Commission du Luxembourg 2004616 30400137 2008-06-07T13:28:37Z Hibou erudit 349530 Correction orthographique {{Ébauche|histoire}} Cette commission, siègeant au Palais du Luxembourg à Paris au printemps 1848, est chargée de réfléchir sur une nouvelle organisation du travail afin d'améliorer le sort des ouvriers. == Origine de la commission == Dès le lendemain de la [[Révolution française de 1848|Révolution de février 1848]], le [[gouvernement provisoire de 1848|gouvernement provisoire]] sous la pression populaire prend une série de mesures favorables aux salariés. Le 25 février, un décret rédigé par [[Louis Blanc]], membre du gouvernement, proclame que "le gouvernement s'engage à garantir l'existence de l'ouvrier par le travail; et qu'il s'engage à fournir du travail à tous les citoyens". Cependant rédigé dans la hâte, le décret ne prévoit pas de textes d'application. Aussi, le 28 février, les ouvriers parisiens manifestent place de l'Hôtel de Ville pour réclamer la création d'un ministère du travail, la journée de 10 heures, la fin du marchandage. Devant le refus de ses collègues pour créer un tel ministère doté de pouvoirs législatifs Louis Blanc menace de démissioner du gouvernement. [[François Arago]] propose alors un compromis, une ''commission du gouvernement pour les travailleurs'' est créée sous la présidence de Louis Blanc et la vice-présidence de l'"ouvrier [[Alexandre Martin|Albert]]". Elle devra réfléchir sur l'organisation du travail et l'amélioration du sort des travailleurs.[[Alphonse de Lamartine|Lamartine]], la personnalité majeure du gouvernement provisoire, avoue le but de cette commission : "Louis Blanc jeté hors du gouvernement eut été un bien plus dangereux élément de trouble que Louis Blanc dissertant au Luxembourg, contenu par sa solidarité avec le gouvernement et contenant ces masses dans un cercle fantastique dont il ne les laissait pas sortir" . Louis Blanc n'est pas dupe et pense " qu'il est appelé à faire un cours sur la faim devant un peuple affamé" . La commission s'installe dès le 1er mars dans le [[palais du Luxembourg]], là où siègeait la [[Chambre des Pairs]]. == Fonctionnement de la commission == Dans chaque professions salariés et patrons désignent des délégués. On y retrouve beaucoup d'ouvriers expérimentés passés par la formation du [[compagnonnage]] et les [[société de secours mutuels|sociétés de secours mutuels]]. Les femmes ouvrières sont représentées par 3 déléguées des brunisseuses sur cuivre, 3 polisseuses en or et une blanchisseuse. Des personnalités sont également membres de la Commission: des économistes libéraux comme [[Frédéric Le Play]] ou [[Wolowski]] professeur au Conservatoire des Arts et Métiers et député y siègent; des chefs de "courants" socialistes sont aussi présents tels [[Victor Considérant]], par contre [[Joseph Proudhon]] qui n'aime guère Louis Blanc refuse sa participation. Les résultats des travaux de la Commission sont publiés dans le journal officiel de l'époque, ''[[Le Moniteur universel|Le Moniteur]]'', le 27 avril, les 2, 3 et 6 mai 1848. Y sont proposés la création d'"Ateliers sociaux", sorte de coopératives ouvrières, celle de colonies agricoles. On demande aussi de transformer le système des assurances et le fonctionnement de la [[Banque de France]] (alors banque privée). Cependant les discussions vives découragent beaucoup d'ouvriers qui se persuadent que l'action (à la manière des [[Auguste Blanqui|blanquistes]]) est préférable à la discussion inopérante. == Mesures suggérées par la Commission et prises par le gouvernement == Dès le 2 mars, le [[gouvernement provisoire de 1848|gouvernement provisoire]] décrète la réduction de la durée de la journée de travail qui passe de 11 à 10 heures à Paris et de 12 à 11 heures en province. Le même jour le marchandage est aboli. Ce système consistait à ce qu'un sous-traitant, le marchanfeur, se charge de faire pour un patron un travail déterminé pour un prix donné. Ensuite, il embauche des ouvriers qui seront payés le moins cher possible. Ce système devrait être remplacé par des équipes d'une dizaine de membres au maximum, qui délégueraient à un des leurs le pouvoir d de négocier avec un entrepreneur (c'est ainsi que le prévoyait le journal ''[[L'Atelier]]'' dans son numéro de septembre 1840). Cependant les patrons opposèrent de la résistance et malgré l'intervention énergique de quelques commissaires du gouvernement, comme [[Émile Ollivier]] à Marseille ou [[Frédéric Deschamps]] à Rouen, il fallut annoncer par décret le 21 mars puis le 4 avril des menaces de sanctions. Ces décisions ne résisteront pas à la réaction qui se manifeste après les sanglantes [[journées de Juin]]. La Commission intervient également dans le règlement des conflits du travail, ainsi dans celui des paveurs de rue opposés à leurs patrons. Mais c'est dans la création de coopératives ouvrières que le succès, bien qu'éphémère, est le plus patent. On en crée plus de 300. Ainsi ''la Société fraternelle des tailleurs de Paris'', dans laquelle 2000 travailleurs installés dans l'ancienne prison pour dettes de Clichy, confectionnent des tuniques pour la [[Garde nationale (1831)|Garde nationale]]; les salaires et le partage des bénéfices sont égaux; un fonds de soutien vient en aide aux malades et aux orphelins. La Commission ne suvit pas à l'échec de la [[manifestation du 15 mai 1848|manifestation populaire du 15 mai]]. Dès le 16 mai 1848, elle est supprimée et son président [[Louis Blanc]] est mis en accusation par la majorité conservatrice de l'[[Assemblée nationale (1848)|Assemblée nationale]] élue le 23 avril. == Sources == * Georges Duveau, ''1848'', Gallimard, collection Idées * [[Louis Blanc]], ''Histoire de la révolution de 1848'' [[Catégorie:Deuxième République française]] [[Catégorie:Socialisme]]