Histoire de la Sardaigne
756596
31018963
2008-06-26T07:26:24Z
Ccmpg
381761
orthographe
L’'''histoire de la [[Sardaigne]]''' est ancienne (depuis le [[Paléolithique inférieur]]) et particulièrement riche. Le [[peuplement]] initial de la Sardaigne résulte de [[Migration humaine|mouvements de population]] qui se sont produits vers [[-6000|6000 av. J.-C.]] en provenance de la [[Italie|péninsule italienne]], de la [[Péninsule Ibérique|péninsule ibérique]] et d'[[Afrique]] (''voir carte ci-dessous''). Mais il s'est poursuivi, au fil des [[Invasion (action militaire)|invasions]], pour donner le peuple sarde. Christophe de Chenay fait remarquer que :
{{début citation}}Les Sardes ont toujours dû surveiller les envahisseurs […], ainsi, de cachettes naturelles, puis de [[nuraghe]]s en villages perchés, le peuple de Sardaigne assiégé a toujours su résister. Il en reste une méfiance à l’égard de l’étranger qui disparaît cependant bien vite.<ref>[[Christophe de Chenay]], « Maquis sarde et vallées oubliées », dans ''Le Monde'', article du 29/09/2005, {{Lire en ligne|lien= http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3546,36-693711@51-653220,0.html}};</ref>{{fin citation}}
On peut trouver deux types d'origines supposées du nom de l’île. En effet, la première, qui est plus de l’ordre du [[mythe]], provient du terme ''Ichnusa'' qui dérive de la racine grecque qui signifie trace de pied. Ce terme fait référence à la forme de l’île, « par la ressemblance grossière que les anciens trouvaient entre sa forme et celle de l’empreinte d’un pied d’homme »<ref>Conrad Malte-Brun, ''Précis de la géographie universelle'', [[Paris]], Bureau des publications illustrées, [[1843]], p. 311;</ref>. Par la suite le nom change pour devenir ''Sardon'' également du grec, qui peut se traduire par sandale, ce qui confirmerait cette explication.
[[Image:PopulationSarde.png|right|thumb|400px|Mouvements de population à l’origine du peuplement de la Sardaigne vers -6000]] Mais une seconde origine, plus probable, viendrait d’un chef d’Afrique du Nord (la [[Libye]] actuelle) appelé « ''Sardus'', prétendu fils d’Hercule<ref>Il est question ici de [[Macéride]], l’Hercule des Égyptiens.</ref> », qui établit une colonie au sud de la Sardaigne. Sardus fut vénéré, à tel point qu'« on lui érigea des statues dans l’île, avec cette inscription, ''Sardus Pater''<ref>André de Claustre, revue et corrigé par François Richer, ''Dictionnaire portatif de mythologie'', Briasson, [[1765]], p. 410.</ref> ». Une autre thèse alternative à cette dernière serait que les peuples [[Peuples de la mer|Shirdana et Sikala]] se seraient joint aux phéniciens, d'où dérive le nom de l'île<ref>Clio la muse, ''Les Peuples de la mer'', {{lire en ligne|lien=http://www.cliolamuse.com/spip.php?article61}}</ref>.
Plus tard le nom changera de forme avec les [[Phéniciens]] (''Shardan'') qui écrivent les premiers ce nom, puis les [[Rome antique|Romains]] (''Sardinia'').
== Préhistoire ==
[[Image:Canto tallado del Trabancos.gif|left|160px|thumb|Exemple de galet taillé de l'[[Acheuléen]] espagnol.]]La découverte à [[Perfugas]] ([[province de Sassari]]), de [[galet aménagé|galets taillés]] selon la méthode clactonienne a conduit certains [[archéologue]]s à envisager une présence humaine en [[Sardaigne]] dès le [[Paléolithique inférieur]] (entre [[Ce millénaire av. J.-C.|{{formatnum:400000}} ans av. J.-C.]] et [[Ce millénaire av. J.-C.|{{formatnum:150000}} ans av. J.-C.]]). Cette découverte n'est toutefois pas acceptée de tous, car ces assemblages de pierres taillées sont caractéristiques des faciès d'acquisition de silex sur les gisements naturels et n'ont, de ce fait, aucune valeur chrono-culturelle : de tels assemblages existent à toutes les périodes, paléolithiques comme néolithiques<ref>Laurent-Jacques Costa, 2006, ''Questions d'économie préhistorique'', CRDP, Corse</ref>. Dès lors, les dates du premier peuplement humain varient suivant les sources<ref>{{it}} Une des publications officielles sur le sujet reste la chronologie des cultures préhistoriques que l’on trouve dans le livre du professeur [[Giovanni Lilliu]], ''La civiltà dei Sardi'', [[Torino]], éd. Eri, [[1988]], 3{{e}} édition {{ISBN|8886109733}}</ref>.
Les [[fouille]]s réalisées dans la grotte de Corbeddu ont permis de mettre au jour des restes humains dans une couche datant du [[Paléolithique supérieur]] (entre [[-35000|{{formatnum:35000}} ans av. J.-C.]] et [[-10000|{{formatnum:10000}} ans av. J.-C.]]), mais les ossements n'ont pas été [[datation absolue|datés directement]] et de nombreux chercheurs les considèrent comme plus récents, datant du [[Mésolithique]] ou du [[Néolithique]]<ref>Laurent-Jacques Costa, 2004, « Nouvelles données sur le Mésolithique des îles tyrrhéniennes », ''Gallia Préhistoire'', CNRS Editions, p.211-230</ref>.
À l'heure actuelle, les premières traces attestées et acceptées de tous ne remontent guère au-delà de la période mésolithique, c'est-à-dire 8000 ans av. J.-C. Elles proviennent de deux sites : Porto-Leccio, fouillé par C. Tozzi (1996) et Su Coloru, fouillé par P. Fenu et ses collaborateurs (2000).
== Protohistoire ==
C’est durant la [[Protohistoire]] que l’on peut véritablement parler d’installation humaine sur l’île, et non plus simplement de présence ou de fréquentations. Vraisemblablement, des populations d’Italie, d’Afrique<ref>''Diversité de l’ADN mitochondrial et histoire du peuplement des îles San Pietro et San Antioco (Sardaigne)'', L. Giovannoni, A. Falchi, G. Vona, L. Varesi, [[2005]], vol. 20, n°2-3, pp.107-121. Revue Human evolution {{ISSN|0393-9375}} {{présentation en ligne|lien= http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=17417183}}.</ref> et de la péninsule ibérique se sont déplacées vers la Sardaigne. Pour [[Francesco Cesare Casula]], « c’est pour cela, si on peut dire, qu’en Sardaigne il n’y eut jamais un unique peuple, mais plusieurs peuples<ref>{{it}} Francesco Cesare Casula, ''La storia di Sardegna'', p.8.</ref> ».
Ce peuplement initial est le fait de groupes d'agriculteurs qui, vers 6000 av. J.-C., importent dans l'île les animaux domestiques et le blé et qui s'installent durablement dans les plaines fertiles où ils érigent les premiers villages.
=== La culture prénuragique ===
{{Article détaillé|Culture prénuragique}}
{{ÂgePrénuragique}}
[[Image:Lentisque1.jpg|180px|right|thumb|Le pistachier lentisque était utilisé dans la fabrication d’huile]]
La culture prénuragique correspond à une longue période qui débute vers [[-6000]], pour finir vers [[-1855]]. Plusieurs civilisations vont se succéder et l'apport de chacune va permettre l'émergence de la culture nuragique.
Les Sardes de cette époque pratiquent l’[[agriculture]] et l'élevage. Les récoltes des fruits du [[pistachier lentisque]], permettent par exemple la production d'huile<ref>''La fabrication d’huile de lentisque (Listincu ou chessa) en Sardaigne'', [[Francois De Lanfranchi]], [[Maï Bui Thi]], [[Michel Girard]], JATBA, [[1999]], vol. 41, no2, pp.81-100. {{présentation en ligne|lien= http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=15177425}};</ref>. Les techniques évoluent, notamment grâce aux autres peuples de la [[Méditerranée]] occidentale avec lesquels des échanges commerciaux, culturels et religieux vont peu à peu apparaître. Les sociétés sardes se spécialisent dans la production de certains biens qu'elles échangent avec les autres communautés méditerranéennes. L'une de ces spécialités est l'exploitation des gisements d’[[obsidienne]] du Monte Arci, la production de lames en obsidienne et leur diffusion à travers tout le bassin occidental de la Méditerranée, en particulier durant le IV{{e}} millénaire av. J.-C.<ref>Laurent-Jacques Costa, 2007, ''L'obsidienne, un marqueur d'échanges en Méditerranée préhistorique'', éditions Errance, Paris;</ref>.
[[Image:Lotzorai domus de janas 1.jpg|200px|left|thumb|Domus de Janas de [[Lotzorai]]]]
L'inhumation des morts commence à être mise en place dans des tombes circulaires ([[cercle mégalithique|cercles mégalithiques]] ou funéraires), mais ses modalités vont évoluer avec l'arrivée de divinités caractéristiques (les [[Dieux|Déesse]]s mère), des [[domus de janas]] qui vont peu à peu se complexifier, et enfin de [[dolmen]]s.
Ainsi la vie sociale se développant, les Sardes vont se regrouper en petites [[tribu (ethnologie)|tribus]], pour ensuite construire les premiers [[village]]s fortifiés, placés sur les hauteurs, constitués de maisons circulaires en pierre. Des évolutions [[technique]]s suivront comme le montre la qualité des [[céramique]]s, mais aussi des [[outil]]s.
Avec les dernières civilisations de cette période, on voit apparaître de véritables systèmes de défenses, et le développement d’[[arme]]s en [[métal]]. Une nouvelle classe sociale dominante est alors créée, celle des [[guerrier]]s, ce qui témoigne du [[besoin]] que ce [[peuple]] a de se défendre.
=== Civilisation nuragique ===
{{Article détaillé|Culture nuragique}}[[Image:Nuraghe losa.jpg|right|thumb|180px|Un [[nuraghe]] est un monument en forme de cône tronqué constitué de pierres]]La civilisation nuragique est le pilier de la [[culture]] sarde proprement dite. C’est en effet durant cette [[ère]], qu’une véritable [[Société (sciences sociales)|société]] voit le jour.
{{début citation}}La Sardaigne appartint au monde mégalithique qui s’exprima à [[Malte]] ou à [[Stonehenge]]. […] elle évolua de manière originale pour donner naissance à cette civilisation nouragique qui reste encore largement mystérieuse. <ref>[[Roger Joussaume]] dans ''Clio Italie'', p.26 {{Lire en ligne|lien= http://www.clio.fr/voyages_culturels/brochure_italie.pdf}} {{pdf}}</ref>{{fin citation|[[Roger Joussaume]]}}
Le terme ''nuragique'' (ou ''nouragique'') est issu de l’empreinte la plus marquante de cette société, les [[nuraghe]]s, que l’on peut trouver dans toute la [[Sardaigne]]. Il en reste aujourd’hui 7000 environ et il est certain qu'ils étaient plus nombreux à l'époque. C’est vers [[-900]], que cette [[civilisation]] commence à décliner lentement, avec l’arrivée de colonies [[Phéniciens|phéniciennes]], pour voir sa fin vers [[-238]], avec l’arrivée du pouvoir [[rome antique|romain]].
{{ÂgeNuragique}}
==== Civilisation de Bonnanaro ====
[[Image:Tombe de Géant.jpg|left|thumb|220px|Tombe de géant à façade Sa Ena e’ Thomes.]]
Cette [[culture]] (de [[-1855]] à [[-1200]]) marque le début de l’âge nuragique et est reconnaissable « par les vases de pâte brune- claire avec des anses à coude »<ref>{{it}} [[Fulvia Lo Schiavo]], ''Il museo archeologico di Sassari G. A. Sanna'', p.18, ed. Carlo Delfino, [[1991]], [[Sassari]], {{ISBN|871380312}}, {{Lire en ligne|lien= http://www.sardegnacultura.it/documenti/7_4_20060402095130.pdf}} {{pdf}});</ref>. Cette [[céramique]] a été retrouvée dans les [[Domus de janas]] - qui ont été réutilisés -, les ''tombes de géants'', et les [[dolmen]]s de cette époque.
[[Image:Su tempiesu.jpg|130px|right|thumb|Puits sacré de Sardaigne]] [[Image:Su tempiesu detail.jpg|130px|right|thumb|Détail du puits sacré]]
Bonnanaro est une [[civilisation]] guerrière, comme le montrent les [[arme]]s en [[cuivre]] et en [[bronze]] et, bien sûr, les premiers [[nuraghe]]s ''(proto nuraghe)'' construits. Elle se diffuse dans toute la [[Sardaigne]]. Cependant l’[[île]] est probablement divisée en [[territoire]]s autonomes les uns des autres, qui commercent ensemble. On peut également penser qu’il y a des [[guerre]]s entre [[tribu (ethnologie)|tribus]], ou en tous cas des altercations entre ''rois-bergers''. Ces derniers règnent chacun sur une communauté [[Patriarcat (sociologie)|patriarcale]], de [[berger]]s ou [[cultivateur (métier)|cultivateur]]s [[guerrier]]s, et habitent le [[nuraghe]], tandis que le reste de la [[population]] se loge dans de petites [[hutte]]s en pierre, placées autour de celui-ci.
Plus tard, vers [[-1490]] les [[nuraghe]]s en [[tholos]], et les ''tombes de géants à façade'' font leur apparition, et expriment l’apogée de cette [[civilisation]]. On constate l’apparition d’[[arme]]s importées d’[[Orient]] durant cette seconde période de la culture de Bonnanaro, ce qui montre l’existence d’un [[commerce]] manifeste qui prend de l’ampleur, et rend la vie économique de bonne qualité. En effet, la Sardaigne de cette période fait partie d'un réseau d'îles (avec la crète, Chypre et la Sicile) « qui offrent des conditions particulièrement favorables aux échanges.<ref>Bietti Sestieri A. M., ''Un modèle sur les mécanismes d'échanges et de circulation entre le monde égéen et la Méditerranée occidentale au deuxième millénaire av. J.-C. un cadre essentiel pour la compréhension de la métallurgie'', Collection de l'Ecole française de Rome, 2004, vol. 332. {{Présentation en ligne|lien=http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=16373864}}</ref> »
==== Culture de la céramique à peigne et protogéométrique ====
Les [[vase (récipient)|vase]]s sont dorénavant finement décorés de [[cercle]]s et de demi-cercles tracés au peigne. De plus, le développement du [[culte]] de l’[[eau]], qui était sans doute préexistant, fait émerger les ''puits sacrés'', véritables [[temple]]s dédiés à cet élément, où l’offrande d’objets précieux n’est pas rare. Ces [[temple]]s semblent être des centres de réunion inter-[[tribu (ethnologie)|tribus]], ce qui révèle l’homogénéité de ce [[peuple]], malgré les diverses coalitions. « Ce culte correspond à l’influence méditerranéenne, et […] aurait ici un caractère thérapeutique et magique ».<ref>José María Blázquez, ''Le culte des eaux dans la Péninsule Ibérique'', p.233, {{Lire en ligne|lien= http://descargas.cervantesvirtual.com/servlet/SirveObras/09259441090914051869079/014800_2.pdf}};</ref>
La [[Société (sciences sociales)|société]] nuragique se complexifiant, on trouve à présent deux structures importantes dans certains [[village]]s. La première est la ''salle du conseil'' (exemple du village nuragique de [[Barumini]]), qui sert à réunir les [[Grade militaire|chef]]s de [[Famille|familles]] afin de régler les problèmes de la [[Groupe humain|communauté]]. La seconde est la ''salle du conseil fédéral'', qui a pour fonction de traiter les affaires qui concernaient l’ensemble du [[peuple]] nuragique, en réunissant les chefs des [[tribu (ethnologie)|tribus]].
== Histoire ==
C’est vers [[-600|600 ans av. J.-C.]], que la [[Sardaigne]] découvre l’[[écriture]] par l’intermédiaire des [[Phénicien]]s. C’est cet apport qui fait passer l’[[île]] de l’âge [[protohistoire|protohistorique]] à l'âge historique.
{{AntiqMoyÂgeSarde}}
=== Antiquité ===
[[Image:Bronzetto sardo 2.JPG|130px|left|thumb|Statuette en bronze sarde, exposée au musée archeologique national de Cagliari]]
L’[[antiquité]] commence par la domination phénicienne. Elle est donc à cheval entre la fin de l’âge nuragique, et la domination romaine. C'est durant cette période que les sardes auraient été initiés à l'extraction d'huile d'olive, à l'[[apiculture]], et à cailler le lait de brebis<ref>Jean-François Mimaut, ''Histoire de Sardaigne'', p.12 {{Lire en ligne|lien= http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k281895/f68.pagination}}; </ref>.
==== Domination phénicienne ====
Les [[Phénicien]]s, [[peuple]] marchand, connaissent déjà bien la [[Sardaigne]], vu que depuis au moins 100 ans, ils y accostent régulièrement pour passer la [[nuit]], ou en cas d’[[avarie]]. En effet, la [[Sardaigne]] tient une position stratégique sur la [[route]] commerciale maritime de l’[[Europe]], et en particulier de la Bretagne (l’actuelle [[Grande-Bretagne]]), de plus « la Sardaigne avait des ports nombreux et commodes, de vastes pâturages au bord de la mer »<ref>[[Auguste Boullier]], ''L’Île de Sardaigne : description, histoire, statistique, mœurs, état social'', [[1865]], p. 52, {{Lire en ligne|lien= http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73221n/CadresFenetre?O=NUMM-73221&M=tdm}};</ref>. Au fur et à mesure des années, les phéniciens commencent à installer de véritables [[ville]]s côtières, surtout dans le [[sud]] et l’[[Ouest (point cardinal)|ouest]] de l’[[île]], et ceci avec l’aval des [[tribu (ethnologie)|tribus]] locales, qui profitent alors du [[commerce]]. C’est donc à partir de [[-900]], date du début de cette domination, que les échanges commerciaux se multiplient, et le travail des [[métaux]] se développe. C’est d’ailleurs vers cette date que les ''petits bronzes'' font leur apparition. Ce sont les phéniciens et non les sardes qui profitaient des bienfaits de la mer comme la pêche du thon ou de la sardine (nom dérivé de Sardaigne).
Tant que ces commerçants restèrent sur le [[littoral]], la cohabitation était bonne, mais les [[Phénicien]]s ont commencé à s’intéresser aux [[Ressource naturelle|ressources]] de l’intérieur des terres, et ont envisagé de conquérir l’[[île]] dans son intégralité. Plus tard, d’autres colonies venues de Libye, dirigées par Sardus, prennent « plus complètement possession du pays » <ref>Auguste Boullier, ''L’Île de Sardaigne'', p. 53, {{Lire en ligne|lien= http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73221n/f57.table}};</ref>. Ce dernier a, très probablement, donné son nom à l’île, que les Phéniciens sont les premiers, à nommer, ''Shardan''. Cependant, le [[peuple]] nuragique a opposé une telle résistance, que la Phénicie n’a pu faire autrement que de demander l’aide de [[Carthage]]. La relation qu’entretiennent les Phéniciens avec la Sardaigne est particulière, dans le sens que, la plupart du temps, ce peuple ne s'intéresse que très peu à l'intérieur de terres colonisées, par souci de sécurité que leur apporte la mer. Ainsi, l'île sarde est l'exception où l'on voit apparaître des fortifications phéniciennes.
==== Domination carthaginoise ====
[[Image:Différents peuplements antiques de la Sardaigne.svg|thumb|right|280px|Hors cette région, la Sardaigne a été entièrement dominée par Carthage vers -523.]]
Les phéniciens sont à l'origine de la [[Civilisation carthaginoise]], qui devient une cité très puissante. C’est alors en [[-545]] que le [[général]] Carthaginois [[Malco]] tente de débarquer en [[Sardaigne]], mais il se fait repousser violemment par le [[peuple]] nuragique, ce qui va marquer le début de nombreuses années de [[guerre]]. « Le jeu de Carthage fut donc de faire alliance avec les insulaires »<ref>Fernand Hayward et Jean Imbert, ''Sardaigne terre de lumière'', p. 30;</ref> des côtes, c’est-à-dire les Phéniciens appelés alors les ''Shardana''.
Il faut attendre 10 ans pour que l’on parle d’un réel début de domination carthaginoise, et en -523 on peut parler d’occupation quasi complète. Seule la région montagneuse de l’[[Est (point cardinal)|est]] de l’[[île]] résiste toujours. Dès lors, les [[Port (marine)|ports]] phéniciens deviennent de véritables cités portuaires. De plus, les carthaginois développent l’[[agriculture]] céréalière sur les [[terre]]s fertiles de [[Sardaigne]], en utilisant comme [[esclave]]s une part des [[population]]s locales, et en demandant des [[taxe]]s importantes aux autres.
[[Image:Terracota orante púnica Ibiza (M.A.N.) 01.jpg|left|thumb|120px|Exemple de statuette en terre cuite carthaginoise.]]
Les forces [[punique]]s se sont toujours efforcées de maintenir le [[peuple]] nuragique dans les régions montagneuses qui sont bien trop inaccessibles pour être annexées. Ainsi ils ont pu faire de la [[Sardaigne]] une véritable base [[militaire]], stratégique de part sa position sur les [[route]]s du [[commerce]] maritime. Carthage a même réussi à négocier « avec les Romains, deux traités par lesquelles ceux-ci s’interdisaient d’aborder dans l’île, à moins d’y être forcés par une bataille ou par une tempête »<ref>Auguste Boullier, ''L’Île de Sardaigne'', p. 60, {{Lire en ligne|lien= http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73221n/f64.table}};</ref>.
Un [[réseau routier]] est mis en place, des villes telles que Karalis ([[Cagliari]]) et Sulci ([[Sant'Antioco|Sant’Antioco]]) sont créées<ref>[[Pausanias (écrivain)|Pausanias]], ''Description de la Grèce'', XVIII, 8;</ref>, mais de nombreux [[monument]]s de la période nuragique sont détruits. Mais « en [[-259]] [[-258]], les romains exportent la [[guerre]] en Sardaigne et en [[Corse]] afin d’affronter les garnisons carthaginoises et afin de piller ces [[île]]s. En [[-249]], la [[Sardaigne]] est à nouveau pillée. Les romains manifestent de plus en plus d’intérêt pour ces [[île]]s. »<ref>J.-M. Roddaz, ''La République Romaine'', Université Michel de Montaigne, octobre-décembre 2005, p. 14 {{Lire en ligne|lien= http://adels.blog.lemonde.fr/adels/files/UE7a.pdf}} {{pdf}};</ref>
Le pouvoir romain, sous prétexte d’une pseudo-préparation d’invasion du [[Latium]] par les Carthaginois, envoie ses troupes en [[Sardaigne]]. En fait, il profite de l’affaiblissement de [[Carthage]] après sa défaite de la [[première guerre punique]], mais surtout d’avoir « appris que les Mercenaires de la Sardaigne avaient crucifié leur général, saisi les places fortes et partout égorgé les hommes de la race chananéenne. Le peuple romain menaça la République d’hostilités immédiates, si elle ne donnait douze cents talents avec l’île de Sardaigne tout entière »<ref>[[Gustave Flaubert]], Salammbô, [[1862]]. {{Lire en ligne|lien= http://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Acqueduc}};</ref>. C’est alors que [[Carthage]] cède ce territoire à la [[république romaine]] en [[-238]].
==== Domination romaine ====
{{Article détaillé|Corse-Sardaigne}}
Les [[Légion romaine|légions Romaines]] ont rapidement pénétré toutes les régions sardes, y compris celle de la Barbaria, qui a donné son nom à l’actuelle [[Barbagia]]. Malgré la résistance du « peuple des montagnes », la civilisation nuragique s’éteint alors, sans pour autant constater une soumission totale des sardes. Ainsi, « Barbaria fut le terme dont Rome qualifia la Sardaigne profonde, car à ses yeux étaient barbares […] les montagnards sardes résolus à défendre leurs coutumes, qui lançaient des razzias dans la plaine jusqu’à ce que l’armée romaine les repoussât<ref>[[Patricia Bourcillier]], ''SardegnaMadre'', Flying Publisher, chap.5, {{Lire en ligne|lien= http://www.sardegnamadre.com/sardegna/ch05.htm}}.</ref> ». De nombreuses révoltes éclatent durant cette domination, mais elles sont toutes fortement réprimées.
[[Image:Cagliari Roman Amphitheatre 2003.jpg|thumb|left|250px|Amphithéâtre romains de Cagliari]]
La [[révolte]] la plus importante est sans doute celle de [[-215]], où Sardes et Carthaginois se sont unis pour expulser les Romains de l’[[île]]. Cependant, le jour de la [[bataille]], les Carthaginois, ayant essuyé une [[tempête]], arrivent trop tard. Ainsi les Romains, en plus grand nombre, triomphent sur cette insurrection. Toutes les tentatives suivantes sont suivies d’une vengeance sanglante des romains. On peut parler de fin des rebellions vers [[-31]] (époque de l’[[Empire romain]]), cependant la Barbaria résiste encore et toujours.
[[Rome]] développe un [[réseau routier]] organisé en Sardaigne, facilitant le déplacement des troupes et des commerçants. Celui-ci a été d’ailleurs utilisé comme base au réseau actuel. Les romains utilisent abondamment les ressources de la « Sardaigne, inépuisable terre<ref>Horace, ''Odes'', Ode I.31 - À Apollon {{Lire en ligne|lien= http://fr.wikisource.org/wiki/Ode_I.31_-_%C3%80_Apollon}}.</ref> », dont le « sol, fertile et parfaitement cultivé, fournissait jadis à Rome de si beaux blés et en telle quantité que la Sardaigne était alors le grenier d’abondance de la capital de l’empire romain<ref>Emmanuel Domenech, ''Bergers et bandits, souvenirs d’un voyage en Sardaigne'', 1867. {{Lire en ligne|lien= http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k107799s.pagination}}.</ref> ». La ville de [[Nora (ville antique)|Nora]], crée par les phéniciens, devient la ville la plus important de cette époque. Au-delà, des [[amphithéâtre]]s sont bâtis, et la [[religion]] [[christianisme|chrétienne]] est importée par le bannissement de milliers de dissidents [[juif]]s et chrétiens dans l’[[île]], par vagues : « C’était pour les Juifs une idolâtrie. […] [[Tibère]] avait eu raison d’en exiler quatre cents en Sardaigne<ref>[[Gustave Flaubert]], ''Trois contes'', Hérodias, 1877. {{Lire en ligne|lien= http://fr.wikisource.org/wiki/H%C3%A9rodias}}.</ref> ». Cette [[croyance]] se diffuse et convertit de nombreux habitants. Aujourd’hui encore la ferveur sarde est très présente. C’est en [[227]], que la [[Corse-Sardaigne]] devient une Province romaine (dans le sens statutaire). En même temps que l’Empire perd ses forces, il abandonne petit à petit l’[[île]] sarde.
==== Domination vandale ====
{{Article détaillé| Vandales|Royaume vandale}}[[Image:Vandales.png|thumb|right|210|Emplacement approximatif de l’empire vandale d’Afrique vers [[455]].]]Les vandales d’[[Afrique]], [[peuple germanique|d’origine germanique]], sont un peuple migrant vers le sud durant tout le {{s-|V|e}} . Ainsi, ils envahissent successivement la [[Gaule]], l'[[Espagne]], et enfin l'[[Afrique]] du nord, où ils s’établissent et prennent [[Carthage]] en [[439]]. Entre Rome et le royaume vandale, le conflit pour le contrôle de la méditerranée est omniprésent. Mais l'empire romain est mourant, et ainsi quand « en [[442]] l'établissement d'un nouveau traité aux termes duquel l'ex-Afrique romaine fut partagée entre l'Empire et le roi vandale »<ref>Serge Lancel, ''L'Afrique vandale'', parue dans Clio en mars 2002. {{Lire en ligne|lien= http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/l_afrique_vandale.asp}}; </ref>, ce dernier est alors en situation de débarquer et occuper la [[Sardaigne]] en [[456]], grâce à une véritable flotte de [[guerre]] qui inflige des [[razzia]]s à répétition. Les Romains délaissent alors l'île sans résister. Ainsi, la Sardaigne est divisée au profit de capitaines Vandales, qui y règnent en maîtres absolus. Mais les Romains n’oublient pas cette terre stratégique pour autant, et tenteront de la reconquérir plusieurs fois, en faisant en sorte de « favoriser une révolte en Sardaigne »<ref>Christian Soucy, ''Flavius Belisarius et la reconquête de l’empire romain'', article parut dans ''PHARE BEACON—BAGOTVILLE'' en février 2005, p.6. {{Lire en ligne|lien= http://www.vortexbagotville.com/Fichier/2005/Phare%20fevrier%202005.pdf}} {{pdf}};</ref>.
La [[Sardaigne]] reste une terre d’[[exil]] à cette époque. On peut donner l’exemple de [[Fulgence]] qui y fut exilé vers [[523]], pour avoir écrit ses ''Lettres ascétiques et morales''.
En [[534]] l’[[empire byzantin]] prend le dessus sur l’empire vandale, par l’intermédiaire du général [[Bélisaire]].
=== Moyen Âge ===
[[Image:Mappasardegna1.JPG|thumb|Carte médiévale arabe de la Sardaigne.]][[Image:Justinien 527-565.svg|300px|thumb|Les conquêtes de [[Justinien#Guerre contre les Vandales|Justinien]] en jaune à partir de [[529]].|right]]En Europe, « le Moyen Âge a connu, à vrai dire, une société largement seigneurialisée, non féodalisée : la Sardaigne<ref>[[Marc Bloch]], ''La société féodale'', p. 238. {{Lire en ligne|lien= http://scholar.google.com/url?sa=U&q=http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/classiques/bloch_marc/societe_feodale/bloch_societe_feodale.doc }}.</ref> ». Cette période commence en [[476]] avec la chute de [[Romulus Augustule]], le dernier empereur romain.
==== Domination byzantine et invasions sarrasines ====
{{Article détaillé|Histoire de l'Empire byzantin|Guerres entre Arabes et empire byzantin}}En [[533]], après avoir sécurisé ses frontières, l'[[Byzance|Empire]] s'empare du royaume vandale. C’est donc en [[534]] que Byzance, essayant de retrouver ses frontières occidentales, prend le pouvoir en Sardaigne. Ceci permettra dès [[535]] à Byzance d'entamer la reconquête de l'Italie.
À l'image des préoccupations byzantines, on constate que le fait le plus marquant de cette domination, est la conversion quasi complète des Sardes au [[christianisme]]. Ceci est l'apport le plus profond que l'on constate dans la Sardaigne de cette époque.
Seuls les habitants de la Barbaria conservent les anciennes croyances et [[coutume]]s. Cependant, partout ailleurs, on peut observer la construction d’[[Église (édifice)|églises]] basées sur le modèle de Sainte Sophie ([[Hagia Sophia]]) à [[Constantinople]]. Ainsi, on constate l’introduction dans l’île de rites [[Byzance|byzantins]].
D’ailleurs, aujourd’hui encore à [[Sedilo]], on peut voir la chevauchée dite ''de s’ Ardìa'', qui rappelle les courses des [[hippodrome]]s de Byzance. Petit à petit, la [[culture]] byzantine exerce son influence sur la culture, et en particulier sur l’[[art]], insulaire.
La Sardaigne fait partie de la préfecture d’[[Afrique]], où l’on trouve un chef civil qui réside à Cagliari, et un chef militaire qui réside au Fordongianus qui est, depuis les romains, un rempart fortifié contre les habitants de la Barbaria. On trouve le long de cette frontière des forteresses comme celles d’[[Austis]], [[Samugheo]], [[Nuragus]] et [[Armungia]]. Les populations sont brimées avec différentes contributions auxquelles s’ajoute les ''suffragia'', taxations additionnelles avec lesquelles les officiels tâchent de récupérer les sommes qu’ils ont dépensées pour obtenir leur fonction.
C’est durant la [[période iconoclaste de l'histoire byzantine]], c’est-à-dire au cours du {{s|VIII|e}}, que l’empire rentre en crise, et que les [[Arabe]]s prennent, petit à petit, le contrôle de la [[Méditerranée]]. Ainsi la Sardaigne ne bénéficie plus de la protection de Byzance, et est donc forcée d’organiser sa défense contre les envahisseurs [[arabe]]s, qui a commencé le [[27 octobre]] [[710]]<ref>{{it}} [[Pietro Martini]], ''Storia delle invasioni degli Arabi e delle piraterie dei barbeschi in Sardegna'', p.60;</ref>. Bien qu’ils restent presque 70 ans en position de domination, les Arabes doivent en [[778]]<ref>Auguste Boullier, ''L’Île de Sardaigne'', p. 76;</ref>, faire face à une révolte populaire qui les chasse rapidement de l’île. Une nouvelle et dernière tentative de conquête arabe échoue en [[821]].
==== Les Judicats ====
{{Article détaillé|Judicat}}On ne connaît pas précisément la date de création des Judicats, qui sont quatre régions autonomes, mais leur présence est attestée en [[851]], même s’il est probable que leur naissance soit antérieure à cette date. Chacun des Judicats (Logudoro, [[Gallura]], [[Judicat d'Arborée|Arborée]] et [[Cagliari|Calaris]]) sont gouvernés pas des rois ou ''Giudici'', qui sont élus par le parlement sarde appelé ''Corona de Logu''. En effet, « en Sardaigne, des dynasties de chefs indigènes avaient découpé l’île en judicatures »<ref>[[Marc Bloch]], ''La société féodale'', [[1940]], p. 373;</ref>.
[[Image:Eleonora di Arborea.jpg|left|180px|thumb|Éléonore d’Arborée.]]
Les Judicats sont alors composés d'un territoire dit ''logu'', divisé en ''curatorie'' dirigés par les ''curatore'' (autorités surtout judiciaire), formées de plusieurs villages appelés des ''ville''.
Les curatore nomment le ''maiore'' (le [[maire]]) c'est-à-dire le chef du village. Celui- ci est compétent en terme d'investigations judiciaires. Les Judicats sont également subdivisés en [[district]]s administrifs, électoraux et juridictionnels qui s'appellent les ''curadorìas'' ou ''curatorìas'' (curatorie), dirigées par des ''curadore'' qui sont soit nommés, soit, pour le moins, approuvés du ''Giudici''. Le ''curatore'' est un [[fonctionnaire]] du Judicat, dont le [[mandat politique|mandat]] est limité dans le temps de façon fixe. Il a autorité sur les perceptions fiscales, sur l'action judiciaire pénale et civile, sur les organes de [[police (institution)|police]] et sur l'enrôlement dans l'armée.
[[Image:Judicats Sardiniens 1.svg|thumb|Les quatre [[Judicat]]s Sardes.|180px|right]]
La taille de ces districts est définie pour faire en sorte que la population résidant dans chaque ''curatoria'' soit approximativement égale. Par conséquent on constate des mouvements frontaliers dus au changement des taux locaux de croissance démographique.
Les hommes libres de chaque ''curatoria'' se réunissent périodiquement en assemblée afin d'élire leur représentant auprès de la ''couronne de logu''. Les centres d'habitation sont les ''sas biddas'', les villages. On en compte 900 et plus jusqu'en [[1300]] environ, mais dont le nombre se réduit à 380 environ, suite à la [[peste]], la guerre et la répression aragonaise après la conquête de l'île. Ceci est un système enraciné et extrêmement efficace de gestion du territoire, mais qui disparaît petit à petit au cours du XIV{{e}} et surtout du XV{{e}} siècle, par la mise en place du système féodal Aragonais.
La période des Judicats est celle où se développe la langue [[sarde]] qui devient la langue la plus parlée. L’église byzantine [[Églises orthodoxes|orthodoxe]], avec l’œuvre du pape Grégoire I, est remplacée par le catholicisme. Ce dernier se répand alors dans toute l’île, à l’exception de la grande partie de la [[Barbagia]] (l’ancienne Barbaria).
[[Image:Mieszko1.jpg|left|thumb|180px|Mieszko I{{er}} de Pologne faisait référence à la lointaine Sardaigne.]]
C’est à partir de [[1100]] environ, qu’on observe la seconde poussée du christianisme sur l’île (après celle de Byzance), caractérisée par de nombreuses constructions religieuses. C’est également à partir de là que la mentalité féodale est importée dans l’île par la fin de l’isolement que connaissait la Sardaigne jusqu’alors. En effet, jusque là l’isolement de la Sardaigne la protégeait de l’arrivée de seigneurs plus ou moins riches et puissants, qui souhaitaient obtenir du pouvoir, en concurrençant, pour ainsi dire, le pouvoir en place. Ainsi, les [[château]]x et autres [[forteresse]]s font leur apparition, au profit des « seigneurs féodaux venus du continent, les [[Malaspina]] et les [[Doria (famille)|Doria]] en particulier »<ref>Fernand Hayward et Jean Imbert, ''Sardaigne terre de lumière'', p. 43;</ref>.
Il est à noter que c’est à partir de cette période que la Sardaigne joue un rôle important dans la politique européenne, comme le montrent les multiples contacts avec les régnants d’Europe et, en particulier, le [[judicat d'Arborée|judicat d’Arborée]], ce dernier étant le plus influent et celui qui reste en place le plus longtemps, jusqu’au [[29 mars]] [[1410]], date de sa capitulation. Un document de cette période, écrit par [[Mieszko Ier de Pologne|Mieszko I{{er}} de Pologne]] et destiné au pape [[Jean XV]], prouve que les judicats étaient connus de la « lointaine [[Pologne]] et qu’ils devaient donc avoir un rôle de grand prestige dans l’Europe médiévale »<ref>{{it}} ''Almanacco scolastico della Sardegna'', p. 101;</ref>.
[[Eléonore d'Arborée|Eléonore d’Arborée]] qui est à la tête du judicat d’Arborée, va mettre en place le premier [[code civil]] de ce type en [[Europe]], la ''Carta de Logu'' (La charte du lieu). Cette [[loi]] dont la « date de [[promulgation]] est incertaine, [a été faite] certainement avant [[1392]] »<ref>''{{it}} Almanacco scolastico della Sardegna'', p. 91;</ref>, et reste en vigueur jusqu’en [[1827]]. Cet acte en fait l’un des personnages politiques sardes majeurs de cette époque.
==== Domination de Pise et de Gênes ====
[[Image:Sardinia-Saccargia1.jpg|thumb|200px|right|Les nombreuses églises de style roman pisan (ici la basilique de Saccargia) témoignent de l'influence de [[Pise]] au Moyen Âge]]
Alors que [[Mujāhid al-‘Āmirī]] dit Museto (ou Mugetto) s’empare de la Sardaigne en [[1015]], c’est en [[1017]] qu’ « il abandonne cette conquête, dès qu’il apprend l’arrivée des chrétiens avec une flotte puissante »<ref>{{it}} Pietro Martini, ''Storia delle invasioni degli Arabi e delle piraterie dei barbeschi in Sardegna'', A. Timon, [[1861]], p. 118;</ref>, menée par [[Pise]] et [[Gênes]], qui, sollicités par le [[Benoît VIII|pape]], s’allient pour chasser les troupes Arabes.
Suite à cela, les deux libérateurs s’intéressent à l’île et interfèrent dans son gouvernement. C’est durant cette période que Pise monte en puissance dans son rôle de port principal de la [[mer Tyrrhénienne]] et de centre des échanges commerciaux grâce, entre autre, à l’emplacement idéal de la Sardaigne.
L’ingérence politique de Pise et de Gênes sur les ''rois juges'' dura du {{XIe s}} au {{s|XIV|e}} , en se transformant lentement en [[protectorat]], pour aboutir en domination. Ces deux puissances maritimes ne cessent pas de s’opposer afin de « tenir la Sardaigne constamment divisée, afin de dominer seul. La politique des papes était d’opposer toujours les Génois aux Pisans, d’appuyer toujours la partie la plus faible, contre la partie la plus forte »<ref>Auguste Boullier, ''L’Île de Sardaigne'', p. 79. {{Lire en ligne|lien= http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73221n/f83.table}};</ref>.
Les familles des deux cités se disputent alors soit les territoires, soit les places de Juge des différents Judicats. En [[1258]], le judicat de Cagliari disparaît, pris par les Pisans. Ainsi, en [[1265]], [[Mariano de Serra]] est « l’unique Sarde investi d’une charge de gouvernement dans une île tombée entièrement au pouvoir d’étrangers »<ref>Fernand Hayward, ''Sardaigne terre de lumière'', p. 47;</ref>.
Le Règne d'Arborée, plus fort et mieux organisé que les autres, reste indépendant. Il défend en effet avec force son indépendance, et en [[1323]], l'Arborée s'allie à [[Jacques II d'Aragon]] pour une campagne militaire contre Pise et Gênes qui aura pour fin de créer le [[royaume de Sardaigne]].
==== Domination aragonaise ====
{{Article détaillé|Couronne d'Aragon|Royaume d'Aragon|Prise de la Sardaigne par les catalans}}
{{DominationAragonaiseSarde}}
[[Image:La couronne d'Aragon en Sardaigne.svg|thumb|left|190px|Le [[judicat d'Arborée|judicat d’Arborée]] face à la couronne d’Aragon avant [[1410]].]]
Avec la conquête des Judicats de Cagliari et de Gallura, le pape [[Boniface VIII]] crée le Royaume de Sardaigne et de Corse qu’il avait voulu dès le [[4 avril]] [[1297]], afin de pacifier les conflits en [[Sicile]] entre la couronne d’Aragon et la Maison d’Anjou. La [[Paix de Caltabellotta]] , est donc signée le [[19 août]] [[1302]].
Fort de l’appui du pape, la force Aragonaise commence les opérations militaires contre les Pisans de Cagliari et de Gallura, le [[18 avril]] [[1323]] dans la campagne de Sainte Catherine entre [[Villanovaforru]] et [[Sanluri]]. C’est le [[20 juillet]] [[1324]], avec la prise du château de [[Cagliari]], que le royaume de Sardaigne et de Corse est définitivement instauré. C’est alors que la commune de [[Sassari]], le [[21 juillet]] [[1325]], se rebelle face au nouveau pouvoir, et réussi à devenir indépendante pendant une année. Le [[26 septembre]] [[1329]], une seconde révolte éclate et est sauvagement réprimée.
En [[1354]], c’est au tour d’[[Alghero]] de devenir Aragonaise, qui reste encore aujourd’hui fortement catalane. Entre février et avril [[1355]] le premier ''Cortès'' ([[parlement]]) est réuni, ce qui aboutit en Juillet à la paix de [[Sanluri]] entre les deux parties.
La défaite des autres Judicats, et le retrait partiel du roi d’Aragon permet au Judicat d’Arborée, encore autonome, de connaître une expansion importante, et réunit quasiment toute la Sardaigne (voir carte ci-contre).
[[Image:MaestroDiCastelsardo.jpg|right|150px|thumb|Tableau d’un maitre d’art Sarde, le [[Maestro di Castelsardo]], du {{s-|XVI|e}}]]
Mais en [[1383]], « les insulaires ne pouvant plus supporter la domination tyrannique du juge d’Arboréa »<ref>[[Juan de Ferreras]], ''Histoire général d’Espagne'',Chez Gissey, [[1751]], P. 497;</ref> assassinent [[Hugues III d'Arborée|Hugues III d’Arborée]].
« La mort en janvier [[1387]] du [[Pierre IV d'Aragon|Cérémonieux]] implique une pause forcée de réflexions […], on avance vers la paix entre Catalans et Arboréens »<ref>Bruno Anatra, ''La Sardegna dall’unificazione Aragonese ai Savoia'', p. 101;</ref>. Ainsi en [[1388]] la ''paix sarde'' est signée entre les deux parties. Cependant cette paix est courte, et le [[30 juin]] [[1409]] le [[judicat d'Arborée|judicat d’Arborée]] est vaincu à [[Sanluri]] par les troupes de [[Martin Ier d'Aragon|Martin I{{er}} d’Aragon]], ce qui implique la capitulation de [[Guillaume III de Narbonne|Guillaume III]], alors juge du Judicat, et l’unification totale de la Sardaigne sous la bannière du roi d’Aragon.
La Sardaigne a un statut spécial dans le royaume Aragonais, et dépend directement du roi, ce qui lui confère une certaine autonomie. L’île s’organise politiquement sous forme d’un parlement, les [[Cortès]], « où les trois ordres de la nation avaient chacun leur représentation »<ref>Auguste Boullier, ''L’Île de Sardaigne'', p. 91. {{Lire en ligne|lien= http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73221n/CadresFenetre?O=NUMM-73221&M=tdm}};</ref>, ecclésiastique, militaire et royal. Ce dernier correspond aux représentants des villes. Les couleurs de la couronne d’Aragon restent présentes en Sardaigne, jusqu’à ce que [[Ferdinand II d'Aragon|Ferdinand II d’Aragon]], en [[1479]], créé la couronne d’Espagne.
La présence catalano-aragonaise, va fortement influencer les [[coutume]]s sardes. La langue [[sarde]] en est un exemple, car le catalan devient la langue officielle de Sardaigne et ainsi laisse des traces qui « restent intactes encore aujourd’hui »<ref>''{{it}} Almanacco scolactico della Sardegna'', p. 237;</ref>, notamment à [[Alghero]], port du nord-ouest de l'île. On a d’ailleurs retrouvé plusieurs documents en espagnols qui ont permis de faire apparaître certaines mœurs de l'époque. On peut prendre comme exemple un document de [[1678]] qui relate un procès pour « faits de sorcellerie et de mauvaise moralité »<ref>Fois Graziano, ''{{it}} Processo ad una Zingara in Sardegnax (sec. XVII)'', in Lacio drom, 1999, vol. 35, no6, pp. 11-17;</ref>.
=== Époque moderne et contemporaine ===
{{EpoqueModerneSarde}}
La [[couronne d'Aragon|couronne d’Aragon]], et donc la Sardaigne, passe au {{s|XVI|e}}, aux mains de [[Charles Quint]], mais reste tout de même indépendante.
La [[guerre de Succession d'Espagne|guerre de Succession d’Espagne]] fait passer en [[1708]] la Sardaigne sous la domination de la [[Habsbourg|maison d’Autriche]], mais est rapidement récupérée en [[1717]] par [[Philippe V d'Espagne|Philippe V d’Espagne]].
C’est à cette époque que les destins sarde et italien se rejoignent définitivement. Mais la [[Sardaigne]] reste au cœur de la [[politique]] italienne et européenne, par son rôle dans l’unification italienne, et sa relation internationale, en particulier celle qu’elle entretient avec la [[France]].
==== Le Royaume de Sardaigne ====
{{Article détaillé|Royaume de Sardaigne|Histoire de la Savoie de 1416 à 1792}}[[Image:Italie 1812.png|thumb|Le [[royaume de Sardaigne]] et son contexte géopolitique en [[1812]].|200px|left]]
C’est à la signature du [[traité de Londres (1718)|traité de Londres]] en [[1718]], que [[Victor-Amédée II de Savoie]] échange la [[Sicile]] à la [[Sardaigne]]. Cet accord prenant effet en [[1720]], c’est à cette date que l’on peut parler effectivement de la naissance du [[royaume de Sardaigne]], qui comprend les [[États de Savoie]], le [[Piémont]], le [[Comté de Nice]] et bien sûr l’île sarde. Plus tard, après l’annexion du Piémont par la [[France]] en [[1802]], il est récupéré en [[1815]] ainsi que [[Gênes]].
En [[1793]] a lieu une tentative d’invasion de la [[Sardaigne]] par les [[France|Français]], qui échoue grâce à la mobilisation presque spontanée des Sardes. Les Français, en réalité, visent l’importance militairement stratégique de l’[[île]]. Peu après, la classe dirigeante de l’île, en grande partie ancrée dans une mentalité féodale et des [[coutume]]s espagnoles, accepte de se révolter, suite au refus de [[Victor-Amédée III]] de prendre en considération les propositions statutaires des états généraux sardes (les ''[[Stamenti]]'').
Le [[28 avril]] [[1794]] une [[révolution]] républicaine éclate donc, dirigée par [[Giovanni Maria Angioy]], qui a d’abord pour conséquence d’expulser les Piémontais. Alors que l’arrivée des troupes françaises au Piémont en [[1796]], fait apparaître une révolte Piémontaise républicaine, le soulèvement sarde prend fin, avec la défaite d’insurgés prés d’[[Oristano]]. [[Image:Torino palazzo reale.jpg|thumb|right|220px|Palais royal de Turin.]]
« Les révolutionnaires français, échaudés par ce fiasco [de 1793], refusèrent alors d’aider le révolutionnaire sarde Giovanni Maria Angioy, qui dut s’exiler à Paris »<ref>Emmanuel Bernabéu-Casanova, ''Un «destin corso-sarde » dans le cadre de l’Union européenne ?'', dans la revue [[Hérodote (revue)|Hérodote]] N°103 –[[2001]]/4, p. 157. {{Lire en ligne|lien= http://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_REVUE=HER&ID_NUMPUBLIE=HER_103&ID_ARTICLE=HER_103_0152}} {{pdf}});</ref>. Suite à l’armistice de [[Cherasco]] le 26 avril de la même année, la [[Maison de Savoie]] reprend alors en quelques mois le contrôle de l’île, et réprime très durement la population.
Ainsi, à la création de la République piémontaise, le [[3 mars]] [[1799]], le roi [[Charles-Emmanuel IV de Sardaigne|Charles-Emmanuel IV]] arrive à [[Cagliari]]. Le [[4 juin]] [[1802]], [[Charles-Emmanuel IV de Sardaigne|Charles-Emmanuel IV]] cède son trône à [[Victor-Emmanuel Ier de Sardaigne|Victor-Emmanuel Ier]], et le [[11 septembre]] « Le Piémont fut formellement réuni à la France »<ref>[[Antoine-Henri de Jomini]], ''Vie politique et militaire de Napoléon'', [[1827]], p. 530;</ref>.
C’est « le décret du [[30 novembre]] [[1847]], qui prononça l’union et l’assimilation de la Sardaigne avec les États continentaux »<ref>Auguste Boullier, ''L’Île de Sardaigne'', p. 115. {{Lire en ligne|lien= http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73221n/f119.table}};</ref> (le Piémont, la [[Duché de Savoie|Savoie]] et la [[Ligurie]]), et qui fait suivre le déplacement des instances dirigeantes au [[palais royal de Turin]]. Ainsi débute, en [[1848]], la guerre d’indépendance voulue par le roi de Sardaigne, dans un but unificateur pour l’[[Italie]], le [[risorgimento]]. Dans cette perspective [[Participation sarde à la guerre de Crimée|les Sardes participent à la guerre de Crimée]] en [[1855]].
==== Le royaume d’Italie ====
{{Article détaillé|Liste des rois d'Italie|risorgimento}}[[Image:Rencontre entre Garibaldi et Vittorio Emanuele II.jpg|left|300px|thumb|Rencontre entre [[Garibaldi]] et [[Victor-Emmanuel II]] en [[1860]].]]La misère grandissante en Sardaigne dû à l'effort de guerre du ''risorgimento'', fait accueillir l’unification italienne très positivement par les Sardes, qui pensent qu’elle va améliorer la situation. Dès le début du ''risorgimento'', ont peut entendre au sein des manifestation le soutenant : « vive la ligue italienne et les nouvelles réformes »<ref>{{it}} ''Almanacco scolastico della Sardegna'', p. 153;</ref>. Après le [[Traité de Turin (1860)]] initié par [[Camillo Cavour]], et l’[[expédition des Mille]] mené par [[Giuseppe Garibaldi]], il faut attendre [[1861]] pour que le royaume d’Italie soit proclamé par le roi de Sardaigne. L’île est à partir de là mise au second plan de la scène politique internationale. Alors que la situation économique de l’île a de lourdes difficultés, on voit quelques améliorations ([[Histoire minière de Sardaigne|exploitation de mines]], réseau routier...) qui ont cependant des effets limités. D'ailleurs, « les différents gouvernements qui se sont succédé depuis la réalisation de l’unité italienne, ont été confrontés à des situations explosives dans le [[Mezzogiorno]] et, au fur et à mesure que progressait l’industrialisation, dans le nord<ref>Aperçu de la crise Italienne, socialisme.free.fr, le 21 novembre 1992{{Lire en ligne|lien= http://socialisme.free.fr/cps45_italie#_Toc85208875}}.</ref> ». Ainsi, l'unification « laissait un grand nombre de problèmes non résolus, comme les profondes inégalités sociales et la fracture des mentalités et des économies entre le Nord et le Midi<ref>[[Paul Guichonnet]], ''Le sentiment national italien'', revue ''Clio'', Juillet [[2002]] {{Lire en ligne|lien=http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/le_sentiment_national_italien.asp}}.</ref> ». On peut noter également que « la Sardaigne [a un] nombre de suicides insignifiants en 1864-1876, si bien qu'on peut négliger [son] rang dans cette
période<ref>[[Maurice Halbwachs]], ''Les causes du suicide'', [[1930]], p.118 {{Lire en ligne|lien= http://classiques.uqac.ca/classiques/Halbwachs_maurice/causes_du_suicide/halbwachs_suicide_1.pdf}} {{pdf}}.</ref> »,
tandis qu'on constate une nette progression de ce taux en 1894-1914, ce qui révèle le mal être de l'avant guerre.
[[Image:2june2006 106.jpg|thumb|right|180px|Défilé de la brigade Sassari chantant [[dimonios]] le 2 juin 2006.]]
Au début de la [[Première Guerre mondiale]], le royaume d’Italie est neutre, ne souhaitant pas l'entrée en guerre du pays. Ce n'est que le [[23 mai]] [[1915]] qu'elle s'engage dans le conflit. Dès cette date on trouve de nombreux soldats sardes au combat, dont on note le symbole incontestablement le plus marquant de cette force militaire, la [[brigade « Sassari »]]. On dénombre « {{formatnum:13602}} victimes Sardes de la première guerre mondiale »<ref>''Almanacco scolastico della Sardegna'', p. 229;</ref>. À la fin de la guerre, l’Italie annexe des territoires autrichiens, et les Sardes, comme le reste des italiens, sont déçus de ce peu de bénéfice qu'a engendré la victoire, et ceci en comparaison des pertes humaines. « On a pu dire avec raison des familles sardes que bien peu étaient celles où ne figurât un ou plusieurs morts au champ d'honneur »<ref name="terre de lumière p.340">[[Fernand Hayward]] et [[Jean Imbert]], ''Sardaigne terre de lumière'', [[1956]], p.340;</ref>.
[[Image:Benito Mussolini in Yugoslavia crop.JPG|thumb|left|100px|Benito Mussolini.]]
La Sardaigne est donc d'autant plus amère lorsqu'elle constate que « rien ou presque »<ref name="terre de lumière p.340">[[Fernand Hayward]] et [[Jean Imbert]], ''Sardaigne terre de lumière'', [[1956]], p.340.</ref> n'est fait pour son développement économique. C'est ainsi que l'idée autonomiste fait chemin, et que durant l’entre deux guerres, le [[parti sarde d'action]] est créé afin de faire valoir les intérêts autonomistes de la Sardaigne, en prenant appui sur les combattants de la brigade « Sassari », qui ont l’expérience d’autres régions italiennes.
Alors qu’au début des années 1920 [[Antonio Gramsci]], né à [[Ales]], est l’un des créateurs du [[Parti Communiste Italien]], la Sardaigne vit toujours une situation économique précaire. Et ce n’est pas la période [[Fascisme|fasciste]] qui suit qui va améliorer les choses. En effet, de part la monté du [[communisme]] et la déception de la première guerre mondiale, [[Benito Mussolini|Mussolini]] créé le parti [[fasciste]] en [[1919]] qui aura un fort poids politique dès les années 20. Mussolini accède au pouvoir en [[1922]] après la [[marche sur Rome]], et même s'il veut alors développer la production minière sarde, et y réussit, il en résulte également une exploitation encore plus intense de son peuple.
Bien que la Sardaigne soit relativement protégée des heurts de la [[Seconde Guerre mondiale]], de cette dernière « restent seulement les effrayantes blessures infligées par les bombardements alliés à Cagliari et dans d’autres villes de l’île »<ref>''Sardegna'', Touring Editore, 1984, p. 90, <small>(ISBN 8836500234)</small>;</ref> de [[1943]]<ref>Les premières frappes ont lieux le 16 février 1943.</ref>, qui ont comme but de déloger de l’île les garnisons [[Troisième Reich|nazies]].
L’après-guerre va donc être, comme dans le reste de l’Europe, une période de reconstruction économique.
==== La république italienne et l’autonomie sarde ====
{{Article détaillé|Présidents de la Sardaigne}}[[Image:Provinces sardes.png|right|thumb|160px|Les provinces sardes s’appliquant à partir de 2005.]]Le [[Région autonome à statut spécial|statut spécial]] de la Sardaigne est concomitant à la naissance de la république en [[1948]]. On y trouve en effet cinq régions du même type qui « ont été créées dans le but de prévenir tout séparatisme<ref>Annie CHEMLA-LAFAY, Randhir AULUCK, Céline CHOL, Brigitte COUÉ, Marie-Thérèse DELEPLACE, Brigitte DENGLER, Michel MARÉCHAL, ''25 ans de réforme de la gestion publique dans les pays de l'OCDE, Convergence et systémique'', [[Institut de la gestion publique et du développement économique]], Mai 2006, p.33. {{Lire en ligne|lien= http://www.chede.minefi.gouv.fr/etudes__publication/etudes/bilan_de_25_ans_de_r/downloadFile/attachedFile_1/25ans-reformes-pays.pdf?nocache=1153305641.44}} {{pdf}} </ref>. »
Cette nécessité découle de la faiblesse de l'État italien d'après guerre qui doit conserver l'unité nationale. « Aussi l’Italie prend-elle en compte aussi bien la volonté d’unification centralisatrice administrative (la monarchie piémontaise d’abord, influencée par le modèle français, puis l’administration mussolinienne) que la définition d’un modèle démocratique composite, ménageant le rôle des corps intermédiaires et des minorités, avec des éléments qui se rapprochent des conceptions communautaristes actuelles »<ref>[[Jean-Pierre Darnis]], ''France-Italie: relations bilatérales, stratégies européennes'', Istituto affari internazionali, IAI QUADERNI n°23, mars 2005, p.64. {{Lire en ligne|lien= http://www.iai.it/pdf/Quaderni/Quaderni_23.pdf}} {{pdf}};</ref>.
La loi constitutionnelle {{numéro}}3, du 26 février 1948 permet ainsi un transfert du pouvoir national au régional, mais en s’intégrant dans l’unité de la nation : « La Sardaigne avec ses îles est constituée en région autonome [...] qui entre dans l’unité politique de la république italienne, une et indivisible »<ref>{{it}} Titre I, art. 1; {{Lire en ligne|lien= http://www.regione.sardegna.it/documenti/1_13_20041227120402.pdf}} {{pdf}};</ref>. Ainsi dès 1948, la région s’organise autour de trois provinces ([[province de Cagliari|Cagliari]], [[province de Nuoro|Nuoro]] et [[province de Sassari|Sassari]] auxquelles vient s’ajouter plus tard celle d’[[province d'Oristano|Oristano]]) et trois organes des pouvoirs régionaux. L’[[Pouvoir exécutif|exécutif]] est administré par la ''Junte régionale'', le pouvoir [[législatif]] par le ''conseil régional'', et enfin le ''Haut Commissaire'' (rapidement renommé en ''président de la Junte ou commission régionale'') élu par le conseil pour devenir le représentant de la région sarde. Ce dernier est renommé en 2004 en ''président de la région''.
Le droit de légiférer au sein de la république italienne est limité à des domaines qui concernent exclusivement la région (notamment l’organisation des administrations locales par exemple), ou des domaines plus vastes mais qui doivent alors respecter les « principes établis par la loi de l’État »<ref>{{it}} Site officiel de la région Sarde. {{Lire en ligne|lien= http://www.regione.sardegna.it/regione/statuto/}};</ref> (exemple de l’assistance publique).
En [[2001]], la loi régionale n°9 ajoute quatre nouvelles provinces à celles préexistantes. Ainsi les provinces [[Province d'Olbia-Tempio|d’Olbia-Tempio]], [[Province de l'Ogliastra|de l’Ogliastra]], [[Province de Carbonia-Iglesias|de Carbonia-Iglesias]], et [[Province du Medio Campidano|du Medio Campidano]] prennent effet en mai [[2005]].
[[Image:Costume Sarde1.jpg|160px|left|thumb|Costume de carnaval d'[[Ottana]], Sardaigne ]]
La loi initiale de 1948 va être revue à plusieurs reprises. En [[1972]]<ref>Texte officiel de 1972. {{Lire en ligne|lien= http://www.regione.sardegna.it/documenti/1_13_20041227120515.pdf}} {{pdf}};</ref>
(le conseil régional est élu pour cinq ans au lieu de quatre), en [[1983]]<ref>Texte officiel de 1983. {{Lire en ligne|lien= http://www.regione.sardegna.it/documenti/1_13_20041227120655.pdf}} {{pdf}};</ref>
(une série de changement sur les « règles pour la coordination de la finance de la région »), en [[1986]]<ref>Texte officiel de 1986. {{Lire en ligne|lien= http://www.regione.sardegna.it/documenti/1_13_20041227120810.pdf}} {{pdf}};</ref>
(précise l’article 16 en donnant le nombre de conseillers régionaux), en [[1989]]<ref>Texte officiel de 1989. {{Lire en ligne|lien= http://www.regione.sardegna.it/documenti/1_13_20041227121112.pdf}} {{pdf}};</ref>
(détermine la durée d’installation des conseils régionaux), [[1993]]<ref>Texte officiel de 1993. {{Lire en ligne|lien= http://www.regione.sardegna.it/documenti/1_13_20041227121220.pdf}} {{pdf}};</ref> (intégrations aux statuts spéciaux), [[2001]]<ref>Texte officiel de 2001. {{Lire en ligne|lien= http://www.regione.sardegna.it/documenti/1_13_20041227121314.pdf}} {{pdf}};</ref> (dispositions concernant l’élection directe du Président de la région).
[[Image:Segnaletica bilingue Sardegna.gif|thumb|230px|[[Signalisation bilingue#Sardaigne|Signalisation locale bilingue en italien et en sarde]].]]
Ainsi la région de Sardaigne essaie d’allier son identité propre en maintenant sa [[Sardaigne#Culture sarde|culture]] et en gardant en mémoire sa longue [[histoire]], tout en conservant son attachement à la nation italienne, à laquelle elle se sent réellement liée. On ne peut pas dire que les Sardes souhaitent une [[indépendance]] totale, comme le souhaiteraient certains [[Corse]]s par exemple, cependant ils sont très attachés à leur autonomie actuelle, ce qui leur permet de maintenir leur identité propre. On peut imager cet attachement à la présence importante de la langue (ou plutôt les langues) Sarde. En effet, environ 85 % des habitants de la Sardaigne comprennent le sarde, dont 8 à 9 % qui ne parlent pas l’italien, sachant que l’île est peuplée à 81,2% de Sarde<ref>Site du ''trésor de la langue française au Québec''. {{Lire en ligne|lien= http://www.tlfq.ulaval.ca/AXL/europe/italiesardaigne.htm}}.</ref>. Sa relation avec le reste de l’Italie s’inscrit dans une problématique plus générale, dans la scission entre le nord et le [[Mezzogiorno|sud]]. Ce dernier, plus pauvre, est parfois négligé par des régions plus riches, la [[ligue du Nord]] allant jusqu’à prôner l’indépendance de la [[Padanie|partie septentrionale]] de l’Italie, afin que celle ci ne soit pas handicapée économiquement par le Sud.
==Voir aussi==
===Articles connexes===
* [[Sardaigne]]
* [[Royaume de Sardaigne]]
* [[Mappe sarde]]
* [[Culture nuragique]]
* [[Histoire de l'Italie|Histoire de l’Italie]]
* [[Histoire de la Corse]]
* [[Histoire de la Savoie]]
* [[Histoire de la Méditerranée]]
* [[Histoire minière de Sardaigne]]
* [[Localité touristique de Sardaigne]]
* [[Participation sarde à la guerre de Crimée]]
===Sources et bibliographie===
Certains paragraphes sont issus de la traduction d’une partie d’articles provenant de [[:it:Storia della Sardegna|Storia della Sardegna]] du Wikipédia Italie. Vous pouvez consulter leurs auteurs en consultant les historiques.
* {{it}} Maria Luisa Cojana, Daniela Fadda, Giuseppe Murru, Roberto Pili, ''Almanacco scolostico della Sardegna'', Ed. EdiSar, [[Cagliari]], [[1992]]. <small>'''(ISBN 8886004117)'''</small>;
* {{it}} [[Francesco Cesare Casula]], ''Sintesi de La storia di Sardegna'', Ed. C. Delfino, [[2002]]. [[Sassari]]. <small>'''(ISBN 8871383249)'''</small>;
* {{it}} [[Pietro Martini]], ''Storia delle invasioni degli Arabi e delle piraterie dei barbeschi in Sardegna'', A. Timon, [[Cagliari]], [[1861]];
* {{it}} [[Bruno Anatra]], ''La Sardegna dall’unificazione Aragonese ai Savoia'', Utet Libreria, [[Turin]], [[1987]]. <small>'''(ISBN 887750174X)'''</small>;
* [[Fernand Hayward]] et Jean Imbert, ''Sardaigne terre de lumière'', Nouvelles éditions latines, [[1956]], [[Paris]]. <small>'''(ISBN 272331099X)'''</small>;
* Auguste Boullier, ''L’Île de Sardaigne : description, histoire, statistique, mœurs, état social'', E. Dentu, [[Paris]], [[1865]];
* Jean-François Mimaut, ''Histoire de Sardaigne, ou La Sardaigne ancienne et moderne, considérée dans ses lois, sa topographie, ses productions et ses mœurs'', [[1825]].
=== Notes et références ===
{{Références|colonnes=2}}
=== Liens externes ===
{{Commons|Sardegna|la Sardaigne}}
Généraux:
* {{it}}{{sc}} [http://www.iloisedilo.org/raccolta/ Articles (de 1995 à 2000) de la revue logos (archéologie, histoire et tradition sarde) consultables sur Internet]
* [http://www.fontesarda.it/fr/sarcstof.htm Tableau récapitulatif de l’histoire sarde]
* [http://sardolog.org/FR/archeo/ Histoire de la Sardaigne, de l’âge de pierre à nos jours]
Préhistoire et protohistoire:
* [http://www.mondosardegna.net/fra/storia/storiaantica.htm Histoire de la Sardaigne antique]
* [http://www.isolasarda.com/storia-fenici_fr.htm Des Phéniciens aux Vandales et Byzantins]
* {{it}} [http://www.rent-sardinia.com/750.html La culture d’Ozieri]
* {{it}} [http://utenti.lycos.it/archeosardegna/home.htm Archéologie sarde]
<!-- Détecté comme pourriel par WP * {{it}} [http://www.cronologia.it/storia/tabello/tabe1597.htm La civilisation nuragique par Bruno Mulas] -->
* {{en}} [http://www.usd.edu/erp/Sardinia/prehist.htm Préhistoire Sarde]
Histoire:
* [http://www.mythorama.com/caches_txt_fr/1400_1499/1434/1434.html Extrait sur mythorama du Livre 10 - Voyage de la Phocide de Pausanias. Donne des informations sur l’origine du nom de l’île]
* {{it}} [http://www.sitos.regione.sardegna.it/nur_on_line/sardegna/index_nome.htm Sur l’origine du nom Sardaigne]
* {{it}} [http://www.lamiasardegna.it/web/026/index.htm De l’occupation Aragonaise à nos jours]
* [http://www.sabaudia.org/v2/dossiers/savoie1815-1860/public1.php Palluel-Guillard, ''La Savoie de 1815 à 1860- La période sarde'']
* [http://www.eurisles.com/Textes/statut_iles/SARDAIGNEFR.htm L’autonomie de la Sardaigne par Mario FLORIS]
* [http://www.senat.fr/lc/lc73/lc733.html Comparaison du statut autonome Sarde et Sicilien sur senat.fr]
* {{it}} [http://www.regione.sardegna.it/index.html Le site officiel de la région de Sardaigne]
{{Portail|Cliopédia|Italie|Savoie}}
{{Article de qualité|oldid=12385078|date=9 décembre 2006}}
{{lien BA|es}}
[[Catégorie:Histoire de la Sardaigne|*]]
[[Catégorie:Histoire de la Méditerranée]]
[[de:Geschichte Sardiniens]]
[[en:History of Sardinia]]
[[es:Historia de Cerdeña]]
[[it:Storia della Sardegna]]