Déclin des populations d'amphibiens
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2008-07-16T11:26:53Z
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[[Image:Bufo periglenes1.jpg|thumb|250px|right|Le crapaud doré ''([[Bufo periglenes]])'', a été un des premiers indicateurs du déclin des populations d’amphibiens. Considéré dans les années 1980 comme abondant dans son [[Habitat (écologie)|habitat]] au [[Costa Rica]], il a été observé pour la dernière fois en [[1989]]<ref>{{en}}{{lien web|url=http://www.iucnredlist.org/search/details.php/3172/summ|éditeur=IUCN|titre=Bufo periglenes}}</ref>. Les derniers chiffres de croissance de la population conformes à la normale datent de [[1987]]. En [[1988]], seulement 8 mâles et 2 femelles ont été observés. En [[1989]], on n’a plus rencontré qu’un seul spécimen mâle, qui reste encore aujourd’hui le dernier individu observé.]]
Bien que les scientifiques observent une diminution des populations de plusieurs espèces en [[Europe]] depuis les [[années 1950]]<ref>Honegger R.E. (1978) ''Amphibiens et Reptiles menacés en Europe''. Strasbourg, Conseil de l'Europe, 127 p.</ref>, la prise de conscience du '''déclin des populations d'amphibiens''' pouvant entraîner des [[Extinction des espèces|extinctions]] [[Extinction massive|massives]] d'espèces dans le monde entier ne date que des [[années 1980]]. En [[1993]] déjà, plus de 500 [[espèce (biologie)|espèce]]s de [[Ranidae|grenouilles]] et de [[Urodèle|salamandres]] présentes sur les cinq continents présentaient un déclin de population<ref>{{en}}Vial JL, Saylor L. 1993. The Status of Amphibian Populations: a Compilation and Analysis. IUCN/SSC Declining Amphibian Taskforce. Work. Doc. No. 1.</ref>. Aujourd’hui, le phénomène de déclin des populations d'amphibiens affecte des milliers d’espèces dans tous les types d’[[écosystème]]s et est ainsi reconnu comme une des menaces les plus sévères, en terme d'espèces disparues ou menacées, à l'encontre de la [[biodiversité]] de notre planète<ref name="FS!">{{en}}{{lien web|titre=Frightening statistics!|url=http://www.amphibianark.org/statistics.htm|éditeur=amphibian Ark}}</ref>{{,}}<ref name="declin">{{fr}}{{Lien web|date=14.10.2004|titre=Déclin critique des amphibiens|url=http://www.iucn.org/themes/ssc/biodiversity_assessments/gaa/gaa_FR.htm|éditeur=IUCN}}</ref>.
À l’origine, les rapports sur ce déclin n'étaient pas pris en considération par la totalité de la communauté scientifique. Certains scientifiques avançaient le fait que les populations animales, comme par exemple celles des amphibiens, connaissaient des fluctuations naturelles au cours du temps. Aujourd’hui, tous s’accordent à dire que ce phénomène de déclin prend une ampleur alarmante partout dans le monde<ref Name="Vitt">{{périodique|lang=en|auteur=Vitt LJ, Caldwell JP, Wilbur HM, Smith DC|date=1990|titre=Amphibians as harbingers of decay|revue=[[BioScience]]|vol=40|pages=418-18}}</ref>{{,}}<ref Name="Pechmann">{{en}}{{ouvrage|auteurs=Martha J. Groom, Gary K. Meffe, and C. Ronald Carroll|éditeur=Pechmann JHK, Wake DB|année=1997|publi=2006|langue=anglais|chap=Enigmatic declines and disappearances of amphibian populations.|titre=Principles of Conservation Biology|éditeur=Sinauer associate|page=699|présentation en ligne=http://www.sinauer.com/detail.php?id=5185}}</ref>{{,}}<ref Name="Blau5">{{périodique|auteur=Blaustein AR, Wake DB, Sousa WP|date=1994|titre=Amphibian declines: judging stability, persistence, and suceptibility of populations to local and global extinctions.|revue=Conserv. Biol.|lang=en|vol=8|pages=60-71
|résumé=http://www.blackwell-synergy.com/doi/abs/10.1046/j.1523-1739.1994.08010060.x}}.</ref>{{,}}<ref Name="Corn">{{en}}Corn PS. 1994. What we know and don't know about amphibian declines in the west. Insustainable Ecological Systems: Implementing an Ecological Approach to Land Management, ed. LF DeBano, WW Covington, pp. 59-67. Fort Collins, CO:USDA For. Serv. Rocky Mountain For. Range Exp. Station.</ref>{{,}}<ref Name="Kuzmin">{{périodique|auteur=Kuzmin S.|titre=The problem of declining amphibian populations in the Commonwealth of Independent States and adjacent territories.|revue=Alytes|lang=en|date=1994|vol=12|pages=123-34
|résumé=http://md1.csa.com/partners/viewrecord.php?requester=gs&collection=ENV&recid=3661896&q=The+problem+of+declining+amphibian+populations+in+the+Commonwealth+of+Independent+States+and+adjacent+territories&uid=791199586&setcookie=yes}} </ref>{{,}}<ref Name="Wldman">{{en}}Waldman B, Tocher M. 1998. Behavioral ecology. generic diversity, and declining amphibian populations. In Behavioural Ecology and Conservation Biology, ed. T. Caro, pp. 394-443. Mew York: Oxford Univ. Press.</ref>, et l’on s’attend à ce qu’il persiste encore longtemps<ref Name="Stuart">{{périodique|lang=en|auteur=Stuart, S.N., J.S. Chanson, N.A. Cox, B.E. Young, A.S.L. Rodrigues, D.L. Fischman, and R.W. Waller|date=2004|titre=Status and trends of amphibian declines and extinctions worldwide.|revue=[[Science magazine]]|vol=306|no=5702|pages=1783-1786|
résumé=http://www.sciencemag.org/cgi/content/abstract/306/5702/1783}}</ref>.
Ces extinctions et chutes de populations d’amphibiens sont un problème mondial, aux causes diverses et complexes. Parmi elles figurent des facteurs locaux comme la [[Fragmentation écopaysagère|fragmentation]] et la destruction des [[Habitat (écologie)|habitats naturels]], ainsi que l'introduction par l’homme de nouveaux [[prédateur]]s dans les [[écosystème]]s en question, la surexploitation des amphibiens (nourriture, médecine…), l’augmentation de la [[toxicité]] et de l’[[Potentiel hydrogène|acidité]] des milieux de vie des amphibiens, l’émergence de nouvelles [[maladie]]s, le [[changement climatique]], l’augmentation des [[Ultraviolet|radiations ultraviolettes]] (conséquence des atteintes portées à la couche d’[[ozone]]) et les interactions probables entre ces facteurs.
Devant le nombre croissant d'espèces menacées, une stratégie de [[conservation de la nature|conservation]] s'est mise en place au niveau international afin de combattre les multiples causes du déclin des amphibiens. Les principaux moyens de lutte employés sont la protection des habitats naturels, l'[[élevage conservatoire]], la réintroduction et l'éradication de certaines [[espèce invasive|espèces invasives]].
Le fait que la majorité des amphibiens aient un mode de vie à la fois terrestre et aquatique, et que leur peau soit très [[perméabilité (fluide)|perméable]] laisse à penser qu'ils pourraient être plus vulnérables que les autres espèces de vertébrés terrestres<ref Name="Vitt" />{{,}}<ref Name="Blaustein">{{en}}Blaustein, A.R. and D.B. Wake. 1990. Declining amphibian populations: a global phenomenon? ''Trends in Ecology and Evolution'' 5:203-204.</ref> aux [[toxine]]s présentes dans l’[[environnement]], ainsi qu’aux modifications de [[température]], de [[Pluie|précipitations]] et d'[[hygrométrie]]. Les scientifiques commencent donc à considérer la biodiversité amphibienne comme un indicateur précurseur de référence, révélateur de la [[pollution]] engendrée par les activités humaines et des effets qu’elle pourrait avoir sur les autres espèces animales.
==Contexte du problème==
Les [[Amphibia|amphibiens]] forment un groupe d’organismes vertébrés regroupant environ {{formatnum:6000}} espèces connues, rassemblant les [[anoures]] ([[grenouille]], [[crapaud]], [[sonneur]], [[Hylidae|rainette]]…), les [[urodèle]]s (salamandres et tritons) ainsi que les [[Gymnophiona|gymnophiones]] (apodes ou cécilies). Le groupe des amphibiens existe depuis environ 360 [[million d'années|Ma]], et il a déjà été décrit, dans la seule période [[1970]]-[[2000]], l’extinction probable d’environ 168 espèces. De plus, au moins {{formatnum:2469}} espèces connues ({{unité|43|%}} des amphibiens) présentent un déclin avéré de leurs populations, ce qui indique que le nombre d’espèces menacées d'extinction continue probablement d’augmenter<ref Name="Stuart" />.
Une convention internationale de biologistes réunis en [[2004]] a indiqué que {{unité|32|%}} des espèces d’amphibiens du monde entier étaient en danger d’extinction (ce qui représente {{formatnum:1,856}} espèces) et que plus de 120 espèces se seraient déjà éteintes depuis [[1980]]<ref Name="Stuart" />.
Les déclins de populations ont été particulièrement intenses dans l’ouest des [[États-Unis]], en [[Amérique Centrale]] et en [[Amérique du Sud]], ainsi que dans l’est de l’[[Australie]]. Ainsi en 2006, 16 des 45 espèces d'amphibiens du Canada ({{unité|36|%}}) ont tellement diminué que celles-ci sont maintenant considérées en voie de disparition, menacées ou préoccupantes<ref name="EnvCan">{{fr}}{{lien web|url=http://www.eman-rese.ca/rese/reports/publications/2004/amph_rept_status/what_hap.html|titre=Points saillants|éditeur=Environnement Canada}}</ref>. Cependant, des cas plus isolés d’extinctions massives d’amphibiens surviennent dans divers endroits du globe. Ainsi, l'[[Union internationale pour la conservation de la nature|IUCN]] estimait en {{date||septembre|2006}} qu'un quart des amphibiens méditerranéens sont menacés d’extinction<ref>{{lien web|url=http://www.iucn.org/en/news/archive/2006/09/14_amphibians_fr.htm|titre=Un quart des amphibiens méditerranéens sont menacés d’extinction|éditeur=IUCN|date=septembre 2006}}</ref>. Alors que les activités humaines causent à présent des pertes considérables de biodiversité au niveau mondial, il apparaît que leurs conséquences sont nettement plus graves et intenses sur les amphibiens que sur d’autres groupes d’espèces<ref Name="Ross">{{périodique|lang=en|auteur=Ross A. Alford, Atephen J. Richards|date=1999|titre=Global Amphibian Declines: A Problem in applied ecology|revue=Anual Review of Ecology and Systematics|vol=30|pages=133-165|résumé=http://arjournals.annualreviews.org/doi/abs/10.1146%2Fannurev.ecolsys.30.1.133}}</ref>.
Étant donné que les amphibiens ont généralement un cycle de vie composé de deux phases, la première aquatique ([[têtard]]) et la seconde terrestre (organisme adulte), ils sont naturellement sensibles à des dérèglements environnementaux tant terrestres qu’aquatiques. De plus, ils peuvent être, du fait de leur peau nue très [[Perméabilité (fluide)|perméable]], plus vulnérables aux toxines présentes dans l’environnement que d’autres organismes comme les [[oiseau]]x ou les [[mammifère]]s. De nombreux scientifiques sont d’ailleurs convaincus que le phénomène de déclin des amphibiens annonce la possibilité, dans un futur proche, d'un phénomène beaucoup plus large d’extinction massive de la biodiversité, s’étendant cette fois aux autres groupes d'êtres vivants, animaux et plantes<ref>{{fr}}{{lien web|url=http://www.prospective.org/gps_front/index.php?rubrique_id=4&tpl_id=2&contenu_id=310&id=914&lettre=|titre=Vers une période d'extinction massive des espèces !|date=23/03/2004|site=Actualité et perspective du Sénat}}</ref>{{,}}<ref>{{fr}}{{lien web|url=http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-728463@51-727299,0.html|titre=Une extinction massive des espèces est annoncée pour le XXIe siècle|site=[[Le Monde]]|date=07/01/2006}}</ref>.
Le phénomène de déclin des amphibiens a été pour la première fois largement reconnu fin 1980, lorsqu’une assemblée d’[[Herpétologie|herpétologistes]] a rapporté avoir repéré une régression globale des populations d’amphibiens<ref Name="Blaustein" />. Parmi les espèces les plus touchées se trouvait le crapaud doré ''([[Bufo periglenes]])'' vivant dans la réserve de la forêt de nuage de [[Monteverde (Costa Rica)|Monteverde]], qui était auparavant classé parmi les espèces communes du site. Le ''Bufo periglenes'' faisait à cette époque l’objet de nombreuses investigations scientifiques, jusqu’en 1987, date à laquelle sa population s’est mise à régresser pour finir par disparaître complètement en 1989<ref Name="Crump">{{périodique|auteur=Crump, M.L., F.R. Hensley, and K.I. Clark.|lang=en|date=1992|titre=Apparent decline of the golden toad: Underground or extinct?|revue=[[Copeia]]|pages=413-420|no=2|vol=1992|
résumé=http://links.jstor.org/sici?sici=0045-8511(19920501)3%3A1992%3A2%3C413%3AADOTGT%3E2.0.CO%3B2-%23}}.</ref>. D’autres espèces de Monteverde, comme la grenouille
''[[Atelopus varius]]'' (littéralement en [[espagnol]] ''Rana arlequin'', Grenouille arlequin), ont également disparu à cette époque. Ces individus étant localisés à l’intérieur d’une réserve naturelle, leur destruction ne pouvait être liée aux activités humaines de la région. Il fallait en chercher les causes à une échelle plus globale, ce qui a engendré une grande inquiétude chez les scientifiques concernés.
==Fluctuations naturelles ou déclin problématique ?==
{{Voir aussi|Extinction de l'Holocène}}
[[Image:Croceum.jpg|thumb|right|''Ambystoma macrodactylum croceum'' ({{en}} ''[[:en:Santa Cruz Long-toed Salamander|Santa Cruz Long-toed Salamander]]'', Salamandre à longs doigts de Santa Cruz), est une sous-espèce de salamandre sévèrement menacée<ref>{{en}}[http://www.npwrc.usgs.gov/resource/herps/amphibid/species/ambymac.htm Détails sur le site gouvernmental de l'[[USGS]]]</ref>. On suppose que l'interférence de l'homme ou d'animaux domestiques est une des causes de son déclin.]]
Des années 1950 à la fin des [[années 1980]], certains chercheurs ont remarqué un déclin des populations d’amphibiens. Ce déclin était, selon eux un indice précurseur de la dégradation des milieux naturels. La communauté scientifique s'est montrée sceptique sur ce critère et sur l'importance de ce déclin<ref Name="Pechmann" />. En effet, certains [[zoologie|zoologistes]] avançaient que la population de la plupart des organismes, y compris celle des amphibiens, connaissait des variations naturelles. Le manque d’informations sur les fluctuations de populations sur un plus long terme ne permettait pas de déterminer si les observations faites étaient suffisantes pour conclure. Faute de consensus, il convenait donc d'attendre d'avoir les informations suffisantes pour mobiliser les ressources nécessaires à un programme de [[Conservation de la nature|conservation]].
Pour ce faire, on a amélioré les systèmes de surveillance des populations en affectant un nombre croissant d’étudiants aux projets d'observations directes de la [[Taux de mortalité|mortalité]] des amphibiens pour déterminer le nombre et les causes des mortalités. Enfin, à la fin des [[années 1990]], la communauté scientifique a reconnu dans son ensemble le déclin<ref Name="Houlahan">{{périodique|lang=en|auteur=Houlahan, J.E., C.S. Findlay, B.R. Schmidt, A.H. Meyer, and S.L. Kuzmin.|date=2000|titre=Quantitative evidence for global amphibian population declines.|revue=[[Nature (journal)|Nature]]|vol=404|pages=752-758|résumé=http://adsabs.harvard.edu/abs/2000Natur.404..752H}}.</ref> des populations d’amphibiens au niveau mondial et la grave menace que cela constitue pour la biodiversité<ref Name="Stuart" />.
En effet, les amphibiens jouent un rôle déterminant dans le maintien de l’équilibre des écosystèmes. Ils sont tantôt les proies, tantôt les prédateurs de nombreuses autres espèces. Les œufs et les [[têtard]]s sont une riche source de nourriture pour les [[oiseau]]x et les [[poisson]]s. À leur tour, les amphibiens consomment d’énormes quantités d’[[insecte]]s, et quelques fois même des rongeurs. Ils peuvent former une portion importante de la biomasse des vertébrés dans certaines régions, dépassant les biomasses combinées des oiseaux et des mammifères. En dépit de leur taille modeste, les amphibiens jouent un rôle majeur dans les écosystèmes. Lorsqu'une espèce d'amphibien disparaît, cela peut entraîner la disparition en cascade de plusieurs autres espèces, en commençant par les espèces [[Commensalisme|commensales]] comme par exemple la [[mulette du Necturus]], dont le développement larvaire dépend de la présence de son hôte, le [[necture tacheté]]<ref>{{fr}}{{lien web|url=http://www.dfo-mpo.gc.ca/species-especes/species/species_mudpuppymussel_f.asp|titre=Mulette du Necturus|éditeur=Pêches et Océans Canada}}</ref>.
==Causes potentielles du déclin==
En se basant sur les recherches de James P. Collins et Andrew T. Storfer, deux ensembles d'hypothèses sur le déclin ont été échafaudés<ref Name="Collins">{{périodique|lang=en|auteur=Collins, J. P., and A. Storfer.|date=2003|titre=Global amphibian declines: Sorting the hypotheses.|revue=Diversity & Distributions|vol=9|pages=89-98|texte=http://www.blackwell-synergy.com/doi/pdf/10.1046/j.1472-4642.2003.00012.x}}.</ref>.
Le premier inclut les facteurs généraux concernant la [[crise écologique|crise]] de la biodiversité planétaire : destruction, modification et fragmentation des [[Habitat (écologie)|habitats naturels]], introduction d’espèces invasives et surexploitation des ressources. L’étude de ces menaces permet une meilleure compréhension du déclin des amphibiens, dans ses aspects liés aux mécanismes écologiques globaux. Cependant, le déclin touche aussi des populations d’amphibiens dans des environnements reculés sans perturbations apparentes.
Le second en appelle à des facteurs plus complexes et plus élusifs, et est vraisemblablement constitué par le changement climatique, l’augmentation des radiations UV-B, le rejet de polluants chimiques dans l’environnement, de nouvelles maladies infectieuses émergentes, ainsi que les déformations ou malformations des organismes. Les mécanismes sous-jacents à ces derniers facteurs sont complexes et peuvent s’additionner aux premiers facteurs, ainsi la destruction des habitats et l'introduction d'espèces étrangères introduites exacerbe le phénomène de déclin.
Il n’y a pas une seule cause isolée au déclin des amphibiens. Tous les facteurs susdits menacent ces populations à des degrés plus ou moins élevés. La plupart des causes de ce déclin sont finalement biens comprises et expliquées. Au-delà des amphibiens, d’autres groupes d’organismes souffrent des mêmes perturbations.
===Destruction et fragmentation des habitats naturels===
[[Image:Salamandre Heuringhem Mars 1991.jpg|thumb|right|280px|Les [[Salamandre commune|salamandre]]s sont protégées de leurs prédateurs par un mucus toxique et des couleurs voyantes… qui ne leur sont d'aucune utilité face aux véhicules.]]
{{Article détaillé|Fragmentation des habitats|Roadkill}}
La modification ou la destruction des habitats naturels est le facteur qui, à l'échelle planétaire, affecte le plus les populations d’amphibiens. Comme les amphibiens ont généralement besoin d’habitats tant terrestres qu’aquatiques pour survivre, une menace pesant sur un seul des deux habitats peut avoir des conséquences graves sur leurs populations. Les amphibiens sont donc plus vulnérables à la modification des environnements naturels que les organismes ne requérant qu’un seul type d’habitat<ref Name="Green">{{en}}Green DM. 1997. Perspectives on amphibian population declines: defining the problem and searching for answers. In Amphibians in Decline. Canadian Studies of a Global Problem, ed. DM Green, pp. 291-308. Herpetological Conserv., Vol 1.</ref>{{,}}<ref>[http://infoscience.epfl.ch/record/98379/files/InfrastructuresBiodiversit%C3%A9_WSL_Zanini2006.pdf Powerpoint sur la fragmentation et les amphibiens] (expérience suisse)</ref>.
La [[fragmentation des habitats]] naturels survient quand les différentes zones propices à la vie des amphibiens sont isolées les unes des autres par des modifications à caractère physique, comme par exemple lorsqu’une [[Forêt|aire boisée]] est entourée de toutes parts par des zones de cultures agricoles. Les petites populations qui subsistent dans ces fragments rémanents courent souvent un grand risque d’[[endogamie]], de [[dérive génétique]] voire d’[[Extinction des espèces|extinction]] dues à de faibles fluctuations de l’environnement.
Dans la plupart des pays européens, la disparition des [[Zone humide|zones humides]] porte sur des superficies très importantes. Ainsi en [[Suisse]] ces milieux se sont réduits de près de {{unité|90|%}} depuis 150 ans, voire de {{unité|100|%}} dans certains secteurs<ref>{{de}}Kessler E. (1969) ''Bedrohte Vielfalt''. Pro Argovia, Aarau.</ref>{{,}}<ref>{{de}}Imboden C.H. (1975) Warum verschwanden unsere Feuchtgebiete was bedrecht sie heute? ''Schweiz. Naturschutz'', 41, 8 : 6-9.</ref>. De 1953 à 1959, près de {{unité|66|%}} des habitats de reproduction du [[triton alpestre]], du [[triton ponctué]], du [[sonneur à ventre jaune]], du [[crapaud commun]], de la [[rainette verte]], de la [[grenouille verte]] et de la [[grenouille rousse]] ont été détruits dans la partie supérieure de la vallée du [[Rhin]] par suite de remblayages et de constructions de routes<ref>{{de}}Heusser H. (1961) Die Bedeutung der äusseren Situation im Verhalten einiger Amphibienarten. ''Rev. Suisse Zool.'', 68, 1 :1-39.</ref>.
Depuis les années 1950, beaucoup d'amphibiens de la région méditerranéenne deviennent très rares en raison de la destruction de leurs habitats<ref>Dorst J. (1959) Animaux et végétaux rares de la région méditerranéenne. IUCN, 7th Tech. Meeting, Athènes, 5 : 3-8.</ref>{{,}}<ref>Petit G. & Knoepffler P.M. (1959) Sur la disparition des amphibiens et des reptiles. IUCN, 7th Tech. Meeting, Athènes, 5 : 50-53.</ref>.
La destruction des zones humides constitue la principale cause de la raréfaction de la grenouille rousse (plus de {{unité|99|%}} d'extinction dans certains secteurs) et du crapaud commun pendant les années 1950 et 1960 en [[Grande-Bretagne]]<ref>{{en}}Prestt I., Cooke A.S. & Corbett K.F. (1974) British Amphibians and Reptiles in ''The Changing Flora and Fauna of Britain''. London, 229-254.</ref>.
Certaines espèces ne vivant pas sur leurs lieux spécifiques de reproduction doivent [[migration animale|migrer]] pour atteindre les zones humides. Les individus reproducteurs s'exposent alors, à passer à l'aller et au retour dans des zones où leur sécurité n'est pas assurée. C'est le cas pour les [[roadkill|traversées de route]]. Lorsque les lieux de ponte ne sont plus accessibles, un muret peut parfois suffire pour que la population disparaisse.
Les vocalisations sont essentielles à la reproduction de bon nombre d'amphibien. Une augmentation du bruit de fond occasionné par les activités humaines est peut-être aussi la cause d'une baisse de fertilité qui, à terme, cause un déclin. Une étude en [[Thailande]] a montré que, soumis aux bruits des activités humaines, les appels des amphibiens diminuaient pour certaines espèces et augmentaient pour d'autres. La relation entre bruit et déclin n'a cependant pas été montrée<ref>{{périodique|lang=en|auteur=Sun, Jennifer W.C. , Peter M. Narins|date=2005|titre=Anthropogenic sounds differentially affect amphibian call rate|revue=Biological Conservation|vol=121|pages=419–427|texte=http://www.physci.ucla.edu/Faculty/Narins/publications/pdfs/Sun%20and%20Narins%20BC.pdf}}</ref>.
===Introduction d'espèces allochtones ===
[[Image:Rana muscosa.jpg|thumb|right|''[[Rana muscosa]]'' ({{en}} ''[[:en:Mountain Yellow-legged Frog|Mountain Yellow-legged Frog]]'', Grenouille des montagnes à pattes jaunes), actuellement classée en danger critique par la [[Liste rouge de l'UICN]]<ref>{{lien web|url=http://www.iucnredlist.org/search/details.php/19177/all|titre=Rana muscosa|éditeur=IUCN}}</ref>, est menacée par les espèces de [[truite]]s introduites dans son habitat naturel : les lacs de la [[Sierra Nevada (Californie)|Sierra Nevada]].]]
{{Voir aussi|Invasion biologique}}
Les espèces [[prédateur|prédatrices]] et concurrentes [[Espèce introduite|étrangères]] aux écosystèmes affectent la viabilité des amphibiens dans leurs propres habitats naturels. On a détecté un déclin de population chez ''[[Rana muscosa]]'', espèce commune des lacs de la [[Sierra Nevada (Californie)|Sierra Nevada]], aux [[États-Unis]], dû à l'introduction d’espèces de poissons, notamment des [[truite]]s élevées pour la [[pêche sportive]] ou récréative. Un grand nombre de jeunes individus et de [[têtard]]s sont la proie de ces poissons. Ces poissons causent une interférence dans le cycle trisannuel de [[métamorphose (biologie)|métamorphose]] des têtards et provoquent finalement un sévère déclin de la population et, par ricochet, touchent l'ensemble de l'écosystème<ref>{{Périodique|texte=http://www.npca.org/magazine/2002/january_february/rare_endangered.html|titre=On the Rebound.|auteur=Elizabeth Daerr|revue=National Parks Magazine|date=Janvier-février 2002|pages=49|lang=en}}</ref>. Ce phénomène est loin d'être unique, l'introduction du ''[[Lepomis gibbosus]]'' en Amérique du Nord a contribué à réduire les populations de ''[[Rana aurora]]'' et de ''[[Pseudacris regilla]]''<ref>{{périodique|lang=en|titre=pond permanence and the effects of exotic
vertebrates on anurans|auteur=Michael J. ADAMS|texte=http://fresc.usgs.gov/products/papers/656_Adams.pdf|vol=10|issue=2|date=2000|pages=559–568|revue=Ecological Society of America}}</ref>.
L'introduction de ''[[Gambusia]]'' pour lutter contre les moustiques, de la [[truite arc-en-ciel]] et de la [[truite fario]] pour la pêche est concomitante avec la baisse importante des effectifs de la ''[[Litoria spenceri]]'' dans le sud-est australien<ref>{{périodique|lang=en|auteur=Gillespie, G. R.|date=aout 2001|titre=The role of introduced trout in the decline of the spotted tree frog (Litoria Spenceri) in south-eastern Australia|revue=Biological Conservation|vol=100|no=2|pages=187-198}}</ref>. Les zones d'introductions correspondant aux zones de baisse ne laissent aucun doute sur le rôle des espèces introduites.
<!-- Non sourcé. Dans ce cas, est-ce vraiment nécessaire d'en parler, puisqu'il y a déjà d'autres cas de poissons évoqués ?
Certaines espèces de poissons semblent être particulièrement dangereuses pour les amphibiens. ''[[Gambusia affinis]]'', introduit pour lutter contre les moustiques, semble être dans ce cas.-->
L'introduction du [[ouaouaron]], une grosse grenouille américaine, dans divers endroit du monde comme l'Europe, les Antilles, l'Amérique du Sud, est aussi une menace pour les autres amphibiens<ref>{{périodique|lang=en|auteur=Stephen J. Hecnar, Robert T. M'Closkey|date=janvier 1997|titre=Changes in the composition of a ranid frog community following bullfrog extinction|revue=American Midland Naturalist|vol=137|pages=145-150
|résumé=http://links.jstor.org/sici?sici=0003-0031(199701)137%3A1%3C145%3ACITCOA%3E2.0.CO%3B2-D}}</ref>. En effet, le ouaouaron consomme directement des spécimens d'autres espèces plus petites que lui et est un concurrent efficace pour les autres.
===Exploitation des amphibiens===
Les amphibiens sont capturés, déplacés hors de leurs habitats naturels et vendus dans le monde entier comme aliments, comme animaux domestiques, ou pour approvisionner le marché pharmacologique. Pour plusieurs espèces, la récolte est présumée co-responsable de leur déclin<ref name="inra">{{fr}}{{lien web|url=http://www.inra.fr/productions-animales/an2004/num243/neveu/an243.htm|titre=La raniculture est-elle une alternative à la récolte ? État actuel en France|éditeur=[[Institut national de la recherche agronomique|INRIA]]}}</ref>. En France, l'importation légale de grenouille l'est essentiellement pour des raisons alimentaires, en comparaison les importations d'anoures vivantes pour l'élevage ou la science sont négligeables. La récolte de certaines espèces comme animaux de compagnie, du fait de leur protection car se raréfiant dans leur milieux naturel, est très souvent illégales et engendre des [[trafic d'animaux|trafics]] lucratifs<ref>{{périodique|lang=fr|texte=http://presscenter.org/repository/news/105/fr/105468-fr.pdf|
revue=presscenter.org|titre=Saisie de plus de 600 Dendrobates (grenouilles
venimeuses) cachées dans des rouleaux de films photos|date=26 10 2004}}</ref>.
====Les amphibiens sur le marché alimentaire====
[[Image:Bag of frogs legs.jpg|right|thumb|200px|Un sac de cuisse provenant du [[Vietnam]].]]
Les [[anoures]] et plus particulièrement [[Cuisses de grenouille|leurs cuisses]] sont consommées par l'Homme, même si les grenouilles comestibles ne représentent pas plus d'une cinquantaine d'espèces. La plupart sont en effet toxiques et certaines ont des propriétés [[hallucinogène]]s. Les cuisses de grenouille sont extrêmement populaires en [[Europe]], au [[Canada]] et aux [[États-Unis]]. En [[1990]], l’Europe a importé près de {{formatnum:6000}} tonnes de cuisses de grenouilles en provenance d'Asie. Selon leur ministère de l'agriculture, les Français ont consommé {{formatnum:3500}} tonnes de cuisses en [[1994]] soit {{formatnum:8000}} tonnes ou environ 30 millions de grenouilles dont la majorité provient d'importations. Entre [[1981]] et [[1984]], les États-Unis ont importé plus de {{formatnum:3000}} tonnes de grenouille par an soit environ 26 millions de grenouilles<ref Name="JensenCamp">{{en}}Jensen, J. B., and C. D. Camp. 2003. Human exploitation of amphibians: direct and indirect impacts. Pages 199-213 in R. D. Semlitsch, editor. Amphibian Conservation. Smithsonian Institution, Washington.</ref>.
L’Asie est le second [[marché]] alimentaire majeur d’amphibiens dans le monde, où l’espèce la plus consommée est ''[[Hoplobatrachus rugulosus]]''<ref Name="JensenCamp" />. En une année, plus de 6 millions de ''Hoplobatrachus rugulosus'' ont été exportés depuis la [[Thaïlande]] vers [[Hong Kong]]. On présume que toutes ces grenouilles sont capturées dans leur milieu naturel. Étant donné le nombre très élevé de grenouilles collectées, cette pratique pourrait en peu de temps mener à la destruction des populations sauvages restantes<ref name="Wai-Neng">{{périodique|lang=en|auteur=Wai-Neng Lau, M., G. Ades, N. Goodyer, and F.-s. Zou.|date=1999|titre=Wildlife Trade in Southern China including Hong Kong and Macao|revue=in The Biodiversity Working Group: China Council for International Cooperation on Environment and Development, Beijing.|résumé=http://monkey.ioz.ac.cn/bwg-cciced/english/bwg-cciced/tech-27.htm}}</ref>. Selon les statistiques douanières françaises, sur les {{formatnum:6400}} tonnes de cuisses importées en [[2002]], {{formatnum:3300}} proviendraient d'espèces sauvages d'[[Indonésie]]<ref name="inra"/>.
Une autre espèce surexploitée pour satisfaire le marché alimentaire américain est ''[[Rana aurora draytonii]]'' ({{en}} ''[[:en:California Red-legged Frog|California Red-legged Frog]]'', la Grenouille à pattes rouges de Californie), localisée dans l’ouest de la [[Californie]]. Bien que ces grenouilles soient actuellement sous protection fédérale, signalées comme espèce menacée, et que leur capture soit désormais interdite, leur population reste en danger du fait d'autres facteurs comme la concurrence d'[[Espèce invasive|espèces invasives]] introduites dans leur environnement naturel<ref Name="JensenCamp" />. En outre, le [[braconnage]] peut perdurer, les grenouilles vivantes ou sauvages valant plus cher que les grenouilles d'élevage<ref name="inra"/>. En France en [[2005]], quatre personnes ont été condamnées à des amendes pour pêche illégale<ref>{{fr}}{{lien web|titre=Démantèlement d’un trafic de grenouilles : La plaidoirie courageuse d’un magistrat|
url=http://www.veganimal.info/article.php3?id_article=467|site=veganimal.info}}</ref>.
====Les amphibiens comme nouveaux animaux de compagnie (NAC)====
[[Image:Blue-poison.dart.frog.and.Yellow-banded.dart.frog.arp.jpg|thumb|181px|''[[Dendrobates azureus]]'' ({{en}} ''[[:en:Dendrobates azureus|Blue Poison-dart Frog]]'', Dendrobate azuré) et ''[[Dendrobates leucomelas]]'' ({{en}} ''[[Dendrobates leucomelas|Yellow-banded Poison-dart Frog]]'', Dendrobate à bandes jaunes) sont vendues dans les magasins animaliers. Ces deux espèces sont actuellement classées comme espèces ''vulnérables'' par l'[[Union internationale pour la conservation de la nature|UICN]]<ref>{{en}}{{Lien web|url=http://www.iucnredlist.org/search/details.php/55175/all|titre=Dendrobates azureus|éditeur=IUCN}}</ref>{{,}}<ref>{{en}}{{Lien web|url=http://www.iucnredlist.org/search/details.php/55191/all|titre=Dendrobates leucomelas|éditeur=IUCN}}</ref> et à l'annexe II de la CITES<ref>{{CITES espèce|animalia|Dendrobates|azureus|Hoogmoed, 1969}}</ref>{{,}}<ref>{{{{CITES espèce|animalia|Dendrobates|leucomelas|Steindachner, 1864}}</ref>. Les individus vendus de ces deux espèces sont aujourd'hui essentiellement élevées en captivité.]]
Depuis longtemps, les enfants vont récolter des têtards dans les mares et les étangs avoisinants pour les élever chez eux et observer le processus de [[métamorphose (biologie)|métamorphose]] au cours duquel ils deviennent adultes. Cependant, l'élevage des amphibiens comme [[Nouveaux animaux de compagnie|NAC]] s’est popularisé ces dernières années, et il ne s’agit plus désormais des seuls enfants. De nombreux amphibiens sont vendus dans les magasins animaliers ; et certains payent très cher pour des grenouilles aux couleurs vives et brillantes dont bon nombre de spécimen sont prélevés directement dans la nature. En 2007, 16 espèces sont inscrites sur l'annexe I et 90 sur l'annexe II de la [[Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction|CITES]]<ref>{{fr}}{{lien web|url=http://www.cites.org/fra/disc/species.shtml|titre=
Les espèces CITES|éditeur=CITES}}</ref>. Non inscrite à cette date, la ''[[Conraua goliath]]'', la plus grosse grenouille du monde, qui ne se rencontre, à l’état naturel, que dans quelques fleuves isolés au [[Cameroun]] et en [[Guinée Équatoriale]], en [[Afrique occidentale]], est concernée par la surexploitation<ref>{{périodique|résumé=http://www.mnhn.fr/museum/foffice/science/science/DocScientifique/publications/presentation/listeParution/ficheParution/ficheContenu.xsp?CONTENU_ID=1317&PARUTION_ID=889&PUBLICATION_ID=133&idx=0&nav=listeParution
|lang=en|revue=Anthropozoologica|titre=Bushmen and herpetofauna: notes on amphibians and reptiles traded in bush-meat markets of local people in the niger delta (port harcourt, rivers state, nigeria)|vol=27|date=1998}}</ref>. Cependant le principal danger lié à la détention de NAC est la diffusion de maladies aux espèces locales lors de libération d'espèces exotiques.
<!--
====L'utilisation des amphibiens à des fins éducatives et scientifiques====
De nombreux systèmes éducatifs nationaux prévoient dans leurs programmes scolaires de biologie des manipulations de [[dissection]] d'anoures. La grande disponibilité des grenouilles en fait des candidates idéales pour ces dissections et de surcroît on attend à ce que leur coût soit faible. Les espèces les plus communément utilisées à ces fins sont ''[[Rana pipiens]]'' (Grenouille léopard) et ''[[Rana catesbeiana]]'' (Grenouille-taureau ou Ouaouaron) mais aussi de manière fréquente pour les laboratoires des facultés de biologie, la salamandre ''[[Necturus maculosus]]'' (Necture tacheté). Ainsi en [[1976]], les récoltes de ''Rana pipiens'' au [[Manitoba]] à cette fin ont complètement cessé car celle-ci avait pratiquement disparu de la province alors qu'elle en abritaient auparavant les plus fortes densités<ref>{{fr}}{{lien web|url=http://www.eman-rese.ca/rese/reports/publications/2004/amph_rept_status/what_hap.html|titre=Qu'advient-il des populations d'amphibiens et de reptiles?|éditeur=Environnement Canada}}</ref>. Outre celles prélevées dans la nature, des élevages ont été lancés dans les [[années 1980]] pour satisfaire la demande aux États-Unis, mais rapidement délocalisés au [[Brésil]] et [[Taïwan]] pour raison de rentabilité<ref name="inra"/>.
Les espèces autochtones en [[France]] étant strictement protégées, les établissements français utilisent surtout des grenouilles élevées dans le pourtour méditerranéen ([[Turquie]], [[Albanie]], [[Égypte]]) pour la filière alimentaire<ref name="inra"/>.
-->
====L'utilisation des amphibiens en médecine et en pharmacologie====
Certaines cultures asiatiques accordent aux amphibiens une place importante dans leurs thérapeutiques traditionnelles, certains amphibiens étant considérés avoir des vertus curatives ou [[aphrodisiaque]]s. Les oviductes disséqués de ''[[Rana chensinensis]]'' et la peau de certains crapauds<ref Name="JensenCamp" /> sont deux exemples de préparations courantes vendues en [[herbologie chinoise]].
De nombreux crapauds du genre ''[[Bufo]]'' produisent une toxine appelée [[bufoténine]] ayant des propriétés [[hallucinogène]]s. Il existe également d’autres [[toxine]]s, comme la [[5-MeO-DMT]] (5-méthoxy-diméthyltryptamine) produite par le ''[[Bufo alvarius]]'' ({{en}} ''[[:en:Bufo alvarius|Sonoran Desert Toad]]'', Crapaud du désert du Sonora). De nombreux crapauds sont donc collectés dans leur milieu naturel pour en extraire des toxines intéressantes. L’extraction de ces dernières impliquant nécessairement de tuer les crapauds, ces pratiques ont des effets très négatifs sur le maintien des populations naturelles.
Il est difficile de déterminer si, globalement, l’utilisation des amphibiens sur le plan [[Médecine|thérapeutique]] a des effets néfastes sur les populations naturelles.
===Pollution chimique===
Les agents [[polluant]]s chimiques, surtout dans les bassins où les têtards se développent, interviennent largement dans l’apparition de malformations (membres supplémentaires, yeux mal formés)<ref>{{périodique|auteur=Blaustein, A. R., J. M. Romansic, J. M. Kiesecker, et A. C. Hatch|lang=en|date=2003|titre=Ultraviolet radiation, toxic chemicals and amphibian population declines|revue=Diversity & Distributions|vol=9|pages=123-140
|résumé=http://www.blackwell-synergy.com/doi/abs/10.1046/j.1472-4642.2003.00015.x}}</ref>. Ces polluants ont des effets variables sur les grenouilles : certains atteignent et altèrent le [[système nerveux central]], alors que d’autres, comme l'[[atrazine]], un [[herbicide]], causent un arrêt du processus de production et de sécrétion des hormones entraînant ainsi la stérilité des adultes. Des études expérimentales ont montré que l’exposition à d'autres [[herbicide]]s comme le [[Roundup]] ou à certains [[insecticide]]s comme le [[malathion]] ou le [[carbaryl]] provoque une nette hausse de la mortalité chez les têtards<ref Name="Relyea">{{périodique|auteur=Relyea, Rick A.|date=2004|titre=The impact of insecticides and herbicides on the biodiversity and productivity of aquatic communities.|revue=Ecological Applications|vol=15|issue=2|lang=en|pages=618–627
|texte=http://www.whyy.org/91FM/ybyg/relyea2005.pdf}}</ref>. Des études additionnelles indiquent que les amphibiens se développant en milieu terrestre sont également vulnérables au Roundup et plus particulièrement à l’un de ses composants, le POEA ([[Polyoxyéthylèneamine]]) qui est un agent [[tensioactif]]<ref Name="Relyea2">{{périodique|lang=en|auteur=Relyea, Rick A.|date=2005|titre=The lethal impact of Roundup on aquatic and terrestrial amphibians.|revue=Ecological Applications|vol=15|issue=4|pages=1118–1124|résumé=http://www.esajournals.org/perlserv/?request=get-abstract&issn=1051-0761&volume=015&issue=04&page=1118}}.</ref>{{,}}<ref Name="Isis">{{périodique|auteur=Mae-Wan-Ho et Joe Cummins.|lang=en|titre=Glyphosate toxic and Roundup worse.|revue=ISIS Press Release|date=07/03/2005|résumé=http://www.i-sis.org.uk/GTARWfr.php}}</ref> mouillant (favorisant la dispersion des gouttelettes sur les plantes traitées) et non pas un [[pesticide]].
Des années 1950 aux années 1970, les populations d'amphibiens de la région méditerranéenne, déjà très touchées par les destructions d'habitats, peuvent être fortement affectées par l'utilisation excessive d'insecticides. Après l'épandage d'insecticides dans les marais d'Aygade par la municipalité de [[Hyères]], {{formatnum:5,000}} [[Rainette méridionale|rainettes méridionales]] ont été trouvées mortes le {{date|8|mars|1958}}. Cette pulvérisation des localités touristiques françaises de la [[Côte d'Azur]] a pratiquement éliminé les populations locales de [[triton palmé]], de [[triton marbré]] et de [[salamandre tachetée]].
Dans la plaine hongroise, le crapaud commun est devenu une espèce rare dans les années 1960, ses populations ayant souffert d'un recours croissant aux herbicides<ref>{{de}}Marian M. (1968) Die Amphibien- und Reptilienfauna des Kunfehero (Kunfehersodasee) in Ungarn. ''Vertebrate Hungarica'', 10 : 143-161.</ref>.
[[Image:DDT.svg|thumb|150px|Formule chimique développé du DDT]]
En Angleterre, de 1965 à 1970, les populations de grenouilles se sont réduites dramatiquement dans les comtés d'Essex, du Surrey et du Kent principalement en raison de la pulvérisation au [[Dichlorodiphényltrichloroéthane|DDT]] des étangs et fossés<ref>Cooke A.S. (1973) The effects of DDT, when used as a mosquito larvicide, on tadpoles of the frog, ''Rana temporaria''. ''Environ. Pollut.'', 5 : 259-273.</ref>. Dans ce pays, le déclin de la grenouille rousse est également attribué à l'utilisation d'un herbicide<ref>{{en}}Hazelwood E. (1970) A frog pond contaminated. ''Brit. J. Herp.'', 4 : 177-185.</ref>.
'''Nitrates :''' Selon une publication de 1999, {{unité|20|%}} environ des bassins des états et des provinces bordant les [[Grands Lacs (Amérique du Nord)|Grands Lacs]] présentaient des teneurs en [[nitrate]]s supérieures à celles qui peuvent causer des anomalies du développement et d'autres effets sublétaux chez les amphibiens, et {{unité|3|%}} une teneur en nitrates suffisante pour les tuer<ref name="EnvCan" />.
Les concentrations de nitrates requises pour tuer 50 % de têtards de certaines espèces d'amphibiens (études faites en Amérique du Nord) sont de 13 à 40 parties par million (ppm)<ref name="nitrate">{{lien web|url=http://www.on.ec.gc.ca/wildlife/factsheets/nitrate-f.html|titre=La pollution par les nitrates : une menace invisible qui pèse sur les populations d'amphibiens|site=on.ec.gc.ca|éditeur=[[Environnement Canada]]}}</ref>. De faibles concentrations (de 2 à 5 ppm) ont chez certaines espèces d'amphibiens des effets chroniques : nage réduite, malformations au cours du développement<ref name="nitrate"/>.
'''Pesticides :''' Ils s'étendent bien au-delà des zones cultivées, jusqu’à des zones vierges de toute activité humaine, comme on a pu l’observer dans le [[Parc national de Yosemite]] en [[Californie]] et ailleurs dans de nombreuses analyses de [[pluie]]s. Outre l'empoisonnement direct par les [[pesticide]]s (insecticides en particulier, souvent mortellement dangereux pour d'autres [[Poïkilotherme|animaux à sang froid]] que les [[insecte]]s), ces [[produits chimiques]] peuvent agir comme [[Modulateur endocrinien|perturbateurs endocriniens]]. Ils imitent les [[hormone]]s naturelles et peuvent produire de subtils effets sublétaux. Par exemple, certaines substances chimiques imitent l'[[œstrogène]] et empêchent les jeunes mâles de se développer normalement<ref name="EnvCan" />. L'[[atrazine]], mise sur le marché en [[1958]], est connue pour augmenter des maladies d'origines fongiques et virales chez les amphibiens depuis les [[années 1990]]. Elle entraîne un effet immunosuppresseur de {{unité|20|%}} sur certaines larves de [[salamandre]] lorsqu'elle est combinée à un engrais tel que le [[nitrate de sodium]]<ref>{{périodique|lang=en|titre=Effects of atrazine and iridovirus infection on survival and life-history traits of the long-toed salamander (Ambystoma macrodactylum).|date=2006|auteur=Forson D.|revue=Environ Toxicol Chem.|vol=25|issue=1|page=168-73
|résumé=http://www.ncbi.nlm.nih.gov/sites/entrez?cmd=Retrieve&db=PubMed&list_uids=16494238&dopt=AbstractPlus}}</ref>.
'''Acidification''' : Les pollutions [[acide]]s sont nombreuses dans l'environnement et surtout des eaux. Les [[pluie acide|pluies acides]], ou neiges acides dans le nord, ne menacent souvent pas directement les amphibiens qui sont capables de survivre dans des eaux passablement acides ([[Potentiel hydrogène|pH]] 4), mais elles tuent certains [[insecte]]s qui constituent leurs proies et pourraient favoriser certaines pathologies. De plus elles favorisent la circulation et la bioassimilation de [[métaux lourds]] autrement piégés dans le sol ou dans ses [[complexes argilo-humiques]]<ref name="EnvCan" />.
D’autres études ont montré qu’une exposition à la pollution par l’[[ozone troposphérique]] pouvait également être un facteur contribuant au déclin mondial des amphibiens<ref Name="Dohm">{{périodique|auteur=Dohm, M.R., et al.|date=2005|lang=en|titre=Effects of ozone exposure on nonspecific phagocytic capacity of pulmonary macrophages from an amphibian, ''Bufo marinus''.|revue=Environmental Toxicology and Chemistry|vol=24|pages=205-210
|résumé=http://trophort.com/012/018/012018978.html}}</ref>.
L'effet de la pollution chimique peut être différé : la mort d'adultes peut en effet survenir seulement au cours de la saison de reproduction du fait de la mobilisation de toxiques liposolubles stockés l'été précédent en consommant des aliments contaminés.
===Parasites et maladies émergents===
[[Image:Wyoming Toad.jpg|thumb|right|Le ''[[Bufo baxteri]]'' ({{en}} ''[[:en:Wyoming Toad|Wyoming Toad]]'', Crapaud du Wyoming), relativement commun en [[1950]], a connu un déclin très aigu dans les années [[1970]] et on le croyait éteint en [[1980]]. Il a été redécouvert en [[1987]] au bord du [[lac Mortenson]]. L'[[Union internationale pour la conservation de la nature|UICN]] le décrit comme éteint à l'état naturel<ref>{{en}}{{lien web|éditeur=UICN|url=http://www.iucnredlist.org/search/details.php/54583/all|titre=Bufo baxteri}}</ref>.]]
Beaucoup de pathologies sont reconnues comme facteurs responsables du déclin des populations d’amphibiens ou du moins responsables de morts massives d’individus. Parmi elles, citons la maladie dite « des membres rouges » (traduction littérale de l'anglais : ''red-leg disease'') (provoquée par la bactérie ''[[Aeromonas hydrophila]]'')<ref name="Aeromanas">{{lien web|url=http://www.bacterio.cict.fr/bacdico/aa/hydrophila.html|titre=Aeromonas hydrophila|éditeur=|site=Dictionnaire de Bactériologie Vétérinaire|auteur=Dictionnaire de Bactériologie Vétérinaire}}</ref>, la nécrose hématopoïétique épizootique<ref name="formid">{{en}}{{lien web|url=http://www.jcu.edu.au/school/phtm/PHTM/frogs/formidable.htm|titre=summary of formidable infectious diseases of amphibians|auteur=Rick Speare|éditeur=The Amphibian Diseases Home Page, de la [[James Cook University]]}}</ref> (groupe des ''[[Iridoviridae]]'') provoquée par les ''[[Ranavirus]]'' ainsi que d'autres maladies mal connues comme la ''[[Anuraperkinsus]]''<ref>{{en}}{{lien web|éditeur=Florida Integrated Science Center|titre=The Potential for Fish Stocking to Spread Disease to Aquatic Amphibians|url=http://cars.er.usgs.gov/armi/2005_Annual_Report/spread_of_disease/spread_of_disease.html}}</ref> et la [[chytridiomycose]]<ref name="formid" /> aux États-Unis. On ne sait pas formellement pourquoi ces maladies ont touché si soudainement les populations d’amphibiens, mais on pense qu’elles ont pu être disséminées par l’Homme, notamment en relation avec l'importation de poissons rouges, ou encore qu’elles étaient des maladies animales initialement bénignes et devenues plus virulentes en conjonction avec d’autres facteurs environnementaux. Le déplacement de spécimens d'amphibiens, voire de poissons, même à titre [[élevage conservatoire|conservatoire]] devient donc dangereux et des mesures [[prophylaxie|prophylactiques]] sont prises pour éviter que ces maladies ne se diffusent<ref>{{fr}}{{lien web|url=http://oie.int/fr/normes/fcode/fr_chapitre_2.1.1.htm|titre=Code sanitaire pour les animaux aquatiques|éditeur=organisation mondiale de la santé animale|site=oie.org}}</ref>
;Trématodes
{{Article détaillé|Trématodes}}
Des [[Parasitose|parasites]] appelés [[trématode]]s (embranchement des [[Platyhelminthes|Plathelminthes]]) interviennent dans le développement d’anomalies chez les Amphibiens, et donc dans leur déclin<ref name="Johnson">{{périodique|lang=en|auteur=Johnson, P.T.J., and J.M. Chase.|date=2004|titre=Parasites in the food web: linking amphibian malformations and aquatic eutrophication.|revue=[[Ecology Letters]]|vol=7|pages=521-526
|résumé=http://www.ingentaconnect.com/content/bsc/ele/2004/00000007/00000007/art00001}}.</ref>. Ces Trématodes, du genre ''[[Ribeiroia]]'', ont un cycle de vie complexe puisqu’ils affectent successivement trois types d’espèces-hôtes. Les trématodes affectent tout d’abord certaines espèces aquatiques de gastéropodes pulmonés ([[escargot]]s). Puis, arrivés au stade larvaire, ils se transmettent aux têtards où les [[Trématodes|métacercaire]]s (larves) enkystées s'insinuent à l’intérieur des bourgeons de membres, ce qui engendre des anomalies post-métamorphiques chez les grenouilles adultes, à savoir l’absence de membres ou au contraire la présence de membres supplémentaires<ref Name="Stuart" />. Ces anomalies affectent gravement la vulnérabilité des amphibiens par rapport à leurs prédateurs, et notamment aux oiseaux des zones humides, derniers hôtes des Trématodes.
;Chytridiomycose
{{Article détaillé|Chytridiomycose}}
En [[1998]], les équipes scientifiques ayant mené des recherches sur les causes de la mortalité à grande échelle d’[[Amphibiens d'Australie|amphibiens en Australie]] et en Amérique Centrale sont arrivées aux mêmes conclusions : une [[Mycota|espèce fongique]] [[pathogène]] qui n’avait jamais été décrite auparavant, ''[[Batrachochytrium dendrobatidis]]'', était responsable d’[[infection]]s mortelles<ref>{{périodique|lang=en|titre=Batrochochytrium dendrobatidis gen. et sp. nov.,
a chytrid pathogenic to amphibians.|auteur=Joyce E. Longcore, Alan P. Pessier and Donald K. Nichols.|éditeur=[[Université du Maine (États-Unis)|Université du Maine]] & [[Smithsonian Institution]]|revue=[[Mycologia]]|date=1999|vol=91|pages=219-227|
résumé=http://www.jcu.edu.au/school/phtm/PHTM/frogs/chpr1/longcore.htm}}</ref>. On sait aujourd’hui que la plupart des extinctions des espèces de ces régions sont liées à ce champignon, lequel appartient à une famille de micro-organismes [[saprophyte]]s connue sous le nom de Chytrides (''[[Chytridiomycota]]'') et qui, en règle générale, n’ont pas de propriétés pathogènes.
Cette maladie engendrée par ''Batrachochytrium dendrobatidis'' est appelée [[chytridiomycose]]. Les grenouilles infectées présentent des troubles neurologiques<ref name="formid" />, des lésions cutanées et une [[hyperkératose]]<ref name="formid" />, qui provoquent peu à peu l’impossibilité de respirer par la peau <ref name="respeau">{{en}}{{lien web|url=http://www.environment.gov.au/biodiversity/invasive/publications/c-disease/|titre=Chytridiomycosis|auteur=Department of the Environment and Heritage, gouvernement australien|date=2004}}</ref>, et à terme la mort de l’animal. Des études expérimentales ont montré que le temps écoulé entre l’infection et la mort était de une à deux semaines.
Des recherches subséquentes ont montré que le champignon est présent en Australie depuis le milieu des années [[1970]]<ref name="ADHP">{{en}}{{lien web|url=http://www.jcu.edu.au/school/phtm/PHTM/frogs/chyspec.htm|titre=Chytridiomycosis in amphibians in Australia|auteur=Speare R, Berger L|date=26 janvier 2005|éditeur=The Amphibian Diseases Home Page, de la [[James Cook University]]}}</ref> et en Amérique du Nord depuis [[1974]] sur ''Rana pipiens''<ref name="Dist">{{en}}{{lien web|url=http://www.jcu.edu.au/school/phtm/PHTM/frogs/chyglob.htm|titre=Global Distribution of Chytridiomycosis in Amphibians|auteur=Speare R, Berger L|date=11 novembre 2000|éditeur=The Amphibian Diseases Home Page, de la [[James Cook University]]}}</ref>. Il est présent en Espagne depuis la fin des années 1990<ref name="Dist" />. Il a également été découvert en Allemagne sur des NAC amphibiens<ref name="Dist" />. La première description connue de l’infection chytrique chez les Amphibiens fut faite sur la grenouille africaine [[Xenopus laevis|Dactylère du Cap]]. Et comme ces [[xénope]]s sont vendues en animaleries et utilisées dans des laboratoires du monde entier, il est possible que le champignon se soit transmis depuis l’Afrique jusqu’aux Amériques et à l’Australie. En Australie en 2006, il touchait {{unité|22|%}} des espèces<ref name="ADHP" />.
;Bactérie ''Aeromonas hydrophila''
{{Article détaillé|Aeromonas|Aeromonas hydrophila}}
''[[Aeromonas hydrophila]]'' est répartie sur l'ensemble des eaux douces ou peu saline de la planète<ref name="Aeromanas" />. Les ''Aeromonas hydrophila'' sont plus abondantes au court des saisons chaudes mais capables de se multiplier dès que les températures sont supérieures à {{unité|5|[[degré Celsius|°C]]}}. Chez les amphibiens ces souches provoquent une flaccidité des muscles, des hémorragies, des ulcérations cutanées et parfois une septicémie foudroyante<ref name="Aeromanas" />. Elles ne sont pas seulement pathogènes pour les grenouilles, mais aussi pour les poissons, tortues, mammifères.
Il existe en fait plusieurs dizaines de souche d’''Aeromonas hydrophila'', dont ''A. h.'' subsp. ''hydrophila'' et ''A. h.'' subsp. ''ranae'' sont mortelles pour les amphibiens. Plusieurs études ont montré le potentiel d'effets interactifs ou synergétiques entre les pesticides et l’''A.h.'', sur la réduction des populations<ref>{{périodique|auteur=Talor et al|lang=en|texte=http://rana.biologia.ucr.ac.cr/matcursos/publicaciones/Taylor_et_al_1999.pdf
|titre=Effects of malathion on disease susceptibility in Woodhouse's toads|revue=Journal of Wildlife Diseases|date=1999|vol=35|pages=536-541}}</ref>.
Une des souches a été repérée pour la première fois chez ''[[Rana muscosa]]'', dans le [[Parc national de Sequoia & Kings Canyon|Parc national Kings Canyon]] en [[Californie]]. On pense qu’elle est responsable des morts massives de ''Rana muscosa'' en [[1979]]<ref Name="Bradford">{{périodique|lang=en|auteur=Bradford, D. F.|date=juin 1991|titre=Mass mortality and extinction in a high elevation population of Rana muscosa|lang=en|revue=[[Journal of Herpetology]]|vol=25|no=2|pages=174-177
|résumé=http://links.jstor.org/sici?sici=0022-1511(199106)25%3A2%3C174%3AMMAEIA%3E2.0.CO%3B2-K}}</ref>, de même que de celles du ''[[Bufo boreas]]'' (Crapaud de l'ouest ou boréal)<ref Name="Carey">{{périodique|auteur=Carey, C.|date=juin 1993|titre=Hypothesis concerning the causes of the disappearance of boreal toads from the mountains of Colorado.|revue=Conservation Biology|vol=7|issue=2|pages=355–362|lang=en|
résumé=http://www.blackwell-synergy.com/doi/abs/10.1046/j.1523-1739.1993.07020355.x?journalCode=cbi}}.</ref>.
;La nécrose hématopoïétique épizootique
{{Article détaillé|Iridoviridae}}
La nécrose hématopoïétique épizootique est une infection virale causée par un ''[[Iridoviridae]]''<ref>{{lien web|titre=Code sanitaire pour les animaux aquatiques|url=http://oie.int/fr/normes/fcode/fr_chapitre_2.1.1.htm|éditeur=Organisation Mondiale de la Santé Animale}} qui touchent les batraciens et les poissons</ref>, un [[virus à ADN]]. On pense que certains d'entre eux sont responsables ou co-responsables de taux de mortalité extrêmement élevés et localisés d'amphibiens comme par exemple sur une espèce de salamandre en 1995-1996, la plaçant en danger d'[[extinction massive|extinction]]<ref name="CCCSF">{{périodique|éditeur=University of Saskatchewan|auteur=Trent Bollinger|revue=Centre Canadien coopératif de la Santé de la Faune|vol=Bulletin 5 - 5|date=Hiver 1998|titre=Un besoin pressant d'informations sur les maladies affectant les amphibiens de la faune|lang=fr|texte=http://wildlife1.usask.ca/newsletters_fr/newsletter5-3.htm}}</ref>. En 1997 et 1998, des virus de cette famille ont provoqué la mort de [[Salamandre tigrée|salamandres tigrées]] et de ''[[Rana sylvatica]]'' en [[Saskatchewan]] et de salamandres tigrées au [[Manitoba]]<ref name="CCCSF" />{{,}}<ref name="EnvCan" />.
===Réchauffement climatique===
[[Image:Global Warming Map.jpg|thumb|left|250px|Anomalies de la température moyenne au cours de la période [[1995]] - [[2004]].]]
Une grande quantité d’[[écosystème]]s sont détruits à un rythme accru, diminuant la disponibilité d'habitats naturels. Outre le fait que la [[pollution atmosphérique]] affecte directement ou indirectement les amphibiens très sensibles aux toxines, elle provoque également un [[Réchauffement climatique|réchauffement de la planète]] par [[effet de serre]] particulièrement nocif. En effet, la perméabilité de leur peau, la dualité aquatique-terrestre de leur cycle de vie biphasique et leurs [[œuf (biologie)|œuf]]s dépourvus de coquille protectrice les rendent extrêmement vulnérables même aux faibles écarts de [[température]] et d’[[hygrométrie]]<ref Name="Carey">{{périodique|auteur=Carey, C., and M. A. Alexander.|date=mars 2003|titre=Climate change and amphibian declines: is there a link? Diversity and Distributions|vol=9|no=2|pages=111-121|lang=en|
résumé=http://www.ingentaconnect.com/content/bsc/ddi/2003/00000009/00000002/art00003;jsessionid=1jgk1b1o7ifum.alice?format=print}}.</ref>.
La compréhension des mécanismes inhérents aux hypothèses de changement climatique présente une complexité majeure. Le changement climatique peut affecter une région directement ou bien engendrer une série d’événements successifs et avoir ainsi un effet indirect sur une région éloignée du foyer des anomalies climatiques<ref name="Stenseth">{{périodique|auteur=Stenseth, N.C., Mysterud, A., Otthers, G., Hurrell, J.W., Chan, K.-S. & Lima, M.|date=Août 2002|titre=Ecological effects of climate fluctuations.|revue=[[Science magazine]]|vol=297|lang=en|no=5585|pages=1292-1296|lang=en
|résumé=http://www.sciencemag.org/cgi/content/abstract/297/5585/1292}}</ref>. Ainsi les hypothèses de changement climatique sont-elles intrinsèquement complexes car elles peuvent affecter les individus et les populations directement, ou bien indirectement en prenant dans ce cas parfois des années voire des décennies avant de se manifester<ref name="Whalter">{{en}}Whalter, G-R., Post, E., Convey, P., Manzel A., Parmesan, C., Beebee, T., Fromentin, J.-M., Hoegh-Guldberg, O. & Bairlein, F. (2002) Ecological responses to recen climate change. Nature 416, 389-395.</ref>. Parmi les effets du réchauffement planétaire, nous pouvons citer, par exemple, la croissance ou la reproduction prématurée des individus de certaines espèces d’amphibiens vivant en climats tempérés<ref Name="Beebee">{{en}}Beebee, T. J. C. 1995. Amphibian Breeding and Climate. Nature 374:219-220.</ref>{{,}}<ref>{{périodique|titre=Amphibian Breeding and Climate|
|auteur=Andrew R. Blaustein, Lisa K. Belden, Deanna H. Olson, David M. Green, Terry L. Root, Joseph M. Kiesecker|date=décembre 2001|lang=en|revue=Conservation Biology|vol=15|issue=6|page=1804-1809
|résumé=http://www.blackwell-synergy.com/doi/abs/10.1046/j.1523-1739.2001.00307.x?journalCode=cbi}}</ref>, qui se retrouvent ainsi confrontés à un environnement hostile (absence de nourriture, ...), caractéristique de saisons plus froides pendant lesquelles ils sont censés hiberner.
Une série d’études menées dans des environnements [[Tropique|tropicaux]] a prouvé l’existence d’une relation de cause à effet entre irrégularités climatiques et déclins populationnels. Au [[Brésil]], on a décrit l’extinction de 5 espèces de crapauds, conséquence d’une série de gelées<ref Name="Heyer">{{Périodique|auteur=Heyer, W. R., A. S. Rand, C. A. G. Dacruz, and O. L. Peixoto|date=1988|titre=Decimations, Extinctions, and Colonizations of Frog Populations in Southeast Brazil and Their Evolutionary Implications.|revue=Biotropica|vol=20|no=3|pages=230-235|lang=en|
résumé=http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=7222960}}.</ref>. On a également détecté, toujours au Brésil, que les déclins des populations d’amphibiens pouvaient être reliés à des hivers plus secs<ref Name="Weygoldt">{{en}}Weygoldt, P. 1989. Changes in the Composition of Mountain Stream Frog Communities in the Atlantic Mountains of Brazil Frogs as Indicators of Environmental Deteriorations. Studies on Neotropical Fauna & Environment 24:249-256.</ref>. À Porto-Rico, on a également prouvé les connexions existant entre le dramatique déclin de la population d’''[[Eleutherodactylus coqui]]'' (en espagnol ''[[Coquí]]'') et le nombre croissant de longues périodes de [[sécheresse]]<ref Name="Stewart">{{périodique|auteur=Stewart, M. M.|date=septembre 1995|titre=Climate Driven Population Fluctuations in Rain-Forest Frogs.|revue=Journal of Herpetology|vol=29|lang=en|no=3|pages=437-446
|résumé=http://links.jstor.org/sici?sici=0022-1511(199509)29:3%3C437:CDPFIR%3E2.0.CO;2-5}}</ref> (caractérisées par un niveau de précipitations inférieur à 3 mm). De la même manière, on a pu clairement relier l’extinction du ''[[Bufo periglenes]]'' ({{es}} ''[[:es:Bufo periglenes|Sapo dorado]]'', Crapaud doré) de Monteverde, et le déclin d’autres espèces d’amphibiens de la région, avec les irrégularités fréquentielles de l’indice d’[[hygrométrie]] du [[brouillard]] ambiant des forêts tropicales de [[Monteverde]]<ref Name="Pounds2">{{périodique|auteur=Pounds, J. A., and M. L. Crump.|date=mars 1994|titre=Amphibian declines and climate disturbance: The case of the golden toad and the harlequin frog.|revue=Conservation Biology|vol=8|issue=1|pages=72-85|lang=en
|résumé=http://www.blackwell-synergy.com/doi/abs/10.1046/j.1523-1739.1994.08010072.x?journalCode=cbi}}.</ref>.
D’autres études ont montré la réduction, durant les périodes de grande sécheresse, de la profondeur des [[mare]]s dans lesquelles certaines espèces d’amphibiens déposent leurs œufs. Cette diminution de profondeur d'eau engendre une plus forte exposition des embryons aux rayons [[Ultraviolet|UV-B]], ce qui augmente la vulnérabilité aux maladies comme celle due au champignon ''[[Saprolegnia|Saprolegnia ferax]]'' qui provoque la mort des œufs<ref Name="Kiesecker">{{périodique|auteur=Kiesecker, J. M., A. R. Blaustein, and L. K. Belden.|date=avril 2001|titre=Complex causes of amphibian population declines.|revue=Nature|issue=6829|lang=en|vol=410|pages=681-684
|résumé=http://adsabs.harvard.edu/abs/2001Natur.410..681K}}.</ref>{{,}}<ref Name="Blaustein4" />{{,}}<ref Name="Hays1">{{périodique|Hays JB, Blaustein AR, Kiesecker JM, Hoffman PD, Pandelova I, Coyle D, Richardson T.|date=1996|lang=en|titre=Developmental responses of amphibians to solar and artificial UVB sources: a comparative study Photochem.|revue=Photobiol|issue=64|pages=449-55
|résumé=http://www.ncbi.nlm.nih.gov/sites/entrez?db=PubMed&cmd=Retrieve&list_uids=8806225&dopt=Citation}}</ref>. Leur patrimoine génétique est alors altéré et leur système immunitaire déficient. Dans certaines mares où le niveau de l'eau est trop bas, la mortalité des embryons atteint {{unité|100|%}}. La diminution des réponses immunitaires chez les amphibiens entraîne également une plus grande sensibilité aux attaques de parasites comme le ver nématode ''Ribeiroia ondatrae'', de champignons (dont ''Batrachochytrium dendrobatadis'' identifié en 1998 et provoquant de lésions de la peau) ou encore de virus du type ''Ranavirus''<ref>Dubois P.J. (2004) ''Vers l’Ultime Extinction''. Éditions de la Martinière, Paris, 191 p.</ref>.
===Radiations UV-B===
Les niveaux de [[radiation]] UV-B dans l’[[atmosphère (Terre)|atmosphère]] ont augmenté de manière significative au cours des dernières décennies. Les chercheurs ont montré que les radiations UV-B peuvent tuer les amphibiens directement, en agissant conjointement avec la pollution, les agents pathogènes et le changement climatique, pour causer chez eux des effets secondaires comme des retardements de croissance ou des dysfonctionnements immunitaires, entraînant leur mort et donc leur déclin.
Il existe trois types de [[Ultraviolet|radiations ultraviolettes]]: les UV-A (de [[Longueur d'onde|longueur d’onde]] comprise entre 315 et {{unité|400|nm)}} ; les UV-B (entre 280 et {{unité|315|nm}}) et les UV-C (entre 200 et {{unité|280|nm}}). La majorité des [[biomolécule]]s n’absorbent pas les radiations de longueurs d’onde équivalentes à celles des UV-A, et une grande partie de la radiation UV-C est absorbée par l’[[Couche d'ozone|ozone stratosphérique]] (couche d'ozone). Ne restent que les radiations UV-B, qui, à forte dose, ont des effets particulièrement nocifs sur les organismes vivants.
[[Image:Min ozone.jpg|thumb|250px|Minima annuels de niveau d'ozone enregistrés par le ''Total Ozone Mapping Spectrometer'' au niveau du trou de la couche d'ozone situé au-dessus du continent antarctique]]
La radiation UV-B, suite au [[réchauffement climatique]] et à l’amincissement de la [[couche d’ozone]] stratosphérique, a augmenté de façon notable. Les amphibiens sont extrêmement vulnérables à la radiation UV-B du fait que leurs œufs sont dépourvus de coquille protectrice et que leur peau, chez les spécimens adultes comme chez les têtards, est fine et délicate. Il est hautement probable que cette augmentation de la radiation UV-B contribue de manière significative au déclin des amphibiens<ref Name="BlausteinyWake">{{périodique|auteur=Blaustein, A. R., and D. B. Wake.|date=avril 1995|titre=The Puzzle of Declining Amphibian Populations.|revue=[[Scientific American]]|vol=272|pages=52-57|lang=en|
résumé=http://www.sciamdigital.com/index.cfm?fa=Products.ViewIssuePreview&ARTICLEID_CHAR=BD0D8B06-D2B5-4BBC-A6F4-4B0B3C91B9C}}.</ref>.
Des recherches menées sur plus de 10 espèces d’amphibiens ont montré qu’une [[enzyme]], la [[photolyase]], était capable de [[réparation de l'ADN|réparer les dommages causés à l’ADN]] par les radiations UV-B. Des expériences faites en laboratoire sur des œufs de la salamandre ''[[Ambystoma gracile]]'' ont prouvé leur vulnérabilité aux radiations UV-B<ref Name="Blaustein3">{{périodique|auteur=Andrew R. Blaustein, Brian Edmond, Jeseph M. Kiesecker, Joseph J. Beatty, and D. Grant Hokit.|titre=Ambient Ultraviolet Radiation Causes Mortality in Salamander Eggs.|revue=Ecological Applications|vol=5|no=3|date=août 1995|pages=740-743|lang=en|résumé=http://links.jstor.org/sici?sici=1051-0761(199508)5%3A3%3C740%3AAURCMI%3E2.0.CO%3B2-Y}}.</ref>. Il est probable que les espèces d’amphibiens disposant d’une importante activité enzymatique (de type photolyase) peuvent réparer les dommages causés à l’ADN par l’exposition aux UV-B de manière plus efficace que d’autres espèces ayant une faible activité enzymatique de ce type<ref Name="Blaustein4">{{périodique|auteur=Blaustein, A. R., P. D. Hoffman, D. F. Hokit, J. M. Kiesecker, S. C. Walls, and J. B. Hays.|lang=en|date=1994|titre=UV repair and resistence to solar UV-B in amphibians eggs: a link to population declines?|revue=Procedings of the National Academy of Sciences (USA)|vol=91|pages=1791-1795|résumé=http://www.pnas.org/cgi/content/abstract/91/5/1791}}</ref>.
===Difformités et malformations===
On a noté depuis quelques années une augmentation des observations de difformités ou de malformations dans les populations naturelles d’amphibiens ; ce phénomène a récemment été classé parmi les plus importants problèmes environnementaux<ref Name="Ouellet">{{périodique|auteur=Ouellet, M., J. Bonin, J. Rodrigue, J. L. DesGranges, and S. Lair|date=1997|lang=en|titre=Hindlimb deformities (ectromelia, ectrodactyly) in free-living anurans from agricultural habitats.|revue=Journal of Wildlife Diseases|vol=33|issue=1|pages=95-104|lang=en|résumé=http://www.jwildlifedis.org/cgi/content/abstract/33/1/95}}</ref>.
Au cours de l’été [[1995]], un rapport établi par un professeur d’une école de Le Sueur, [[Minnesota]], à propos des déformations rares chez ''[[Rana pipiens]]'' ({{en}} ''[[:en:Northern Leopard Frog|Northern Leopard Frog]]'', Grenouille léopard), a mené à l’ouverture d’une enquête par l’Agence de contrôle de la pollution du Minnesota, laquelle a montré que {{unité|30|%}} à {{unité|40|%}} des grenouilles présentes sur le lieu des observations présentaient des malformations. Par la suite, les biologistes ont compris que ces anomalies n’étaient pas circonscrites au Minnesota, et que l’on décrivait ce genre de malformations (grenouilles et tritons avec plus de quatre pattes ou seulement deux) chez des amphibiens du monde entier (près de {{unité|80|%}} dans les secteurs les plus touchés)<ref Name="Kiesecker">{{en}}Kiesecker, J. M., L. K. Belden, K. Shea, and M. J. Rubbo. 2004. Amphibian decline and emerging disease. American Scientist 92:138-147.[http://www.americanscientist.org/template/AssetDetail/assetid/31321;jsessionid=baa9cyYgAL68I9]</ref>.
Il y a déjà eu de grands [[débat]]s sur les malformations survenues chez les amphibiens dans leur milieu naturel au cours desquels on s’est rendu compte qu’il était difficile d’en déterminer les causes. Il est relativement aisé de provoquer des malformations sur des embryons élevés en laboratoires, mais celles-ci ne correspondent pas toujours à celles qui sont observées dans la nature<ref Name="Sessions">{{en}}Sessions, S. K. 2003. What is causing deformed amphibians? Pages 168-186 in R. D. Semlitsch, editor. Amphibian Conservation. Smithsonian Institution, Washington.</ref>. Par ailleurs, on ne sait pas vraiment si le taux de malformations observées chez les amphibiens a réellement augmenté au cours des dernières années, ou si l’augmentation du nombre d’observations est due tout simplement à la plus grande attention portée à ce sujet<ref Name="Johnson2">{{périodique|auteur=Johnson, P. T. J., K. B. Lunde, D. A. Zelmer, and J. K. Werner|date=2003|titre=Limb deformities as an emerging parasitic disease in amphibians: Evidence from museum specimens and resurvey data.|revue=Conservation Biology|vol=17|issue=6|lang=en|pages=1724-1737|
résumé=http://www.blackwell-synergy.com/doi/abs/10.1111/j.1523-1739.2003.00217.x}}.</ref>.
Malgré ces incertitudes, les malformations sont vues comme le résultat de causes multiples, qui ne se lient pas toutes aux dommages causés à l’environnement par les activités humaines<ref Name="Blaustein_Johnson">{{périodique|auteur=Blaustein, A. R. and P. T. J. Johnson.|date=2003|titre=The complexity of deformed amphibians|revue=Frontiers in Ecology and the Environment|vol=1|issue=2|lang=en|pages=87-94|texte=http://tiee.ecoed.net/vol/v2/issues/frontier_sets/amphibians/pdf/Frontiers-Blaustein-Johnson.pdf}}.</ref>. L’hypothèse principale impute l’augmentation du nombre de malformations chez les amphibiens à une augmentation des niveaux de radiations [[ultraviolet]]tes (UV), du taux de [[pollution]] chimique et des [[parasitose]]s.
==Stratégies de conservation==
[[Image:All species with legend.jpg|thumb|250px|right|Distribution globale des espèces d'Amphibiens]]
Le ''Global Amphibian Assessment''<ref>{{en}}{{lien web|url=http://www.globalamphibians.org/index.html|titre=Site web officiel|éditeur=The Global Amphibian Assessment}}</ref> a créé un plan d’action pour la conservation des amphibiens<ref>{{en}}{{pdf}}Plan d'action pour la conservation des amphibiens{{lire en ligne|lien=http://www.amphibiaweb.org/declines/acap.pdf|langue=en}}</ref>. Ce plan s’articule autour de quatre objectifs à très court terme : l'amélioration de la compréhension des causes des déclins populationnels et des extinctions ; la diffusion d'informations sur la diversité biologique des Amphibiens et sur les changements qu’elle connaît ; le développement et l'implémentation de programmes de conservation sur le long terme ; l'apport de réponses d’urgence aux crises actuelles.
Voici quelques-uns des moyens pouvant renverser, atténuer ou prévenir le déclin des populations d’amphibiens :
*'''Protection des habitats naturels''' : La perte et la dégradation des habitats naturels affectent {{unité|90|%}} des espèces d’amphibiens menacées. La majorité d’entre eux ont besoin de mesures de conservation de leur habitat pour s’assurer de pouvoir survivre. Par conséquent, la sauvegarde d’habitats-clés où les amphibiens menacés peuvent vivre et se reproduire en sécurité est la priorité la plus urgente pour la survie de beaucoup d’espèces. Plusieurs types de mesures sont souvent prises comme par exemple :
**Responsabilisation des agriculteurs avec versement de primes pour le maintien des zones humides et pour l'arrêt de l'usage de pesticides et herbicides<ref name="CSD">{{fr}}{{lien web|url=http://www.les-paccots.ch/main.php?id_rubrique=1&id_point_interet=2479764|site=Site officiel de Châtel-St-Denis|titre=Le lac des joncs}}</ref>. Supprimer les aménagements humains comme les plantations d'arbre le long des zones humides et restauration des berges<ref name="CSD" />.
**Aménagement de [[crapauduc]]s, fermeture des routes ou pose de barrière durant les périodes de [[migration animale|migration]]<ref>{{fr}}{{lien web|url=http://www.dse.vd.ch/forets/faune/infos/grenouille.htm|site=Site officiel du Canton de Vaud|titre=Grenouilles et automobilistes}}</ref>.
*'''Élevage en captivité''' : Des programmes d’[[Élevage conservatoire|élevage en captivité]] de certaines espèces menacées sont mis en place en ce moment dans les [[parc zoologique|parcs zoologiques]]. Les espèces ainsi élevées pourront être ultérieurement réintroduites dans leur environnement naturel même s'il se pose aujourd'hui un problème important de reproductibilité dans les élevages après plusieurs années sans que l'on comprenne pourquoi<ref name="inra" />.
*'''Réintroduction''' : Il existe des programmes de réintroduction d’amphibiens menacés élevés en captivité puis relâchés dans leur milieu naturel dans l’espoir de l’établissement de nouvelles populations. L’objectif des réintroductions est d’assurer le retour dans leur milieu naturel d’espèces d’amphibiens en déclin, par un apport d’individus plus viables et protégés (car élevés en parc zoologique). En effet, la seule diminution des menaces environnementales pesant sur les habitats ne suffit pas toujours à contrebalancer le déclin des populations.
*'''Opérations de retrait des espèces introduites''' : Ce type de projet est mis en place dans les endroits où les espèces introduites menacent les espèces endémiques, ce qui permet d’obtenir le maintien et la lente récupération des populations d’amphibiens de la zone.
*'''Surveillance des populations''' : Le déclin a été si rapide pour certaines populations, comme par exemple la Grenouille léopard dans l'[[Alberta]] dont les effectifs ont pratiquement disparu en une année seulement<ref>{{en}}{{lien web|url=http://www.on.ec.gc.ca/wildlife/factsheets/images/glfs_amph-chart6-e.jpg|titre=Seasonnal trend in frog call|éditeur=Environnement Canada}}, Tendances saisonnières des coassements</ref>, qu'il est vital de pouvoir prendre des mesures immédiates.
===L'organisation de la protection===
C'est la ''Global Amphibian Assessment'', une organisation issue de l'IUCN, qui a essayé de dresser un bilan au début des années 2000, concernant les causes de disparition. Cette volonté a débouché sur une étude<ref Name="Stuart" /> qui étudiait trois zones protégées où la disparition « énigmatique » d’espèces a été enregistrée : le [[parc national de Yosemite]], la [[réserve de Monteverde]] et le [[parc national d'Eungella]]. D'autres ont suivi, offrant des conclusions similaires, un déclin rapide et important.
Le {{date|16|février|2007}}, des scientifiques du monde entier se sont réunis à [[Atlanta]], aux États-Unis, pour donner naissance à un groupe dénommé ''[[Amphibian Ark]]'', dans l’optique de sauver plus de {{formatnum:6000}} espèces d’amphibiens de l’extinction possible causée par la [[chytridiomycose]]<ref>{{en}}{{lien web|url=http://www.amphibianark.org/|titre=page d'accueil|éditeur=Amphibian Ark|site=amphibianark.org}}</ref>. Cet organisme est un partenariat entre l'[[Association mondiale des zoos et des aquariums]] membre de l'IUCN et plusieurs sections pour la conservation des espèces de l'[[Union internationale pour la conservation de la nature|UICN]] dont celle des amphibiens<ref>{{en}}{{Lien web|url=http://www.amphibianark.org/aarkorganization.htm|titre=AArk organization|éditeur=amphibian Ark}}</ref>. Le but de l'Ark est d'aider ses partenaires pour une [[conservation ex-situ|conservation ''ex-situ'']] et de protéger les sites naturels. Une autre de ses attributions est d'identifier les [[taxon]]s réellement en danger puisqu'il existe une incertitude de menace sur près de {{unité|23|%}} des espèces<ref name="FS!" />. Enfin, l'Ark organise des campagnes de presse à destination des pouvoirs publics et de la population pour faire prendre conscience du danger de l'[[extinction massive]] qui pèse sur les amphibiens, comme par exemple la campagne ''Year of the frog'' qui sera lancée en [[2008]].
==État actuel des populations d'amphibiens==
{{Statut de conservation}}
[[Image:Distrubucion global de anfibios en peligro al 2006.jpg|thumb|250px|left|Distribution mondiale des espèces d'amphibiens en danger]]
Grâce aux données obtenues par le ''Global Amphibian Assessment'', jusqu’au début de l’année [[2006]], l'IUCN estime<ref name="declin" /> que :
*Près d'un tiers ({{unité|32|%}}) des espèces d'amphibiens sont en danger d'extinction, ce qui représente {{formatnum:1896}} espèces. En comparaison, {{unité|12|%}} des espèces d'[[oiseau]]x et {{unité|23|%}} des espèces de [[mammifère]]s sont menacées.
*Plus de 165 espèces d'amphibiens seraient déjà éteintes, parmi lesquelles on retrouve :
:- 34 espèces d'amphibiens désormais irrémédiablement éteintes,
:- 1 espèce éteinte dans son environnement naturel,
:- au moins 130 autres espèces dont a perdu toute trace au cours des dernières années et qui sont maintenant probablement éteintes.
*Au moins {{unité|43|%}} de toutes les espèces d'amphibiens présentent un déclin continuel de leurs populations, ce qui indique que le nombre d'espèces menacées va probablement augmenter dans l'avenir. Par opposition, moins de {{unité|1|%}} des espèces d'amphibiens présentent une augmentation de leurs populations.
*Les pays regroupant le plus d'espèces menacées sont ceux d'[[Amérique latine]], comme la [[Colombie]] (209), le [[Mexique]] (198) et l'[[Équateur (pays)|Équateur]] (163). Cependant, les taux les plus élevés d'espèces menacées sont rencontrés aux [[Espace Caraïbe|Caraïbes]], où plus de {{unité|80|%}} des amphibiens présents sont en voie d'extinction en [[République Dominicaine]], à [[Cuba]] et à la [[Jamaïque]], avec même un pic de {{unité|92|%}} à [[Haïti]].
*Les {{b famille}}s les plus touchées étant les ''[[Rheobatrachidae]]'' (petites grenouilles australiennes), les ''[[Leptodactylidae]]'' (grenouilles tropicales américaines), les ''[[Bufonidae]]'' et les ''[[Ambystomatidae]]'' (salamandres nord-américaines).
*Bien que la destruction des habitats naturels soit clairement la menace la plus importante pour les amphibiens, on a encore récemment détecté l'existence d'une maladie causée par l'exposition aux fumigateurs et affectant sérieusement un nombre croissant d'espèces. Ce qui est peut-être le plus perturbant, c'est le fait que de nombreuses espèces d'amphibiens sont en déclin pour des raisons encore inconnues, ce qui complique les efforts faits pour concevoir et mettre en place des stratégies effectives de conservation.
==Annexes==
===Bibliographie===
*{{en}} ''Disappearing Jewels : The Status of New World Amphibians'', NatureServe, 2004. ISBN 0-9711053-1-6<ref>{{en}}{{pdf}} [http://www.natureserve.org/publications/disappearing_jewels.pdf natureserve.org]</ref>.
*{{en}} ''Amphibian Declines : The Conservation Status of United States Specie'', University of California Press, 2005, ISBN-10: 0520235924.
*{{en}} ''Amphibians in Decline : Canadian Studies of a Global Problem'', Society for the Study of Amphibians and Reptiles, 1997 ISBN-10: 0916984400.
*{{en}} ''Amphibian Decline : An Integrated Analysis of Multiple Stressor Effects'', SETAC Press, 2003, ISBN-10: 1880611554
*{{fr}}{{ouvrage|titre=Séminaire sur les projets de rétablissement d'espèces d'amphibiens et de reptiles (El Hierro, Îles Canaries, Espagne, 11-14 octobre 1993)|éditeur=Édition du Conseil de l'Europe|collection=Rencontres Environnement n° 19|année=1998}}
*{{fr}}{{ouvrage|titre=Amphibiens et reptiles - La sauvegarde des espèces et des habitats par la gestion|auteur=T. Langton, J.A. Burton|éditeur=Édition du Conseil de l'Europe|collection=Aménagement et gestion n° 4|année=1998}}
*{{fr}}Jean Rostan, ''La vie des crapauds''. Paris, Stock, 1933, 221 p.
===Sources===
{{Traduction/Référence|es|Declive en las poblaciones de anfibios|9385257}}
===Notes===
{{références|colonnes=2}}
===Articles connexes===
*[[Amphibia|Amphibiens]]
*[[Extinction des espèces]]
*[[Ecologie]]
*[[Biodiversité]]
*[[Biologie de la conservation]]
*[[Union internationale pour la conservation de la nature]] (IUCN)
===Liens externes===
{{wikispecies|Amphibia|Amphibiens}}
;En anglais
*[http://www.globalamphibians.org/index.html Global Amphibian Assessment] Informations sur le [[statut de conservation]] actuel de {{formatnum:5918}} espèces d'Amphibiens connues.
*[http://www.amphibiaweb.org AmphibiaWeb] Base de données sur les Amphibiens et le phénomène de déclin.
*[http://www.frogweb.gov/ FrogWeb] Informations sur le déclin des Amphibiens et les malformations.
*[http://www.conservation.org/xp/news/press_releases/2005/092005.xml Conservation International] Press Release - Développement par des experts d'un plan d'action global pour sauvegarder les Amphibiens en danger d'extinction.
*[http://www.amphibianark.org/ Amphibian Ark website] Implementing the ex situ component of the Amphibian Conservation Action Plan.
*[http://www.iucnredlist.org/ IUCN Redlist websitre] Threatened Species Information.
*[http://www.parcplace.org/ Partners in Amphibian and Reptile Conservation] PARC s'emploie à la conservation des reptiles, des amphibiens et de leurs milieux de vie.
*[http://www.nwf.org/frogwatchUSA/index.cfm Frogwatch USA] Frog and toad monitoring program for general public.
*[http://www.nwf.org/frogwatchUSA/content_decline-09-04.cfm FrogWatch USA] Amphibian Decline: Changing Climate Equals Decline.
*[http://www.nwf.org/frogwatchUSA/content_decline-11-04.cfm FrogWatch USA] Amphibian Decline: Frogs still in a fix.
*[http://science.howstuffworks.com/bye-bye-kermie.htm Howstuffworks] Are frogs on the brink of extinction?
;En espagnol
*[http://www.conservation.org/xp/news/press_releases/2004/101404spa.xml Conservation International] Press Release - Anfibios en Dramático Declive.
*[http://www.eco2site.com/News/Nov-04/anfibios.asp eco2site] Catastrófico declive de anfibios advierte significativa degradación ambiental.
*[http://www.puce.edu.ec/zoologia/vertebrados/amphibiawebec/declinanfibios/informacion.html Museo de Zoología de la universidad Católica de Ecuador] Información sobre Declinación de Anfibios en Ecuador.
;En français
*{{lien web|url=http://www.eman-rese.ca/rese/reports/publications/2004/amph_rept_status/what_hap.html|titre=Qu'advient-il des populations d'amphibiens et de reptiles?|éditeur=Environnement Canada}}
*{{lien web|url=http://www.pc.gc.ca/pn-np/ab/banff/docs/herp/chap1/natcul7a2_f.asp|titre= Raison d'être des relevés de reptiles et d'amphibiens|site=Parcs Canada}}
{{Article de qualité|oldid=23026437|date=21 novembre 2007}}
{{Lien AdQ|es}}
{{Portail conservation de la nature}}
{{Lien AdQ|pt}}
[[Catégorie:Amphibien]]
[[Catégorie:Conservation de la nature]]
[[Catégorie:Extinction]]
[[en:Decline in amphibian populations]]
[[es:Declive en las poblaciones de anfibios]]
[[he:הידלדלות אוכלוסיית הדו-חיים]]
[[ja:両生類の減少]]
[[pt:Declínio das populações de anfíbios]]