Germain Pichault de La Martinière
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2008-06-22T09:48:09Z
GillesC
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Correction d'homonymie vers [[Conseil d'État]]
[[Image:Latinville Portrait de Germain Pichault de la Martiniere.jpg|thumb|250px|right|Germain Pichault de La Martinière, par Francois-Adrien Latinville]]
'''Germain Pichault de La Martinière''' (parfois '''la Martinière''' ou '''Lamartinière'''<ref>On trouve également quelquefois la graphie ''Pichaut''</ref>), né à [[Argenton-l'Église]] en [[1697]] et décédé le [[19 octobre]] [[1783]] au château de La Martinière à [[Bièvres (Essonne)|Bièvres]], était un [[chirurgie|chirurgien]] et [[Conseiller d'État (France)|conseiller d'État]] français au service des rois [[Louis XV]] puis [[Louis XVI]], qui créa les écoles de chirurgie en France.
==Biographie==
===Chirurgien militaire===
Né dans les [[Deux-Sèvres]] dans une famille de chirurgiens, il suit les traces familiales et arrivé à Paris à l'âge de 23 ans, est agrégé au [[Confrérie de Saint-Côme et de Saint-Damien|collège de Saint-Cosme]] en [[1728]], obtenant une place de chirurgien du roi ''servant par quartier''<ref>Antoine Louis, ''Éloge de Lamartinière'', cf sources</ref>. Ayant par ailleurs reçu le titre de ''maître en chirurgie'', La Martinière est pourtant attaché aux armées royales à sa demande, tout d'abord comme [[aide-major]]. Il fait ainsi la campagne d'Italie du [[Claude Louis Hector de Villars|maréchal Villars]] en [[1733]], puis participe l'année suivante au [[Siège de Philippsburg (1734)|siège de Philippsburg]] lors de la campagne du Rhin de la [[guerre de Succession de Pologne]].
[[Image:Battle of Roucoux painting.jpg|thumb|300px|left|Bataille de Rocourt, 1746</br>Tableau contemporain]]
En [[1740]], Germain Pichault se marie avec Marie-Anne Nepicier<ref>[http://www.famillesparisiennes.org/patro/p.html Généalogie partielle sur famillesparisiennes.org]</ref>. La même année, la [[guerre de Succession d'Autriche]] éclate, qui durera jusqu'en [[1748]]. En [[1741]], promu au grade de [[major|chirurgien-major]], il se distingue par son ardeur et l'efficacité de ses soins lors du siège de [[Prague]] puis de la retraite de [[1742]], lors de la campagne de [[Bohême]] du [[Charles Louis Auguste Fouquet de Belle-Isle|Maréchal de Belle-Isle]]. A son retour, il est nommé et chirurgien-chef des [[Gardes-Françaises]] et c'est à ce poste qu'il suit [[Louis XV]] dans la campagne de Flandres et se rend grandement utile pendant le siège de [[Fribourg-en-Brisgau|Fribourg]], puis, pendant une seconde campagne en [[1746]], lors des sièges de [[Mons]] et [[Namur]] ou encore durant la [[Bataille de Rocourt]]. C'est en [[1747]], à [[Bruxelles]], à l'issue de cette campagne que Louis XV nomme Pichault de La Martinière premier chirurgien, à la succession de [[François de la Peyronie]], décédé en avril. Les hostilités cessent avec le [[Traité d'Aix-la-Chapelle (1748)|Traité d'Aix-la-Chapelle]]
===Premier chirurgien du Roi===
Germain Pichault de La Martinière devient le [[Chirurgie|chirurgien]] personnel du roi [[Louis XV]] qui l'honore de ''sa plus intime amitié''<ref>''Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales'', cf bibliographie</ref> jusqu'à sa mort, fonction qu'il conservera auprès de son successeur. Sa nomination à cette nouvelle charge est assortie de la jouissance d'une étonnante prérogative : « tous maîtres, chirurgiens, [[Barbier chirurgien|barbiers]], [[perruquier]]s et autres, qui exercent quelque partie de la chirurgie et de la barberie dans le royaume, lui payeront 21 [[Sol (monnaie de l'ancien régime)|sols]] et 3 [[Denier (monnaie)|deniers]] pour une fois seulement »<ref>''Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales'', cf bibliographie</ref>.
Il poursuit l'entreprise réformatrice de Lapeyronie qui, avec l'appui du vieux chirurgien de [[Louis XIV]], [[Georges Mareschal]], avait initié la création d'une [[Académie nationale de chirurgie|Académie royale de chirurgie]] dès [[1731]]. La Martinière n'aura de cesse à sa suite d'œuvrer à l'émancipation de la chirurgie et d'''arracher'' l'indépendance de celle-ci vis à vis de la [[Faculté de médecine de Paris]], en en faisant une discipline autonome, tâchant de réduire au silence les querelles inter-disciplinaires. En effet, depuis [[1716]], une âpre fronde des chirurgiens, qui n'étaient pas autorisés à traiter les maladies sans présence des médecins, les opposait à ces derniers, représentés par la Faculté.
===Émancipation de la chirurgie===
{{Images
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|Image:Théâtre-anatomique-Paris.jpg|Amphithéâtre d'anatomie de Saint-Cosme en [[1694]].
|Image:Grand-amphithéâtre-chirurgie-Paris.jpg|[[Gravure]] de [[1780]] représentant le grand [[amphithéâtre]] de l'École de chirurgie de [[Jacques Gondouin|Gondouin]].
}}
Cette lutte se traduira par une confrontation entre de La Martinière et [[François Chicoyneau]], premier médecin du roi et chancelier de la Faculté, qui se soldera par un décret du [[Conseil d'État (France)|conseil d'État]] cessant, de fait, la sujétion d'un corps à l'autre en [[1750]]. Un décret royal de [[1770]] effacera définitivement cette sujétion séculaire des chirurgiens en faisant prêter serment au premier chirurgien en les mains du roi à la place d'en celles du premier médecin<ref>Paul Delaunay, ''Le monde médical parisien au dix-huitième siècle'', pp. 191-1992, 204, cf. sources</ref>.
Les statuts de l'Académie de chirurgie seront promulgués en [[1748]]<ref>G. Androutsos, ''François Gigot de Lapeyronie (1678-1747), bienfaiteur de la chirurgie et promoteur de la fusion médecine-chirurgie, et la maladie qui porte son nom'', [http://www.urofrance.org/lienbiblio.php?ref=PU-2002-00120526&type=HTML&lang=frapublié sur le site Urofrance, 04/09/2002]</ref> et La Martinière en prendra la direction pendant près de trente-sept années. Ainsi, soucieux d’améliorer la formation des chirurgiens et des médecins, il obtient du roi l'édification d'un bâtiment assez spacieux pour contenir l'Académie, le Collège et la Bibliothèque de chirurgie, en remplacement du trop exigu amphithéâtre d'anatomie de Saint-Cosme<ref>L'édifice existe toujours, situé rue de l'École de Médecine à Paris, [http://fr.structurae.de/photos/index.cfm?JS=24244 prise de vue actuelle sur le site Structurae]</ref>, dans le ''fief'' originel de la communauté des chirurgiens de Paris<ref>[[Henri Dauchez]], ''L'Église Saint-Côme de Paris (1255-1836) et L'Amphithéatre d'Anatomie de saint-Cosme (1691)'', paris, éd. Picard & Fils, [http://books.google.be/books?id=THUIAAAAIAAJ&printsec=titlepage&dq=la+martini%C3%A8re+cosme&lr=&as_brr=1&hl=fr&source=gbs_summary_r&cad=0#PPA1,M1 en ligne sur Google books]</ref>. La construction de l'ouvrage sera confiée à [[Jacques Gondouin]] en [[1769]] et achevé en [[1774]]<ref>[http://www.bium.univ-paris5.fr/musee/acad1.htm Historique de la construction du Musée d'histoire de la médecine, sur le site du musée]</ref>. La Martinière fait par ailleurs établir des écoles de chirurgie dans les principales villes de province et fonde à Paris l'''École pratique'' de chirurgie où les élèves peuvent s'exercer à disséquer et à ''répéter'' les opérations sur des cadavres<ref>[[Jacques Gondouin]], ''Description des écoles de chirurgie, dédiée à Monsieur de la Martinière'', 1780, cité par J. C. Sabatier, ''Recherches historiques sur la Faculté de médecine de Paris'', Paris, éd. Baillères, 1837, p.32 [http://books.google.be/books?id=dmAEAAAAQAAJ&pg=PA82&lpg=PA82&dq=%22%C3%89cole+pratique%22+la+martini%C3%A8re&source=web&ots=ozELA9uZKv&sig=v06r9fxmopcyq3BTHGJe7CBbdQY&hl=fr en ligne sur Google book]</ref>.
En [[1757]], il obtient, avec [[François Desport]], chirurgien en chef de l'armée de Westphalie, que les chirurgiens militaires soient dotés d'un [[uniforme]] particulier reconnaissable par tous pour les protéger tant des soldats ennemis qu'alliés<ref>F.Olier et J.-L.Vial, ''L'uniforme des médecins et chirurgiens militaires français pendant la guerre de sept ans (1756-1763)'', revue électronique ''Nec Pluribus Impar'' n° 26, juin 2002, [http://vial.jean.free.fr/new_npi/revues_npi/26_2002/npi_2602/26_fra_sante3.htm article en ligne]</ref>.
===La mort de Louis XV===
[[Image:Médecin et Chirurgien militaire Louis XVI.jpg|thumb|200px|left|Médecin et chirurgien inspecteurs des armées, 1786]]
En [[1771]], le souverain nomme son premier chirurgien [[Conseiller d'État (France)|conseiller d'État]]. [[Louis XVIII]] rapporte dans ses ''Mémoires''<ref>''Mémoires de Louis XVIII, recueillis et mis en ordre par M. le duc de D****'', éd. L. Hauman, Bruxelles, 1832-33, pp. 192-197, [http://gallica2.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k201509m.image.r=lamartini%C3%A8re.f195.langFR.pagination Bibliothèque nationale de France/Gallica2]</ref> que [[Louis XV]] « était comme un enfant docile en présence du chirurgien investi de toute sa confiance » et décrit de quelle manière « il n'y avait pas à transiger avec sa volonté », parlant de sa « franchise brutale ». En avril [[1774]], La Martinière fait conduire le roi, malade, du [[Petit Trianon|Trianon]] à [[château de Versailles|Versailles]], contre l'avis du médecin de [[Madame Du Barry]], qui affirmait que la maladie du roi « ne serait rien ».
En fait, le souverain est atteint des premiers symptômes la [[petite vérole]] qui l'emportera. Peu après, La Martinière est le seul des médecins du roi qui ose diagnostiquer ouvertement la présence de la maladie et dire « qu'il regardait le roi comme perdu », avis auquel finiront par se ranger les autres médecins<ref>''Mémoires de Louis XVIII'', op. cit.</ref>. Cet épisode et ses enjeux sont racontés, romancés, par [[Alexandre Dumas]] dans l'épilogue de son roman ''[[Joseph Balsamo]]''<ref> [http://www.dumaspere.com/pages/biblio/chapitre.php?lid=r28&cid=168 lire sur le site de la Société des Amis d'Alexandre Dumas]</ref>.
===Dernières années===
{{Images
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|Image:Jacques Gondouin - Ecole de Chirurgie.jpg|École de chirurgie au {{s-|XVIII|e}}
|Image:Université René Descartes, Paris 1.JPG|Les bâtiments de l'École de chirurgie sont aujourd'hui le siège de l'[[Université Paris Descartes]].
}}
Il conserve sa charge de premier chirurgien auprès de [[Louis XVI]], qui l'apprécie autant que son prédécesseur. Consacrant l'essentiel de son temps à l'organisation et la modernisation de la chirurgie et de la médecine françaises, Pichault de La Martinière ne laissera pas de travaux scientifiques, à l'exception d'un petit ''Mémoire sur le traitement des plaies d'armes à feu''<ref>in ''Mémoires de l'Académie royale de chirurgie'', éd. Ménard et Desenne, fils, 1819, pp. 133-147, [http://books.google.be/books?id=AkmxRekhPicC&pg=PR1&dq=Memoire+sur+le+traitement+des+plaies+d+armes+a+feu+par+M+de+la+Martiniere&lr=&hl=fr#PPA133,M1 accessible sur Google books]</ref>, ni d'ouvrages, hormis des ''Mémoires présentés au Roi par le sieur Pichaut de la Martinière son premier Chirurgien''. Il se fera par ailleurs le protecteur de l'anatomiste [[Pierre Joseph Desault|Pierre-Joseph Desault]]
Germain Pichault de La Martinière meurt le [[17 octobre]] [[1783]] dans sa résidence de campagne de [[Bièvres (Essonne)|Bièvres]], où il est inhumé simplement, laissant de quoi fonder deux chaires de professeurs appointés à l'école pratique et 10 lits dans l'hôpital pour ''maladies chirurgicales peu communes'' qu'il avait créé à l'école de chirurgie<ref>Gondoin, op. cit.</ref>.
== Notes et références ==
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==Bibliographie==
* Léo Desaivre, ''Germain Pichault de La Martinière, premier chirurgien de Louis XV et de Louis XVI, 1697-1783'', Blois, impr. A.Girardet, 1895
* Article ''Martinière (Germain Pichaut de la)'', in ''Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales'', Tome V, éd Masson/Asselin, Paris, 1874, [http://gallica2.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k312471.image.r=La+martini%C3%A8re+germain.f169.langFR Bibliothèque nationale de France/Gallica2]
==Voir aussi==
===Liens internes===
* [[Histoire de la chirurgie]]
* [[Théâtre anatomique]]
===Sources partielles===
* [[Antoine Louis]], ''Éloge de Lamartinière, lu dans la séance publique du 22 avril 1794'', in ''Éloges lu dans les séances publiques de l'Académie royale de chirurgie de 1750 à 1792'', commentaires de E.-F. Dubois, Paris, éd. Baillères & fils, 1859, pp. 296-305, [http://books.google.be/books?id=ITrQUkEzGpQC&pg=RA1-PA298&lpg=RA1-PA298&dq=personne+n'a+%C3%A9t%C3%A9+plus+digne+de+la+premi%C3%A8re+place+que&source=web&ots=hY_GezJeV7&sig=zz7U6sLBFF4lpfYHTCNYLpH4HUU&hl=fr#PRA1-PA296,M1 en ligne sur Goggle books]
* [[Paul Delaunay]], ''Le monde médical parisien au dix-huitième siècle'', Paris, éd. J. Rousset, 1906, [http://books.google.be/books?id=F3RUyOxwUicC&printsec=titlepage&dq=la+martini%C3%A8re+saint-cosme&lr=&as_brr=1&hl=fr&source=gbs_summary_r&cad=0 en ligne sur Google books]
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[[Catégorie:Chirurgien français]]
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