Hannibal Barca
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2008-07-19T16:13:03Z
Lilyu
270309
{{Voir homonymes|Hannibal}}
{{AvJC}}
{{Infobox biographie
| nom = Hannibal Barca
| image = HannibalTheCarthaginian.jpg
| tailleimage(en px) = 200
| legende = Buste d’Hannibal
| nomofficiel =
| surnom =
| datedenaissance = 247 av. J.-C.
| lieudenaissance = [[Carthage]]
| datededeces = 183 av. J.-C.
| ageaudecès = 63
| lieudedeces = [[Bithynie]]
| nationalite = [[Civilisation carthaginoise|Carthage]]
| metier =
| occupation = [[général]] et [[Personnalité politique|homme politique]]
| formation = [[commandant en chef]]
| hommage =
| autresfonctions =
| note =
| famille = [[Hamilcar Barca]], père<br />[[Magon Barca]], frère<br />[[Hasdrubal Barca]], frère
}}
'''Hannibal Barca''' (en [[phénicien]] ''Hanni-baal'' signifie « qui a la faveur de [[Baal]]<ref>{{en}} [http://www.worldinvisible.com/library/chesterton/everlasting/part1c7.htm Gilbert Keith Chesterton, « The Everlasting Man », ''The War of The Gods and Demons'', 1925]</ref> » et ''Barca'', « foudre<ref>{{en}} [http://www.hannibalofcarthage.org/hannibal.php Biographie d’Hannibal (Forged By Lightning: A Novel of Hannibal and Scipio)]</ref> »), généralement appelé '''Annibal''' ou '''Hannibal''', né en [[-247|247 av. J.-C.]] à [[Carthage]] (au nord-est de l'actuelle [[Tunis]]) et mort par suicide en [[-183|183 av. J.-C.]]<ref name="Cornelius">{{fr}} [[:s:Les Vies des grands capitaines - Hannibal|Cornélius Népos, « Hannibal », ''Les Vies des grands capitaines'']]</ref>{{,}}<ref name="date décès">La date de la mort d’Hannibal est généralement située en 183 mais, selon certains auteurs, elle pourrait dater de 182.</ref>{{,}}<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXXIX.html#50 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXXIX, 50-51]</ref>{{,}}<ref>Alfred John Church et Arthur Gilman, ''The Story of Carthage'', éd. Biblo & Tannen, 1998, p. 269</ref> en [[Bithynie]] (près de l’actuelle [[Bursa]] en [[Turquie]]), est un [[général]] et [[Personnalité politique|homme politique]] [[Civilisation carthaginoise|carthaginois]] généralement considéré comme l’un des plus grands tacticiens militaires de l’histoire.
Il grandit durant une période de tension dans le [[bassin méditerranéen]] alors que [[République romaine|Rome]] commence à imposer sa puissance en Méditerranée occidentale : après la prise de la Sicile et de la Sardaigne, conséquence de la [[Première Guerre punique]], les Romains envoient des troupes en [[Illyrie]] et poursuivent la colonisation de l’Italie du Nord. Élevé, selon la tradition historiographique latine, dans la haine de Rome, il est à l’origine de la [[Deuxième Guerre punique]] que les Anciens appelaient d’ailleurs « guerre d’Hannibal ». À la fin de l’année [[-219|219]], il quitte l’[[Hispanie|Espagne]] avec son armée et traverse les [[Pyrénées]] puis les [[Alpes]] pour gagner le nord de l’[[Italie]]. Pourtant, il ne parvient pas à prendre [[Rome]]. Selon certains historiens, Hannibal ne possède alors pas le matériel nécessaire à l’attaque et au siège de la ville<ref>{{en}} [http://books.google.com/books?vid=ISBN0521809185&id=6rLDy6qqi0UC&pg=PA68&lpg=PA68&ots=v4ZLkF5etg&dq=siege+equipment,+hannibal,+rome&sig=z1NtgjjtEWYjL5lt4D3qpMq3TKg#PPA68,M1 Christopher S. Mackay, ''Ancient Rome. A Military and Political History'', éd. Cambridge University Press, Cambridge, 2004, p. 68]</ref>. Pour J. F. Lazenby, ce ne serait pas le manque d’équipements mais celui de ravitaillement et son propre agenda politique qui empêchent Hannibal d’attaquer la cité<ref>J. F. Lazenby, ''Hannibal's War. A Military History of the Second Punic War'', éd. University of Oklahoma Press, Norman, 1998</ref>. Néanmoins, il réussit à maintenir une armée en Italie durant plus d’une décennie sans toutefois parvenir à imposer ses conditions aux Romains. Une contre-attaque de ces derniers le force à retourner à Carthage où il est finalement défait à la [[bataille de Zama]] (ayant lieu entre [[Constantine (Algérie)|Constantine]] et [[Tunis]] en [[Numidie]]).
L’historien militaire Theodore Ayrault Dodge lui donne le surnom de « père de la stratégie<ref name="Dodge">Theodore Ayrault Dodge, ''Hannibal. A History of the Art of War Among the Carthaginians and Romans Down to the Battle of Pydna. 168 BC'', éd. Da Capo Press, New York, 1995.</ref> » du fait que son plus grand ennemi, Rome, adopte par la suite des éléments de sa tactique militaire dans son propre arsenal stratégique. Cet héritage lui confère une réputation forte dans le monde contemporain et il est considéré comme un grand stratège par des militaires tels que [[Napoléon Ier|Napoléon I{{er}}]] et le [[Arthur Wellesley de Wellington|duc de Wellington]]. Sa vie sert plus tard de trame à de nombreux films et documentaires. [[Bernard Werber]] lui rend ainsi hommage au travers du personnage du « Libérateur<ref>Bernard Werber, ''Le Souffle des dieux'', éd. Le Livre de poche, 2005, p. 171 {{ISBN|9782253121190}}</ref> » et d’un article de ''[[L'Encyclopédie du savoir relatif et absolu|L’Encyclopédie du savoir relatif et absolu]]'' mentionné dans son ouvrage ''[[Le Souffle des dieux]]''<ref>Bernard Werber, ''op. cit.'', p. 210 {{ISBN|9782253121190}}</ref>.
== Contexte historique ==
{{Article détaillé|Première Guerre punique}}
{{Rome antique}}
Au milieu du {{-s|III|e}}, la ville de [[Carthage]], où naît Hannibal<ref name="Cornelius"/>, est fortement imprégnée de la [[Époque hellénistique|culture helléniste]] issue des vestiges de l’[[empire]] d’[[Alexandre le Grand]]<ref name="Insecula">{{fr}} [http://www.insecula.com/contact/A008004.html Biographie d’Hannibal (Insecula)]</ref>. Carthage occupe alors une place prépondérante dans les échanges commerciaux du [[bassin méditerranéen]] et possède notamment des [[comptoir]]s en [[Sicile]], en [[Sardaigne]], sur les côtes de l’[[Hispanie]] et en [[Afrique du Nord]]. Elle dispose également d’une importante flotte de guerre qui assure la sécurité des routes maritimes empruntées par ses marchands : vers Alexandrie au sud de la Méditerranée et vers l’ouest et l’Espagne où se trouvent les mines d’argent qui lui permettent de payer le tribut dû à Rome après la Première Guerre punique.
L’autre puissance méditerranéenne de l’époque est [[Rome antique|Rome]], avec laquelle Carthage entre en conflit pendant une vingtaine d’années lors de la Première Guerre punique (« punique »<ref>En latin ''punicus''</ref> est un adjectif dérivé de « phénicien »<ref>En latin ''Poeni''</ref> utilisé pour désigner les Carthaginois<ref>''Encyclopédie 360'', éd. Rombaldi / Paris Match, 1970, vol. 3, p. 21</ref>), première guerre d’envergure dont Rome sort victorieuse. Cet affrontement entre la République romaine et Carthage est provoqué par un conflit secondaire à [[Syracuse]]. Il est marqué par trois phases sur des terrains d’opérations terrestres et maritimes : en Sicile ([[-264|264]]-[[-256|256]]), en Afrique ([[-256|256]]-[[-250|250]]) et à nouveau en Sicile ([[-250|250]]-[[-241|241]]). C’est lors de cette dernière phase, puis surtout après la guerre, que [[Hamilcar Barca]], père d’Hannibal, qui dirige la guerre contre Rome depuis [[-247|247]], se fait connaître. Après une défaite navale aux [[îles Égades]] au nord-ouest de la Sicile, il doit, au printemps 241, signer un traité avec le [[consul]] romain [[Caius Lutatius Catulus (consul en -242)|Caius Lutatius Catulus]]<ref name="Hamilcar">{{fr}} [[:s:Les Vies des grands capitaines - Hamilcar|Cornélius Népos, « Hamilcar », ''Les Vies des grands capitaines'']]</ref>. Cet accord impose à Carthage de quitter la Sicile<ref name="Insecula"/> mais lui permet de conserver sa flotte.
Au lendemain de la Première Guerre punique, malgré les précautions prises par Hamilcar Barca, Carthage se trouve en difficulté pour disperser ses troupes de [[mercenaire]]s qui ne tardent pas à assiéger la ville<ref name="Hamilcar"/>. Cet épisode est connu comme la [[Guerre des Mercenaires]]. Hamilcar parvient à réprimer cette révolte dans le sang au défilé de la Scie<ref>Polybe le nomme le « défilé de la Scie », mais Gustave Flaubert ([[:s:Le Défilé de la Hache|''Salammbô'']]), qui utilise la traduction de Dom Vincent Thuillier (1727-1730), l’appelle « défilé de la Hache ».</ref> en [[-237|237]]. Rome, n’ayant plus d’opposition, s’empare de la Sardaigne qui appartient aux Carthaginois<ref name="TL,21,1">{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#1 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 1]</ref>. Pour compenser cette perte, Hamilcar passe en Hispanie où il s’empare d’un vaste territoire au sud-est du pays. Pendant une dizaine d’années, Hamilcar mène la conquête du sud de l’Hispanie assisté de son gendre [[Hasdrubal le Beau|Hasdrubal]]<ref name="Hamilcar"/>. Cette conquête rétablit la situation financière de Carthage grâce à l’exploitation des [[Mine (gisement)|mines]] d’[[argent]] et d’étain.
== Ascension ==
=== Jeunesse ===
[[Image:Comic History of Rome Table 06 Hannibal whilst even yet a child swears eternal hatred to the Romans.jpg|300px|thumb|Caricature du serment que fait Hannibal à son père consistant à jurer de rester à jamais un ennemi de Rome.]]
Hannibal Barca est le fils aîné du général [[Hamilcar Barca]]<ref name="TL,21,1"/>{{,}}<ref name="Richard Bedser">{{en}} [http://channel.nationalgeographic.com/channel/hannibal/ Richard Bedser, ''Hannibal V Rome'', BBC et Atlantic Productions, Londres, 2005]</ref>. « Barca » n'est pas un [[nom de famille]] mais il est néanmoins porté par son fils<ref>[[Will Durant]], ''Caesar and Christ'', éd. Simon & Schuster, New York, 1944, p. 45</ref>. Les historiens désignent la famille de Hamilcar sous le nom de [[Barcides]] afin d’éviter la confusion avec d’autres familles carthaginoises où les mêmes prénoms (Hannibal, Hasdrubal, Hamilcar, Magon, etc.) sont fréquemment portés.
Il n’existe que peu de sources à propos de l’éducation d’Hannibal. On sait toutefois qu’il apprend d’un [[précepteur]] [[Sparte|spartiate]], nommé Sosylos, les [[Littérature grecque|lettres grecques]]<ref name="Cornelius"/>, l’histoire d’[[Alexandre le Grand]] et l’art de la guerre. Il acquiert ainsi ce mode de raisonnement et d’action que les Grecs nomment « métis » et qui se fonde sur l’[[intelligence]] et la ruse.
Après avoir agrandi son territoire, Hamilcar enrichit sa famille et, par la même occasion, Carthage elle-même<ref name="Hamilcar"/>. Poursuivant ce but, Hamilcar, s’appuyant sur la cité de [[Gadès]] (Hispanie) près du [[détroit de Gibraltar]], commence à assujettir les tribus [[péninsule ibérique|ibères]]. Carthage, à ce moment, est dans un tel état d’appauvrissement que sa marine est incapable de transporter son armée en [[Hispanie]]. Hamilcar est donc obligé de la faire marcher vers les [[Colonnes d'Hercule|colonnes d’Hercule]] puis de la faire traverser en [[Bac (bateau)|bac]] le détroit de Gibraltar, entre le [[Maroc]] et l’[[Espagne]]. L’historien romain [[Tite-Live]] déclare que quand Hannibal va voir son père et le prie de l’autoriser à l’accompagner, celui-ci accepte<ref name="TL,21,1"/>{{,}}<ref name="Richard Bedser"/> sous réserve qu’Hannibal jure, qu’aussi longtemps qu’il vivrait, il ne serait jamais un ami de Rome<ref name="Cornelius"/>{{,}}<ref name="TL,21,1"/>{{,}}<ref name="méditerrannées.net">{{fr}} [http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/victor/43.html Aurelius Victor, ''Liber de viris illustribus'', XLIII]</ref>. D’autres historiens rapportent qu’Hannibal déclare à son père :
{{Début citation}}Je jure que dès que l’âge me le permettra [...] j’emploierai le feu et le fer pour briser le destin de Rome<ref name="Dodge"/>{{,}}<ref>{{en}} [http://www.reversespins.com/patton.html Patton, the Second Coming of Hannibal (Reverse Spins)]</ref>.{{Fin citation}}
Son apprentissage de la pratique de l’action militaire intervient rapidement sur le terrain sous l’égide de son père puis de son beau-frère [[Hasdrubal le Beau]]<ref name="Encarta"/> qui succède à Hamilcar tué sur le champ de bataille contre des [[Révolte|rebelles]] espagnols<ref name="Richard Bedser"/> en [[-229|229]]<ref name="Insecula"/> ou en [[-230|230]]<ref name="Carthage Lives">{{en}} [http://www.carthagelives.com/Hannibal.htm Biographie d’Hannibal (Carthage Lives)]</ref> et le nomme à la tête de la cavalerie<ref name="Cornelius"/>{{,}}<ref name="TL,21,2">{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#2 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 2]</ref>. Dans ce domaine, Hannibal dévoile très tôt son endurance et son sang-froid<ref name="Britannica">{{en}} [http://encyclopedia.jrank.org/HAN_HEG/HANNIBAL_mercy_or_favour_of_Baa.html Biographie d’Hannibal (onzième édition de l’''Encyclopædia Britannica'')]</ref>, sachant également se faire apprécier et admirer de ses soldats<ref name="TL,21,4">{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#4 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 4]</ref>. Hasdrubal poursuit quant à lui une politique de consolidation des intérêts ibériques de Carthage<ref name="Insecula"/>. Ainsi, il marie Hannibal à une princesse ibère<ref name="livius.org">{{en}} [http://www.livius.org/ha-hd/hannibal/hannibal.html Biographie d’Hannibal (Livius.org)]</ref> prénommée Imilce, avec qui il aurait eu un fils<ref name="famille hannibal">{{en}} [http://www.carthagelives.com/HanFamily.htm Famille d’Hannibal (Carthage Lives)]</ref>. Cependant, cette alliance reste considérée comme probable et n’est pas attestée de tous<ref name="famille hannibal"/>. Par ailleurs, Hadrusbal signe en [[-226|226]] un [[Traité (droit)|traité]] avec Rome partageant la péninsule ibérique en deux zones d’influence<ref name="Carthage Lives"/>. L’[[Èbre]] en constitue la [[frontière]]<ref name="Carthage Lives"/>, Carthage ne devant pas s’étendre au-delà de ce fleuve dans la mesure où Rome ne s’étendrait pas non plus au sud du cours d’eau<ref name="TL,21,2"/>. En [[-221|221]], Hasdrubal fonde la nouvelle capitale, [[Carthagène (Espagne)|Carthagène]]<ref name="Insecula"/> située en [[Communauté autonome de Murcie|Murcie]] (sud de l’[[Espagne]]). Mais, un peu plus tard, un [[Esclavage|esclave]] [[Gaule|gaulois]], accusant Hadrusbal d’avoir assassiné son maître<ref name="TL,21,2"/>{{,}}<ref>{{fr}} [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/polybe/deux.htm#VII Polybe, ''Histoire générale'', Livre II, 7]</ref>, l’assassine à son tour en [[-221|221]]<ref name="livius.org"/>.
=== Commandant en chef ===
Hannibal est alors choisi par l’armée carthaginoise pour succéder à Hadrusbal en tant que [[commandant en chef]]<ref name="Carthage Lives"/>. Il est ensuite confirmé dans cette fonction par le gouvernement<ref name="Britannica"/>{{,}}<ref name="Columbia">{{en}} [http://www.bartleby.com/65/ha/Hannibal.html Biographie d’Hannibal (The Columbia Encyclopedia)]</ref> malgré l’opposition de [[Hannon le Grand|Hannon]] (riche aristocrate carthaginois)<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#3 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 3]</ref>. Il a alors à peine 25 ans<ref name="Cornelius"/>. [[Tite-Live]] donne à cette époque cette description du jeune général carthaginois :
{{Début citation}}Hannibal, dès son entrée en Espagne, attira sur lui tous les yeux. « C’est Hamilcar dans sa jeunesse qui nous est rendu », s’écriaient les vieux soldats. « Même énergie dans le visage, même feu dans le regard : voilà son air, voilà ses traits »<ref name="TL,21,4"/>.{{Fin citation}}
Après avoir assumé le commandement, Hannibal passe deux ans à consolider les possessions hispaniques et à terminer la conquête des territoires au sud de l’Èbre<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#5 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 5]</ref>{{,}}<ref>Theodore Ayrault Dodge, ''Hannibal. A History of the Art of War Among the Carthaginians and Romans Down to the Battle of Pydna. 168 B.C'', p. 143</ref>. Cependant, Rome, redoutant la puissance grandissante d’Hannibal en Hispanie, conclut une alliance avec la ville de [[Sagonte]]<ref name="Carthage Lives"/>, pourtant située à une distance considérable au sud de l’Èbre dans la zone reconnue à l’influence carthaginoise<ref name="Insecula"/>, et déclare la cité sous son [[protectorat]]<ref name="TL,21,6">{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#6 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 6]</ref>. L’argumentaire romain s’appuie sur le traité de [[-241|241]] qui interdit à Carthage de s’attaquer à un allié de Rome tandis qu’Hannibal met en avant le traité signé par Hasdrubal qui lui reconnaît la [[souveraineté]] carthaginoise au sud de l’Èbre. Hannibal encercle Sagonte<ref name="Richard Bedser"/> et mène le [[Siège de Sagonte|siège de la ville]]<ref name="TL,21,6"/> qui tombe en [[-219|219]], probablement au mois de novembre<ref name="Carthage Lives"/>, après huit mois<ref name="Columbia"/>{{,}}<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#14 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 14]</ref>{{,}}<ref>La plupart des habitants s’immolent dans un épisode resté célèbre.</ref>. Rome réagit à ce qu’elle considère comme une violation du traité et réclame justice auprès du gouvernement carthaginois<ref name="Encarta"/>. En raison de la grande popularité d’Hannibal et du risque de perte du prestige carthaginois en Hispanie, le gouvernement oligarchique de Carthage ne renie pas ces actions et la guerre à laquelle le général avait pensé, la [[Deuxième Guerre punique]], est déclarée à la fin de l’année<ref name="Britannica"/>{{,}}<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#18 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 18]</ref>.
== Deuxième Guerre punique ==
{{Article détaillé|Deuxième Guerre punique}}
=== Préparatifs ===
Après que les Carthaginois ont encerclé<ref name="Richard Bedser"/> et détruit<ref name="méditerrannées.net"/> [[Sagonte]], les Romains décident de contre-attaquer sur deux fronts en Afrique du Nord et en Hispanie, à partir de la [[Sicile]] qui doit leur servir de base opérationnelle. Cependant, Hannibal met en place une stratégie pour le moins inattendue : il veut porter la guerre au cœur de l’[[Italie]] par une marche rapide à travers l’Hispanie et le sud de la [[Gaule]]<ref name="Richard Bedser"/>. Sachant que sa flotte est largement inférieure à celle des Romains, il ne les attaque pas par la mer : il choisit un trajet terrestre beaucoup plus long mais plus intéressant car il lui permet de recruter en chemin bon nombre de [[mercenaire]]s ou de s’allier aux peuples [[celtes]] désireux d’en découdre avec les Romains<ref name="Richard Bedser"/>. Avant son départ, il joue habilement avec ses effectifs et envoie en Afrique du Nord des contingents d’[[Ibères]] tandis que des [[Libyens]] viennent assurer la sécurité des possessions de Carthage en Hispanie<ref name="TL,21,21">{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#21 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 21]</ref>.
Jusqu’à la fin du printemps [[-218|218]], période à laquelle il quitte [[Carthagène (Espagne)|Carthagène]]<ref name="TL,21,23">{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#23 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 23]</ref>{{,}}<ref>{{en}} [http://books.google.com/books?vid=ISBN0631218483&id=6uVh2FH-LF4C&pg=PA225&lpg=PA225&ots=aUKons0ouH&dq=hannibal,+spring,+218,+cartagena&sig=8SF-BPj6YsPUyo_4Abwjmr0-0NA Serge Lancel, ''Hannibal'', éd. Fayard, Paris, 1995, p. 225]</ref>, Hannibal met sur pied une grande armée et envoie des représentants négocier son passage à travers les [[Pyrénées]] et nouer des alliances le long de son trajet. Selon [[Tite-Live]], Hannibal traverse l’[[Èbre]] avec {{formatnum:90000}} fantassins et {{formatnum:12000}} cavaliers<ref name="TL,21,23"/>. Il laisse un détachement de {{formatnum:10000}} fantassins et {{formatnum:1000}} cavaliers pour défendre l’Hispanie<ref name="TL,21,23"/> ainsi que {{formatnum:11000}} Ibères qui se montrent réticents à quitter leur territoire<ref name="TL,21,23"/>. Il disposerait donc de {{formatnum:70000}} fantassins et {{formatnum:10000}} cavaliers après le passage des [[Pyrénées]]. Selon d’autres sources, il parvient en Gaule à la tête de quelques {{formatnum:40000}} fantassins et {{formatnum:12000}} cavaliers<ref>John Prevas, ''Hannibal Crosses the Alps. The Invasion of Italy and the Second Punic War'', éd. Da Capo Press, New York, 2001, p. 86</ref>. Il est toutefois difficile d’évaluer ses effectifs réels. Certaines estimations vont jusqu’à {{formatnum:80000}} hommes. À son arrivée en Italie, il semble diriger, selon les sources, entre {{formatnum:20000}}<ref name="Crouzet">Sandrine Crouzet, « Hannibal. L’homme qui a fait trembler Rome », ''L’Histoire'', n°308, avril 2006, pp. 76-80</ref> et {{formatnum:50000}}<ref name="livius.org"/> [[Infanterie|fantassins]] et entre {{formatnum:6000}}<ref name="Crouzet"/> et {{formatnum:9000}} cavaliers<ref name="livius.org"/>. D’autre part, à plusieurs reprises, Carthage envoie des renforts à Hannibal, du moins, au début de la guerre. De plus, plusieurs peuplades se rallient, même provisoirement, à Hannibal. Ainsi, {{formatnum:40000}} Gaulois s'ajoutent à l'armée carthaginoise<ref name="Carthage Lives guerres puniques">{{en}} [http://www.carthagelives.com/HanPunicwar.htm Guerres puniques (Carthage Lives)]</ref>.
Par ailleurs, Hannibal possède quelques [[Éléphant de guerre|éléphants de guerre]] dont le rôle est important dans les armées de l’époque et que les Romains connaissent bien pour en avoir rencontré en se battant contre les troupes de [[Pyrrhus Ier|Pyrrhus I{{er}}]]. En réalité la plupart des 37 éléphants d’Hannibal<ref>{{en}} [http://www.mainlesson.com/display.php?author=macgregor&book=rome&story=alps&PHPSESSID=eb1cde7138b9994d0c97c7a7c1005a85 Mary Macgregor, « Hannibal crosses the Alps », ''The Story of Rome'', p. 178]</ref>, ce qui est un chiffre assez faible si on le compare à celui d’autres armées de l’époque hellénistique, meurent dans la traversée des [[Alpes]] ou dans l’humidité des [[marais]] [[Étrurie|étrusques]]. Le seul survivant est utilisé comme monture par Hannibal<ref name="Po,3,16">{{fr}} [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/polybe/trois.htm#XVI Polybe, ''Histoire générale'', Livre III, 16]</ref>{{,}}<ref name="TL,22,2">{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXII.html#2 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXII, 2]</ref>. En effet, Hannibal aurait perdu son [[œil]] droit<ref name="Cornelius"/> lors d’une bataille mineure<ref name="livius.org"/> et utiliserait ce moyen de transport pour ne pas entrer au contact de l’eau<ref name="Po,3,16"/>{{,}}<ref name="TL,22,2"/>. Selon d’autres historiens, Hannibal souffrirait en fait d’une ophtalmie<ref name="livius.org"/> qui le rend [[Borgne (ophtalmologie)|borgne]]<ref name="Britannica"/>.
=== Voyage vers l’Italie ===
Hannibal pénètre en [[Gaule]] en évitant soigneusement de s’attaquer aux villes grecques de [[Catalogne]]. On pense que, après avoir franchi les Pyrénées au [[col du Perthus]] et établi son campement près de la ville d’Illibéris<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#24 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 24]</ref> — actuelle [[Elne]] à proximité de [[Perpignan]] —, il se dirige sans encombre jusqu’au [[Rhône]], où il arrive en septembre avant que les Romains ne puissent empêcher son passage, à la tête de quelque {{formatnum:38000}} fantassins, {{formatnum:8000}} cavaliers et 37 éléphants de guerre<ref>{{en}} [http://books.google.com/books?vid=ISBN0631218483&id=6uVh2FH-LF4C&pg=PA60&lpg=PA60&ots=aUKons1lrD&dq=hannibal,+9,000,+gaul&sig=VmI384S-_PzLHpB4JnFd-Da4CkA Serge Lancel, ''op. cit.'', p. 60]</ref>.
Après avoir évité les populations locales, qui tentent d’arrêter sa progression, Hannibal échappe à une troupe romaine venant de la côte méditerranéenne en remontant la [[Vallée du Rhône (France)|vallée du Rhône]]<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#29 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 32]</ref>. Les Romains venant de conquérir la [[Gaule cisalpine]], Hannibal espère, s’il parvient à traverser les Alpes, trouver un renfort chez les [[Peuples gaulois|Gaulois]] du nord de l'Italie<ref name="Richard Bedser"/>{{,}}<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#29 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 29]</ref>.
=== Traversée des Alpes ===
==== Hypothèses du tracé ====
[[Image:Hannibal3.jpg|left|thumb|270px|Hannibal et ses hommes traversant les [[Alpes]].]]
L’itinéraire emprunté par Hannibal reste toujours sujet à polémiques<ref name="Britannica"/>. En octobre [[-218|218]]<ref name="Carthage Lives"/>, les Alpes peuvent être franchies par le [[col du Petit-Saint-Bernard]]<ref name="méditerrannées.net"/>, par celui du [[Col du Mont-Cenis|Mont-Cenis]] ou encore par celui de [[Col de Montgenèvre|Montgenèvre]]<ref name="Britannica"/>{{,}}<ref name="Columbia"/>. Certains auteurs indiquent qu’il emprunte le col du Clapier<ref>{{fr}} [http://www.chalet-lavis-trafford.com/histoire.html Histoire du chalet Lavis-Trafford]</ref> ou, plus au sud, le [[col de Larche]].
Les détails fournis par [[Polybe (historien)|Polybe]]<ref name="Polybe, III, 11">{{fr}} [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/polybe/trois.htm#XI Polybe, ''Histoire générale'', Livre III, 11]</ref> et [[Tite-Live]]<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#31 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XII, 31] et [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#35 35]</ref> sont très imprécis. Par ailleurs, aucune trace archéologique n’apporte de preuves irréfutables d’un quelconque itinéraire. Toutes les hypothèses avancées, souvent par des spécialistes mais aussi par des auteurs plus imaginatifs, le sont sur l’interprétation des textes de Tite-Live et de Polybe (près d’un millier d’ouvrages ont déjà été écrits sur le sujet<ref>Aujourd’hui, Internet a pris le relais dans la quête d’une hypothétique réponse avec de nombreux sites dédiés : [http://hannibal-dans-les-alpes.com], [http://ollier.pierre.free.fr/HANNIBAL.htm] ou [http://nemausensis.chez-alice.fr/personnages/Hannibal05.htm]</ref>).
L’une des caractéristiques majeures du col par lequel Hannibal aurait franchi les Alpes est la vue que l’on a du [[Col de montagne|col]] sur la [[plaine du Pô]]. Hannibal y aurait en effet montré la plaine du Pô à ses soldats affamés et découragés<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#35 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XII, 35]</ref>. Dans les Alpes septentrionales, du Montgenèvre au [[Col du Grand-Saint-Bernard|Grand-Saint-Bernard]], seul le col de Savine-Coche et le col de Larche permettent cette vue<ref>{{fr}} [http://hannibal-dans-les-alpes.com/11-hypotheses-maurienne.htm Hypothèse de la Maurienne (Hannibal dans les Alpes)]</ref>. Reste que les partisans du Petit-Saint-Bernard contestent le sens de la phrase de [[Polybe (historien)|Polybe]], qui écrit :
{{Début citation}}Les soldats, consternés par le souvenir des maux qu’ils avaient soufferts, et ne se figurant qu’avec effroi ceux qu’ils avaient encore à endurer, semblaient perdre courage. Hannibal les assemble, et comme du haut des Alpes, qui semblent être la citadelle de l’Italie, on voit à découvert toutes ces vastes plaines que le Pô arrose de ses eaux, il se servit de ce beau spectacle, unique ressource qui lui restait, pour remettre ses soldats de leur frayeur. En même temps, il leur montra du doigt le point où Rome était située et leur rappela qu’ils avaient pour eux la bonne volonté des peuples qui habitaient le pays qu’ils avaient sous les yeux<ref name="Polybe, III, 11"/>.{{Fin citation}}
Cette scène est représentée dans de nombreux tableaux et dessins dont l’un de [[Francisco de Goya]]<ref>{{en}} [http://eeweems.com/goya/goya_lostpainting.html Francisco Goya, ''Hannibal the Conqueror, viewing Italy from the Alps for the first time'', peinture à l’huile, 1770 (Erik Weems)]</ref>. Les partisans du Petit-Saint-Bernard affirment que les [[brouillard]]s qui s’élèvent souvent de la plaine du Pô empêchent de voir celle-ci. Pourtant, cette plaine a été vue et photographiée de nombreuses fois. Un exemple figure sur le [[Site web|site]] de Patrick Hunt, professeur d’[[archéologie]] à [[Université Stanford|Stanford]], consacré à ses recherches du col par lequel Hannibal serait passé en Italie. Ce dernier considère lui aussi le col du Clapier comme le seul col qui réponde parfaitement aux textes antiques. [[Polybe (historien)|Polybe]] donne également une autre caractéristique majeure :
[[Image:Comic History of Rome p 173 Hannibal crossing the Alps.jpg|thumb|230px|''Hannibal crossing the Alps'', par John Leech, 1850.]]
{{Début citation}}Hannibal, arrivé dans l’Italie avec l’armée que nous avons vue plus haut, campa au pied des Alpes, pour donner quelque repos à ses troupes [...] il tâcha d’abord d’engager les peuples du territoire de Turin, peuples situés au pied des Alpes<ref>{{fr}} [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/polybe/trois.htm#XII Polybe, ''Histoire générale'', Livre III, 12]</ref>.{{Fin citation}}
Dans les Alpes septentrionales, un seul col satisferait à ces deux conditions (vue sur la plaine du Pô et peuplement des Taurins) : le col du Clapier. Ainsi, depuis le colonel Perrin en [[1883]], de nombreux auteurs se rallient à cette thèse<ref>Ce sont notamment le colonel Paul Azan (1902), le capitaine Colin (1904), H. Ferrand (1908), Spenser Wilkinson (1911), Marc-Antoine de Lavis-Trafford (1956), l’historien savoyard Jean Prieur (1968), Serge Lancel (1996), le savant suisse E. Meyer, Guy Barruol (1996), Denis Proctor (1971), Wallbank (1977) ou J. F. Lazenby (1998).</ref>. La seule exception notable est la thèse de Sir Gavin de Beer (publiée en [[1955]]) qui propose le col de la Traversette dans les Alpes méridionales, près du [[mont Viso]]. Son tracé ne traverse pas le pays des [[Allobroges]] et son hypothèse est violemment contestée, y compris en [[Angleterre]].
Enfin, l’usage habituel des historiens antiques étant d’imaginer des discours vraisemblables placés dans la bouche des personnages historiques, il n’y a guère de raisons de croire à l’authenticité absolue de cette scène, et au geste d’orateur qui l’accompagne. Dès lors qu’il est possible que la scène relatée soit une aimable [[Image d'Épinal|image d’Épinal]], la comparaison des divers chemins envisageables ne peut emporter de décision définitive.
Selon les sources, Hannibal perd lors de cette traversée, entre {{formatnum:3000}}<ref>{{en}} [http://www.mainlesson.com/display.php?author=macgregor&book=rome&story=alps&PHPSESSID=eb1cde7138b9994d0c97c7a7c1005a85 Mary Macgregor, « Hannibal crosses the Alps », ''The Story of Rome'', p. 182]</ref> et {{formatnum:20000}} hommes<ref name="Richard Bedser"/>. Les quelques survivants arrivant en Italie sont affamés et ont souffert du froid<ref name="Richard Bedser"/>.
==== Choix décisif ====
Quel que soit le passage choisi, la traversée des Alpes est l’un des choix tactiques les plus marquants de l’Antiquité. Hannibal parvient à traverser les montagnes malgré les obstacles que sont le [[climat]], le terrain, les attaques des populations locales et la difficulté de diriger des soldats d’origines ethnique et linguistique diverses.
Après avoir passé les [[Alpes]] et être parvenu dans la région de [[Turin]] avec des troupes très réduites, Hannibal bat coup sur coup les premières troupes romaines qui lui sont opposées au [[Tessin (rivière)|Tessin]] et à la Trébie<ref name="Encarta"/> — actuelle [[Trebbia]], rivière du nord de l’Italie. La [[bataille du Tessin]], qui est plus qu’une simple escarmouche entre la [[cavalerie]] romaine du [[consul]] [[Publius Cornelius Scipio]]<ref name="Carthage Lives"/> et la cavalerie carthaginoise, démontre d’entrée les qualités militaires d’Hannibal. Il utilise au mieux sa cavalerie numide, profitant du moindre avantage topographique et réussissant une manœuvre d’encerclement. La [[bataille de la Trébie]], en décembre [[-218|218]], amène les Gaulois à se rallier à Hannibal contre leurs récents vainqueurs romains<ref name="Columbia"/>.
=== Bataille de la Trébie ===
{{Article détaillé|Bataille du Tessin|Bataille de la Trébie}}
[[Image:Battle Trebia-fr.svg|left|thumb|300px|Stratégies durant la [[bataille de la Trébie]]]]
La difficile marche d’Hannibal le conduit en territoire romain et contrecarre les tentatives de ses ennemis de résoudre le conflit en territoire étranger<ref name="Mary Macgregor, p. 183">{{en}} [http://www.mainlesson.com/display.php?author=macgregor&book=rome&story=trebia&PHPSESSID=eb1cde7138b9994d0c97c7a7c1005a85 Mary Macgregor, « The Battle of Trebbia », ''The Story of Rome'', p. 183]</ref>. Son apparition soudaine après la traversée de la [[Gaule]] et de la [[vallée]] du [[Pô]] lui permet de rompre l’allégeance récente des tribus locales à Rome avant que cette dernière ne puisse réagir contre la [[Révolte|rébellion]]<ref name="Britannica"/>.
Publius Cornelius Scipio, consul dirigeant les forces romaines destinées à intercepter Hannibal<ref name="Mary Macgregor, p. 183"/>, ne s’attend pas à ce qu’Hannibal tente de traverser les Alpes, les Romains s’étant préparés à l’affronter dans la [[péninsule ibérique]]. Disposant d’un faible détachement positionné en Gaule, Scipio tente d’intercepter Hannibal. De promptes décisions et des mouvements rapides lui permettent, en transportant son armée par la mer, d’arriver à temps pour rattraper Hannibal<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#39 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 39]</ref>.
Les forces d’Hannibal traversent quant à elles la vallée du Pô et se trouvent engagées dans une confrontation secondaire : la [[bataille du Tessin]]<ref name="TL,21,46">{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#46 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 46]</ref>. À ce moment, Hannibal oblige les Romains à évacuer la plaine de [[Lombardie]] du fait de la supériorité de sa cavalerie<ref name="Dodge"/>{{,}}<ref name="TL,21,46"/>. Bien que cela constitue une victoire mineure, elle incite les Gaulois et les [[Ligures]] à se joindre aux Carthaginois<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#48 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 48]</ref>, ce qui augmente la taille de l’armée de {{formatnum:40000}} hommes dont {{formatnum:14000}} Gaulois<ref name="livius.org"/>. [[Publius Cornelius Scipio]] se trouve gravement blessé et se retire au-delà de la rivière Trébie pour établir un camp à [[Plaisance (Italie)|Plaisance]], en [[Émilie-Romagne]], sauvegardant ainsi son armée<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#47 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 47]</ref>. L’autre armée consulaire est envoyée en urgence dans la vallée du Pô. Avant que la nouvelle de la défaite du Tessin n’atteigne Rome, le [[Sénat romain]] ordonne au consul [[Tiberius Sempronius Longus]] de ramener son armée de [[Sicile]] pour se joindre à Scipio et affronter Hannibal<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#51 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 51]</ref>.
Ce dernier, par d’habiles manœuvres, est en position de le contrer vu qu’il contrôle la route reliant Plaisance à Arminum que Sempronius doit emprunter pour renforcer Scipio. Il prend ensuite Clastidium — actuelle [[Casteggio]] en [[Lombardie]] — où il trouve de grandes quantités d’approvisionnements pour ses hommes. Mais ce succès n’est pas complet car Sempronius, profitant du manque de vigilance d’Hannibal, se glisse sur son flanc et rejoint le camp de Scipio à côté de la rivière Trébie près de Plaisance<ref>{{en}} [http://www.mainlesson.com/display.php?author=macgregor&book=rome&story=trebia&PHPSESSID=eb1cde7138b9994d0c97c7a7c1005a85 Mary Macgregor, « The Battle of Trebbia », ''The Story of Rome'', p. 186]</ref>. En décembre [[-218|218]], Hannibal a l’occasion de démontrer une nouvelle fois ses capacités militaires supérieures durant la bataille de la Trébie<ref name="livius.org"/>. Après avoir épuisé la résistance de l’[[infanterie]] romaine, il la taille en pièces par une attaque surprise qui débute par une [[embuscade]] sur les flancs<ref name="Britannica"/>{{,}}<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#54 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXI, 54-56]</ref>.
=== Bataille du lac Trasimène ===
{{Article détaillé|Bataille du lac Trasimène}}
Après les victoires du Tessin et de la Trébie, les Carthaginois se reposent à [[Bologne]] puis continuent leur descente vers Rome. Ayant sécurisé sa position dans le nord de l’Italie par sa victoire, Hannibal prend ses quartiers d’hiver avec les Gaulois dont le soutien diminue<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXII.html#1 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXII, 1]</ref>. Au printemps [[-217|217]], il décide d’établir une base d’opérations plus fiable plus au sud. Pensant qu’Hannibal souhaite avancer vers Rome, [[Caius Servilius Geminus]] et [[Caius Flaminius Nepos]], les nouveaux consuls, mobilisent leurs armées afin de bloquer les routes de l’est et de l’ouest qu’Hannibal est susceptible d’emprunter pour aller à Rome. La seule autre route vers l’Italie centrale se trouve à l’embouchure de l’[[Arno (fleuve)|Arno]]. Cet itinéraire passe par un grand [[marais]] qui est submergé plus que d’habitude à cette période de l’année. Hannibal sait cette route particulièrement difficile mais elle est aussi la plus sûre et certainement la plus rapide du centre de l’Italie. Comme l’historien [[Polybe (historien)|Polybe]] l’indique, les hommes d’Hannibal marchent quatre jours et trois nuits sur « une route qui était sous les eaux » et souffrant terriblement de la [[Fatigue (physiologie)|fatigue]] encore renforcée par le manque de [[sommeil]]<ref name="Po,3,16"/>{{,}}<ref name="TL,22,2"/>.
Le général traverse les [[Apennins]] et l’[[Arno (fleuve)|Arno]] prétendument infranchissable sans opposition. Mais, dans les [[plaine]]s marécageuses, il perd une grande partie de ses forces y compris, semble-t-il, ses derniers éléphants. En arrivant en [[Étrurie]] (actuelle [[Toscane]]), Hannibal décide d’attirer la principale armée romaine, commandée par Flaminius, dans une bataille rangée en dévastant sous ses propres yeux le territoire qu’elle est censé protéger. Comme Polybe le rapporte :
[[Image:Battle of lake trasimene-fr.svg|300px|thumb|Embuscade d’Hannibal en [[-217|217]] sur les rives du lac Trasimène]]
{{Début citation}}Il ''[Hannibal]'' calcula que s’il contournait le camp et faisait irruption dans le territoire au-delà, Flaminius (en partie par crainte de reproches populaires et en partie à cause de sa propre irritation) serait incapable de supporter passivement la dévastation du pays, mais au contraire le suivrait spontanément... lui offrant ainsi des occasions de l'attaquer<ref>[[Liddell Hart]], ''Strategy'', éd. Penguin Group, New York, 1967</ref>.{{Fin citation}}
Dans le même temps, Hannibal tente de rompre l’allégeance des alliées de Rome en leur montrant que Flaminius est incapable de les protéger. Malgré tout cela, Flaminius reste passivement retranché à Arretium. Incapable d’entraîner Flaminius dans la bataille par le seul fait de la dévastation, Hannibal décide de marcher en force contre le flanc gauche de son adversaire, ce qui a pour effet de couper ce dernier de Rome. Cette manœuvre est reconnue comme étant le premier mouvement tournant de l’Histoire.
Progressant ensuite au travers des hautes terres d’Étrurie, Hannibal engage la poursuite de Flaminius et, le [[21 juin]], le surprenant dans un défilé sur la rive du [[lac Trasimène]], détruit son armée dans les eaux ou sur les pentes voisines (les Romains laissent environ {{formatnum:15000}} hommes sur le terrain<ref name="Carthage Lives"/>) et tue Flaminius lui-même. Il a désormais éliminé la seule force terrestre qui aurait pu mettre en échec son avancée sur Rome mais, réalisant que sans [[Engin de siège|machines de siège]] il ne peut espérer prendre la [[capitale]], il préfère exploiter sa victoire en se déplaçant au centre et au sud de l’Italie et en encourageant une [[révolte]] générale contre le pouvoir central. Après Trasimène, Hannibal déclare :
{{Début citation}}Je ne suis pas venu me battre contre les Italiens mais au nom des Italiens contre Rome<ref>{{en}} {{pdf}} [http://www.iwar.org.uk/military/resources/hannibal/Parker_J_P_01.pdf James Parker, ''Comparing Strategies of the Second Punic War'', US Army War College, 10 avril 2001]</ref>.{{Fin citation}}
Les Romains nomment alors [[Quintus Fabius Maximus Verrucosus|Fabius Cunctator]] comme [[Dictateur (Rome antique)|dictateur]]<ref name="livius.org"/>. Se départissant des traditions militaires romaines, Fabius adopte une nouvelle stratégie — qui porte plus tard le nom de « stratégie de Fabius » — refusant la bataille frontale avec son adversaire tout en positionnant plusieurs armées romaines dans le voisinage d’Hannibal afin de limiter ses mouvements.
Après avoir ravagé les [[Pouilles]] sans arriver à provoquer Fabius, Hannibal décide de traverser le [[Samnium]] et la [[Campanie]], l’une des plus riches et plus fertiles provinces d’Italie, en espérant que la dévastation décide Fabius à se battre. Ce dernier suit de près la route d’Hannibal tout en refusant toujours de se laisser entraîner au combat, restant ainsi sur la défensive. Cette stratégie est très impopulaire chez beaucoup de Romains qui la considèrent comme de la lâcheté. Hannibal décide qu’il n’est pas sage de passer l’[[hiver]] dans les basses terres dévastées de Campanie mais Fabius tente de le bloquer en s’assurant de toutes les passes pour sortir de Campanie. Pour contrer cette tactique, Hannibal leurre les Romains en leur faisant croire que l’armée carthaginoise veut s’échapper par les bois. Tandis que les Romains font mouvement vers la forêt, l’armée d’Hannibal trouve une passe libre et la traverse sans opposition. Fabius est encore à distance pour frapper, mais cette fois sa prudence joue contre lui. Pressentant, à juste titre, un stratagème, il reste sur place. Pendant l’hiver, Hannibal prend des quartiers confortables dans la plaine des Pouilles. En exfiltrant son armée Hannibal réussit, comme le qualifie Adrian Goldsworthy, « un classique de la tactique militaire antique trouvant sa place dans presque tous les récits historiques de la guerre et qui a été utilisé dans les manuels militaires ultérieurs<ref>Adrian Goldsworthy, ''The Roman Army at War 100 BC-AD 200'', éd. Oxford University Press, Oxford, 1998</ref>. » Cela porte un coup sévère au prestige de Fabius, et peu après, les Romains le forcent à partager son commandement avec son [[maître de cavalerie]] [[Marcus Minucius Rufus (consul en -221)|Marcus Minucius Rufus]].
=== Cannes et ses conséquences ===
{{Article détaillé|Bataille de Cannes}}
[[Image:Battle cannae destruction.-fr.svg|300px|thumb|Anéantissement de l'armée romaine à Cannes en [[-215|215]] (Académie militaire de West Point)]]
Hannibal, qui n’a pas l’intention d’attaquer Rome dans un premier temps, vise l’[[Comté d'Apulie|Apulie]], et notamment la ville de [[Capoue]]<ref name="Pennel">{{en}} [http://www.nalanda.nitc.ac.in/resources/english/etext-project/history/ancrome/chapter16.html Robert F. Pennel, ''Ancient Rome From the Earliest Times Down to 476 AD'', 1890]</ref>. Au printemps [[-216|216]], il prend l’initiative en attaquant un dépôt important de ravitaillement à [[Cannes (Italie)|Cannes]]. Par cette action, le général se place entre les Romains et leur source cruciale de vivres<ref>{{fr}} [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/polybe/trois.htm#XXIII Polybe, ''Histoire générale'', Livre III, 23]</ref>. Les [[Citoyenneté romaine|citoyens romains]] élisent [[Caius Terentius Varro]] et [[Lucius Aemilius Paullus (Paul Émile)|Lucius Aemilius Paullus]] nouveaux consuls<ref name="Carthage Lives guerres puniques"/>. Espérant la victoire, ces derniers lèvent une nouvelle armée — il faut noter que Rome n’a alors jamais formé une armée aussi nombreuse<ref name="Richard Bedser"/> — estimée à près de {{formatnum:100000}} hommes<ref name="Cottrell">Leonard Cottrell, ''Hannibal. Enemy of Rome'', éd. Da Capo Press, New York, 1992</ref>. Ces derniers renoncent par là-même à la tactique efficace, mais lente, d’évitement et optent pour un choc frontal<ref name="Richard Bedser"/>. La rencontre, considérée comme un chef-d’œuvre de tactique d’Hannibal, a finalement lieu le [[2 août]] [[-216|216]]<ref name="livius.org"/> sur la rive gauche de la rivière [[Ofanto]] (sud de l’[[Italie]]) près de laquelle les Romains installent leur campement. Les armées des deux consuls sont réunies, ces derniers alternant quotidiennement le commandement des troupes. Varro, choisi comme chef pour la première journée, est déterminé à vaincre Hannibal<ref name="Cottrell"/>. À la tête de {{formatnum:50000}} hommes<ref name="livius.org"/>, le Carthaginois capitalise sur la colère de Varro et l’attire dans un piège en usant d’une tactique d’encerclement. Il élimine ainsi l’avantage numérique des Romains en réduisant la surface de combat. Hannibal place son [[infanterie]] la plus faible en demi-cercle et la renforce par des cavaliers gaulois et numides sur ses flancs<ref name="Cottrell"/>. Les légions romaines qui s’étalent sur un kilomètre et demi s’engouffrent dans la partie centrale mais les flancs carthaginois suivent le mouvement et enferment les légionnaires<ref name="Richard Bedser"/>. L’efficacité de la cavalerie d’Hannibal est irrésistible et Hasdrubal (à ne pas confondre avec [[Hasdrubal Barca]] qui commande le flanc gauche), après avoir contourné les troupes romaines par l’arrière, attaque la [[cavalerie]] de Varro<ref name="Cottrell"/>. L’armée romaine n’a plus aucun moyen de s’échapper.
[[Image:Hannibal Slodtz Louvre MR2093.jpg|200px|thumb|Hannibal comptant les anneaux des chevaliers romains tombés à la [[bataille de Cannes]] en [[-216|216]]. [[Marbre]] de [[1704]] par Sébastien Slodtz actuellement exposée au [[musée du Louvre]].]]
À la fin de la bataille, Hannibal récupère les anneaux des chevaliers romains tombés au combat, ce qui lui permet de donner la preuve irréfutable au gouvernement carthaginois de sa victoire sur les Romains<ref name="Richard Bedser"/>.
Grâce à sa brillante tactique, Hannibal, bien que disposant de moins d’hommes, parvient à anéantir pratiquement la totalité des forces rivales. La bataille de Cannes est la plus désastreuse défaite des Romains<ref name="Richard Bedser"/>. Les pertes de ces derniers sont évaluées entre {{formatnum:25000}}<ref name="Carthage Lives guerres puniques"/> et {{formatnum:70000}} morts<ref name="Dodge"/>. Parmi les morts figurent le consul Lucius Aemilius Paullus<ref name="Carthage Lives"/> ainsi que deux anciens consuls, deux [[questeur]]s, 29 des 48 [[Tribun militaire|tribuns militaires]] et 80 sénateurs (25 % à {{unité|30|%}} du total de ses membres). De plus, {{formatnum:10000}} Romains sont capturés par Hannibal<ref name="Carthage Lives guerres puniques"/>. Cette bataille est l’une des plus sanglantes de l’Histoire en termes de pertes durant une seule journée<ref name="Cottrell"/>. Quant aux Carthaginois, ils perdent {{formatnum:6000}} hommes<ref name="Encarta"/>.
Cette victoire s’explique par la tactique utilisée lors du combat mais aussi par l’habileté politique d’Hannibal qui utilise les erreurs de ses adversaires. Il pousse ainsi plusieurs fois les consuls, pressés de remporter une victoire avant la fin de leur mandat, à la faute comme au lac Trasimène. Cela suppose une connaissance fine des institutions romaines et des acteurs politiques. Les espions puniques, souvent de simples commerçants, jouent également un grand rôle dans cette guerre.
Après Cannes, les Romains ne sont plus aussi enthousiastes pour affronter Hannibal directement et préfèrent le vaincre par le harcèlement en se basant sur leurs avantages numérique et en matière de ravitaillement. C’est pourquoi, Hannibal et Rome ne s’affrontent plus sur le territoire italien jusqu’à la fin de la guerre<ref>John Prevas, ''Hannibal Crosses the Alps. The Invasion of Italy and the Second Punic War'', éd. Da Capo Press, New York, 2001, p. XV</ref>. Néanmoins, refusant à tout prix de s’incliner, Rome lève même de nouvelles troupes.
L’effet de cette victoire carthaginoise pousse de nombreuses parties de l’Italie à se rallier à la cause d’Hannibal<ref>{{en}} [http://books.google.com/books?vid=ISBN0198152744&id=ssSnfznYZp8C&pg=PA66&lpg=PA66&ots=MhnRG7m42z&dq=defect,+Cannae,+Hannibal&sig=O0NY3kjrovs1hVYWx8_app8BIk8 Jane Dunbar Chaplin, ''Livy's Exemplary History'', éd. Oxford University Press, Oxford, 2000, p. 66]</ref>. Comme le note [[Tite-Live]], « le désastre de Cannes fut plus grave que les précédents, on en a déjà un indice dans ce fait que la fidélité des alliés, qui jusqu’à ce jour était restée ferme, commença à chanceler, sans aucune raison, assurément, sinon qu’ils désespéraient de l’empire<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXII.html#61 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXII, 61]</ref>. » Durant la même année, les cités grecques de Sicile se révoltent contre le contrôle politique des Romains alors que le roi [[Philippe V de Macédoine]] apporte son appui à Hannibal<ref name="Pennel"/>, lançant par la même la [[Première guerre macédonienne]] contre Rome. Hannibal noue aussi une alliance avec le nouveau roi [[Hiéronyme]] de [[Syracuse]]. On affirme souvent que si Hannibal avait reçu le matériel nécessaire de la part de Carthage, il aurait pu conduire une attaque directe contre Rome. Pour le moment, il se contente de harceler les forteresses qui lui résistent encore et le seul événement marquant de l’année est la défection de certains territoires italiens importants tels que [[Capoue]], la seconde ville d’Italie, dont Hannibal fait sa nouvelle base. Néanmoins, seul un petit nombre des cités italiennes qu’Hannibal espère rallier consentent à le rejoindre.
En réalité, ce que souhaite Hannibal, outre reprendre la Sicile, est moins la destruction de Rome en tant que ville qu’en tant qu’entité politique<ref>{{en}} [http://books.google.com/books?vid=ISBN0415261473&id=qayiX4SFonkC&pg=PR10&lpg=PR10&ots=Iczcaizt2B&dq=Schlieffen+plan,+hannibal,+cannae,+envelopment&sig=vssz27ayI9aQ-u7bOalfg6samQE Gregory Daly, ''Cannae. The Experience of Battle in the Second Punic War'', éd. Routledge, Londres, 2002, p. 11]</ref>, d’où son refus de tenter de prendre la ville après la bataille de Cannes et la fameuse phrase attribuée à son chef de cavalerie Maharbal :
{{Début citation}}Tu sais vaincre, Hannibal ; tu ne sais pas profiter de la victoire<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXII.html#51 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXII, 51]</ref>.{{Fin citation}}
En fait, Hannibal utilise ses victoires pour essayer de faire basculer dans son camp les cités soumises à Rome<ref name="Britannica"/>. Les prisonniers, par exemple, sont divisés en deux groupes. Les citoyens romains — qui sont réduits à l’[[Esclavage dans l'Antiquité|esclavage]] ou proposés au rachat — et les citoyens latins ou alliés qui sont renvoyés chez eux.
=== « Délices de Capoue » ===
Peu après la bataille de Trasimène en [[-217|217]], Hannibal fait libérer trois chevaliers de Capoue qui, quelque temps après, lui proposent de prendre possession de la ville. Hannibal attend plus d’un an afin d’avoir l’appui des notables de la ville<ref name="Encarta">{{en}} [http://encarta.msn.com/text_761574573___0/Hannibal_(general).html Biographie d’Hannibal (Microsoft Encarta Online Encyclopedia)]</ref>, ce qui se réalise après la bataille de Cannes. La ville (aujourd’hui connue sous le nom de [[Santa Maria Capua Vetere]]) aurait « offert aux soldats carthaginois de nombreux plaisirs amollissant leurs forces ». C’est en tout cas le sens de l'expression fameuse « délices de Capoue<ref>{{fr}} [[wikt:les délices de Capoue|Définition de l’expression « délices de Capoue » (Wiktionnaire)]]</ref> », une expression dont on ne sait trop si elle correspond à la réalité. En fait, si Hannibal temporise à Capoue, c’est qu’il espère une désagrégation totale de la confédération italienne ainsi que de nouvelles alliances qui lui permettraient enfin d’obtenir la domination sur mer. De fait, les peuples et les cités d’Italie centrale et méridionale sont nombreux à s’allier au Carthaginois. En 216, le Bruttium (actuelle [[Calabre]]) bascule tout comme Lokroi Epizephyrioi (actuelle [[Locri]]) et [[Crotone]] en [[-215|215]]. En [[-212|212]], c’est aussi le cas de [[Métaponte]] dans le [[golfe de Tarente]], [[Thourioi]], près de [[Sybaris]], et [[Tarente]], dans les [[Pouilles]]<ref name="Britannica"/>. Ces cités s’ajoutent aux Gaulois de Cisalpine et à Capoue. Pourtant, Rome tient bon et [[Latins]], [[Étrusques]] et [[Ombriens]] lui demeurent fidèles.
Parallèlement, Hannibal pose des jalons en Sicile qui constitue son objectif premier. Le jeune roi de Syracuse, [[Hiéronyme]], abandonne l’alliance romaine et permet à des troupes carthaginoises de débarquer en [[-214|214]]<ref name="livius.org"/>. Les cités d’[[Héracléa Minoa]] et d’[[Agrigente]], toutes deux situées en [[Sicile]], acceptent également l’alliance avec les Carthaginois. Il faut préciser qu’Hannibal a l’habileté de proposer un système d’alliance, moins contraignant que le modèle romain de sujétion, ce dernier laissant aux populations un ensemble de droits plutôt réduits et réclamant des charges humaines et financières lourdes.
Au contraire, Hannibal s’inspire du modèle grec, à savoir une cité hégémonique qui assure la sécurité de ses alliés auxquels est rendue la liberté. Hannibal reprend ainsi le discours sur la liberté des Grecs. Cette idée, défendue en son temps par [[Antigone le Borgne]], dont le descendant [[Philippe V de Macédoine]] conclut une alliance avec Hannibal en 215<ref name="Insecula"/>, est ainsi reprise par le conquérant carthaginois et lui permet de rejeter, aux yeux de certains Grecs de Sicile et du sud de l’Italie, les Romains dans le monde barbare.
=== Retournement de situation ===
[[Image:Scipio Africanus the Elder.png|left|200px|thumb|Buste de Scipion l’Africain]]
À partir de 212, Hannibal connaît des difficultés de plus en plus grandes. En effet, depuis 215, les Romains reprennent la stratégie de Fabius Cunctator et évitent d’affronter Hannibal en bataille rangée<ref name="Insecula"/>. Ils augmentent également leurs effectifs par une politique d’enrôlement d’esclaves et de jeunes hommes de moins de 17 ans. Mais surtout, ils comprennent à quel point il est nécessaire de reprendre l’offensive sur le terrain politique et idéologique. Sous la direction d'un sénateur féru de lettres grecques, [[Quintus Fabius Pictor]], une histoire de Rome à la tournure anti-punique est rédigée. Hannibal et les Carthaginois y sont décrits comme étant indignes de confiance, impies et cruels<ref name="Britannica"/>. En contrepoint, les Romains sont présentés comme respectueux des accords, pieux et pratiquant la tempérance. C’est de cette manière que se met en place la définition de la « coutume des anciens », le ''[[mos majorum]]'', qui devient la norme morale de référence de la fin de la [[République romaine]].
Sur le terrain militaire, les Romains, sous la direction de [[Marcus Claudius Marcellus (consul en -222)|Marcus Claudius Marcellus]], reprennent Syracuse<ref name="Insecula"/> en 212 puis Capoue en [[-211|211]]<ref name="Columbia"/> après deux sièges successifs. Une contre-offensive d’Hannibal pour reprendre Capoue en 211 échoue<ref name="Carthage Lives"/> ainsi qu’un raid de cavalerie sur Rome même<ref name="Britannica"/>. Les Romains parviennent à détruire une armée carthaginoise en Sicile et pacifient l’île en s’alliant avec la [[Ligue étolienne]] afin de contrer Philippe V qui tente de profiter de la situation pour conquérir l’[[Illyrie]] mais, attaqué sur plusieurs fronts, est rapidement submergé par Rome et ses alliés grecs.
En [[-210|210]], Hannibal prouve à nouveau sa supériorité tactique en infligeant une sévère défaite à l’armée [[Proconsul (Rome)|proconsulaire]] de Gnæus Fulvius Centumalus à Herdoniac<ref name="Carthage Lives"/> (actuelle [[Ordona]] en [[Comté d'Apulie|Apulie]]) et détruit en [[-208|208]] une force romaine engagée dans le siège de Lokroi Epizephyrioi. Mais la perte de [[Tarente]] en [[-209|209]], qui est reprise par Fabius Cunctator<ref name="Carthage Lives"/> et est traitée avec dureté, et la reconquête progressive du [[Samnium]] et de la Lucanie (actuelle [[Basilicate]]) par les Romains — avec une série de victoires à Salapia en 208 et à [[Bataille de Grumentum|Grumentum]] en [[-207|207]] — lui font perdre le contrôle du sud de l’Italie. Il parvient pourtant à revenir en Apulie en 207 et y attend son frère [[Hasdrubal Barca]] pour marcher sur Rome<ref name="Carthage Lives"/>.
Pendant ce temps, les Romains tentent de contre-attaquer en Hispanie, sous le commandement de Publius Cornelius Scipio et de son frère [[Gnaeus Cornelius Scipio Calvus]] (217-212), mais sans grand succès si l’on excepte la prise de Sagonte en 212. Tous deux, tués la même année, sont remplacés par [[Scipion l'Africain|Scipion l’Africain]] qui prend Carthagène en [[-209|209]]<ref name="Insecula"/>. Hasdrubal parvient cependant à quitter l’Hispanie avec une armée de secours et gagne l’Italie par voie terrestre. Mais il est tué sur les rives du [[Bataille du Métaure|Métaure]]<ref name="Columbia"/> en 207<ref name="livius.org"/>, suite à une audacieuse manœuvre stratégique du consul romain qui, chargé de surveiller Hannibal, rejoint son collègue pour faire face à Hasdrubal. À l’annonce de la défaite et de la mort de son frère, Hannibal se retire dans le [[Calabre|Bruttium]] où il stationne durant les années qui suivent. La combinaison de ces événements marque la fin des succès d’Hannibal en Italie. Dès [[-206|206]], les hostilités sont terminées en Hispanie et en Sicile au bénéfice des Romains<ref name="livius.org"/>. La même année, le second frère d’Hannibal, [[Magon Barca|Magon]], vaincu en Hispanie, parvient à porter la guerre en [[Ligurie]]<ref name="Insecula"/>. Il est finalement vaincu par Quintilius Varus et tente de rejoindre son frère avec les débris de ses troupes. En [[-205|205]], les Romains reprennent le port de Lokroi Epizephyrioi où Hannibal attend en vain une flotte de son allié Philippe V puis, après la défaite de ce dernier contre les [[Étolie]]ns en 208, une flotte de Carthage qui concentre ses efforts à sauvegarder ses intérêts commerciaux en Hispanie.
=== Bataille de Zama ===
{{Article détaillé|Bataille de Zama}}
Les Romains, dirigés par Scipion l’Africain, obtiennent un important succès diplomatique en [[-206|206]] en s’attachant les services du prince [[Numides|numide]] [[Massinissa]]<ref name="Insecula"/>, ancien allié de Carthage en [[Hispanie]] entré en conflit personnel avec [[Syphax]], un allié numide de Carthage. En [[-204|204]], ils débarquent en [[Afrique du Nord]] pour forcer Hannibal à quitter l’Italie<ref name="Carpe Noctem">{{en}} [http://www.carpenoctem.tv/military/hannibal.html Biographie d’Hannibal (Carpe Noctem)]</ref> et mener le combat sur ses terres<ref name="Columbia"/>.
[[Image:Zama.jpg|thumb|330px|[[Gravure]] de la [[bataille de Zama]] de Cornelis Cort ([[1567]]). Cependant, il est à noter que cette gravure représente des [[Éléphant d'Asie|éléphants d’Asie]], tandis que ceux utilisés par Hannibal sont des éléphants d’Afrique du Nord qui sont plus petits.]]
En [[-203|203]], après près de 15 ans de combats en Italie, alors que Scipion progresse et que les Carthaginois favorables à la paix menés par [[Hannon le Grand]] tentent de négocier un [[armistice]] au lieu de renforcer les troupes d’Hannibal, ce dernier est rappelé par le camp favorable à la poursuite de la guerre mené par les [[Barcides]] tout comme son frère [[Magon Barca|Magon]] qui meurt au cours de la traversée du retour. Après avoir laissé une trace de son expédition gravée en punique et en [[grec ancien]] sur des tablettes du temple de [[Junon]] à [[Crotone]], il appareille pour son retour<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXVIII17-46.html#46 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXVIII, 46]</ref>. Les navires débarquent à Leptis Minor (actuelle [[Lamta]]) et Hannibal prend, après deux jours de voyage<ref name="Cornelius"/>, ses quartiers d’hiver près de [[Hadrumète]]<ref name="Insecula"/>. Son retour renforce immédiatement le camp favorable à la guerre qui le place à la tête d’une force regroupant ses [[mercenaire]]s d’[[Italie]] et des conscrits locaux. En [[-202|202]], Hannibal rencontre Scipion au cours d’une tentative de conciliation. Malgré leur admiration mutuelle, les négociations échouent en raison des références romaines à la rupture du traité liant la cité ibérique de [[Sagonte]] à Rome et le pillage d’une flotte romaine échouée sur la côte du [[golfe de Tunis]]. Un plan de paix est néanmoins en préparation qui stipule que Carthage ne conserverait que ses territoires en Afrique du Nord, que le royaume de Massinissa serait indépendant, que Carthage réduirait la taille de sa flotte et qu’elle paierait une indemnité de guerre. Mais, renforcés par le retour d’Hannibal et le ravitaillement pris à la flotte romaine, les Carthaginois rejettent les clauses du plan.
La rencontre décisive a lieu à Zama le [[19 octobre]] [[-202|202]]<ref name="livius.org"/>. Contrairement à la majorité des batailles de la Deuxième Guerre punique, les Romains disposent d’une meilleure [[cavalerie]] que les Carthaginois qui eux se rattrapent avec une infanterie supérieure. La supériorité romaine est due au ralliement de la cavalerie numide de Massinissa. Hannibal, souffrant d’une santé fragilisée par ses années de campagne en Italie, possède encore l’avantage du nombre avec 80 [[Éléphant de guerre|éléphants de guerre]] et {{formatnum:15000}} vétérans des guerres d’Italie, même si le reste de son armée est composée de [[mercenaire]]s [[celtes]] dont la motivation est relative ou de citoyens carthaginois peu aguerris. La stratégie utilisée par Hannibal est la même que celle utilisée à [[Cannes (Italie)|Cannes]]. Mais la tactique romaine ayant évolué depuis 14 ans, la tentative d’encerclement échoue et les Carthaginois sont finalement défaits<ref name="livius.org"/>.
Hannibal perd près de {{formatnum:40000}}<ref name="méditerrannées.net"/> hommes — contre {{formatnum:1500}} pour les Romains — et le respect de son peuple à l’occasion de la dernière bataille majeure de la guerre. La cité punique est contrainte de signer la paix avec Rome et Scipion, dès lors surnommé Scipion l’Africain<ref name="Pennel"/>, de renoncer à sa flotte de guerre<ref name="livius.org"/> et à son armée. Elle est aussi soumise à un lourd tribut de guerre payable en cinquante annuités<ref name="Insecula"/>.
== Après Zama ==
=== Carrière politique ===
Obligé de signer le traité de paix avec Rome en 201<ref name="livius.org"/> qui prive Carthage de son ancien empire, Hannibal alors âgé de 46 ans décide de prendre part à la vie politique carthaginoise en dirigeant le parti démocrate.
La cité est en effet divisée en deux grandes tendances. D’abord, le groupe démocrate, qui est principalement dirigé par les [[Barcides]], est très attaché à un ancrage foncier en Afrique, et donc à des conquêtes de terres aux dépens des [[Numides]]. Le deuxième mouvement est une [[oligarchie]] conservatrice regroupée autour de [[Hannon le Grand]] dont la prospérité repose sur le commerce, les taxes portuaires et les tributs imposés aux cités soumises. Élu [[suffète]] en 196<ref name="Columbia"/>, Hannibal restaure l’autorité et le pouvoir de cette fonction devenue insignifiante et représente alors une menace pour les [[oligarque]]s<ref name="Insecula"/> qui l’accusent d’avoir trahi son pays en ne prenant pas Rome lorsqu’il en avait l’occasion.
C’est alors qu’il prend une mesure qui lui aliène définitivement l’oligarchie. Hannibal décide en effet que l’indemnité de guerre annuelle que Carthage doit à Rome soit directement versée au trésor plutôt que d’être collectée par les oligarques au travers de taxes extraordinaires<ref name="Britannica"/>. Ceux-ci ne prennent pas le risque d’intervenir directement contre le suffète mais, près de sept ans après la victoire de Zama, font directement appel aux Romains<ref name="Insecula"/> qui, alarmés par la prospérité retrouvée de Carthage, exigent la reddition d’Hannibal<ref>Le prétexte est une relation épistolaire entre Hannibal et Antiochos III évoquée par le clan conservateur. Alertés, les Romains envoient une ambassade afin de vérifier si l’information est exacte.</ref>. Ce dernier choisit alors volontairement l’[[exil]]<ref name="Richard Bedser"/> en [[-195|195]]<ref name="Carthage Lives"/>.
=== Exil en Asie ===
Il commence par voyager vers [[Tyr]] (actuel [[Liban]]), la ville mère de Carthage, puis se dirige vers [[Éphèse]] où il est reçu avec les honneurs par le roi [[Antiochos III]] de [[Syrie]]<ref name="méditerrannées.net"/>{{,}}<ref name="Columbia"/> qui se prépare à la guerre contre Rome<ref name="Carthage Lives"/>. Hannibal s’aperçoit rapidement que l’armée royale ne peut rivaliser avec l’[[armée romaine]]. Il conseille alors au roi d’équiper une [[flotte]] et un corps de troupes terrestres dans le sud de l’[[Italie]] et offre d’en prendre le commandement. Mais il ne peut faire suffisamment impression sur le souverain, à l’écoute de ses courtisans, pour qu’il lui confie quelque poste important que ce soit.
Selon [[Cicéron]], alors qu’il se trouve à la cour d’Antiochos III, Hannibal assiste à une lecture du [[philosophe]] Phormion qui traite d’un grand nombre de sujets. Au moment où celui-ci conclut une [[dissertation]] sur les attributions d’un [[général]], on demande son avis à Hannibal qui répond : « J’ai vu durant ma vie les pires des vieux fous mais celui-là les bat tous. » Une autre histoire à propos d’Hannibal en exil donne un point de vue étrange sur sa prétendue perfidie punique<ref name="Britannica"/> : Antiochos III dévoile à Hannibal une formation militaire conséquente et bien armée, il lui demande si elle paraîtrait honorable pour la [[République romaine]], ce à quoi Hannibal répond : « Oui, suffisant pour les Romains, aussi cupides qu’ils puissent être. » À cette occasion, Hannibal ne reçoit pas le commandement de l’armée et Antiochos III, qui a lui-même conçu le plan de bataille, finit par être défait<ref name="Insecula"/>.
En [[-190|190]], Hannibal dirige une flotte [[phénicie]]nne mais, peu à l’aise en combat naval, il se trouve battu au large de la rivière Eurymedon par les Romains<ref name="Britannica"/>{{,}}<ref name="méditerrannées.net"/>. Craignant d’être livré à ces derniers au terme de l’accord de paix que signe Antiochos III, Hannibal s’enfuit de la cour et son parcours est alors assez incertain.
On pense toutefois qu’il se rend en [[Crète]]<ref name="Mary Macgregor">{{en}} [http://www.mainlesson.com/display.php?author=macgregor&book=rome&story=hannibal2&PHPSESSID=eb1cde7138b9994d0c97c7a7c1005a85 Mary Macgregor, « The Death of Hannibal », ''The Story of Rome'', p. 241]</ref> alors que Plutarque et [[Strabon]] laissent entendre qu’il se dirige en [[Royaume d'Arménie|Arménie]]<ref name="Carthage Lives"/>, auprès du roi [[Artaxias Ier|Artaxias I{{er}}]], qui lui attribue la planification et la supervision de la construction de la capitale Artaxata (actuelle [[Artashat]]). Bientôt de retour en [[Anatolie|Asie mineure]], Hannibal cherche refuge chez [[Prusias Ier|Prusias I{{er}}]] de [[Bithynie]] qui est en guerre avec un allié de Rome, le roi [[Eumène II]] de [[Pergame]]<ref name="livius.org"/>.
=== « Souverain » hellénistique ===
Hannibal se met alors au service de Prusias I{{er}} pendant cette guerre<ref name="Mary Macgregor"/>. L’une de ses victoires se fait aux dépens de Eumène II sur mer. On dit que ce serait l’un des premiers exemples de [[guerre biologique]] : il aurait jeté des chaudrons remplis de [[Serpent|serpents]] dans les vaisseaux ennemis<ref>{{en}} [http://www.cbc.ca/news/background/bioweapons/ « Biological Warfare », ''CBC News Online'', 18 février 2004]</ref>.
Outre ses talents militaires, il fonde probablement la cité de Prusa (actuelle [[Bursa]] en [[Turquie]]) à la demande du roi Prusias I{{er}}. Cette fondation, surtout si l’on y ajoute celle d’Artaxata (actuelle [[Artashat]] en [[Arménie]]), élève Hannibal au rang de « souverain » hellénistique. Une [[prophétie]] qui se répand dans le monde grec entre [[-185|185]] et [[-180|180]] évoque un roi venu d’[[Asie]] pour faire payer aux Romains la soumission qu’ils imposent aux Grecs et aux Macédoniens. Beaucoup s’accordent à penser que ce texte fait référence en fait à Hannibal. C’est en ce sens que le Carthaginois, pourtant d’origine [[barbare]] aux yeux des Grecs, s’intègre parfaitement au monde hellénistique<ref name="Crouzet"/>. Les Romains ne peuvent négliger cette menace et une ambassade est envoyée auprès de Prusias.
[[Image:Comic History of Rome p 201 Hannibal makes the usual neat and appropriate Speech previous to killing himself.jpg|280px|thumb|Caricature illustrant la mort par empoisonnement d’Hannibal]]
Pour ce dernier, Hannibal devient gênant et le roi trahit son hôte<ref name="Richard Bedser"/> qui réside à Libyssa sur la côte orientale de la [[mer de Marmara]]. Menacé d’être livré à [[Titus Quinctius Flamininus]], l’[[ambassadeur]] romain, Hannibal choisit de se donner la mort durant l’hiver [[-183|183]]<ref name="date décès"/>{{,}}<ref name="livius.org"/> en avalant du [[poison]]<ref name="Columbia"/> que, dit-on, il porte depuis longtemps dans une [[Bague (bijou)|bague]]<ref name="Insecula"/>{{,}}<ref name="méditerrannées.net"/>. L’année exacte de sa mort reste toutefois imprécise<ref name="date décès"/>. Si, comme [[Tite-Live]] le suggère<ref name="Britannica"/>, elle a lieu en [[-183|183]], la même année que celle de [[Scipion l'Africain|Scipion l’Africain]], Hannibal serait alors âgé de 63 ans<ref name="Richard Bedser"/>.
=== Inhumation ===
Son corps reposerait dans un [[cercueil]] en pierre sur lequel serait visible l’inscription : ''Ici est renfermé Annibal''<ref name="méditerrannées.net"/>.
Parmi les sites évoqués pour situer la [[tombe]] d’Hannibal figure une petite [[colline]] coiffée de quelques [[cyprès]] et située aujourd’hui dans une zone [[industrie]]lle près de la ville [[Turquie|turque]] de Libyssa<ref>{{en}} [http://www.carthagelives.com/HanTomb.htm Photographie de la tombe d’Hannibal (Carthage Lives)]</ref> (actuelle Gebze) en [[Kocaeli (province)|Kocaeli]]. Considérée comme la tombe du général, elle est restaurée vers [[200|200 après J.-C.]] par l’[[empereur romain]] [[Septime Sévère]]<ref name="livius.org"/>, originaire de [[Leptis Magna]] (actuelle [[Libye]]), qui prend l’initiative de recouvrir la tombe d’une plaque de [[marbre]] blanc. Le site est aujourd’hui à l’état de ruines. Des excavations sont effectuées en [[1906]] par des [[Archéologie|archéologues]], dont Theodor Wiegand, mais ces derniers se montrent sceptiques quant à la réalité de la localisation du site<ref>{{en}} [http://wikimapia.org/#y=40782353&x=29441396&z=16&v=2 Localisation présumée de la tombe d’Hannibal (Wikimapia)]</ref>.
== Héritage ==
=== Bilan paradoxal ===
Avec le Carthaginois disparaît sans aucun doute la plus grande menace que la République romaine ait affronté<ref name="Richard Bedser"/>. Pourtant, son bilan personnel est un échec. La Méditerranée occidentale devient un « lac romain » et Carthage est en sursis. Rome étend par ailleurs son emprise sur le monde grec et sur l’Asie.
Mais en même temps, et c’est le paradoxe de son bilan, en tentant de détourner — par son discours sur la liberté des cités — les cités grecques de l’alliance avec Rome, il force cette dernière à légitimer ses actions et à se comporter en grande puissance impérialiste. C’est en cela qu’Hannibal est au cœur de l’histoire romaine et grecque.
=== Monde antique ===
[[Image:N16Hannibal.jpg|thumb|left|200px|Statue d’Hannibal au [[château de Schönbrunn]] à [[Vienne (Autriche)|Vienne]]]]
Longtemps après sa mort, le nom d’Hannibal continue de perpétuer symboliquement le spectre d’une menace sur la [[République romaine]]. On écrit qu’il décrit les Romains, qui se proclament les fiers descendants de [[Mars (mythologie)|Mars]], comme des représentants de l’effroi. Pendant des générations, les [[matrone]]s romaines continuent à raconter à leurs enfants des [[conte]]s effrayants quand ils se comportent mal. Hannibal symbolise tellement l’horreur que, quel que soit le désastre qui survient, les sénateurs romains hurlent ''Hannibal ad portas'' (Hannibal est à nos portes !) afin d’exprimer leur anxiété. Cette [[Liste des locutions latines|locution latine]] célèbre évolue plus tard en une expression qui est encore couramment utilisée quand un [[Client (économie)|client]] franchit une porte ou quand quelqu’un doit faire face à une calamité<ref>{{en}} [http://www.alanemrich.com/Class/Class_Practical_Latin.htm Présentation de locutions latines (Alan Emrich)]</ref>. De telles expressions prouvent l’impact psychologique qu'à eu la présence d’Hannibal en [[Italie]] sur la culture [[Empire romain|romaine]].
Dans ce contexte, une admiration (forcée) est évidente dans les écrits des historiens romains [[Tite-Live]] et [[Juvénal]]. D’autre part, les Romains vont jusqu’à ériger des [[statue]]s du général carthaginois dans les rues même de [[Rome]] afin de figurer leur défaite en face d’un tel adversaire<ref>Tom Holland in Jane Penrose, ''Rome and Her Enemies. An Empire Created and Destroyed by War'', éd. Osprey Publishing, Oxford, 2008, p. 8</ref>. Il est plausible de penser qu’Hannibal est à l’origine de la plus grande peur que Rome ait jamais éprouvée face à l’un de ses ennemis.
Néanmoins, durant la Deuxième Guerre punique, les Romains se refusent à la défaite et rejettent toutes les initiatives de paix, y compris la libération contre rançon de prisonniers après la [[bataille de Cannes]]<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXII.html#61 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXII, 61]</ref>. Par ailleurs, il n’existe aucun texte relatant une quelconque révolution parmi les citoyens romains, aucune faction au sein du Sénat souhaitant la paix, aucune trahison romaine à l’avantage des Carthaginois, aucun [[Coup d'État|coup d’État]] et aucune instauration de [[dictature]] pendant cette période<ref>J. F. Lazenby, ''op. cit.'', pp. 237-238</ref>{{,}}<ref>Adrian Goldsworthy, ''The Fall of Carthage'', éd. Cassell, Londres, 2003, p. 315</ref>. Au contraire, les [[Aristocratie|aristocrates]] romains restent en compétition afin d’assumer des postes de commandement pour combattre le plus dangereux ennemi de Rome. Le génie militaire d’Hannibal n’est donc jamais suffisant pour perturber réellement l’organisation politique et militaire des Romains. Comme en fait état Lazenby : {{Début citation}}Il existe également quantité de textes en faveur de leur maturité politique et du respect des formes constitutionnelles basés sur le fait que la machinerie gouvernementale complexe continua à fonctionner même en plein désastre. Il y a peu d’États de l’Antiquité dans lesquels un général ayant perdu une bataille comme Cannes aurait osé se maintenir, encore moins aurait continué à être traité avec respect en temps que chef d’État<ref name="Lazenby p. 254">J. F. Lazenby, ''op. cit.'', p. 254</ref>.{{Fin citation}}
Selon Tite-Live, cela n'en diminue pas la peur des Romains face à Hannibal, notamment à l’occasion de sa marche sur Rome en [[-211|211]]<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXVI.html#7 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXVI, 7]</ref> : {{Début citation}}Un courrier de Fregellae, qui avait marché sans relâche jour et nuit, jeta dans Rome une grande terreur. L’affluence des habitants de la campagne, dont les récits ajoutaient le mensonge à la vérité, avait répandu l’agitation dans toute la ville. C’était peu dire que les femmes firent retentir de leurs gémissements les maisons particulières ; les dames de distinction, bravant tous les regards, couraient en foule vers les temples des dieux ; les cheveux épars, agenouillées au pied des autels, les mains tendues vers le ciel et vers les dieux, elles les supplaient d'arracher Rome aux mains des ennemis, et de sauver l’honneur et la vie des mères romaines et de leurs jeunes enfants<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXVI.html#9 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXVI, 9]</ref>.{{Fin citation}}
Au Sénat, cette nouvelle « affecte les esprits en fonction des caractères de chacun<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXVI.html#8 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre XXVI, 8]</ref> ». Il décide de maintenir le siège de [[Capoue]] tout en levant {{formatnum:15000}} fantassins et {{formatnum:1000}} cavaliers pour renforcer la protection de Rome. Selon Tite-Live, les terres occupées par l’armée d’Hannibal à l’extérieur de la ville sont revendues entre romains alors même qu’elles sont occupées et pour un prix juste<ref>{{fr}} [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXVI.html#11 Tite-Live, ''Histoire romaine'', Livre, XXVI, 11]</ref>. Cela peut ne pas être vrai mais, comme l’indique Lazenby, « cela pourrait bien l’être car cela ne montre pas seulement la confiance suprême des Romains dans la victoire ultime mais aussi la façon selon laquelle un semblant de vie normale se poursuivait<ref name="Lazenby p. 254"/> ». Après la bataille de Cannes, les Romains montrent une considérable fermeté dans l’adversité. Une indéniable preuve de la confiance de Rome est démontrée par le fait que, après le désastre de Cannes, la cité est laissée virtuellement sans défenses alors que le Sénat choisit de ne pas retirer une seule [[garnison]] des [[Province romaine|provinces]] pour renforcer la ville. En fait, les troupes des provinces sont renforcées et les campagnes maintenues jusqu’à ce que la victoire soit assurée d’abord en [[Sicile]], sous la direction de [[Marcus Claudius Marcellus (consul en -222)|Marcus Claudius Marcellus]], puis en [[Hispanie]] sous la direction de [[Scipion l'Africain]]<ref>Nigel Bagnall, ''The Punic Wars. Rome, Carthage and the Struggle for the Mediterranean'', éd. Pimlico, Londres, 1999, p. 203</ref>{{,}}<ref>J. F. Lazenby, ''op. cit.'', p. 235</ref>. Malgré le fait que les conséquences à long terme de la guerre d’Hannibal sont incontestables, cette dernière est indéniablement la plus « belle heure » de l’histoire de Rome<ref name="Lazenby p. 254"/>{{,}}<ref>Adrian Goldsworthy, ''op. cit.'', pp. 366-367</ref>.
La majorité des sources à la disposition des historiens sur Hannibal sont d’origine romaine. Hannibal y est considéré comme le plus grand ennemi que Rome ait affronté. Tite-Live nous rapporte l’opinion qu’il est extrêmement cruel. Même [[Cicéron]], lorsqu’il évoque Rome et ses deux grands ennemis, parle de l’« honorable » [[Pyrrhus Ier|Pyrrhus d’Épire]] et du « cruel » Hannibal<ref>{{fr}} [http://webu2.upmf-grenoble.fr/Haiti/Cours/Ak/Francogallica/deofficiis1_fran.htm#12 Cicéron, ''Des Devoirs'', Livre I, 12]</ref>. Néanmoins, une image différente est parfois rapportée. Lorsque les succès d’Hannibal entraînent la mort de deux [[consul]]s romains, Hannibal cherche vainement le corps de [[Caius Flaminius Nepos]] sur les bords du [[lac Trasimène]], organise des cérémonies rituelles en hommage à [[Lucius Aemilius Paullus (Paul Émile)|Lucius Aemilius Paullus]] et rend les [[cendre]]s de [[Marcus Claudius Marcellus (consul en -222)|Marcus Claudius Marcellus]] à sa famille vivant à Rome. Toutefois, le parti pris de [[Polybe (historien)|Polybe]] est plus gênant puisqu’il semble éprouver de la sympathie envers Hannibal. Pourtant, Polybe est resté [[otage]] en Italie durant une longue période et se base majoritairement sur des sources romaines. Il existe donc une possibilité qu’il reproduise là des éléments de la [[propagande]] romaine.
=== Monde moderne ===
[[Image:Joseph Mallord William Turner 081.jpg|thumb|300px|''Tempête de neige : Hannibal et son armée traversant les Alpes'' : [[Joseph Mallord William Turner]] enveloppe la traversée des Alpes d’une [[Romantisme|atmosphère romantique]].]]
Le nom « Hannibal » est commun dans le monde moderne et la culture populaire. Comme pour d’autres chefs militaires, les victoires d’Hannibal sur des forces supérieures, et une cause finalement perdue, lui confèrent une renommée qui lui survit bien au-delà des frontières de son pays d’origine en [[Afrique du Nord]].
Sa traversée des Alpes demeure ainsi un fait militaire parmi les plus spectaculaires des guerres de l’[[Antiquité]]<ref name="Columbia"/> et mobilise depuis l’imagination du monde de façon romancée au travers de multiples productions artistiques.
=== Histoire militaire ===
Plusieurs années après la [[Deuxième Guerre punique]], alors qu’Hannibal est conseiller politique du [[Séleucides|royaume séleucide]], [[Scipion l'Africain|Scipion l’Africain]] est envoyé en mission diplomatique par Rome à [[Éphèse]] même si l’on ignore la date exacte de leur entrevue qui est mentionnée par [[Plutarque]]<ref>{{fr}} [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Plutarque/flaminius.htm Plutarque, ''Vie de Flamininus'', 21] : {{Début citation}}Ils ''[Scipion et Hannibal]'' eurent depuis une seconde entrevue à Éphèse où, en se promenant ensemble, Annibal prit la place la plus honorable : Scipion le souffrit et, sans donner aucun signe de mécontentement, il continua sa promenade. La conversation étant tombée sur les généraux et Annibal ayant dit qu’Alexandre était le premier de tous, Pyrrhus le second et lui le troisième ; Scipion lui dit en souriant : « Que diriez-vous donc si je ne vous avais pas vaincu ? — Alors Scipion, repartit Annibal, je ne me serais pas nommé le troisième mais le premier. »{{Fin citation}}</ref> et [[Appien]] :
{{Début citation}}On dit que lors de l’un de leurs entretiens au [[Gymnase#La Grèce antique|gymnase]], Scipion et Hannibal eurent une discussion sur la question de la compétence des généraux, en présence de nombreux spectateurs, et que Scipion demanda à Hannibal quel était selon lui le plus grand général, ce à quoi ce dernier répondit : « [[Alexandre le Grand]] ».
<br />
Scipion l’approuva, mettant également Alexandre en première position. Puis, il demanda à Hannibal qui il placerait ensuite. Hannibal répondit [[Pyrrhus Ier|Pyrrhus I{{er}}]] car il considérait la hardiesse comme la première qualité d’un général. Il précisa qu’« il serait impossible de trouver deux rois plus entreprenants que ceux-ci ».
<br />
Scipion en fut agacé mais il continua à questionner Hannibal sur celui qu’il verrait en troisième position, en espérant qu’il serait au moins celui-là. Mais Hannibal répondit : « Moi-même, du fait que dans ma jeunesse j’ai conquis l’Hispanie et traversé les [[Alpes]] avec une armée pour la première fois depuis [[Héraclès|Hercule]]. J’ai traversé l’Italie et vous ai tous frappé de terreur, vous obligeant à abandonner 400 de vos villes, et j’ai souvent menacé votre Cité d’un péril extrême, tout ceci sans jamais recevoir d’argent ni de renforts de Carthage ».
<br />
Quand Scipion sentit qu’il allait prolonger ces louanges, il dit en riant : « Où te placerais-tu Hannibal, si tu n’avais pas été vaincu par moi ? » Hannibal, percevant alors sa jalousie, répondit : « Dans ce cas, je me serais mis en première position ». Hannibal continua ensuite ses propres louanges, tout en prenant soin de flatter Scipion de délicate manière en suggérant qu’il avait battu quelqu’un de supérieur à Alexandre.
<br />
À la fin de cette conversation Hannibal demanda à Scipion d’être son invité, ce que Scipion accepta très volontiers sous réserve qu’Hannibal ne vive pas chez [[Antiochos III]], suspect aux yeux des Romains. Ils montrèrent ainsi, à la manière digne des grands commandants, qu’ils avaient renoncé à leur hostilité à la fin de leurs guerres<ref>{{en}} [http://www.livius.org/ap-ark/appian/appian_syriaca_02.html Appien, « The Syrian Wars », ''History of Rome'', §10 et §11 (Livius.org)]</ref>{{,}}<ref>{{en}} [http://www.mainlesson.com/display.php?author=macgregor&book=rome&story=hannibal2&PHPSESSID=eb1cde7138b9994d0c97c7a7c1005a85 Mary Macgregor, « The Death of Hannibal », ''The Story of Rome'', p. 240]</ref>.{{Fin citation}}
[[Image:Giovanni Battista Tiepolo 069.jpg|thumb|left|220px|Hannibal regardant la tête d’Hasdrubal de [[Circa|c]]. 1725 exposée au [[Kunsthistorisches Museum]] de [[Vienne (Autriche)|Vienne]]]]
Les exploits d’Hannibal, et plus particulièrement sa victoire à [[Bataille de Cannes|Cannes]], continuent à être étudiés dans les [[Académie militaire|académies militaires]] du monde entier. Dans l’''[[Encyclopædia Britannica]]'' de [[1911]], l’auteur de l’article consacré à Hannibal loue ce dernier en ces termes : {{Début citation}}Quant au génie militaire d’Hannibal, il ne peut y avoir deux avis. L’homme qui put se maintenir pendant quinze ans en terrain hostile faisant face à plusieurs armées puissantes et une succession de généraux capables doit avoir été un tacticien hors pair. Dans ses stratégies et l’utilisation de l’[[embuscade]], il surpassa sans aucun doute tous les autres grands généraux de l’[[Antiquité]]. Aussi splendides que furent ses réalisations, nous devons encore plus nous en émerveiller en constatant la mauvaise grâce avec laquelle Carthage le soutint. Pour répondre à la disparition de ses vétérans, il dut lever des troupes fraîches sur place. Jamais, on n’entendit parler de [[mutinerie]] dans son armée, bien qu’elle fut composées de Nord-Africains, d’Ibères et de [[Peuples gaulois|Gaulois]]. Encore une fois, ce que nous savons sur lui est pour la plus grande part issu de sources hostiles. Les Romains l’ont tellement craint et détesté qu’ils n'auraient pas pu lui rendre justice. [[Tite-Live]] parle de ses grandes qualités mais il ajoute que ses vices étaient également grands, parmi lesquels il pointe une perfidie « plus grande que la perfidie punique » et une « cruauté inhumaine ». Concernant le premier point, il n’y a aucune autre justification que son habilité dans l’utilisation de l’embuscade. Pour le second, il n’y a, de notre point de vue, aucune base autre que le fait qu’il ait agit, lors de certaines crises, conformément à l’esprit général des guerres antiques. Par moment, il donne par contraste un portrait plus favorable de son ennemi. Aucune brutalité ne souille son nom comme ce fut le cas de celles perpétuées par [[Caius Claudius Nero]] envers [[Hasdrubal Barca|Hasdrubal]] vaincu. [[Polybe (historien)|Polybe]] relève seulement qu’il fut accusé de cruauté par les Romains et d’[[avarice]] par les Carthaginois. Il eut incontestablement des ennemis amers et sa vie fut une lutte continuelle contre le sort. Pour l’immuabilité des objectifs, la capacité d’organisation et la maîtrise de la science militaire, il n’a peut-être jamais eu d’égal<ref name="Britannica"/>.{{Fin citation}}
Même ses chroniqueurs romains admettent une maîtrise militaire suprême écrivant que ce dernier « n’avait jamais exigé des autres ce qu’il n’aurait pas fait lui-même<ref name="Carpe Noctem"/> ». Selon Polybe, « comme un sage gouverneur, il a su tellement soumettre et contenir ses gens dans le devoir, que jamais ils ne se révoltèrent contre lui, et que jamais il ne s’éleva au milieu d’eux aucune sédition. Quoique son armée ne fût composée que de soldats de divers pays, Africains, Espagnols, Ligures, Gaulois, Carthaginois, Italiens, Grecs, qui n’avaient de commun entre eux ni lois, ni coutumes, ni langage, il réussit par son habileté à réunir toutes ces différentes nations, à les soumettre au commandement d’un seul chef, et à les faire entrer dans les mêmes vues que lui<ref>{{fr}} [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/polybe/onze.htm#III Polybe, ''Histoire générale'', Livre XI, 3]</ref> ».
Le document du comte [[Alfred von Schlieffen]] (intitulé de façon éponyme le [[plan Schlieffen]]), est élaboré à partir de ses études militaires et insiste lourdement sur les techniques d’enveloppement employées pour encercler et détruire victorieusement l’armée romaine à la [[bataille de Cannes]]<ref>{{en}} [http://books.google.com/books?vid=ISBN0415261473&id=qayiX4SFonkC&pg=PR10&lpg=PR10&ots=Iczcaizt2B&dq=Schlieffen+plan,+hannibal,+cannae,+envelopment&sig=vssz27ayI9aQ-u7bOalfg6samQE Gregory Daly, ''op. cit.'', p. x]</ref>{{,}}<ref>Leonard Cottrell, Hannibal. Enemy of Rome, éd. Da Capo Press, New York, 1992, p. 134</ref>. [[George Patton]] pense quant à lui qu’il est la réincarnation d’Hannibal (parmi d’autres réincarnations comme celle d’un [[Légion romaine|légionnaire romain]] et d’un soldat de [[Napoléon Ier|Napoléon I{{er}}]])<ref>Stanley Hirshson, ''General Patton. A Soldier's Life'', éd. HarperCollins, New York, 2002, p. 163</ref>. [[Norman Schwarzkopf]], le commandant des forces de la coalition durant la première [[Guerre du Golfe (1990-1991)|guerre du Golfe]], affirme pour sa part que « la technologie de la guerre peut changer, la sophistication des armes change à coup sûr. Mais les mêmes principes de la guerre qui s’appliquaient du temps d’Hannibal, continuent à s’appliquer aujourd’hui<ref>James Carlton, ''The Military Quotation Book'', éd. Thomas Dunne Books, New York, 2002</ref> ».
Enfin, selon l’historien militaire Theodore Ayrault Dodge : {{Début citation}}Hannibal excellait en tant que tacticien militaire. Dans l’histoire, aucune bataille n’offre un exemple plus fin de tactique que la [[bataille de Cannes]]<ref>Theodore Ayrault Dodge, ''Hannibal: A History of the Art of War Among the Carthagonians and Romans Down to the Battle of Pydna, 168 BC.'' éd. Da Capo Press, 1995</ref>.{{Fin citation}}
=== Divers ===
[[Image:Hannibal.gif|180px|thumb|Pièce de deux shekels en argent de [[Circa|c]]. [[-230|230]] exposée au [[British Museum]]]]
Certaines qualités lui sont reconnues depuis l’[[Antiquité]] : l’audace, le courage et la pugnacité. Elles sont notamment mises en œuvre au cours d’un [[raid nature]] partant de [[Lyon]] et menant à [[Turin]] à travers les Alpes et qui porte son nom : le [[raid Hannibal]]<ref>{{fr}} [http://www.raidhannibal.com/fr/raid-presentation-1.html Présentation du raid Hannibal]</ref>.
Hannibal couvre de plantations d’[[Olivier européen|oliviers]]<ref>Yves Lacoste et Camille Lacoste-Dujardin [sous la dir. de], ''L'état du Maghreb'', éd. La Découverte, Paris, 1991, p. 38 {{ISBN|2707120146}}</ref> la plus grande partie de l’Afrique du Nord grâce au travail de ses soldats dont il considère le repos préjudiciable à l’État et à leurs généraux.
== Œuvres inspirées du personnage ==
=== Filmographie ===
{| class="wikitable centre"
|-align="center" bgcolor="#ffbbbb"
! Année !! Film !! Notes
|-
| [[2009 au cinéma|2009]]
| [[Hannibal the Conqueror]]
| [[Cinéma américain|Film américain]] réalisé et produit par [[Vin Diesel]] dans le rôle d’Hannibal<ref>{{en}} [http://french.imdb.com/title/tt0382731/combined Fiche IMDB du film ''Hannibal the Conqueror'']</ref>
|-
| [[2006 au cinéma|2006]]
| [[Hannibal - Le pire cauchemar de Rome]]
| [[Téléfilm]] réalisé par la [[British Broadcasting Corporation|BBC]] avec [[Alexander Siddig]] dans le rôle d’Hannibal<ref>{{en}} [http://french.imdb.com/title/tt0766213/combined Fiche IMDB du film ''Hannibal - Le pire cauchemar de Rome'']</ref>
|-
| [[2005 au cinéma|2005]]
| Hannibal V Rome - <small>(Hannibal contre Rome)</small>
| [[Film documentaire|Documentaire]] [[Téléfilm|télévisé]] réalisé par Richard Bedser et diffusé sur la [[National Geographic Channel]]<ref>{{en}} [http://channel.nationalgeographic.com/channel/hannibal/ Fiche du film ''Hannibal V Rome'' (National Geographic Channel)]</ref> avec Tamer Hassan dans le rôle d’Hannibal<ref>{{en}} [http://us.vdc.imdb.com/title/tt1027818/ Fiche IMDB du film ''Hannibal V Rome'']</ref>
|-
| [[2005 au cinéma|2005]]
| The True Story of Hannibal - <small>(La Vraie Histoire d’Hannibal)</small>
| [[Film documentaire|Documentaire]] [[Téléfilm|télévisé]] réalisé par Mark Hufnail avec Benjamin Maccabee dans le rôle d’Hannibal<ref>{{en}} [http://www.imdb.com/title/tt0446490/ Fiche IMDB du film ''The True Story of Hannibal'']</ref>
|-
| [[2001 au cinéma|2001]]
| Hannibal: The Man Who Hated Rome - <small>(Hannibal : l’homme qui haïssait Rome)</small>
| [[Téléfilm]] britannique réalisé par [[Patrick Fleming]]<ref>{{en}} [http://www.imdb.com/title/tt0411465/ Fiche IMDB du film ''Hannibal: The Man Who Hated Rome'']</ref>
|-
| [[1997 au cinéma|1997]]
| The Great Battles of Hannibal - <small>(La Fantastique Bataille d’Hannibal)</small>
| [[Film documentaire|Documentaire]] britannique<ref>{{en}} [http://www.imdb.com/title/tt0281895/ Fiche IMDB du film ''The Great Battles of Hannibal'']</ref>
|-
| [[1959 au cinéma|1959]]
| [[Annibale]]
| [[Cinéma italien|Film italien]] co-réalisé par [[Edgar George Ulmer]] et Carlo Ludovico Bragaglia avec [[Victor Mature]] dans le rôle d’Hannibal<ref>{{en}} [http://www.imdb.com/title/tt0053891/ Fiche IMDB du film ''Annibale'']</ref>
|-
| [[1955 au cinéma|1955]]
| [[La Chérie de Jupiter (film, 1955)|Jupiter's Darling]] - <small>(La Chérie de Jupiter)</small>
| Réalisé par [[George Sidney]] avec [[Howard Keel]] dans le rôle d’Hannibal<ref>Cependant le personnage d’Hannibal a un rapport assez lointain avec celui du film.</ref>
|-
| [[1937 au cinéma|1937]]
| Scipione l'africano - <small>(Scipion l’Africain - la défaite d’Hannibal)</small>
| [[Cinéma italien|Film italien]]<ref>{{en}} [http://www.ihffilm.com/scipafdefofh.html Fiche du film ''Scipione l'africano'' (IHFFilm)]</ref>
|-
| [[1914 au cinéma|1914]]
| [[Cabiria]]
| [[Cinéma muet|Film muet]] réalisé par [[Giovanni Pastrone]] avec Emilio Vardannes dans le rôle d’Hannibal<ref>{{en}} [http://www.imdb.com/title/tt0003740/ Fiche IMDB du film ''Cabiria'']</ref>
|-
|}
=== Littérature ===
{| class="wikitable centre"
|-align="center" bgcolor="#ffbbbb"
! Année !! Livre !! Auteur !! Notes
|-
| [[2006 en littérature|2006]]
| Forged By Lightning: A Novel of Hannibal and Scipio - <small>(Forgé par la Foudre : un roman sur Hannibal et Scipion)</small>
| Angela Render
| [[Roman (littérature)|Roman]] [[Anglais|anglophone]] édité par Lulu Press {{ISBN|1411680022}}<ref>{{en}} [http://www.amazon.fr/Forged-Lightning-Novel-Hannibal-Scipio/dp/1411680022 Fiche Amazon du livre ''Forged By Lightning'']</ref>
|-
| [[2006 en littérature|2006]]
| Pride of Carthage - <small>(La fierté de Carthage)</small>
| David Anthony Durham
| [[Roman (littérature)|Roman]] [[Anglais|anglophone]] édité par Anchor {{ISBN|0385722494}}<ref>{{en}} [http://www.amazon.com/Pride-Carthage-David-Anthony-Durham/dp/0385722494/ref=pd_sim_b_5_img/103-3418964-8155869 Fiche Amazon du livre ''Pride of Carthage'']</ref>
|-
| [[2005 en littérature|2005]]
| The Sword of Hannibal<br/> - <small>(L’Épée d’Hannibal)</small>
| Terry McCarthy
| [[Roman (littérature)|Roman]] [[Anglais|anglophone]] édité par [[Hachette Book Group USA]] {{ISBN|044661517X}}<ref>{{en}} [http://www.amazon.com/Sword-Hannibal-Terry-McCarthy/dp/044661517X Fiche Amazon du livre ''The Sword of Hannibal'']</ref>
|-
| [[1999 en littérature|1999]]
| Les Colosses de Carthage
| [[Michel Peyramaure]]
| [[Roman (littérature)|Roman]] [[Français|francophone]] édité par [[Pocket]] {{ISBN|2266091980}}<ref>{{fr}} [http://www.amazon.fr/colosses-carthage-Peyramaure-Michel/dp/2266091980/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=books&qid=1195762320&sr=8-1 Fiche Amazon du livre ''Les Colosses de Carthage'']</ref>
|-
| [[1998 en littérature|1998]]
| Scipio Africanus: The Man Who Defeated Hannibal - <small>(Scipion l’Africain : l’Homme qui vaincu Hannibal)</small>
| Ross Leckie
| [[Roman (littérature)|Roman]] [[Anglais|anglophone]] édité par Regnery Pub {{ISBN|0895264129}}<ref>{{en}} [http://www.amazon.com/Scipio-Africanus-Man-Defeated-Hannibal/dp/0895264129/ref=pd_sim_b_2_img/103-3418964-8155869 Fiche Amazon du livre ''Scipion l’Africain'']</ref>
|-
| [[1996 en littérature|1996]]
| A Spy for Hannibal: A Novel of Carthage - <small>(Un espion pour Hannibal : un Roman de Carthage)</small>
| Elisabeth Craft
| [[Roman (littérature)|Roman]] [[Anglais|anglophone]] édité par Bartleby Press {{ISBN|091015533X}}<ref>{{en}} [http://search.barnesandnoble.com/booksearch/isbnInquiry.asp?z=y&endeca=1&isbn=091015533X&itm=6 Fiche du livre ''A Spy for Hannibal'' (Barnes & Noble)]</ref>
|-
| [[1996 en littérature|1996]]
| Hannibal: A Novel - <small>(Hannibal : Un Roman)</small>
| Ross Leckie
| Cet ouvrage {{ISBN|0-89526-443-9}} est la source principale du film ''[[Hannibal the Conqueror]]'' qui sortira en [[2008]]. De plus, l’ouvrage reste controversé puisqu’il est peu fidèle à la réalité historique<ref>{{fr}} [http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=712146.html « Scott dans la course à « Hannibal » ? », ''AlloCiné'', 25 juillet 2002]</ref>. Il est également le premier tome de la trilogie qui se continue par ''Scipio, a Novel'' en [[1999 en littérature|1999]] {{ISBN|034911434X}}<ref>{{en}} [http://www.amazon.com/Carthage-Ross-Leckie/dp/034911434X/ref=sr_1_2/103-3418964-8155869?ie=UTF8&s=books&qid=1192132877&sr=1-2 Fiche Amazon du livre ''Scipio, a Novel'']</ref> et par ''Carthage'' en [[2001 en littérature|2001]] {{ISBN|034911434X}}<ref>{{en}} [http://www.amazon.com/Carthage-Ross-Leckie/dp/034911434X/ref=sr_1_2/103-3418964-8155869?ie=UTF8&s=books&qid=1192132877&sr=1-2 Fiche Amazon du livre ''Carthage'']</ref>.
|-
| [[1862 en littérature|1862]]
| [[Salammbô]]
| [[Gustave Flaubert]]
| [[Roman (littérature)|Roman]] [[Histoire|historique]] dont le cadre est la ville de [[Carthage]]. Hannibal y est encore jeune.
|-
| [[1721]]
| [[Les Voyages de Gulliver]]
| [[Jonathan Swift]]
| [[Roman (littérature)|Roman]] [[Satire|satirique]]
|-
| [[Circa|c.]] [[1300]]
| [[La Divine Comédie]]
| [[Dante Alighieri]]
| [[Poésie]] [[Épopée|épique]] et religieuse<ref>{{fr}} [[:s:La Divine Comédie : L’Enfer - Chant XXXI|Chant XXXI de « l'Enfer »]] et [[:s:La Divine Comédie : Le Paradis - Chant VI|chant VI du « Paradis »]] (Wikisource) où est cité Hannibal</ref>
|-
|}
=== Divers ===
''[[Les Troyens]]'', [[Opéra (musique)|opéra]] de [[1858]] en cinq actes d’[[Hector Berlioz]]. Hannibal y apparaît dans une vision de [[Didon]], juste avant qu’elle ne meure.
== Notes et références ==
{{Références|colonnes = 2}}
{{Traduction/Référence|en|Hannibal|165193641}}
== Bibliographie ==
=== Français ===
*[[Habib Boularès]], ''Hannibal'', éd. Perrin, Paris, 2000 {{ISBN|2702853749}}
*Francis de Coninck, ''Hannibal. La traversée des Alpes par la Tarentaise et le col du Petit-Saint-Bernard'', éd. Armine-Ediculture, Saint-Romain-en-Gal, 1999 {{ISBN|2910331008}}
*Geoffroy de Galbert, ''Hannibal en Gaule'', éd. De Belledonne, Grenoble, 2005 {{ISBN|2911148657}}
*[[Serge Lancel]], ''Hannibal'', éd. Fayard, Paris, 1995 {{ISBN|221359550X}}
=== Anglais ===
*Elias J. Bickerman, « Hannibal's Covenant », ''American Journal of Philology'', vol. 73, n°1, 1952, pp. 1–23
*Leonard Cottrell, ''Hannibal. Enemy of Rome'', éd. Da Capo Press, New York, 1992 {{ISBN|0306804980}}
*Theodore Ayrault Dodge, ''Hannibal'', éd. De Capo Press, New York, 1891 {{ISBN|0306813629}}
*Mark Healy, ''Cannae. Hannibal Smashes Rome's Army'', éd. Osprey Publishing, Oxford, 1994
*Dexter Hoyos, ''Hannibal's Dynasty. Power and Politics in the Western Mediterranean. 247–183 B.C.'', éd. Routledge, Londres, 2003 {{ISBN|041529911X}}
*Dexter Hoyos, ''Hannibal. Rome's Greatest Enemy'', éd. Bristol Phoenix Press, Exeter, 2005 {{ISBN|1904675468}}
*John Prevas, ''Hannibal Crosses the Alps. The Invasion of Italy and the Second Punic War'', éd. Da Capo Press, New York, 2001 {{ISBN|0306810700}}
== Voir aussi ==
=== Liens internes ===
*[[Histoire de Carthage]]
*[[Civilisation carthaginoise]]
=== Liens externes ===
{{Commonscat|Hannibal|Hannibal Barca}}
{{synthèse vocale
|fichier=Hannibal Barca.ogg
|date=16 février 2008
|oldid=26377634
|article=Hannibal Barca
}}
*{{fr}} [http://www.nimausensis.com/personnages/AnnibalAccueil.htm Série d’articles sur Hannibal (Nimausensis)]
*{{en}} [http://www.livius.org/ha-hd/hannibal/alps.html L’itinéraire d’Hannibal à travers les Alpes par Jona Lendering (Livius.org)]
{{Carthaginois notoires}}
{{Article de qualité|oldid=23851889|date=14 décembre 2007}}
{{Portail|Tunisie|Rome antique|Hellenopedia|histoire militaire}}
<!-- Métadonnées : voir [[Wikipédia:Métadonnées personne]] -->
{{Métadonnées personne
|NOM=Hannibal Barca
|NOMS ALTERNATIFS=Hannibal; Annibal
|COURTE DESCRIPTION=Général et homme politique
|DATE DE NAISSANCE=-247
|LIEU DE NAISSANCE=[[Carthage]]
|DATE DE DÉCÈS=-183
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}}
{{DEFAULTSORT:Hannibal Barca}}
[[Catégorie:Général]]
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[[Catégorie:Personnalité des Guerres puniques]]
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{{Lien AdQ|no}}
[[ar:حنبعل]]
[[az:Hannibal]]
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[[cs:Hannibal]]
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[[es:Aníbal]]
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[[fi:Hannibal]]
[[fy:Hannibal Barkas]]
[[gl:Aníbal]]
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