Formica Leo 476819 31341811 2008-07-06T10:28:23Z Phe 3086 lien Société géologique de France {{Infobox Volcan | nom=Formica Leo | image=Formica-Leo-Réunion.JPG | légende=Le Formica Leo vu depuis le [[Pas de Bellecombe]] alors que l'[[Enclos Fouqué]] s'ennuage. | altitude=2218 | pays=France | massif=[[Massif du Piton de la Fournaise]] | type=Cône volcanique | activité=Inactif | éruption=[[1753]] | identifiant= | observatoire=[[Observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise]] | carte=La Réunion | latitude=-21.223822 | longitude=55.692245 }} Le '''Formica Leo''' est un petit [[cône volcanique]] adventif du [[Piton de la Fournaise]], le [[volcan]] actif de l'[[île]] de [[La Réunion]], un [[département d'outre-mer]] [[France|français]] dans l'[[océan Indien]]. Il est situé au cœur du [[massif du Piton de la Fournaise]] sur le fond de la [[caldeira]] appelée [[Enclos Fouqué]] et en contrebas du [[Col de montagne|passage de montagne]] nommé [[Pas de Bellecombe]]<ref name="Institut géographique national">''Carte de randonnée. Piton de la Fournaise. Île de La Réunion'', n°4406 RT, [[Institut géographique national (France)|Institut géographique national]], [[2002]].</ref>, le site naturel le plus [[Tourisme|touristique]] de l'île<ref name="Journal de l'île de La Réunion">« ''Le bio reste dispendieux'' », ''[[Journal de l'île de La Réunion]]'', {{date|23|août|2004}}.</ref>. D'une vingtaine de [[mètre]]s de hauteur relative, il y culminerait, d'après les [[Carte géographique|cartes]] de l'[[Institut géographique national (France)|Institut géographique national]], à {{formatnum:2218}} mètres d'[[altitude]]<ref name="Institut géographique national"/>. Si l'on en croit [[Honoré de Crémont]], qui fut [[Ordonnateur de La Réunion|ordonnateur de Bourbon]], le Formica Leo s'est formé sous les yeux du [[chasseur d'esclaves]] [[Jean Dugain]] lors d'une [[éruption volcanique]] exceptionnelle en [[1753]] mais n'a été approché pour la première fois que le {{date|28|octobre|1768}} lorsque [[Joseph Hubert]] a effectué la première traversée documentée de l'Enclos après être descendu le long du [[rempart de Bellecombe]]<ref name="Honoré de Crémont">« ''[http://books.google.fr/books?id=t-0BAAAAYAAJ&pg=PA73as_brr=1&ei=_uCsR82CLJvEzASrmOidBg#PPA73,M1 Lettre IV. Relation du premier Voyage fait au Volcan de l'iſle de Bourbon par M. de Crémont, Commissaire Ordonnateur dans cette Iſle]'' », [[Honoré de Crémont]], in ''[[L'Année littéraire]]'', [[Élie Fréron|Élie-Catherine Fréron]], [[1770]].</ref>. Selon [[Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent]], [[botaniste]] [[voyage]]ur à l'origine de sa première description [[Science|scientifique]] connue, c'est ce même [[Scientifique|savant]] qui a ensuite baptisé le petit cône en se référant au [[Myrmeleontidae|fourmi-lion]], un [[insecte]] dont le nom scientifique aurait pu être ''Formica-leo''<ref name="Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent">''[[Voyage dans les quatre principales îles des mers d'Afrique]]'', [[Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent]], [[1804]].</ref>. Surmonté par deux petits [[Cratère volcanique|cratères volcaniques]] presque [[Cercle|circulaires]], le Formica Leo rappelle toujours, de par sa forme actuelle, le [[piège]] du [[Neuroptera|névroptère]]. Cependant, il est soumis à une importante [[érosion]] due au nombre élevé de [[Randonnée|randonneurs]] qui gravissent tous les jours ses pentes composées de [[scorie]]s rougeâtres depuis les [[Sentier de randonnée|sentiers]] voisins, lesquels sont très fréquentés. Attractif et accessible, le petit cône aux teintes changeantes constitue en effet une icône du [[tourisme à La Réunion]]. == Géographie == [[Image:FormicaLeo & RempartBellecombe.JPG|thumb|center|600px|Le Formica Leo et le rempart de Bellecombe vus du fond de l'Enclos Fouqué.]] === Localisation === <div style="position:absolute; width:65px; overflow:hidden;"> <div style="height:115px;"></div> [[Image:RedMountain.svg|20px|right|Le Formica Leo]] </div> [[Image:Piton Fournaise topo map-fr.svg|thumb|left|250px|Carte montrant l'emplacement du Formica Leo au cœur du [[massif du Piton de la Fournaise]].]] [[Image:Réunion Fournaise Formica Leo.jpg|thumb|right|Le Formica Leo au fond de l'[[Enclos Fouqué]] avec le [[Piton de Partage]] en arrière-plan.]] Le Formica Leo est un petit [[cône volcanique]] de [[La Réunion]], une [[île]] du sud-ouest de l'[[océan Indien]] relevant de l'[[archipel]] des [[Mascareignes]] qui est à la fois un [[Département français|département]] et une [[Région française|région]] [[Département d'outre-mer|d'outre-mer]] [[France|français]] ainsi qu'une [[région ultrapériphérique]] de l'[[Union européenne]]. Il est situé par 21°13'26" de [[latitude]] sud et 55°41'32" de [[longitude]] est dans la partie occidentale de l'[[Enclos Fouqué]], soit à l'intérieur de la dernière [[caldeira]] formée au sein du [[massif du Piton de la Fournaise]] par son [[volcan]] actif, le [[Piton de la Fournaise]]. De fait, le Formica Leo fait partie des nombreux cônes adventifs surgis au fil de son [[Histoire éruptive du Piton de la Fournaise|histoire éruptive]] récente sur les pentes ou au pied du dôme principal de ce [[volcan rouge]]<ref name="Institut géographique national"/> lui-même créé par le [[point chaud de La Réunion]]. Le Formica Leo se distingue cependant de ses homologues de l'Enclos par la distance relativement importante qu'il entretient avec les deux [[Cratère volcanique|cratères]] sommitaux du massif, le [[Cratère Bory|Bory]] et le [[Cratère Dolomieu|Dolomieu]], au moins 2,5 kilomètres le séparant d'eux à vol d'oiseau<ref name="Institut géographique national"/>. Il est en revanche bien plus proche que la moyenne du rempart [[montagne]]ux d'une centaine de [[mètre]]s de haut qui délimite la zone et le surplombe, le [[rempart de Bellecombe]]. Ainsi, seuls quelques dizaines de mètres séparent le petit cône du point où débouche l'[[escalier]] escarpé descendant depuis le [[Plateau (géographie)|plateau]] de la [[plaine des Sables]] à partir du [[Col de montagne|passage]] appelé [[Pas de Bellecombe]]<ref name="Institut géographique national"/>. === Topographie === [[Image:FormicaLeo.jpg|thumb|right|300px|Vue plongeante générale sur l'édifice et ses deux cratères]] Si l'on en croit ce qu'indique l'[[Institut géographique national (France)|Institut géographique national]] sur sa [[Carte géographique|carte]] du [[Piton de la Fournaise]] au 1/{{formatnum:25000}} parue en [[2002]] ainsi que la plaque [[Émail (verre)|émaillée]] que l'on trouve à proximité du cône au pied du [[rempart de Bellecombe]], le sommet du Formica Leo atteint {{formatnum:2218}} [[mètre]]s<ref name="Institut géographique national"/>{{,}}<ref name="Alain Martel">« ''[http://pagesperso-orange.fr/alain.martel/sortie060808volcan.htm Enclos Fouqué, Formica Léo, chapelle de Rosemont]'' », [http://pagesperso-orange.fr/alain.martel site Internet] d'Alain Martel.</ref>, mais certains documents diffusés par des institutions locales fournissent quant à eux des valeurs moindres sans préciser exactement si celles-ci concernent la base ou le point culminant du cône. Ainsi, l'auteur d'un petit guide pédagogique sur le volcan notamment soutenu par l'[[Académie de La Réunion]] et la [[Maison du Volcan]] annonce plutôt {{formatnum:2202}} mètres<ref name="Philippe Mairine">''[http://www.ac-reunion.fr/pedagogie/svt/route_volcan_2006.pdf Itinéraire géologique, découverte de la Fournaise ancienne]'', Philippe Mairine, [[académie de La Réunion]], [[Maison du Volcan|SEML Réunion Muséo]], Laboratoire des Sciences de la Terre et de l'Univers, Sciences Réunion et [[Observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise]], {{date||octobre|2006}}, page 46.</ref>. Le Formica Leo a une forme [[Ellipse|elliptique]] et mesure environ 75 mètres par 100 à sa base<ref name="Raphaël Antoine">[http://www.lmtg.obs-mip.fr/user/ingrin/Rapport%20STPS%202005/Antoine_R.pdf Mémoire] de Raphaël Antoine, Laboratoire des Mécanismes et Transferts en Géologie, [[Université Toulouse III|Université Paul-Sabatier]], [[2005]].</ref>, laquelle se trouve, selon l'[[Institut géographique national (France)|Institut géographique national]], à une [[altitude]] d'environ {{formatnum:2210}} mètres<ref name="Institut géographique national"/>. La hauteur du cône par rapport au sol est mal établie. Si elle n'est certainement pas aussi faible que les vingt pieds annoncés par [[Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent]] en son temps<ref name="Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent"/>, elle demeure de l'ordre de vingt mètres<ref name="Rando-Reunion">« ''[http://www.rando-reunion.com/pages/topo/topovolc.htm Topo Guide : Tour des Cratères]'' », [http://www.rando-reunion.com Rando-Reunion.com].</ref>, voire de vingt-cinq mètres<ref name="Raphaël Antoine"/> selon les sources. Son sommet est toujours couronné par les deux petits entonnoirs évoqués dans la littérature ancienne et dans l'ouvrage consacré aux cratères de La Réunion publié par William Dudley Oliver en [[1896]], ''Crags and Craters. Ramblers in the Island of Réunion''<ref>''Crags and Craters. Ramblers in the Island of Réunion'', William Dudley Oliver, Longmans, Green and Co., [[1896]].</ref>. [[Cercle|Circulaire]], celui qui est situé dans la partie la plus à l'ouest du cône présente une [[Profondeur d'un cratère|profondeur]] d'environ cinq [[mètre]]s. L'autre atteint quant à lui quinze mètres avec une forme moins parfaitement ronde et un [[diamètre]] de cinquante mètres<ref name="Raphaël Antoine"/>. Tous deux présentent des pentes intérieures inclinées de trente degrés environ<ref name="Geophysical Research Abstracts">« ''[http://www.cosis.net/abstracts/EGU2008/10456/EGU2008-A-10456.pdf Thermography of volcanic areas on Piton de la Fournaise, Reunion Island : mapping surface properties and possible detection of convective air flow within volcanic debris]'' », Raphaël Antoine, David Baratoux, Michel Rabinowicz, Patrick Bachèlery, Thomas Staudacher, Ginette Saracco, Fabrice Fontaine et Anthony Finizola, ''Geophysical Research Abstracts'', n°10, [[2008]].</ref>, ce qui est relativement élevé pour un amoncellement de [[scorie]]s [[Basalte|basaltiques]]<ref name="Raphaël Antoine"/>. Au fond, la [[cheminée volcanique]] est complètement bouchée<ref name="Association réunionnaise des guides et accompagnateurs touristiques">« ''[http://www.argat.net/infos_volcan.pdf Un volcan actif n'est pas forcément un volcan en éruption]'' », [http://www.argat.net site Internet] de l'Association réunionnaise des guides et accompagnateurs touristiques.</ref>. === Climat === À ces altitudes supérieures à {{formatnum:2000}} mètres, le [[climat]] est rigoureux, les [[température]]s pouvant chuter sous les dix [[Degré Celsius|degrés Celsius]] les [[nuit]]s d'[[été]] et générer du [[givre]] ou de la [[glace]] pendant l'[[hiver]] [[Hémisphère Sud|austral]], soit entre [[avril]] et [[septembre]]<ref>« ''[http://dossiers.clicanoo.com/index.php?id_article=6110&page=article Une randonnée au volcan en 10 leçons]'' », ''[[Journal de l'île de La Réunion]]'', {{date|7|janvier|2001}}.</ref>. La configuration et la structure du Formica Leo amène le site à générer une [[convection]] particulière de l'air autour de lui, en tout cas si l'on en croit la campagne de [[cartographie]] thermique par [[infrarouge]] menée en [[2006]] durant une journée complète, et qui a révélé que le cône présente des flancs chauds et un centre froid pendant la nuit<ref name="Geophysical Research Abstracts"/>. Ainsi, le site serait un système à écoulements complexes avec d'importantes variations locales du [[nombre de Rayleigh]]<ref name="Raphaël Antoine"/>. === Faune et flore === [[Image:Formica leo.jpg|thumb|400px|Des [[Randonnée|randonneurs]] sur le Formica Leo entouré d'une [[végétation]] éparse en {{date||février|2008}}.]] En raison de la géologie du Formica Leo dépourvu de sol et de l'altitude supérieure à {{formatnum:2000}} mètres et malgré son âge avancé, la [[végétation]] surtout composée d'''[[Ericaceae]]'' adaptées à ces conditions, des « ''branles'' »<ref name="Alain Martel"/>, demeure relativement éparse aux alentours du cône et totalement absente sur ses pentes et à son sommet. Mais un constat similaire avait déjà été fait par le [[botaniste]] [[Thérésien Cadet]] en son temps<ref>« ''Étude sur la végétation des hautes altitudes de l'île de la Réunion'' », [[Thérésien Cadet]], ''Plant Ecology'', n°29, [[novembre 1974]].</ref>, ce qui laisse penser que le sommet n'a jamais permis le développement des quelques rares formes végétales qui peuvent croître sur le fond de l'[[Enclos Fouqué]] aux alentours. Quoi qu'il en soit, il n'est plus guère survolé par les « quelques [[perroquet]]s solitaires » dont [[Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent]] entendit le sifflement aigu sans pouvoir en tuer un seul<ref name="Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent"/>, les perroquets en question étant autrefois [[Endémisme|endémiques]] de l'île et aujourd'hui [[Extinction des espèces|disparus]]. Le site demeure néanmoins fréquenté par d'autres oiseaux représentatifs de l'[[Faune endémique de La Réunion|endémisme animal à La Réunion]], par exemple le peu farouche [[tec-tec]]<ref name="Alain Martel"/>. === Administration === D'un point de vue administratif, les coordonnées géographiques du Formica Leo le placent dans le coin sud-ouest inhabité du territoire de [[Sainte-Rose (La Réunion)|Sainte-Rose]], une [[Commune française|commune]] de la [[côte-sous-le-vent]] dont la [[frontière]] avec [[Saint-Philippe (La Réunion)|Saint-Philippe]] passe plus au sud et avec [[Le Tampon]] plus à l'est<ref name="Institut géographique national"/>. C'est toutefois cette dernière commune qui accueille le siège de l'[[observatoire volcanologique]] duquel ressortent le petit cône et tout le reste du massif qui l'entoure : l'[[observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise]] est installé à [[Bourg-Murat]], sur le [[Plateau (géographie)|plateau]] tamponnais appelé [[plaine des Cafres]]<ref>[http://ovpf.univ-reunion.fr Site Internet] de l'[[observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise]].</ref>. == Histoire == === Découverte et exploration === [[Image:Isle Bourbon - carte.jpg|thumb|left|[[Carte géographique]] de l'île Bourbon parue en [[1763]], soit dix ans après la formation du Formica Leo.]] La plus ancienne évocation d'un petit [[cône volcanique]] au pied de ce qui est aujourd'hui le [[Pas de Bellecombe]] remonte à [[1770]] et à la publication dans ''[[L'Année littéraire]]'' d'un court [[récit de voyage]] écrit le {{date|31|octobre|1768}} au [[château du Gol]] par [[Honoré de Crémont]], alors [[Ordonnateur de La Réunion|ordonnateur de Bourbon]]. Il y décrit une expédition partie de [[Saint-Benoît (La Réunion)|Saint-Benoît]] le [[26 octobre|26]] et qui fut la première à traverser l'[[Enclos Fouqué]], jusqu'alors perçu comme un précipice trop intimidant, puis à atteindre la zone sommitale du [[piton de la Fournaise]]. Le [[29 octobre|29]], après avoir fait seulement cinquante pas au pied du [[rempart de Bellecombe]], le long duquel elle venait de descendre, la petite équipée qui n'avait pas renoncé trouva devant elle « un monceau de [[sable]] rouge »<ref name="Honoré de Crémont"/>. L'ordonnateur et les autres participants arrivés jusque-là furent suffisamment curieux pour monter jusqu'au sommet de ce monticule et y virent « une profondeur d'environ trente [[Pied (unité)|pieds]] » qui ne contenait que le même sable rouge et plusieurs [[Roche|pierres]] calcinées. D'après de Crémont, « cette [[crevasse]] » aurait pu leur paraître d'un mauvais augure s'ils avaient été enclins à tirer des inductions sinistres d'une telle vision, car elle laissait penser que d'autres gouffres pouvaient être moins facilement repérables. Cependant, les explorateurs chassèrent leurs idées sombres et parcoururent le fond de l'Enclos selon la route indiquée par [[Joseph Hubert|Hubert l'aîné]], descendu du [[Pas de Bellecombe]] la veille, soit le [[28 octobre]], et remonté aussitôt. Cette dernière les mena bientôt à deux [[grotte]]s étranges<ref name="Honoré de Crémont"/> parmi lesquelles figurait sans doute celle que l'on appelle aujourd'hui la [[chapelle de Rosemont]]. Selon l’ordonnateur, l’un des deux [[Créoles]] qui le suivit dans cette expédition lui rapporta avoir joui en [[1753]] d'un « spectacle admirable et terrible », une [[éruption volcanique]] de grande ampleur qui amena le [[Gouverneur de La Réunion|gouverneur]] [[Jean-Baptiste Charles Bouvet de Lozier]] à envoyer jusqu’au [[rempart de Bellecombe]] un détachement de quinze Créoles mené par [[Jean Dugain]], grand [[chasseur d'esclaves]]. Désormais chef de route, celui-ci aurait affirmé à de Crémont avoir vu à cette occasion l’Enclos rempli de [[lave]] et lui aurait assuré que la crevasse de trente pieds avait été formée à cette occasion<ref name="Honoré de Crémont"/>. C’est sur la foi de ce récit que la plaque en [[Émail (verre)|émail]] de l’[[Office national des forêts]] (ONF) installé à l’abord du site mentionne [[1753]] comme date de la création du Formica Leo<ref name="Alain Martel"/>. [[Image:Scott Robinson - Ant Lion - Action ! (by).jpg|thumb|Le [[piège]] d'une [[larve]] de [[Myrmeleontidae|fourmi-lion]], un [[insecte]] d'après lequel le Formica Leo a été baptisé.]] D'après le [[Récit de voyage|récit]] qu'a laissé [[Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent]] de son séjour à La Réunion au tout début du {{XIXe siècle}}, ''[[Voyage dans les quatre principales îles des mers d'Afrique]]'', il s'arrêta au Formica Leo pour l'examiner le {{date|21|novembre|1801}} juste avant de sortir de l'[[Enclos Fouqué]] par le [[Pas de Bellecombe]] au terme de sa seconde ascension du volcan. Le petit cône lui apparut à cette occasion comme « un monticule volcanique qui mérite toute l'attention des [[Géologie|géologistes]] » du fait de sa forme particulière<ref name="Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent"/>. Selon l'explorateur, cette forme s'apparente à celle « d'un pain de sucre qui serait tronqué vers la moitié de sa hauteur », ce qui fait que le Formica Leo « n'a guère plus de vingt pieds d'élévation ». En outre, on trouve à la cime du cône « deux [[entonnoir]]s continus, dont l'un est un peu plus grand que l'autre ». Toujours visibles aujourd'hui, ces deux [[Cratère volcanique|cratères volcaniques]] ont des pentes très friables, car, d'après l'explorateur, « les [[Roche|pierres]] qu'on y jette descendent au fond, entraînées par leur propre [[poids]] et par les fragmen<!--sic-->s qui s'éboulent »<ref name="Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent"/>. En outre, ils ont l'aspect exact des [[piège]]s que le [[Myrmeleontidae|fourmi-lion]] tend aux [[Formicidae|fourmis]], et c'est pour cela que [[Joseph Hubert]] a baptisé le cône qui les porte avec un terme en [[latin]] que Bory de Saint-Vincent a ensuite conservé parce qu'il rendait très bien la figure<ref name="Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent"/> : le nom ''Formica-leo'' était alors proposé pour désigner le [[Genre (biologie)|genre biologique]] correspondant à l'[[insecte]]<ref name="Nicole Crestey">« ''[http://www.temoignages.re/article.php3?id_article=25171 Linné : la nomenclature binominale et l'océan Indien]'' », ''[[Témoignages]]'', {{date|4|octobre|2007}}.</ref>. D'après Nicole Crestey, professeur à l'[[Université de La Réunion|Institut universitaire de formation des maîtres de La Réunion]], le choix de ce [[toponyme]] remonte à l'année [[1753]] elle-même, ce qui expliquerait que le monticule n'ait pas été appelé du nom d'origine [[grec]]que que [[Carl von Linné]] donna finalement au [[Neuroptera|névroptère]] en [[1769]], ''[[Myrmeleo]]''<ref name="Nicole Crestey"/>. Sans doute confondue avec celle de la formation et de la découverte du cône, cette date que l'on rencontre souvent dans la littérature par ailleurs est cependant tout à fait improbable, étant donné qu'Hubert n'est né qu'en [[1747]]<ref>« ''[http://www.clicanoo.com/article.php?id_article=97598 Joseph Hubert (1747-1825) : Le premier savant réunionnais]'' », ''[[Journal de l'île de La Réunion]]'', avant [[2005]].</ref>. Mais depuis lors, en tout cas, un autre [[cône volcanique]] ressemblant au petit monticule isolé a été nommé « Deuxième Formica Leo ». C'est près de ce dernier et donc sur le flanc est-sud-est du [[piton de la Fournaise]] qu'a débuté la spectaculaire [[éruption du Piton de la Fournaise en 2007|éruption de 2007]], quand une [[Fissure volcanique|fissure]] s'est ouverte dans la [[nuit]] du [[30 mars|30]] au [[31 mars]] après une crise sismique de 145 minutes<ref>« ''[http://volcano.ipgp.jussieu.fr/reunion/Rapports/2007/Bulletins/OVPF_20070831_bullmensu.pdf Bulletin de l'observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise]'' », [[observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise]], [[Mars 2007|mars]]-[[avril 2007]].</ref>. === Étude par Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent === [[Image:Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent - Voyage dans les quatre principales îles des mers d'Afrique - Tome III.djvu|thumb|page=66|Passage du ''[[Voyage dans les quatre principales îles des mers d'Afrique]]'' dans lequel [[Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent]] décrit le Formica Leo.]] Dans le court passage du ''[[Voyage dans les quatre principales îles des mers d'Afrique]]'' qu'il lui consacre, [[Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent]] prend le temps de faire des [[hypothèse]]s de nature [[Géologie|géologique]] quant au Formica Leo, sans doute les premières à avoir été publiées. Il remarque avant tout qu'il n'est composé que de très petits fragments de [[roche]]s volcaniques désunies et de natures diverses tantôt « boursouflés, [[Porosité|poreux]], noirs, rougeâtres, rouillés, etc. » Il estime ensuite que les fragments en question sont peut-être ce que les [[Italie]]ns appellent « ''[[Lapilli|lapillo]] di [[Vésuve|Vesuvio]]'' » avant d'ajouter qu'ils ont l'air « d'avoir été réduits en petit volume par des chocs et des frottements réitérés »<ref name="Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent"/>. Sur ce, le scientifique remarque que le Formica Leo « est assis sur des [[Coulée de lave|coulées]] solides, compactes, épaisses, continues, que des fentes de retrait peu considérables interrompent seules ». Il note qu'il partage cette caractéristique avec les [[puys Ramond]] et les cratères de la [[plaine des Sables]], qui sont d'ailleurs composés des mêmes fragments. Il en conclut que toutes ces bouches sont formées par des [[Éruption volcanique|éruptions]] particulières qui n'ont pas encore été observées par la [[science]] de son époque<ref name="Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent"/>. L'homme imagine alors que « les mammelons formés de débris de toutes espèces de lave » à la manière du Formica Leo « sont dus à une [[explosion]] qui, au lieu de donner passage, comme une [[Source chaude|source]], à des [[Coulée de lave|coulées de laves]] liquides fondues dans des [[montagne]]s supérieures, jetaient des pierres volcaniques que la [[Transfert thermique|chaleur]] exhalée du [[Cheminée volcanique|soupirail]] ne pouvait amollir ; mais que l'impulsion était assez forte pour élever plusieurs fois en l'air, jusqu'à ce que le choc les eût réduites en petits morceaux et poussées dans un sens divergent par lequel elles retombaient en tas autour du soupirail et formaient des monticules »<ref name="Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent"/>. En formulant cette hypothèse, Bory se trompe complètement pour expliquer la formation des scories : celles-ci ne proviennent pas de la fragmentation de blocs solides propulsés plusieurs fois en l'air mais sont issues de la projection de goutelettes de lave qui se refroidissent durant leur trajectoire aérienne et qui, tout en gonflant sous l'effet de la libération des gaz dissous, se solidifient avant de retomber au sol. En revanche, c'est de manière très pertinente qu'il relève la ressemblance avec les lappili du Vésuve et qu'il note les similitudes de constitution avec d'autres édifices naturels du secteur, et c'est ainsi très justement qu'il comprend comment le mamelon a pu s'édifier par accumulation des retombées de pierres volcaniques : le Formica Leo est bien un [[cône de projections]]. Ces projections ont d'ailleurs connu des variations de phases, parfois assez explosives, parfois plus tranquilles, comme le démontrent les différences de structure observées dans la partie interne d'un des cratères<ref name="Raphaël Antoine"/>. === Études ultérieures === Si le témoignage de [[Jean Dugain]], tel qu'il est rapporté par [[Honoré de Crémont]], indique clairement que le Formica Leo s'est formé en [[1753]], plusieurs auteurs contemporains dans des ouvrages ou des études qui traitent de la [[volcanologie]] du [[Piton de la Fournaise]] ne valident pas cette date et considèrent le petit cône comme non daté<ref name="Philippe Mairine"/>{{,}}<ref>''Guide des volcans d'Outre-mer'', Pascal Richet, [[Bureau de recherches géologiques et minières]], [[Éditions Belin]], [[2007]], page 199.</ref>. A l'origine de ce doute, et non de cette réfutation, se trouve probablement l'oubli du texte initial, paru en 1770 dans une revue mondaine, l' ''[[Année littéraire]]'', plutôt que dans une publication savante. Se trouve également le constat que ce « volcaneau », pour reprendre un terme du vocabulaire employé par M. de Crémont, est partiellement enfoui dans un empilement de laves. La preuve de cet enfouissement est inscrite dans les rides de compression pétrifiées lors du refroidissement des [[coulées|coulées de lave]] fluides de type pahoehoe qui sont venu buter contre les pentes externes du Formica Leo<ref>[http://www.brgm.fr/brgm/Reunion_kitpedago/fichier/fiche/Fiches_Fournaise.pdf BRGM : kit pédagogique Sciences de la Terre, La Réunion, octobre 2006 p. 11]</ref>. De plus, comparé à d'autres édifices de formation similaire, le cône, comme le décrivait fort justement Bory de Saint-Vincent apparaît comme tronqué, privé de sa partie inférieure et lui conférant de ce fait sa singulière allure aplatie. L'estimation de la hauteur de la partie manquante par rapport au profil classique d'un cône de projections a d'ailleurs servi à évaluer l'épaisseur des coulées de laves environnantes <ref name = "CLEF"> [http://bsgf.geoscienceworld.org/cgi/content/abstract/172/2/177 Bulletin de la [[Société Géologique de France]], mars 2001, p.177-188, Jean-Francois Lénat, Patrick Bachelery et Frédéric Desmulier, Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, France ''Genèse du champ de lave de l'Enclos Fouqué ; une éruption d'envergure exceptionnelle du Piton de la Fournaise (Réunion) au 18 e siècle''] </ref> qui serait comprise entre 5 et {{NaU|15|m}}. Les volcanologues contemporains ne remettent pas en cause le fait que le paysage où se trouve actuellement le Formica Leo a été profondément bouleversé au milieu du {{XVIIIe siècle}}, le fond de l'Enclos Fouqué ayant été très largement recouvert par d'immenses épanchements de lave lors d'une ou plusieurs éruptions d'envergure exceptionnelle <ref name = CLEF/>. La date de 1753 n'est pas précisément confirmée mais elle demeure possible comme une année de grande éruption. Si l'antériorité de la formation du Formica Leo par rapport à la mise en place de l'étendue plane qui l'entoure est bien démontrée, le délai précis entre les deux évènements demeure inconnu. La création du cône et du champ de laves au cours de la même éruption, comme le laisserait entendre le témoignage de Jean Dugain, constitue un scénario plausible. On peut même imaginer que les derniers soubresauts du Formica Leo qui ont produit la couche supérieure de lappili soient venus assurer la clôture finale du spectacle. Une description détaillée du Formica Leo, notamment des parois internes des cratères, réalisée à l'occasion d'une étude de modélisation thermographique<ref name="Raphaël Antoine"/> met en évidence des variations internes de la structure générale ainsi que de la taille des constituants. Ainsi le cône est composé par « ''une accumulation de fragments de magma solidifié [[Vacuole|vacuolaires]] de teinte rougeâtre à brune'' » de taille millimètrique sous forme de [[cendre]]s) à pluridécimétrique sous forme de [[Scorie|bombes scoriacées]], en passant par les éléments intermédiaires que sont les lappilis. Ces ''ejecta'' sont les « indices sûrs d'une activité magmatique de surface explosive se caractérisant par l'apparition de [[Fontaine de lave|fontaines de lave]] », dont l'intensité a pu varier au fur et à mesure de la construction du cône. Les niveaux à fragments de tailles variées résultent d'épisodes assez violents et explosifs, les niveaux homogènes à lappili ont plutôt été produits par des fontaines de lave à débit régulier. Une couche massive s’intercale par endroits, elle est visible en particulier dans la cavité la plus à l'est et témoigne de phases plus calmes. En revanche, l'explication de la formation du Formica Leo par une explosion profonde de type [[Éruption phréatique|phréato-magmatique]]<ref name="Association réunionnaise des guides et accompagnateurs touristiques"/> ne semble pas devoir être retenue. Une telle explosion aurait formé plutôt à la place un cratère-puits. Le Formica Leo a servi de référence terrestre pour une étude sur la modélisation des flux thermiques tels qu'ils pourraient se produire dans les cratères de la planète Mars<ref name="Raphaël Antoine"/> . == Tourisme et protection == [[Image:ReunionFournaise ParkingBellecombe2.JPG|thumb|Le [[Belvédère (architecture)|belvédère]] du [[Pas de Bellecombe]], un point de vue situé immédiatement en surplomb du Formica Leo.]] Pour l'heure, le [[Pas de Bellecombe]] constituant le terminus de la [[route forestière du Volcan]], laquelle escalade le massif depuis la [[plaine des Cafres]], le Formica Leo est situé ''de facto'' à faible distance en contrebas d'un [[Parking|terrain de stationnement]] très fréquenté<ref name="Institut géographique national"/>, {{formatnum:400000}} personnes s'y rendant chaque année<ref name="Journal de l'île de La Réunion"/> pour y jouir d'un [[panorama]] exceptionnel sur la caldeira malgré l'[[Nuage|ennuagement]] rapide et les [[brouillard]]s fréquents en fin de [[matin]]ée et l'[[après-midi]]. Cette situation privilégiée au pied de ce qui est finalement le site naturel le plus [[Tourisme|touristique]] de l'île<ref name="Journal de l'île de La Réunion"/> fait de lui, à la différence des autres petits cônes similaires, l'une des icônes du [[tourisme à La Réunion]]. Il est très souvent pris en [[photographie]] par les contemplateurs, pour qui une [[table d'orientation]] a été dressée<ref name="Institut géographique national"/>. La faible hauteur du Formica Leo explique que de nombreux [[Randonnée|marcheurs]] qui pratiquent la [[randonnée pédestre à La Réunion]] entreprennent son ascension, l'autre raison majeure étant la convergence à son pied de plusieurs [[Sentier de randonnée|sentiers]] balisés depuis la réorganisation des parcours décidée par la [[préfecture de La Réunion]] après l'[[Éruption du Piton de la Fournaise en 2007|éruption de 2007]]<ref name="Alain Dupuis">« ''[http://www.clicanoo.com/index.php?id_article=167038&page=article Le volcan côté cour]'' », Alain Dupuis, ''[[Journal de l'île de La Réunion]]'', {{date|21|octobre|2007}}.</ref>, le tracé historique étant celui qui le dessert depuis l'[[escalier]] descendant du [[Pas de Bellecombe]] en un peu plus de {{formatnum:1300}} mètres seulement<ref name="Rando-Reunion"/>. Au départ du [[Parking|terrain de stationnement]], on atteint le Formica Leo par ce sentier en une demi-heure à trois quarts d'heure de marche, et le petit cône constitue donc en quelque sorte la première attraction [[Tourisme|touristique]] au fond de l'Enclos avant la [[chapelle de Rosemont]]. On peut ensuite visiter le cratère Rivals en 4h30 aller-retour et le point de vue sur le Château Fort en 5h30 aller-retour<ref name="Alain Dupuis"/>. La fréquentation des marcheurs occasionne une [[érosion]] accrue des pentes meubles du monticule, déjà « très érodé »<ref name="Raphaël Antoine"/>. Ainsi, les [[enfant]]s n'hésitent pas à descendre dans les cratères eux-mêmes en faisant rouler de nombreuses roches vers le fond de ces cavités sous les yeux de leurs parents indifférents<ref name="Alain Martel"/>. Cette activité et le simple crapahutage laissent des traces. Au sommet, par exemple, la fine épaisseur de scories minuscules qui couronne les cratères laisse apparaître par endroits une couche [[cendre]]use brune suite au passage des randonneurs<ref name="Raphaël Antoine"/>. Aussi, une édition récente du ''[[Journal de l'île de La Réunion]]'' demande à ses lecteurs approchant le cône d'éviter de monter dessus<ref name="Alain Dupuis"/>. Les coordonnées du Formica Leo le situent par ailleurs au cœur de la zone de protection maximale du [[parc national de La Réunion]], un [[parc national]] de création récente qui protège les [[Les Hauts (La Réunion)|Hauts]] de l'île, c'est-à-dire l'ensemble des espaces enclavés qui ne sont pas [[Littoral|littoraux]]<ref>« ''[http://www.parc-national-reunion.prd.fr/enter.php?top_id=2&doc_id=21 Décret n°2007-296 du 5 mars 2007 créant le Parc national de La Réunion]'' », [http://www.parc-national-reunion.prd.fr site Internet] de la mission de création du [[Parc national de La Réunion]].</ref>. Si la candidature aboutit en [[2009]], le Formica Leo appartiendra en outre à un ensemble classé au [[Patrimoine mondial de l'UNESCO|Patrimoine mondial]] de l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture]]<ref>« ''Daniel Gonthier “confiant”'' », ''[[Journal de l'île de La Réunion]]'', {{date|8|janvier|2008}}.</ref>. == Annexes == {{Commons|Formica Leo|le Formica Leo}} === Articles connexes === * [[Cône volcanique]] * [[Piton de la Fournaise]] * [[Puys Ramond]] === Références === {{Références|colonnes=2}} {{Bon article|vote=BA|oldid=27939181|date=30 mars 2008}} {{Portail|Sciences de la Terre et de l'Univers|La Réunion}} [[Catégorie:Cône volcanique de La Réunion]] [[Catégorie:Cratère de La Réunion]] [[Catégorie:Piton de la Fournaise]] [[Catégorie:Sainte-Rose (La Réunion)]]