Dioscures
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2008-07-09T09:21:57Z
80.15.132.10
/* Voir aussi */
{{voir homonymes|Castor|Pollux}}
[[Image:Colossal Dioscure Campidoglio.jpg|thumb|right|Dioscure, [[statue]] [[Rome antique|romaine]] tardive du {{IVe siècle}}, place du [[Capitole]], [[Rome]]]]
Dans la [[mythologie grecque]], '''Castor''' (en [[grec ancien]] {{grec ancien|Κάστωρ}} / ''Kástôr'') et '''Pollux''' ({{grec ancien|Πολυδεύκης}} / ''Polydeúkês''), appelés '''Dioscures''' ({{grec ancien|Διόσκουροι}} / ''Dióskouroi'', c'est-à-dire « fils de [[Zeus]] »), sont les fils jumeaux de [[Léda (mythologie)|Léda]] et les frères d'[[Hélène (mythologie)|Hélène]] de [[Troie]] et de [[Clytemnestre]].
Ils prennent part à la chasse du [[sanglier de Calydon]] et à l'expédition des [[Argonautes]]. Ils combattent [[Thésée]] pour récupérer leur sœur Hélène que celui-ci a ravie et enlèvent à leur tour les filles de [[Leucippe (mythologie)|Leucippe]]. Lorsque Castor, fils mortel de Tyndare, est blessé à mort dans le combat contre [[Idas et Lyncée]], Pollux décide de partager son immortalité avec lui : ils passent ainsi la moitié de leur temps aux [[Enfers grecs|Enfers]], l'autre moitié sur l'[[mont Olympe|Olympe]], parmi les dieux.
Avatar grec de la figure [[indo-européen]]ne des dieux jumeaux, les Dioscures sont le symbole des jeunes gens en âge de porter les armes. Ils apparaissent comme des sauveurs dans des situations désespérées et sont les protecteurs des marins. Le [[feu de Saint-Elme]] est considéré comme leur manifestation physique ; ils sont associés à la constellation des [[Gémeaux]].
== Mythe ==
=== Naissance ===
Les Dioscures apparaissent déjà dans ''[[l'Iliade]]'', qui nomme « Castor, le dompteur de chevaux, et Pollux, le boxeur<ref>{{HomIli|compact}} (III, 237), voir aussi {{HomOdy|compact}} (XI, 300).</ref> ». Le poème ne mentionne pas le nom de leurs parents, mais [[Hélène (mythologie)|Hélène]] les nomme comme ses frères ; ''[[l'Odyssée]]'', en revanche, en fait tous deux les fils de [[Tyndare]] et de [[Léda (mythologie)|Léda]]<ref>''Odyssée'' (XI, 298-300).</ref>.
Inversement, ils sont tous deux fils de [[Zeus]] dans le ''[[Catalogue des femmes]]'' du pseudo-[[Hésiode]]<ref>{{HésCat}} (frag. 24 MW).</ref> et dans les ''[[Hymnes homériques]]'', dont l'hymne qui leur est adressé les qualifie pour la première fois de « Dioscures »<ref>Gantz, p. 323.</ref>. Les ''[[Chants cypriens]]'' introduisent le motif selon lequel Castor est mortel et Pollux immortel<ref>{{StaCha}} (frag. 8 PEG).</ref>.
=== Aventures ===
Les Dioscures prennent part la chasse du [[sanglier de Calydon]] et à l'expédition des [[Argonautes]]. Ils combattent [[Thésée]] pour récupérer leur sœur Hélène que celui-ci a enlevée. Ils enlèvent les filles de [[Leucippe (mythologie)|Leucippe]], [[Phœbé fille de Leucippe|Phœbé]] et [[Hilaire (mythologie)|Hilaire]], suite à quoi une bataille s'engage contre [[Idas et Lyncée]], tous les deux frères. Ces derniers trouvent la mort, de même que Castor.
{{...}}
=== Mort ===
Hélène précise dans ''l'Iliade'' que les Dioscures sont morts tous les deux quand débute la [[guerre de Troie]], ce qui explique qu'ils n'y prennent pas part<ref>''Iliade'' (III, 243-244).</ref>.
La version majoritaire du mythe, dans laquelle les jumeaux ont un destin particulier, se trouve pour la première fois dans ''l'Odyssée''. Pendant la ''Nekuia'', [[Ulysse]] les rencontre sous terre où :
<blockquote>
« Ils restent vivants tous les deux sous la terre féconde ;<br />
Cependant, même là en-bas, Zeus les comble d'honneurs ;<br />
De deux jours l'un, ils sont vivants et morts à tour de rôle<br />
Et sont gratifiés des mêmes honneurs que les dieux. »<ref>''Odyssée'' (XI, 301-304). Extrait de la traduction de Frédéric Mugler pour Actes Sud, 1995.</ref>.
</blockquote>
[[Alcman]] évoque un sommeil magique, en compagnie de [[Ménélas]], dans le sanctuaire de [[Thérapné]], en [[Laconie]]<ref>Alcman (PMG 7).</ref> ; chez Pindare, les jumeaux passent un jour sous la terre à Thérapné, l'autre aux côtés de Zeus, sur l'[[mont Olympe|Olympe]]<ref>''Pythiques'' (XI, 61-64) ; ''Néméennes'' (X, 55-59).</ref>.
{{...}}
== Culte ==
Le culte des Dioscures dérive du culte [[indo-européen]] des jumeaux divins ; ils s'apparentent ainsi aux ''Aśvin'', les cavaliers célestes de la [[védisme|mythologie védique]]<ref>Burkert, p. 212.</ref>.
Les Dioscures sont identifiés à la constellation des [[Gémeaux]]<ref>{{HygAst}} (II, 22) ; {{OviMét}} (VIII, 370), {{OviFas|compact}} (V, 695-720).</ref>. Ils sont considérés comme les protecteurs des marins<ref>{{HomHym}} (''aux Dioscures'') ; [[Alcée de Mytilène]] (frag. 34a LP).</ref>, à qui ils apparaissent pendant les orages sous la forme du [[feu de Saint-Elme]]<ref>[[Aétius]] (II, 18) = [[Xénophane de Colophon]], ''VS'' (21 A 39) ; [[Métrodore de Chios]], ''VS'' 70 A 10.</ref>. Castor est le prototype du dompteur de chevaux, et Pollux, celui du boxeur : ''Kastôr dompteur de chevaux et Polydeukès invincible au pugilat''. On en fait donc aussi les patrons des athlètes et des compétitions.
Ils sont vénérés dans de nombreuses cités doriennes, mais aussi à [[Olympie]]<ref>{{PauDes}} (V, 15, 5).</ref>. À [[Athènes antique|Athènes]], ils portent le nom d’''Anakes'' ou ''Anaktes''<ref>{{PluVie}} (''Thésée'', 33, 2-3) ; {{ÉliHis}} (V, 4).</ref>, c'est-à-dire « seigneurs »<ref>Le terme {{grec ancien|ϝάνακες}} est le pluriel dorien de {{grec ancien|ϝάναξ}} ; {{DicChan}} à l'article {{grec ancien|ἄναξ}}.</ref> ; leur temple est l'Anakeion. Ils forment un couple important du panthéon des Grands Dieux de [[Sanctuaire des Grands Dieux de Samothrace|Samothrace]] où ils prennent le nom de {{grec ancien|Κάϐειροι}} (Cabires).
=== À Sparte ===
[[Image:Kastor Niobid krater Louvre G341.jpg|thumb|left|Castor, dompteur de chevaux. Cratère des Niobides, v. [[-460|460]]-[[-450|450 av. J.-C.]], [[musée du Louvre]] (G 341)]]
Leur principal lieu de culte est Sparte et la ville voisine de [[Thérapné]]. [[Pindare]] les appelle les « intendants de Sparte »<ref>« {{grec ancien|ταμίαι Σπάρτας}} / ''tamiai Spartas'' ». {{PinOde}} (''Néméennes'' X, 52).</ref> ». Ils sont le modèle et la garantie de la [[rois de Sparte|dyarchie royale]]<ref>Pierre Carlier, « La vie politique à Sparte sous le règne de Cléomène I{{er}} : essai d'interprétation », ''Ktèma'' 2 (1977), p. 76, n. 42.</ref>. Ils protègent l'armée civique, qui part toujours en campagne avec les {{grec ancien|δόκανα}} / ''dokana'', un ensemble de deux bâtons liés entre eux qui les représente<ref>[[Plutarque]], ''De l'amour fraternel'' (478a).</ref>. Quand l'un des deux rois reste à Sparte, l'un des Dioscures reste également en arrière<ref>{{HérEnq}} (V, 75, 2).</ref>.
Ils sont vénérés lors des Théoxénies : on dresse pour eux une table et une banquette avec deux coussins, ainsi que deux amphores contenant un mélange de grains. La salle est ensuite close pour permettre aux Dioscures de prendre leur nourriture. Des reliefs et des vases les représentent apparaissant dans les airs, montés sur des chevaux, au-dessus du banquet<ref name="B213">Burkert, p. 213.</ref>. Ils sont également figurés par des serpents s'enroulant autour des amphores<ref name="B213" />.
Leurs apparitions sont nombreuses. Ils se manifestent au roi [[Lysandre]] avant la bataille d'[[Aigos-Potamos]] ; celui-ci les associe ensuite à Zeus, [[Artémis]] et [[Apollon]] dans son ex-voto de remerciement, Delphes<ref>Lévy, p. 107-108</ref>. [[Pausanias]] rapporte bon nombre de leurs miracles. Un jour, ils se présentent comme des étrangers dans leur ancienne demeure spartiate et demandent l'hospitalité. Le maître des lieux leur refuse leur ancienne chambre, occupée par la jeune fille de la maison – le lendemain, celle-ci a disparu, mais on retrouve dans la chambre l'effigie des Dioscures<ref>Pausanias (III, 16, 2-3).</ref>. Pendant la deuxième [[guerre de Messénie]], leurs fantômes et celui d'Hélène déjouent la tentative des Messéniens d'attaquer Sparte de nuit<ref>Pausanias (IV, 16, 9).</ref>. Au cours de la même guerre, deux jeunes Messéniens se déguisent en Dioscures, se rendent à des festivités spartiates en l'honneur des jumeaux divins et, profitant de l'adoration qu'ils suscitent, massacrent les fidèles. En punition de ce sacrilège, les Dioscures poursuivent les Messéniens de leur courroux et ne leur permettent pas de regagner leur terre avant l'époque d'[[Épaminondas]]<ref>Pausanias (IV, 27, 1-3).</ref>.
=== À Rome ===
[[Image:RomaForoRomanoTempioCastori.jpg|thumb|right|Restes du temple de Castor et Pollux sur le [[forum romain]]]]
Le culte de Castor et Pollux apparaît également à [[Tusculum]] et [[Rome antique|Rome]].
En [[-484|484 av. J.-C.]], les Romains leur bâtissent un [[temple des Dioscures|temple]] sur le [[Forum romain]], en remerciement pour la [[bataille du lac Régille|victoire du lac Régille]]<ref>[[Tite-Live]], ''Histoire romaine'' {{lire en ligne|lien=http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/Intro.html}} (II, 20, 12 et II, 42, 5).</ref>. Selon la légende, les Dioscures sont intervenus dans le combat en personne, sous l'apparence de grands et beaux cavaliers, puis ont annoncé eux-mêmes sur le forum la victoire romaine<ref>{{DioBib}} (VIII, 32) ; {{JusAbr}} (XX, 3).</ref>.
Leur nom est souvent employé dans les jurons, celui de Castor étant réservé aux femmes.
== Représentations artistiques ==
Ils sont représentés portant une tunique blanche, une [[chlamyde]] pourpre et le ''pilos'', un chapeau conique qui a la forme d'une moitié d'œuf et rappelle les circonstances de leur naissance<ref>[[Lucien de Samosate]], ''Dialogue des dieux'' {{lire en ligne|lien=http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Lucien/dialoguedieux.htm}} (20).</ref>. Ils figurent souvent en compagnie des chevaux [[Xanthe et Balios|Xanthe]] et [[Cyllare]], comme dans le célèbre groupe, qui encadre actuellement la [[place du Capitole (Rome)|place du Capitole]], à [[Rome]].
Ils figurent sur le coffre de [[Cypsélos]], entourant Hélène, avec Aethra gisant sur le sol à leurs pieds ; une inscription indique : « Les Tyndarides emmènent Hélène et enlèvent Aethra d'Athènes <ref>Pausanias (V, 19, 3).</ref> ». On les retrouve également dans les représentations des différents épisodes de la quête des Argonautes, comme les métopes du trésor des Sicyoniens à Delphes<ref>George N. Szeliga, « The Composition of the Argo Metopes from the Monopteros at Delphi », ''American Journal of Archaeology'', vol. 90, n{{o}}3 (juillet 1986), p. 297-305.</ref>. Ils figurent sur le cratère des Niobides, qui représente peut-être le départ des Argonautes, Castor portant le pilos et tenant la bride d'un cheval, Pollux tenant un bâton, le pilos porté autour du cou par une courroie et un manteau sur le bras<ref>Interprétation de C. Robert in ''Annali dell'Istituto di Corrispondenza Archeologica'' LIV (1882), p. 273-289, suivi par E. Simon, « Polygnotan Painting and the Niobid Painter », ''American Journal of Archaeology'', vol. 67, n{{o}}1 (janvier 1963), p .49. </ref>. Enfin, le rapt des Leucippides est représenté sur un relief en bronze évoquant du temple d'Athéna Chalkioikos (« à la maison de bronze ») et sur le trône d'Apollon à [[Amyclées]]<ref>Lévy, p. 108-109.</ref>.
[[Jean-Philippe Rameau]] leur consacre une [[tragédie lyrique]], ''[[Castor et Pollux (Rameau)|Castor et Pollux]]''.
== Notes ==
{{références|colonnes=2}}
== Voir aussi ==
=== Référence ===
Dans le film [[Volte-Face]] de [[John Woo]], Les deux frère Troy s'appelent Castor et Pollux en référence aux deux personnages de la mythologie.
=== Articles connexes ===
* [[Dioscuries]]
* [[Temple des Dioscures]] à [[Rome antique|Rome]]
* [[Zéthos]] et [[Amphion]], doubles thébains des Dioscures
=== Bibliographie ===
{{Commonscat|Castor and Pollux|les Dioscures}}
* {{BurRel}}, p. 212-213.
* {{Gantz EGM}}, p. 323-328.
* {{LévSparte}}, p. 107-108.
* [[Salomon Reinach]], « [http://www.psychanalyse-paris.com/877-Les-theoxenies-et-le-vol-des.html Les théoxénies et le vol des Dioscures] », ''Revue archéologique'' (1901).
{{Portail|mythologie grecque|Rome antique}}
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[[uk:Діоскури]]