Guerre de Trente Ans
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2008-07-09T04:07:39Z
Rhadamante
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liens
{{sources à lier}}
{{Infobox Conflit militaire
| image = [[Image:Rocroi.jpg|290px]]
| légende =''Le duc d'Enghien à la bataille de Rocroi''
| guerre = Guerre de Trente Ans
| date = [[1618]] - [[1648]]
| lieu = Europe
| issue = [[Traités de Westphalie]]
| combattants1 = {{Suède}} <br /> {{Bohême}} <br /> {{Danemark}}<br /> {{Provinces-Unies}} <br /> {{France monarchie}} <br /> {{Écosse}}
| combattants2 = {{Saint Empire}} <br /> {{empire colonial espagnol}} <br /> {{Portugal 1640}}<br />{{Autriche Habsbourg}} <br />{{Bavière}}
| commandant1 = [[Frédéric V du Palatinat|Frédéric V]] <br> [[Gustave II Adolphe de Suède|Gustave Adolphe]] †<br> [[Richelieu|Cardinal Richelieu]] <br> [[Christian IV de Danemark|Christian IV]] <br> [[Jean-Georges Ier de Saxe|Jean-Georges Ier]]
| commandant2 = [[Jean t'Serclaes, comte de Tilly|Jean t'Serclaes]] <br> [[Albrecht von Wallenstein]] <br> [[Ferdinand II du Saint-Empire|Ferdinand II]] <br> [[Ferdinand III du Saint-Empire|Ferdinand III]] <br> [[Gaspar de Guzmán, comte d'Olivares|Gaspar de Guzmán]] <br> [[Maximilien Ier de Bavière (électeur)|Maximilien Ier]]
| forces1 =
| forces2 =
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| pertes2 =
| batailles={{Guerre de Trente Ans}}
}}
La '''guerre de Trente Ans''' est une suite de conflits armés qui ont déchiré l’[[Europe]] de [[1618]] à [[1648]].
Les combats se déroulent initialement et principalement dans les territoires d’[[Europe centrale]] dépendant du [[Saint Empire romain germanique]], mais impliquent la plupart des puissances européennes, à l’exception notable de l’[[Angleterre]] et de la [[Russie]]. Dans la seconde partie de la période, les combats se portent aussi en [[France]], aux [[Pays-Bas]], en [[Italie]] du nord, en [[Catalogne]], etc. Pendant ces trente années, la guerre change progressivement de nature et d’objet : commencée en tant que conflit religieux, elle se termine en lutte politique entre la France et la [[Maison d’Autriche]].
== Les origines du conflit ==
[[Image:Defenestration-prague-1618.jpg|thumb|200px|''La défenestration de Prague'']]
Ses origines sont multiples, même si la première est l’opposition religieuse et politique entre catholiques et protestants [[Martin Luther|luthériens]] ou [[Jean Calvin|calvinistes]]. D’autres ressorts : tentations hégémoniques ou d’indépendance, rivalités commerciales, ambitions personnelles, jalousies familiales y trouvent leur exutoire.
La [[défenestration de Prague]], épisode relativement anodin, est la cause immédiate du conflit, mais la disproportion est grande entre l’étincelle initiale et la gravité et la durée du conflit – celles-ci ne peuvent se comprendre que par l'existence de causes profondes qui atteignent leur paroxysme pendant la même période. Ce début d’un conflit majeur n’est pas sans points communs avec celui de la [[Première Guerre mondiale]], également née dans un territoire soumis aux [[Habsbourg]].
=== Catholiques contre protestants ===
[[Image:Martin Luther by Lucas Cranach der Ältere.jpeg|thumb|150px|left|''Martin Luther'']]
À la suite de la prédication de [[Martin Luther]], la [[Réforme protestante|Réforme]] se répand rapidement. De nombreuses [[principauté]]s allemandes adoptent le [[protestantisme]] ce qui divise l'[[Saint Empire romain germanique|Empire]] en deux camps opposés. La [[Contre-Réforme]], dirigée par la maison de [[Habsbourg]] a pour ambition de regagner au [[catholicisme]] le terrain perdu.
La [[Paix d'Augsbourg|paix d'Augsbourg]] ([[1555]]) confirme les conclusions de la ''première [[diète (politique)|diète]] de [[Spire (ville)|Spire]]'' et met fin aux combats entre [[catholique]]s et [[Martin Luther|luthériens]] dans les États allemands.
Elle stipule que :
* les princes allemands (pour environ 360 d'entre eux) sont libres de choisir la confession (catholique ou luthérienne) de leurs territoires, selon leur conviction (« ''[[Cujus regio, ejus religio]]'' »);
* les [[Martin Luther|luthériens]] qui habitent dans des principautés ecclésiastiques (dépendant d'un évêque) peuvent conserver leur foi ;
* les [[Martin Luther|luthériens]] peuvent conserver les territoires conquis sur les catholiques depuis la [[paix de Passau]] en [[1552]] ;
* les dignitaires de l'Église catholique (évêques et archevêques) qui se sont convertis au luthéranisme doivent abandonner leurs domaines (évêchés et archevêchés).
Les tensions politiques et économiques s'accroissent entre les puissances européennes au début du {{s-|XVII|e}}. L'[[Espagne]] s'intéresse aux affaires allemandes car [[Philippe III d'Espagne]] est un [[Habsbourg]] et possède des territoires bordant à l'ouest certains États allemands. Les deux branches de la famille des Habsbourg restent si étroitement liées que leur politique extérieure est commune. Le roi d'Espagne en est le chef véritable.
La France s'intéresse aussi aux affaires allemandes, car elle surveille avec méfiance son encerclement par les territoires soumis aux [[Habsbourg]]. Son action est ambiguë et louvoyante, car le cardinal de [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Richelieu]] n'hésite pas à soutenir ou à s'allier aux princes protestants pour contrer la maison d'[[Autriche]], champion du [[catholicisme]] et de la chrétienté contre les Turcs pendant le même temps qu'il combat les protestants en France. La [[Suède]] et le [[Danemark]] s'intéressent aussi aux affaires de l'[[Allemagne]] du nord, dont les rivages bordent la [[mer Baltique]], pour des raisons plutôt économiques mais non dénuées d'arrière-pensées politiques.
Les tensions religieuses se sont également accrues pendant la seconde moitié du {{s-|XVI|e}}. La paix d'[[Augsbourg]] est mise à mal pendant cette période car des évêques convertis n'ont pas renoncé à leurs évêchés. Par ailleurs, le [[calvinisme]] se propage en Allemagne, ce qui ajoute une nouvelle confession. Les catholiques d'Europe orientale (Polonais, Autrichiens) souhaitent restaurer la primauté de la confession catholique.
=== Conserver l'hégémonie des Habsbourg ===
[[Image:Rudolf2.jpg|left|thumb|''L'empereur Rodolphe II'']]
[[Image:Matthias HRR MATEO.jpg|rightt|thumb|''L'empereur Mathias'']]
Les empereurs [[Rodolphe II du Saint-Empire|Rodolphe II]] puis [[Matthias Ier du Saint-Empire|Matthias {{Ier}}]] veulent avant tout accroître leur hégémonie, ils sont donc parfois prêts à coopérer avec les protestants, ce qui est mal compris par leurs partisans. La lutte entre la maison d’[[Autriche]] et la royauté française pour la suprématie en Europe dure depuis cent ans : le terrain est propice pour qu’elle s’y déploie sans ménagement.
Les [[Habsbourg]] sont en outre très tolérants, ce qui favorise l’expansion des nouvelles religions, contribuant ainsi à multiplier les causes de querelles. La [[Suède]] et le [[Danemark]], qui veulent contrôler l’Allemagne du Nord, sont dans le camp des [[Martin Luther|luthériens]].
Tout ceci dégénère en violence ouverte en [[1606]] dans la petite ville allemande de [[Donauwörth]]. La majorité [[Martin Luther|luthérienne]] empêche la communauté catholique de faire une procession, ce qui déclenche une rixe. À la demande des catholiques, le duc [[Maximilien Ier de Bavière (électeur)|Maximilien I{{er}} de Bavière]] intervient et impose le retour de la ville au catholicisme. Après ces combats, les [[Jean Calvin|calvin]]istes, encore peu nombreux en Allemagne, se sentent les plus menacés, et fondent la [[Union protestante|Ligue de l’Union Évangélique]] sous la direction de l’[[Liste des comtes palatins du Rhin|électeur]] [[Frédéric V du Palatinat]], époux d’[[Elizabeth Stuart]], fille de [[Jacques Ier d'Angleterre|Jacques {{Ier}} d’Angleterre]]. Sa possession du [[Rhénanie-Palatinat|Palatinat Rhénan]] est précisément l’un des territoires de la vallée du [[Rhin]] que convoite l’Espagne, pour pouvoir y faire passer librement ses troupes du Milanais vers les Pays-Bas. En réaction, les catholiques s’unissent en [[1609]], sous la direction de Maximilien de Bavière et sous la bannière de la [[Ligue catholique (Saint-Empire)|Sainte Ligue]] (catholique).
Un conflit indépendant, la [[Guerre de Quatre-Vingts Ans]] entre l’[[Espagne]] et les [[Provinces-Unies]], contribue à faire converger vers les pays allemands les armées espagnoles, alliées de l’[[Saint Empire romain germanique|Empire]]. En effet, l’[[Espagne]] ne dispose plus, depuis la déroute de l’[[Invincible Armada]], de la suprématie sur les mers. Le passage des troupes par la voie maritime ([[Océan Atlantique]], [[Manche (mer)|Manche]], [[Mer du Nord]]) étant trop risqué, le moyen le plus sûr pour faire passer les troupes espagnoles de la péninsule ibérique vers le lieu des affrontements aux Pays-Bas est une route passant par la [[Méditerranée]], [[Gênes]], le Milanais, les cols alpins de la [[Valteline]] et la vallée du [[Rhin]]. Le jeu des alliances focalise sur ces différentes contrées l’affrontement entre les puissances rivales.
L’empereur [[Matthias Ier du Saint-Empire|Matthias I{{er}}]], également roi de [[Bohême]], est sans descendance : se pose donc le problème de sa succession et de la conservation du titre impérial aux Habsbourg. [[Matthias Ier du Saint-Empire|Matthias]] souhaite que celui-ci revienne à son cousin germain Ferdinand de Styrie. Or, le roi de Bohême (titre électif en droit, mais habituellement dévolu à un [[Habsbourg]]) est un des sept [[prince-électeur|princes-électeurs]] : Matthias abandonne le titre de roi de Bohême en [[1617]] et Ferdinand de Habsbourg lui succède, avec la perspective de pouvoir ainsi accéder à la dignité impériale à la mort de Matthias. Les Tchèques ont obtenu de [[Rodolphe II du Saint-Empire|Rodolphe II]], par une ''lettre de majesté'' de [[1609]], des prérogatives leur assurant une certaine autonomie et des garanties concernant la liberté religieuse.
[[Image:Ferdinand2.jpg|left|thumb|''Ferdinand II'']]
Or, [[Ferdinand II du Saint-Empire|Ferdinand II]], catholique zélé qui a été éduqué chez les [[Jésuites]], veut voir revenir la Bohême dans le giron de l’Église catholique. Des incidents survenus entre l’archevêque de [[Prague]] et les luthériens amènent le ''Conseil des Défenseurs de la Foi'' à convoquer une [[Diète (politique)|diète]]. Le roi s’y oppose par une lettre.
=== La défenestration de Prague ===
{{Article détaillé|Défenestration de Prague}}
Le [[23 mai]] [[1618]] au palais de Hradschin à [[Prague]], les Défenseurs de la Foi rencontrent deux émissaires de [[Ferdinand II du Saint-Empire|Ferdinand II]], Martinitz et Slawata : ceux-ci sont passés par la fenêtre sans être sérieusement blessés car ils tombent sur un tas d’ordures. Cet évènement mineur, appelé : la ''[[Défenestration de Prague]]'', marque le début de la Guerre de Trente Ans. La révolte de la Bohême est soutenue et accompagnée avec plus ou moins de conviction par les États voisins de [[Moravie]], [[Silésie]] et [[Lusace]].
[[Image:Gerard_van_Honthorst_006.jpg|right|thumb|''Frédéric V'']]
Le [[20 mars]] [[1619]], l’empereur [[Matthias Ier du Saint-Empire|Matthias]] meurt. Mécontents de leur nouveau roi, les Tchèques déposent Ferdinand II le [[19 août]] et élisent à sa place l’[[Liste des comtes palatins du Rhin|électeur palatin]] (et ardent calviniste) [[Frédéric V du Palatinat|Frédéric V]], le [[26 août]], alors que l’élection impériale se tient à [[Francfort-sur-le-Main|Francfort]] le [[28 août]]. Un roi protestant à la tête de la Bohême signifie une majorité d’[[Prince-électeur|électeurs]] du [[Saint Empire romain germanique|Saint-Empire]] acquis au [[protestantisme]] ([[Brandebourg]], [[Duché de Saxe|Saxe]], [[Rhénanie-Palatinat|Palatinat]] et [[Bohême]] contre les trois [[prince-évêque|princes-évêques]] de [[Cologne]], [[Mayence]] et [[Trèves (Allemagne)|Trèves]]), ce qui serait un bouleversement considérable.
Les nouvelles de Bohême ne sont pas parvenues à [[Francfort-sur-le-Main|Francfort]] et Ferdinand II est élu Empereur : s’appuyant sur la [[Ligue catholique (Saint-Empire)|Sainte Ligue]] et sur son cousin [[Philippe III d'Espagne]], Ferdinand II se met en devoir de mater la révolte tchèque et d’éliminer son rival Frédéric V. De fait, ce dernier va très vite mécontenter ses sujets du fait de sa méconnaissance du pays et son [[Jean Calvin|calvin]]isme intransigeant. Le décor est en place pour le démarrage de la conflagration.
== Une guerre familiale ==
Il est intéressant de noter les étroites parentés de ces souverains régnants qui s’affrontent si longuement :
* [[Maximilien Ier de Bavière (électeur)|Maximilien {{Ier}}]] de [[Bavière]] est cousin de [[Frédéric V du Palatinat|Frédéric V]] du [[Palatinat du Rhin|Palatinat]], oncle et beau-frère de l'empereur [[Ferdinand III du Saint-Empire|Ferdinand III]] ;
* [[Charles Ier d'Angleterre|Charles I{{er}}]] d’Angleterre est beau-frère de Frédéric V et de [[Louis XIII de France]] ;
* Louis XIII est également beau-frère de Ferdinand III<ref>les deux souverains ayant épousé deux sœurs de Philippe IV</ref>, de [[Victor-Amédée Ier de Savoie|Victor-Amédée {{Ier}}]] de [[Maison de Savoie|Savoie]] et (de deux façons) de [[Philippe IV d'Espagne]], lui-même cousin de l’empereur Ferdinand III ;
* etc.
== Financement de la guerre ==
[[Image:Jacques callot miseres guerre.gif|left|360px|thumb|''Les misères de la guerre'', gravure de [[Jacques Callot]]]]
Les dégâts causés par les combats et la circulation incessante des troupes armées en campagne ou en débandade sont considérables, parfois inouïes. Les armées comprennent une majorité de mercenaires dont la paye n’est pas régulièrement assurée sur les budgets des États qui les emploient. Ainsi les soldats, mal payés, payés avec retard ou pas payés du tout sont amenés à se payer par eux-mêmes sur les populations civiles, qu’elles soient « ennemies » ou de leur propre bord. D’ailleurs [[Albrecht von Wallenstein|Wallenstein]] développe au plus haut point (s’il ne l'inventa pas) le principe selon lequel « la guerre doit financer la guerre » c’est-à-dire que l’exploitation économique des pays conquis doit être la ressource principale de l’armée en campagne, quitte à demander à des financiers des avances sur le tribut à percevoir. Des fortunes colossales sont ainsi amassées de façon scandaleuse sur le malheur des populations par des hommes sans scrupule tels que Wallenstein lui-même, [[Charles_Ier_de_Liechtenstein|Liechtenstein]] ou [[Hans de Witte]].
Les pires exactions sont commises : tortures, massacres en masse d’innocents, viols, assassinats, etc. Des épisodes comme ceux du [[Saccage de Magdebourg|sac de Magdebourg]], ou les atrocités commises au [[Palatinat du Rhin|Palatinat]], en [[Franche-Comté]] (par exemple) marquent les esprits pour des décennies et restent dans le souvenir collectif pendant plus d’un siècle, alimentant en chaîne le cycle infernal des représailles et de la vengeance. Certaines régions de l’Allemagne ou de la France actuelles ressortent de cet interminable conflit ruinées, dévastées, dépeuplées pour de longues années.
Les traités qui suivent la guerre de Trente Ans redessinent la carte de l’Europe en instaurant un nouvel équilibre des forces, consacrant le déclin de l’Espagne, l’affaiblissement durable de la Maison d’Autriche, la montée de la puissance de la [[Suède]] et de la France, l’extrême morcellement politique de l’Allemagne, l’émergence de nouvelles nations ([[Pays-Bas]], [[Suisse]]).
== Les quatre périodes de la guerre ==
[[Image:Map Thirty Years War-fr.svg|right|360px|thumb|Carte de la Guerre de Trente Ans]]
On analyse traditionnellement la guerre de Trente Ans en quatre périodes successives correspondant chacune à un élargissement de l'ensemble des protagonistes. Chacune des trois premières périodes se termine en effet par un succès du camp impérial et catholique qui détermine un nouvel acteur à entrer en lice pour voler au secours du camp protestant.
Ces périodes sont :
# la période bohémienne et palatine, de 1618 à 1625 ;
# la période danoise de 1625 à 1629 ;
# la période suédoise de 1630 à 1635 ;
# la période française ou franco-suédoise de 1635 à 1648.
=== La période bohémienne et palatine (1618-1625) ===
[[Image:Maria Anna von Bayern (1610-1665) black white.jpg|thumb|left|300px|''Maximilien {{Ier}}, [[Prince-électeur|Électeur]] et duc de Bavière et sa seconde épouse, [[Marie-Anne d'Autriche (1610-1665)|Marie-Anne d’Autriche]]'']]
Les Habsbourg ont pour alliés la papauté, leur cousin [[Philippe III d'Espagne]], [[Maximilien Ier de Bavière (électeur)|Maximilien I{{er}} de Bavière]] et sa [[Ligue catholique (Saint-Empire)|Ligue Catholique]] dont les armées sont commandées par [[Jean t'Serclaes, comte de Tilly|Jean t' Serclaes]], comte de Tilly. Les Électeurs ecclésiastiques ([[Liste des évêques de Mayence|princes-archevêques de Mayence]], de [[Électorat de Cologne|Cologne]] et de [[Liste des archevêques de Trèves|Trèves]], chefs temporels autant sinon plus que spirituels) font partie de la [[Ligue catholique (Saint-Empire)|Ligue Catholique]] (l’archevêque de Cologne est même le propre frère de Maximilien). Pourtant, l’archevêque de Trèves va plus tard, par ses intrigues et sa politique francophile, provoquer l’entrée en guerre de la France.
Le [[Prince-électeur]] [[Jean-Georges Ier de Saxe|Jean-Georges I{{er}} de Saxe]] est dans un premier temps du côté de l’Empereur, bien que protestant : il espère des gains territoriaux et, de toutes les façons, voit d’un mauvais œil la montée en puissance d’un de ses collègues [[Prince-électeur|Électeurs]] - car, élu roi de Bohême, l’[[Liste des comtes palatins du Rhin|Électeur Palatin]] dispose de deux voix sur les sept du collège électoral institué par la [[Bulle d'Or]]. Cependant, ce prince sera par la suite un allié plus que versatile.
Le Palatin et les protestants comptent sur l’appui du prince (protestant) de [[Transylvanie historique|Transylvanie]] [[Gabriel Bethlen]] et sur l’aide financière des Provinces-Unies (celles-ci sont liées par la trêve de douze ans conclue avec l'Espagne en 1609, qui va bientôt se terminer). Mais il ne peut bénéficier de celui de son beau-père, [[Jacques Ier d'Angleterre|Jacques I{{er}} d’Angleterre]] dont la politique incohérente cherche à ce moment l’alliance avec l’Espagne. De fait, [[Frédéric V du Palatinat|Frédéric V]], prince jeune, manquant d’expérience et de la stature politique qu'exige sa situation, va bien vite éprouver le manque de motivation, de constance et/ou de courage de tous ceux qui pourraient lui apporter leur appui.
Il faut remarquer que le duc de Bavière (catholique) et l’Électeur Palatin (calviniste) sont tous deux de la famille des [[Wittelsbach]], le premier issu de la branche aînée et le second issu d'une branche cadette qui a reçu la dignité électorale au {{s-|XIV|e}}: l’opposition religieuse se double d’une longue jalousie familiale. En fait, Maximilien, qui aurait pu à un moment postuler à l’Empire, a obtenu de [[Ferdinand II du Saint-Empire|Ferdinand II]], pour prix de son support, entre autres promesses celle de reprendre la dignité électorale.
[[Image:Johann Tserclaes Tilly.jpg|thumb|left|180px|''Tilly, portrait par Van Dyck'']]
Les premiers combats ont lieu dès le mois d’août [[1619]] ; les Tchèques conduits par le [[Heinrich Matthias von Thurn|comte de Thurn]] battent une armée impériale et menacent [[Vienne (Autriche)|Vienne]], mais cet avantage est momentané.
En [[Valteline]] (nord de l'Italie), les catholiques se révoltent contre la tutelle des [[Grisons]] (protestants), cela aboutit, dans toute la région, au massacre des protestants en juillet 1620 : "[[Sacro Macello]]".
[[Louis XIII de France]] souhaite aider l’Empereur. Malgré la rivalité des deux familles, ils ont en commun l’idéal monarchique, le désir de conforter le catholicisme contre les protestants et les Turcs, toujours menaçants à l’est. La France offre sa médiation, concrétisée à Ulm en juillet [[1620]] par une trêve entre catholiques et luthériens : la Bohême calviniste n’est donc pas concernée, et les armées catholiques peuvent l’attaquer librement : [[Jean t'Serclaes, comte de Tilly|Tilly]] et [[Charles-Bonaventure de Longueval, comte de Bucquoy|Bucquoy]] écrasent les révoltés de Bohême à la [[bataille de la Montagne Blanche]] (''Bila Hora'') près de [[Prague]] le [[8 novembre]] [[1620]]. Leur déroute est complète et la reprise en main de la Bohême très énergique.
[[Frédéric V du Palatinat|Frédéric V]] est vaincu, 1 an et 4 jours après le début de son règne: il restera pour la postérité le ''Roi d’un hiver''. Il est mis au ban de l’Empire, ses territoires sont confisqués et il doit s'exiler en Hollande. Il sera plus tard déchu de son titre d’[[Prince-électeur|Électeur]] au profit de Maximilien de Bavière. Celui-ci reçoit en outre une partie du Palatinat.
En Bohême, les responsables de la révolte sont condamnés à mort, la Lettre de majesté de [[Rodolphe II du Saint-Empire|Rodolphe II]] est révoquée, une intense campagne de restauration du catholicisme et de germanisation est entreprise. La couronne élective devient héréditaire au profit des Habsbourg et le siège de la Cour est transféré à Vienne.
[[Image:Saint Empire 1620 fr.svg|thumb|300px|''Campagnes de [[Jean t'Serclaes, comte de Tilly|Tilly]] et principales batailles 1619-1623'']]
Les Espagnols commandés par [[Ambrogio Spinola|Spinola]] occupent le Palatinat qui leur servira d'étape stratégique importante entre leurs domaines du Milanais où stationnent leurs troupes et les Provinces-Unies. À la mort de [[Philippe III d'Espagne|Philippe III]] en [[1621]], son fils [[Philippe IV d'Espagne|Philippe IV]], qui n’a que seize ans prend pour conseiller le comte-duc d’[[Gaspar de Guzmán, comte d'Olivares|Olivares]], catholique très zélé ; celui-ci, véritable responsable des affaires, est partisan convaincu d’une collaboration étroite avec les Habsbourg d’Autriche.
[[Image:Ernst von Mansfeld.gif|left|thumb|''Ernst von Mansfeld'']]
De nombreux princes protestants estiment que l’empereur a outrepassé ses droits; c’est une cause majeure de la poursuite et de l’extension du conflit. Trois princes, à la tête de troupes de mercenaires restent en armes : le comte [[Ernst von Mansfeld]], le plus redoutable, retourne vers les rives du Rhin avec {{formatnum:20000}} hommes ; les deux autres, [[Christian de Brunswick]] et [[Georg Friedrich de Bade-Durlach]] ont chacun {{formatnum:15000}} hommes. Ces troupes d’aventuriers sont autant, sinon plus, motivées par l’appât du gain et les perspectives de pillage que par leur conviction religieuse. [[Jean t'Serclaes, comte de Tilly|Tilly]] se porte vers les régions rhénanes pendant les années [[1621]]-[[1622]], et les affronte ensemble ou tour à tour au cours de plusieurs batailles (à [[bataille de Wiesloch|Wiesloch]] - victoire protestante, à [[Bataille de Wimpfen|Wimpfen]], à [[bataille de Höchst|Höchst]] - victoires de la [[Ligue catholique (Saint-Empire)|Ligue]] alliée aux espagnols de Spinola) sans résultat définitif. Toutefois, lors de la bataille décisive de [[bataille de Stadtlohn|Stadtlohn]] le [[6 août]] [[1623]], Tilly met en déroute complète l’armée de Christian de Brunswic] : les forces catholiques contrôlent le sud et l’ouest de l’Allemagne mais ces combats sont accompagnés de destructions, de pillages et d’exactions très importants par les armées en campagne. La France voit avec dépit le déséquilibre qui s’instaure au profit du parti des [[Habsbourg]].
=== La période danoise (1625-1629) ===
[[Image:Kristian IV av Danmark, malning av Pieter Isaacsz 1611-1616.jpg|left|thumb|Christian IV]]
En [[1625]], [[Christian IV de Danemark]] se décide à intervenir dans le conflit. Ce monarque luthérien, également duc de [[Holstein]] et comme tel, vassal de l’empereur veut à la fois défendre le luthéranisme et, si possible, étendre ses possessions en Allemagne du Nord. La France, sollicitée, mais en proie à des difficultés intérieures se limite à accorder une aide financière. Les troupes danoises sont commandées par [[Ernst von Mansfeld]]. Elles trouvent sur leur route, non seulement les armées de la [[Ligue catholique (Saint-Empire)|Sainte Ligue]] dirigées par [[Jean t'Serclaes, comte de Tilly|Tilly]], mais aussi une armée impériale nouvellement levée et placée sous le commandement d’[[Albrecht von Wallenstein]], le plus grand [[condottiere]] de son temps, homme d’intrigue autant – sinon plus – que militaire de talent.
Les Danois sont défaits tour à tour par Wallenstein le [[25 avril]] [[1626]] à [[bataille de Dessau|Dessau]] et par Tilly le [[27 août]] à [[Bataille de Lutter|Lutter]]. Wallenstein va ensuite livrer bataille et vaincre [[Gabriel Bethlen]] à Neuhäusel en [[Hongrie]]. Puis les armées catholiques, à nouveau réunies, traversent le Holstein, pénètrent au [[Jutland]] : pour sauver son royaume, Christian IV est contraint de signer la [[paix de Lübeck]] le [[12 mai]] [[1629]], par laquelle le Danemark s’engage à ne plus intervenir dans les affaires de l’Empire. C’en est fini de ce pays en tant que grande puissance européenne. Les forces catholiques dominent l’Allemagne du nord, malgré l’échec de Wallenstein devant la ville [[Hanse|hanséatique]] de [[Stralsund]] (les princes catholiques, soucieux de la montée en puissance de [Wallenstein, s’opposent à ce que Tilly le rejoigne). Il faut noter à ce propos que Wallenstein s’est lui-même toujours abstenu de trop aider Tilly lorsqu’il en a eu la possibilité : alors que ce dernier est toujours motivé par sa fidélité à ses convictions et à son camp, Wallenstein est principalement mû par l’ambition personnelle.
Débarrassé du danger danois, l’Empereur peut envoyer ses troupes en Italie du nord pour appuyer les Espagnols qui combattent les troupes françaises envoyées par [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Richelieu]] dans l’affaire de [[guerre de Succession de Mantoue|Mantoue]] et du [[Montferrat (Italie)|Montferrat]].
[[Image:Albrecht von waldstein.jpg|thumb|right|200px|Albrecht von Wallenstein]]
L’empereur récompense richement Wallenstein en ajoutant à ses possessions en Bohême de nouveaux territoires en [[Silésie]] et dans le [[Mecklembourg]] et en le nommant [[amiral]] de la [[Mer Baltique|Baltique]] : véritable maître de l’Allemagne du nord, il devient un « presque souverain », d'où la jalousie des princes de la [[Ligue catholique (Saint-Empire)|ligue catholique]]. Par ailleurs, la France agit en sous-main pour les convaincre qu’ils ont intérêt à limiter les pouvoirs de l’empereur. À la diète de [[Ratisbonne]] en août [[1630]], ils imposent à Ferdinand II de relever [[Albrecht von Wallenstein|Wallenstein]] de son commandement. Celui-ci se retire dans ses domaines de Bohême et [[Jean t'Serclaes, comte de Tilly|Tilly]] le remplace à la tête des troupes impériales. Les effectifs des armées catholiques sont diminués.
Par ailleurs, l’Édit de restitution du [[6 mars]] [[1629]] pris par [[Ferdinand II du Saint-Empire|Ferdinand II]] exige le retour à l’Église catholique de tous les biens perdus par elle depuis [[1552]] et Tilly est chargé de la mise en œuvre. Il y gagne auprès des protestants une réputation détestable, largement outrancière car lui-même fait ce qu’il peut pour limiter les exactions de ses troupes.
=== La période suédoise (1630-1635) ===
[[Image:Gustav II Adolf porträtterad av Jakob Elbfas ca 1630.jpg|thumb|left|200px|Gustave II Adolphe]]
La diplomatie de la France s’exerce aussi auprès du roi (luthérien) de Suède [[Gustave II Adolphe|Gustave II}]]. La Suède, puissance montante de la Baltique qui vient de vaincre la Pologne, a des vues sur la [[Poméranie]] et voit défavorablement la puissance catholique s’installer en Allemagne du Nord. Par le [[traité de Bärwald]] le [[23 janvier]] [[1631]], Gustave Adolphe s’engage à intervenir en Allemagne et la France à lui verser {{formatnum:400000}} [[Écu (monnaie)|écus]] par an. Les Suédois doivent respecter le culte catholique et l’indépendance de la [[Bavière]]. Dès la fin du mois, ils mettent pied en Poméranie et au [[Mecklembourg]]. Un traité secret est par ailleurs conclu entre la France et la Bavière pour se garantir mutuellement leurs possessions sur le [[Rhin]].
[[Image:Gustav II Adolf landstiger i Tyskland.jpg|thumb|right|250px|Gustave-Adolphe débarque en Allemagne]]
Gustave Adolphe est un génie militaire. Il commence par éviter le combat contre l’armée de [[Jean t'Serclaes, comte de Tilly|Tilly]], afin de lui ôter l’initiative. Celui-ci, probablement pour forcer son adversaire au combat, investit la ville protestante de [[Saccage de Magdebourg|Magdebourg]] où se tient une garnison suédoise. Ravagée par l’incendie et mise à sac sans que les circonstances soient complètement éclaircies, la ville est réduite en champ de ruines : Tilly se retire vers la [[Thuringe]], ravage la [[Duché de Saxe|Saxe]] (qui se rallie alors aux Suédois) et affronte Gustave Adolphe le [[17 septembre]] à [[Bataille de Breitenfeld|Breitenfeld]]. L’armée impériale est écrasée. Gustave Adolphe poursuit son avancée vers le sud, combattant à plusieurs reprises l’armée impériale reconstituée. Les pays sillonnés sont dévastés, les Suédois atteignant la [[Franconie]], l’[[Alsace]],la [[Lorraine]] et en particulier les [[Trois-Évêchés]], les pays rhénans, se dirigeant vers [[Munich]].
[[Ferdinand II du Saint-Empire|Ferdinand II]] ne peut que rappeler [[Albrecht von Wallenstein|Wallenstein]]. Celui-ci accepte de recruter et diriger une nouvelle armée mais à des conditions exorbitantes qui le font discuter à pied d’égalité avec l’empereur. Les armées catholiques ne font pas leur jonction : pendant que Wallenstein chasse les Saxons de Bohême, Tilly affronte une nouvelle fois les Suédois à [[bataille de Rain am Lech|Rain am Lech]] le [[15 avril]] [[1632]] : il y est grièvement blessé et ses troupes sont vaincues. Lui-même, après avoir organisé la défense de Ratisbonne et d’[[Ingolstadt]], meurt dans cette dernière ville.
Wallenstein déloge les Suédois de [[Nuremberg]] et les rencontre à la [[Bataille de Lützen (1632)|bataille de Lützen]] le [[16 novembre]] [[1632]]. Gustave Adolphe est tué au cours de l’affrontement, mais les Suédois remportent néanmoins la victoire sous le commandement repris par [[Bernard de Saxe-Weimar]]. La mort de Gustave Adolphe va quelque peu désorganiser par la suite le commandement de l’armée.
[[Image:Ermordung-wallensteins-in-eger-anonymer-kupferstich 1-640x370.jpg|thumb|300px|L’assassinat de Wallenstein]]
L'héritière du royaume, [[Christine de Suède]] âgée de six ans, laisse gouverner le régent [[Axel Oxenstierna]] qui poursuit la politique allemande de Gustave Adolphe.
De son côté, Wallenstein n’exploite pas l’avantage qu’il aurait pu tirer de la nouvelle situation et commence à travailler pour son propre compte, négociant avec les ennemis de l’empereur (Suède, France, électeurs de Saxe et de Brandebourg) dans le but de se constituer son propre royaume. Ferdinand II, convaincu de sa trahison, le relève secrètement de ses fonctions et le fait assassiner le [[25 février]] [[1634]] avec l’aide de certains de ses officiers, notamment [[Matthias Gallas|Gallas]] et [[Ottavio Piccolomini|Piccolomini]].
Les catholiques peuvent alors reprendre l’avantage, menés par l'archiduc Ferdinand, (futur [[Ferdinand III du Saint-Empire|Ferdinand III]]) avec les généraux de Wallenstein ([[Ottavio Piccolomini]] et [[Matthias Gallas]]) ralliés à l’empereur ; ils battent les protestants à [[Ratisbonne]] le [[26 juillet]] puis, avec l’aide des Espagnols sous le commandement de l’autre [[Ferdinand de Habsbourg dit le Cardinal-Infant|Ferdinand]] (fils de [[Philippe III d'Espagne]], cousin du précédent), le ''Cardinal-Infant'' en route vers les Pays-Bas, à [[bataille de Nördlingen (1634)|Nördlingen]] le [[6 septembre]] [[1634]].
=== La période française (1635-1648) ===
[[Image:Armand, Jean du Plessis.jpg|right|thumb|120px|Armand Jean du Plessis, duc de Richelieu, par Philippe de Champaigne]]
Depuis le début de la guerre, la France s’est toujours soigneusement tenue à l’écart des combats, tout en appuyant les opposants à l’empereur et au roi d’Espagne par sa diplomatie et ses subsides. Ses seules implications directes se sont exercées dans des zones périphériques :
* [[Valteline]] (occupée en [[1624]]-[[1625]] pour couper les communications entre le Milanais espagnol et l’Autriche) ;
* [[Duché de Mantoue]] et [[Montferrat (Italie)|Montferrat]], à l'occasion de la [[guerre de Succession de Mantoue]] ([[1628]]-[[1631]]) ;
* [[Duché de Lorraine|Lorraine]] (occupée en [[1633]] car son duc, [[Charles IV de Lorraine|Charles IV]], a une position hostile à la France). C’est le temps du [[premier siège de La Mothe]].
Cette politique n’est pas sans contradictions car [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Richelieu]], cardinal de l’Église catholique et adversaire impitoyable des forces protestantes à l’intérieur du royaume, est l’allié des protestants étrangers contre les [[Habsbourg]], champions du catholicisme. Les considérations religieuses s'opposent donc aux considérations politiques et à la volonté de contenir la puissance des Habsbourg. Or ceux-ci finissent par l’emporter sur leurs divers adversaires. Pour maintenir l’équilibre désiré, la France n’a plus d’autre solution que de s’engager directement dans le conflit. Cet engagement est précédé d’une intense activité diplomatique et de la négociation de multiples traités avec les ennemis de l’empereur et du roi d’Espagne (ce dernier est d’ailleurs, plus que l’empereur, le principal adversaire). Avec les Hollandais est notamment prévu le partage des [[Pays-Bas espagnols]] (''grosso modo'' l'actuelle [[Belgique]]).
Contrairement aux Danois quelques années plus tôt, les Suédois ont subi un revers, mais ne sont pas anéantis. Leur présence en Allemagne va en fait se perpétuer jusqu’à la fin de la guerre, sous des généraux de valeur tels que [[Johan Banér]] ou [[Lennart Torstenson]] qui ne vont jamais laisser les impériaux libres de se retourner complètement contre la France. Au contraire, les armées française et suédoise vont souvent se coordonner ou tenter de se rejoindre pour forcer l’ennemi commun.
==== Intervention française (1635) ====
[[Image:Bernhard of Saxe-Weimar.jpg|left|thumb|Bernard de Saxe-Weimar]]
Par précaution, les Espagnols occupent [[Philippsburg]], [[Spire (ville)|Spire]], [[Landau (ville)|Landau]] et enfin [[Trèves (Allemagne)|Trèves]] dont l’archevêque [[Philipp Christoph von Sötern]], l’un des [[Prince-Électeur|Princes-Electeurs]], s’est mis sous la protection de la France : [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Richelieu]] prend ce prétexte pour déclarer, le [[19 mai]] [[1635]], la guerre à l’Espagne, adversaire le plus direct des intérêts français. Les armées françaises, fortes de {{formatnum:120000}} hommes, vont intervenir dans quatre grands secteurs :
* vers le nord, où les [[Pays-Bas espagnols]] se trouvent pris en tenaille entre la France et les [[Provinces-Unies]] ; le commandement est aux maréchaux de [[Gaspard III de Coligny|Châtillon]] et de [[Urbain de Maillé-Brézé|Brézé]] ;
* vers l’est ([[duché de Lorraine]], [[Alsace]] et pays rhénans, [[Franche-Comté]] – alors possession de l’Empire) ; le commandement est au [[Louis de Nogaret d'Épernon|cardinal de La Valette]] et à [[Bernard de Saxe-Weimar]] qui escompte acquérir une principauté en Alsace ;
* en Italie du nord, dans le [[Piémont]] sous le maréchal de [[Charles II de Créquy|Créquy]] et dans la [[Valteline]] sous le [[Henri II de Rohan|duc de Rohan]] ;
* dans le secteur des [[Pyrénées]] ne se trouve qu’un corps d’observation.
Les combats se portent vers les Pays-Bas où Châtillon et Brézé vainquent les Espagnols à [[Les Avins]], Clavier (40 km au sud-ouest de [[Liège]], {{unité|50|km}} au sud-est de [[Namur]]) le [[20 mai]] [[1635]] avant de se joindre au prince d’Orange Frédéric-Henri. Mais des atermoiements franco-hollandais permettent aux Espagnols de recevoir des renforts et de sauver leurs possessions. C’est à ce même moment qu'est négociée la [[Paix de Prague]] entre l’Empereur et plusieurs princes protestants dont l’Electeur de Saxe : les armées impériales commandées par [[Ottavio Piccolomini|Piccolomini]] peuvent alors se retourner vers les Pays-Bas. Sur le [[Rhin]], les impériaux commandés par [[Matthias Gallas]], alliés aux troupes de Charles de Lorraine font équilibre aux troupes de la France et de [[Bernard de Saxe-Weimar]]. En Italie, l’invasion du Milanais ne peut se faire du fait de l’alliance peu fiable du [[Victor-Amédée Ier de Savoie|duc de Savoie]] et malgré les succès des troupes stationnées en [[Valteline]].
==== Avantage aux impériaux (1636) ====
[[Image:Cardinale Infante Ferdinand of Austria as Hunter.jpg|thumb|right|Ferdinand, le Cardinal-Infant]]
La campagne de [[1636]] est très difficile pour la France. Les opérations en Italie piétinent, de même que celles d’Alsace ; une opération menée en [[Franche-Comté]] se solde par un échec et [[Matthias Gallas|Gallas]] envahit la [[Bourgogne]] avant d'échouer au siège de [[Saint-Jean-de-Losne]] et de devoir repasser le [[Rhin]] à l'arrivée de renforts ; dans le nord les Espagnols et leurs alliés, sous le commandement d’[[Ottavio Piccolomini]], de [[Johann von Werth]] et du Cardinal-Infant, gagnent du terrain, prenant finalement [[Corbie]] (sur la [[Somme (fleuve)|Somme]]) le 15 août. Paris est donc directement menacé, mais [[Louis XIII de France|Louis XIII]] parvient à reprendre [[Corbie]] le [[14 novembre]].
Pourtant au Sud, l'Espagne s'est emparée de Saint Jean de Luz et menace le Sud-Ouest
Le [[4 octobre]], le général suédois [[Johan Banér]] défait les impériaux à [[Bataille de Wittstock|Wittstock]], ce qui contribue à alléger les difficultés françaises en relançant le camp protestant. [[Ferdinand II du Saint-Empire|Ferdinand II]] va bientôt mourir. Son fils et successeur [[Ferdinand III du Saint-Empire|Ferdinand III]] appelle les troupes de Gallas qui rejettent les Suédois en [[Poméranie]]. C’est la fin de la supériorité suédoise incontestée en Allemagne.
==== Confusion et statu quo (1637 - 1638) ====
Les hostilités en [[1637]] et [[1638]] sont marquées par la confusion, et un relatif ''statu quo''. Les faits les plus marquants sont en [[1637]] la mort des ducs de Mantoue et de Savoie – et le début de régence difficile de la duchesse de Savoie, [[Christine de France|Chrétienne]], la sœur de Louis XIII, en butte aux intrigues de ses beaux-frères Thomas et Maurice alliés aux Espagnols. En [[1638]] ce sont la défaite française à [[Bataille de Fontarrabie|Fontarrabie]] (au pays basque) le [[7 septembre]] malgré la destruction d’une flotte espagnole le [[22 août]] et la prise de [[Vieux-Brisach|Brisach]], clef de l’[[Alsace]] et de la [[Souabe]] par [[Bernard de Saxe-Weimar]] le [[19 décembre]]. À cette même époque, [[Jules Mazarin|Mazarin]] devient l’homme de confiance de [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Richelieu]] qui vient de perdre son « éminence grise », le [[François Leclerc du Tremblay|Père Joseph]].
==== Les impériaux sur la défensive (1640 - 1642) ====
Après une année [[1639]] sans importance au plan des opérations militaires – si ce n’est la mort de [[Bernard de Saxe-Weimar]] dont l’armée passe sous les ordres du [[Jean-Baptiste Budes, comte de Guébriant|comte de Guébriant]] - [[1640]] voit la prise d’[[Arras]], importante place forte espagnole le [[9 août]] et une nouvelle attaque de [[Johan Banér|Banér]] et de Guébriant contre les impériaux ; ils sont mis en échec par [[Ottavio Piccolomini|Piccolomini]] et Banér meurt l’année suivante. En [[1641]], le sort des armés en Italie du nord fait rentrer les [[États de Savoie]] dans la dépendance de la France. Cependant deux régions dépendant de la couronne espagnole secouent le joug : le [[Portugal]] appelle au trône Jean de Bragance, de la maison d’Aviz et la [[Catalogne]] reconnaît [[Louis XIII de France|Louis XIII]] comme comte de [[Barcelone]] et de [[comté de Roussillon|Roussillon]] le [[23 janvier]] [[1641]]. La France envoie une armée, commandée par [[Philippe de la Mothe-Houdancourt|Lamothe]] pour prendre possession de la nouvelle province. On prend plusieurs places et on met le siège devant [[Tarragone]] que bloque aussi la flotte française commandée par l’[[Henri d'Escoubleau de Sourdis|archevêque de Sourdis]]. Les Espagnols la battent et les Français doivent lever le siège.
Des tractations commencent dès [[1641]] pour ouvrir des négociations de paix, que tous les belligérants commencent à appeler de leurs vœux. Cet espoir ne doit se concrétiser que plusieurs années après, alors que les combats se continuent toujours, malgré la lassitude générale.
La France renoue avec le succès en Italie (victoire d’[[Ivrée]], prise de [[Coni]]) et en Allemagne où le [[Jean-Baptiste Budes, comte de Guébriant|comte de Guébriant]] bat Piccolomini à [[Wolfenbüttel]] le [[25 juin]] [[1641]] et Lamboy et [[Franz von Mercy|Mercy]] à [[Kempen]] le [[17 janvier]] [[1642]] et où le général suédois [[Lennart Torstenson]] remporte sur les impériaux la [[Bataille de Leipzig (1642)|(première) bataille de Leipzig]], aussi connue comme la seconde bataille de Breitenfeld le [[23 octobre]] [[1642]]. Cette même année, le maréchal de [[Philippe de la Mothe-Houdancourt|Lamothe]] est forcé d'évacuer la Catalogne malgré un succès à la [[Bataille de Lérida]] contre les Espagnols.
==== Progrès français (1642-1643) ====
[[Image:Grand-conde.jpg|left|thumb|''Le Grand Condé'']]
[[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Richelieu]] veut forcer l’Espagne en la menaçant directement. Au printemps, lui-même et [[Louis XIII de France|Louis XIII]] bien que tous deux malades partent avec une armée pour conquérir le [[comté de Roussillon|Roussillon]]. Richelieu doit s’arrêter mais le roi engage le siège de [[Perpignan]], qui est prise le [[9 septembre]]. Au mois de juin une armée française a battu les deux beaux-frères de Chrétienne de Savoie. Le [[4 décembre]] 1642 meurt Richelieu ; Louis XIII le suit dans la tombe le [[14 mai]] [[1643]], laissant la régence à une épouse peu aimée, [[Anne d'Autriche (1601-1666)|Anne d’Autriche]] qui est flanquée d’un conseil de régence composé entre autres de [[Jules Mazarin|Mazarin]] et de [[Pierre Séguier]].
[[Image:Henri de la Tour d'Auvergne-Bouillon.jpg|right|thumb|''Turenne'']]
Profitant de ces circonstances, les Espagnols s’avancent en Champagne. Ils y sont sévèrement défaits par les Français sous les ordres de [[Louis II de Bourbon-Condé|Louis de Bourbon]], [[duc d'Enghien]], âgé de 22 ans, celui qu’on appellera plus tard « le grand Condé » à la célèbre [[bataille de Rocroi]] le [[18 mai]] [[1643]]. Celui-ci s’empare plus tard de [[Thionville]]. D’autres succès français se font en Italie, en Espagne, y compris sur mer, où la flotte française est maîtresse de la [[Méditerranée]] et s'illustre lors de la [[bataille de Carthagène|bataille navale de Carthagène]]. Ces succès sont contrebalancés par des revers en Allemagne ([[Josias Rantzau|Rantzau]] battu à la [[bataille de Tuttlingen]]), à la faveur desquels le commandement du [[Jean-Baptiste Budes, comte de Guébriant|comte de Guébriant]] passe au maréchal de [[Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne|Turenne]]. Opposé aux impériaux de [[Franz von Mercy|Mercy]], il est rejoint par le duc d’Enghien et les Français prennent [[Fribourg-en-Brisgau|Fribourg]] ([[3 août]] [[1644]]), bientôt reperdue, puis se rendent maîtres de la vallée du Rhin.
==== Paroxysme et fin de la guerre (1645 - 1648) ====
[[Image:Rocroi.jpg|250px|thumb|Le duc d'Enghien à la bataille de Rocroi]]
Les principaux événements de [[1645]] se déroulent en Allemagne. [[Lennart Torstenson|Torstenson]] continue ses campagnes victorieuses ([[Bohême]], [[Silésie]], [[Moravie]]), s’approchant de [[Vienne (Autriche)|Vienne]]. [[Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne|Turenne]] veut le rejoindre, dans des conditions difficiles, liées à l'indiscipline de ses soldats - [[Franz von Mercy|Mercy]] en profite pour lui infliger la défaite de [[bataille de Mergentheim|Mergentheim]]. Rejoint par le [[Louis II de Bourbon-Condé|duc d’Enghien]], ils rencontrent les impériaux à la seconde [[bataille de Nördlingen (1645)|bataille de Nördlingen]], le 3 août, où [[Franz von Mercy|Mercy]] est tué. Mais [[Lennart Torstenson|Torstenson]] ne peut forcer [[Vienne (Autriche)|Vienne]], doit se retirer en [[Bohême]] pendant que les Français évacuent leurs éphémères conquêtes, en les dévastant systématiquement.
Les campagnes de [[1646]], [[1647]] voient à nouveau des opérations tour à tour favorables à chacun des camps, en Italie du nord, dans les Pays-Bas. Les Français sous le [[Louis II de Bourbon-Condé|duc d’Enghien]] s’emparent de plusieurs villes de [[Comté de Flandre|Flandres]], mais après la [[siège de Dunkerque|prise de Dunkerque]], les Hollandais font une trêve avec les Espagnols (laquelle trêve se termine par une paix définitive) et ces derniers peuvent reprendre pied.
[[Image:Battle of Lens.jpg|thumb|left|Bataille de Lens]]
Cela se passe moins bien pour les Français en [[Catalogne]] : Le [[Henri de Lorraine-Harcourt|comte d'Harcourt]] doit abandonner le siège de [[Lérida]] en [[1646]]. Afin d'éloigner le ''vainqueur de Dunkerque'' dont les ambitions deviennent gênantes, [[Jules Mazarin|Mazarin]] nomme le [[Louis II de Bourbon-Condé|duc d’Enghien]] par ailleurs devenu prince de Condé depuis la mort de son père, vice-roi de [[Catalogne]] avec la charge de reprendre le [[siège de Lérida (1647)|siège de Lérida]]. Il échoue dans cette tâche et la Catalogne est perdue pour la France, définitivement.
Bien que les champs de bataille d’Allemagne soient considérés par la France comme théâtre d’opérations d’importance secondaire, c’est là que [[Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne|Turenne]] lui offre les plus grandes victoires des derniers temps de la guerre. Il reprend son projet de rejoindre les Suédois pour se diriger vers [[Vienne (Autriche)|Vienne]], impose un traité à [[Maximilien Ier de Bavière (électeur)|Maximilien de Bavière]] mais reçoit l’ordre de revenir sur le [[Rhin]]. Le duc de Bavière rompt le traité. L’année suivante, Turenne revient en [[Souabe]] puis en Bavière, rejoint le Suédois [[Carl Gustaf Wrangel|Wrangel]], inflige aux impériaux la [[Bataille de Zusmarshausen|défaite de Zusmarshausen]] ([[17 mai]] [[1648]]) et chasse de [[Munich]] |Maximilien de Bavière avant de devoir se retirer.
La dernière grande bataille de la guerre est celle de [[bataille de Lens|Lens]] ([[19 août]] [[1648]]) : Condé y défait si sévèrement les Espagnols qu'elle détermine la signature de la paix dont les négociations durent depuis cinq ans.
== Les [[traités de Westphalie]] ==
[[Image:Helst, Peace of Münster.jpg|thumb|right|''Banquet de la garde civique d'Amsterdam à l'occassion de la paix de Münster'' par Bartholomeus van der Helst, peint en 1648|300px]]
Les traités de Westphalie concluent la guerre de Trente Ans et, simultanément, la [[guerre de Quatre-Vingts ans]] le [[24 octobre]] [[1648]]. Négociés pendant plusieurs années, ils sont signés en deux lieux distincts, pour des raisons de préséance et d’incompatibilité religieuse :
* à Osnabrück entre le Saint-Empire, la Suède et les puissances protestantes ;
* à Münster entre l’Empire, la France et les autres puissances catholiques.
La guerre entre la France et l’Espagne n’est pas incluse dans leurs dispositions.
=== Autres traités ===
* Traité de Vic ([[ Vic-sur-Seille ]] ) signé le 6 janvier 1632 entre le duc de Lorraine [[Charles IV de Lorraine|Charles IV]] et Louis XIII.
*Traité de [[Liverdun]]: 26 juin 1632,La capitale du Duché de Lorraine Nancy est menacée directement par les Français,le Duc Charles IV doit signer de nouveau un traité avec le Roi Louis XIII. Ce dernier rend les principales places occupées mais le Duc doit céder au Roi, pour 4 ans, les villes de Stenay, [[Dun-sur-Meuse ]] , Jametz et Clermont. Cette ville étant donnée définitivement à la France en échange d'une indemnité. D'autre part, Charles IV promet de rendre hommage au Roi pour le Duché de Bar d'ici à un an.<ref>Almanach Vermot 2008 et "Une guerre de trente ans en Lorraine" page369 de Philippe Martin- Professeur d'histoire moderne à l'Université de Nancy 2</ref>
*Traité de [[Charmes]]: Signé le 19 septembre 1633, cinq jours aprés, l'armée ducale cède la ville de Nancy à l’armée française. Le 25 septembre, le Roi lui même s'installa dans la ville ducale, nommant un gouverneur, le baron de Brassac,(Jean de Galard de Béarn,né en 1580 ,comte de Brassac,baron de St-Maurice et de la Rochebeaucourt) celui ci s'établit au palais du Gouverneur le 1er octobre 1633.
* [[Traité des Pyrénées]] entre l'Espagne et la France, [[7 novembre]] [[1659]].
* [[Traité de Vincennes]] entre la France et la [[Lorraine]], [[1661]].
* [[Trêve d'Andrusovo]] entre la Pologne et la Russie en [[1667]].
== Les conséquences du conflit ==
[[Image:Moncourt.JPG|thumb|''La chapelle de [[Moncourt (chapelle)|Moncourt]], seul vestige d'un village détruit.'']]
La guerre de Trente Ans a ravagé pour de longues années toutes les régions, principalement en [[Allemagne]], qu'ont traversées en tous sens les armées venues de toutes parts. Les populations sont décimées, par les armes, les exactions de la soldatesque, les dégâts innombrables, les disettes qui s'ensuivent, les épidémies.
Certaines provinces, se dépeuplent de manière dramatique par suite de la mort ou de la fuite des habitants vers des contrées moins exposées. Des historiens estiment que certaines régions perdent jusqu'à la moitié de leur population ([[Duché de Saxe|Saxe]], [[Hesse historique|Hesse]], [[Alsace]], [[Franche-Comté]]) ou même les deux tiers tel le [[Palatinat du Rhin|Palatinat]]. Les traités de paix sont signés dans un pays en ruine et qui mettra des dizaines d'années à se relever. Les autres belligérants (Suède, France, Espagne) sont financièrement exsangues.
Cette guerre modifie de plus profondément l'équilibre des forces politiques européennes :
* le [[Danemark]] perd définitivement son statut de grande puissance ;
* la [[Suède]] devient maîtresse de la [[Mer Baltique|Baltique]] et assure sa suprématie en [[Europe du Nord]] : elle gagne la [[Poméranie occidentale]], les villes de Wismar et [[Stettin]], le [[Mecklembourg]], les évêchés de [[Verden]] et de [[Brême (ville)|Brême]] qui lui assurent le contrôle des embouchures de l'[[Elbe (fleuve)|Elbe]] et de la [[Weser]] ;
* le [[Brandebourg]] acquiert la [[Poméranie]] orientale et les archevêchés de [[Magdeburg]] et Halberstadt : la future puissance prussienne est en germe dans la montée en puissance de cet État du nord de l'Allemagne.
* la [[Duché de Saxe|Saxe]] conserve la [[Lusace]] ;
* la [[Bohême]] demeure domaine héréditaire des Habsbourg ;
* la [[Bavière]] conserve le [[Haut-Palatinat]] et la dignité électorale ;
* le Bas-Palatinat est restitué à Charles Louis, le fils de [[Frédéric V du Palatinat|Frédéric V]], et un 8{{e}} siège électoral est créé en sa faveur ;
* la [[Haute-Autriche]] revient aux [[Habsbourg]] ;
* [[Saint Empire romain germanique|l'Empire]] est éclaté en une multitude de petits États pratiquement indépendants : son titulaire ne dispose plus que d'une autorité très réduite pendant que les [[Empire ottoman|Turcs]] menacent ses frontières orientales. En outre, son affaiblissement ouvre la porte à l'avènement d'états modernes, préludes aux droits des peuples à disposer d'eux-mêmes, et donc à l'avènement des démocraties modernes;
* les [[Pays-Bas]] et la [[Suisse]] gagnent leur indépendance de droit ;
* la [[France]] est la grande gagnante : son hégémonie pourra bientôt s’affirmer sous [[Louis XIV de France|Louis XIV]]. Elle bénéficie de plusieurs gains territoriaux sur ses frontières : les Trois-Évêchés, officiellement rattachés, ainsi que Breisach et [[Philippsburg]], l’[[Alsace]] et [[Strasbourg]] (en 1681), la forteresse de [[Pignerol]], l’[[Artois]] et le [[Comté de Roussillon|Roussillon]].
* l’[[Espagne]] entame un déclin prolongé qu’accroîtront les [[Charles II d'Espagne|difficultés dynastiques]].
Des pays qui sont restés à l’écart et se sont « économisés » pourront aussi entrer bientôt en lice : l’[[Angleterre]] et la [[Russie]].
== La Guerre de Trente ans a inspiré des artistes ==
* [[Gravure]]s de [[Jacques Callot]] : ''Les misères de la guerre''
* Le [[roman picaresque]] anonyme intitulé ''La vida y hechos de [[Estebanillo González]], hombre de buen humor'' (1646)
* [[Roman (littérature)|Roman]] de [[Grimmelshausen]] : ''[[Simplicius Simplicissimus]]''
* Portraits de Tilly, Wallenstein, etc en chefs de guerre par [[Antoon Van Dyck]].
*[[Poésie]] d'[[Andreas Gryphius]] : ''Les larmes de la patrie'', 1636
* Gravures de [[Hans Ulrich Franck]].
== Liste des principaux acteurs ==
[[Image:Matthias Gallas.gif|right|thumb|Matthias Gallas]]
[[Image:Johan Banér2.jpg|thumb|right|''Johan Banér'']]
[[Image:Lennart Torstenson.jpg|thumb|right|''Lennart Torstenson'']]
* L’[[Saint-Empire Romain germanique|Empire]]
** [[Ferdinand II du Saint-Empire|Ferdinand II]] (1578-1637)
** [[Ferdinand III du Saint-Empire|Ferdinand III]] (1608-1657)
** [[Charles-Bonaventure de Longueval, comte de Bucquoy]] (1571-1621)
** [[Albrecht von Wallenstein]] (1583-1634)
** [[Matthias Gallas]] (1584-1647)
** [[Gottfried Heinrich von Pappenheim]] (1594-1632)
** [[Ottavio Piccolomini]] (1599-1656)
** [[Peter Melander]] (1585-1648)
** [[Johann von Werth]] (1595-1652)
* La [[Ligue catholique (Saint-Empire)|Ligue Catholique]]
** [[Maximilien Ier de Bavière (électeur)|Maximilien {{Ier}} de Bavière]] (1573-1651)
** [[Jean t'Serclaes, comte de Tilly]] (1559-1632)
**[[Franz von Mercy]] (1590-1645)
* L’[[Union protestante|Union Évangélique]]
** [[Frédéric V du Palatinat]] (1596-1632)
** [[Christian Ier d'Anhalt-Bernburg|Christian {{Ier}} d’Anhalt-Bernburg]] (1568-1630)
** [[Heinrich Matthias von Thurn]] (1567-1640)
** [[Ernst von Mansfeld]] (vers 1580-1629)
** [[Georg Friedrich de Bade-Durlach]] (1573-1638)
** [[Christian de Brunswick]] (1599-1626)
** [[Bernard de Saxe-Weimar]] (1604-1639)
* L’[[Espagne]]
** [[Philippe III d'Espagne|Philippe III]] (1578-1621)
** [[Philippe IV d'Espagne|Philippe IV]] (1605-1665)
** [[Ferdinand d'Autriche (1609-1641)|Ferdinand d’Autriche]], dit le « Cardinal-Infant » (1609/1610-1641)
** [[Gaspar de Guzmán, comte d'Olivares|Gaspar de Guzmán, Comte-duc d'Olivares]] (1587-1645)
** [[Ambrogio Spinola]] (1569-1650)
* Le [[Danemark]]
** [[Christian IV de Danemark]] (1577-1648)
* La [[Suède]]
** [[Gustave II Adolphe de Suède]] (1594-1632)
** [[Axel Oxenstierna]] (1583-1654)
** [[Johan Banér]] (1596-1641)
** [[Gustaf Horn]] (1592-1657)
** [[Lennart Torstenson]] (1603-1651)
** [[Carl Gustaf Wrangel]] (1613-1676)
* La [[France]]
** [[Louis XIII de France|Louis XIII]] (1601-1643)
** [Armand Jean du Plessis de Richelieu|[Richelieu]] (1585-1642)
** [[Louis II de Bourbon-Condé|Condé]] 1621-1686)
** [[Henri de la Tour d'Auvergne-Bouillon, vicomte de Turenne|Turenne]] (1611-1675)
** [[François-Henri de Montmorency-Bouteville|Luxembourg]] (1628-1695)
* La [[Transylvanie historique|Transylvanie]]
** [[Gabriel Bethlen]] (1580-1629)
== Notes et références ==
{{Références|colonnes=2}}
== Bibliographie ==
* {{fr}} Henri Sacchi, ''La Guerre de Trente Ans'', Editions L'Harmattan, 2003 <small>NB : A ce jour, l'étude la plus complète en français sur la Guerre de Trente Ans</small>
**Tome 1 : ''L'ombre de Charles Quint'', 450 pages - {{ISBN|2-7475-2300-4}}
**Tome 2 : ''L'empire supplicié'', 555 pages - {{ISBN|2-74752301-2}}
**Tome 3 : ''Cendres et Renouveau'', 512 pages - {{ISBN|2-7475-2302-0}}
* {{fr}} Victor L. Tapié, ''La Guerre de Trente Ans'', Sedes, 1989. <small>NB : ouvrage classique, qui continue à faire référence.</small>
* {{fr}} Georges Livet, ''La Guerre de Trente Ans'', collection « Que sais-je ? », PUF, 1{{er}} octobre 1994 {{ISBN|2130459889}}
* {{fr}} Henry Bogdan, ''La guerre de Trente Ans'', Perrin, 12 septembre 1999 {{ISBN|2262010692}}
* {{de}} Johannes Burkhardt, ''Der Dreißigjährige Krieg'', Frankfurt/Main, 1992
* {{de}} Georg Schmidt, ''Der Dreißigjährige Krieg'', 6. Aufl., München: Beck, 2003 {{ISBN|3-406-49034-4}}
* {{de}} Gerhard Schormann, ''Dreißigjähriger Krieg. 1618-1648'', Stuttgart, 2001
* {{de}} Friedemann Bedürftig, ''Taschenlexikon Dreißigjähriger Krieg'', Taschenbuch, 261 Seiten, Piper 1998
* {{de}} N. M. Sutherland, « The Origins of the Thirty Years War and the Structure of European Politics », ''in English Historical Review'' 107 (1992), S. 587-625 [Sutherland kritisiert die teilweise eindimensionale Betrachtung des Dreißigjährigen Krieges als primär deutscher Krieg.]
*{{en}} Geoffrey Parker, ''The Thirty Years' War'' : (Routledge and Kegan Paul)(Traduction française : ''La guerre de Trente ans'', Aubier-Montaigne): ouvrage classique
== Voir aussi ==
=== Liens internes ===
* [[Chronologie de la guerre de Trente Ans]]
* [[Liste des batailles de la guerre de Trente Ans]]
* [[Formation territoriale de la France]]
* [[Armand Jean du Plessis de Richelieu]]
=== Lien externe ===
*[http://www.westfaelischer-frieden.de Projet « Traité de Westphalie » (avec les volumes d'essai de 26e Exposition du Conseil de l'Europe "1648: Guerre et Paix en Europe", 1998/1999, en allemand)]
{{Portail|FGS|Histoire militaire}}
{{Article de qualité | date=28 mai 2005 | oldid=2087633 }}
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