six jours]], contraignant les Israéliens à contourner le contrefort pour atteindre la ville, marquant ainsi chaque jour les consciences. Selon Anita Shapira, la raison principale qui fait néanmoins que l'événement ait gravé la mémoire collective et l'historiographie est qu'il s'est retrouvé le sujet d'une « lutte entre deux élites dirigeantes » : celle constitué par [[David Ben Gourion]] et les vétérans de l'armée britannique d'un côté et celle constituée par ceux du [[Palmach]] et de la [[Haganah]] de l'autre<ref name = "shapira_103-112"/>. Dans cette lutte d'influence qui dure jusque dans les années 70 et dans les controverses qui alimentent régulièrement la presse jusqu'au milieu des années 80, la thèse de la « nécessité stratégique » s'oppose à celle de la « négligence criminelle » avec en toile de fond, la participation des nouveaux immigrants à la bataille, forgeant ainsi un nouveau [[mythe fondateur|mythe]]<ref name = "shapira_103-112"/>. D'un côté, les opposants à David Ben Gourion attaquent son « autorité morale ». On parle de l'« enfer de Latroun » où les immigrants, « vulgaire chair à canon » sont morts de soif faute de disposer de gourdes. Puis le nombre de victimes et la proportion d'immigrants parmi celles-ci enflent. Les chiffres passent de « plusieurs centaines de morts » à « entre 500 et 700 morts » puis à « entre 1000 et 2000 morts ». La proportion d'immigrants parmi les victimes va jusqu'à 75%. On accuse même Ben Gourion d'avoir voulu l'échec de l'opération de manière à « créer le mythe de l'invincible [[Légion arabe]] et ainsi justifier la cession (l'abandon) de la cité de David à Abdallah »<ref name = "shapira_103-112"/> ([[Anita Shapira]] voit par ailleurs ici une prémisse à la thèse d'[[Avi Shlaïm ]] portant sur une « collusion » entre Ben Gourion et Abdallah et qu'elle décrit également comme un mythe<ref name = "shapira_103-112"/>{{,}}<ref>Voir [[Avi Shlaim]], ''Collusion Across the Jordan''.</ref>.) De l'autre côté, Les partisans de David Ben Gourion mettent tantôt en avant le « sacrifice héroïque » des immigrants, tantôt font porter la responsabilité de l'échec sur leur faible entraînement<ref name = "shapira_103-112"/>. Plusieurs ouvrages traitant de la Guerre de 1948 sont publiés à l'époque, reprenant l'une ou l'autre vision tels que : John et David Kimche, ''Des deux côtés de la colline'' (le plus fiable) ; [[Dominique Lapierre]] et [[Larry Collins]], ''Ô Jérusalem'' (le plus connu internationalement) et Dan Kurzman, ''Genèse, 1948'' (le seul qui suscite réaction dans la presse israélienne)<ref name = "shapira_103-112"/>. Avec cette polémique en toile de fond, les recherches et l'historiographie sur Latroun sont monopolisées dans les années 80 par l'ouvrage d'Arié Itzhaki, ''Latroun'' (en 2 volumes). Il rétablit le nombre exact de victimes mais, au contraire d'Israël Ber (entretemps reconnu comme espionnant pour le compte de l'Union soviétique<ref>[[#shapira|Anita Shapira (2005)]], p.108.</ref>), il dépeint la bataille comme « le plus grave échec de toute l'histoire de [[Tsahal]] » dont il fait porter la responsabilité stratégique sur David Ben Gourion, pris de panique par la situation de Jérusalem et la responsabilité tactique sur les erreurs du haut commandement de la brigade et non sur les immigrants qui ont subi (de son point de vue<ref>[[#shapira|Anita Shapira (2005)]] souligne qu'Itzhaki pense, à tort, que les immigrants avaient reçu un entraînement préalable à Chypre</ref>) un entraînement suffisant<ref name = "shapira_103-112"/>. === Khirbet Kourikour === Une bataille menée en parallèle est complètement occultée de la mémoire collective. Le 18 juillet, une compagnie du 1{{er}} bataillon de la brigade ''Yiftah'' reçoit l'ordre de capturer Khirbet Kourikour<ref>En anglais, la translittération est « kur(e)ikur » ou « qur(e)iqur ».</ref>, un avant-poste dominant la seule route d'accès à Latroun pour la Légion et situé à quelques kilomètres au nord du saillant. Bien que meilleurs que lors des opérations précédentes, les services de renseignement n'ont pas informé l'officier responsable de l'opération que juste à côté se trouve un autre avant-poste, occupé par une compagnie renforcée de la Légion. Celle-ci observe les opérations tout en faisant appel à des renforts notamment de véhicules blindés. Quand elle lance la contre-attaque, les Israéliens sont pris sous un feu croisé et dans un mouvement d'encerclement. Aucune force n'étant disponible pour les renforcer, ils doivent retraiter sans couverture et en plein jour. 45 soldats israéliens, pour la plupart âgés entre seize et dix-sept ans, perdent la vie<ref name = "kourikour">[[#shapira2|Anita Shapira (2007)]], p.234.</ref>. Alors que cette bataille fut une des plus sanglantes, [[Anita Shapira]] souligne qu'elle n'a pas marqué la mémoire collective israélienne. « [Si] le succès a des nombreuses paternités, (...) l'échec reste un orphelin. (...) Les morts de Kourikour n'entrèrent jamais dans le panthéon de la mémoire nationale israélienne. (...) [Alors qu'on polémiqua sur de nombreux détails], la perte de 45 soldats (...) aurait dû poser questionnement. Mais ils moururent d'un côté de l'arêne qui s'avéra sans importance vu qu'il ne devait pas décider du sort de la campagne<ref name = "kourikour"/>. » === Le drame de l'aliénation === [[Image:Haifa refugee.jpg|250px|right|thumb|Yisrael Meir Lau (8 ans) dans les bras d'Elazar Schiff, survivant de [[Buchenwald]] lors de leur arrivée à [[Haïfa]] le 15 juillet 1945.]] Les premières années après sa fondation, [[Israël]] connaît un problème social d'intégration des nouveaux immigrants arrivés après la [[Guerre de Palestine de 1948|Guerre d'indépendance]], qui ont au mieux vécu le traumatisme d'un déracinement pour les réfugiés des pays arabes et souvent les [[camps de la mort]] et 6 années de guerre. Cette intégration est d'autant plus difficile que les [[Sabra]]s, nés en [[Palestine mandataire]] occupent l'essentiel des fonctions dirigeantes et qu'Israël met en avant l'image de son « sabra fort et courageux, héro sans peur, dédaignant la faiblesse et l'échec. » Le phénomène est encore accentué avec la victoire israélienne de la [[Guerre des six jours]]<ref name = "shapira_113-121">[[#shapira|Anita Shapira (2005)]], pp.113-121.</ref>. Toutefois, les incertitudes et les remises en cause de la [[Guerre du Kippour]] brisent cette image et font remonter à la surface le spectre de la [[Shoah]]. La mémoire collective évolue et cherche désormais à intégrer l'histoire des difficultés, des défaites, des souffrances et des sacrifices. En parallèle, une nouvelle élite apparaît avec les [[sépharade|juifs orientaux]] et la prise de pouvoir de [[Menahem Begin]] qui l'un et l'autre n'ont que très peu de liens avec le passé d'avant 1948<ref name = "shapira_113-121"/>. Dans ce contexte, le « mythe de Latroun » devient l'exutoire « des frustrations et de l'amertume des nouveaux immigrants » et un catalyseur de leur intégration dans une société où « le survivant de la Shoah dev[ient] l'un des nouveaux porteurs de la mémoire collective [en tant que] réfugié qui [a] immigré en Israël au prix de maintes difficultés, [a] été confronté à une réalité hostile et menaçante et y [a] acquis sa place par son sang [et] sa participation à la guerre<ref name = "shapira_113-121"/>. » Cette appropriation se fonde sur le noyau factuel de la participation d'immigrants à la bataille et le noyau mythique lié à l'imprécision sur le nombre de victimes, l'abandon des blessés sur le champ de bataille ainsi qu'aux rumeurs qui font de l'épisode de Latroun la bataille la plus dure et l'échec le plus important de la guerre<ref name = "shapira_113-121"/>. L'influence sur l'historiographie se fait ressentir principalement dans la presse et aux travers de débats où « les immigrants veulent simplement s'assurer que leur contribution à la bataille s'inscrit dans la mémoire collective sous un signe positif. » Elle n'apporte pas de nouveaux documents mais s'exprime aux travers de témoignages « tardifs » de participants aux événements. Elle ne remet pas en cause et ne participe pas aux polémiques des deux versions précédentes mais prétend à « un rôle autonome [donnés aux immigrants] » là où la documentation historique ne leur accorde qu'un rôle secondaire<ref name = "shapira_113-121"/>. » === Le mythe de la culpabilité === [[Image:Wobbelin Concentration Camp.jpg|right|250px|thumb|Survivants du [[Wöbbelin (camp d'extermination)|camp de Wöbbelin]] (1945).]] Dans les années quatre-vingt, en parallèle avec la montée de l'idéologie [[Post-sionisme|post-sioniste]], l'historiographie de la bataille de Latroun évolue vers une représentation de la « culpabilité » et vers un « acte d'accusation » contre un « État né dans le péché », « l'hypocrisie », « les faux-semblants » et « le sang des rescapés de la [[Shoah]] » qui « venus y chercher une nouvelle vie n'y ont trouvé que la mort »<ref name = "shapira_122-131">[[#shapira|Anita Shapira (2005)]], pp.122-131.</ref>. Cette version se traduit au travers de plusieurs poèmes dont le plus célèbre et le plus provocateur est composé par Gabi Daniel (pseudonyme de Benjamin Harushovsky-Harshav) et intitulé ''Pierre le Grand''<ref name = "shapira_122-131"/> : :''Pierre le Grand'' :''pava la capitale, Saint-Pétersbourg,'' :''dans les marais du nord'' :''sur les os des paysans.'' :''David Ben-Gourion'' :''pava'' :''la route vers la route de Birmanie, qui contourne'' :''la route vers la route de la capitale, Jérusalem,'' :''avec le os de jeunes gens rescapés de la Shoah.'' Dans ce poème, on trouve « les thèmes de la déshumanisation et de l'instrumentalisation des survivants de la Shoah », avec d'un côté David Ben Gourion et à-travers lui « le jeune hébreu innocent de la race supérieure » et de l'autre « des jeunes gens sans nom et sans visage, censés trouver le salut en Israël<ref name = "shapira_122-131"/>. » Anita Shapira voit dans ce nouveau mythe le besoin de rejeter l'identité avec le passé et de renoncer à la mémoire commune. Bien que dans l'Israël des années quatre-vingt, la critique des mythes fondateurs de l'État soit répandue, la réception de cette proposition d'abandon est mitigée et « [cette] version de Latroun destinée à faire exploser la mythe du rassemblement des exilés [reste] limitée à l'orbite d'un groupe radical à l'intérieur de la communauté intellectuelle [israélienne]<ref name = "shapira_122-131"/>. » === Commémoration === Après la [[Crise de Suez]] et la [[Guerre des six jours]], le corps des blindés devient l'arme la plus importante de [[Tsahal]]. Pour des raisons techniques (distance par rapport aux bases) et parce que des lieux plus mythiques sont maintenant accessibles, les officiers débatent pour transférer le lieu de prestation de serment des nouvelles recrues de [[Massada]] vers un endroit plus approprié. C'est Latroun qui est finalement choisi<ref>Nachman Ben-Yehuda, ''The Masada Myth: Collective Memory and Mythmaking in Israel'', University of Wisconsin Press, 1996, pp.159-160.</ref>. Dans les années quatre-vingt, un complexe de commémoration et un musée sont ainsi construits autour du fort de police<ref>[http://www.arcm-latrun.org.il/english/welcome.html Page d'accueil du site de Yad La'Shyrion.]</ref>. Le complexe abrite un mur recueillant le nom de tous les soldats tombés depuis la « Guerre d'Indépendance », un monument à la gloire des héros et un autre pour se recueillir (« pleurer »)<ref>[http://www.arcm-latrun.org.il/english/complex.htm Page du site de Yad La'Shyrion dédiée au complexe.]</ref>. Le musée accueille près de 200 tanks et véhicules blindés divers<ref>[http://www.arcm-latrun.org.il/english/museum.htm Page du site de Yad La'Shyrion dédiée au musée.]</ref>. <center> <gallery> Image:M3-Halftrack-latrun-2-2.jpg|Halftrack utilisé lors de l'opération Ben Nun Bet Image:Cromwell-latrun-2.jpg|Tank Cromwell utilisé lors de l'assaut du 16 juillet contre le fort de Latroun Image:Marmon-Herrington-MkIVF-latrun-2.jpg|Marmon Herrington MkIVF de la Légion arabe </gallery> </center> == Historiographie jordanienne == Selon l'historien Eugène Rogan, l'historiographie jordanienne de la [[guerre de Palestine de 1948|Guerre de 1948]] se base essentiellement sur les Mémoires d'officiers jordaniens qui ont pris part aux combats ou d'historiens « nationalistes ». Il estime ces travaux « non critiques » et « loyalistes » envers le régime et cite : ''Mes Mémoires'' d'[[Habes al-Majali]], commandant du 4{{ème}} régiment ; ''Les batailles de Bad al-Oued'' de Mahmoud al-Ghussan, un de ses officiers d'état-major ; ''Sur la route de Jérusalem'' de Ma'n Abu Nuwar, officier de la Légion arabe puis historien jordanien et ''Soldat avec les arabes'' de [[John Bagot Glubb]]<ref name = "rogan96">[[#rogan|Eugène Rogan (2001)]], p.96.</ref>. Cette version officielle est contestée par certains historiens palestiniens et par l'officier jordanien Abdullah Tell, dans ses « Mémoires » rédigés après sa défection, mais les critiques ne concernent pas les Batailles de Latroun<ref name = "rogan96"/>. L'historiographie jordanienne présente Latroun comme un grand succès de la [[Légion arabe]] dans la défense de Jérusalem où avec un contingent de {{formatnum:1200}} hommes, elle résiste à l'assaut de {{formatnum:6500}} soldats israéliens<ref>[http://www.jordanembassyus.org/arabLegion.htm The Arab Legion and the Defense of Jerusalem] sur le site de l'Ambassade de Jordanie aux États-Unis.</ref>{{,}}<ref>Le 18 juillet, le 2{{e}} régiment totalisant {{formatnum:1200}} hommes affronte l'attaque d'un bataillon de la brigade ''Yiftah''. Le chiffre de {{formatnum:6500}} correspond à l'ensemble des effectifs des brigades ''Yiftah'' et ''Harel'', présentes dans la zone.</ref>. Elle évalue également les pertes israéliennes entre 400<ref name = "majali"/> et 800 morts<ref>[[#morris_1948|Benny Morris (2008)]], p.439 se référant à Mahmoud al-Ghussan.</ref>. Glubb les évalue à 600 morts pour le premier assaut et à 600 autres pour les 2 assauts suivants<ref>[[#morris_2002|Benny Morris (2002)]], p.169, se référant à [[John Bagot Glubb]], ''Un soldat parmi les arabes'', p.132.</ref>. [[Habes al-Majali]] est également considéré comme « le seul commandant arabe à avoir administré une défaite aux Israéliens en 1948 et à avoir restauré un peu d'honneur aux arabes<ref>[http://www.salaam.co.uk/knowledge/biography/viewentry.php?id=660 Biographie d'Habel al-Majali] sur le site www.salaam.co.uk.</ref>. » Selon sa version des événements, il aurait même capturé et soigné [[Ariel Sharon]] au cours de la bataille et c'est le colonel Ashton (son supérieur britannique, commandant de la 3{{e}} brigade) qui lui aurait interdit de pilonner la route de Birmanie, ce qui aurait pu empêcher sa construction<ref name = "majali">Lawrence Joffe, ''[http://www.guardian.co.uk/news/2001/apr/27/guardianobituaries Habes al-Majali]'', [[The Guardian]], 27 avril 2001 (consulté le 12 juillet 2008).</ref>. Après la guerre, il devient garde du corps du roi [[Abdallah 1er de Jordanie]]. Il sera nommé chef d'état-major en 1957 et [[ministre de la défense]] en 1967<ref>[http://www.britannica.com/EBchecked/topic/761493/Habes-al-Majali Entrée d'Habes al-Majali] sur l'encyclopédie Britannica.</ref>. == Historiographie et mémoire collective palestiniennes == L'historiographie palestinienne ne diffère pas particulièrement de l'historiographie israélienne en ce qui concerne la bataille. Elle se base d'ailleurs sur cette dernière pour en relater les événements, sans en rappeler les caractères mythiques. Dans son ouvrage ''All That Remains: The Palestinian Villages Occupied and Depopulated by Israel in 1948'', [[Walid Khalidi]] identifie le premier assaut aux attaques menées par la brigade ''Guivati'' lors de l'[[Opération Maccabée]]. Il souligne également la résistance offerte par l'[[Armée de libération arabe]] et les irréguliers palestiniens, « inspirés par [[Abd al-Kader al-Husseini]] » (mort 1 mois auparavant)<ref>[[#khalidi|Récit de la bataille de Latroun sur le site www.jerusalemites.org]] basé sur [[#khalidi_1992|Walid Khalidi (1992)]].</ref>. Toutefois, l'historiographie et la mémoire collective palestinienne mettent principalement en avant l'[[exode palestinien de 1948|exode]] des populations, parfois accompagnés d'expulsions, de massacres ou de la destruction de leurs villages. Sur le contrefort de Latroun, on trouve<ref>[http://www.palestineremembered.com/al-RamlaTownsSnapshot.html Villages vidés de leur population ou détruits dans le district d'al-Ramla] lors de la guerre de 1948 sur le site palestineremembered.com (consulté le 17 juillet 2008).</ref>: * Abou Shousha, dont les 1000 habitants sont chassés par les hommes de la brigade ''Guivati'' lors de l'[[opération Maccabée]]<ref>[http://www.palestineremembered.com/al-Ramla/Abu-Shusha/index.html Article concernant Abu-Shusha] sur le site palestineremembered.com (consulté le 17 juillet 2008).</ref> * Beit Jiz, dont les 115 habitants sont chassés aux alentours du 30 mai<ref>[http://www.palestineremembered.com/al-Ramla/Bayt-Jiz/ Article concernant Bayt-Jiz] sur le site palestineremembered.com (consulté le 17 juillet 2008).</ref> * Beit Sousin, dont les 244 habitants sont chassés aux alentours du 30 mai<ref>[http://www.palestineremembered.com/al-Ramla/Bayt-Susin/index.html Article concernant Bayt-Susin] sur le site palestineremembered.com (consulté le 17 juillet 2008).</ref> * Deir Aiyoub, dont les 371 habitants sont chassés par les combats dès début mars ; le village changeant de mains à plusieurs reprises par la suit<ref>[http://www.palestineremembered.com/al-Ramla/Dayr-Ayyub/index.html Article concernant Dayr-Ayyub] sur le site palestineremembered.com (consulté le 17 juillet 2008).</ref> * Latroun, dont la majorité des 220 habitants fuient les combats pour se réfugier à Imwas<ref>[http://www.palestineremembered.com/al-Ramla/al-Latrun/index.html Article consacré à al-Latrun] sur le site palestineremembered.com (consulté le 17 juillet 2008).</ref>. Dans les villages qui jouent un rôle stratégique lors des combats autour de Latroun et dont les habitants fuient les combats ou sont expulsés, il faut rajouter Saydoun (244 habitants)<ref>[http://www.palestineremembered.com/al-Ramla/Saydun/index.html Article consacré à Saydun] sur le site palestineremembered.com (consulté le 17 juillet 2008).</ref> et Deir Mouheizin (232 habitants)<ref>[http://www.palestineremembered.com/al-Ramla/al-Mukhayzin/index.html Article consacré à al-Mukhayzin] sur le site palestineremembered.com (consulté le 17 juillet 2008).</ref>, conquis par les Israéliens dans le cadre de l'[[Opération Nahshon]] et celui de Beit Far (348 habitants)<ref>[http://www.palestineremembered.com/al-Ramla/Bayt-Far,-Khirbat/index.html Article consacré à Bayt-Far] sur le site palestineremembered.com (consulté le 17 juillet 2008).</ref>, conquis lors de l'Opération Nahshon ou Yoram. Le village de Beit Mahsir (2784 habitants) et le village de Saris (650 habitants) par où passe la [[route de Birmanie]] sont conquis respectivement durant les [[Opération Maccabée]] et [[Opération Nahshon|Nahshon]]. Durant la seconde phase de l'[[Opération Dani]], la brigade ''Harel'' élargit le couloir vers Jérusalem et conquiert les villages de Khirbet Ism Allah (23 habitants), Deir Rafat (499 habitants), Sar'a (394 habitants), Islin (302 habitants), Ishwa (709 habitants), Kasla (325 habitants) et Deir Amr (719 habitants)<ref name = "jerusalem_district">[http://www.palestineremembered.com/JerusalemTownsSnapshot.html Tableau regroupant les villages arabes dépeuplés ou détruits dans le district de Jérusalem] lors de la guerre de 1948 sur le site palestineremembered.com (consulté le 18 juillet 2008).</ref>. Tous les habitants ont fui ou ont été expulsés. == Annexes == === Documentation === {{plume}} : Source utilisée dans la rédaction de l’article. '''''Ouvrages sur la guerre de 1948 et les opérations militaires menées à Latroun''''' * {{en}} [[Ma'n Abu Nuwar|Abu Nowar, Ma'n]], ''The Jordanian-Israeli War 1948-1951: A History of the Hashemite Kingdom of Jordan'', Ithaca, 1999, {{ISBN|0863722865}}. * {{en}} <span id="gelber">[[Yoav Gelber|Gelber, Yoav]], ''Palestine 1948'', Sussex Academic Press, Brighton, 2006, {{ISBN|1845190750}}.{{plume}}</span> * {{en}} <span id="karsh">[[Efraïm Karsh|Karsh, Efraïm]], ''The Arab-Israeli Conflit - The Palestine War 1948'', Osprey Publishing, 2002, {{ISBN|1841763721}}.{{plume}}</span> * {{en}} <span id="khalidi_1992">[[Walid Khalidi|Khalidi, Walid]], ''All That Remains: The Palestinian Villages Occupied and Depopulated by Israel in 1948'', Institute For Palestine Studies, 1992.</span> * {{he}} Itzchaki, Ariè, ''Latroun. La bataille pour la route de Jérusalem'', Jérusalem, 1982. * {{fr}} <span id="lapierre_collins">[[Dominique Lapierre|Lapierre, Dominique]] et [[Larry Collins|Collins, Lapierre]], ''O Jérusalem'', Robert Laffont, 1971, {{ISBN|2266106988}}{{plume}}</span> * {{en}} <span id="morris_1948">[[Benny Morris|Morris, Benny]], ''1948'', Yale University Press, 2008, {{ISBN|0300126964}}.{{plume}}</span> :En particulier les pages 219-232 relatives aux 3 premiers assauts sur Latroun. * {{en}} <span id="tal">[[David Tal|Tal, David]], ''War and Palestine 1948. Strategy and Diplomacy.'', Frank Cass & Co, 2003, {{ISBN|071465275X}}.</span> '''''Biographies de protagonistes''''' * {{en}} <span id="morris_2002">[[Benny Morris|Morris, Benny]], ''The road to Jerusalem'', I.B. Tauris, 2002 {{ISBN|1860648126}}.{{plume}}</span> * {{en}} <span id="shapira2">[[Anita Shapira|Shapira, Anita]], ''Igal Allon, Native Son. A Biography'', University of Pennsylvania Press, 2007 {{ISBN|9780812240283}}.{{plume}}</span> * {{en}} [[Neil Silberman|Silberman, Neil]], ''A Prophet from Amongst You: The Life of Yigael Yadin, Soldier, Scholar, and Mythmaker of Modern Israel'', Addison Wesley, 1994. '''''Ouvrages sur le « mythe » de Latroun et son impact sur l'identité israélienne''''' * {{en}} <span id="abramson">[[Glenda Abramson|Abramson, Glenda]] (éditeur), ''Modern Jewish Mythologies'', Hebrew Union College Press, 1993, {{ISBN|0878202161}}.</span> :En particulier, l'article d'[[Anita Shapira]], ''Myth and Identity : the case of Latrun 1948'', pp.37-56 partiellement consultable sur [http://books.google.fr/books?id=zhc_wLqxxJ8C&pg=PA37&dq=myth+and+identity+case+latrun&sig=x8FTsy5Z7KYEcPUywjN1sVPtPTM google.books] * {{fr}} <span id="shapira">[[Anita Shapira|Shapira, Anita]], ''L'imaginaire d'Israël : histoire d'une culture politique'', Calmann-Lévy, 2005, {{ISBN|978-2702136331}}.{{plume}}</span> :En particulier, chap.III - Latroun 1948 : La mémoire de la bataille, pp.89-135. (Version française de l'article précédent.) '''''Article relatif à l'historiographie jordanienne''''' * {{en}} <span id = "rogan">Rogan, Eugène et [[Avi Shlaïm|Shlaïm, Avi]] (éditeurs), ''La guerre de Palestine 1948. Derrière le mythe'', chap.4, Eugène Rogan, ''La Jordanie et 1948 : persistance d'une histoire officielle'', 2001, Cambridge University Press, {{ISBN|2746702401}}.{{plume}}</span> '''''Documents officiels d'époque''''' * {{en}} [[Folke Bernadotte|Bernadotte, Folke]], ''[http://domino.un.org/unispal.nsf/9a798adbf322aff38525617b006d88d7/ab14d4aafc4e1bb985256204004f55fa!OpenDocument Progress Report of the United Nations Mediator On Palestine Submitted to the Secretary-General for Transmission to the Members of the United Nations]'', Rapport A/648, 16 septembre 1948. <span id="témoignages>'''''Témoignages'''''</span> * {{ar}} [[Ma'n Abu Nuwar|Abu Nuwar, Ma'n]], ''Fi sabil al-quds'' (''« Sur la route de Jérusalem »''), Amman, 1968. * {{ar}} al-Ghussan, Mahmoud, ''Ma'arik Bal al-Wad'' (''« Les batailles de Bad al-Oued »''), Amman, non daté (1950?<ref>Selon [[#rogan|Eugène Rogan (2001), p.96.</ref>). * {{fr}} [[John Bagot Glubb|Glubb, John Bagot]], ''Soldat avec les arabes'', [[Plon]], 1958. * {{ar}} [[Habes al-Majali|al-Majali, Habes]], ''Moudhakkirati'' (''« Mes Mémoires »''), Amman, 1960. * {{fr}} [[Yitzhak Rabin|Rabin, Yitzhak]] ''Mémoires'', Buchet/Chastel, 1980, {{ISBN|0-520-20766-1}}. * {{en}} [[Shlomo Shamir|Shamir, Shlomo]] ''The Battle for Jerusalem'', Posner, 2001, {{ISBN|9652190209}}. * {{en}} [[Ariel Sharon|Sharon, Ariel]], ''Warrior. An Autobiography'', Simon & Schuster, 1989, pp.47-61, {{ISBN|0671605550}}.{{plume}} '''''Filmographie''''' * {{en}} ''[[L'Ombre d'un géant]]'', produit et réalisé par [[Melville Shavelson]], 1966. * {{en}} [http://www.olinfilms.com/ijb/index.htm ''Is Jerusalem Burning ?''] documentaire sur le rôle mythique de Latrun dans l'identité israélienne. '''''Littérature''''' * {{en}} [[Ram Oren|Oren, Ram]], ''Latrun'', 2002, {{ISBN|965-7130-10-7}}. :Roman se déroulant dans le contexte des opérations Ben Nun et Ben Nun Bet. '''''Liens externes''''' * {{en}} <span id="isseroff">Isseroff, Ami, [http://www.mideastweb.org/latrun.htm ''The battles of Latrun''].{{plume}}</span> :L'auteur fait une présentation des batailles en se basant sur plusieurs sources notamment en hébreu. * {{en}} <span id="khalidi">''[http://www.jerusalemites.org/crimes/destroyed_villages/47.htm al-Latrun]'' : récit de la bataille de Latroun sur base de [[Walid Khalidi]], ''All That Remains: The Palestinian Villages Occupied and Depopulated by Israel in 1948'', Institute For Palestine Studies, 1992.{{plume}}</span> * {{en}} <span id="balagan">Thomas, Steven, [http://www.balagan.org.uk/war/ai/1948/index.htm ''1948-49 Independence and Catastrophe''].{{plume}}</span> :Site d'un amateur éclairé du conflit israélo-arabe se référant à plusieurs ouvrages d'historiens pour déterminer l'ordre de bataille des forces impliquées dans la Première Guerre israélo-arabe. * {{en}} Anonyme, [http://www.jordanembassyus.org/arabLegion.htm ''The Arab Legion and the Defense of Jerusalem''] sur le site de l'Ambassade de Jordanie aux États-Unis.{{plume}} * {{en}} [http://www.davidpride.com/Israeli_Armor/Armor_Main.htm Musée militaire de Latroun] * {{en}} [http://www.olinfilms.com/ijb/perspectives.html Perspectives historiques et témoignages de la bataille de Latroun], notamment par [[Benny Morris]], [[Ilan Pappé]] et [[Anita Shapira]] * {{en}} [http://www.jewishagency.org/JewishAgency/English/Aliyah/Publications/Kol+Oleh+Issues/Issue+03/Latrun.htm Latroun sur le site de l'Agence juive]. * {{en}} [http://www.palmach.org.il/show_item.asp?levelId=42858&itemId=8937&itemType=0 Batailles de Latroun sur le site officiel du Palmach].{{plume}} ===Articles connexes=== * [[Guerre israélo-arabe de 1948-1949]] * [[David Ben Gourion]] - [[Abdallah 1er de Jordanie]] * [[Yigaël Yadin]] - [[Yigal Allon]] - [[David Marcus]] - [[John Bagot Glubb]] - [[Habes al-Majali]] * [[Bataille de Latroun (1967)]] * [[Mythe fondateur]] === Notes et références === {{Références|colonnes = 2}} {{Portail|Conflit israélo-arabe|histoire militaire}} [[Catégorie:Bataille d'Israël|Latroun]] [[Catégorie:Bataille de Jordanie|Latroun]] [[Catégorie:Conflit israélo-arabe]] [[Catégorie:Bataille de 1948|Latroun]] [[de:Latrun]] [[en:Latrun]] [[he:לטרון]] [[id:Latrun]] [[ru:Латрун]]