Hadès
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2008-07-23T13:22:08Z
Jastrow
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{{voir homonymes}}
[[Image:Hades Altemps Inv8584.jpg|thumb|right|Buste d'Hadès, copie romaine d'après un original grec du {{Ve siècle av. J.-C.}}, [[palais Altemps]]]]
Dans la [[mythologie grecque]], '''Hadès''' (en [[grec ancien]] {{grec ancien|Ἅιδης}} / ''Aidês''), frère de [[Zeus]] et de [[Poséidon]], est le maître des [[Enfers grecs|Enfers]] (dans le sens gréco-romain du terme). Il est marié à [[Perséphone]].
Il correspond au [[Sérapis]] [[Dynastie des Ptolémées|ptolémaïque]] et au [[Pluton (mythologie)|Pluton]] [[Rome antique|romain]], qui lui est postérieur.
== Mythe ==
[[Image:Amphora Hades Louvre G209.jpg|thumb|left|Hadès tenant la [[corne d'abondance]], détail d'une amphore [[attique]] à figures rouges du peintre d'Oionoclès, v. [[-470|470 av. J.-C.]], [[musée du Louvre]]]]
Il est fils à [[Zeus]]. Il prend part à la [[titanomachie]] et reçoit des [[Cyclope]]s la [[kunée]], un [[casque]] merveilleux qui rend invisible, alors que Zeus reçoit la foudre et Poséidon le trident<ref>{{ApoBib}} (I, 2, 1). La kunée est mentionnée pour la première fois dans l'{{HomIli|compact}} (V, 844-845).</ref>. On ne s'explique pas bien en quoi un tel objet lui est utile, puisque les dieux se rendent ordinairement invisibles en se couvrant d'une nuée ; il se rattache probablement à l'[[étymologie populaire]] du nom d'Hadès – « l'invisible »<ref>{{IliCom2}}, commentaire des vers V, 844-845, p. 147-148.</ref>.
=== Souverain des ombres ===
Au terme de la guerre contre les Titans, Hadès reçoit en partage les « ombres brumeuses » et réside avec elles dans les [[Enfers grecs|Enfers]]<ref>''Iliade'' (XV, 187-189 et 191) ; voir aussi {{HomHym}} (''à Déméter'', 84-87).</ref>. Roi des morts<ref name="EscPer">{{EscPer}} (628).</ref>, sa principale mission est d'empêcher ceux-ci de quitter les Enfers, car leur vue qui remplirait d'horreur les hommes comme les dieux<ref>''Iliade'' (XX, 61-65).</ref>. [[Pindare]] lui donne pour attribut un sceptre grâce auquel il conduit les morts<ref>{{PinOde}} (''Olympiques'', IX, 33-35).</ref>, un rôle qui relève normalement d'[[Hermès]] de [[psychopompe]]<ref>Voir par exemple {{SopŒC}} (1548).</ref>. Dans ''[[les Perses]]'', le nom d'Hadès est invoqué en même temps que celui d'Hermès et Gaïa pour faire revenir sur terre l'âme de Darius<ref name="EscPer" />.
[[Eschyle]] le présente par deux fois comme le juge des morts. Dans ''les Suppliantes'', [[Danaos]] clame que « là-bas aussi Quelqu'un fait justice des crimes, dit-on – un autre Zeus : à lui, chez les défunts, le dernier Jugement<ref>{{EurSupp}} (228-231) ; extrait de la traduction de [[Victor-Henry Debidour]] pour De Fallois, 1999.</ref>. » Dans ''les Euménides'', le chœur déclare de même qu'
<blockquote>
« Il se fait rendre<br />
de terribles comptes,<br /> le Prince des morts, là-bas sous la terre,<br />
et dans son grand Livre,<br />
son œil vigilant ne laisse rien perdre. »
</blockquote>
On peut rapprocher ces mentions des propos d'[[Agamemnon]] prenant à témoin de son serment Zeus, [[Hélios]] et « vous qui, sous le sol / tirez punition des morts qui font de faux serments », c'est-à-dire Hadès et Perséphone<ref>''Iliade'' (III, 278-279) ; extrait de la traduction de Frédéric Mugler.</ref>. Ailleurs, [[Althée]], mère de [[Méléagre (mythologie)|Méléagre]], demande à Hadès et Perséphone la mort de celui qui a tué ses frères<ref>''Iliade'' (IX, 566-571).</ref>. Malgré tout, l'idée de [[jugement dernier]] se rattache plus aux traditions égyptiennes qu'à celles des Grecs<ref>Gantz, p. 72.</ref>.
Il est parfois compté parmi les [[Divinités olympiennes|douze Olympiens]], bien que cela soit contraire à la tradition dominante : il ne sort que rarement de son royaume, l'exception la plus notable étant l'enlèvement de Perséphone<ref>Voire d'autres jeunes filles, voir {{StrGéo}} (VIII, 3, 14).</ref>. Hadès est par ailleurs assez discret dans la mythologie, étant essentiellement lié à des légendes impliquant des [[culte héroïque grec|héros]] : [[Orphée]], [[Thésée]] et [[Héraclès]] sont parmi les rares mortels à le rencontrer. Inversement, il donne à [[Sisyphe]], [[Protésilas]] et [[Eurydice]] l'autorisation de quitter les Enfers.
[[Dioné (mythologie archaïque)|Dioné]] raconte dans ''[[l'Iliade]]'' comment Héraclès blesse Hadès d'une flèche et le laisse « dans [[Pylos]], au milieu des morts » ; Hadès doit monter dans l'[[mont Olympe|Olympe]] pour se faire soigner par [[Péan]]<ref>''Iliade'' (V, 395-402).</ref>. Les commentateurs antiques ont fourni plusieurs explications à ce passage curieux : l'épisode peut prendre place lors de la [[descente aux Enfers (Héraclès)|descente aux Enfers]] du héros pour capturer [[Cerbère]]<ref>[[Scholie]] bT aux vers V, 398-397 de ''l'Iliade''.</ref>. Ce pourrait également être une allusion à l'attaque d'Héraclès contre les Pyliens, qui ont apporté leur soutien à [[Orchomène]] contre [[Thèbes (Grèce)|Thèbes]]<ref>Scholie T au vers XI, 690 de ''l'Iliade''.</ref>, ou encore au massacre des fils de [[Nélée]] par le héros<ref>Scholie bT aux vers V, 392-394, {{PauDes}} (VI, 25, 2) et Apollodore, ''Bibliothèque'' (II, 7, 3) ; voir sur le massacre ''l'Iliade'' (XI, 690-693).</ref>.
C'est en tout cas au cours de la descente aux Enfers qu'Héraclès tue l'une des vaches qu'Hadès possède sur [[Érythie]], l'île rouge, pour offrir un sacrifice de sang aux âmes des morts. Le berger, [[Ménœtios fils de Ceutonymos]], défie le héros à la lutte pour l'en empêcher, mais doit se retirer du combat les côtes cassées<ref>Apollodore, ''Bibliothèque'' (II, 5, 12).</ref>.
=== Enlèvement de Perséphone ===
[[Image:Persephone Hades BM Vase E82.jpg|thumb|right|Hadès et [[Perséphone]], médaillon d'un [[kylix (vase)|kylix]] [[attique]] à figures rouges, v. [[-440|440]]-[[430|430 av. J.-C.]], [[British Museum]]]]
L'enlèvement de Perséphone par Hadès est le mythe le plus populaire rattaché au dieu ; on le trouve déjà chez [[Hésiode]] sous une forme très résumée : « Aïdôneus ravit [Perséphone] à sa mère, et le prudent Zeus la lui accorda »<ref>''Théogonie'' (913-914). Extrait de la traduction de Paul Mazon pour la Collection des Universités de France.</ref>.
Dans sa forme plus complète, narrée par l’''Hymne homérique à Déméter'', Hadès enlève Perséphone avec l'autorisation de Zeus<ref>''Hymne à Déméter'' (3, 9-10, 30-31 et 415-416) ; dans ''le Rapt de Proserpine'' (II, 204-231) de [[Claudien]], Zeus envoie même un éclair pour décourager la poursuite.</ref>, alors que la jeune fille est occupée à cueillir des fleurs en compagnie d'[[Océanide]]s<ref>''Hymne à Déméter'' (5-8).</ref>, d'[[Athéna]] et d'[[Artémis]]<ref>''Hymne à Déméter'' (425).</ref> dans la plaine de Nysie<ref>''Hymne à Déméter'' (16-17) ; {{DioBib}} (V, 3, 1-4) place la scène dans la plaine d'[[Enna]], en [[Sicile]].</ref>. Sa mère Déméter la cherche partout sur Terre ; [[Hélios]], dieu du soleil, lui apprend finalement que sa fille se trouve dans le royaume des morts<ref>''Hymne à Déméter'' (74-87).</ref>. En colère, Déméter quitte le séjour des dieux pour se réfugier sur la terre et pour se venger, elle empêche les semences de germer<ref>''Hymne à Déméter'' (306-311).</ref>.
Zeus doit alors tenter une réconciliation et, par l'intermédiaire d'[[Hermès]], ordonne à son frère de rendre Perséphone à sa mère avant que la Terre entière ne meure de faim. Hadès accepte de la laisser partir, mais lui donne un grain de [[grenade (fruit)|grenade]] à manger. Quand Déméter revoit de nouveau sa fille, elle comprend immédiatement le problème et prévient cette dernière que si elle a mangé la nourriture des morts, elle devra rester aux Enfers un tiers de l'année (l'[[hiver]]), ne pouvant remonter dans l'Olympe que les deux tiers restants, « quand la terre est verdoyante de toutes sortes de fleurs »<ref>''Hymne à Déméter'' (399-404). Extrait de la traduction de Renée Jacquin pour Ophrys.</ref> – ou, dans des versions ultérieures, six mois aux Enfers et six mois dans l'Olympe<ref>{{OviMét}} (V, 564) et {{HygFab}} (146).</ref>. Perséphone avoue qu'elle a mangé un grain de grenade – ou, dans une version tardive, est dénoncée à Hadès par un dénommé [[Ascalaphos]]<ref>''Métamorphoses'' (V, 533-550) et Apollodore, ''Bibliothèque'' (I, 5, 3 et II, 5, 12).</ref>.
=== Autres amours et descendance ===
On prête à Hadès, avant qu'il n'épouse Perséphone, une aventure avec [[Menthé]], fille du fleuve [[Cocyte]]<ref name="Opp">{{OppHal}} (III, 485 et suiv.)</ref>. Après avoir été délaissée, Menthé se venge en dénigrant sans cesse sa rivale. Elle est transformée en plante, la [[menthe]], par Perséphone elle-même<ref>''Métamorphoses'' (X, 728-731).</ref> ou sa mère<ref name="Opp" />. Dans une autre version, Perséphone piétine la malheureuse avant d'opérer la métamorphose<ref>''Géographie'' (VIII, 3, 14).</ref>.
[[Leucé]], une autre nymphe fille d'[[Océan (mythologie)|Océan]], est enlevée par Hadès et changée par Perséphone (ou Hadès) en peuplier blanc<ref>{{PauDes}} (V, 14, 2).</ref>.
Selon la ''[[Souda]]'', un lexique [[Empire byzantin|byzantin]] tardif ({{Xe s}}-{{XIe siècle}}), il aurait une fille du nom de [[Macaria fille d'Hadès|Macaria]], déesse de la mort « heureuse ».
== Culte ==
Très peu de lieux de culte lui sont destinés, au point qu'un [[scholie|scholiaste]] de ''l'Iliade'' déclare crânement qu'il n'en existe aucun<ref>Scholie à ''l'Iliade'' IX, 158.</ref>. En réalité, la cité d'[[Élis]], dans le nord ouest du [[Péloponnèse]], possède bien un temple d'Hadès, ouvert une seule fois par an et seulement pour le prêtre du dieu<ref>Pausanias (VI, 25, 1).</ref>. Pausanias note que « les Éléens sont les seuls à [s]a connaissance qui rendent un culte à Hadès », mais donne par ailleurs des indications sur un culte à [[Coroné]]<ref>Pausanias (II, 35, 9).</ref> ; [[Strabon]] évoque également un culte à [[Hermione (ville)|Hermioné]]<ref>Strabon (IX, 411).</ref>.
Hadès est « Zeus souterrain »<ref>« {{grec ancien|Ζεὑς καταχτόνιος}} » ; ''Iliade'' (IX, 457).</ref>, à rapprocher du « Zeus chtonien » qu'[[Hésiode]] recommande au laboureur d'invoquer avant de mettre la main à la charrue<ref>« {{grec ancien|Διῒ χτονίῳ}} » ; {{HésTra|compact}} (465).</ref>. Il est plus couramment vénéré sous des [[épiclèse]]s qui ont une valeur d'[[euphémisme]]. Il est ainsi {{grec ancien|Πλοὐτων}} / ''Ploútôn'', « le Riche », parce qu'il est maître des richesses du sol, qu'elles soient minérales ou végétales ; sous ce nom, un temple lui est consacré sous ce nom à [[Éleusis]] et il reçoit des honneurs à Athènes<ref>Pausanias (I, 28, 6).</ref>.
On lui sacrifie des brebis ou des taureaux noirs durant la nuit uniquement. [[Euripide]] indique qu'Hadès ne fait pas l'objet de libations rituelles.
== Iconographie ==
Dieu des morts, craint et détesté, il est représenté comme un homme mûr, barbu, tenant la [[corne d'abondance]], symbole des richesses du sol dont il est le maître. Il arrive que les vases le nomment explicitement Ploutôn<ref>{{CarMyt}}, p. 77.</ref>. Pour autant, il ne doit pas être confondu avec [[Ploutos]], personnification de la richesse.
L'enlèvement de Perséphone est le sujet d'une fresque du {{IVe siècle av. J.-C.}}, dans le tombeau dit « de Perséphone » à [[Vergina]] ; peut-être est-elle une œuvre du Nicomaque dont, selon [[Pline l'Ancien]], une composition sur le même sujet se trouve sur le [[Capitole]], à Rome<ref>{{PliHN}} (XXXV, 108).</ref>. Le mythe est également représenté sur des vases attiques, lucaniens et campaniens, des plaques de terre cuite de [[Locres]], des bas-reliefs de sarcophage ou encore des monnaies<ref>Voir Ruth Lindner, ''Der Raub der Persephone in der antiken Kunst'', ''Beiträge zur Archäologie'' 16, Konrad Triltsch Verlag, Würzburg, 1984.</ref>.
== Étymologie ==
Une [[étymologie|explication étymologique]] souvent donnée pour le mot « Hadès » le décompose en un {{grec ancien|α-ϝἰδής}} / ''widếs'' (du verbe {{grec ancien|εἴδω}} / ''eídô'', « voir »), ce qui signifierait « invisible ». Or, d'un point de vue linguistique, l'hypothèse ne tient pas. En effet, le préfixe privatif, issu de la vocalisation d'un *n, est nécessairement bref, alors que {{grec ancien|Ἅιδης}} comporte un {{grec ancien|ᾱ}} (alpha long) initial. L'aspiration est également gênante. Il ne s'agit donc que d'une [[étymologie populaire]], existant déjà dans l'[[Antiquité]]. Aucune hypothèse concernant le nom du dieu n'est réellement convaincante.
== Épiclèses, attributs et sanctuaires ==
* '''Épithètes''' : ''[[Polydegmon]]'' (« celui qui reçoit de nombreux hôtes »), ''Ploutôn'' (« celui qui enrichit »), ''Eubouleus'' (« le Bon Conseiller »), ''Aïdôneus'' ({{grec ancien|Ἅιδωνευς}}, « celui qu' on ne voit pas »), ''Klymenos'' (« Renommé »), ''Pylartes'' (« aux portes solidement closes »), ''Stygeros'' (« horrible »), ''Zeus Katachtonios'' ou ''Zeus Chthonios'' (« le Zeus des Enfers »).
* '''Ses attributs''' : le serpent, [[Cerbère]], la [[kunée]], la [[corne d'abondance]], la lance à deux fourches, le [[cyprès]].
* '''Sanctuaires''' : [[Sanctuaire des Grands Dieux de Samothrace|Samothrace]] (sous le nom d'Axiokersos, époux de Perséphone-Axiokersa), [[Élis]] et [[Éleusis]].
== Notes ==
{{références|colonnes=2}}
== Bibliographie ==
{{Commonscat|Hades|Hadès}}
* {{Gantz EGM}}
<br clear="all" />
{{Divinités olympiennes}}
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