Culture de la Tunisie
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2008-07-10T17:37:26Z
Moumou82
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/* Théâtre */ typographie
[[Image:Imgp8155.jpg|thumb|250px|Reconstitution d’un [[hammam]] traditionnel]]
La '''culture de la Tunisie''' forme une synthèse des différentes cultures punique, romaine, chrétienne, arabe, turque et française qu’elle a intégré à des degrés divers ainsi que l’influence des dynasties successives qui ont régné sur le pays. La [[Tunisie]] a en effet été un carrefour de [[civilisation]]s et sa culture, héritage de quelques {{formatnum:3000}} ans d’histoire, témoigne d’un pays qui, par sa [[Géographie de la Tunisie|position géographique]] en plein [[bassin méditerranéen]], a été au cœur du mouvement d’expansion des grandes civilisations du ''[[Mare Nostrum (romain)|Mare Nostrum]]'' et des principales [[religion]]s [[Monothéisme|monothéistes]].
L’[[histoire de la Tunisie]] révèle ce passé où les cultures méditerranéennes se sont succédé. Après l’époque de la [[Carthage]] [[Civilisation carthaginoise|punique]], l’[[Rome antique|Empire romain]] laisse son empreinte à travers le territoire par des monuments tels que l’[[Amphithéâtre d'El Jem|amphithéâtre d’El Jem]] ou le [[site archéologique de Carthage]], classé comme sept autres sites au [[Patrimoine mondial de l'UNESCO|patrimoine mondial]] de l’[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|Unesco]]. Après plusieurs siècles de développement du [[christianisme]] avec l’[[Église (institution)|Église]] d’Afrique, la conquête arabe transforme le pays et fait de [[Kairouan]] un centre intellectuel renommé. La [[Tunisie beylicale|conquête turque]] au {{XVIe siècle}}, qui éloigne le centre de gravité du pouvoir à [[Istanbul]], permet progressivement aux représentants locaux du sultan d’acquérir peu à peu leur indépendance qui sera conservée jusqu’à l’instauration du [[Protectorat français en Tunisie|protectorat français]] qui participe par ailleurs à la modernisation du territoire.
Les moteurs de la culture tunisienne actuelle sont très divers et marqués par cet héritage métissé : les [[Liste de musées tunisiens|musées]] comme celui du [[Musée national du Bardo (Tunisie)|Bardo]], l’architecture de villes comme [[Sidi Bou Saïd]] ou des [[médina]]s de [[Médina de Tunis|Tunis]] et [[Médina de Sousse|Sousse]], la [[Cuisine tunisienne|cuisine]] intégrant aussi bien la [[Baguette (pain)|baguette]], le [[fromage]] et le [[croissant]] français que les [[Pâtes alimentaires|pâtes]] italiennes, la [[Musique tunisienne|musique]] mêlant influences [[Al-Andalus|andalouse]] et [[Empire ottoman|ottomane]] et l’éducation marquée par une [[arabisation]] générale qui se répercute sur la production de la [[littérature tunisienne]].
== Foyer culturel ==
L’''Encyclopédie 360'' décrit la Tunisie comme étant un pays qui « n’a pas développé d’art véritablement original<ref name="360 p. 161">''Encyclopédie 360'', éd. Rombaldi / Paris Match, 1970, vol. 12, p. 161</ref> » mais qui est « fortement marqué par les influences diverses qui s’y sont succédé<ref name="360 p. 161"/> » et s’est doté de « monuments [qui] illustrent les diverses étapes de son histoire<ref name="360 p. 161"/>. » Dans son étude sur ''La Politique culturelle en Tunisie'', Rafik Saïd indique que « sur ce territoire relativement restreint se sont [...] produites des successions, des superpositions, des confrontations de mœurs et de doctrines telles que l’histoire [...] en présente rarement<ref name="unesco">{{fr}} {{pdf}} [http://unesdoc.unesco.org/images/0000/000011/001172fo.pdf Rafik Saïd, ''La Politique culturelle en Tunisie'', éd. Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, Paris, 1970, p. 11]</ref>. » Janice Deledalle-Rhodes qualifie la Tunisie de pays « [[Cosmopolitisme|cosmopolite]] » et considère que « la Tunisie ne peut rentrer dans la catégorie des « [[Empires coloniaux|colonies]] », plutôt a-t-elle été la colonie de tout le monde, héritant par là d'une multiplicité extraordinaire de cultures<ref name="protée">{{fr}} [http://www.erudit.org/revue/pr/2002/v30/n2/006732ar.html Janice Deledalle-Rhodes, « L'iconographie du timbre-poste tunisien pendant et après la période coloniale », ''Protée'', vol. 30, n°2, automne 2002]</ref>. »
Cette vie culturelle débute dès l’époque préhistorique comme l’illustre les [[dolmen]]s près de [[Bou Salem]] et les [[gravure]]s [[Art rupestre|rupestres]] du [[Sahara]] tunisien<ref name="360 p. 162">''Encyclopédie 360'', ''op. cit.'', p. 162</ref>. L’''Hermaïon d’El Guettar'', manifestation de religiosité la plus ancienne qui subsiste au monde<ref>{{fr}} [http://www.inp.rnrt.tn/album/LA%20TUNISIE%20ANTIQUE/PREHISTRIQUE/slides/15.html L’''Hermaïon d’El Guettar'' (Institut national du patrimoine)]</ref>, découvert près de la cité d’[[El Guettar]] dans le sud du pays, date quant à lui de la fin de cette même époque<ref>{{en}} [http://www.tourismtunisia.com/culture/bardo.html Musée national du Bardo (Office national du tourisme tunisien)]</ref>.
L’époque lybico-berbère est une période qui peut être appréhendée de manière ténue, même si les éléments de continuité sont encore nombreux dans la Tunisie actuelle.
[[Image:Head man Carthage Louvre AO3783.jpg|left|thumb|150px|Amulette en pâte de verre ([[Musée du Louvre]])]]
[[Image:Panorama Dougga.jpg|thumb|250px|Panorama sur le site de Dougga]]
L’[[Civilisation carthaginoise|époque carthaginoise]] voit poindre des influences [[phénicie]]nne, [[Grèce antique|grecque]] et [[Égypte antique|égyptienne]]. Ainsi, on trouve dans l’art punique des Phéniciens d’Occident des composantes égyptiennes comme le travail du [[verre]] — on a trouvé de petits masques de verre dans les tombes puniques, ces masques étant spécifiques à la mentalité phénicienne car servant à repousser les mauvais esprits ou démons du mort par leurs décors dits « apotropaïques » — et des motifs comme le [[Lotos|lotus]] que l’on retrouve sur des objets ou sur la décoration de bâtiments. Les peintures et sculptures des couvercles des [[sarcophage]]s des [[nécropole]]s de [[Carthage]] et d’[[El Alia]], l’architecture du [[mausolée]] de [[Dougga]], alliant aussi bien la [[Ordre ionique|colonne ionique]] que la [[Pyramides d'Égypte|pyramide égyptienne]] caractérise l’influence conjuguée de la Grèce et de l’Égypte<ref name="360 p. 162"/>. Par ailleurs, certaines productions locales ne sont pas exemptes de représentations de [[hiéroglyphe]]s, toutefois celles-ci n’ont d’autre sens que décoratif. En outre, on trouve à partir du {{-s|IV|e}} de nettes traces d’[[Époque hellénistique|influence hellène]] se superposant aux influences égyptiennes et s’ajoutant à la culture punique. On trouve alors dans la sculpture, une évolution d’un style hiératique, presque symbolique, vers un style plus représentatif, idéalisant la perfection d’un corps, d’un état, etc. La [[poterie]] grecque est aussi copiée, approchant petit à petit de sa qualité (des potiers grecs se seraient ainsi installés à Carthage).
Les œuvres romaines de Tunisie ne se distinguent pas de celles d’[[Europe]]<ref name="360 p. 162"/>. Parmi celles parvenues jusqu’à nous figurent [[Thuburbo Majus]], [[Gigthis]], l’[[amphithéâtre d'El Jem]], le [[capitole]] de Dougga, les thermes d’Antonin et l’[[arc de triomphe]] de [[Caracalla]]<ref name="360 p. 162"/>. Par la suite, lorsque le [[christianisme]] s’implante à Carthage, l’inspiration religieuse devient un moyen de lutte contre le dominateur : [[Tertullien]] devient célèbre par la violence de son style et la rigueur de ses prescriptions<ref>{{fr}} [http://guides.tangka.com/tunisie/Chapt8Sub1.htm Latin d’origine phénicienne et écrivains chrétiens (Guide Tangka)]</ref>. L’[[Église (institution)|Église]] d’Afrique, s’étant illustrée avec des [[martyr]]s célèbres comme saint [[Cyprien de Carthage]] ou des [[évêque]]s comme saint [[Augustin d'Hippone]], jouit vite d’un grand prestige<ref name="clio1">{{fr}} [http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/l_afrique_byzantine.asp Jean-Claude Cheynet, « L'Afrique byzantine », Clio, mai 2002]</ref>. De nombreux monuments chrétiens sont alors érigés tels que les [[catacombes de Sousse]] ou le [[baptistère]] de [[Makthar]]<ref name="360 p. 162"/>. Des [[Basilique religieuse|basiliques]] à [[nef]]s multiples, comme celle de saint Cyprien, sont également bâties en se basant sur le modèle [[syrie]]n<ref name="360 p. 162"/>. Ces derniers monuments resent presque tous ornés de [[Paganisme|motifs païens]]<ref name="360 p. 162"/>. Restée obstinément fidèle du [[Premier concile de Nicée|concile de Nicée]], l'Église subit une longue persécution sous le règne des [[Vandales]] qui confisquent une partie de ses biens<ref name="clio1"/>. L’arrivée des [[Empire byzantin|Byzantins]] entraîne la disparition de cette dernière et la restauration d’un réseau dense d’évêchés [[Orthodoxie|orthodoxes]]. Durant cette période, un bon nombre de [[colline]]s sont couronnées de [[fortification]]s [[Architecture byzantine|byzantines]]<ref name="360 p. 162"/> comme par exemple à [[Kélibia]]<ref>{{fr}} [http://www.commune-kelibia.gov.tn/default1.htm Présentation de la ville de Kélibia (Municipalité de Kélibia)]</ref>.
[[Image:Img434.jpg|300px|thumb|[[Grande mosquée de Kairouan]] au début du {{XXe siècle}}]]
Avec la conquête arabe, plus précisément sous le règne de la [[dynastie]] des [[Aghlabides]], la ville de [[Kairouan]] est un centre intellectuel de grande renommée<ref name="p. 14">Rafik Saïd, ''op. cit.'', p. 14</ref> dotée d’une [[maison de la sagesse]] ouverte aux savants. [[Oqba Ibn Nafi Al Fihri]] la qualifie de « rempart de l’islam jusqu’à la fin des temps<ref>Rafik Saïd, ''op. cit.'', p. 12</ref> ». À la fois centre d’études, de traduction et de recherches, elle joue un rôle important dans la diffusion des sciences notamment médicales. En [[mathématiques]], on peut citer les contributions aux [[Algorithmique|algorithmes]] de calcul. Les [[Arabes]] dressent alors des bâtiments spécifiques à l’[[architecture islamique]]<ref name="360 p. 162"/>. Même si certains gardent une touche byzantine, tels que la mosquée des Trois Portes à Kairouan ({{IXe siècle}}) ou le [[ribat]] de [[Sousse]] (IX{{e}} siècle), les autres, qui reprennent tout de même les formes antiques des [[Chapiteau (architecture)|chapiteaux]] et des [[Colonne (architecture)|colonnes]], sont purement arabes comme les grandes [[mosquée]]s de [[Mosquée Zitouna|Tunis]] (IX{{e}} siècle) et [[Grande mosquée de Kairouan|Kairouan]] (IX{{e}} siècle) ou renient l’influence de la [[Mésopotamie]] tels que la Grande mosquée de Mahdia ({{Xe siècle}})<ref name="360 p. 162"/>.
Aux {{XIV}}{{e}} et {{XV}}{{e}} siècles, poètes, érudits, historiens se multiplient<ref name="p. 14"/>. La [[mosquée Zitouna]], qui abrite la première [[Université Zitouna|université islamique]], se confirme comme un centre actif d’intellectuels qui regroupe docteurs et savants : Ibn Zaïtoun, Ibn Al Abhar, Ibn Al Gafsi ou encore [[Ibn Arafa]]<ref name="p. 14"/>. Grâce à des savants comme [[Ibn Khaldoun]] et des écrivains comme [[Abou el Kacem Chebbi]], la Tunisie est ainsi, depuis des siècles, un foyer culturel important que ce soit à l’échelle arabo-musulmane, méditerranéenne ou mondiale.
Lors de la [[Tunisie beylicale|conquête turque]] ({{XVIe siècle}}), les mosquées, tels que celle de [[Mosquée Sidi Mahrez|Sidi Mahrez]] à [[Tunis]], sont érigées sur le plan des [[Église (édifice)|église]]s de [[Constantinople]] bien que les [[zaouïa]]s gardent leur [[Maghreb|style maghrébin]] comme à Kairouan<ref name="360 p. 162"/>.
Le [[Protectorat français en Tunisie|protectorat français]] a quant à lui marqué de son empreinte l’[[architecture]] locale en ajoutant un nouveau style urbanistique que l’on peut trouver dans la construction d’une ville nouvelle à plan « hippodamien » juxtaposée à l’ancienne [[médina de Tunis]]. Le style élaboré alors, dit « rococo tunisien », trouve un exemple particulièrement brillant dans le [[Théâtre municipal de Tunis|théâtre]] de l’[[Avenue Habib Bourguiba|avenue Bourguiba]].
== Symboles nationaux ==
{{Article détaillé|Drapeau de la Tunisie|Armoiries de la Tunisie|Chiffre 7 en Tunisie}}
En raison de sa petite taille et de son homogénéité sur le plan démographique et culturelle, l’[[Identité (psychologie)|identité nationale]] tunisienne est forte et les efforts pour créer une culture nationale se sont montrés plus forts que les diverses origines ethniques qui marquaient encore le tissu social tunisien au {{XIXe siècle}}<ref name="every culture">{{en}} [http://www.everyculture.com/To-Z/Tunisia.html Article sur la culture de la Tunisie (Countries and Their Cultures)]</ref>. Elle se trouve constamment rappelée en référence à l’histoire moderne du pays — en particulier à la lutte contre le [[Protectorat français en Tunisie|protectorat français]] et à la construction de l’État moderne qui suivit<ref name="protée"/> — par le biais de fêtes nationales, de noms de rues rappelant des personnages ou des dates marquantes ou de films ou [[Film documentaire|documentaires]]<ref name="every culture"/>. Avec l’avènement du président [[Zine el-Abidine Ben Ali]] le [[7 novembre]] [[1987]], la référence officielle au chiffre 7 et au thème du « Changement » contribue à la perpétuation de cette tradition.
[[Image:Kasbah Tunis.jpg|thumb|180px|Drapeau national flottant à Tunis]]
Le [[drapeau]] tunisien voit le jour sur ordre de [[Hussein II Bey]], suite à la destruction de la division navale tunisienne survenue le [[20 octobre]] [[1827]], pour distinguer la [[flotte]] tunisienne des autres flottes de la [[mer Méditerranée]]. C’est la circonstance de la naissance du drapeau qui voit officiellement le jour en [[1831]]. Celui-ci ressemble au [[drapeau de la Turquie]] car les [[Bey de Tunis|beys]] sont alors des [[Vassalité|vassaux]] de l’[[Empire ottoman]]<ref>{{en}} [http://www.crwflags.com/fotw/flags/tn.html Informations sur le drapeau tunisien (Flags of the World)]</ref>. Il s’en démarque toutefois par l’inversion des couleurs du croissant et de l’étoile dans un cercle blanc et le positionnement des deux emblèmes.
Quant aux [[Héraldique|armoiries]] nationales, elles sont adoptées officiellement en [[1861]]<ref> {{en}} [http://www.crwflags.com/fotw/flags/tn-hist.html#bey Drapeaux historiques de Tunisie (Flags of the World)] </ref> et sont notamment remaniées le [[21 juin]] [[1956]] et le [[30 mai]] [[1963]]. La partie supérieure comporte une [[Galère (navire)|galère]] [[Civilisation carthaginoise|punique]] voguant sur la mer alors que la partie inférieure est divisée verticalement : à gauche figure une [[Balance (emblème justice)|balance]] noire et à droite un [[lion]] noir saisissant un [[cimeterre]] [[argent]]ée. Entre les deux parties se trouve une banderole portant la [[Devise (phrase)|devise nationale]] : ''Liberté, Ordre, Justice''.
== Religion ==
{{Article détaillé|Religion en Tunisie}}
La [[Constitutions de la Tunisie|constitution tunisienne]] prévoit l’exercice libre des religions tant qu’elles ne portent pas atteinte à l’ordre public<ref name="USA"/>. Le gouvernement respecte généralement ce droit mais ne permet pas l’établissement de partis politiques basés sur la [[religion]], interdit le [[prosélytisme]] et limite le port du [[hijab]] (notamment dans les administrations et les écoles publiques)<ref name="USA"/>. Les fêtes religieuses musulmanes, comme l’[[Aïd el-Kebir]], l’[[Aïd el-Fitr]] ou le [[Mawlid|Mouled]], sont considérées comme des jours fériés. Le gouvernement reconnaît également la sainteté des fêtes religieuses des non musulmans, particulièrement celles des [[Monothéisme|religions monothéistes]].
[[Image:Tunis Zitouna-Moschee Minarett.JPG|left|thumb|330px|[[Minaret]] de la [[mosquée Zitouna]]]]
L’[[islam]] est la religion principale et officielle de la Tunisie avec un taux qui avoisine les 99 % de la population<ref name="USA">{{en}} [http://www.state.gov/g/drl/rls/irf/2007/90222.htm Rapport 2007 sur la liberté religieuse en Tunisie (Département d’État des États-Unis)]</ref>. 85 % des musulmans tunisiens sont [[Sunnisme|sunnites]] de [[Madhhab|rite]] [[Malékisme|malékite]], le reste étant rattaché au [[Hanafisme|culte hanafite]]<ref name="encarta">{{fr}} [http://fr.encarta.msn.com/encyclopedia_761568505_2/Tunisie.html Article sur la Tunisie (Encarta)]</ref>. Le calendrier religieux fournit les principales occasions pour l’expression des croyances mas il n’existe aucune donnée fiable sur le nombre de musulmans pratiquants<ref name="USA"/>. Il existe également une petite communauté de [[Soufisme|musulmans soufis]] mais il n’existe pas non plus de [[statistique]] concernant sa taille.
Le pays est également parsemé de petites constructions blanches dispersées dans les zones rurales et urbaines et appelées [[Marabout (islam)|marabouts]]. Ces tombeaux de [[saint]]s, souvent de sexe masculin, se logent généralement dans des lieux tels que des [[grotte]]s, des [[colline]]s, des [[Source (eau)|sources]] ou des points sur le [[littoral]]<ref name="every culture"/>. Par leur [[méditation]], ces personnages étaient censés guérir les malades et les aveugles. Leurs tombes servent encore de points clés pour les liens entre l’humain et le divin dans le cadre de fêtes rassemblant les membres d’une communauté particulière (village, [[famille élargie]] voire [[Tribu (ethnologie)|tribu]])<ref name="every culture"/>. Aujourd’hui, les Tunisiens continuent à les prier et à leur demander des faveurs.
[[Image:WPVA-khamsa.png|thumb|250px|[[Main de Fatima]]]]
À partir des [[années 1970]], un [[Islamisme|mouvement islamiste]], fondé sur une étroite adhésion au [[Coran]] et à d’autres textes sacrés et opposé à certains [[Hétérodoxie|pratiques hétérodoxes]]<ref name="every culture"/>, s’est développé et connaît son paroxysme avec la formation d’un [[Partis politiques tunisiens|mouvement politique]], [[Ennahda]], dans les [[années 1980]]. La plupart de ses dirigeants sont arrêtés ou exilés durant les [[années 1990]].
Le [[christianisme]] et le [[judaïsme]] sont très minoritaires en Tunisie mais le pays se caractérise par sa tolérance et son ouverture aux autres cultures qui ont fait son identité. L’enseignement de la religion islamique est obligatoire dans les écoles publiques mais le programme d’études religieuses au niveau secondaire inclut également l’histoire du judaïsme et du christianisme<ref name="USA"/>. Les Tunisiens conservent par ailleurs quelques croyances d’origine berbère comme le [[mauvais œil]]<ref>{{fr}} [http://www.saisonstunisiennes.com/panorama_txt08.html La Tunisie de A à Z, « Khomsa », ''Saisons tunisiennes'']</ref>. Nombre de pratiques — comme les [[Volet (fenêtre)|volets]] peints en [[bleu]] qui est une couleur [[Prophylaxie|prophylactique]]<ref>Jean-Louis Pagès, ''Tunisie-Plus'', éd. Solilang, Limoges, 2005, p. 33</ref> — et de [[grigri]]s doivent servir à le repousser. Ainsi, la [[main de Fatima]] se trouvait déjà sur les tombeaux puniques de l’antique Carthage où elle semblait apporter protection à la dépouille. On peut la retrouver sur les affiches où l’on peut voir le président [[Zine el-Abidine Ben Ali]] tendre la main droite, paume grande ouverte et doigts écartés, en signe de [[baraka]]. La sémiologie politique reprend donc à son compte la notion de main de Fatima, partie de traditions ésotériques et numérologiques que l’islam a rapidement intégré<ref>Jean-Louis Pagès, ''op. cit.'', p. 34</ref>.
== Langues ==
{{Article détaillé|Arabe tunisien|Français|Chelha}}
La Tunisie est l’État du [[Maghreb]] le plus homogène sur le plan linguistique<ref name="Laval">{{fr}} [http://www.tlfq.ulaval.ca/AXL/AFRIQUE/tunisie.htm Aménagement linguistique en Tunisie (Université de Laval)]</ref> car la quasi-totalité de la population parle le tunisien et l’arabe littéral qui est la [[langue officielle]] du pays. Le chelha est quant à lui parlé par moins de 1 % de la population, principalement dans les villages semi-berbérophones du sud<ref name="every culture"/> — [[Chenini]], [[Douiret]], [[Matmata]], Tamezrett, etc. — ainsi que dans quelques villages de l’île de [[Djerba]]<ref name="every culture"/>, principalement [[Guellala|Guellala/Iquallalen]], [[Ajim]], [[Sedouikech|Sedouikech/Azdyuch]] et Ouirsighen/At Ursighen.
Le tunisien est en fait un [[dialecte]] — ou plus exactement un ensemble de dialectes<ref>« Travaux de phonologie. Parlers de Djemmal, Gabès, Mahdia (Tunisie) et Tréviso (Italie) », ''Cahiers du CERES'', Tunis, 1969</ref> — dérivé de l’[[arabe littéral]]. Le tunisien est un arabe qui est surtout parlé dans le cadre d’un dialogue quotidien au sein de la famille puisqu’il n’existe aucun organisme officiel qui normalise les divers dialectes<ref>{{fr}} [http://www.persee.fr/showPage.do?luceneQuery=%28tunisie%29+AND+%28indexable_type%3Aarticlepage%3F%29&words=tunisie&words=articlepage&urn=lfr_0023-8368_1977_num_35_1_4828 Juliette Garmadi-Le Cloirec, « Remarques sur la syntaxe du français de Tunisie », ''Langue française'', vol. 35, 1977, p. 86]</ref>.
Durant le [[protectorat français en Tunisie]], le français s’impose à travers les institutions, particulièrement l’éducation, qui deviennent un fort vecteur de diffusion. À partir de l’indépendance, le pays se dirige progressivement vers l’arabisation de l’éducation et des services avec toutes les difficultés occasionnées par ce type de processus. Une bonne pratique du français demeure alors un marqueur social important<ref name="every culture"/>. L’administration reste massivement bilingue<ref name="Laval"/> et les services à la société sont rédigés en arabe classique, en tunisien et en français<ref name="Laval"/>. De manière générale, seuls les ministères de la défense et de la justice sont totalement arabisés et l’arabe est devenu la seule langue utilisée au [[Parlement (Tunisie)|Parlement]]<ref name="Laval"/>. Comme beaucoup d’autres documents officiels, le ''[[Journal officiel de la République tunisienne]]'', qui promulgue les [[loi]]s et les [[décret]]s, est rédigé en arabe mais est également traduit en français<ref name="Laval"/>. Cependant, le texte français n’a aucune valeur juridique et ne peut être considéré comme officiel<ref name="Laval"/>. Par ailleurs, la connaissance des langues européennes est surtout issue de l’exposition de la Tunisie à ce [[continent]] par l’intermédiaire de la [[télévision]] et du [[tourisme]]<ref name="every culture"/>.
De plus, même si les cours sont totalement en arabe à la maternelle ainsi qu’aux trois premières années du primaire (premier cycle), par la suite, au second cycle du primaire et au secondaire, l’enseignement se fait moitié en arabe et moitié en français<ref name="Laval"/>. Enseigné dès [[1958]] à partir de l’âge de 13 ans, l’[[anglais]] sera victime des aléas de la politique de l’éducation nationale : il est enseigné dès l’âge de 15 ans en [[1970]], dès l’âge de 10 ans en [[1994]], dès l’âge de 14 ans en [[1997]] puis dès l’âge de 12 ans en [[2000]]<ref>{{fr}} {{doc}} [http://www.fiplv.org/WC06/documentation/French/RaoudhaK.doc Diversité linguistique en Tunisie : le français a-t-il perdu de sa suprématie ? (FIPLV World Congress 2006)]</ref>. L’[[espagnol]], l’[[italien]], l’[[allemand]], le [[russe]] ou le [[Langues chinoises|chinois]] sont des matières optionnelles enseignées à partir de la deuxième année du cycle secondaire<ref name="Laval"/>.
== Éducation ==
=== Enseignement ===
Il n’y a jusqu’au {{XIXe siècle}} aucun [[enseignement]] moderne en Tunisie<ref name="p. 17">Rafik Saïd, ''op. cit.'', p. 17</ref>. Il n’existe alors en fait qu’une vingtaine d’écoles européennes tenues par des institutions religieuses<ref name="p. 17"/>. Sur le plan national, un enseignement traditionnel est à cette époque donné au sein de la [[mosquée Zitouna]] et dans les kouttabs, [[médersa]] à classe unique généralement tenues par un moueddeb — pas toujours en possession de ses diplômes — qui apprenait aux enfants de tous les âges la [[lecture]] et l’[[écriture]]<ref name="p. 17"/>. L’enseignement a alors pour sujet les [[Religion|sciences religieuses]] étudiées à partir de [[glose]]s sur le [[Coran]] et la [[Sunna]]<ref name="p. 17"/>.
[[Image:Collège Sadiki-Kassus.jpg|280px|thumb|[[Collège Sadiki]]]]
La première institution scolaire moderne de Tunisie est le [[Collège Sadiki]] fondé en [[1875]] par le grand vizir [[Kheireddine Pacha]] afin de former les jeunes Tunisiens aux carrières libérales et administratives<ref name="p. 17"/>. En [[1956]], au lendemain de l’indépendance de la [[France]], commence une politique de réforme de l’éducation qui se caractérise par l’unification, la nationalisation et l’[[arabisation]] du système d’enseignement<ref name="p. 18">Rafik Saïd, ''op. cit.'', p. 18</ref>. C’est dans ce contexte que [[Habib Bourguiba]] dit en [[1958]] :
{{Début citation}}Lorsque nous étions dans l’opposition, vivant en marge des institutions et harcelant le régime du protectorat pour obtenir la reconnaissance de nos droits, je me disais que, si l’appareil de l’État passait entre nos mains, nous nous attaquerions en priorité au problème de l’enseignement<ref name="p. 18"/>.{{Fin citation}}
Ce « problème » prend tellement d’ampleur que l’on commence à s’inquiéter du devenir de la culture si l’État donne la priorité à l’éducation nationale<ref name="p. 18"/>. C’est l’une des raisons qui pousse le gouvernement tunisien à créer un organe spécialement réservé à la culture, alors appelé « ministère chargé des affaires culturelles et de l’information »<ref name="p. 18"/>. La deuxième raison est le besoin de séparer la culture et l’éducation, cette dernière n’étant plus l’unique moyen de transmission de la culture<ref name="p. 18"/>. Enfin, la troisième raison est la responsabilité de type culturelle qu’a l’État envers la nation<ref>Rafik Saïd, ''op. cit.'', p. 19</ref>.
[[Image:EcoliersRasJebel.JPG|left|280px|thumb|Groupe d’écoliers tunisiens à [[Ras Jebel]]]]
En [[1966]], dans le cadre d’une politique d’[[alphabétisation]] de la [[population active]], l’Institut de l’enseignement des adultes est chargé d’alphabétiser {{formatnum:150000}} analphabètes en une période de cinq ans<ref name="p. 27">Rafik Saïd, ''op. cit.'', p. 27</ref>. Il mène ces actions principalement dans les secteurs productifs — [[coopérative]]s [[Agriculture|agricoles]], [[usine]]s, [[Mine (gisement)|mines]] ou grandes sociétés —, mais aussi dans les centres de l’[[Artisanat tunisien|artisanat]], l’[[Armée tunisienne|armée]], les [[prison]]s et auprès de la jeunesse féminine rurale<ref name="p. 27"/>. Les [[leçon]]s de cet institut comprennent, en plus de la lecture, l’écriture et le [[Calcul (mathématiques)|calcul]], des leçons adaptées de [[géographie]], d’[[histoire]], d’[[éducation civique, juridique et sociale]] et d’éducation religieuse<ref name="p. 27"/>. Des cours supplémentaires de [[formation professionnelle]] ou d’initiation ménagère sont par ailleurs donnés en fonction des possibilités<ref name="p. 27"/>. De manière plus générale, la durée des principaux cours est de deux années à raison de cinq séances d’une heure et demie par jour, soit une totalité de 450 heures, sanctionnées d’un certificat d’éducation sociale<ref name="p. 27"/>. Une troisième année bilingue est créée en [[1968]] pour ceux qui souhaitent continuer leurs études, soit {{formatnum:1090}} personnes durant l’année scolaire [[1968]]-[[1969]]<ref name="p. 27"/>. Enfin, une quatrième année démarre en 1969 afin de faire face aux nombreuses demandes enregistrées<ref name="p. 27"/>. C’est ainsi que ce même institut sera récompensé du Prix [[Mohammad Reza Pahlavi]] à l’occasion de la troisième Journée internationale de l’alphabétisation, le [[8 septembre]] [[1969]], « pour sa contribution déterminante au lancement et à la mise en œuvre d’un programme national d’alphabétisation des adultes dans le cadre duquel est élaborée, expérimentée et appliquée une méthodologie efficace d’alphabétisation et de formation »<ref>Rafik Saïd, ''op. cit.'', p. 31</ref>.
En [[1996]], il est décidé que l’élève doit effectuer au moins neuf ans d’enseignement avant de pouvoir quitter le système scolaire<ref name="encarta"/>. En [[2001]], 19,9 % du budget national est consacré à l’éducation nationale. L’enseignement de base est gratuit et obligatoire pour tous les enfants jusqu’à l’âge de 16 ans. En [[2005]], le taux d’[[alphabétisation]] est de 76,2 % et le taux de scolarisation des enfants de 12 à 17 ans, égal pour les garçons et les filles, est de 66 %<ref name="encarta"/>. L’enseignement supérieur concerne alors 27 % de la classe d’âge concernée<ref name="encarta"/>.
La Tunisie compte douze universités : cinq à [[Tunis]], une à [[Université de Sousse|Sousse]], une à [[Université de Sfax|Sfax]], une à [[Université de Kairouan|Kairouan]], une à [[Université de Gabès|Gabès]], une à [[Université de Gafsa|Gafsa]], une à [[Université de Monastir|Monastir]] et une à [[Université de Jendouba|Jendouba]]. Elle compte aussi 178 établissements d’[[Enseignement supérieur en Tunisie|enseignement supérieur]] dont 24 instituts supérieurs d’études technologiques (ISET) et six instituts supérieurs de formation des maîtres (ISFM).
=== Bibliothèques ===
Cinquante-deux [[Bibliothèque municipale|centres de prêt municipaux]] existent en Tunisie<ref name="p. 44">Rafik Saïd, ''op. cit.'', p. 44</ref>. Il s’agit en fait de dépôts de [[Livre (document)|livres]] dont l’objectif est le prêt à domicile<ref name="p. 44"/>. Cette mesure a pour but l’introduction de la [[lecture]] dans les us et coutumes des Tunisiens<ref name="p. 44"/>. Dans une seconde étape, il est projeté de faire de ces centres de prêt des [[Bibliothèque publique|bibliothèques publiques]]<ref name="p. 44"/>.
[[Image:Bibliotecanacional.jpg|thumb|170px|Porte de l'ancienne [[bibliothèque nationale de Tunisie]] dans la [[médina de Tunis]]]]
Au [[31 décembre]] [[1966]], il existe 21 bibliothèques publiques pour enfants, indépendantes des bibliothèques publiques pour adultes<ref name="p. 44"/>. Ces bibliothèques pour enfants sont dirigées par des femmes, jugées plus aptes à comprendre les enfants<ref name="p. 47">Rafik Saïd, ''op. cit.'', p. 47</ref>. On a également procédé à la création de Bibliobus-rayons, qui sont chargés d’assurer la promotion de la culture en zone rurale, et de centres de techniques bibliographiques qui sont des organismes de réflexion et de conception de toute l’activité bibliographique pour l’ensemble du pays<ref>Rafik Saïd, ''op. cit.'', p. 45</ref>.
== Musées ==
{{Article détaillé|Liste de musées tunisiens}}
[[Image:Centremuseu.JPG|left|thumb|280px|[[Musée national du Bardo (Tunisie)|Musée national du Bardo]]]]
Le [[Musée national du Bardo (Tunisie)|Musée national du Bardo]] est l’une des plus importantes institutions du genre dans le [[bassin méditerranéen]]<ref name="bardo">{{fr}} [http://www.di.com.tn/museebardo/histoire_musee.htm Histoire du musée (Musée national du Bardo)]</ref> car regroupant des joyaux [[Archéologie|archéologiques]] issus d’une Tunisie traversée sur plusieurs millénaires par bon nombre de [[civilisation]]s. Le musée, officiellement inauguré le [[7 mai]] [[1888]], offre l’une des plus belles et plus grandes collections de [[Mosaïque (art)|mosaïques]] de la [[Rome antique]]. Le [[Musée archéologique de Sousse]], fondé en [[1951]], possède la deuxième plus grande collection de mosaïques après celle du Bardo. La dimension maritime du pays est également exposée par le [[Musée océanographique de Salammbô]]. Fort de 11 salles, il est le principal musée tunisien dédié à la [[mer]]. Quant au Musée national d’art islamique, il présente plusieurs collections de [[céramique]]s, [[Numismatique|pièces]] et de [[Coran]]s [[Styles calligraphiques arabes|calligraphiés]] datant des périodes où [[Raqqada]], seconde [[capitale]] des [[Aghlabides]], était occupée ({{IXe s}} et {{Xe siècle}}s).
Dans les [[années 1970]], un programme est mis en place en coopération avec l’[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|Unesco]]. Il prévoit quatre types de musée : musées de synthèse, musées régionaux, musées locaux et musées spécialisés<ref>Rafik Saïd, ''op. cit.'', p. 42</ref>. Le musée du Bardo est un bon exemple de musée de synthèse puisque ce type de musée est censé abriter des objets de toutes les périodes de l’[[histoire de la Tunisie]] sans prendre en compte la provenance de ceux-ci<ref name="p. 43">Rafik Saïd, ''op. cit.'', p. 43</ref>.
[[Image:Ganymede musee paleochretien 2 black font.jpg|280px|thumb|Statuette de [[Ganymède]] au [[Musée paléo-chrétien de Carthage]]]]
L’existence de ces musées se justifie par le fait qu’ils illustrent l’évolution de la création artistique au fil des civilisations<ref name="p. 43"/>. Les musées régionaux se limitent quant à eux aux [[chef-lieu]]x des [[gouvernorat]]s et indiquent la particularité de chaque région<ref name="p. 43"/>. Quant aux musées locaux, ils s’inscrivent dans une politique de [[décentralisation]] de la culture afin de participer par le biais des musées à l’éducation des masses populaires en rapprochant le musée du public<ref name="p. 43"/>. Certains musées locaux existent à [[Makthar]], [[Utique]], [[Monastir]] ou [[Carthage]]<ref name="p. 43"/>. Enfin, les musées spécialisés peuvent eux-mêmes se diviser en deux autres catégories de musées : les musées spécialisés dans une période historique et les musées spécialisés dans une matière<ref name="p. 43"/>. Dans la première catégorie, il existe déjà le musée du [[Dar Hussein]], entièrement consacré à la [[Tunisie à l'époque médiévale|Tunisie médiévale]]<ref name="p. 43"/>. Un autre musée de l’[[Tunisie beylicale|époque beylicale]] est également à l’étude<ref name="p. 43"/>. Dans la seconde catégorie, deux projets sont retenus : des musées de la mosaïque et un musée paléo-chrétien<ref name="p. 44"/>. Des musées de la [[Mosaïque (art)|mosaïque]] se justifient entièrement par la richesse de la Tunisie dans cet art et de tels musées permettent de transmettre une évolution tant sur le plan thématique que sur le plan chronologique<ref name="p. 44"/>. Quant au [[Musée paléo-chrétien de Carthage|Musée paléo-chrétien]], il est désormais situé à Carthage<ref name="p. 44"/>.
D’autres musées spécialisés sont également envisagés comme des musées de la culture et des musées de la science. Ces derniers servent à retracer l’histoire et l’évolution des techniques utilisées<ref name="p. 44"/>.
== Arts ==
=== Cinéma ===
{{Article détaillé|Cinéma tunisien}}
[[Image:Naceur Ktari 001.jpg|left|thumb|[[Naceur Ktari]] en tournage ([[2000]])]]
Le [[cinéma]] existe en Tunisie depuis son apparition à l’échelle mondiale. Dès [[1896]], les [[Auguste et Louis Lumière|frères Lumière]] tournent des vues animées dans les rues de Tunis. En [[1919]], le premier long-métrage réalisé sur le continent africain, ''Les Cinq gentlemen maudits'' de [[Luitz-Morat]], est tourné en Tunisie. En [[1966]], le premier long métrage tunisien (95 minutes) en noir et blanc est réalisé et produit par [[Omar Khlifi]] : ''Al-Fajr'' (L’Aube) tourné en 35 millimètres<ref>{{fr}} [http://www.africine.org/?menu=fiche&no=7202 Fiche AfriCiné d’Omar Khlifi]</ref>.
En [[1927]], la première société tunisienne de distribution de films, TUNIS-FILM, débute ses activités. Après l’indépendance, la production des films dépend entièrement de la [[Société anonyme tunisienne de production et d'expansion cinématographique]] (SATPEC) qui s’occupe de la gestion de l’activité cinématographique dans le pays. Néanmoins, dans les [[années 1980]], on assiste à l’émergence du secteur privé qui entraîne la liquidation de la SATPEC. La Tunisie ambitionne depuis de devenir un petit [[Hollywood]] méditerranéen. Le producteur [[Tarak Ben Ammar]], neveu de [[Wassila Bourguiba]], a convaincu les plus grands réalisateurs de venir tourner dans ses studios de [[Monastir]]<ref name="jcc">{{fr}} [http://www.jccarthage.org/fr/presentation1_4.php « Le cinéma tunisien. Tusisie, terre de tournage » (Journées cinématographiques de Carthage)]</ref>. [[Roman Polanski]] y a filmé les ''[[Pirates]]'' et [[Franco Zeffirelli]] son ''[[Jésus de Nazareth (télésuite)|Jésus de Nazareth]]''<ref name="jcc"/>. [[George Lucas]] a quant à lui été séduit par les décors naturels et les maisons troglodytiques du Sud tunisien où ont été tournées quelques scènes de ''[[La Guerre des étoiles]]''<ref name="jcc"/>. [[Anthony Minghella]] a également tourné ''[[Le Patient anglais]]'' dans les oasis du sud-ouest du pays<ref name="jcc"/>.
Les productions tunisiennes restent rares et confidentielles : une dizaine de films sortis depuis [[1967]] qui traitent des phénomènes de mutations sociales, du retour à l’identité et du choc de la modernité<ref>{{fr}} [http://guides.tangka.com/tunisie/Chapt8Sub1.htm Un cinéma dynamique (Guide Tangka)]</ref>. Toutefois, certains rencontrent un certain succès hors de Tunisie. Parmi les plus connus figurent ''[[Un été à La Goulette]]'' ([[1996]]) de [[Férid Boughedir]] qui fait un flashback sur la petite communauté de [[La Goulette]] à une époque révolue où musulmans, juifs et chrétiens cohabitent dans la tolérance et la bonne humeur. ''[[Halfaouine, l'enfant des terrasses]]'' ([[1990]]) du même Boughedir a sans doute été le plus grand succès du cinéma tunisien. Il met en scène un enfant dans le [[Tunis]] des [[années 1960]]. [[Nouri Bouzid]] porte quant à lui sur la réalité tunisienne un regard sans complaisance. Dans ''[[L'Homme de cendres]]'' ([[1986]]), il traite de la [[pédophilie]], de la [[prostitution]] et des relations entre les communautés musulmane et juive<ref name="jcc 2">{{fr}} [http://www.jccarthage.org/fr/presentation1_2.php « Le cinéma tunisien. Liberté de choix » (Journées cinématographiques de Carthage)]</ref>. Dans ''[[Bezness]]'' ([[1991]]), c’est le [[tourisme sexuel]] qui se trouve dans sa ligne de mire<ref name="jcc 2"/>. Dans ''[[Les Ambassadeurs (film)|Les Ambassadeurs]]'' ([[1975]]), [[Naceur Ktari]] met en scène des émigrés maghrébins en [[France]] qui y sont confrontés au [[racisme]]. Ce film obtient le Tanit d’or du meilleur film aux [[Journées cinématographiques de Carthage]] en [[1976]], le Prix spécial du jury du [[Festival international du film de Locarno]] la même année et est sélectionné au [[Festival de Cannes 1978]] dans la catégorie « [[Un Certain Regard]] ».
''[[Les Silences du palais]]'' ([[1994]]) de [[Moufida Tlatli]] a quant à lui été primé par plusieurs jurys internationaux. Premier film arabe réalisé par une femme, on y découvre la vie dans une maison aristocratique de Tunis à travers les yeux d’une jeune fille. En [[2007]], le paysage cinématographique tunisien voit la sortie de plusieurs films recevant un certain succès auprès du public tel que ''[[Making off]]'' de Bouzid ou ''[[VHS Kahloucha]]'' de [[Nejib Belkadhi]].
Les [[Journées cinématographiques de Carthage]], créées en [[1966]] et organisées tous les deux ans, constitue le plus ancien des festivals cinématographiques des [[pays en développement]]<ref>{{fr}} [http://www.jccarthage.org/fr/presentation1.php Présentation des Journées cinématographiques de Carthage sur le site officiel]</ref>.
=== Musique ===
{{Article détaillé|Musique tunisienne}}
La musique tunisienne est le résultat d’un métissage culturel fortement influencé par l'[[Égypte]]<ref name="360 p. 162"/>. Selon [[Mohammed Abdel Wahab]], « la musique tunisienne est parfois définie comme étant l’ensemble des chants andalous anciens sur lesquels furent greffés des modes et des injections d’origine [[Turquie|turque]], [[Perse|persane]] et quelquefois [[Grèce|grecque]], en plus de l’ajustement qui s’y opère de temps à autre résultant de l’influence de facteurs régionaux. » Il estime que la musique tunisienne a connu trois phases d’influences extérieures : la première venue d’Orient et dont le centre fut [[La Mecque]] et [[Médine]], la deuxième venue de l’[[Al-Andalus|Espagne musulmane]] et dont le centre fut l’[[Andalousie]] et la dernière venue de l’[[Empire ottoman]] et dont le centre fut [[Istanbul]]<ref name="babnet tunisie">{{fr}} [http://www.babnet.net/mouzika/ Les techniques de la musique tunisienne (Babnet Tunisie)]</ref>. L’héritage de ses trois phases est respectivement la création d’une [[musique traditionnelle]], le malouf, l’introduction de la [[Nouba (musique)|nouba]] dans la musique tunisienne, et enfin l’utilisation de formes turques tels que le samai et le bashraf<ref name="babnet tunisie"/>. Également influencée par la culture occidentale, elle est donc relativement diversifiée.
Son courant musical classique le plus réputé est le [[Malouf tunisien|malouf]]. Issu de l’époque du règne des [[Aghlabides]], il est un type particulier de la [[musique arabo-andalouse]]. Toutefois, les chants traditionnels comme le [[mezoued]] continuent de rencontrer un certain succès. Côté instruments, les régions urbaines et rurales divergent quelque peu. En milieu urbain, ce sont les [[Instrument à cordes|instruments à cordes]] ([[rebec]], [[oud]] et [[Qanûn (instrument)|qanûn]]) et les [[Instrument de percussion|percussions]] ([[darbouka]]) qui dominent alors qu’en milieu rural, le chant bédouin, en plus des percussions, est accompagné d’[[Instrument à vent|instruments à vent]] comme le [[mezoued]], la [[gasba]] et la [[zurna]]<ref>{{fr}} [http://www.saisonstunisiennes.com/panorama_txt07.html La Tunisie de A à Z, « Instruments de musique », ''Saisons tunisiennes'']</ref>.
[[Image:Tarnane.jpg|right|200px|thumb|Khemaïs Tarnane]]
Au début du {{XXe siècle}}, l’activité musicale est dominée par le [[Liturgie|répertoire liturgique]] lié aux différentes [[confrérie]]s religieuses et le répertoire [[profane]] constitué de pièces instrumentales et de chants dans des formes et styles d’origines essentiellement andalouses empruntes des caractéristiques du langage musical local. À côté de ces deux genres majeurs, les chansons populaires citadines ou rurales, différentes les unes des autres par le langage et les instruments utilisés, occupent une place importante. Au cours des [[années 1930]], la chanson judéo-tunisienne connaît un certain essor grâce à des artistes issus de la communauté juive. La fondation en [[1934]] de l’association musicale de [[La Rachidia]] s’inscrit dans le renouveau culturel et social mené par l’élite de l’époque qui devient consciente des risques de déperdition du patrimoine musical considéré comme l’un des fondements de l’identité nationale en construction. L’institution ne tarde pas à rassembler une élite de musiciens et de [[poète]]s érudits. La création de [[Radio Tunis]] en [[1938]] permet aux musiciens de mieux diffuser leurs œuvres. Dans les années [[Années 1960|1960]] et [[Années 1970|1970]], on assiste à l’émergence de compositeurs et d’interprètes travaillant pour la plupart au sein de l’orchestre de la radio-télévision tunisienne. Dans cette vague, la [[Musique de variétés|variété]] occupe une place de choix. En même temps, la chanson empruntant des mélodies et rythmes populaires connaît une ascension importante. À partir des [[années 1980]], la scène musicale voit émerger une génération de musiciens, compositeurs et interprètes de formation musicale arabe et occidentale qui considèrent que la musique tunisienne a besoin de nouvelles techniques d’écriture. L'émergence de nouvelles tendances de métissage et de musiques improvisées depuis la fin des [[années 1990]] fait évoluer le paysage musical tunisien. Un [[musique underground tunisienne|courant underground]] et engagé s’est également développé mais reste encore marginal auprès du grand public.
Parmi les grands artistes tunisiens contemporains, on peut citer [[Hedi Habbouba]], [[Saber Rebaï]], [[Dhafer Youssef]], [[Belgacem Bouguenna]], [[Sonia M'Barek]] ou encore [[Latifa Arfaoui]]. Chez les musiciens, on peut également citer [[Salah El Mahdi]], [[Anouar Brahem]], [[Zied Gharsa]] ou encore [[Lotfi Bouchnak]]. Dans le même temps, une majorité de la population est attirée par des musiques d’origine arabe ([[Musique égyptienne|égyptienne]], [[Musique libanaise|libanaise]] ou encore syrienne). La musique occidentale actuelle remporte également un succès important avec l’émergence de nombreux groupes et de festivals de [[Rock 'n' roll|rock]], de [[hip-hop]], de [[reggae]] et de [[jazz]].
=== Théâtre ===
[[Image:Theatre municipal - Tunis.jpg|thumb|left|260px|Façade du Théâtre municipal de Tunis]]
Le théâtre tunisien s’est surtout développé entre la fin du XIX{{e}} et le début du {{s|XX|e}} durant le [[Protectorat français en Tunisie|protectorat français]]<ref name="théâtre municipal">{{fr}} [http://www.saisonstunisiennes.com/culture.html Culture tunisienne, « Théâtre municipal de Tunis », ''Saisons tunisiennes'']</ref>. Plusieurs salles ont alors vu le jour : le Cohen, le Brulat, le Théâtre français, le Politeama Rossini, l’Arena, le Théâtre tunisien, le Gringa, le Paradiso, etc<ref name="théâtre municipal"/>. Certains théâtres construits en [[bois]] ont vu leurs locaux détruits par des [[incendie]]s alors que d’autres ont tout simplement changé de fonction<ref name="théâtre municipal"/>. Un seul a survécu en gardant ainsi son utilité première : le [[Théâtre municipal de Tunis]]<ref name="théâtre municipal"/>. En plus d’un siècle d’existence, ce théâtre a accueilli de grands noms de la scène tunisienne et internationale, tels que [[Sarah Bernhardt]], [[Pauline Carton]], [[Gérard Philipe]] et [[Jean Marais]] pour ne citer que les plus anciens<ref name="théâtre municipal"/>. Le [[7 novembre]] [[1962]], [[Habib Bourguiba]] consacre son discours au théâtre qu’il considère comme « un puissant moyen de diffusion de la culture ainsi qu’un moyen d’éducation populaire des plus efficaces »<ref>Rafik Saïd, ''op. cit.'', p. 53</ref>. À partir de cette date, le 7 novembre est considéré comme la Journée nationale du théâtre durant laquelle les troupes font le tour des [[gouvernorat]]s et présentent leurs meilleures créations<ref>Rafik Saïd, ''op. cit.'', p. 54</ref>.
[[Image:Aly Ben Ayed.gif|300px|thumb|[[Aly Ben Ayed]], l’une des figures du théâtre tunisien]]
Toutefois, le théâtre tunisien n’a jamais connu un réel développement. En [[1970]], sous l’impulsion de l’acteur [[Aly Ben Ayed]], ''[[Caligula (Camus)|Caligula]]'' d’[[Albert Camus]] est traduit en [[arabe]] et la pièce connaît un grand succès. D’autres œuvres écrites par [[Habib Boularès]], comme ''Mourad III'' ou ''Le Temps du Bouraq'' ont maintenu le ton de la violence sanglante.
Même si, de plus en plus, les spectacles dits de boulevard sont restreints au profit d’un genre de spectacle plus sophistiqué<ref name="p. 47"/>, Moncef Souissi et Ezzeddine Madani ont créé un théâtre d’expression populaire et moqueur en [[Arabe tunisien|tunisien]]. Le courant dit du Nouveau Théâtre de Tunis a également repris le fil de la dérision : [[Mohamed Driss]] en est l’un des auteurs les plus féconds. En [[1988]], Driss qui est nommé à la tête du [[Théâtre national tunisien]] (TNT) rénove une [[salle de cinéma]] laissée à l’abandon, ''Le Paris'', située au cœur de [[Tunis]]<ref name="quatrième art">{{fr}} [http://www.saisonstunisiennes.com/culture_txt2.html Culture tunisienne, « Quatrième art », ''Saisons tunisiennes'']</ref>. Il la dote d’une scène de théâtre, l’équipe des infrastructures les plus modernes et la rebaptise ''Quatrième art''<ref name="quatrième art"/>. Ouverte en [[1996]], elle alterne entre cycles de représentations théâtrales du TNT et spectacles de [[ballet]], de [[cirque]] et de [[chant]]<ref name="quatrième art"/>. À chaque saison culturelle (du {{1er octobre}} au [[30 juin]]), le théâtre abrite plus de 80 représentations théâtrales<ref>{{fr}} [http://www.commune-tunis.gov.tn/fr/culture_theatre1.htm Théâtres (Municipalité de Tunis)]</ref>.
[[El Teatro]] est le premier théâtre privé de Tunisie<ref name="el téatro">{{fr}} [http://www.saisonstunisiennes.com/culture.html Culture tunisienne, « El-Téatro », ''Saisons tunisiennes'']</ref>. Fondé en [[1987]] par [[Taoufik Jebali]], dans une aile de l’[[hôtel]] El Mechtel à [[Tunis]], El Teatro est constitué de sa salle principale de représentation comptant quelques 200 places, d’une salle annexe appelée ''Carré d’art'', et d’une galerie d’exposition baptisée ''Aire libre''<ref name="el téatro"/>. À la fois scène de théâtre, espace d’animation culturel et galerie d’art, El Teatro est dirigé par Zeineb Farhat<ref name="el téatro"/>. Tout au long de l’année, El Teatro offre des représentations théâtrales, des spectacles de danse, des concerts de jazz, des galas de musique arabe, des expositions d’art et des récitals de [[poésie]]<ref name="el téatro"/>.
=== Danse ===
La danse en Tunisie — formule qui ne renvoie toutefois à aucune réalité concrète — se caractérise par la multitude des formes qu’elle revêt et des contextes où elle apparaît<ref name="Maud">{{fr}} [http://terrain.revues.org/document1065.html Nicolas Maud, « Ce que ''danser'' veut dire », ''Terrain'', n°35, septembre 2000]</ref> : [[circoncision]]s, [[mariage]]s ou événements festifs comme les [[festival]]s, les [[concert]]s, les matchs de [[football]], etc. Si la danse tunisienne est, de toutes les danses pratiquées au [[Maghreb]], celle dont la forme se rapproche le plus de la danse égyptienne, elle s’en distingue principalement par sa dynamique, puisqu’elle apparaît plus rapide et plus saccadée, et par la multitude de ses formes, chaque région ayant son propre « style »<ref name="Maud"/>. Il est donc difficile de parler d’une danse tunisienne, d’autant que l’influence égyptienne semble depuis longtemps attestée dans les grandes villes. Ainsi, [[Abdelaziz El Aroui]] évoque dès [[1937]] l’influence égyptienne qui gagne le domaine artistique de son pays : {{Début citation}}Depuis quelques années, avec la mode égyptienne qui sévit de plus en plus, nos danseuses orientales ne dansent presque plus<ref name="Maud"/>.{{Fin citation}}
La diversité des danses exécutées par les Tunisiens traduit sans doute les [[Migration humaine|mouvements migratoires]] qui ont traversé le pays à travers les siècles. Ainsi, les premiers [[Phéniciens]] ont amené avec eux leurs chants et danses, dont les traces se trouvent enracinées dans la région de [[Tunis]], alors que les [[Rome antique|Romains]] n’ont laissé que peu de traces artistiques par rapport à leur contribution architecturale<ref>Sellami Hosni, « La danse en Tunisie », ''Les danses dans le monde arabe ou l’héritage des almées'', éd. L’Harmattan, Paris, 1996, p. 143</ref>. L’arrivée des [[Hilaliens]] au {{XIe siècle}}, qui parachève l’implantation des [[Arabes]] au [[Maghreb]], introduit en Tunisie les traditions, la musique et la danse des [[Nomadisme|nomades]] de la [[Haute-Égypte]]<ref>Sellami Hosni, ''op. cit.'', p. 143-144</ref>. Viennent ensuite le [[soufisme]] et ses danses religieuses avant l’arrivée à la fin du {{XVe siècle}} des [[Al-Andalus|Andalous]] avec leurs danses et leurs musiques citadines. La [[danse orientale]] serait arrivée plus tard avec les [[Peuples turcs|Turcs]] et les [[Égypte|Égyptiens]]<ref name="Hosni144">Sellami Hosni, ''op. cit.'', p. 144</ref> même si une polémique partage les spécialistes de l’histoire de l’art maghrébin : les uns prétendent qu’elle n’est apparue qu’avec les premiers [[corsaire]]s turcs au {{XVIe siècle}} alors que les autres affirment que l’origine de cette danse remonte à l’ère du [[matriarcat]] en [[Mésopotamie]] et qu’elle serait arrivée au Maghreb par la Tunisie avec les premiers Phéniciens<ref name="Hosni144"/>. Cette forme de danse généralement pratiquée en Tunisie insiste sur les mouvements du [[Bassin osseux|bassin]] en rythme, mouvements mis en valeur par l’élévation des [[Bras (segment de membre)|bras]] à l’horizontale, et sur les [[Pied (anatomie)|pieds]] se déplaçant en rythme et transférant le poids du corps sur la [[Membre inférieur humain|jambe]] droite ou gauche<ref name="Hafsi">Bedhioufi Hafsi, « Enjeux privés et sociaux du corps », ''Unité et diversité. Les identités culturelles dans le jeu de la mondialisation'', éd. L’Harmattan, Paris, 2002, p. 321</ref>.
La danse de rboukh reflète quant à elle un phénomène social né dans les milieux ouvriers des villes tunisiennes<ref name="Hosni149">Sellami Hosni, ''op. cit.'', p. 149</ref>. Cette danse masculine, accompagnée de [[chant]]s d’[[amour]] souvent [[libertin]]s évoquant la [[séduction]], l’attirance charnelle et les plaisirs de la vie, est longtemps exécutée dans les [[Café (établissement)|cafés]] sur les rythmes de la [[darbouka]] et du [[mezoued]]<ref name="Hosni149"/>. Plusieurs gestes rappellent les mouvements quotidiens des ouvriers (halage, piochage ou terrassement)<ref name="Hafsi">Bedhioufi Hafsi, ''op. cit.'', p. 320</ref>. Depuis les [[années 1970]], elle a quitté les cafés et caractérise souvent les fêtes et les cérémonies de [[circoncision]] ou de [[mariage]] dans les quartiers populaires des grandes villes tout en voyant disparaître les scènes jugées obscènes<ref name="Hafsi"/>.
[[Image:Troupe folklorique 2.jpg|thumb|300px|Troupe folklorique des Kerkennah]]
La nouba, plus ancrée dans la pratique populaire, est liée aux danseurs des [[Kerkennah]] et à ceux de [[Djerba]] dans une moindre mesure<ref name="Hosni150">Sellami Hosni, ''op. cit.'', p. 150</ref>. Comme elle est exécutée en mouvements d’ensemble, les danseurs la pratiquant, organisés en troupe, doivent s’y préparer collectivement. Certains spécialistes affirment que leur tenue serait d’origine [[Grèce|grecque]]. Structurée en plusieurs scènes, la danse est souvent accompagnée de jeux acrobatiques avec des [[amphore]]s remplies d’[[eau]]<ref name="Hosni150"/>.
La danse religieuse la plus répandue est sans doute le stambali qui est à l’origine une danse rituelle à la gloire du [[Marabout (islam)|marabout]] Sidi Saad — religieux musulman d’[[Soudan (homonymie)|origine soudanaise]] arrivé au {{XVIe siècle}} avec ses adeptes — dont le sanctuaire est situé dans la région de [[Mornag]]<ref>Sellami Hosni, ''op. cit.'', p. 148</ref>. L’esprit communautaire et religieux spécifique s’est transformé après sa mort en esprit de [[confrérie]]. Mais, au lendemain de l’indépendance du pays, les autorités ayant interdit les pratiques rituelles et fermé une grande partie des sanctuaires, les adeptes poursuivent leurs rites à domicile. Cette évolution privatisée éloigne progressivement la danse de son cadre religieux et la voit adoptée aussi par les [[Histoire des Juifs en Tunisie|juifs]]<ref>Sellami Hosni, ''op. cit.'', p. 148-149</ref>. Elle n’a donc plus aucun lien avec ses origines islamiques.
Aujourd’hui, la Troupe nationale des arts populaires ou le Centre national de la danse de l’[[Ariana]] tentent de perpétuer la mémoire et la pratique de ces danses populaires<ref>Sellami Hosni, ''op. cit.'', p. 151-153</ref> dans un contexte où les [[Archives nationales de Tunisie|archives nationales]] souffrent d’un manque de documents en matière de danses et d’arts populaires<ref>Sellami Hosni, ''op. cit.'', p. 153</ref>.
=== Peinture ===
Du fait de l’interdit de la reproduction de l’image humaine, les dynasties musulmanes régnantes ont étouffé l’art pictural durant des siècles. Les peintres se sont alors tournés vers la [[Styles calligraphiques arabes|calligraphie]]. Il faut attendre le protectorat français pour que cet art renaisse. Bien qu’au début du {{XXe siècle}}, les galeries soient réservées aux peintres européens et à des Juifs naturalisés, Moses Lévy et Yahia Turki parviennent à se faire exposer<ref name="tangka3">{{fr}} [http://guides.tangka.com/tunisie/Chapt8Sub1.htm Un pays pour les peintres (Guide Tangka)]</ref>.
La naissance d’une [[peinture]] tunisienne contemporaine est fortement liée à l’École de Tunis mise en place par un groupe d’artistes de Tunisie unis par la volonté d’incorporer des thèmes proprement tunisiens et rejetant l’influence orientaliste de la peinture coloniale. Elle est fondée en [[1949]] et réunit des peintres français et tunisiens, musulmans, chrétiens et juifs : Pierre Boucherle, son principal instigateur, Yahia Turki, [[Abdelaziz Gorgi]], Moses Lévy, [[Ammar Farhat]] ou encore Jules Lellouche. Certains de ses membres se sont donc tournés vers les sources de l’esthétique arabo-musulmane : [[miniature]], [[Arabesque (architecture)|arabesque]], [[architecture islamique]], etc. Après la [[Expressionnisme|peinture expressionniste]] d’Amara Debbache, Jellal Ben Abdallah et Ali Ben Salem se font reconnaître, l’un pour ses miniatures de style byzantin, l’autre pour son rattachement à l’[[impressionnisme]]<ref name="tangka3"/>. La vie quotidienne devient par ailleurs l’inspiration de Zoubeir Turki et de Gorgi. L’[[Abstraction (art)|abstraction]] saisit également l’imagination des peintres comme Edgar Naccache, Nello Lévy et Hédi Turki. Quant à [[Hatem El Mekki]], peintre abstrait, sa facture rappelle celle d’[[Alberto Giacometti]]<ref name="tangka3"/>.
[[Image:August Macke 024.jpg|230px|thumb|left|''Paysage des environs de Hammamet'' par [[August Macke]] (1914)]]
Après l’indépendance en [[1956]], le mouvement pictural tunisien entre dans une dynamique d’édification nationale, des artistes se mettant au service de l’État. Un ministère de la culture est fondé et, sous l’impulsion de ministres tels que [[Habib Boularès]], une politique volontariste est mise en place, ce qui ne manque pas d’interroger la relation entre l’artiste et le pouvoir. Des artistes ont ainsi pu accéder à une reconnaissance internationale tels que El Mekki ou Zoubeir Turki. La jeune peinture emboîte davantage le pas à ce qui se passe ailleurs dans le monde<ref name="tangka3"/>. Sadok Gmech puise son inspiration dans le patrimoine national alors que Moncef Ben Amor se tourne vers le fantastique. Dans un autre registre, [[Youssef Rekik]] réutilise la technique de la peinture sur verre et [[Nja Mahdaoui]] retrouve la calligraphie dans sa dimension mystique<ref name="tangka3"/>.
Par ailleurs, la Tunisie a marqué de nombreux peintres européens. Ainsi, [[Alexandre Roubtzoff]] est souvent considéré comme le « peintre de la Tunisie ». Arrivé en [[1914]] à Tunis grâce à une bourse de l’Académie impériale des beaux-arts de [[Saint-Pétersbourg]], il choisit de s’installer définitivement en Tunisie. Jusqu’à sa mort en [[1949]], il produit quelques 3000 tableaux représentant les diverses facettes de la Tunisie sous le protectorat. [[Paul Klee]], qui affirma avoir découvert en Tunisie la couleur, et [[August Macke]] visitent également la Tunisie en 1914. Macke exécute une série d’[[aquarelle]]s de [[Cubisme|style cubiste]] alors que Klee sera marqué par la lumière et les couleurs des paysages tunisiens.
Il existe actuellement une cinquantaine de [[Galerie d'art|galeries d’art]] abritant des [[Exposition artistique|expositions]] d’artistes tant tunisiens qu’internationaux<ref name="tunisia online">{{en}} [http://www.tunisiaonline.com/culture/culture1.html Culture de la Tunisie (Tunisia Online)]</ref>. Parmi ces galeries figurent la galerie Yahia de [[Tunis]] et la galerie Essaadi de [[Carthage]]<ref name="tunisia online"/>.
=== Littérature ===
{{Article détaillé|Littérature tunisienne}}
[[Image:Tozeur AQChebbi.jpg|thumb|250px|Buste d’[[Abou el Kacem Chebbi]] à Ras El Aïn ([[Tozeur]])]]
La [[littérature]] tunisienne existe sous deux formes : en langue [[arabe]] et en langue [[français]]e. La littérature arabophone remonte au {{VIIe siècle}} avec l’arrivée de la civilisation arabe dans la région. Elle est plus importante que la littérature en langue française — qui suit l’implantation du [[Protectorat français en Tunisie|protectorat français]] en [[1881]]<ref>{{fr}} [http://www.francophonie.philo.ulg.ac.be/TUN.Lettres La littérature tunisienne de langue française (Mémoire vive)]</ref> — tant en volume qu’en valeur<ref name="every culture"/>.
Parmi les figures littéraires, on peut citer [[Ali Douagi]], qui a produit plus de 150 contes radiophoniques, plus de 500 [[Poésie|poème]]s et [[chanson]]s populaires et près de 15 pièces de [[théâtre]]<ref name="tangka2">{{fr}} [http://guides.tangka.com/tunisie/Chapt8Sub1.htm Fantaisie arabe et poésie (Guide Tangka)]</ref>, Béchir Khraief, qui a redonné souffle au roman arabe dans les [[années 1930]] et publié en [[1937]] sa première nouvelle qui fit scandale car les [[dialogue]]s étaient rédigés en dialecte [[Arabe tunisien|tunisien]]<ref name="tangka2"/>, [[Moncef Ghachem]] ou [[Mahmoud Messaadi]]. Quant à la [[poésie]], elle opte pour le non conformisme et l’innovation : [[Abou el Kacem Chebbi]] apporte ainsi un nouveau langage en déplorant la pauvreté de l’imagination dans la littérature arabe<ref name="tangka2"/>. Quant à la littérature d’expression française, elle se caractérise par son sens critique. Contrairement au pessimisme d’[[Albert Memmi]], qui prédisait que la littérature tunisienne était condamnée à mourir jeune<ref>{{fr}} [http://guides.tangka.com/tunisie/Chapt8Sub1.htm Littérature francophone (Guide Tangka)]</ref>, des écrivains tunisiens percent à l’étranger : [[Abdelwahab Meddeb]], [[Tahar Bekri]], Mustapha Tlili, Hélé Béji ou encore Fawzi Mellah. Les thèmes de l’errance, de l’[[exil]] et du déchirement constituent l’axe principal de cette création littéraire.
La bibliographie nationale recense {{formatnum:1249}} livres non scolaires publiés en [[2002]] en Tunisie, dont 885 titres sont en arabe<ref name="littérature">{{fr}} [http://www.culture.tn/culture/HTML/pagedentree/livre.htm Littérature tunisienne (Ministère de la culture et de la sauvegarde du patrimoine)]</ref>. Près du tiers des ouvrages publiés sont destinés aux enfants<ref name="littérature"/>.
== Édition ==
[[Image:Comite khaldounia.jpg|left|300px|thumb|Comité directeur de la [[Khaldounia]] en [[1903]]]]
À la fin du {{XIXe siècle}} et au début du {{XXe siècle}}, le rapport entre l’[[Maison d'édition|édition]] arabophone — œuvre de l’[[élite]] [[Bourgeoisie|bourgeoise]] et des activités d’associations comme la [[Khaldounia]] ou le club des anciens du [[Collège Sadiki]] —, la [[Presse en Tunisie|presse]] et l’[[imprimerie]] est étroit<ref name="Zran1">{{fr}} [http://jamelzran.jeeran.com/archive/2007/1/139914.html Aux sources de l’édition arabophone en Tunisie] par Jamel Zran</ref>. Mais sa faiblesse, née du contrôle exercé par les autorités du protectorat français<ref>La première imprimerie privée arabe n’ouvre ses portes qu’en 1903.</ref>, se répercute sur la publication des [[Journal|journaux]] qui sont l’espace le plus approprié pour la diffusion de la création littéraire locale<ref name="Zran1"/>. Après la [[Première Guerre mondiale]], la production du livre tunisien connaît toutefois une situation plus favorable et c’est dans l’[[entre-deux-guerres]] que l’édition tant arabophone que francophone connaît une période relativement florissante. Avant l’indépendance proclamée en [[1956]], la publication de la littérature tunisienne est encore assurée par les libraires, les imprimeurs et quelques [[Maison d'édition|maisons d’éditions]] privées gérées par des Français.
Par la suite, l’État prend en charge la création d’une importante structure d’édition avec pour objectif d’instaurer une culture nationale moderne au service de la massification de la culture et de l’enseignement<ref name="Zran2">{{fr}} [http://jamelzran.jeeran.com/archive/2007/5/217861.html L’édition du livre en Tunisie : de l’État éditeur à l’État gestionnaire] par Jamel Zran</ref>. Ainsi, le [[secteur public]] produit entre [[1956]] et [[1987]] plus de {{unité|70|%}} des livres publiés<ref name="Zran2"/>. Cette situation ne laisse à l’édition privée que peu de possibilités d’évoluer : ce n’est que vers les [[années 1990]] que l’État abandonne son rôle d’éditeur pour se limiter uniquement à la gestion de l’édition par une série d’institutions et de mesures d’aides aux éditeurs de la part du [[Ministère de la culture et de la sauvegarde du patrimoine|ministère de la culture]]. Dans ce contexte, la production éditoriale entre [[1987]] et [[1996]] s’élève à {{formatnum:6068}} titres et les éditeurs affirment que, sans ces aides, il serait difficile de parler d’une édition proprement tunisienne<ref name="Zran2"/>.
Désormais, plus de {{unité|80|%}} de la production de livres émane du [[secteur privé]] constitués d’une centaine de maisons d’éditions. Le budget consacré à la littérature par le ministère de la culture dépasse en [[2003]] le montant de trois millions de [[Dinar tunisien|dinars tunisiens]] destinés à l’acquisition d’ouvrages et de périodiques tunisiens et étrangers<ref name="littérature"/>. 2003 a par ailleurs été proclamée « année nationale du livre », ce qui a permis l’organisation de foires et d’expositions, de rencontres de réflexion et de débat, de concours d’écriture, etc<ref name="littérature"/>.
== Médias ==
{{Article détaillé|Presse en Tunisie}}
Les médias télévisuels restent longtemps sous la domination de l’[[Établissement de la radiodiffusion-télévision tunisienne]] (ERTT) et de son ancêtre, la Radiodiffusion-télévision tunisienne, fondé en [[1957]]. Le [[7 novembre]] [[2006]], le [[Président de la République tunisienne|président]] [[Zine el-Abidine Ben Ali]] annonce la scission de l’établissement qui devient effective le [[31 août]] [[2007]]. Jusqu’à cette date, l’ERTT gère l’ensemble des chaînes de télévision publiques ([[Tunisie 7]] et [[Tunisie 21|Canal 21]] qui avait remplacé la défunte [[RTT 2]]) ainsi que quatre stations de radio nationales ([[Radio Tunis]], [[Radio Tunisie Culture]], [[Radio Jeunes]] et [[Radio Tunis Chaîne Internationale|RTCI]]) et cinq régionales à [[Radio Sfax|Sfax]], [[Radio Monastir|Monastir]], [[Radio Gafsa|Gafsa]], [[Radio Tataouine|Tataouine]] et [[Radio Le Kef|Le Kef]]. La majorité des programmes sont en [[arabe]] mais certains sont en [[français]]. Depuis [[2003]], un processus d’ouverture au secteur privé est en cours : il a vu la création des radios [[Mosaïque FM]], [[Jawhara FM]] et [[Zitouna FM]] et des chaînes de télévision [[Hannibal TV]] et [[Nessma]].
La presse écrite compte en [[2007]] quelques 245 [[Journal|quotidien]]s et [[revue]]s (contre 91 en [[1987]])<ref> {{fr}} [http://www.tunisie.com/media/ Presse et communication en Tunisie (Tunisie.com)]</ref> en grande partie (90 %) détenus par des groupes privés et des indépendants. Les [[partis politiques tunisiens]] ont le droit de publier leurs propres journaux mais ceux des [[Opposition politique en Tunisie|partis d’opposition]] n’ont qu’un tirage très limité (comme ''[[Al Mawkif]]'' ou ''[[Mouwatinoun]]''). La [[liberté de la presse]] est garantie par la [[Constitutions de la Tunisie|constitution]] même si la quasi-totalité des journaux suit la ligne gouvernementale et rapporte sans approche critique les activités du [[président de la République tunisienne|président de la République]], du gouvernement et du [[Rassemblement constitutionnel démocratique]] (parti au pouvoir) au travers des [[dépêche]]s de l’agence [[Tunis Afrique Presse]].
== Festivals ==
Des centaines de festivals internationaux, nationaux, régionaux ou locaux ponctuent l’agenda annuel. Les festivals de musique et de théâtre dominent largement la scène culturelle nationale.
Durant l’été ont lieu annuellement le [[Festival international de Carthage]] (juillet), le [[Festival international des arts plastiques de Mahrès]] (fin juillet-début août) et le Festival international de Hammamet. Ce sont durant les mois d’octobre-novembre qu’ont par la suite lieu les [[Journées cinématographiques de Carthage]] alternées tous les ans aux Journées théâtrales de Carthage. Enfin, l’année est terminée par le [[Festival international du Sahara]] qui met à l’honneur la tradition culturelle du [[désert]] tunisien.
D’autres festivals mettent également à l’honneur la musique tunisienne traditionnelle, comme le Festival de la musique traditionnelle, ou encore le [[jazz]] tunisien, comme Jazz à Carthage et le [[Tabarka Jazz Festival]].
== Architecture ==
{{Images
|largeur=300
|titre=Aperçu de l’architecture tunisienne
|Image:Amphitheater El Djem, Typhrus, Tunesia, from the outside 13 Sept 2004.jpg|[[Amphithéâtre d'El Jem]]
|Image:Ksar Ouled Debab.JPG|Ksar Ouled Debbab
|Image:IMGP9256.JPG|Porte de la cité de [[Mahdia]]
|Image:BorjElLazarith.JPG|Fort de [[Ghar El Melh]]
|Image:Djerba architecture house.jpg|Menzel traditionnel de [[Djerba]]
|Image:Kairouan barbier05.jpg|Cour de la mosquée du Barbier ([[Kairouan]])
|Image:Dar Ben Abdallah.jpg|Patio du [[Dar Ben Abdallah]]
|Image:Sidibousaid escalier.jpg|Ruelle de [[Sidi Bou Saïd]]
|Image:Tunis Place de la Victoire.JPG|Bâtiments de la place de la Victoire à [[Tunis]]
|Image:Djerba, Synagoge La Ghriba Jan 2002 Innenansicht 3.jpg|[[Synagogue de la Ghriba]]
}}
L’[[architecture islamique]] s’exprime sous diverses facettes en Tunisie<ref name="every culture"/>. Au travers de nombreux édifices, [[Kairouan]] forme ainsi l’épicentre d’un courant architectural exprimant les liens entre bâti et [[spiritualité]] : la parure ornementale des édifices religieux de la ville sainte inaugura des formules qui firent école dans les [[mosquée]]s de l’[[Ifriqiya]] jusqu’à l’arrivée des [[Empire ottoman|Ottomans]] au {{XVIe siècle}}. À [[Djerba]], l’architecture résume également la rigueur de l’[[Ibadisme|islam ibadite]] implanté sur l’île tout comme la forteresse du [[Le Kef|Kef]] renseigne sur le destin militaire et spirituel d’un [[soufisme]] influent dans la région.
Le rôle influent des diverses [[dynastie]]s ayant régné sur le pays, notamment dans l’édification des villes princières de [[Raqqada]] et [[Mahdia]], éclaire le rôle fondamental du contexte géopolitique dans l’histoire architecturale du pays. Ainsi, les [[ribat]]s qui protégeaient les côtes des incursions [[Empire byzantin|byzantines]] ont fait de villes comme [[Monastir]], [[Lamta]] ou [[Sousse]] de véritables cités-forteresses.
La [[médina de Tunis]], classée au [[Liste du patrimoine mondial|patrimoine mondial]] de l’[[Unesco]], est quant à elle un exemple de formation d’un modèle urbain typiquement musulman. Dans les régions situées entre les ports de [[Bizerte]] et [[Ghar El Melh]], l’habitat s’inscrit dans des agglomérations fondées par les [[Maures (population)|Maures]] fuyant l’[[Al-Andalus|Andalousie]] [[Reconquista|reconquise]] par les souverains [[Catholicisme|catholiques]].
Compte tenu du caractère cosmopolite des grandes villes tunisiennes, ces dernières conservent divers styles né de la diversité des origines des architectes, des artisans et des entrepreneurs durant le [[Protectorat français en Tunisie|protectorat français]]. Parmi les architectes les plus connus de cette époque figurent Victor Valensi, Guy Raphaël, Henri Saladin, Joss Ellenl et Jean-Émile Resplandy<ref name="Borsali">{{fr}} [http://www.realites.com.tn/index1.php?mag=1&cat=/1110CHRONIQUES/3Nota%20bene&art=15265&a=detail1&PHPSESSID=fd6a169186dedbd1cecaad3505f9e497 Noura Borsali, « Le mois du patrimoine. Que soit sauvegardée la richesse architecturale de nos villes », ''Réalités'', n°1062, 4 mai 2006]</ref>. Cinq styles architecturaux et décoratifs sont alors en vogue : le style éclectique ([[Architecture néoclassique|néoclassique]], néobaroque, etc.) entre [[1881]] et [[1900]] puis l’[[art nouveau]] jusqu’en [[1920]] et le style néomauresque jusqu’en [[1930]], le [[Art déco|style art déco]] entre [[1925]] et [[1940]] et le [[Mouvement moderne|style moderniste]] entre [[1943]] et [[1947]]<ref name="Borsali"/>.
Dans le sud du pays, les [[oasis]] de [[Gafsa]], [[Nefta]] ou [[Tozeur]], les [[Ksour de Tunisie|ksours]] et les habitations [[troglodyte]]s de [[Matmata]] se caractérisent par leur réponse adaptée à l’hostilité de leur environnement désertique ou semi-désertique.
== Traditions ==
{{Article détaillé|Proverbes tunisiens|Jours fériés en Tunisie}}
=== Artisanat ===
{{Article détaillé|Artisanat tunisien}}
La Tunisie est également réputée pour ses nombreux [[Artisanat|produits artisanaux]] dont les diverses régions du pays font leur spécificité.
La [[poterie]] tunisienne est principalement issue de [[Guellala]]<ref>{{fr}} [http://fr.encarta.msn.com/media_102686838_761568505_-1_1/Guellala_(%C3%AEle_de_Djerba).html Article sur Guellala (Encarta)]</ref>, ville à l’origine de la création d’autres centres potiers sur le [[littoral]] tunisien, notamment à [[Tunis]], [[Nabeul]], [[Moknine]], etc. Mais si la poterie poreuse s’identifie à Guellala, celle émaillée (jaune, verte ou brune) est la marque de fabrique de Nabeul<ref name="poterie">{{fr}} [http://www.artisanat.nat.tn/site/fr/article.php?id_article=41 Céramique et poterie (Portail national de l’artisanat tunisien)]</ref>. Le modelage, la cuisson et le décor des poteries demeurent toutefois primitifs<ref name="poterie"/>. Les lignes, les points, les traits ciliés, les dents de scie, les croix, les losanges sont autant de motifs qui rappellent les [[tatouage]]s et les tissus ruraux<ref name="poterie"/>.
La [[ferronnerie]] remonte pour sa part à l’[[Al-Andalus|époque andalouse]] lorsque l’on décorait les [[porte]]s [[clou]]tées, ornement devenu caractéristique du [[fer forgé]] tunisien. Bleues par tradition, destinées à embellir les maisons et à préserver l’intimité des habitants, ces grilles rappellent les [[moucharabieh]]s de la tradition arabo-andalouse, panneaux de bois sculpté qui permettaient aux femmes de regarder dans la rue sans être vues.
[[Image:Houmt Souk May 2007.JPG|left|250px|thumb|Poterie djerbienne]]
Au début du {{XXe siècle}}, chaque région, voire chaque village, possède son propre [[costume]]. Aujourd’hui, le costume traditionnel est la tenue par excellence des [[mariage]]s et autres cérémonies<ref name="costume">{{fr}} [http://www.artisanat.nat.tn/site/fr/article.php?id_article=36 Costume traditionnel (Portail national de l’artisanat tunisien)]</ref>. Au niveau national, c’est la [[jebba]] qui s’est imposée comme habit traditionnel<ref name="costume"/>. Cet habit ample, couvrant tout le corps, se différencie selon la qualité de son [[Textile|étoffe]], de ses couleurs et de ses [[passementerie]]s. Les [[babouche]]s masculines sont en général de la couleur naturelle du [[cuir]]<ref name="cuir">{{fr}} [http://www.artisanat.nat.tn/site/fr/article.php?id_article=37 Cuir et maroquinerie (Portail national de l’artisanat tunisien)]</ref>, celles des femmes étant dans leur majorité brodées de fils de [[soie]], de [[coton]], d’[[or]] et d’[[argent]] avec des motifs floraux ou des croissants<ref name="cuir"/>.
Bien que les ateliers de chaque ville et de quelques villages produisent des tissus typiques de la région — à [[Gabès]], par exemple, le [[tapis]] est à poil ras<ref name="360 p. 162"/> —, la ville de [[Kairouan]] constitue tout de même le centre national de production de tapis. Le [[kilim]] constitue un héritage de la [[Tunisie beylicale|domination ottomane en Tunisie]]. Il se caractérise par un tapis brodé et non noué et donc dépourvu de [[velours]]. Il sert aujourd’hui tant au recouvrement du sol qu’à la décoration murale.
La Tunisie possède enfin une riche tradition de [[Mosaïque (art)|mosaïques]] remontant à la période antique. Même si des mosaïques puniques ou ''pavimenta punica'' ont été retrouvées sur les sites de [[Kerkouane]] ou sur la colline de [[Byrsa]] à Carthage, c’est à l’époque romaine et surtout à partir du {{IIe siècle}} que cet art se développe au point qu’on puisse parler d’une véritable école africaine marquée par la maîtrise de la représentation figurée, alliée à la présence locale de [[marbre]]s de grande qualité, en particulier sur le site de [[Chemtou]].
{{clr}}
=== Costumes traditionnels ===
==== Vêtement masculin ====
{{Article détaillé|Jebba|Chéchia}}
[[Image:Chechia testouriya.jpg|right|250px|thumb|Habitants de [[Médenine]] en habits traditionnels ([[1990]])]]
Les ruraux considèrent la jebba comme un vêtement de cérémonie<ref name="jebba">{{fr}} [http://www.saisonstunisiennes.com/panorama_txt08.html La Tunisie de A à Z, « La jebba », ''Saisons tunisiennes'']</ref>. Blanche l’[[été]] et grise l’[[hiver]], c’est une [[tunique]] sans manches que l’homme porte par-dessus une [[Chemise (vêtement)|chemise]], un [[gilet]] et une [[Culotte (vêtement)|culotte]] bouffante (appelée seroual)<ref name="costume"/>. Les jours ordinaires, les hommes se contentent de simples [[pantalon]]s et chemises sur lesquelles ils enfilent parfois un kadroun<ref name="costume"/>, tunique de [[laine]] moins large que la jebba et munie de manches longues. En hiver, ils passent un [[burnous]], lourde cape en laine à [[Capuchon (vêtement)|capuchon]] équivalente au [[Manteau (vêtement)|manteau]], ou, dans le nord du pays, une kachabiya, qui ne se différencie de ce dernier que par ses [[Rayure (motif)|rayures]] [[brun]]es et [[blanc]]hes<ref>{{fr}} [http://www.saisonstunisiennes.com/panorama_txt01.html La Tunisie de A à Z, « Le burnous », ''Saisons tunisiennes'']</ref>.
En milieu urbain, le costume de cérémonie se compose d’une chemise de [[Lin cultivé|lin]] à [[Col (vêtement)|col]] officier et manches longues. Le seroual est orné au bas des jambes et sur les [[Poche (vêtement)|poches]] d’une discrète décoration de [[passementerie]]. Une large [[Ceinture (vêtement)|ceinture]] coupée dans le même tissu fixe les plis tout en retenant le seroual à la [[Taille (anatomie)|taille]]. Une jebba de laine et [[soie]] complète le costume auquel on ajoute un burnous orné de passementerie en hiver. Les chaussures, des babouches en [[cuir]], laissent le [[Talon (anatomie)|talon]] à découvert. Enfin, la coiffure d’apparat est une [[chéchia]] ou kabous, [[Bonnet (vêtement)|bonnet]] de [[Feutre (textile)|feutre]] rouge qui ceint le front<ref>{{fr}} [http://www.saisonstunisiennes.com/panorama_txt03.html La Tunisie de A à Z, « Chéchia », ''Saisons tunisiennes'']</ref>, parfois ornée d’un gland de fil noir. Pour une tenue décontractée pendant les heures de loisirs, il arrive que le citadin revête une simple jebba<ref name="jebba"/>.
==== Vêtement féminin ====
[[Image:Berber tunisie 1910.jpg|left|180px|thumb|Jeune femme berbère de Tunisie (début des [[années 1900]])]]
Le vêtement féminin est beaucoup plus varié que celui des hommes. En ville, la grande majorité des jeunes femmes ont adopté la mode européenne mais les femmes d’un certain âge, même en milieu urbain, s’enveloppent souvent d’un [[sefseri]], voile blanc de soie ou de laine fine qui recouvre la tête et qu’elles portent sur une [[blouse]] et un pantalon bouffant. Ces silhouettes portant un sefseri font partie de l’[[image d'Épinal]] de la Tunisie au même titre que les maisons blanches et bleues de [[Sidi Bou Saïd]]. En milieu rural, les femmes portent encore des robes aux couleurs vives. Ainsi, les femmes berbères portent la melhafa, pièce de cotonnade bleue ou rouge représentative de leur région ou de leur village. Le tissu s’ouvre sur le côté et est retenu à la taille par une ceinture et sur les [[épaule]]s par deux [[fibule]]s. Elles portent souvent des bijoux massifs sommairement ouvragés.
Les costumes de fête et de cérémonie diffèrent quelque peu selon les régions. Dans le [[Sahel tunisien|Sahel]], la pièce maîtresse du vêtement d’apparat est une robe drapée, en laine ou en [[coton]]<ref name="costume"/>, portée sur un [[Chemisier|corsage]] brodé de soie et d’[[argent]], un gilet de [[velours]] orné d’[[or]], un pantalon de [[dentelle]] et une ceinture en soie. Jusqu’au milieu du {{XIXe siècle}}, les jeunes mariées de l’[[aristocratie]] [[tunis]]oise portent un [[caftan]] taillé dans du velours, du [[brocart]] ou de la soie et richement brodé d’or et enrichi de pierres fines. De nos jours, certaines mariées des régions de [[Sousse]] et [[Hammamet]] portent encore un caftan aux manches mi-longues, ouvert sur le devant, et dont la longueur varie du [[genou]] à la mi-[[mollet]]. La richesse et l’originalité du costume reposent moins sur la coupe ou le tissu que sur les motifs tissés ou les [[broderie]]s qui le recouvrent parfois totalement. Ces broderies utilisent des fils d’or et d’argent ou un contraste de fils rouges, bleus et noirs. Ainsi, celles de [[Raf Raf]] sont confectionnées avec des fils d’argent sur des gilets et des pantalons de soie violette.
Le port du [[hijab]] n’est pas très répandu en Tunisie bien qu’en augmentation relative depuis le début des [[années 2000]]<ref>{{fr}} [http://www.lefigaro.fr/international/20061020.FIG000000138_la_tunisie_en_guerre_contre_le_voile_islamique.html Thierry Oberlé, « La Tunisie en guerre contre le voile islamique », ''Le Figaro'', 20 octobre 2006]</ref>. De fait, l’État l’interdit dans les écoles et les administrations<ref name="USA"/>.
=== Traditions orales ===
Jusqu’au début du {{XXe siècle}}, la Tunisie se caractérise par l’existence d’une culture populaire de [[narration]]s orales et de spectacles de [[marionnette]]s<ref name="oral">Deborah Folaron, « Oral Narrating and Performing Traditions in the History of Modern Middle Eastern and Maghrebian Theatre and Drama », ''NITLE'', 2002</ref>. Le [[narrateur]], connu sous les termes de raoui, fdaoui ou meddah, était hautement respecté et apprécié, aussi bien par l’élite islamique que par les classes populaires<ref name="oral"/>. Souvent itinérant, voyageant de ville en ville à pied, il utilise le [[bendir]], la [[flûte]] et quelques [[poupée]]s en guise d’accompagnement. Sa prestation — théâtrale par sa technique d’[[Mimétisme|imitation]] de divers personnages — se déroule durant des spectacles appelés halqa et comprenant deux ou trois narrateurs se répondant et provoquant le public afin qu’il participe à l’histoire et offre finalement une obole aux artistes. Parmi les autres formes de narration figurent les histoires cycliques racontées par le meddah, le personnage du [[boussadia]] et les spectacles de stambali, ces deux derniers étant liés aux communautés originaires d’[[Afrique sub-saharienne]]<ref name="oral"/>.
La narration institutionnalisée recouvre différents types : la nadira, la hikaya, la qissa et la khurafa. La nadira ([[anecdote]]), de même que les récitations du [[Coran]], était considérée comme le genre oral par excellence par l’élite tunisienne et les classes populaires<ref name="oral"/>. Elle se regroupe en cycles, un vaste répertoire d’histoires basées sur le personnage vulgaire mais intelligent, altruiste et plein d’esprit dénommé Jha. D’autres narrateurs se spécialisent dans la hikayat, terme tunisien pour désigner les [[Saga (œuvre)|sagas]] [[épique]]s qui rappellent l’histoire des villes et villages tunisiens à partir du {{XIe siècle}}. Ces dernières mettent en valeur les personnages féminins, dont Zazia qui représente l’[[archétype]] de la femme tunisienne, et sont une partie fondamentale de la tradition orale car incluant des éléments locaux aux récits épiques arabes<ref name="oral"/>. Quant à la qissa, elle peut être définie en terme de récits coraniques classiques. Didactique par nature, elle est considérée comme partie de la littérature religieuse arabo-islamique et, de ce fait, peu accessible au public populaire<ref name="oral"/>. Finalement, la khurafa représente le type le plus imaginatif et populaire de la tradition orale tunisienne. Fonctionnant comme une sorte de [[mémoire collective]], elle résulte d’une interaction entre les narrateurs et le public<ref name="oral"/>.
Les spectacles de marionnettes dits karakouz, présent en [[Afrique du Nord]] dès le {{XIVe siècle}}, et le [[Théâtre de marionnettes sicilien|teatro dei pupi]] (originaire de [[Sicile]]), jouissent d’une popularité jusqu’au début du XX{{e}} siècle<ref name="oral"/>. Les spectacles se déroulaient durant le mois de [[ramadan]], à [[Halfaouine]], un quartier de Tunis. Selon les [[Récit de voyage|récits de voyages]], le karakouz est joué en [[turc]] jusqu’au début du {{XIXe siècle}} avant de passer au [[dialecte]] [[Arabe tunisien|tunisien]]<ref name="oral"/>. Les principaux personnages sont le vif et intelligent Karakouz et le conservateur bourgeois Haziouaz. Les autres personnages incluent des fonctionnaires, un fumeur de kif, la Française Madama, Salbi, Nina, le vendeur de [[Baklava|baklawas]] et l’[[agha]] d’origine [[Albanie|albanaise]]. Ce type de spectacle joue fortement sur les doubles significations, le [[calembour]], la [[satire]] et la [[caricature]]. Parmi les thématiques traitées par les pièces tunisiennes figurent la [[superstition]] populaire, la [[sexualité]] ou encore les [[femme]]s<ref name="oral"/>. Le teatro dei pupi, exécuté en dialecte tunisien, compte quant à lui trois personnages principaux : Nina la Juive, Nekula le Maltais et Ismail Pacha, un guerrier vaillant ayant lutté contre les rois chrétiens.
=== Jasmin ===
[[Image:Jasminum polyanthum0.jpg|250px|thumb|Fleurs de jasmin]]
Importé par les [[Al-Andalus|Andalous]] au {{XVIe siècle}}, le [[jasmin]] est devenu la fleur emblématique de la Tunisie<ref>Dominique Auzias, Laurent Boschero, Blanche de Richemont et Christiane Calonne, ''Le Petit Futé Tunisie. 2007-2008'', éd. Le Petit Futé, Paris, 2008, p. 13 {{ISBN|2746912481}}</ref>. La cueillette se fait à l’aurore puis, dès la tombée de la nuit, de jeunes garçons confectionnent de petits [[bouquet]]s et, munis de ces derniers qu’ils piquent autour d’une [[courge]] ou disposent sur une couronne d’[[alfa]] et couvrent de feuilles de [[figuier]], les vendent aux passants dans la rue ou aux automobilistes arrêtés aux carrefours<ref>{{fr}} [http://www.saisonstunisiennes.com/panorama_txt08.html La Tunisie de A à Z, « Jasmin », ''Saisons tunisiennes'']</ref>.
Par ailleurs, le jasmin fait l’objet d’un langage spécifique. Ainsi, un homme qui en porte à l’oreille gauche indique qu’il est [[célibat]]aire. Par ailleurs, offrir du jasmin blanc est une preuve d’[[amour]] alors qu’offrir du [[jasmin d'hiver]], sans odeur, est signe d’insolence<ref>{{fr}} [http://www.aujardin.info/plantes/jasmin_hiver.php Jasmin d’hiver (Au jardin)]</ref>.
== Questions sociétales ==
=== Statut de la femme ===
{{Article détaillé|Code du statut personnel (Tunisie){{!}}Code du statut personnel}}
La Tunisie est souvent considérée comme un État ouvert aux modifications du monde moderne dans le domaine matrimonial<ref>Samir Amin, ''L’économie du Maghreb'', éd. de Minuit, Paris, 1966</ref>{{,}}<ref>Ridha Boukraa, « Notes sur le planning familial et pouvoir politique au Maghreb », ''Revue tunisienne de sciences sociales'', n°46, 1976</ref>.
En [[1957]] entre en vigueur le Code du statut personnel (CSP) qui donne aux femmes un nouveau statut inouï dans le [[Civilisation islamique|monde arabo-musulman]]<ref>{{fr}} [http://www.jeuneafrique.com/pays/tunisie/article_jeune_afrique.asp?art_cle=LIN22107vingtsetadt0 Samir Gharbi et Sonia Mabrouk, « Vingt ans, vingt dates », ''Jeune Afrique'', 22 octobre 2007]</ref>. Ce code institue notamment le principe de l’égalité entre l’homme et la femme sur le plan de la [[citoyenneté]], interdit la [[polygamie]], autorise à la femme le droit de [[divorce]], établit l’âge minimum au mariage à quinze ans pour la femme et à 18 pour l’homme et oblige le [[consentement]] des deux époux comme règle de validité de tout [[mariage]]<ref>Carmel Camilleri « Famille et modernité en Tunisie », ''Revue tunisienne de sciences sociales'', n°11, 1967</ref>{{,}}<ref>Souad Chater, « La Femme tunisienne : citoyenne ou sujet », éd. Maison tunisienne de l’édition, Tunis, 1978</ref>. Plus tard, en [[1964]], l’âge minimum au mariage est encore avancé à 17 ans pour la femme et à vingt ans pour l’homme<ref>{{fr}} [http://www.persee.fr/showPage.do?luceneQuery=%28tunisie%29+AND+%28indexable_type%3Aarticlepage%3F%29&words=tunisie&words=articlepage&urn=pop_0032-4663_1986_num_41_4_17711 Roderic Beaujot, « Libération de la femme et marché matrimonial en Tunisie », ''Population'', vol. 41, n°4-5, 1986, p. 853]</ref>. Toujours plus tard, à l’occasion du 50{{e}} anniversaire de la promulgation du CSP, le [[Président de la République tunisienne|président]] [[Zine el-Abidine Ben Ali]] décide d’unifier cet âge pour les jeunes des deux sexes<ref>La Chambre des députés adopte ce nouveau texte de loi le 8 mai 2007</ref>.
[[Image:Woman in Tunisia.jpg|right|180px|thumb|Femme âgée portant un [[hijab]]]]
En 2007, les femmes tunisiennes représentent 26 % de la [[population active]] alors que les jeunes filles représentent {{unité|51|%}} des élèves de l’enseignement secondaire et {{unité|59|%}} des étudiants de l’[[Enseignement supérieur en Tunisie|enseignement supérieur]]. Au même moment, plus du tiers des quelque {{formatnum:56000}} diplômés qui sortent annuellement des universités tunisiennes sont des jeunes filles. Déjà, le {{1er novembre}} [[1983]], le président [[Habib Bourguiba]] nomme les deux premières femmes ministres : Fethia Mzali (famille et promotion de la femme) et Souad Yaacoubi (santé publique)<ref>{{en}} [http://www.bartleby.com/67/3945.html 1983 en Tunisie (Bartleby.com)]</ref>.
Toutefois, le CSP est confronté aux [[idéologie]]s radicales des chefs religieux. Ainsi, la [[dot]] existe toujours, l’homme est encore considéré comme le chef de famille et l’[[Héritage (droit)|héritage]] est complètement inégalitaire : la [[charia]] accorde aux hommes une part double par rapport à celle des femmes (l’un des rares cas où le droit islamique est appliqué en Tunisie).
=== Vie familiale ===
Dans le domaine du [[mariage]], les partenaires peuvent être choisis par arrangement entre les [[famille]]s ou par une sélection individuelle. Les mères peuvent ainsi partir à la recherche d’une mariée pour leurs [[Fils (famille)|fils]], notamment dans les [[hammam]]s<ref name="every culture"/>. Une fois qu’un engagement est conclu s’ensuit une série de visites entre les deux familles mais des litiges peuvent mener à la rupture de l’accord. La cérémonie du mariage elle-même implique le passage de la mariée de sa maison à la maison de son mari alors que le marié attend à l’extérieur afin qu’il puisse entrer dans la chambre nuptiale où celle-ci l’attend. Après la consommation du mariage s’ensuit une période d’isolement du jeune [[Couple (sociologie)|couple]]<ref name="every culture"/>.
Le [[ménage]] tunisien est fondé sur le [[Patriarcat (sociologie)|modèle patriarcal]] et les pratiques plaçant l’[[homme]] dans un rôle dominant demeurent<ref name="every culture"/>. La plupart des ménages sont fondés sur le modèle de la [[famille nucléaire]] à l’intérieur de laquelle les tâches sont attribuées en fonction de l’âge et du sexe ainsi que des compétences personnelles<ref name="every culture"/>. Les évolutions en matière d’éducation et d’emploi ont toutefois quelque peu atténué cet état de fait.
Une étude publiée par l’Office national de la famille et de la population, le [[19 juin]] [[2007]], indique qu’une jeune Tunisienne sur 10 accepte des rapports intimes avant le mariage. Pour les jeunes garçons, cette statistique est de 4 sur 10. L’étude montre également un net recul de l’âge moyen au mariage qui s’élève à 33 ans pour les hommes et 29,2 ans pour les femmes<ref>{{fr}} [http://www.babnet.net/rttdetail-10813.asp « Tunisie : les relations intimes avant le mariage », ''Babnet'', 21 juin 2007]</ref>.
=== Vie sociale ===
Lorsqu’une famille conserve une relation avec un [[Saint#Islam|saint]], la fête de celui-ci peut être l’occasion d’un regroupement familial qui sacralise le groupe constitué des descendants mâles de l’ancêtre<ref name="every culture"/>. Dans les régions rurales de la Tunisie où le [[pastoralisme]] et le [[nomadisme]] furent longtemps dominants, les liens de parenté s’étendent souvent à la [[Tribu (ethnologie)|tribu]]<ref name="every culture"/>. Cette unité et ses chefs respectifs ont été reconnus par le système colonial mais rejetés par le gouvernement né de l’indépendance. Les liens sont dorénavant activés à certaines occasions comme les mariages.
De cet héritage, les Tunisiens gardent le goût de la vie en communauté. Deux lieux sont à cet égard symboliques : le [[hammam]] et le [[Café (établissement)|café]]. Ainsi, il existait auparavant peu de [[Salle de bains|salles de bains]] dans les maisons, le hammam tenant alors une place très importante<ref name="hammam">{{fr}} [http://www.saisonstunisiennes.com/panorama_txt06.html La Tunisie de A à Z, « Hammam », ''Saisons tunisiennes'']</ref>. Ce fut aussi pendant longtemps la seule sortie autorisée aux femmes qui s’y retrouvaient entre elles durant l’après-midi<ref name="hammam"/>. Les hommes quant à eux s’y rendaient le matin ou le soir pour bavarder entre amis<ref name="hammam"/>. Aujourd’hui, la dimension hygiénique a laissé la place à la dimension de détente. Par ailleurs, les hommes ont l’habitude de se rendre au café. Là, ils boivent du [[café]] ou du [[thé à la menthe]] (rarement de l’[[Boisson alcoolisée|alcool]]), discutent, fument des [[cigarette]]s ou jouent aux [[Domino (jeu)|dominos]]. Ils peuvent également fumer la chicha, c’est-à-dire fumer du « tombac » — plante très proche du [[tabac]] que l’on fait bouillir — dans une pipe à eau ([[narguilé]])<ref>{{fr}} [http://www.saisonstunisiennes.com/panorama_txt04.html La Tunisie de A à Z, « Chicha », ''Saisons tunisiennes'']</ref>. On en remplit le fourneau de la chicha — que l’on peut recouvrir d’une feuille d’[[aluminium]] percée de trous — puis on dispose par-dessus un bout de [[charbon de bois]] incandescent. Si les femmes étrangères sont tolérées, il ne vient plus rarement à l’idée d’une Tunisienne, même jeune et moderne, de s’installer dans un café. Cependant, cela tend à évoluer et l’on voit de plus en plus de cafés dits mixtes voir le jour.
Les [[mosquée]]s sont également un lieu de rencontre. Elles étaient même les foyers des indépendantistes dans les [[années 1950]] et des [[Ennahda|islamistes]] dans les [[années 1980]].
== Gastronomie ==
{{Article détaillé|Cuisine tunisienne}}
[[Image:Couscous KKH.JPG|right|250px|thumb|Couscous aux poissons des Kerkennah]]
La [[cuisine]] tunisienne est le reflet de l’[[agriculture]] locale : [[blé]], sous la forme de [[pain]] ou de [[semoule]], [[olive]]s et [[huile d'olive]], [[viande]] (surtout de [[mouton]] et de [[bœuf]] voire dans certaines régions de [[Camelus|chameau]]), [[fruit]]s et [[légume]]s, [[poisson]] et [[Fruit de mer|fruits de mer]] — surtout le long des côtes — et [[Pâtes alimentaires|pâtes]]. Elle se différencie quelque peu de ses voisines maghrébines : le [[tajine tunisien]], contrairement à la version [[maroc]]aine, consiste en une sorte de [[terrine]] à base d’œuf, de viande, de [[Pomme de terre|pommes de terre]] et de [[persil]].
[[Image:Patisserie tunisienne.jpg|230px|left|thumb|Assortiment de pâtisseries tunisiennes]]
Le plat le plus consommé reste sans doute les pâtes et en particulier les [[spaghetti]]s et [[macaroni]]s servis généralement avec de la [[sauce tomate]] et de l’[[harissa]], même si le plat traditionnel reste le [[couscous]] : ce dernier est caractérisé par une combinaison entre les légumes ([[Pomme de terre|pommes de terre]], [[céleri]], [[tomate]], [[carotte]]s, [[courge]], etc.), la viande (surtout celle d’[[agneau]]) et la semoule et consommé très fréquemment dans des formes simples — notamment le couscous aux poissons qui est une spécialité locale — et dans des formes plus complexes pour les célébrations<ref>{{fr}} [http://www.saisonstunisiennes.com/panorama_txt04.html La Tunisie de A à Z, « Le couscous », ''Saisons tunisiennes'']</ref>.
Le pain italien (pain blanc avec beaucoup de [[mie]]) est également un aliment apprécié de beaucoup de Tunisiens : le [[sandwich]] au [[thon]], constitué d’une demi-baguette remplie de miettes de thon, d’harissa avec parfois des [[olive]]s vertes, des [[câpre]]s et des rondelles d’[[Œuf (cuisine)|œuf]]s durs, est vendu dans toutes les échoppes d’alimentation. D’autres plats réputés comme entrées sont le [[brik]], fine [[crêpe]] repliée et frite garnie à l’œuf, au thon, aux pommes de terre ou à base de viande et de [[fromage]], et la [[salade méchouia]] composée de [[tomate]]s et de [[poivron]]s cuits et épluchés et assaisonnée d’[[Ail cultivé|ail]] et de [[citron]].
{{clr}}
== Sport ==
{{Article détaillé|Sport en Tunisie}}
[[Image:Stade 7 Novembre1.JPG|left|230px|thumb|[[Stade du 7 novembre]] de [[Radès]]]]
Le sport national de la Tunisie est le [[football]] avec {{formatnum:27733}} licenciés contre {{formatnum:13992}} pour le [[taekwondo]]<ref>{{fr}} [http://www.sport.tn/fo/fr/global.php?menu1=12 Statistiques du sport en Tunisie (Ministère de la jeunesse, des sports et de l’éducation physique)]</ref>.
L’[[Espérance sportive de Tunis]] est le club de football le plus titré du [[Championnat de Tunisie de football|championnat national]] avec 20 titres à son actif. L’[[Étoile sportive du Sahel (football)|Étoile sportive du Sahel]] est le premier club [[tunisie]]n à remporter la [[Ligue des Champions de la CAF]] dans sa nouvelle édition le [[9 novembre]] [[2007]].
[[Mohammed Gammoudi]] s’illustre en [[athlétisme]], ce qui lui permet de remporter quatre médailles aux [[Jeux Olympiques]], ce qui en fait le sportif tunisien le plus médaillé de l’histoire<ref>{{en}} [http://www.sporting-heroes.net/athletics-heroes/displayhero.asp?HeroID=1553 Mohamed Gammoudi sur le site des héros de l’athlétisme]</ref>.
La première édition de la [[Coupe du monde de football des moins de 20 ans]] est organisée en [[Coupe du monde de football des moins de 20 ans 1977|1977]] en Tunisie<ref>{{fr}} [http://fr.fifa.com/tournaments/archive/tournament=104/edition=191057/index.html Coupe du monde de football des moins de 20 ans 1977 (Fédération internationale de football association)]</ref> tout comme les phases finales des [[Coupe d'Afrique des nations de football|coupe d’Afrique des nations]] [[Coupe d'Afrique des nations de football 1965|1965]]<ref>{{en}} [http://www.rsssf.com/tables/65a.html Coupe d’Afrique des nations de football 1965 (Rec.Sport.Soccer Statistics Foundation)]</ref>, [[Coupe d'Afrique des nations de football 1994|1994]]<ref>{{en}} [http://www.rsssf.com/tables/94a.html Coupe d’Afrique des nations de football 1994 (Rec.Sport.Soccer Statistics Foundation)]</ref> et [[Coupe d'Afrique des nations de football 2004|2004]]<ref>{{en}} [http://www.rsssf.com/tables/04a.html Coupe d’Afrique des nations de football 2004 (Rec.Sport.Soccer Statistics Foundation)]</ref> que la [[Équipe de Tunisie de football|sélection tunisienne]] remporte pour la première fois.
En ce qui concerne les autres sports, la [[Équipe de Tunisie de handball masculin|Tunisie]] a remporté sept [[Championnat d'Afrique de handball masculin|championnats d’Afrique de handball masculin]], huit [[Championnat d'Afrique de volley-ball masculin|championnats d’Afrique de volley-ball masculin]] et la compétition de [[basket-ball]] des [[Jeux panafricains]] de [[1973]].
== Politique culturelle ==
La culture relève politiquement du [[ministère de la culture et de la sauvegarde du patrimoine]] dirigé par Mohamed Aziz Ben Achour. Ce ministère, créé le [[11 décembre]] [[1961]]<ref>Rafik Saïd, ''op. cit.'', p. 20</ref>, est, d’après le [[décret]] n°2005-1707 du [[6 juin]] [[2005]], « chargé, dans le cadre de la politique générale de l’État, d’exécuter les choix nationaux dans les domaines de la culture et de la sauvegarde du patrimoine et d’établir les plans et les programmes en vue de promouvoir ces domaines<ref>{{fr}} [http://www.ministeres.tn/html/ministeres/attributions/culture.html Rôle et attributions du ministère de la culture et de la sauvegarde du patrimoine]</ref>. »
En [[2007]], le [[budget]] alloué à la culture atteint 10 % du budget total du pays<ref name="adel latrech"/> alors qu’il n’était que de 1 % en [[2001]]. Au cours de l’année 2007, sept [[bibliothèque]]s ont été réalisées et 30 bibliothèques publiques aménagées<ref name="2 déc 2007">{{fr}} [http://fr.allafrica.com/stories/200712030298.html « Tunisie : réponses des membres du gouvernement — Le ministre de la culture et de la sauvegarde du patrimoine », ''La Presse de Tunisie'', 2 décembre 2007]</ref>. Dix maisons de la culture sont en cours de construction, la moitié devant être prête en [[2008]]<ref name="2 déc 2007"/>, et 40 autres maisons sont également en cours de maintenance. Un projet vise également à proclamer 2008 comme l’« année nationale de la traduction »<ref name="2 déc 2007"/>.
Le [[7 novembre]] [[2007]], le [[Président de la République tunisienne|président]] [[Zine el-Abidine Ben Ali]] annonce la création d’un Conseil supérieur de la culture<ref name="adel latrech">{{fr}} [http://fr.allafrica.com/stories/200711300975.html Adel Latrech, « Tunisie : débats budgétaires — La création du Conseil supérieur de la culture, un grand acquis », ''La Presse de Tunisie'', 30 novembre 2007]</ref>, composé de personnalités connues et appartenant aux divers domaines de la culture et des arts, qui seront appelés à la proposition d’idées et d’approches susceptibles de promouvoir leurs secteurs et de renforcer le rayonnement de la Tunisie à l’étranger<ref name="adel latrech"/>. De plus, le président annonce le recrutement de cinq cents [[Cadre (entreprise)|cadres]] pour renforcer le personnel lié à la culture<ref name="adel latrech"/>.
La politique culturelle tunisienne applique également une politique d’adaptation des prix des spectacles au [[Pouvoir d'achat|pouvoir d’achat]] des Tunisiens<ref name="2 déc 07 p.2">{{fr}} [http://fr.allafrica.com/stories/200712030298.html?page=2 « Tunisie : réponses des membres du gouvernement — Le ministre de la culture et de la sauvegarde du patrimoine », ''La Presse de Tunisie'', 2 décembre 2007]</ref>. Dans ce contexte, [[Chedli Klibi]], ministre de la culture dans les [[années 1970]], s’exprime à propos de l’organisation culturelle en Tunisie en ces termes :
{{Début citation}}La culture sera entendue dans le sens le plus large, au sens de la culture de l’homme, dans laquelle interviennent le style de vie, la vision du monde et la conscience que doit avoir tout citoyen de l’environnement social et culturel où il vit. On s’adressera donc aussi bien aux élites qu’aux couches les plus modestes de la population en vue de les faire accéder à la dignité de la compréhension des choses de l’esprit<ref name="p. 39">Rafik Saïd, ''op. cit.'', p. 39</ref>.{{Fin citation}}
Dans la pratique, le nombre moyen des spectacles a augmenté de {{formatnum:1863}} en [[2000]] à {{formatnum:3560}} en 2007<ref name="2 déc 07 p.2"/>. Des prix spéciaux qui ne dépassent pas 35 % du prix normal sont fixés pour les étudiants, les enseignants et les membres des troupes de théâtres d’amateurs<ref name="p. 39"/>. Par ailleurs, à la Maison de la culture de [[Tunis]], l’entrée est très souvent gratuite ou ne dépasse en aucun cas 100 [[millime]]s<ref name="p. 39"/>.
Cependant, alors que [[Kairouan]] a pour ambition de devenir la « capitale de la [[culture islamique]] » en [[2009]]<ref name="2 déc 2007"/>, des [[Chambre des députés (Tunisie)|députés]] critiquent une certaine médiocrité de la qualité des productions artistiques tunisiennes, regrettent le retard que prennent des fouilles entamées à [[Salakta]] ou à [[El Haouaria]] et l’état délabré de certains monuments, en particulier celui de Borj Zouara à [[Bab Saadoun]]<ref name="adel latrech"/>. De plus, les [[Liste de musées tunisiens|musées tunisiens]] devraient, selon certains, faire l’objet de davantage d’attentions, notamment en réglant le problème de la faible affluence causé par le coût élevé des billets d’entrée<ref name="adel latrech"/>.
== Notes et références ==
{{Références|colonnes = 2}}
== Bibliographie ==
*Fabien Bellahsen, Daniel Rouche et Didier Bizos, ''Cuisine de Tunisie'', éd. Auzou, Paris, 2005
*Hamadi Ben Halima, ''Un demi siècle de théâtre arabe en Tunisie. 1907-1957'', éd. Université de Tunis, Tunis, 1974
*[[Jean Fontaine (missionnaire d'Afrique)|Jean Fontaine]], ''Histoire de la littérature tunisienne'', tomes 1 à 3, éd. Cérès, Tunis, 2003
*Jean Muzi, ''15 contes de Tunisie'', éd. Flammarion (Castor Poche), Paris, 2003
*Anne-Sophie Tiberghien, ''Tunisie. Au fil des proverbes'', éd. Anako, Fontenay-sous-Bois, 2003
== Liens externes ==
{{Commonscat|Culture of Tunisia|la culture de la Tunisie}}
*{{fr}} [http://www.culture.tn/ Ministère de la culture et de la sauvegarde du patrimoine]
*{{fr}} [http://www.archives.nat.tn/fr/default.asp Archives nationales de Tunisie]
*{{fr}} [http://www.inp.rnrt.tn/ Institut national du patrimoine]
{{Article de qualité|oldid=27437396|date=16 mars 2008}}
{{Portail|Tunisie|culture}}
[[Catégorie:Culture tunisienne|*]]
[[ar:ثقافة تونسية]]
[[en:Culture of Tunisia]]
[[pt:Cultura da Tunísia]]