Dassault Mirage IV 99983 31697282 2008-07-19T05:40:23Z Stéphane33 24233 Ortho {{Infobox Avion militaire|nom=[[Image:Mirage IV Logo.jpg|150px]] | image = Mirage IVP - CF.jpg | légende = Le Mirage IV {{numéro}} 59 sur la BA 118 lors de son retrait du service (23 juin 2005) |type=[[Bombardier (avion)|Bombardier]] stratégique |constructeur= [[Image:Flag of France.svg|20px]] [[Dassault Aviation]] |premiervol= [[17 juin]] [[1959 en aéronautique|1959]] |miseenservice= {{1er octobre}} [[1964 en aéronautique|1964]] |dateretrait= [[23 juin]] [[2005 en aéronautique|2005]] |investissement= |coûtunitaire= |nombreconstruit= 62 |équipage= 1 pilote, 1 navigateur |nombredemoteur= 2 |typedemoteur= [[turboréacteur]]s avec [[postcombustion]] |moteur= [[SNECMA Atar]] 9K |puissanceunitaire= 65 k[[Newton (unité)|N]] |plan3vues= |envergure=11,85 |longueur=(avec perche de ravitaillement en vol) 23,49 |hauteur=5,40 |surfaceaile=78 |masseàvide=14 500 |masseavecarme=31 600 |massemaxi=33 475 |vitessemaxi=(à 13125 m) 2 340 |vitessemaxi[[Nombre de Mach|mach]]=2,2 |plafond=20 000 |vitesseascens= 2 588 |rayonaction=(à 958 km/h et 13125 m) 1 240 km<br>(avec réservoirs externes) 4 000 |convoyage= +6000 km |armeprincipale= bombe AN-11, AN-21 ou AN-22, ou une nacelle CT.52 de reconnaissance, semi-encastrées sous le fuselage |armeaux= [[Air-Sol Moyenne Portée|missile ASMP]], 2 réservoirs externes de 2500 l, conteneurs ECM, bombes classiques (charge maximale : 6800 kg) |avionique=}} Le '''Dassault Mirage IV''' est un [[Bombardement stratégique|bombardier stratégique]] [[France|français]] dont les études ont débuté à la moitié des années 1950. Entré en service en [[1964]], il est le premier vecteur de la « triade » de la [[dissuasion nucléaire]] française. Sa carrière durera plus de 40 ans (retrait du service en juin [[2005]]) dont les 10 dernières seront uniquement consacrées à des missions de [[reconnaissance]]. == Historique == === La genèse de la dissuasion nucléaire française sous la IV{{e}} République (1952-1958) === Le 18 octobre [[1945]], le président du [[gouvernement provisoire de la République française]] [[Charles de Gaulle]] crée par [[ordonnance]] {{numéro}}45-2563 le [[Commissariat à l'énergie atomique]] (CEA) avec pour mission de {{citation|mettre en œuvre l'utilisation de l'énergie atomique dans les domaines de la science, de l'industrie et de la défense nationale}} française, bien que ce dernier objectif ne soit pas clairement avoué. ==== Les études de la bombe A (1952-1958) ==== L'instabilité des gouvernements de la [[IVe République]] ne favorise pas un plan à long-terme visant à doter la [[France]] de l'arme nucléaire. Cependant, le 20 juin [[1952]], le [[président du Conseil]] [[Antoine Pinay]] et son [[Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Emploi|secrétaire d'État aux Finances]] [[Félix Gaillard]] présentent un projet de loi de programme pour la réalisation du plan de développement de l'énergie atomique (1952-1957), qui prévoit la production d'une quantité significative de [[plutonium]]<ref>D'où les recherches géologiques de gisements d’[[uranium]] que la [[France]] mène sur son territoire et dans ses [[Colonies françaises|colonies]], comme [[Madagascar]]</ref>. Au sein du même gouvernement, certains sont favorables à l'arme nucléaire, d'autres dubitatifs et d'autres hostiles. Puis, le 20 mai [[1954]], le [[Ministère de la Défense (France)|ministre de la Défense nationale]] français [[René Pleven]] consulte officiellement les secrétaires d'État sur un programme nucléaire de défense et le 26 octobre [[1954]], le [[président du Conseil]] [[Pierre Mendès France]] signe un décret instituant une Commission supérieure des applications militaires de l'énergie atomique, complété le 4 novembre [[1954]] par un arrêté créant un Comité des explosifs nucléaires<ref>Ce comité, présidé par le général Jean Crépin, avait pour mission d'orienter, coordonner et suivre l'action des organismes concourant à la réalisation du programme d'études et de conception d'engins explosifs nucléaires et un programme d'études sur de futurs [[SNLE]] qui devaient entrer en service en [[1962]], et qui seront abandonnés pour un temps. A cette époque, le [[Commissariat à l'énergie atomique|CEA]] créée un Bureau d'études générales, qui deviendra la future Direction des applications militaires</ref>. Enfin, le 20 mai [[1955]], sous le sous le 2 {{e}} [[Gouvernement Edgar Faure (2)|gouvernement Edgar Faure]], le [[Commissariat à l'énergie atomique|CEA]], le [[Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Emploi|secrétaire d'État aux Finances et aux Affaires économiques]] [[Jean Gilbert-Jules]] et le [[Ministère de la Défense (France)|ministre de la Défense nationale et des Forces armées]] [[Pierre Kœnig]] français signent un accord mettant fin aux débats parlementaires de la [[IVe République]] et décident de financer la [[bombe A]] sur la période [[1955]]-[[1957]]. Même si elle ne le dit pas, la [[France]] est donc décidée en [[1955]] à rejoindre à l'horizon [[1963]], pour les plus optimistes, le « club » détenteur de l'arme nucléaire siégant au [[Conseil de sécurité des Nations unies]] (les [[États-Unis]] dès [[1945]], l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] qui leur emboite le pas en [[1949]] puis le [[Royaume-Uni]] en [[1952]]). D'autres décisions viennent confirmer ce choix par la création le 5 décembre [[1956]] du Comité des applications militaires de l'énergie atomique (CEMA), le 18 mars [[1957]] du groupe mixte [[Ministère de la Défense (France)|ministère de la Défense nationale]]/[[Commissariat à l'énergie atomique|CEA]] des expérimentations nucléaires, Par ailleurs, les [[États-Unis]], alors préoccupée par la non-[[prolifération nucléaire]] en Europe<ref>Traité de la Communauté européenne de défense (CED) du 27 mai [[1952]] {{lire en ligne|lien=http://mjp.univ-perp.fr/europe/1952ced.htm}}</ref>{{,}}<ref>Traité instituant la Communauté européenne de l'énergie atomique (EURATOM) du 25 mars [[1957]] {{lire en ligne|lien=http://www.ena.lu?lang=1&doc=16305}}. D'ailleurs, les [[États-Unis]] arrêteront leurs essais nucléaires le 30 octobre 1958, suivis par l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] le 3 novembre 1958, avant de les reprendre de concert en 1961</ref>, le 11 avril 1958 par une décision du [[président du Conseil]] [[Félix Gaillard]] de prendre les mesures nécessaires à l'exécution d'une première série d'explosions expérimentales à partir du 1{{er}} trimestre 1960 et, enfin, le 22 juillet [[1958]] par la création Direction des applications militaires (DAM) au sein du [[Commissariat à l'énergie atomique|CEA]]. Selon Yves Le Baut, ancien conseiller militaire au CEA puis directeur de la DAM, les États-Unis sont {{citation|sur le point de nous imposer [à la [[France]], ndlr] une limitation de la libre disposition des matières nucléaires, donc de nous interdire la réalisation d'un armement nucléaire national}}<ref>Des documents top secret déclassifiés montrent que dès [[1945]], les [[États-Unis]] s'intéressent au programme nucléaire français, s'inquiétant de la fiabilité d'un allié accueillant des Communistes ou sympathisants jusqu'en [[1947]] dans son [[gouvernement provisoire de la République française|gouvernement provisoire]] ou au [[Commissariat à l'énergie atomique|CEA]], puis des moyens financiers que la [[France]] déploie. Les [[facsimilé|''fac simile'']] des sources de l'ouvrage de Jeffrey T. Richelson, « Spying on the Bomb : American Nuclear Intelligence from Nazi Germany to Iran and North Korea », W.W. Norton & Company, Inc., New York, 2006 {{ISBN|978-0-393-05383-8}} sont à {{lire en ligne|lien=http://www.gwu.edu/~nsarchiv/NSAEBB/NSAEBB184/}}</ref>. En dépit de ces décisions en faveur de la construction d'une arme nucléaire, demeure le problème du vecteur... ==Études et prototypes== === L'« avion de représailles » (1955-1958) === Le [[Ministère de la Défense (France)|ministre de la Défense nationale et des Forces armées]] [[Pierre Kœnig]] tranche de façon ambigüe le 13 juillet [[1955]] le débat entre [[missile]] et [[Bombardement stratégique|bombardier stratégique]] à la faveur de la défaite de [[Bataille de Điện Biên Phủ|Điện Biên Phủ]]. Il demande au secrétaire d'État à l’[[Armée de l'air (France)|Armée de l’air]] de lancer des études sur un appareil [[supersonique]] apte à voler à basse altitude et dénommé pudiquement « avion de représailles ». Néanmoins, les études demandées le 4 février [[1953]] puis le 22 mars [[1954]] par le Service technique de l'aéronautique (STAé) aux industriels ne concernent qu'un [[Avion d'interception|intercepteur]] léger {{citation|de moins de 4 tonnes, capable de monter à {{formatnum:15000}} m en 4 minutes, de voler en palier à [[Nombre de Mach|Mach]] 1,3 pour rattraper par l'arrière un hostile volant à [[Nombre de Mach|Mach]] 1 et éloigné de plus de 25 km, de porter un missile de 200 kg, de revenir à sa base et d'attendre cinq minutes à l'atterrissage, avant de se poser à moins de 180 km/h}}. Sont proposés plusieurs projets dotés du réacteur [[SNECMA Atar]] 9: * deux dérivés biréacteurs à aile en flèche et [[empennage]] bas initialement prévu pour [[Nombre de Mach|Mach]] 1,3 du [[Bombardier (avion)|bombardier]] moyen biréacteur [[SNCASO]] [[SO-4050 Vautour]] II B (commandé à 60 exemplaires en [[1955]]). Ce prototype sera connu sous le nom de SO-4060 « Super Vautour » ; * les 2 prototypes d'[[Avion d'interception|intercepteurs]] légers monoréacteurs à [[aile delta]] [[SNCASE]] SE-212 Durandal et entrée d'air nasale ; * les études d'[[Avion d'interception|intercepteurs]] légers monoréacteurs [[Dassault Aviation|Générale aéronautique Marcel Dassault]] (GAMD) [[Dassault MD 550|MD-550]] Mirage 1 et [[Dassault Mirage III|Mirage III]], à [[aile delta]]. [[Image:Dassault Bréguet Mirage III A -2.jpg|thumb|left|Le prototype d'intercepteur Mirage III-A tel qu'en 1955-56]] Le secret est de mise sur la descendance en [[Bombardement stratégique|bombardier stratégique]] nucléaire du futur [[Avion d'interception|intercepteur]]. Comme le raconte Jean Cabrière, ancien directeur général technique de la [[Dassault Aviation|GAMD]], {{citation|l'ingénieur en chef [de la STAé] Dorleac pose aux ingénieurs de [[Dassault Aviation|GAMD]] des questions qui les laissent perplexes et qui tendent vers un avion avec toujours plus de pétrole pour plus de rayon d'action, donc plus gros et plus lourd au détriment des qualités d'agilité qui sont celles d'un bon chasseur.}}<ref name="Jean Cabrière, « Le programme Mirage IV », dans ''Guerres mondiales et conflits contemporains'', Presses universitaires de France, Paris, 1989 {{ISSN|0984-2292}} {{lire en ligne|lien=http://www.stratisc.org/partenaires/ihcc/ihcc_nuc1_Cabriere.html}}">Jean Cabrière, « Le programme Mirage IV », dans ''Guerres mondiales et conflits contemporains'', Presses universitaires de France, Paris, 1989 {{ISSN|0984-2292}} {{lire en ligne|lien=http://www.stratisc.org/partenaires/ihcc/ihcc_nuc1_Cabriere.html}}</ref>. De {{citation|petites indiscrétions}} et l'annonce par la STAé sous le [[gouvernement Guy Mollet]] à la mi-octobre [[1956]] que le chasseur lourd ne sera doté que d'une seule bombe d'une tonne, assez longue (5,5 m) et d'un diamètre de 65 cm<ref>La note de l'État-major de l'[[Armée de l'air (France)|armée de l'Air]] {{numéro}}4252 du 16 octobre [[1956]] précise d'autres caractéristiques du bombardier : un rayon d'action de 1 500 km sans ravitaillement en vol dont 800 km en supersonique en haute altitude, une vitesse de croisière de [[Nombre de Mach|Mach]] 1,8, l'utilisation de piste de moins de 2 000 m de long</ref> font comprendre à la [[Dassault Aviation|GAMD]] et la [[SNCASO]] que {{citation|les demandes des ingénieurs de l'État tendent à définir un avion de bombardement.}} A la suite du fiasco de la [[crise du canal de Suez]]<ref>Le 6 novembre [[1956]], l'URSS menace la France, l'Angleterre et Israël d'une riposte nucléaire</ref> et du processus de [[décolonisation]], le 16 octobre [[1956]] la STAé précise les caractéristiques du bombardier, puis le 15 novembre [[1956]], informe la [[Dassault Aviation|GAMD]] qu'elle est retenue face à la [[SNCASO]] à la fois pour l'[[Avion d'interception|intercepteur]] [[Mirage III]]-A et le bombardier lourd Mirage IV. Cependant, les essais du SO-4060 et du Mirage IV se poursuivront durant deux ans. Le 28 novembre [[1956]], l'étude du [[Bombardement stratégique|bombardier stratégique]] équipé de 2 moteurs [[SNECMA Atar]] est décidée par le [[Ministère de la Défense (France)|ministre de la Défense nationale et des Forces armées français]] [[Pierre Billotte]]. L'industriel reçoit par courrier des spécifications encore vagues en matière de distance franchissable (de 2 000 à 4 000 km). Il est enjoint {{citation|devant les nombreux problèmes que poseront les vols nettement supersoniques de ce prototype ([[Nombre de Mach|Mach]] supérieur à 2), d'en entreprendre l'étude sans attendre d'autres précisions sur l'armement}}, de 1 000 à 2 000 kg, dont le qualificatif de « nucléaire » n'est toujours pas précisé. En mars [[1957]], Le Mirage IV est approuvé par le STAé et le marché de fabrication du prototype est notifié en avril [[1957]], ce qui ne signifie pas qu'un choix définitif est fait en faveur de la formule Mirage. En effet, le prototype [[SNCASO]] SO-4060 est en cours de construction à [[Courbevoie]]. Ce prototype ne volera pas par manque de temps et d'argent. {{citation|Les directives ministérielles demandent un choix pour la fin de [[1958]] et aucun des deux concurrents ne peut voler à cette date. Fin [[1957]], le ministre a demandé impérativement à la DTCA de réaliser des économies importantes en donnant la priorité au bombardier de représailles. Ces exigences budgétaires condamnent la version chasseur tout temps du 4060.}}<ref name="Jean Cabrière, « Le programme Mirage IV », dans ''Guerres mondiales et conflits contemporains'', Presses universitaires de France, Paris, 1989 {{ISSN|0984-2292}} {{lire en ligne|lien=http://www.stratisc.org/partenaires/ihcc/ihcc_nuc1_Cabriere.html}}"/> === Le bombardier stratégique (1958) === La [[Dassault Aviation|GAMD]] poursuit ses études visant à valider la possibilité de maintenir des vols [[supersonique]]s prolongés, à réduire la [[traînée]] et augmenter l'[[autonomie]] et, de façon plus qu'improbable, à effectuer une pénétration aller-retour à haute altitude. ====Les projets==== Plusieurs projets à [[aile delta]] biplaces en tandem sont proposés : * le Mirage IV-A, d'une surface alaire de 43m², propulsé par des [[Snecma Atar]] ; * le Mirage IV-B de 57 tonnes (dont 31 tonnes de carburant) d'une surface alaire de 130m² homothétique à celle d'un [[Mirage III]], propulsé par des [[Pratt & Whitney]] JT-4 B24 de 13,6 tonnes de poussée (avec post combustion) à produire sous licence par la [[Snecma]]<ref>D'autres moteurs sont envisagés, comme l'Orenda-Iroquois 2, le Bristol Olympus 22-R et le Rolls-Royce RB 142-3. Pour des raisons industrielles, la Snecma tranche en faveur de ce dérivé du Pratt & Whitney J75 tandis qu'elle ouvre son capital à cette société</ref>, aptes à à répondre aux demandes d'autonomie de {{formatnum:5000}} km sans ravitaillement en vol étant donné que les performances estimées en supersonique sont meilleures que celles attendues du Mirage IV-01 ([[Nombre de Mach|Mach]] 2+, plafond à [[Nombre de Mach|Mach]] 1,8 supérieur à 18 000 m, performances de décollage et d'atterrissage permettant l'utilisation des pistes [[Organisation du traité de l'Atlantique Nord|OTAN]] de {{formatnum:2400}} m en altitude et par temps chaud<ref>En mai [[1959]], 3 Mirage IV-B sont commandés pour une série de 53, plus 27 de reconnaissance et de guerre électronique devant vraisemblablement escorter les premiers</ref>) ; * le Mirage IV-C, d'une surface alaire 70m², propulsé par des réacteurs provisoires [[SNECMA Atar]] 9B de 6 tonnes de poussée (avec PC)<ref>De son côte, la [[Marine nationale (France)|Marine nationale française]] s'intéresse à une version embarquée. La [[Dassault Aviation|GAMD]] remet un avant-projet le 28 décembre [[1956]] suivi d'un projet en mars [[1957]] de Mirage IV-M monoplace, raccourci et avec ailes et dérive repliables. Ce projet est abandonné fin [[1958]], suite au lancement en [[1955]] de 2 porte-avions légers de {{formatnum:22000}} tonnes, le [[Clemenceau (porte-avions)|''Clemenceau'']] (R98) et le [[Foch (porte-avions)|''Foch'']] (R99) qui ne peuvent pas soutenir cet appareil de 16,5 t au catapultage</ref>. ====Les prototypes==== * le Mirage IV-01 de 32 t et d'un rayon d'action de {{formatnum:1100}} km, bien que basé sur le Mirage IV-C, s'en différencie par l'adoption de deux réacteurs [[SNECMA Atar]] 9D de 15% de poussée en plus, une cellule rallongée de 1,70 m (afin d'accroitre de 30% la capacité du réservoir avant), une voilure augmentée de 8 m² et un [[bord de fuite]] modifié afin d'y loger un [[parachute]]-frein. Le Mirage IV-01, ne comportant que des équipements d'essais en soute, effectue son 1{{er}} vol le 17 juin [[1959]] à [[Melun-Villaroche]]. Lors de son son 3{{e}} vol, le 20 juin [[1959]], il est présenté en démonstration devant le [[président de la République française]] [[Charles de Gaulle]] au [[Salon international de l'aéronautique et de l'espace de Paris-Le Bourget|salon du Bourget]]. Moins de trois mois plus tard, le Mirage IV-B est définitivement abandonné<ref>Décision du 3 septembre 1959 demandant {{citation|de dériver du Mirage IV-01 ATAR 9 volant actuellement, par modifications mineures, au moindre prix, aux moindres risques techniques et dans les délais les meilleurs, un appareil capable d'emporter les bombes de 78 cm [de diamètre, ndlr]}}</ref>. Le 19 septembre [[1960]], le Mirage IV-01 bat le record international de vitesse sur {{formatnum:1000}} km en circuit fermé ({{formatnum:1822}} km/h) puis, lors de son 138{{e}} vol du 23 septembre [[1960]], il porte le record sur 500 km en circuit fermé à {{formatnum:1972}} km/h de moyenne en volant entre [[Nombre de Mach|Mach]] 2,08 et [[Nombre de Mach|Mach]] 2,14. Les trois autres prototypes sont commandés fin mars [[1960]]<ref>Ces trois autres prototypes n'ont aucun dessin commun avec le Mirage IV-01. Il est demandé à la [[Dassault Aviation|GAMD]] de sortir le plus rapidement possible des dessins simplifiés, mais suffisants pour fabriquer les prototypes -02 et -03 dans l'usine [[Dassault Aviation|GAMD]] de [[Saint-Cloud]]</ref> ; * Le Mirage IV-02, partiellement équipé, effectue son 1{{er}} vol le 12 octobre [[1961]] ; * Le Mirage IV-03, équipé du système de navigation et de bombardement (SNB) complet, effectue son vol inaugural le 1{{er}} juin [[1962]] ; * Le Mirage IV-04 doit {{citation|garantir la parfaite conformité de la série}}. Son 1{{er}} vol a lieu le 23 janvier [[1963]]. Est testée l'utilisation de 12 [[Moteur-fusée|moteurs-fusée]] [[JATO]] fournissant 5 tonnes de poussée supplémentaire pour faciliter le décollage. A noter qu'en [[1961]], le même bureau d'étude mène de front le développement des prototypes et de l'avion de série Mirage IV comme du [[Dassault Mirage III|Mirage III]]. === La doctrine de la force de frappe sous la V{{e}} République (1959-1967) === Le mot tabou « nucléaire » sera écrit par le [[président de la République française]] [[Charles de Gaulle]], dont l'entrée en fonctions a lieu le 8 janvier [[1959]]. Dès mars 1959<ref>Décision du 17 mars 1959</ref>, la priorité absolue aux composantes de la [[Force de frappe]] (renommée en Force de dissuasion nucléaire) est clairement affirmée et la date de [[1964]] pour sa mise en service exige le choix de solutions d'aboutissement à court terme. La première loi programme [[1960]]-[[1964]] prévoit donc la réalisation de la force Mirage IV (avec bombe AN-11 de 60 kt) dont les premières mises en service ont lieu en [[1964]]. La deuxième loi de programme couvrant la période [[1965]]-[[1970]] prévoit d'achever la mise en place de la force Mirage IV équipée de la [[bombe A]], ce qui fut fait en [[1967]]<ref>Etant entendu que le vecteur aérien Mirage IV, qui devait être retiré du service en [[1976]], n'était qu'un préalable à la mise sur pied d'une flotte de 3 [[SNLE]] armés de [[Mer-sol-balistique-stratégique|MSBS]] de 500 kt et de forces terrestres, stratégiques sur le [[plateau d'Albion]] armées de SSBS de 150 kt, et tactiques à base de [[Missile Pluton|missiles Pluton]] de 15-25 kt</ref>. La doctrine française de la [[Force de dissuasion nucléaire française|dissuasion nucléaire]] immédiate et totale (''massive retaliation'') ou de « suffisance » en 3 points s'oppose à la doctrine américaine de dissuasion graduée (''flexible response'') : * dès [[1961]], il est demandé à la future Force aérienne stratégique (FAS) {{citation|d’infliger à l’[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] une réduction notable, c’est-à-dire environ 50%, de sa fonction économique}}<ref>Directive du 16 décembre [[1961]]</ref> ; * dans la foulée, la priorité donnée à la stratégie « anti-cités » est liée à l'idée de la dissuasion « du faible au fort », réputée être « la plus dissuasive et la moins coûteuse pour une puissance moyenne comme la France », se refuse à détruire les moyens nucléaires adverses, qui entraînerait une guerre nucléaire contre la [[France métropolitaine]] ; * la FAS doit être capable d'exercer les dommages en toutes circonstances, y compris de rétorsion « en second » et ne nécessite pas pour elle de disposer de moyens d’alerte avancée, type [[Système de détection et de commandement aéroporté|AWACS]], en particulier parce que l'adversaire majeur est clairement identifié<ref>Bruno Tertrais, « La dissuasion nucléaire française après la Guerre froide : continuité, ruptures, interrogations » dans ''Annuaire Français de Relations Internationales'', Université de Paris-II, 2000 {{lire en ligne|lien=http://www.u-paris2.fr/afri-ct/afri/2000/tertrais_b.htm}}</ref>. {{Article détaillé|Force de dissuasion nucléaire française}} == Version opérationnelle == Le 1{{er}} avion de série décolle en décembre [[1963]]. === Cellule === Le Mirage IV possède une [[aile delta]] très fine de 3,5% d'épaisseur relative<ref>Une lame de couteau fait en général autour de 5%</ref> en position basse et accusant une flèche de 60° au bord d'attaque. Le Mirage IV ressemble à un [[Dassault Mirage III|Mirage III]] à l'échelle 2 mais emportant 3 fois plus de combustible. L'[[empennage]] vertical tronqué est une exception sur un appareil [[Dassault Aviation|GAMD]] et a été décidé par [[Marcel Dassault]] après des {{citation|discussions parfois orageuses}} avec l'[[ONERA]] et à la suite de calculs informatiques effectués {{citation|grâce à la société [[International Business Machines Corporation|IBM]] qui a installé depuis peu, place Vendôme, un nouvel ordinateur, le plus puissant existant à l'époque, et cette société va nous autoriser à l'utiliser, mais la nuit seulement.}}<ref name="Jean Cabrière, « Le programme Mirage IV », dans ''Guerres mondiales et conflits contemporains'', Presses universitaires de France, Paris, 1989 {{ISSN|0984-2292}} {{lire en ligne|lien=http://www.stratisc.org/partenaires/ihcc/ihcc_nuc1_Cabriere.html}}"/>{{,}}<ref name="Une solution similaire sera utilisée pour l'avion [[supersonique]] commercial [[Concorde]]">Une solution similaire sera utilisée pour l'avion [[supersonique]] commercial [[Concorde]]</ref> Un 3{{e}} réservoir d'environ 500 litres est logé dans ce fameux [[empennage]] dont la grande dimension est nécessitée par le profil très long et très effilé du nez (incorporant la perche fixe de ravitaillement en vol [[:en:Probe and drogue|''probe and drogue'']]) qui perturbe la stabilité à [[Nombre de Mach|Mach]] élevé. Au choix du pilote, des transferts de carburant peuvent s'effectuer entre les réservoirs avant et arrière (de {{formatnum:9000}} litres) dans les nourrices centrales afin, à vitesse de croisière [[supersonique]], de faire reculer le centrage de l'avion et réduire ainsi sa [[traînée]] (qui augmente sa consommation et réduit son autonomie) et inversement, de l'arrière vers l'avant, à vitesse [[subsonique]]<ref name="Une solution similaire sera utilisée pour l'avion [[supersonique]] commercial [[Concorde]]"/>. Les alliages en [[aluminium]] qui composent la structure de l'appareil permettent l'adoption de réservoirs de carburant structuraux. Les entrées d'air des réacteurs [[SNECMA Atar]] 9K de 65 k[[Newton (unité)|N]] de poussée<ref>L'Atar 9K est doté d'un correcteur électronique de température de la turbine qui lui permet de fonctionner à une température maximale de 930°C entièrement régulée, optimisant les performances et la consommation du Mirage IV, donc son rayon d’action. Ce dispositif est l'ancêtre des FADEC actuels</ref>, renforcées en [[acier]] et [[titane]] possèdent des demi-cônes mobiles portant le surnom de « souris » qui doivent soutenir une température maximale de 120° [[Celsius]]<ref>De même que les instruments de bord, alors limités à {{Unité|70|°C}}</ref>. Le Mirage IV est doté d'[[Elevon|élevons]] et d'[[aérofrein]]s, plus d'un [[parachute]]. Si les [[servocommande]]s renforcées de [[titane]] sont hydrauliques, elles reçoivent des [[commandes de vol électriques]], qui deviendront une spécialité de [[Dassault Aviation]]. === Cockpit === L'avion est biplace, les études du Système de navigation et de bombardement (SNB) ayant exigé la présence d'un navigateur. Le pilote est chargé de la conduite du vol; il est assis bien en avant des entrées d'air des réacteurs, dans un habitacle équipé de l'[[air conditionné]] et protégé des effets de l'échauffement [[cinétique]]. L'absence de [[Affichage tête haute|viseur tête haute]] à glace frontale (''Head-up Display'') permet un dessin de pare-brise en V, plus résistant. Le pilote dispose notamment sur sa planche de bord d'un [[horizon artificiel]] directeur de vol et d'un autre de secours, d'une indicateur d'[[incidence]], d'un radio[[altimètre]] et d'un de secours, d'un accéléromètre, d'un [[tachymètre]] et d'un machmètre de secours, d'un débimètre, d'un indicateur de [[contre-mesures]], d'un [[radiocompas]] de secours, etc. Placé dans un habitacle qui ne comporte que deux petites hublots latéraux, le navigateur est chargé de la manipulation et de la surveillance d'un certain nombre de systèmes, dont le radar cartographique [[Thomson-CSF]] placé sous le ventre de l'appareil. Le navigateur dispose notamment sur sa planche de bord d'un détecteur d'alerte radar [[Thomson-CSF]] type BF, d'un appareil de visée du même radar, d'un indicateur de visualisation de [[contre-mesure]]s, d'un dispositif de visée optique asservi, d'un [[horizon artificiel]] de secours, d'un radio[[altimètre]], d'un [[anémomètre]], d'un boîtier de décodage suite à l'actionnement du fameux « [[Dispositif de sécurité et d'armement|bouton rouge]] » (en fait, une double clé) par le Président de la République française, etc. Pilote et navigateur sont sanglés sur des [[Siège éjectable|sièges éjectables]] [[Martin-Baker]] Mk4. === Système d'arme === Le Système de navigation et de bombardement (SNB) est géré par un calculateur central [[analogique]], relié à l'ensemble des autres sous-équipements du SNB et constitue le plus puissant système installé à l'époque sur un avion de combat européen. Il est le précurseur des [[bus informatique]]s actuels. Il regroupe 25 blocs [[électromécanique]]s d'[[asservissement]], plus de 200 machines tournantes (moteur, synchroniseurs, resolvers, [[potentiomètre]]s) et 120 [[Amplificateur électronique|amplificateurs]] ou [[Circuit imprimé|circuits]] électroniques. Le SNB permet, d'une part, la navigation sur pilote automatique du point de départ du Mirage IV au voisinage immédiat de points précis (rendez-vous de ravitaillement en vol, point de largage), d'autre part, le largage de la bombe, qu'il décide automatiquement. ====Capteurs d'information==== Ils comprennent un [[radar]] Doppler Marconi fournissant la vitesse sol et, principalement, un radar panoramique ventral à antenne plate (CSF) fournissant le recalage précis par tous temps. Le SNB comprend en outre une centrale directionnelle à deux [[gyroscope]]s [[Sperry Corporation|Sperry Gyroscope]], une centrale aérodynamique Kelvin Hugues/Jaeger) fusionnant les données d'[[Anémomètre|anémométrie]] et d'[[altimétrie]]. Le [[radar]] ventral est remplacé en [[1986]] par un [[radar]] Doppler à impulsions tous temps [[Thomson-CSF]] Appareil de Recalage et de CArtographie pour NAvigation aveugle (ARCANA), dérivé de l'Iguane et du VARAN<ref>Montés sur les avions de patrouille et de surveillance maritimes [[Dassault Aviation|AMD-BA]] [[Bréguet Atlantic|Atlantic]] 2 et Gardian</ref>. ====Système de contre-mesures==== Le système de [[contre-mesures]] comprenant trois détecteurs-brouilleurs : Agacette pour contrer les radars des avions d'interception dans une gamme de fréquences comprises entre 8 et 10 GHz, deux autres, l'un monté dans une nacelle CT51, l'autre Agasol en bouts d'aile contre les missiles SAM soviétiques (qui sera remplacé par le système [[Thomson-CSF]] SERVAL en [[1983]] en vue de la transformation en Mirage IVP). Des emplacements sont réservés pour des lance-leurres Alkan F1A en soute arrière tirant des cartouches [[électromagnétique]]s ou [[infrarouge]]s de 40 mm et un pod Philips-Matra Phimat montés sur les pylônes extérieurs de voilure (qui seront remplacés par le remplacé par le pod [[Thales]] BARAX-NG et un pod lance leurres [[Thomson-CSF]]/Bofors BOZ 103 contenant des paquets de paillettes [[électromagnétique]]s et 18 cartouches [[infrarouge]]s de 50 mm en [[1983]]). A la même époque, le Mirage IVP est doté de la nacelle [[Thomson-CSF]] Barracuda réalisant à la fois la réception des menaces radar et les actions de brouillage sous contrôle d'un logiciel modulaire permettant sa programmation. ====Nacelle de reconnaissance CT52==== Un pod de [[reconnaissance]] CT52 de 5,80 m de long et de 0,80 m de large et d'une masse de 800 kg peut être installé dans l'emplacement dévolu à l'arme nucléaire. Il est divisé en trois compartiments distincts. Le premier, à l'avant, loge 4 [[caméra]]s utilisables à basse altitude (150 à {{formatnum:10000}} pieds) : une [[caméra]] nasale Omera 35 de 150 mm de [[focale]] photographiant vers l’avant sur un angle de 42°, puis une Omera 35 verticale de 75 mm suivie par 2 autres obliques gauche et droite de 150 mm photographiant ensemble sur un angle de 152°. Le second compartiment, au centre, loge 4 [[caméra]]s utilisables à haute altitude à vitesse subsonique ou supersonique ({{formatnum:10000}} à {{formatnum:60000}} pieds) : une Wild Omera cartographique RC-8F verticale de 152 mm de [[focale]] photographiant sur 74° et 3 Omera 36 verticale et oblique de 600 mm photographiant entre 29° et 50°. Les 3 Omera 36 peuvent être remplacées par un ensemble [[Thermographie infrarouge|thermographique infrarouge]] SAT Super Cyclope jour/nuit). Le CT52 permet de couvrir une largeur égale à 8 fois celle de l’altitude de l’avion. Les [[Photographie argentique|photographies argentiques]] sont en noir et blanc, les émulsions couleurs sont rarement employées. == La Force aérienne stratégique (FAS) (1964-) == Dès janvier [[1964]]<ref>Décret {{numéro}}6446 du 14 janvier [[1964]] créant le Commandement des Forces aériennes stratégiques (CoFAS)</ref>, la politique de défense nationale [[France|française]], privilégiant désormais la dissuasion nucléaire, entraîne la réorganisation complète de l’[[Armée de l'air (France)|armée de l'Air]] avec la création de 4 régions aériennes et 7 grands commandements spécialisés, dont le commandement de la Force aérienne stratégique (ou des Forces aériennes stratégiques) (CoFAS). Le Mirage IV<ref>Les 62 exemplaires du Mirage IV sont livrés de février [[1964]] à mars [[1968]]</ref> et l'[[avion ravitailleur]] Multi-Role Tanker Transport (MRTT) [[Boeing C-135]]F<ref>Les 12 exemplaires du C-135-F {{numéro}}38470 à {{numéro}}38475 et {{numéro}}38735 à {{numéro}}38740 sont livrés du 3 février [[1964]] à juillet [[1965]]</ref> sont les binômes de la FAS. Le 7 mars [[1966]], le [[Président de la République française|président de la République]] [[Charles de Gaulle]], partisan d'une réforme doctrinale de l'[[Organisation du traité de l'Atlantique Nord|OTAN]] annonce au [[président des Etats-Unis]] [[Lyndon Johnson]] le retrait de la [[France]] du Commandement intégré de l'organisation<ref>Cette décision, anticipée dès 1959, est clairement envisagée au printemps [[1965]]. L'essai d'Alessandra Giglioli, ''Le Retrait de la France du Commandement Integré de l'OTAN'', NATO Academic Affairs Unit, Bruxelles, 2000, est à {{lire en ligne|lien=http://www.nato.int/acad/fellow/98-00/giglioli.pdf}}</ref>. === Profils de vol (1964-1966) et implantations (1964-2005)=== La mission du Mirage IV consiste, à partir d'un avion volant en supersonique ([[Nombre de Mach|Mach]] 1,7) à haute altitude ({{formatnum:18000}} m), à délivrer de façon aussi discrète que possible une bombe nucléaire {{citation|sur un but déterminé par ses seules coordonnées géographiques}}, avec une [[erreur circulaire probable]] (ECP) à 90 % garantie (<math>{CEP}_{90}</math>), quelle que soit la distance parcourue depuis le départ<ref name="Jean Cabrière, « Le programme Mirage IV », dans ''Guerres mondiales et conflits contemporains'', Presses universitaires de France, Paris, 1989 {{ISSN|0984-2292}} {{lire en ligne|lien=http://www.stratisc.org/partenaires/ihcc/ihcc_nuc1_Cabriere.html}}"/>. Plusieurs axes de pénétration à haute altitude et avec ravitaillement en vol vers l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] ont été établis : l'un par le nord via la [[mer Baltique]] permettant de bombarder [[Mourmansk]] ou la capitale [[Moscou]], l'autre par le sud via le [[détroit du Bosphore]] permettant d'attaquer des cibles de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] comme [[Novorossiisk]] et [[Odessa]] ou [[Sébastopol]] ([[Ukraine]])<ref>Selon André Dumoulin, « La dissuasion nucléaire française en posture méditerranéenne », dans ''Revue du RMES'', volume II, {{numéro}}1, Bruxelles, 2005 {{lire en ligne|lien=http://www.rmes.be/Cahiers%20du%20RMES%203.pdf}}, la préférence donnée aux 4 bases de la région Sud lors d'exercices à grande vitesse Méditerranée (GVM) aurait été dicté par le faible rayon d’action du Mirage IV, la longueur de leurs pistes permettant le décollage à pleine charge des [[C-135]]F, les risques de ravitaillement au-dessus de la [[mer Baltique|Baltique]] et le souhait d’éloigner la menace de frappe désarmante venant de l’Est visant les bases aériennes de la région Nord. {{citation|Le scénario le plus courant était probablement un vol de {{formatnum:2200}} km le long des atterrages nord de la [[Méditerranée]], un ultime ravitaillement en vol au-dessus de la [[mer Egée]], avant un vol de pénétration haute puis basse [altitude, ndlr], avant d’atteindre des cibles en Russie du sud, en [[Ukraine]] et en allonge extrême la ville de [[Moscou]]. Des ciblages secondaires et anti-forces pouvaient probablement impliquer les installations russes en Afrique du Nord ([[Algérie]], [[Égypte]], [[Libye]]) et en [[Syrie]]}}</ref> et un dernier sans ravitaillement en vol permettant d'atteindre le [[bloc de l'Est]] hors [[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]]<ref>Selon certaines sources concordantes telles Hervé Beaumont, « Mirage IV : le bombardier stratégique : histoire du vecteur aérien piloté de la force de dissuasion nucléaire française », Larivière, coll. « Docavia », Paris, 2003 {{ISBN|2-914205-02-3}} ou Marc Theleri, « Initiation à la force de frappe française, 1945-2010 », Stock, Paris, 1997 {{ISBN|2-234-04700-5}}, il est imaginé des vols [[kamikaze]] jusqu’aux cibles soviétiques mais également des vols de retour avec planification de zones de crash et abandon de l’équipage au-dessus de pays de l'[[Organisation du traité de l'Atlantique Nord|OTAN]]</ref>. En 1968, au plus fort de la dotation, 62 Mirage IV (dont 18 en alerte opérationnelle<ref>Sous 15 mn, de 1964 à 1990</ref>) forment l'ossature de 3 escadres de bombardement représentant 9 escadrons de bombardement (EB) et 1 d'entraînement : : [[Image:070329-F-6594N-200.jpg|thumb|Un C-135FR de l'ERV 4/94 « Bretagne » sur la base aérienne de Manas au Kirghizistan (29 mai 2007)]] * l'EB 1/91 « Gascogne » créé le 1{{er}} octobre [[1964]] sur la [[Base aérienne 118 Mont-de-Marsan|BA 118]] à [[Mont-de-Marsan]] ; * l'EB 2/94 « Marne » le 24 février [[1965]] sur la [[Base aérienne 113 Saint-Dizier-Robinson|BA 113]] à [[Saint-Dizier]] ; * l'EB 2/91 « Bretagne » le 1{{er}} avril [[1965]]<ref>Dissous en juillet 1996</ref>, sur la [[Base aérienne 120 Cazaux|BA 120]] à [[Cazaux (La Teste de Buch)|Cazaux]] ; * l'EB 3/91 « Beauvaisis » le 1{{er}} juin [[1965]]<ref name="Dissous le 30 juin 1976"/> sur la [[Base aérienne 110 Creil|BA 110]] à [[Creil]] ; * l'EB 3/93 « Sambre » le 6 juillet 1965<ref name="Dissous le 30 juin 1976"/> sur la [[Base aérienne 103 Cambrai-Épinoy|BA 103]] à [[Cambrai]] ; * l'EB 2/93 « Cévennes » le 31 juillet [[1965]]<ref>Puis 3/91 « Cévennes »</ref><ref name="Dissous en 1983">Dissous en 1983</ref>sur la [[Base aérienne 115 Orange-Caritat|BA 115]] à [[Orange (Vaucluse)|Orange]] ; * l'EB 1/93 « Guyenne » le 15 octobre [[1965]]<ref>Renommé en EB 1/94 le 30 juin 1976 et transféré sur la [[Base aérienne 702 Avord|BA 702]]</ref>sur la [[Base aérienne 125 Istres-Le tubé|BA 125]] à [[Istres]] ; * l'EB 1/94 « Bourbonnais » le 1{{er}} mars [[1966]]<ref name="Dissous le 30 juin 1976">Dissous le 30 juin 1976</ref> sur la [[Base aérienne 702 Avord|BA 702]] à [[Avord]] ; * l'EB 3/94 « Arbois » le 1{{er}} juin [[1966]]<ref>Dissous en 1983</ref>sur la [[Base aérienne 116 Luxeuil-Saint Sauveur|BA 116]] à [[Luxeuil]] ; * le Centre d'instruction des Forces aériennes stratégiques (CIFAS) {{numéro}}328 créé le 25 mai [[1964]] sur la [[Base aérienne 106 Bordeaux-Mérignac|BA 106]] à [[Bordeaux]]. S'y adjoignent 12 [[Avion ravitailleur|avions ravitailleurs]] [[Boeing C-135]]F (dont 3 en alerte opérationnelle), dispersés en 3 escadrons (ERV) : * l'ERV 4/91 « Landes » créé le 1{{er}} janvier [[1964]] sur la [[Base aérienne 118 Mont-de-Marsan|BA 118]] à [[Mont-de-Marsan]] ; * l'ERV 4/94 « Aunis » le 13 juillet [[1965]]<ref>Puis ERV 4/94 « Bretagne »</ref> sur la [[Base aérienne 125 Istres-Le tubé|BA 125]] à [[Istres]] ; * l'ERV 2/93 « Sologne » le 15 avril [[1966]] sur la [[Base aérienne 702 Avord|BA 702]] à [[Avord]]. [[Image:Mururoa lg.jpg|thumb|Vue de l'atoll de Moruroa par un satellite de reconnaisance américain KH-7 (26 mai 1967)]] Enfin, s'y rajoutent : * le QG de la FAS sur la [[Base aérienne 921 Taverny|BA 921]] sous la [[forêt de Montmorency]] <ref>Déménagé le 26 septembre [[2007]] sur la [[Base aérienne 942 Lyon-Mont Verdun|BA 942]] sous le [[mont Verdun]]</ref> ; * la [[Base aérienne 200 Apt-Saint-Christol|BA 200]], créée en avril [[1967]] sous le [[plateau d'Albion]]<ref>Transformée et renommée le 16 juin [[1999]] en Quartier Maréchal Kœnig, abritant le [[2e régiment étranger de génie]] (2{{e}} REG) et la station de veille satellite [[Radar GRAVES|GRAVES]] de la [[Direction générale de la sécurité extérieure|DGSE]]</ref>. Ne dépendant pas de la FAS, plusieurs installations ont été utilisées par celle-ci : * le Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP) en [[Polynésie française]], créé 1{{er}} juillet [[1963]], comprenant : ** un QG à [[Papeete]], ** la [[Base aérienne 185 Hao|BA 185]] avancée à [[Hao]] (460 km au nord-ouest de [[Moruroa]]), créée le 1{{er}} juillet [[1966]]<ref>Dissoute le 30 juin [[2000]]</ref>, ** le polygone de tir de [[Moruroa]], ** le polygone de tir de [[Fangataufa]]. [[Image:C160G Gabriel.jpg|thumb|Un C-160G Gabriel SIGINT de l'EE 11/54 « Dunkerque » en vol]]À noter que le [[Douglas DC-8|DC-8]] Sarigue de [[guerre électronique]] [[SIGINT]] (''ROEM'' en français)<ref>Programmé en [[1972]], entré en service en [[1977]] après l'abandon du [[Dassault Mirage G|Mirage G4]], il est remplacé par les [[Douglas DC-8|DC-8]]-72 Sarigue-NG</ref>, quoique dépendant du Centre d'essais en vol (CEV) de la [[Base aérienne 110 Creil|BA 110]] à [[Creil]], a servi au profit de la FAS afin de connaitre depuis l'espace aérien international l'état des défenses aériennes [[soviétiques]] et ainsi préparer au mieux les missions des Mirage IV. Il est basé à : * l'EE 51 « Aubrac »<ref>Dissous en 2005</ref> sur la [[Base aérienne 105 Evreux-Fauville|BA 105]] à [[Évreux]]. Rappelons enfin qu'au moins deux [[C-160]]G Gabriel [[SIGINT]] ont également rempli des missions pour la FAS. Ils sont basés à : * l'EE 11/54 « Dunkerque » sur la [[Base aérienne 128 Metz-Frescaty|BA 128]] à [[Metz]]. {{Article détaillé|Liste des bases de l'Armée de l'air (France)}} === La force Alpha, le retrait de l'OTAN et l'opération Tamouré (1965-1966) === [[Image:An11 nuclear bomb.jpg|thumb|Vue d'artiste de la bombe AN-11]]A l'été [[1965]]<ref>Arrêté ministériel {{numéro}}51 du 20 août 1965</ref>, la [[Marine nationale (France)|Marine nationale française]] créée le [[Groupe aéronaval]] du Pacifique (dit groupe Alpha puis force Alpha) comprenant sept bâtiments dont le [[Foch (porte-avions)|''Foch'']] qui appareillent le 23 mars [[1966]] de [[Toulon]] et abordent la [[Polynésie française]] le 22 mai [[1966]] afin de superviser les [[Essais nucléaires français|essais]] atmosphériques {{numéro}}18 Aldébaran, {{numéro}}19 Tamouré, {{numéro}}20 Ganymède et {{numéro}}21 Bételgeuse. Durant la traversée, la [[France]] quitte le commandement intégré de l'[[Organisation du traité de l'Atlantique Nord|OTAN]] pour les raisons déjà précisées. ====Opération Tamouré (10 mai - 28 août 1966)==== L'objectif de Tamouré est le convoyage au départ de la [[Base aérienne 118 Mont-de-Marsan|BA 118]] de Mont-de-Marsan ([[France métropolitaine]]) d'un Mirage IV de l'EB-1/91 « Gascogne »<ref>Le Mirage IV {{numéro}}36. Un 2{{e}} Mirage IV {{numéro}}9 de rechange est convoyé par le TCD Orage de [[Saint-Nazaire]] à [[Hao]] via le [[canal de Panama]] du 14 mars [[1966]] au 15 avril [[1966]]</ref> et de deux ravitailleurs en vol [[Boeing C-135]]F {{numéro}}736 et {{numéro}}470 de l'ERV 4/91 « Landes » à {{formatnum:20000}} km pour effectuer un tir réel de l'AN-21 de 60 kt (dérivée de l'AN-11) au Centre d'expérimentation du Pacifique. Le 10 mai [[1966]] à 9 h GMT, le Mirage IV {{numéro}}36 s'envole pour la 1{{ère}} traversée transatlantique de 7h40 d'un avion de combat français à destination de l'[[Otis Air National Guard Base|Otis Air Force Base]], à Falmouth ([[États-Unis]]). Après trois escales, le Mirage IV est endommagé lors de son atterrissage sur la piste de {{formatnum:3380}} m de la [[Base aérienne 185 Hao|BA 185]] à [[Hao]] ([[Polynésie française]]). Son renvoi en France métropolitaine par mer est décidé tandis que le Mirage IV {{numéro}}9 le remplace au pied levé. Le 12 juin [[1966]], la [[Marine nationale (France)|Marine nationale française]] repère dans la zone d'exclusion le bâtiment de recherches scientifiques américain USS ''Belmont'' puis, le 1{{er}} juillet [[1966]], un sous-marin de nationalité inconnue et un avion ravitailleur (vraisemblablement d'observation et de recueil de prélèvements atomiques) [[Boeing C-135|KC-135]] de l'[[US Air Force]] {{numéro}}9164. Le 9 juillet [[1966]], le navire de contrôle de missiles et d'engins spatiaux USS ''Richfield'' viole à son tour la zone d'exclusion. Le 12 juillet [[1966]], le même [[Boeing C-135|KC-135]] de l'[[US Air Force]] est à nouveau repéré à la veille du tir, qui sera reporté pour raisons [[Météorologie|météorologiques]] à quatre reprises. Le 18 juillet [[1966]], des conditions favorables relevées jusqu’à {{formatnum:5000}} km du champ de tir par les stations météorologiques et par les [[Boeing C-135|C-135]]F entraînent la mise en alerte du Mirage IV le 19 juillet [[1966]] à 4 h locales. A 5 h 05, il largue sa bombe AN-21 à chute libre {{numéro}}2070 au large de Moruroa. Le [[Boeing C-135|KC-135]] de l'[[United States Air Force|USAF]] et le USS ''Richfield'' de l'[[US Navy]] sont aperçus une heure après le tir. Dès la formation du nuage atomique, quelques uns des 10 [[SO-4050 Vautour]] N et B de l’escadron de marche 85 « Loire », débarqués à la [[Base aérienne 185 Hao|BA 185]] à [[Hao]] le 16 mai [[1966]], effectuent les prélèvements des retombées par tir de missile air-air ou, plus dangereusement, par la traversée du champignon atomique. La plupart seront coulés par le fond<ref>Selon Jean-Louis Saquet, « L'aviation à Tahiti », Polymages, Papeete, 2005, {{citation|La pénétration pilotée des [[SO-4050 Vautour|Vautour]] peut se pratiquer pendant les deux heures qui suivent l’explosion. Au retour sur [[Hao]], les [[SO-4050 Vautour|Vautour]], fortement contaminés, sont parqués en « zone chaude » où les mesures de la [[radioactivité]] commencent. Les hommes attendent plus d’une demi-heure, protégés dans leur [[cockpit]] par une pressurisation autonome sans prise d’air extérieure. A l’ouverture de la verrière, des techniciens montent les déguiser avec masques à gaz, cagoules, gants et bottines. Pour descendre, un tapis est déroulé sur l’avion le long de l’échelle jusqu’à terre. Là, le service de sûreté radiologique les prend en charge pour les mesurer, les déshabiller et les laver. Rapidement transportés par hélicoptères jusqu’au service de santé, les équipages doivent subir une nouvelle série d’analyses. Celui qui dépasse la dose de radiation cumulable doit alors arrêter de voler. En fin de campagne, les avions sont repeints de façon à fixer la [[Contamination radioactive|contamination]] pour être ensuite ramenés en « zone froide ». Ils sont alors soit stockés sous tente pendant les mois qui séparent les campagnes, soit réembarqués en France.}}</ref>{{,}}<ref>« Hao, 36{{e}} aérodrome territorial », dans ''Manureva'', {{ISSN|0766-9704}} {{numéro}}95 (octobre 2000) {{lire en ligne|lien=http://www.seac.pf/Manureva/Dossiers/Dossier_95.pdf}}</ref>. A noter qu'un autre tir, Bételgeuse, prévu le 10 septembre [[1966]] sur ordre du [[Président de la République française|président de la République]] [[Charles de Gaulle]] à bord du croiseur ''De Grasse'' (C 610), est retardé au 11 septembre [[1966]] à la suite de la demande américaine (le 8 septembre [[1966]]) d'aider au repêchage de la capsule spatiale [[Gemini 11]] et du repérage de l'USS ''Richfield'' (le 9 septembre [[1966]])<ref>En plus des avions de l'[[US Air Force]] et des bâtiments de l'[[US Navy]], l'espionnage américain du site est organisé par des agents de la [[Central Intelligence Agency|CIA]], l'interception de communications par la [[National Security Agency|NSA]], la photographie aérienne et spatiale par la [[Central Intelligence Agency|CIA]] et le [[National Reconnaissance Office|NRO]] à l'aide d'avions [[Lockheed U-2|U-2]] et de satellites [[KH-7]]</ref>. Après deux autres tirs le 24 septembre [[1966]] et le 4 octobre [[1966]], le groupe aéronaval quitte la [[Polynésie française]] le 2 novembre [[1966]]<ref>Bernard Dumortier, ''Atolls de l'atome : Mururoa & Fangataufa'', Marine Éditions, Rennes, 2004 {{ISBN|2-915379-11-4}} dont une version abrégée est à {{lire en ligne|lien=http://www.netmarine.net/g/dossiers/mururoa/index.htm}}</ref>. Le Mirage IV ne sera plus jamais sollicité pour des exercices réels de tirs atomiques, notamment lors du 2{{e}} déplacement de la force Alpha en [[Polynésie française]] pour le 1{{er}} tir français d'une [[bombe H]], le 28 août [[1968]]. {{Article détaillé|Essais nucléaires français}} ===Les profils de mission changent (1966)=== [[Image:Mirage_IV_DN-ST-87-02585.JPEG|thumb|250px|Un Mirage IV en vol à basse altitude]] En [[1966]], l'[[Armée de l'air (France)|armée de l'Air]] s'aperçoit que les missions à haute vitesse et haute altitude deviennent de plus en plus risquées en raison de la mise en service par l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] et le [[Pacte de Varsovie]] des missiles sol-air (SAM) [[Nombre de Mach|Mach]] 3,5 et de 40 km de portée [[:en:SA-2|SA-2]] Guideline<ref>Qui détruiront trois avions [[Lockheed U-2|U-2]] au dessus de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]], de la [[Chine populaire]] et de [[Cuba]] durant la [[crise des missiles]] puis un nombre indéterminé d'aéronefs durant la [[guerre du Vietnam]]</ref>, [[:en:SA-3|SA-3]] Goa et [[:en:SA-6|SA-6]] Gainful. Alors que de nouvelles composantes de la « triade » stratégique [[France|française]] se mettent en place (les missiles balistiques du [[plateau d'Albion]] et ceux tirés de [[SNLE]] de la [[Force océanique stratégique]]), une évolution des profils de mission changent pour permettre la pénétration à très basse altitude (jusqu'à moins de 200 mètres du sol à 800 km/h) et le largage de la bombe AN-22 de 70 kt avec [[parachute]] en manœuvre tactique ''Low Angle Drogue Delivery'' (LADD). Pour ce faire, les structures de l'avion sont renforcées, le SNB et les équipements sont améliorés. Enfin, les appareils perdent leur livrée aluminium à dérive tricolore et reçoivent un [[camouflage]] gris/vert. ===La transformation en Mirage IVP (1981-1986)=== [[Image:Mirage IVP - CI.jpg|thumb|250px|Un Mirage IVP au parking]] Le retrait du Mirage IV, prévu en [[1976]] a déjà été repoussée à [[1985]]. Alors que seuls les Mirage IV de reconnaissance dotés du pod CT52 auraient dû être les seuls à demeurer en service, en octobre [[1979]] le [[Ministère de la Défense (France)|ministère de la Défense français]] prend la décision de transformer 15 Mirage IVA en Mirage IV 'N' (pour Nucléaire) puis 'P' (pour Pénétration). Finalement, 18 avions sont modifiés et désignés alors Mirage IVP, à la faveur de l'arrivée du missile [[Aérospatiale]] [[Air-Sol Moyenne Portée|ASMP]], destiné à remplacer l'AN-22, et dont le contrat de développement est signé en avril [[1978]]. Ce missile pré-stratégique est en fait un missile de croisière [[Nombre de Mach|Mach]] 3, propulsé par un [[statoréacteur]] à kérosène. Dans un premier temps, le prototype Mirage IV-04 est utilisé pour les tests statiques de l'[[ASMP]]. En [[1981]], les Mirage IV {{numéro}}8 et {{numéro}}28 mènent les premiers tirs d'une maquette de l'[[ASMP]]. Les lancements véritables commencèrent en juin [[1983]] pour s'achever à la mi-[[1985]]. Le Mirage IVP est opérationnel à partir de mai [[1986]]. En [[1983]], le retrait du service du Mirage IVP est une nouvelle fois repoussé à [[1996]]. A la même époque, la mission de bombardement nucléaire est cependant confiée au nouveau [[Mirage 2000]]N. Débute pour le Mirage IV une nouvelle carrière... ===Les missions de reconnaissance (1995-2005)=== Seuls 8 (puis 7, puis 6, puis 5 en septembre [[2003]]) Mirage IVP « dénucléarisés » sont conservés pour des missions de reconnaissance à longue distance au sein de l'Escadron de reconnaissance stratégique ERS 1/91 « Gascogne »<ref>Bernard Palmieri, « Le Gascogne, dernier escadron sur Mirage IV » dans ''Revue historique des armées'', {{ISSN|0035-3299}}, {{numéro}}239, 2005 </ref> tandis que le reliquat finit sa carrière au « cimetière » de la [[Base aérienne 279 Châteaudun|BA 279 Châteaudun]]. Le Mirage IVP est alors le seul avion de reconnaissance stratégique au monde, avec le [[Lockheed U-2|U2]], toutefois peu adapté à certaines missions en raison de son plafond trop haut et de sa vitesse [[subsonique]]. Sa carrière se prolongera de 9 ans supplémentaires. ====Opération Deliberate Force (29 août - 14 septembre 1995)==== Un nombre inconnu de Mirage IV de la [[Base aérienne 118 Mont-de-Marsan|BA 118]] participe avec quelques Mirage 2000D<ref>Le lendemain du lancement de l'opération, le 30 août [[1995]], un [[Mirage 2000]]N de la [[Base aérienne 133 Nancy-Ochey|BA 133]] est abattu au sud-est de [[Pale (Bosnie-Herzégovine)|Pale]]. La recherche des deux pilotes capturés se poursuit jusqu'au 28 septembre [[1995]]. Ils sont libérés le 12 décembre [[1995]]</ref> à l'[[:en:Operation Deliberate Force|opération Deliberate Force]] de l'[[Organisation du traité de l'Atlantique Nord|OTAN]]/[[Organisation des Nations unies|ONU]] en [[Bosnie-Herzégovine|Bosnie]], visant à sécuriser les éléments de la [[Forpronu|FORPRONU]] dans leurs « zones neutres » ([[:en:United Nations Safe Areas|''safe areas'']]) par la destruction de l'[[artillerie]], des postes de commandement, des installations militaires et des moyens de communication de la Bosnian Serb Army (BSA)<ref>Dossier de presse des Allied Forces Southern Europe (AFSOUTH) de l'[[Organisation du traité de l'Atlantique Nord|OTAN]] du 16 décembre 2002 {{lire en ligne|lien=http://www.afsouth.nato.int/factsheets/DeliberateForceFactSheet.htm}}</ref> {{Article détaillé|Guerre de Bosnie}} ====Opération Condor (juin 1996 - décembre 1998)==== Un nombre inconnu de Mirage IVP est détaché à [[Djibouti]] dans le cadre de l'opération Condor de l'[[Organisation des Nations unies|ONU]], confiée à la [[France]], visant à superviser les opérations de médiation et de surveillance d'un cessez-le-feu entre entre le [[Yémen]] et l'[[Érythrée]] dans le conflit qui les oppose à propos des [[îles Hanish]]. ====Opération Allied Force/Trident (23 mars - 10 juin 1999)==== Faisant suite à l'opération française Salamandre (1996) à [[Mostar]] et [[Sarajevo]], trois Mirage IVP de l'ERS 1/91 sont détachés sur la [[Base aérienne 126 Solenzara|BA 126]] à Solenzara, en Corse dans le cadre de l'opération [[Opération Allied Force|Allied Force/Trident]] de l'[[Organisation du traité de l'Atlantique Nord|OTAN]] durant la [[guerre du Kosovo]], qui mobilise plus d'une centaine d'aéronefs de l'[[armée de l'Air]] et de l'[[aviation navale]] du porte-avions [[Charles-de-Gaulle (porte-avions)|''Charles-de-Gaulle'']] ainsi que {{formatnum:6500}} militaires français au sol. La mission des Mirage IVP consiste à survoler la [[Serbie]] deux fois par jour, à l'aller (traversée à faible vitesse de l’[[Italie]] entre [[Rome]] et [[Pescara]], 1{{er}} ravitaillement en vol par [[C-135]]FR au dessus de la [[mer Adriatique]], puis survol de la [[Serbie]] à [[Nombre de Mach|Mach]] 1,8 et {{formatnum:45000}}-{{formatnum:50000}} pieds<ref>Pour éviter les 800 missiles sol-air tirés par la [[Lutte antiaérienne|DCA]] serbe</ref>) comme au retour (2{{e}} ravitaillement en vol au dessus de l'[[mer Adriatique|Adriatique]], nouveau survol de la [[Serbie]] et 3{{ème}} ravitaillement). Après développement, les films étaient acheminés, au début de l’opération, par l'[[Alpha Jet]] de l'ERS 1/91 à [[Vicenza]], siège de l’État-major de l'[[Organisation du traité de l'Atlantique Nord|OTAN]], puis, par la suite, par transfert informatique<ref>Seule la nacelle de reconnaissance Reco-NG du [[Dassault Rafale|Rafale F3]] permettra le transfert de données par [[Liaison 16]] en [[2009]]</ref>. En parallèle, les images obtenues étaient aussi transférées sur la [[Base aérienne 110 Creil|BA 110]] à Creil, siège de la [[Direction du renseignement militaire]] (DRM). {{Article détaillé|Liste des opérations militaires impliquant la France depuis 2000}} ====Opération Heraclès (21 octobre 2001 -)==== Deux Mirage IVP et deux [[C-135]]FR sont détachés sur la [[:en:Al Dhafra Air Base|base aérienne d'Al Dhafra]] de la [[:en:United Arab Emirates Air Force|UAEAF]] aux [[Émirats arabes unis]] dans le cadre de l'opération française Heraclès durant la [[Guerre d'Afghanistan (2001)|guerre d'Afghanistan]], qui mobilise des [[Dassault Mirage 2000|Mirage 2000]] puis [[Dassault Rafale|Rafale]] de l'[[armée de l'Air]] et de l'[[aviation navale]] du porte-avions [[Charles-de-Gaulle (porte-avions)|''Charles-de-Gaulle'']], plusieurs autres navires ainsi que 2 200 militaires français au sol. La mission de six heures des Mirage IVP consiste à survoler l'[[Afghanistan]] une fois par jour aller (traversée de la [[mer d’Oman]], survol par le sud du [[Pakistan]], 1{{er}} ravitaillement en vol par [[C-135]]FR au dessus de l'Afghanistan, mission de reconnaissance d'une heure 40) et retour (après un 2{{e}} ravitaillement). Les Mirage IVP regagnent la [[France métropolitaine]] en février [[2002]]. ====Opération Tarpan (21 février 2003 - 19 mars 2003)==== {{Article détaillé|Guerre en Irak}} Faisant suite à l'opération Aladin (1998), deux Mirage IV en livrée gris/vert portant le sigle 'UN' sur la dérive et deux [[C-135]]FR s'envollent de la [[Base aérienne 125 Istres-Le tubé|BA 125]] d'[[Istres]] le 21 février [[2003]] et sont déployés sur la [[:en:Prince Sultan Air Base|base aérienne Prince Sultan]] de la [[:en:Royal Saudi Air Force|RSAF]] à Al Kharj en [[Arabie saoudite]] dans le cadre de l'opération Tarpan de l'[[Organisation des Nations unies|ONU]], visant à épauler les inspecteurs en désarmement qui sillonnent l'[[Irak]] à sa demande<ref>Résolution du [[Conseil de sécurité des Nations unies|Conseil de sécurité de l'ONU]] {{numéro}}1441 du 8 novembre 2002 {{lire en ligne|lien=http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/GEN/N02/682/27/PDF/N0268227.pdf?OpenElement}}</ref>. Les missions débutent le 26 février [[2003]] à raison d’un vol quotidien en moyenne d’une durée de 4 à 5 heures. Les deux Mirage IV photographient environ 110 000 km² du territoire iraqien au cours, selon le ministre de la Défense français [[Michèle Alliot-Marie]], {{citation|de missions planifiées de survol de l'Iraq, qui auront été préparées avec les inspecteurs, et d'autre part [...], la possibilité que les Mirage IV effectuent des missions d'opportunité sur certains sites [...], des missions qui sont fixées en dernière minute, par exemple le matin même, à la demande des observateurs en Iraq.}}<ref>Interview du ministre de la Défense français sur Europe 1 du 21 mars 2003 {{lire en ligne|lien=https://pastel.diplomatie.gouv.fr/editorial/actual/ael2/bulletin.asp?liste=20030221.html&submit.x=6&submit.y=7}}</ref> Bien que certains survols sont « illuminés » par la [[Lutte antiaérienne|DCA]] iraquienne, ils se déroulent à vitesse [[subsonique]] et à moyenne altitude. La [[France]] comme l'[[Organisation des Nations unies|ONU]] peuvent visionner les photos quelques heures à peine après le survol des objectifs pour identifier les zones « suspectes » supposées abriter des [[Arme de destruction massive|armes de destruction massive]]. Alors que les avions regagnent la [[Base aérienne 118 Mont-de-Marsan|BA 118]] à [[Mont-de-Marsan]] le 19 mars [[2003]], le lendemain, la coalition américano-britannique envahit l'[[Iraq]]. == Divers == === Contacts à l'export === En [[1962]], suite à l'abandon par les [[États-Unis]] du missile balistique aéroporté AGM-48 Skybolt qui devait équiper les [[Bombardier (avion)|bombardiers stratégiques]] [[transsonique]]s à long rayon d'action britanniques [[Avro Vulcan]] puis le 6 avril [[1965]], suite à l'abandon du [[Bombardier (avion)|bombardier stratégique]] [[BAC TSR-2]], la [[Royal Air Force]] envoie des pilotes essayer le Mirage IV, déjà en service. Est alors envisagée la livraison ou la production sous licence de quatre-vingt Mirage IV à l'horizon [[1968]], rallongés de 61 cm, équipés de réacteurs [[Rolls-Royce plc|Rolls-Royce]] Spey 25R plus puissants (93.4 k[[Newton (unité)|N]] de poussée chacun) et conservant l'avionique du [[BAC TSR-2]]. Pour des raisons politiques, le [[Royaume-Uni]] renonce au Mirage IV pour lui préférer le [[Bombardier (avion)|bombardier stratégique]] américain à [[géométrie variable]] [[General Dynamics F-111]] en faveur duquel le Premier ministre [[Harold Wilson]] s'est secrètement engagé. Pour des raisons de coût, la [[Royal Air Force]] se contentera finalement de l'avion d'attaque [[Blackburn Buccaneer]] et ne possèdera plus de [[Bombardier (avion)|bombardier stratégique]] nucléaire à partir de [[1970]]. La [[Royal Australian Air Force]] et l'[[Armée de l'air israélienne|armée de l'Air israélienne]] auraient manifesté un temps un intérêt pour le Mirage IV. L'[[Australie]], qui avait acquis des [[Dassault Mirage III|Mirage III]], achète finalement des [[General Dynamics F-111|F-111]]<ref>Selon le site Mirage IVP {{lire en ligne|lien=http://www.mirage4p.com/slides/Historique/p23.html}}</ref>. == Voir aussi == {{Commons|Dassault Mirage IV|Dassault Mirage IV}} === Autour de l'avion === ==== Livres ==== * Alexandre Paringaux, « Le règne du Mirage IV », G. Klopp, coll. Prestige «aéronautique», Thionville, 1995 {{ISBN|2-906535-03-6}} {{Commentaire biblio|Album contenant de superbes photographies.}} * Hervé Beaumont, « Mirage IV : le bombardier stratégique : histoire du vecteur aérien piloté de la force de dissuasion nucléaire française », Larivière, coll. « Docavia », Paris, 2003 {{ISBN|2-914205-02-3}} {{Commentaire biblio|Ouvrage de référence comprenant {{formatnum:1400}} photographies.}} * [[Jean-Michel Charlier]] (scénario) et [[Jijé]] (dessin), ''Destination Pacifique'', Dargaud Éditeur, Paris, 1969 {{ISBN|2-205-00338-0}} et ''Menace sur Mururoa'' (ex-''Menace de mort sur Tahiti''), Dargaud Éditeur, Paris, 1969 {{ISBN|2-205-00392-0}} {{Commentaire biblio|Ces deux bandes-dessinées mettant en scène les efforts d'une « secte xénophobe et ultranationaliste, d'inspiration indonésienne ou japonaise » visant à saboter le tir Aldébaran de [[1966]], décrivent avec force détails les installations du Centre d'expérimentations du Pacifique et ses avions.}} ====Articles de référence==== * Bernard Bombeau, « Le Mirage IV : premier vecteur atomique français », dans ''Air & Cosmos'' {{ISSN|1240-3113}}, {{numéro}}1993 (22 juillet 2005) ====Jeux video==== * Images de synthèse et vidéos du décollage et de l'atterrissage d'un Mirage IV {{lire en ligne|lien=http://www.mirage4fs.com/preview12.html}} ===Liens externes=== * Nombreuses photographies d'Yves Fauconnier à sur http://perso.orange.fr/aeromil-yf/mirage_iv.htm {{Contenu-aéro <!-- aéronefs dont le développement provient ou suit l'aéronef courant: --> |développementlié= <!-- aéronefs ayant un rôle similaire ou des capacités comparables: --> |comparables= * [[Convair B-58|Convair B-58 Hustler]] <!-- ordre donné par le constructeur: --> |ordre= * [[Dassault Mirage III|Mirage III]] - '''Mirage IV''' - [[Dassault Mirage 5|Mirage 5]] - [[Dassault Mirage F1|Mirage F1]] - [[Dassault Mirage G|Mirage G/G4/G8]] - [[Dassault Mirage 2000|Mirage 2000]] - [[Dassault Mirage 4000|Mirage 4000]] - <!-- variantes ayant leur propre article: --> |variantes= <!-- autres articles pouvant être liés: --> |connexe= * [[Liste des avions militaires (des années 1970 à la fin du XXe siècle)|Liste des avions militaires]] }} === Notes et références === {{Références|colonnes = 2}} {{Portail|histoire militaire|aéronautique}} [[Catégorie:Avion militaire de la Guerre froide|Mirage IV]] [[Catégorie:Avion militaire français]] [[Catégorie:Avion utilisé par l'armée de l'air française|Dassault Mirage IV]] [[Catégorie:Avion de reconnaissance|Mirage IV]] [[Catégorie:Bombardier|Mirage IV]] [[Catégorie:Histoire du nucléaire]] [[Catégorie:Arme nucléaire de la France]] [[de:Dassault Mirage IV]] [[en:Dassault Mirage IV]] [[es:Dassault Mirage IV]] [[hu:Mirage IV]] [[ja:ミラージュIV (航空機)]] [[nl:Dassault Mirage IV]] [[no:Dassault Mirage IV]] [[pl:Dassault Mirage IV]] [[ro:Dassault Mirage IV]] [[ru:Dassault Mirage IV]] [[th:ดัซโซลท์ มิราจ IV]] [[tr:Dassault Mirage IV]] [[vi:Dassault Mirage IV]]