Decemvir
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2008-07-22T13:21:15Z
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{{Cursus honorum}}
Sous la [[Rome antique]], les '''''decemviri''''' - parfois francisé en ''décemvir'' - constituaient un collège de dix (''decem'') hommes (''viri'').
Traditionnellement il s'agissait d'un collège religieux qui assistaient les [[pontife]]s lors des célébrations de sacrifices.
Les ''decemviri legibus scribendis'' (généralement '''Decemviri''' - avec une majuscule) ont désigné le collège de 10 anciens [[consul]]s rédacteurs de la [[Loi des Douze Tables|Loi des XII tables]] entre [[-451|451 av. J.-C.]] et [[-449|449 av. J.-C.]], premier corps de lois rédigés de la [[Rome antique]].
===Le contexte politique ===
La constitution du collège des ''decemviri'' fait suite à une dizaine d’années d’agitation politique qui mit l’existence même de Rome en péril. Les [[tribun de la plèbe|tribuns de la plèbe]] dénonçaient l’arbitraire des décisions de certains [[consul]]s qui interprétaient à leur gré la loi orale et réclamaient depuis [[-462|462 av. J.-C.]] la mise par écrit des droits des consuls (projet de ''[[lex Terentilia]]'', tandis que les [[patricien]]s repoussaient sans cesse le vote de ce projet. Après des années de tension et de violences, les [[tribun de la plèbe|tribuns]] proposèrent un compromis, avec la création d’une commission mixte chargée de rédiger des lois communes aux [[patricien]]s et aux [[Plèbe|plébéien]]s, en contrepartie de l’abandon du projet de ''[[lex Terentilia]]''.
Le [[Sénat romain|Sénat]] accepta, et en [[-453|453 av. J.-C.]], une délégation de trois sénateurs, [[Spurius Postumius Albus Regillensis (consul en -466)|Spurius Postumius Albus Regillensis]], [[Aulus Manlius Vulso (décemvir en -451)|Aulus Manlius Vulso]] et [[Servius Sulpicius Camerinus Cornutus (consul en -461)|Servius Sulpicius Camerinus Cornutus]], reçut mission d’aller à [[Athènes]] étudier les lois de [[Solon]] et celles des autres cités grecques. À leur retour en [[-452|452 av. J.-C.]], et après discussion, une commission spéciale fut constituée pour un an, les ''decemviri legibus scribendis'' (littéralement, les dix hommes pour les lois à écrire).
===Le premier collège des decemviri ([[-451|451]] - [[-450|450]])===
Les rédacteurs furent tous [[patricien]]s, car les [[Sénat romain|Sénateurs]] estimaient que seuls les [[patricien]]s pouvaient proposer des lois, même s’il était convenu que le peuple les voteraient. Furent choisis d’office les membres de la délégation d’Athènes ([[Servius Sulpicius Camerinus Cornutus (consul en -461)|Servius Sulpicius Camerinus Cornutus]], [[Aulus Manlius Vulso (décemvir en -451)|Aulus Manlius Vulso]] et [[Spurius Postumius Albus Regillensis (consul en -466)|Spurius Postumius Albus Regillensis]] et les consuls désignés pour l’année, [[Appius Claudius Sabinus (consul en -451)|Appius Claudius Crassus Regillensis Sabinus]] et [[Titus Genucius Augurinus]]. S’y ajoutèrent [[Publius Sestius Capitolinus Vaticanus]], qui avait proposé au [[Sénat romain|Sénat]] la création de la commission, ainsi que [[Titus Veturius Geminus Cicurinus (consul en -462)|Titus Veturius Geminus Cicurinus]], [[Caius Iulius Iullus (consul en -447)|Caius Iulius Iullus]], [[Publius Curiatus Fistus Trigeminus]], [[Titus Romilius Rocus Vaticanus]]<ref>[[Diodore de Sicile]] confirme cette liste donnée par [[Tite-Live]], sauf pour [[Publius Curiatus Fistus Trigeminus]] qu'il remplace par [[Publius Horatius Pulvillus]] ([[Diodore de Sicile]], ''Bibliothèque historique'', Livre XII, 9) ; [[Denys d'Halicarnasse]] donne la même liste que Diodore, avec Publius Horatius, ''Antiquités romaines'', livre X, 56</ref>, anciens consuls dont l’âge devait apporter la pondération utile aux discussions. La direction de la commission fut confiée à [[Appius Claudius Sabinus (consul en -451)|Appius Claudius]].
On leur donna un pouvoir absolu, suspendant celui des [[consul]]s et des [[Tribun de la plèbe|tribuns de la plèbe]], et suspendant aussi le droit d'appel (''[[intercessio]]'') contre une décision injuste. En dehors de leur travail rédactionnel, les décemvirs gouvernaient et rendaient la justice chaque jour à tour de rôle. Le pouvoir du décemvir du jour était manifesté par les douze [[licteur]]s (appariteurs) qui le précédaient.
Ces décemvirs gouvernèrent avec modération et impartialité de [[-451|451 av. J.-C.]] à [[-450|450 av. J.-C.]], et eurent la chance qu’aucun ennemi de Rome ne se manifesta pendant cette période. Ils rédigèrent leurs lois sous dix titres, et les soumirent au vote populaire des [[comices centuriates]]. Elles furent gravées sur dix tables d'[[airain]], ou de bois selon d'autres traditions.
===Le second collège ([[-450|450]] - [[-449|449]])===
Pour compléter ces lois, on organisa l'année suivante des élections pour désigner de nouveaux ''décemvirs''. [[Appius Claudius Sabinus (consul en -451)|Appius Claudius]] se représenta, contrairement à l'usage de ne pas briguer une [[magistrat]]ure deux années de suite, et se fit réélire après une active campagne de séduction auprès du peuple. Furent aussi élus : [[Marcus Cornelius Maluginensis (décemvir en -450)|Marcus Cornelius Maluginensis]], [[Lucius Sergius Esquilinus]], [[Lucius Minucius Esquilinus Augurinus]], [[Quintus Fabius Vibulanus (consul en -467)|Quintus Fabius Vibulanus]], [[Titus Antonius Merenda]], [[Manius Rabuleius]], [[Quintus Poetelius Libo Visolus]], [[Kaeso Duillius Longus]], [[Spurius Oppius Cornicen]]<ref>Liste confirmée par [[Diodore de Sicile]], ''Bibliothèque historique'', Livre XII, 9 et par Denys d'Halicarnasse,''Antiquité romaine'', livre X, 58, 4</ref>, ce second collègue comportait trois [[Plèbe|plébéien]]s, Poetilius, Duillius et Oppuis<ref>Selon Denys d'Halicarnasse, qui contredit Tite-Live qui les déclare tous patriciens</ref>. Ils prirent leur fonction au 15 mai [[-450|450 av. J.-C.]]<ref>Aux Ides de mai, date indiquée par Denys d'Halicarnasse</ref>, créant la surprise en se présentant chacun précédé de douze [[licteur]]s, soit 120 en tout, force de coercition jamais vue à Rome.
Pendant cette seconde année, ces [[magistrat]]s abusèrent du pouvoir et gouvernèrent avec despotisme, brimant la [[plèbe]] et ignorant le [[Sénat romain|Sénat]]. [[Appius Claudius Sabinus (consul en -451)|Appius Claudius]], le plus puissant d'entre eux, s'attira la haine du peuple. Au bout de l'année, ils ajoutèrent deux nouvelles tables aux précédentes, ce qui fit appeler ce code [[Loi des Douze Tables]].
Après le 15 mai [[-449|449 av. J.-C.]], quoique leur mandat d’un an fût terminé et leur travail législatif fût achevé, les decemvirs entrainés par [[Appius Claudius Sabinus (consul en -451)|Appius Claudius]] gardèrent le pouvoir de leur propre autorité, s'entourèrent d'une garde nombreuse, et étouffèrent toute protestation émanant de la [[plèbe]].
La guerre déclenchée contre Rome par les [[Sabins]] et les [[Èques]] obligea les décemvirs à réunir le [[Sénat romain|Sénat]] pour obtenir la levée des troupes romaines. Les décemvirs se partagèrent les secteurs d’opérations, [[Appius Claudius Sabinus (consul en -451)|Appius Claudius]] et [[Spurius Oppius Cornicen|Spurius Oppius]] assurant la défense de Rome.
Deux crimes des décemvirs déclenchèrent la révolte populaire<ref>Tite-Live (livre III) et Denys d'Halicarnasse (livre XI) s'étendent longuement sur les deux événements, tandis que Diodore de Sicile ne cite que l'épisode de la jeune fille, mais sans nommer ni [[Verginia]], ni [[Appius Claudius Sabinus (consul en -451)|Appius Claudius]]</ref> :
* Dans l’armée en pays sabin, le meurtre de l’opposant [[Plèbe|plébéien]] Lucius Siccius, camouflé en perte dans une embuscade ennemie, dressa les soldats contre les décemvirs ;
* A Rome, [[Appius Claudius Sabinus (consul en -451)|Appius Claudius]] revendiqua comme esclave la jeune [[Verginia]], fille du centurion [[Lucius Verginius]], et promise de [[Lucius Icilius]], ancien [[tribun de la plèbe]]. Son père préféra la poignarder en plein [[Forum Romanum|forum]] pour la soustraire aux violences d'[[Appius Claudius Sabinus (consul en -451)|Appius Claudius]].
Tandis que la [[plèbe]] se révoltait et se retirait en masse sur le [[Aventin|Mont Sacré]], les soldats se mutinèrent et revinrent camper sur la colline face à Rome. Les décemvirs furent contraints de démissionner, le [[Sénat romain|Sénat]] rétablit les anciennes [[magistrat]]ures, [[consul]]at et [[tribun de la plèbe|tribunat]]. [[Lucius Icilius]] et [[Lucius Verginius]] furent élus [[Tribun de la plèbe|tribuns de la plèbe]], et firent emprisonner [[Appius Claudius Sabinus (consul en -451)|Appius Claudius]], qui se suicida avant son procès. Son collègue [[Spurius Oppius Cornicen|Spurius Oppius]], emprisonné à son tour, se suicida également. Les autres décemvirs s’exilèrent, et leurs biens furent confisqués.
De cette très grave crise, Rome retirait les fondements de son [[droit romain|droit]], la [[Loi des Douze Tables]], fondant l’égalité des [[patricien]]s et des [[Plèbe|plébéien]]s devant une loi enfin rédigée et visible de tous.
Certains historiens modernes ont mis en doutent l’authenticité de l’épisode de [[Verginia]], dont la mort pour sauver sa vertu déclenche une révolution contre un pouvoir despotique, lui trouvant un parallèle trop marqué avec le renversement du roi [[Tarquin le Superbe]] suite à la mort de [[Lucrèce (dame romaine)|Lucrèce]].
===Liste des membres des deux collèges ([[-451|451]] - [[-449|449]])===
{{Décemvirs}}
===Notes===
<references/>
===Voir aussi===
;Articles connexes
* ''[[Lex Terentilia]]''
* [[Loi des Douze Tables]]
* [[Chronologie de la République romaine]]
; Bibliographie ancienne
* [[Tite-Live]], traduction de Annette Flobert, ''Histoire romaine, livres I à V'', Flammarion, 1995, livre III, 31 à 58
* {{DioBib}} (XII) ;
* [[Denys d'Halicarnasse]], ''Antiquités romaines'', livre X, 56-60, livre XI,
{{Portail|Rome antique|droit}}
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