Histoire de Besançon
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2008-06-04T00:33:25Z
Wikipedro
149142
Classée [[Villes et Pays d'Art et d'Histoire|ville d'Art et d'Histoire]], la ville de [[Besançon]] possède un riche passé historique dont son patrimoine architectural est un témoin fort. Depuis la fondation d'un [[oppidum]] [[Gaule|gaulois]], la cité n'a cessé de se développer et de s'agrandir avant de devenir un centre culturel, militaire et économique de premier ordre. Tantôt [[Germanie|germanique]] tantôt française, la capitale Comtoise a gardé de nombreuses traces des différentes périodes de son histoire de l'[[Antiquité]] au {{XIXe siècle}}.
===Devises et héraldique===
[[Image:Fontaine Cornet Besançon.JPG|left|thumb|''Utinam'' - Place Jean Cornet]]
[[Image:Blason-besancon.gif|thumb|'''Le Blason''' <small>'' d'or à l'aigle bicéphale éployée de sable, tenant de ses serres deux colonnes de gueules brochant sur les ailes''</small>]]
{{Article détaillé|Blason de Besançon|Drapeaux de Besançon}}
* '''''Utinam''''' (« ''Plaise à Dieu'' ») : devise « officielle » de la ville<ref>[http://www.heralogic.eu/txt_vbh025_besancon.html Histoire des armoiries des Villes de France sur le site Internet Heralogic]</ref> que l'on retrouve notamment sur la fontaine de la place Jean Cornet, sur les frontons de l'école de Rivotte et du Palais de Justice, sur le monument aux morts.
* '''''Deo et caesari fidelis perpetuo''''' (« ''Fidélité éternelle à Dieu et César'' »). Cette devise à été substituée à la précédente en [[1815]] mais ne fût employée que peu de temps avant que la devise ''Utinam'' soit reprise<ref>[http://www.cartes-postales.com/v2/services-devises-armoiries/services-devises-armoiries-details.asp?id_ville=73186 Devises et armoiries des villes de France sur le site notrefamille.com]</ref>.
*''' Le [[Blason de Besançon|Blason de la ville]]''' est constitué d'un [[Aigle (héraldique)|aigle]] attribué à la ville par l'[[Liste des souverains du Saint-Empire|empereur germanique]] [[Charles Quint]] en [[1537]] entouré de deux [[Colonne (architecture)|colonnes]] triomphales évoquant l'antique cité gallo-romaine Vesontio. À l'origine, l'aigle était bicéphale comme celui des [[Habsbourg]].
=== Préhistoire ===
'''Aux origines, un site idéal de peuplement'''
La passage de [[chasseur-cueilleur|chasseurs-cueilleurs]] remontant à {{formatnum:50000}} ans, durant la période du [[paléolithique moyen]], a été attestée.
Les fouilles menées au cours des derniers siècles ont permis de révéler des traces d'occupation du site dès le [[néolithique]] le long du [[Doubs (rivière)|Doubs]], notamment au pied des collines de la Roche d'Or et de Rosemont<ref>Claude Fohlen, Histoire de Besançon, tome I, p. 29-34</ref>, ces traces d'habitat étant datées de {{formatnum:4000}} ans avant J.-C. environ.
=== Antiquité ===
'''L'oppidum gaulois de Vesontio'''
Au {{IIe siècle}} avant notre ère, l'[[oppidum]] est la possession des [[Séquanes]], peuple [[Gaule|gaulois ]] (voir [[Celtes]]) qui contrôle un vaste territoire s'étendant entre le [[Rhône]], la [[Saône (rivière)|Saône]], le [[Massif du Jura|Jura]] et les [[Massif des Vosges|Vosges]]<ref>[http://www.besancon.fr/vesontio/archeogaulois.htm ''L'oppidum gaulois''], ''De Vesontio à Besançon, la ville s'expose'', exposition du Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie</ref>. La présence d'aménagements publics à cette époque est attestée par des campagnes de fouilles ; les plus anciens ont été découverts lors des fouilles préventives réalisées sur le site des remparts dérasés en [[2001]]. La ville était ceinturée par un mur de berge (''murus gallicus'') dont des vestiges ont été mis au jour sur ce même site. À l'extérieur se trouvait un quartier d'artisans.
[[Image:Besancon Gallo Romain.jpg|thumb|Besançon [[Gaule romaine|gallo-romaine]] jadis ''Vesontio'']]
L'[[oppidum]], du nom de Vesontio (en [[latin]]), était alors le centre économique de la Séquanie et c'est à ce titre qu'il est convoité par les [[Peuples germaniques|Germains]] puis par les [[Éduens]] avant que [[Jules César]] n'en fasse la conquête en [[-58|58 av. J.-C.]].
'''Vesontio, cité gallo-romaine'''
[[Jules César]], impressionné par ce site stratégique qu'il décrit dans ses [[Commentaires sur la Guerre des Gaules]], décide d'en faire la capitale de la tribu gauloise des [[Séquanes]] (''Civitas Maxima Sequanorum''<ref>Jules César, ''De bello gallico'', livre I, section 38</ref>) ainsi qu'une citadelle militaire et un carrefour d'échanges de la Gaule romaine. La ville connaît alors un âge d'or, elle devient l'une des plus grandes villes de la [[Gaule belgique]], puis de la [[Germanie supérieure|province de Germanie supérieure]].
En [[68|68 après J.C]], elle est le théâtre de la [[Bataille de Besançon]] opposant [[Lucius Verginius Rufus]], fidèle de l'empereur [[Néron]], à [[Vindex|Gaius Julius Vindex]], un rebelle qui est vaincu et finit par se suicider<ref>Dictionnaire de l'Antiquité, Jean Leclant et Christian Goudineau, éd.Puf</ref>. Les Romains agrandissent la cité et l'embellissent en y construisant de nombreux édifices de part et d'autre du [[cardo]] (actuelle Grande Rue) et même sur la rive droite du Doubs où ils élèvent un [[Arènes de Besançon|amphithéâtre (Arènes de Besançon)]] pouvant accueillir jusqu’à {{formatnum:20000}} spectateurs. Le sous-sol de la ville regorge de témoins de cette époque<ref>[http://artic.ac-besancon.fr/Histoire_geographie/BJacquet/cartographie/besgr.htm Besançon gallo-romain], site de l'Académie de Besançon</ref>, on dénombre en effet non moins de 200 points de découverte dans la [[La Boucle]] et les quartiers situés aux abords immédiats.
Sous la [[Tétrarchie]], la cité devient la capitale de la « Provincia Maxima Sequanorum ». Parmi les vestiges les plus importants, on peut citer la [[Porte Noire de Besançon|Porte Noire]] érigée sous [[Marc-Aurèle]] en [[175|175 ap. J.-C.]] pour célébrer la répression des troubles de 172 à 175 ap. J.-C. les colonnades du [[Square Castan]], les conduites de l'[[aqueduc]] romain qui alimentait Vesontio en eau, les restes de l'[[Arènes de Besançon|amphithéâtre]] et la domus du palais de justice et celle du collège Lumière où a été retrouvée une impressionnante mosaïque dite ''de la Méduse'' en très bon état de conservation<ref>[http://www.inrap.fr/fichier_pdf/communique/communique_55.pdf Communiqué de l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives], communiqué de presse du 15 avril 2004</ref>. En [[360]], l'[[Julien (empereur romain)|empereur Julien]], de passage à Vesontio, décrit une « bourgade ramassée sur elle-même », une cité sur le déclin qui n'est guère plus qu'un village.
=== Moyen-Âge ===
[[Image:Kronung Heinrich II.jpg|thumb|left|De par son héritage, [[Henri II du Saint-Empire|Henri II]] rattacha la ville au [[Saint Empire romain germanique|Saint-Empire]] en l'an 1032.]]
Peu après la chute de [[Rome]], [[Clovis Ier]], roi mérovingiens des Francs, entreprend de réunir les peuples gaulois sous son ordre. Les [[Séquanes]] sont ainsi rattachées au royaume en même temps que les [[Burgondes]] et les [[Alamans]]. L'histoire de Besançon au début du Moyen-Âge est très mal connue, les documents et indices étant largement insuffisants. En 821, on trouve trace d'un premier texte<ref>Circulaire adressée par Louis le Pieux à l'archevêque Bernoin en 821</ref> mentionnant la ville sous l'appellation ''Chrysopolis''. De [[843]] à [[869]], le diocèse de Besançon est rattaché à la [[Lotharingie]], puis, à la mort de Lothaire II, devient possession de [[Charles II le Chauve|Charles le Chauve]] en vertu de la signature du [[Traité de Meerssen]] ([[870]]) et est donc intégré au [[Francie occidentale|royaume de France]] jusqu'en [[879]]<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', p. 214-219</ref>.
'''Besançon, métropole ecclésiastique'''
C'est en [[888]] que [[Eudes Ier de France]], dans sa féodalisation du royaume, fonde les duchés et comtés de [[Bourgogne]]. Ce dernier ayant pour capitale [[Dole (Jura)|Dole]] est rattaché au [[Comté de Varais]] dans lequel se trouve Besançon. Ce comté aura pour premier comte (dit "comte palatin de Bourgogne") [[Otte-Guillaume de Bourgogne]] ([[982]]-[[1026]])<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', p. 229-231</ref>. Besançon devient également siège épiscopal en tant qu'archevêché indépendant. Le dernier roi de Bourgogne, [[Rodolphe III de Bourgogne|Rodolphe III]], n'ayant pas de descendants mâles, lègue ses biens bourguignons à son neveu [[Henri II du Saint-Empire]].
En [[1032]], comme tout le [[Comté de Bourgogne]], Besançon est donc rattachée au [[Saint Empire romain germanique]]. L'Archevêque de Besançon, [[Hugues Ier de Salins|Hugues de Salins]], grâce à l'appui de l'Empereur, devient le seigneur de la ville, qui prospère sous son impulsion. Après la mort de celui-ci en [[1066]], une lutte pour sa succession plonge Besançon dans une longue période de crise. Aussi, pendant tout le Moyen Âge, Besançon restera une ville directement soumise à l'autorité impériale et indépendante du Comté de Bourgogne, dont [[Dole (Jura)|Dole]] est la capitale.
'''Besançon, [[Ville libre d'Empire|ville libre impériale]]'''
Au cours des {{sp|XII|e|et|XIII|e|s}}, les Bisontins luttent contre l'autorité des archevêques et obtiennent finalement leurs libertés communales en [[1290]]. Tout en restant soumise à l'Empereur, Besançon se gouverne par elle-même, grâce à un conseil de vingt-huit notables élus au [[suffrage universel]] masculin à plusieurs degrés et à un conseil de quatorze gouverneurs désignés par les notables. Besançon restera ainsi une « ville libre » pendant près de 400 ans.
Les [[Liste des ducs de Bourgogne|Ducs de Bourgogne]], devenus maîtres de la [[Franche-Comté]], sont les « protecteurs » de la ville libre impériale que reste toujours Besançon. C'est pour la cité une période de prospérité.
=== Époque moderne ===
[[Image:Habsburg franche-comté Map 1547.JPG|thumb|Besançon, possession des [[Habsbourg|souverains du Saint Empire]]]]
A l'[[Renaissance (période historique)|époque de la Renaissance]], la Franche-Comté appartient de nouveau à l'Empire Germanique suite au décès de [[Charles le Téméraire]]. L'empereur [[Charles Quint]] fortifie considérablement Besançon qui devient un des boucliers de son Empire. Un Comtois, [[Nicolas Perrenot de Granvelle]], devient [[Chancelier]] de l'Empire en [[1519]] puis Garde des Sceaux en [[1532]]. Toute la région bénéficie des faveurs de Charles Quint et Besançon devient la cinquième ville impériale et s'embellit de monuments, en particulier le [[Palais Granvelle (Besançon)|Palais Granvelle]] et l'Hôtel de Ville dont la façade est ornée d'une statue de [[Charles Quint]]. La ville compte alors de {{formatnum:8000}} à {{formatnum:9000}} habitants en [[1518]], population qui serait passée entre {{formatnum:11000}} et {{formatnum:12000}} habitants en [[1608]]<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. I, p. 583</ref>. L'économie de la ville est profondément rurale, notamment par la présence des vignerons à [[Battant (Besançon)|Battant]] qui représentaient la moitié voir les trois quarts de la population et faisaient donc de la viticulture l'activité principale de la ville<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. I, p. 603-604</ref>.
'''Le "siècle souffrant" et la conquête française'''
Alors que la ville avait vécu une époque de progrès au {{XVIe siècle}}, le {{XVIIe}} siècle est marqué par les guerres et une grande misère<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 9</ref>.
En [[1631]], la ville accueille à deux reprises [[Gaston de France|le duc Gaston d'Orléans]], frère du roi et ennemi personnel du cardinal de [[Richelieu]]<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 20-21</ref>. La [[Guerre de Dix Ans (Franche-Comté)|guerre de Dix Ans]] ([[1635]]-[[1644]]), épisode bourguignon de la [[guerre de Trente Ans]], apporte dans la région les fléaux de la [[peste]], de la [[famine]] et de la misère. Besançon, qui a échappé plusieurs fois à un siège, souffre néanmoins des mêmes fléaux que son arrière-pays dévasté: la peste fait son apparition en [[1636]] tandis qu'une période de famine s'étend de [[1638]] à [[1644]]<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 25</ref>.
Un traité d'échange entre la ville allemande de [[Frankenthal]] (appartenant au [[Philippe IV d'Espagne|roi d'Espagne]]) et Besançon (relevant de l'[[Saint Empire romain germanique|Empire]]), suggéré à partir de [[1651]], est finalement accepté par les Bisontins en [[1664]]<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 26-29</ref>. Pendant une courte période ([[1664]]-[[1674]]), Besançon perd alors son statut de ville libre et devient possession de la couronne d'[[Espagne]]. La trêve n'est que de courte durée et le [[8 février]] [[1668]], l'armée de [[Louis II de Bourbon-Condé|Condé]] se voit ouvrir les portes de la ville après que les autorités locales aient capitulé. L'occupation française est plutôt mal vécue et les troupes françaises rebroussent chemin dès le [[9 juin]]<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 35-37</ref>. La défense de la cité ayant été mal assurée, on entreprend alors l'amélioration des fortifications: la première pierre de la citadelle est posée au Mont Saint-Étienne le [[29 septembre]] [[1668]] et à l'autre extrémité, d'importants travaux sont entrepris autour de Charmont (sur les hauteurs de [[Battant (Besançon)|Battant]])<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 38</ref>.
[[Image:Besancon 1678 Louis XIV.jpg|left|thumb|Siège de Besançon par [[Louis XIV de France|Louis XIV]] en [[1674]]]]Le [[26 avril]] [[1674]], le [[Louis II de Bourbon-Condé|duc d'Enghien]] est de retour et prend position devant la cité à la tête d'une armée composée de {{formatnum:15000}} à {{formatnum:20000}} hommes<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 41</ref>. Au terme d'un siège de vingt-sept jours auquel assistent [[Louis XIV de France|Louis XIV]], [[Sébastien Le Prestre de Vauban|Vauban]] et [[François Michel Le Tellier de Louvois|Louvois]], la citadelle tombe finalement entre les mains des assiégeants le [[22 mai]]<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 42</ref>. Besançon, après plusieurs tentatives vaines, devient enfin la capitale de la [[Franche-Comté]] au détriment de [[Dole (Jura)|Dole]] par [[Lettre patente|lettres patentes]] du {{1er octobre}} [[1677]]: un grand nombre d'administrations, parmi lesquelles le gouvernement militaire, l'intendance, le [[Parlement (Ancien Régime)|parlement]] ou encore l'[[Histoire des universités françaises|université]], sont progressivement implantées dans la nouvelle capitale<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 46</ref>. Le [[Traité de Nimègue]], signé le [[10 août]] [[1678]], rattache définitivement la ville et sa région au royaume de France.
Louis XIV décide de faire de Besançon un des maillons essentiels du système de défense de l'Est de la France et confie à Vauban le soin de réaliser les améliorations nécessaires<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II p. 55-68</ref>. La citadelle est ainsi entièrement remaniée entre [[1674]] et [[1688]], les autres fortifications sont édifiées de [[1689]] à [[1695]] et de nombreuses casernes sortent de terre à partir de [[1680]]. La construction de la citadelle coûta très cher, à tel point que Louis XIV aurait demandé si ses murailles n'étaient pas en or...
'''Une ère de prospérité'''
Au {{XVIIIe siècle}}, sous l'impulsion d'intendants remarquables, la Franche-Comté connaît une période de prospérité et Besançon double sa population ({{formatnum:14000}} à {{formatnum:32000}} habitants), tout en se couvrant de monuments et d'hôtels particuliers.
=== Époque contemporaine ===
'''Une ville sur le déclin'''
Au sortir de la [[Révolution française|Révolution]], Besançon perd son [[archevêché]] et son statut de capitale, n'étant plus que le chef-lieu d'un [[département français|département]] privé des terres agricoles les plus productives du bas pays<ref>C. Fohlen,''Histoire de Besançon'', t. II, p.238</ref>. La population, estimée à {{formatnum:32000}} habitants à la veille de la Révolution, décline à {{formatnum:25328}} habitants en [[1793]] pour ne remonter timidement qu'à {{formatnum:28463}} en [[1800]]<ref>C. Fohlen,''Histoire de Besançon'', t. II, p.233</ref>. Cependant, c'est également durant cette période que l'industrie horlogère s'installe dans la ville suite à la création en [[1793]] d'une manufacture d'[[horlogerie]] par un groupe de réfugiés helvétiques mené par l'horloger [[Genève|genevois]] [[Laurent Mégevand]], expulsé de [[Suisse]] pour ses activités politiques<ref>C. Fohlen,''Histoire de Besançon'', t. II, p.251-253</ref>. L'activité démarre difficilement, notamment du fait de l'hostilité d'une part de la population, mais le nombre d'horlogers est estimé à {{formatnum:1000}} en [[1795]] et la production de [[montre (horlogerie)|montres]] progresse tout de même de {{formatnum:14700}} pièces en l'[[an III]] (1794-1795) à {{formatnum:21400}} en l'[[an XI]] (1802-1803).
[[Image:25056 - Besançon-pont-battant.jpg|thumb|left|''Besançon, Le Pont [[Battant (Besançon)|Battant]] et la Madeleine, Juillet 1906'' <small>Carte postale</small>]]
'''D'une guerre à l'autre (1870-1945)'''
Sous la [[Troisième République]], Besançon connaît une relative stagnation, sa population oscillant autour de {{formatnum:55000}} habitants pendant plusieurs décennies. Indépendamment de la démographie, l'horlogerie continue son ascension, produisant {{formatnum:395000}} montres en [[1872]] puis {{formatnum:501602}} en [[1883]]. Ainsi, selon la chambre de commerce, Besançon participait en [[1880]] pour 90% de la production horlogère française et comptait environ {{formatnum:5000}} ouvriers spécialisés dans ce secteur et {{formatnum:10000}} ouvrières y travaillant à temps perdu<ref>C. Fohlen,''Histoire de Besançon'', t. II, p.378</ref>. Devant faire face à la concurrence suisse, le secteur connaît une crise dans les années suivantes avant de se relever au début du {{XXe siècle}} pour produire {{formatnum:635980}} articles en [[1900]] mais n'employer plus que {{formatnum:3000}} ouvriers et ouvrières en [[1910]]<ref>C. Fohlen,''Histoire de Besançon'', t. II, p.379</ref>. D'autres industries se développent à cette époque: brasseries (dont la plus renommée est la brasserie Gangloff), papeteries, métallurgie... C'est surtout le textile qui s'impose comme un des secteurs florissant lorsque le [[Hilaire de Chardonnet|comte Hilaire de Chardonnet]], inventeur d'un procédé de fabrication de [[soie]] artificielle, permet à sa ville d'utiliser industriellement son procédé dans une Soierie ouverte sur le site des Prés-de-Vaux en [[1891]]<ref>C. Fohlen,''Histoire de Besançon'', t. II, p.380</ref>.
C'est également à la fin du {{XIXe siècle}} que la ville "s'invente" une vocation thermale en créant en [[1890]] la Compagnie des Bains salins de la Mouillère. Le [[tourisme]] se développe alors autour du produit d'appel de ''Besançon-les-Bains'' qui engendre la construction d'un [[Thermalisme|établissement thermal]], de l'Hôtel des Bains, d'un [[Casino (lieu)|casino]], de la salle de spectacles du Kursaal et l'ouverture d'un [[Office de tourisme|syndicat d'initiative]] en mai [[1896]]<ref>C. Fohlen,''Histoire de Besançon'', t. II, p.380-382</ref>.
Lors de la [[Seconde Guerre mondiale]], l'armée allemande entre à Besançon le [[16 juin]] [[1940]] bien que les autorités militaires françaises aient décidé de faire sauter les ponts à l'approche de l'occupant<ref>C. Fohlen,''Histoire de Besançon'', t. II, p.487-488</ref>. La ville se retrouve en [[zone occupée]] (la [[ligne de démarcation]] n'est qu'à environ 30 kilomètres à l'ouest) et même en [[zone interdite]], ce qui implique qu'elle soit annexée au [[Reich allemand|Reich]] en cas de victoire de l'[[Allemagne]]<ref>C. Fohlen,''Histoire de Besançon'', t. II, p.489</ref>. La ville subit globalement peu de destructions durant la guerre, si ce n'est le bombardement dans la nuit du 15 au 16 juillet [[1943]] du quartier de la Viotte par l'[[Royal Air Force|aviation anglaise]] dont un bombardier s'écrase sur la gare: le bilan est de 50 morts, 40 blessés graves et une centaine de blessés légers<ref>C. Fohlen,''Histoire de Besançon'', t. II, p.493</ref>. La [[Résistance intérieure française|Résistance]] s'organise tardivement, perpétrant ses premiers attentats au printemps [[1942]]<ref>C. Fohlen,''Histoire de Besançon'', t. II, p.500</ref>: les Allemands ripostent par des arrestations et 16 résistants sont exécutés dans l'enceinte de la [[Citadelle de Besançon]] le [[26 septembre]] [[1943]]<ref>C. Fohlen,''Histoire de Besançon'', t. II, p.501-502</ref>, 83 subiront le même sort par la suite. Le 6{{e}} corps de l'armée américaine prend possession de Besançon le {{Date|8|septembre|1944}} après quatre jours de combats<ref>C. Fohlen,''Histoire de Besançon'', t. II, p.505</ref> et c'est donc une ville libérée que visite le [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]] le [[23 septembre]]<ref>C. Fohlen,''Histoire de Besançon'', t. II, p.508</ref>.
'''Une expansion sans précédent (1945-1973)'''
[[Image:Monument besancon.jpg|thumb|'''Mémorial aux soldats du [[Doubs (département)|Doubs]]''' morts pour la [[France]] <small>durant les guerres en [[Guerre d'Indochine|Indochine]], [[Corée]] et [[Afrique du Nord]]</small>]]
Au sortir de la guerre, la ville comme tout le pays, fait face à une croissance rapide. L'essor démographique est particulièrement vif, la ville doublant sa population en à peine plus de 20 ans (de {{formatnum:63508}} habitants en [[1946]] à {{formatnum:113220}} habitants en [[1968]]), et particulièrement entre [[1954]] et [[1962]] où sa progression de 38.5% n'est dépassée seulement que par les villes de [[Grenoble]] et de [[Caen]]<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 513</ref>. Les voies de communication n'accompagnent que difficilement cette évolution<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 517</ref>, l'électrification de la ligne ferroviaire vers [[Paris]] n'intervenant qu'en [[1970]], la mise à grand gabarit du [[Canal du Rhône au Rhin|canal]] n'étant envisagée qu'à partir de [[1975]] tandis que l'[[Autoroute française A36|autoroute]] ne parvient à Besançon en [[1978]]. Quant à la possibilité de développer un aéroport à [[La Vèze]], l'idée est bien vite enterrée.
L'[[Horlogerie|industrie horlogère]] reste dominante mais est en recul, passant de 50% des emplois industriels en 1954 à 35% en 1962 et cédant le pas progressivement face à d'autres secteurs en plein essor tels que le [[Industrie textile|textile]], le bâtiment ou l'industrie alimentaire<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 518</ref>. En [[1962]], trois entreprises dépassent les 1000 employés: les firmes horlogères [[Lip]] et [[Timex|Kelton-Timex]], et l'usine textile de la [[Rhodia]]céta<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 519</ref>. Cela n'empêche pas Besançon de confirmer son statut de capitale de l'horlogerie française grâce notamment à ses fonctions administratives (sièges sociaux) et scientifiques (enseignement et recherche)<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 521</ref>. Le textile et la confection connaissent par ailleurs un dynamisme certain, la Rhodia employant jusqu'à {{Formatnum:3300}} employés en [[1966]] et l'entreprise familiale Weil atteint {{formatnum:1500}} emplois en [[1965]], devenant ainsi la première entreprise française de confection masculine<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 523</ref>.
Face à cette croissance exponentielle, la municipalité décide de répondre notamment à la crise du logement en débutant en [[1952]] la construction des cités de [[Montrapon]] et de [[Palente]]-[[Orchamps (Besançon)|Orchamps]] et en [[1960]] celle des trois immeubles appelés ''les 408'' (en référence au nombre de logements) par les Bisontins qui accueillent une population majoritairement ouvrière<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 530</ref>. La réalisation de ces équipements est assez anarchique et un plan de modernisation et d'équipement est élaboré entre [[1961]] et [[1963]] prévoyant la création de la [[Zone à urbaniser en priorité|Z.U.P.]] de [[Planoise]], des zones industrielles de Palente et de Trépillot, et du campus universitaire de la Bouloie<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 531</ref>. On prévoit également la réalisation de trois boulevards permettant de fluidifier la circulation.
La ville devient capitale régionale grâce à la création des circonscriptions d'action régionale par un décret du 2 juin 1960.
'''Crises et reconversions (1973 à nos jours)'''
[[Image:Citadelle de Besançon 7.jpg|thumb|200 px|L'ancienne usine textile Rhodia dans le quartier des Près-de-Vaux]]
La [[crise pétrolière]] de [[1973]] ouvre pour Besançon le début d'une crise économique difficile dévastant son industrie et venant brusquement stopper son essor fulgurant. Cette crise est d'abord symbolisée par la célèbre [[Lip|affaire Lip]]<ref>C. Fohlen, ''Histoire de Besançon'', t. II, p. 570-571</ref> qui marquera durablement l'histoire de la ville. L'entreprise horlogère est en effet menacée d'un plan de licenciements au printemps [[1973]] et donne alors naissance à une lutte sociale d'un genre nouveau basée sur l'[[autogestion]] et provoquant un élan de solidarité national qui culmine le [[29 septembre]] avec la ''"marche Lip"'' qui voit défiler {{formatnum:100000}} personnes dans une ville morte. Après avoir entrevu un semblant de redémarrage de l'activité, le dépôt de bilan est inéluctable et Lip disparaît en [[1977]]. En [[1982]], c'est un nouveau coup dur pour la ville avec la fermeture de l'usine Rhodia qui laisse sur le carreau près de {{formatnum:2000}} salariés<ref>''"Les Prés-de-Vaux, cœur de l’activité ouvrière bisontine"'', article de l'Hebdo de Besançon du 30/05/07</ref>, tout comme l'entreprise horlogère Kelton-Timex peu après. Durant les années 90, c'est un autre fleuron de l'industrie bisontine qui s'efface, puisque l'entreprise de confection Weil délocalise et les effectifs passent de plus d'un millier de salariés à une petite centaine. En près de 20 ans, la ville perd donc près de {{formatnum:10000}} emplois industriels et semble pouvoir s'en relever difficilement.
Grâce notamment aux lois de décentralisation de [[1982]], la ville passe d'une vocation industrielle à un centre tertiaire. Le savoir-faire horloger, vieux de plus de deux siècles, est mis en valeur pour se reconvertir avec succès dans les branches des [[microtechnique]]s, de la mécanique de précision et des [[nanotechnologies]] au niveau [[européen]] et dans le domaine spécifique du [[Oscillateur|temps-fréquence]] à l'échelle mondiale. D'autres atouts comme la qualité de vie et le patrimoine, ou encore la situation sur l'axe Rhin-Rhône, un des axes structurants à l'échelle européenne, permettent à Besançon, au début du {{s-|XXI|e}}, de prendre un nouveau départ.
==Notes et références==
{{références|colonnes=2}}
[[Catégorie:Besançon]]