Expédition Baudin
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30594401
2008-06-13T03:16:59Z
Pierre cb
68430
[[Image:Baudin nicolas.jpg|thumb|right|200px|[[Nicolas Baudin]].]]
L''''expédition Baudin''' est un [[voyage d'exploration scientifique]] [[France|français]] parti du [[Le Havre|Havre]] le {{date|19|octobre|1800}} et qui conduisit [[Nicolas Baudin]] et l'équipage du ''[[Le Géographe|Géographe]]'' et du ''[[Le Naturaliste|Naturaliste]]'' dans les [[mer]]s du Sud au-delà du [[cap de Bonne-Espérance]] et jusque dans le [[Pacifique]].
Marquée par une rencontre avec le [[Royaume-Uni|Britannique]] [[Matthew Flinders]] au large de l'[[Australie]], ce qui indiqua aux [[Europe|Européens]] que l'[[île]] était un [[continent]] d'un seul tenant, elle coûta la vie à de nombreux hommes, et notamment au [[capitaine]] lui-même, qui mourut de la [[tuberculose]] en [[1803]] à l'[[île Maurice]]. Cependant, elle permit aux nombreux savants qui y prirent part de réaliser les premières descriptions véritablement [[Science|scientifiques]] d'un grand nombre de territoires austraux et de populations indigènes, du [[Piton de la Fournaise]] aux [[aborigènes d'Australie|aborigènes australiens]].
==Préparations==
L'expédition intéressait au plus haut point les scientifiques de la [[Société des observateurs de l'homme]] fondée par [[Louis-François Jauffret]]. Pour guider les explorateurs dans leurs recherches, [[Georges Cuvier|Cuvier]] avait rédigé une ''Note instructive sur les recherches à faire relativement aux différences anatomiques des diverses races d'homme'' et le
baron [[Joseph-Marie de Gérando]] des ''Considérations sur les diverses méthodes à suivre dans l'observation des peuples sauvages''<ref>Jean François Dortier, ''La Société des observateurs de l'homme'' [http://www.scienceshumaines.com/la-societe-des-observateurs-de-l-homme_fr_1347.html]</ref>. [[Bernard Germain de Lacépède]], lui, avait constitué une bibliothèque scientifique pour son protégé, Bory de Saint-Vincent, qui malheureusement arriva trop tard pour être transportée à bord.
C'est [[Pierre-François Keraudren]], premier médecin de la Marine, qui rédigea les instructions sanitaires<ref>[http://sciencesecole.ac-reunion.fr/html/botanique/bory.htm IL Y A DEUX CENTS ANS,<!-- Titre généré automatiquement -->]</ref>.
==Navires==
[[Image:Maquette-Géographe-Nicolas-Baudin.jpeg|thumb|left|250px|Maquette du ''[[Le Géographe|Géographe]]''.]]
L'expédition commença avec deux navires<ref>des [[Corvette (navire)|corvette]]s dont la [[Quille (bateau)|quille]] est doublée de [[cuivre]]</ref>, ''[[Le Géographe]]'' et ''[[Le Naturaliste]]''. Dix-huit personnes formaient l'[[état-major]] du premier et quinze celui du second. Ils étaient équipés de [[Filtre à eau|filtres à eau]] conçus par Cuchet et Smith et fournis par le gouvernement.
===La bibliothèque===
Bien que peu fournie<ref>D'après Bory de Saint-Vincent, leur bibliothèque avait un contenu dérisoire, ce qui lui fit regretter d'avoir raté la caisse de livres que lui avait envoyée [[Bernard Germain de Lacépède]]</ref>, la bibliothèque contenait tout de même quelques [[Relation de voyage|relations de voyage]] intéressantes, la treizième édition du ''[[Systema Naturae]]'', le ''[[Genera plantarum secundum ordines naturales disposita|Genera plantarum]]'' d'[[Antoine-Laurent de Jussieu]] ainsi que des ouvrages d'[[Étienne Pierre Ventenat]]. On y trouvait également le [[dictionnaire de Trévoux]], une ''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]'', les mémoires de [[René-Antoine Ferchault de Réaumur]] et la compilation de [[Jacques-Christophe Valmont de Bomare]] <ref name="Voyage"/>.
{{clr}}
==Principaux participants==
[[Image:Bory Saint-Vincent 1778-1846.jpg|thumb|right|150px|[[Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent]].]]
D'après [[Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent]] ([[1778]]-[[1846]]), naturaliste qui quitta l'expédition à [[Maurice (île)|Maurice]], {{citation|jamais expédition n'avait été mieux composée pour le progrès des sciences}} depuis que les puissances européennes envoyaient des vaisseaux de par le monde pour mieux le comprendre. De fait, selon lui, {{citation|chaque voyageur, animé d'un zèle rare, portait avec lui des talents, le désir le plus sincère de s'instruire, et la volonté d'être utile}}. Détail important pour la suite de l'expédition, qui vit la mort de nombreux hommes, il estime que {{citation|la [[jeunesse]] et la [[santé]] de la plupart leur permettaient l'espoir de supporter toutes sortes de fatigues}} <ref name="Voyage">''[[Voyage dans les quatre principales îles des mers d'Afrique]]'', [[Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent]].</ref>.
===Marins===
[[Image:Louis Claude de Saulces de Freycinet.jpg|thumb|right|150px|[[Louis Claude de Saulces de Freycinet]].]]
Aux dires de Bory de Saint-Vincent, {{citation|les officiers de marine destinés à conduire les naturalistes étaient d'un choix excellent, et, ce qu'on ne trouve pas chez toutes les personnes de leur état, d'une amabilité et d'une urbanité parfaites}}<ref name="Voyage"/>.
* Longtemps officier de la [[marine marchande]], [[Nicolas Baudin]] est le capitaine du ''[[Le Géographe|Géographe]]'' et le commandant de l'expédition<ref name="Voyage"/>.
* [[Capitaine de frégate]], [[Alexandre Le Bas de Sainte Croix]] est le second à bord du ''Géographe''<ref name="Voyage"/>.
* [[Pierre Guillaume Gicquel des Touches]] est [[lieutenant de vaisseau]] à bord du ''Géographe''. Il a déjà suivi [[Antoine Bruny d'Entrecasteaux]] dans les mers du Sud lors de son voyage à la recherche de [[Jean-François de Lapérouse]], dont l'[[Expédition de La Pérouse|expédition]] n'était pas revenue<ref name="Voyage"/>.
* [[Charles Baudin]] est un autre lieutenant de vaisseau embarqué à bord du ''Géographe'' et qui n'était pas parent du commandant. Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent l'estime {{citation|très instruit et excellent officier}}<ref name="Voyage"/>.
* [[Louis-Henri de Freycinet]] est enseigne à bord du ''Géographe''<ref name="Voyage"/>.
* M. Capmartin a les mêmes fonctions sur le même navire<ref name="Voyage"/>.
* [[Ingénieur]] constructeur, [[François-Michel Ronsard]] est également enseigne à bord du ''Géographe''<ref name="Voyage"/>.
* Capitaine de frégate, [[Jacques Félix Emmanuel Hamelin]] est le commandant du ''[[Le Naturaliste|Naturaliste]]'' et le second officier de l'expédition<ref name="Voyage"/>.
* Selon Bory de Saint-Vincent, M. Bony est un lieutenant de vaisseau et marin consommé sur le ''Naturaliste''<ref name="Voyage"/>.
* [[Pierre Bernard Milius]] est un autre lieutenant de vaisseau sur le ''Naturaliste''<ref name="Voyage"/>.
* [[Furcy Picquet]] est enseigne sur le ''Naturaliste''<ref name="Voyage"/>.
* [[Louis Claude de Saulces de Freycinet]] est enseigne sur le ''Naturaliste''. Il est le petit frère de [[Louis-Henri de Freycinet]]<ref name="Voyage"/>.
* [[François Heirisson]] est enseigne sur le ''Naturaliste''<ref name="Voyage"/>.
* [[Jacques de Saint-Cricq]] est enseigne sur le ''Naturaliste''<ref name="Voyage"/>.
* Le fils du navigateur [[Louis Antoine de Bougainville]], [[Hyacinthe Yves Philippe Florentin de Bougainville]], est un aspirant de marine participant à l'expédition<ref name="Voyage"/>.
* Le [[Mathématiques|mathématicien]] [[Charles Moreau (marin)|Charles Moreau]] est également aspirant de marine<ref name="Voyage"/>.
* Un petit mousse relevant du plus jeune des deux Freycinet, appelé Cadet<ref name="Voyage"/>.
* [[Étienne Giraud]], officier sur le ''Naturaliste''.
* [[Thomas Vasse]], seconde classe sur le ''Naturaliste''.
===Géographes, cartographes, dessinateurs et artistes===
[[Image:Lesueur Charles-Alexandre 1818.JPG|thumb|right|150px|[[Charles-Alexandre Lesueur]].]]
[[Image:Milbert-par-Rouillard.jpg|thumb|right|150px|[[Jacques-Gérard Milbert]].]]
* [[Charles-Pierre Boullanger]], géographe à bord du ''Géographe''<ref name="Voyage"/>.
* [[Pierre Faure]] est géographe à bord du ''Naturaliste''<ref name="Voyage"/>.
* [[Charles-Alexandre Lesueur]], artiste.
* [[Nicolas-Martin Petit]], artiste assistant Lesueur.
* [[Jacques-Gérard Milbert]] est le dessinateur en chef. Il est embarqué à bord du ''Géographe''<ref name="Voyage"/>.
* [[Louis Lebrun]] est un dessinateur adjoint embarqué à bord du ''Géographe''<ref name="Voyage"/>.
* [[Michel Garnier]] est peintre à bord du ''Naturaliste''<ref name="Voyage"/>.
===Naturalistes, médecins et jardiniers===
[[Image:Jean Baptiste Leschenault de La Tour.gif|thumb|right|150px|[[Jean Baptiste Leschenault de La Tour]].]]
[[Image:François Auguste Peron.jpg|thumb|right|150px|[[François Péron]].]]
* [[Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent]], officier d'État-major, zoologiste en chef<ref name="Voyage"/>.
* [[François-Étienne Lharidon de Cremenec]] est un autre [[médecin]] à bord du ''Géographe''<ref name="Voyage"/>.
* [[Hubert Jules Taillefer]], également médecin sur le ''Géographe''.
* [[Jérôme Bellefin]] est [[Chirurgie|chirurgien]] parti sur le ''Naturaliste''<ref name="Voyage"/>.
* [[Jean Baptiste Leschenault de la Tour]], naturaliste, est botaniste en chef et embarqué à bord du ''Géographe''<ref name="Voyage"/>.
* [[René Maugé de Cely]] est un naturaliste faisant office de zoologiste à bord du ''Géographe''<ref name="Voyage"/>.
* [[Stanislas Levillain]] est un zoologiste embarqué à bord du ''Géographe''<ref name="Voyage"/>.
* [[François Péron]] est un zoologiste embarqué à bord du ''Géographe''. Il est chargé de l'étude des [[Homme]]s {{citation|sous la dénomination d'[[anthropologiste]]}}<ref name="Voyage"/>.
* [[Désiré Dumont]] est adjoint zoologiste à bord du ''Naturaliste''<ref name="Voyage"/>.
* [[André Michaux]], naturaliste célèbre sur le ''Naturaliste''. Il quitte la [[France]] avec pour but d'en rester absent pendant dix ans et ne se considère donc que comme un passager<ref name="Voyage"/>.
* [[Jacques Delisse]], originaire de [[Dax]], est botaniste adjoint à bord du ''Naturaliste''<ref name="Voyage"/>.
* [[Anselme Riedlé]], premier garçon au [[Jardin des Plantes]], est un [[jardinier]] embarqué à bord du ''Géographe''<ref name="Voyage"/>.
* [[Antoine Sautier]], [[jardinier]] chargé d'assister Riedlé.
* [[Antoine Guichenot]], autre jardinier.
===Autres===
[[Image:Bernier-Ingres-1800.jpg|thumb|right|150px|[[Pierre-François Bernier]].]]
* Originaire de [[Montauban]], ancien élève de [[Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande]], [[Pierre-François Bernier]] est astronome à bord du ''Naturaliste''<ref name="Voyage"/>.
* [[Frédéric de Bissy]] est [[lieutenant-colonel]] d'[[infanterie]], mais il fait office d'[[Astronomie|astronome]] en chef à bord du ''Géographe''<ref name="Voyage"/>.
* [[Louis Depuch]], de l'[[école des Mines]], est minéralogiste en chef et embarqué à bord du ''Géographe''<ref name="Voyage"/>.
* [[Joseph Charles Bailly]] est minéralogiste adjoint à bord du ''Naturaliste''<ref name="Voyage"/>.
* Petitin, un particulier censé faire office de [[Secrétariat|secrétaire]] pour le commandant mais qui n'aurait pas écrit un mot pour lui avant de descendre à l'[[Île Maurice|île de France]]. Auparavant, il occupa la chambre normalement dévolue à [[Louis Depuch]]<ref name="Voyage"/>.
==Chronologie==
===La traversée jusqu'à Terra Australis===
====Le départ====
Parti de [[Paris]] le [[30 septembre]] [[1800]], [[Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent]] arrive au [[Le Havre|Havre]] le [[2 octobre]] à six heures du matin. [[Nicolas Baudin]] est en cette ville depuis plusieurs jours. Les participants de l'expédition y font connaissance pendant quelques jours le temps que les circonstances leur permettent de prendre la mer<ref name="Voyage"/>.
Le [[18 octobre|18]], craignant de ne pouvoir profiter de l'eau qui lui avait manqué lors de la marée du [[7 octobre|7]], Nicolas Baudin tente de faire sortir ''[[Le Naturaliste]]'' du port bien que le vent soit contraire. Cette tentative échoue et le navire doit rentrer au vieux bassin vers dix heures du matin sous les yeux des très nombreux spectateurs couvrant la jetée s'avançant en mer. Ce n'est que le lendemain [[19 octobre]] autour de huit heures que le ''Naturaliste'' réussit à quitter le port sans aucun obstacle suivi du ''Géographe'' et d'une corvette [[États-Unis|américaine]] ramenant des [[ambassadeur]]s des [[États-Unis]] dans leur pays<ref name="Voyage"/>.
Vers trois heures, les navires se trouvent à portée d'une [[Frégate (navire)|frégate]] anglaise bloquant le port du Havre. Son capitaine menace le commandant Baudin puis le laisse passer après avoir contrôlé les passeports de la [[cour de Londres]] dont l'expédition disposait. Dans la soirée, on trouva à bord du ''Naturaliste'' plusieurs [[Passager clandestin|passagers clandestins]] et on remarqua l'absence de deux matelots et d'un commissaire aux vivres. Sur le ''Géographe'', on trouva par ailleurs un [[Allemagne|Allemand]] appelé Gutes et qui espérait retourner à l'[[Île Maurice|île de France]], d'où il avait été [[exil]]é<ref name="Voyage"/>.
La deuxième nuit à bord est agitée et le [[mal de mer]] frappa [[Pierre-François Bernier|Bernier]] et [[Désiré Dumont|Dumont]]. Ce dernier reste alité pendant deux jours. Cependant, d'après Bory de Saint-Vincent, il règne bientôt entre tous les participants à l'expédition une union que le temps ne fait que renforcer au point que le naturaliste écrivit, quelques années plus tard, tenir le voyage pour l'une des époques les plus heureuses de sa vie, celle où il forma {{citation|tant de liaisons précieuses}}. À titre personnel, ses principaux amis sont [[Pierre Bernard Milius]], [[Pierre-François Bernier]] et [[François Péron]]<ref name="Voyage"/>.
====L'escale aux Canaries====
Ralentie par ''[[Le Naturaliste]]'', qui connait une voie d'eau le [[25 octobre]], l'expédition n'atteint les environs de [[Madère]] qu'à la fin du mois d'[[octobre 1800]]. Le [[31 octobre|31]], elle subit un coup de canon de la part d'un [[Cotre|cutter]] [[Espagne|espagnol]] qu'elle pense d'abord [[Angleterre|anglais]] et qui la suit pendant la nuit et la matinée suivantes avant de disparaître. Peu après, vers deux heures et demie, la [[Grande Canarie]] apparaît à l'horizon<ref name="Voyage"/>.
Le [[2 novembre]] au matin, l'expédition touche terre à [[Ténérife]], sur une pointe de la [[Côte (géographie)|côte]] nord de l'île. Bory, Bernier et Péron en profitent pour se livrer aussitôt à des observations [[botanique]]s qui leur permettent de tomber sur un [[sucre de Ténérife]] (''Saccharum foliis''). Ils se rendent ensuite dans une [[auberge]] tenue par un [[Milan]]ais et appelée l'Aigle de l'Empire, où ils font un assez mauvais repas. Or, durant la traversée jusque-là, l'équipage n'a pu observer aucun [[poisson]], et il s'est donc nourri du [[pain]] pris au Havre ainsi que du [[lait]] réchauffé tous les matins emporté par [[Nicolas Baudin]], lequel ne gâte que le jour même de l'arrivée dans l'[[archipel]]<ref name="Voyage"/>.
Les membres de l'expédition rencontrent peu après [[Pierre Marie Auguste Broussonet]], qui est alors établi sur place en tant que responsable du [[commerce]] avec la [[France]]. Il est l'hôte d'[[André Michaux]] dans la nuit du [[2 novembre|2]] au [[3 novembre]] et donne par ailleurs une [[momie]] [[Guanches|guanche]] entière à Bory de Saint-Vincent. En outre, il informe l'expédition qu'un bateau rempli de prisonniers anglais appareille pour [[Gibraltar]], ce qui permet à quelques novices déjà fatigués du voyage de reprendre la mer en direction de l'[[Europe]]. Malheureusement pour eux, une [[mutinerie]] éclate à bord au profit d'une voie d'eau, ce qui oblige l'état-major à rentrer à [[Grande Canarie]] en [[chaloupe]] en laissant le vaisseau en des mains inexpérimentées<ref name="Voyage"/>.
À [[Ténérife]], les scientifiques membres de l'expédition restés sur l'île se livrent quant à eux à un travail de collecte considérable : alors que les naturalistes parcourent les vallons aux alentours de [[San Cristóbal de La Laguna|Sainte-Croix]] ou de [[San Cristobal de La Laguna|La Laguna]], les minéralogistes y prélèvent de très nombreuses pierres au point de crouler sous leur poids en fin de journée. Belfin intervient quant à lui sur un malade qui l'a appelé à [[La Orotava|L'Orotave]]. ''In fine'', l'escale dure un total de onze jours, mais les derniers sont perdus car les expéditions lointaines sont rendues impossibles par un départ annoncé comme imminent mais qui est sans cesse repoussé. Ces circonstances empêchent l'ascension du [[Teide|pic de Ténérife]]<ref name="Voyage"/>.
====La traversée jusqu'au Cap de Bonne-Espérance====
L'expédition quitte [[Ténérife]] le [[13 novembre]] ravitaillée en [[fruit]]s et en animaux vivants par un convoi de [[Mulet|mule]]s missionné par un [[marquis]] local et arrivé le matin-même aux navires. Bory de Saint-Vincent croque avec attention la rade de [[San Cristóbal de La Laguna|Sainte-Croix]] et la ville derrière elle pendant l'appareillage du ''Naturaliste'', qui rejoint bientôt l'autre navire. Hamelin en profite pour annoncer à son supérieur par dessus bord que quinze hommes ont débarqué et cinq étrangers embarqué lors de l'escale, et c'est à ce moment que les deux [[vergue]]s manquent de se télescoper. L'incident cause du souci à Nicolas Baudin et incite les marins à naviguer à distance pendant les jours suivants<ref name="Voyage"/>.
De fait, le ''Naturaliste'' progresse à un rythme lent et ne progresse que d'un degré de latitude en huit jours durant la deuxième moitié de novembre après avoir franchi le [[tropique du Cancer]] par 21° environ à l'ouest du [[méridien de Paris]] le [[14 novembre|14]]. Accompagnés par des [[Poisson volant|poissons volants]] à compter du jour suivant, ils ne sont toujours qu'au sud de la [[Sierra Leone]] le [[29 novembre]]. Les jours suivants sont toutefois marqués par la capture de deux [[dauphin]]s femelles par le maître d'équipage du ''Naturaliste'' : les matelots les pendent par la queue et finissent par en boire le [[sang]] par verres entiers. Trois jours plus tard, tout le navire commence à consommer la chair, qu'il préfère désormais au lard salé et aux abodages servis jusqu'alors. Ce sont les [[Dorade (poisson)|dorades]] qui les remplaceront par la suite<ref name="Voyage"/>.
Sur le ''Naturaliste'', le passage de l'[[Équateur (ligne équinoxiale)|équateur]] au terme des premiers jours de [[Décembre 1800|décembre]] n'est célébré qu'avec quelques bouteilles de vin de Bordeaux et de la [[liqueur]] [[Marie Brizard]]. Hormis le lancement d'un fusée par le ''Naturaliste'' le [[17 décembre]], les jours suivants passent sans encombre et les navires passent au large de l'[[île de la Trinité]] sans l'apercevoir le [[26 décembre|26]]. De même, ils dépassent [[Tristan da Cunha]] au milieu du mois de [[janvier 1801]] sans y faire relâche malgré le fait qu'Hamelin avait parlé de cette éventualité au départ de Ténérife. La première terre n'est aperçue que le [[3 février]] [[1801]] : il s'agit de la pointe méridionale de l'Afrique<ref name="Voyage"/>.
Le [[cap de Bonne-Espérance]] est passé avant le milieu du mois. Peu après, le [[16 février]], le capitaine du ''Naturaliste'' fait fêter le quatrième mois depuis le départ avec du vin des Canaries et du [[Punch (boisson)|punch]]. Malheureusement pour lui, sa grand voile est déchiré le [[3 mars]] à 4h30 de l'après-midi, une heure seulement après que le vent a changé de sens. La nuit suivante, d'autres sont également endommagées par une [[tempête]]. Le navire est {{citation|tour-à-tour précipité dans une vallée ténébreuse, voisine des derniers gouffres de l'Océan, ou subitement surélevé sur une montagne mugissante qui s'écroule bientôt en écume}}. Les deux fusées qu'il lance restent sans réponse du ''Géographe''<ref name="Voyage"/>.
===L'arrêt dans les Mascareignes===
Les navires s'étant retrouvés l'un l'autre le [[5 mars]], ils continuent leur route sur une mer apaisée mais avec un équipage faisant état de ce que Bory décrit, en s'observant lui-même, comme {{citation|une maigreur vraiment extraordinaire}}. Par bonheur pour les hommes, l'[[Île Maurice|île de France]] et les quelques [[îlot]]s situés au large de sa côte nord apparaissent enfin le [[14 mars]] à cinq heures de l'après-midi. Une heure plus tard, on relève le milieu de l'[[île Ronde]], au nord-nord-ouest. L'ancre est jetée le lendemain soir après que l'expédition a tiré des coups de canon restés sans réponse. Cependant, elle est visitée le [[16 mars|16]] par une commission de médecins et [[chirurgie]]ns chargés d'inspecter les visiteurs avant qu'ils ne débarque pour éviter une nouvelle [[épidémie]] de [[Variole|petite vérole]]. Tout le monde se porte à merveille à bord, à part [[Charles Baudin]], [[Frédéric de Bissy]] et [[Jacques-Gérard Milbert]], dont la [[santé]] est délabrée<ref name="Voyage"/>.
===En Australie===
[[1802]] - Nicolas Baudin fait une étude d'un mois sur la [[Faune_(biologie)|faune]] près de la [[Derwent (Tasmanie)|rivière Derwent]], en [[Tasmanie]].
==Découvertes==
===Géographie===
[[Image:Nicolasbaudin1803.jpg|thumb|250px|right|Une inscription laissée par un passager du ''[[Le Géographe|Géographe]]'' sur l'[[île Kangaroo]] en [[1803]].]]
L'expédition a découvert et nommé d'importantes parties de la [[Côte (géographie)|côte]] [[australie]]nne, notamment les [[îles Montalivet]] et la [[péninsule Fleurieu]].
===Zoologie===
L'expédition a récolté la peau d'un [[émeu noir]], la seule que l'on connaisse de cette espèce. Elle est aujourd'hui conservée au [[Muséum national d'histoire naturelle]] de [[Paris]].
Bory de Saint-Vincent a été le premier à décrire l'[[escolier serpent]] (''Gempylus serpens'') sous le nom d'''Acinacea notha'' grâce au spécimen pêché par les timmoniers de l'expédition au large de l'[[Afrique de l'Ouest]] le [[23 novembre]] [[1800]]. Il décrit également ''[[Monophora noctiluca]]'', pêché le [[4 décembre]], mais aussi ''[[Biphore biparti]]'', récupéré fin [[janvier 1801]], ou encore l'[[hyale papilionacée]], capturée peu après, à savoir le [[26 janvier]]. Il décrit ensuite ''[[Carinaria fragilis]]'', attrapé en février au large de l'actuelle [[Afrique du Sud]]<ref name="Voyage"/>.
===Botanique===
* ''[[Wahlenbergia lobelioides|Lobelia broussonetia]]'' fut décrite par Bory de Saint-Vincent à [[Ténérife]]<ref name="Voyage"/>.
==Publications conséquentes==
* ''Voyage dans les quatre principales îles d'Afrique'', [[Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent]].
* ''Voyage de découverte aux terres Australes'', [[François Péron]].
* ''Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle'', [[Louis Jean Pierre Vieillot]], [[1816]]-[[1819]].
==Références==
<references />
==Voir aussi==
===Bibliographie===
*{{en}} ''Baudin Expedition and the Tasmanian Aborigines, 1802'', N J B Plomley, Blubber Head Press, [[1983]] {{ISBN|978-0908528103}}.
*{{en}} ''Baudin in Australian Waters: The Art Work of the French Voyage of Discovering to the Southern Lands, 1800-1804'', Jacqueline Bonnemains, Elliott Forsyth et Bernard Smith (dir.), Oxford University Press, [[1988]] {{ISBN|978-0195547870}}}.
*''Les méduses de François Péron et Charles Lesueur. Un nouveau regard sur l'expédition Baudin'', Jacqueline Goy, CTHS - Comité des Travaux, [[1995]] {{ISBN|978-2735503025}}.
*{{en}} ''Ill-Starred Captains: Flinders and Baudin'', Anthony J. Brown, Stackpole Books, [[2001]] {{ISBN|978-0811708494}}.
*''Nicolas Baudin, marin et explorateur ou le mirage de l'Australie'', Muriel Proust de la Gironière, Éditions du Gerfaut, [[2003]] {{ISBN|978-2914622134}}.
*{{en}} ''Encountering Terra Australis: The Australian Voyages of Nicolas Baudin and Matthew Flinders'', Jean Fornasiero, Peter Monteath et John West-Sooby, Wakefield Press, [[Kent Town]], [[2004]] {{ISBN|978-1862546257}}.
*''La reconnaissance française : l'expédition Baudin en Australie (1801-1803)'', Franck Horner, [[Éditions L'Harmattan]], [[2006]] {{ISBN|978-2296013070}}.
*''Baudin-Flinders dans l'Océan Indien : Voyages, découvertes, rencontre'', Kumari-R Issur et Serge M. Rivière, [[Éditions L'Harmattan]], [[2007]] {{ISBN|978-2296022805}}.
===Filmographie===
*''Navigators'', Klaus Toft, Bfs Entertainment, [[2002]].
*''La course aux terres australes'', Olivier Julien, Gédéons, [[2002]].
{{Expédition Baudin}}
{{Portail|maritime|sciences|Révolution française|Mascareignes|Australie|Indonésie}}
[[Catégorie:Expédition Baudin| ]]
[[en:Baudin expedition of 1800 to 1802]]