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    <title>Histoire de la Suisse</title>
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      <contributor>
        <username>Escaladix</username>
        <id>6876</id>
      </contributor>
      <minor />
      <comment>Correction d'homonymie vers [[Zähringen]]</comment>
      <text xml:space="preserve">L''''histoire de la Suisse''' commence officiellement avec [[Jules César]] et ses ''[[Commentaires sur la Guerre des Gaules]]'' bien que des traces d'occupations remontant à la [[préhistoire]] aient été mises à jour. Après les invasions barbares qui fixent les frontières linguistiques du pays, des alliances se tissent au [[Suisse au Haut Moyen Âge|Haut Moyen Âge]] entre petits États et forment la [[Confédération des III cantons]] puis [[Confédération des VIII cantons|des VIII cantons]] et [[Confédération des XIII cantons|des XIII cantons]]. Finalement, la confédération acquiert son indépendance en [[1648]]. Découpée et réorganisée durant son occupation par la [[France]], la Suisse passe à [[Confédération des XXII cantons|vingt-deux cantons]] avant de regagner son indépendance en [[1815]] puis se déchire dans une [[guerre civile]] et religieuse d'où émerge un nouvel État fédéral en [[1848]]. Tenante d'une politique de [[Neutralité perpétuelle de la Suisse|neutralité]], la Suisse traverse les épreuves du {{s|XX|e}} sans connaître la guerre.

== Suisse préhistorique et celtique ==

[[Image:MapGalliaParts.png|right|330px|thumb|Carte de la répartition des peuplades celtes]]

Alors que les premières traces d'occupation du sol de la Suisse remontent au [[Moustérien]] (-{{formatnum:100000}}) et que plusieurs pièces archéologiques du [[Magdalénien]], de l'[[Azilien]], du [[Sauveterrien]] et du [[Tardenoisien]] ont été mises à jour, les principaux vestiges datent du [[Néolithique]] et de l'introduction de l'[[agriculture]] au VI{{e}} millénaire av. J.-C. La période du Néolithique moyen à l'[[Âge du Bronze]] est caractérisée par les habitats lacustres et les villages littoraux dont en particulier la [[Culture campaniforme|civilisation campaniforme]] qui s'implante notamment au bord du [[lac de Neuchâtel]] et dans la baie de [[Zurich]] où les plus anciennes [[roue]]s d'Europe, datant de [[-2500|2500 av. J.-C.]], ont été découvertes&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre= Histoire suisse|auteurs= Grégoire Nappey et [[Mix &amp; Remix]]}}, pp. 8-9&lt;/ref&gt;. Ces villages, dont certains peuvent alors compter jusqu'à une centaine d'habitants, seront abandonnés à la fin du {{-s|IX|e}} avec la [[civilisation de Hallstatt]]. Cependant, certains noms de lieux actuels tels que [[Nyon]] ou [[Yverdon]] sont d'origine celte.

Car, dès le début de l'[[Âge du fer]], les [[Celtes]] occupent le territoire, apportant avec eux le travail du [[fer]] ainsi que les arts de la [[poterie]] et des [[bijou]]x. La seconde partie de l'Âge du fer est d'ailleurs été appelée « période de [[La Tène]] » du nom du site [[Éponymie|éponyme]] situé dans l'actuel [[canton de Neuchâtel]] et découvert en [[1857]]. À la veille de la [[guerre des Gaules]], différentes populations celtiques habitent le territoire de la Suisse actuelle : si le [[Plateau suisse]] est principalement occupé par les [[Helvètes]], une partie du [[Massif du Jura|Jura]] et la région de [[Bâle]] sont aux mains des [[Rauraques]], les [[Rhètes]] occupent une partie de la Suisse orientale et des [[Canton des Grisons|Grisons]], le [[Canton du Tessin|Tessin]] est peuplé de [[Lépontiens]] alors que le [[Canton du Valais|Valais]] actuel est partagé entre les [[Nantuates]], les [[Véragres]], les [[Sédunes]] et les [[Ubères]] et que [[Genève]] est un [[oppidum]] des [[Allobroges]] &lt;ref&gt;''Ad Genevam extremum oppidum Allobrogum quam maximis itineribus pervenit'' (Il ''[Jules César]'' parvint à marches forcées à Genève, le plus éloigné des bourgs allobroges) : extrait des ''[[Commentaires sur la Guerre des Gaules|Commentaires]]'' de [[Jules César]]&lt;/ref&gt;.

Dans ses ''[[Commentaires sur la Guerre des Gaules]]'', [[Jules César]] décrit quatre [[Tribu (ethnologie)|tribus]] d'Helvètes et douze villes dont l'une est située dans l'une des boucles de l'[[Aar]], tout comme l'est aujourd'hui la ville de [[Berne]]. Originellement [[Nomadisme|nomades]], les tribus se sont progressivement sédentarisées bien que deux d'entre-elles se joignent aux [[Cimbres]] dans leur expédition en [[-107|107 av. J.-C.]] dans le sud-ouest de la [[France]] actuelle. Quelques années plus tard, après une défaite cinglante contre les [[Rome antique|Romains]], les tribus rejoignent leur villes de base.

== Suisse gallo-romaine ==

{{Article détaillé|Suisse gallo-romaine}}

Vers la fin du {{Ier siècle av. J.-C.}}, les Helvètes décident d'émigrer vers le pays des Saintonges, une [[Peuples gaulois|tribu gauloise]] alliée qui se situe dans l'ouest de la [[France]] actuelle. Les raisons de cette décision ne sont pas connues avec certitude. {{Référence nécessaire|Si certaines sources invoquent la crainte d'être isolés des autres Celtes à cause de l'avancement de peuplades germaniques venant du nord|date=6 avril 2008}}, d'autres invoquent le manque de place et l'ambition d'un chef de guerre&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=Histoire de la Suisse|collection=Que sais-je ?|auteur=Jean-Jacques Bouquet}}, p. 3&lt;/ref&gt;. Quelle qu'en soit la raison, ces derniers brûlent leurs villes et leurs villages et plus de {{formatnum:300000}} Helvètes prennent la route&lt;ref&gt;{{DHS|8017-1-2|Helvètes 2 - Du début de la guerre des Gaules à la défaite de Bibracte (58 av. J.-C.)}}&lt;/ref&gt;. [[Jules César]], alors [[Proconsul (Rome)|proconsul]] de la [[Gaule narbonnaise]], les repousse lors de la [[bataille de Bibracte]] ([[-58|58 av. J.-C.]]) et les contraint à retourner chez eux où ils doivent défendre la frontière du [[Rhin]] contre les invasions des [[Peuples germaniques|Germains]]. 

En [[-52|52 av. J.-C.]], les Helvètes font partie du soulèvement mené par [[Vercingétorix]] puis sont progressivement intégrés dans le jeune [[empire romain]] par la fondation d'une [[Colonie (Rome)|colonie]] de vétérans à [[Nyon]] puis, sous le règne d'[[Auguste]], de celle d'[[Augusta Raurica]] près de [[Bâle]], le territoire helvète appartenant dès lors à la [[Gaule belgique]]. Seules les tribus valaisannes et les Rhètes restent indépendants jusqu'à leur conquête par [[Tibère]] et [[Claude (empereur romain)|Claude]] vers [[-7|7 av. J.-C.]] où ils sont réunis pour dans la province de [[Rhétie]] dont la [[capitale]] est [[Augsbourg]].

[[Image:Historische Karte CH Rom 1-fr.png|left|300px|thumb|Carte du territoire helvète sous domination romaine]]

Au {{Ier siècle}}, la bordure nord du [[Rhin]] est une zone frontalière stratégiquement importante de l'[[empire romain]] : elle est occupée militairement et garnie de camps militaires permanents comme à [[Augusta Raurica]]. Le réseau routier est consolidé, des villes nouvelles comme le ''Forum Claudii Vallensium'' (actuelle [[Martigny]]) sont créées alors que les anciennes élites celtes se romanisent. L'ancien [[oppidum]] principal des Helvètes, [[Aventicum]] (actuelle [[Avenches]]), élevée au rang de colonie en [[73]], devient progressivement la principale ville de la région&lt;ref&gt;{{DHS|12281-1-2|Aventicum : 2 - Histoire d'une capitale}}&lt;/ref&gt;. Vers [[47]], le [[Canton du Valais|Valais]] est transformé en une province autonome, le ''[[Alpes Pennines|Vallis poenina]]'', et le territoire des [[Helvètes]] est rattaché en [[89]] à la province de [[Germanie supérieure]] dont la capitale est l'actuelle [[Mayence]].

[[Image:Convent of St Gall.jpg|right|250px|thumb|[[Abbaye de Saint-Gall]]]]
Entre le {{s-|II|e}} et le {{s-|III|e}}, la ''[[Pax Romana]]'' règne sur l'empire, les frontières ayant reculé vers le nord et la Suisse n'étant donc plus une zone frontalière. Alors que le [[latin]] est parlé en Suisse, le territoire connaît une période de prospérité économique. Venant d'Italie est suivant les voies de communication, le [[christianisme]] se répand progressivement sur le territoire avec l'apparition des premières [[Église (édifice)|églises]] à [[Genève]] et [[Martigny]] et des [[évêché]]s de [[Bâle]], Martigny, Genève et [[Coire]] entre [[350]] et [[400]]. Des [[Missionnaire (chrétien)|missionnaires]] fondent plusieurs communautés religieuses, en particulier à [[Saint-Ursanne]] et à [[Romainmôtier]], alors que le [[Monachisme|moine]] [[Gall de Suisse|Gall]] s'établit au sud du [[lac de Constance]] où se dressera un siècle plus tard l'[[Abbaye#Le plan de Saint-Gall|abbaye qui porte son nom]].

Cependant, vers la fin du {{s-|III|e}}, des incursions barbares des [[Alamans]] ou Alémans en [[Germanie]] puis en territoire suisse, notamment en [[260]] où de nombreuses villes sont pillées, ramènent progressivement la frontière sur le Rhin, le long duquel les [[Empereur romain|empereurs romains]] du {{s-|IV|e}} font construire des lignes défensives (forteresses et tours de guet). Progressivement, dès [[401]], la population inquiète migre vers le sud en abandonnant les villes de Nyon puis d'Augsta Raurica, pour cette dernière en faveur de Bâle, en même temps que les troupes romaines quittent le [[Rhin]] pour gagner le sud des [[Alpes]], abandonnant ainsi définitivement le territoire de la Suisse aux peuples germaniques dits « fédérés », respectivement les [[Burgondes]] puis les Alamans.

== Suisse au Haut Moyen Âge ==

{{Article détaillé|Suisse au Haut Moyen Âge}}

Vers [[443]], les Burgondes s'établissent à l'ouest du pays dans une région appelée [[Sapaudie]] (« pays des sapins »), qui correspond à la [[Savoie]] actuelle, et font de [[Genève]] l'une de leurs capitales. Ils s'assimilent à la population gallo-romaine tout en préservant la langue [[latin]]e puis transforment progressivement leur territoire en royaume — peu après qu'[[Odoacre]] ait déposé en [[476]] le dernier empereur romain [[Romulus Augustule]] — en l'agrandissent considérablement dans la [[Vallée du Rhône (France)|vallée du Rhône]] ([[Lyon]]), le [[Canton du Valais|Valais]] et les cols alpins&lt;ref&gt;{{DHS|8028-1-2|Burgondes : 2 - De l'établissement en Sapaudia (443) à la chute de l'ancien royaume burgonde (532/534)}}&lt;/ref&gt;.

À partir de [[260]], les [[Alamans]] s'établissent progressivement dans le centre et l'est du futur pays à la recherche de terres cultivables et y imposent leurs [[dialecte]]s alémaniques. La frontière entre les deux peuplades se fixe entre le {{s|VIII|e}} et le {{s|IX|e}}. Les Alpes orientales sont quant à elles peu touchées par les invasions et on y parle encore aujourd'hui un dialecte latin, le [[romanche]] parfois appelé « [[rhéto-roman]] ». Le [[Canton du Tessin|Tessin]], partie sud de la Suisse, faisant partie de la [[Gaule cisalpine]] reste dans le giron de la [[péninsule italienne]].

[[Image:ClovisDomain.jpg|thumb|left|300px|Royaume des Burgondes au IV{{e}} et V{{e}} siècles.]]
En [[534]], le roi burgonde [[Sigismond (Saint)|Sigismond]] est vaincu par les [[Francs]] qui annexent son royaume en y favorisant l'installation des Alamans qu'ils avaient vaincus auparavant. Les mêmes Francs conquiert la [[Rhétie]] en [[550]], terminant ainsi leur prise de contrôle de l'ensemble du territoire helvète. La Suisse fait naturellement partie de l'empire de [[Charlemagne]] avant de revenir au [[Royaume de Bourgogne]], à la dislocation de la [[Lotharingie]], puis de se retrouver morcelée entre les [[Duché de Bourgogne|duchés de Bourgogne]] à l'ouest et de [[Souabe]] ou d'Alémanie à l'est. La [[féodalité]] se met en place à la fin du {{s|IX|e}} lorsque plusieurs grandes familles essaient d'asseoir leur autorité sur différentes parties du territoire : les [[Liste des ducs de Savoie|comtes de Savoie]] sur [[Canton de Vaud|Vaud]], [[Genève]] (dont ils évincent les [[Liste des comtes de Genève|comtes de Genève]]) et le [[Canton du Valais|Valais]], les comtes de Gruyère sur l'[[Canton de Fribourg|arrière-pays fribourgeois]], les [[Maison de Zähringen|Zähringen]] qui fondent de nombreuses villes dont [[Fribourg]] et [[Berne]], les [[Kybourg]] qui s'installent sur le [[Plateau suisse|plateau]], les [[Hohenstaufen]] et les [[Habsbourg]] dans la [[Zurich|région zurichoise]] et jusqu'au [[col du Saint-Gothard]].

L'omniprésence et la mainmise des Habsbourg doublée par leur volonté d'étendre leur domination et de s'emparer des richesses des petits duchés et comtés suisses inquiètent la petite [[noblesse]] locale qui n'est pas de taille à s'opposer à leur puissance et n'a d'autre choix que de servir ces « étrangers » pour vivre. De leur côté, les [[paysan]]s pauvres supportent de plus en plus mal les lourdes redevances qu'ils doivent acquitter pour le seul profit d'une [[aristocratie]] étrangère qui leur impose des lois au mépris des anciennes coutumes. Les [[Waldstätten]] des hautes vallées du [[lac des Quatre-Cantons]] ont bien essayé, en [[1240]], de s'opposer par la révolte à cette menace mais ils échouent et sont durement réprimés de même que les villes de [[Berne]] et surtout [[Zurich]] qui se voit presque ruinée.

== Confédération des III cantons ==

{{Article détaillé|Confédération des III cantons}}

[[Image:Swiss Rütlischwur.jpg|light|180px|thumb|Allégorie du serment du Grütli par [[Jean Renggli]]]]
[[Image:Schlacht am Moorgarten.jpg|right|180px|thumb|Représentation de la [[bataille de Morgarten]] (15 novembre 1315)]]

&lt;div align=&quot;center&quot;&gt;
&lt;gallery heights=&quot;50&quot; widths=&quot;50&quot;&gt;
Image:Blason-CH-Canton-Uri.PNG|[[Canton d'Uri|UR]]
Image:Blason-CH-Canton-Schwyz.PNG|[[Canton de Schwytz|SZ]]
Image:Blason-CH-Canton-Nidwald.PNG|[[Canton de Nidwald|NW]]&lt;ref name=&quot;UW&quot;&gt;Le canton d'[[Unterwald]] est formé des communautés de Nidwald, d'Obwald et de l'abbaye d'Engelberg.&lt;/ref&gt;
Image:Blason-CH-Canton-Obwald.PNG|[[Canton d'Obwald|OW]]&lt;ref name=&quot;UW&quot;/&gt;
&lt;/gallery&gt;
Membres de la Confédération des III cantons
&lt;/div&gt;

[[Image:Bundesbrief.jpg|left|200px|thumb|Charte fédérale de 1291]]

L'aménagement du [[col du Saint-Gothard]] avec l'aide des [[Walser (peuple)|Walsers]] récemment immigrés et experts en construction de [[Bief (sur un cours d'eau)|bisses]], au début du {{s|XIII|e}} a des conséquences importantes : le [[col du Grand-Saint-Bernard]] en [[Canton du Valais|Valais]] perd de son importance dans le trafic international, entraînant une crise économique de deux siècles dans la vallée du Haut-Rhône. En récompense pour ce travail, [[Canton d'Uri|Uri]] obtient pour {{citation|services rendus à l'empereur}} l'[[immédiateté impériale]] qui l'affranchit de la dépendance des Habsbourg tout en s'enrichissant par les [[péage]]s et la vente des services (guides et auberges), ce qui attise évidemment les convoitises des Habsbourg.

En avril [[1291]], [[Rodolphe Ier du Saint-Empire|Rodolphe de Habsbourg]], premier membre de la famille à devenir empereur, rachète les droits sur [[Canton de Lucerne|Lucerne]], à l'extrémité du [[lac des Quatre-Cantons]], dans le but de rétablir l'autorité de sa famille dans la région. Après sa mort survenue le {{date|15|juillet|1291}} et en prévision d'éventuels troubles de succession, les hommes libres des vallées d'[[Canton d'Uri|Uri]], de [[Canton de Schwytz|Schwytz]] et de [[Canton de Nidwald|Nidwald]]&lt;ref&gt;[http://www.admin.ch/org/polit/00056/index.html?lang=fr Pacte fédéral du 1{{er}} août 1291] sur Admin.ch &quot;vallée inférieure d'Unterwald&quot; signifie Nidwald &lt;/ref&gt;{{,}}&lt;ref&gt;[http://hypo.ge.ch/www/cliotexte//html/suisse.histoire.1291.html Pacte fédéral du 1{{er}} août 1291] sur Cliotexte&lt;/ref&gt; renouvellent au début du mois d'août (date précise inconnue) un pacte d'alliance juridique et défensive éternelle.

Longtemps oublié, ce pacte ne fut redécouvert qu'au {{s|XVIII|e}} et publié dans sa version latine originale en [[1760]] par [[Johann Heinrich Gleser]]. Il ne sera choisi comme [[pacte fédéral]] qu'à la fin du {{s|XIX|e}} sur l'initiative du [[Conseil fédéral (Suisse)|Conseil fédéral]] et fêté pour la première fois à l'occasion de son sixième centenaire en [[1891]]. C'est également à cette époque que la date du {{1er août}} est choisie comme [[fête nationale]] suisse. Auparavant, la fondation de la Confédération était placée au [[8 novembre]] [[1307]], date du légendaire [[serment du Grütli]] selon [[Gilg Tschudi]]&lt;ref&gt;{{DHS|17438|Fête nationale|Georg Kreis / PM}}&lt;/ref&gt;. C'est également de la même époque que date la [[légende]] de [[Guillaume Tell]].

La situation va se détériorer entre les [[Waldstätten]] et les Habsbourg durant l'interrègne qui suit le décès d'[[Henri VII du Saint-Empire|Henri VII de Luxembourg]] en [[1313]]. En réponse à l'attaque de [[Schwytz (ville)|Schwytz]] contre le [[couvent]] d'[[Einsiedeln]] survenue le [[6 janvier]] [[1314]], le marché de [[Lucerne]] est interdit aux Waldstätten qui prennent fait et cause pour [[Louis IV du Saint-Empire|Louis de Bavière]] contre le Habsbourg [[Frédéric le Bel]] après la [[double élection du Wittelsbach]] ([[25 novembre]] [[1314]]).

En [[1315]], le [[Duché d'Autriche|duc d'Autriche]] [[Léopold Ier d'Autriche|Léopold]], frère cadet de Frédéric, lance une double attaque contre {{formatnum:1500}} montagnards qui prennent d'assaut la première colonne composée de {{formatnum:3000}} à {{formatnum:5000}} soldats lors de la [[bataille de Morgarten]]&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Grégoire Nappey}}, p. 22&lt;/ref&gt;, le [[15 novembre]], où les Autrichiens subissent une véritable déroute. La deuxième colonne, qui se dirigeait vers [[Canton d'Unterwald|Unterwald]], se retire alors sans combattre. 

Suite à cette victoire, les confédérés renouvellent leur alliance lors du [[pacte de Brunnen]] du [[9 décembre]] [[1315]]. Rédigé en [[allemand]], ce texte est le premier dans lequel le terme de « confédérés » (''{{lang|de|Eidgenossen}}'' en [[allemand]] soit littéralement « compagnons liés par un serment ») est utilisé. Il détaille également l'interdiction faite aux signataires de se lier avec des puissances étrangères. Cette dernière clause ne sera abrogée qu'à la fondation de la [[République helvétique]] en [[1798]]&lt;ref&gt;{{lien web|url=http://hypo.ge.ch/www/cliotexte/html/suisse.histoire.1315.html|titre=Le pacte de Brunnen (1315)|site=cliotexte}} (traduit en français)&lt;/ref&gt;.

== Confédération des VIII cantons ==

{{Article détaillé|Confédération des VIII cantons}}

&lt;div align=&quot;center&quot;&gt;
&lt;gallery heights=&quot;50&quot; widths=&quot;50&quot; perrow=&quot;5&quot;&gt;
Image:Blason-CH-Canton-Lucerne.PNG|[[Canton de Lucerne|LU]]
Image:Blason-CH-Canton-Zurich.PNG|[[Canton de Zurich|ZH]]
Image:Blason-CH-Canton-Glaris.PNG|[[Canton de Glaris|GL]]
Image:Blason-CH-Canton-Zoug.PNG|[[Canton de Zoug|ZG]]
Image:Blason-CH-Canton-Berne.PNG|[[Canton de Berne|BE]]
&lt;/gallery&gt;
Nouveaux membres de la Confédération des VIII cantons
&lt;/div&gt;

Dans l'imagerie populaire, le cercle originel des trois membres fondateurs s'étend progressivement pour accueillir de nouveaux membres. Dans la réalité, les trois entités vont conclure, soit globalement soit individuellement, un véritable réseau d'alliances défensives en l'espace de quarante ans&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Jean-Jacques Bouquet}}, p. 21&lt;/ref&gt; tout d'abord avec [[Canton de Lucerne|Lucerne]] en [[1332]] et [[Canton de Zurich|Zurich]] en [[1351]]&lt;ref&gt;{{lien web|url=http://hypo.ge.ch/www/cliotexte/html/suisse.histoire.1332.html|titre=Extension de la Confédération de 1332 à 1353|site=cliotexte}} (textes des traités traduits en français)&lt;/ref&gt;.

[[Image:Historische Karte CH 1385.png|right|280px|thumb|Carte de la Suisse avant la bataille de Sempach]]

La ville de [[Zoug (ville)|Zoug]] puis la vallée de [[Glaris]] concluent à leur tour une alliance en [[1352]], bien que cette dernière n'ait pas un statut d'égalité avec les autres membres. Toutefois, quelques semaines après avoir signé ces accords, les confédérés doivent rendre ces deux territoires aux Habsbourg. Ils ne les récupèrent finalement qu'en [[1365]] pour Zoug et [[1388]] pour Glaris. En [[1353]], c'est au tour de [[Canton de Berne|Berne]] de signer une alliance qui a également pour but d'empêcher tout revendication [[Canton d'Obwald|obwaldienne]] sur l'[[Oberland bernois]], arrière-pays rural et sujet de la ville.

Alors que les huit petits États, reliés par ce réseau d'alliances, sont groupés sous le nom générique de « Confédération des VIII cantons », c'est en [[1359]] qu'apparaissent pour la première fois les deux bandes croisées blanches sur fond rouge comme signe de reconnaissance sur les champs de bataille. Bien plus tard, en [[1815]], la croix blanche à branches égales sur fond rouge sera défini comme les [[Drapeau et armoiries de la Suisse|armoiries officielles]] du pays. En [[1370]], un nouveau pacte, appelé ''Pfaffenbrief'' (« [[Charte des prêtres]] » en [[allemand]]), est signé entre tous les cantons contrôlant le passage du Gothard, à savoir tous les cantons à l'exception de Glaris et Berne. Ce document unifie le droit existant et rend chaque homme, noble ou roturier, laïc ou religieux, égal devant la justice qui est rendue par des juges locaux&lt;ref&gt;{{lien web|url=http://hypo.ge.ch/www/cliotexte//html/suisse.histoire.1370.html|titre=Charte des prêtres ''Pfaffenbrief'' (7 octobre 1370)|site=cliotexte}} (textes de la charte traduit en français)&lt;/ref&gt;.

Les Habsbourg ne renoncent toutefois pas à leurs prétentions. Par deux fois, ils tentent de vaincre les cantons mais échouent : la première fois en [[1386]], lors de la [[bataille de Sempach]], la seconde en [[1388]], lors de la [[bataille de Näfels]]. Dans les deux cas, des montagnards inférieurs en nombre battent des soldats expérimentés, gagnant ainsi une réputation de guerriers intrépides mais également peu respectueux des coutumes guerrières&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Grégoire Nappey}}, p. 23&lt;/ref&gt;. Cette double victoire consolide l'alliance des huit communautés qui signent en [[1393]] la première charte commune aux huit cantons, appelé le [[convenant de Sempach]], qui définit des règles militaires de comportement pendant et après les combats ainsi que la manière d'engager un conflit, qui ne peut l'être qu'après une délibération commune.

[[Image:Struktur Eidgenossenschaft 1474-fr.svg|thumb|left|280px|Carte de la suisse en 1474, peu avant le début des guerres de Bourgogne.]]
Les cantons suisses ont alors plus ou moins assuré leur indépendance vis-à-vis des seigneurs locaux, tout en restant des sujets du [[Saint-Empire romain germanique]]. Le {{s|XV|e}} voit une phase d'expansion des confédérés qui conquirent les territoires avoisinants et conclurent des alliances avec de nombreuses régions des alentours ([[Canton d'Appenzell|Appenzell]], le [[Canton du Valais|Valais]] et [[Canton de Saint-Gall|Saint-Gall]]). En [[1415]], les confédérés planifient et exécutent en commun, aux dépens des Habsbourg et avec la bénédiction de l'empereur, la conquête de l'[[Canton d'Argovie|Argovie]] dont une partie est gérée sous la forme d'un [[Bailliage et sénéchaussée|baillage]] commun. L'envie d'expansion ne va pas sans heurts : à la mort du comte [[Frédéric VII de Toggenbourg]] ne laissant aucun successeur, les confédérés, particulièrement Schwytz et Zurich, vont s'entre-déchirer pour se répartir le [[Toggenbourg]] pendant l'[[ancienne guerre de Zurich]] qui dure de [[1436]] à [[1450]] et voit la victoire des Schwytzois. Enfin, la [[Canton de Thurgovie|Thurgovie]] est conquise en [[1460]] et également transformée en baillage commun.

Inquiets de la puissance croissante de leurs voisins occidentaux, les [[Duché de Bourgogne|États bourguignons]], les confédérés, Berne en tête, s'allient au roi [[Louis XI de France]] et déclarent, en [[1474]], la [[Guerre de Bourgogne|guerre]] à [[Charles le Téméraire]]. Vaincus successivement lors des batailles de [[Bataille de Grandson|Grandson]] et de [[Bataille de Morat|Morat]], les Suisses prennent leur revanche lors de la [[bataille de Nancy]] en [[1477]] qui met fin à la guerre. À la grande déception de Berne, seuls la région d'[[Aigle (Vaud)|Aigle]] lui est attribuée après la guerre et seulement en tant que bailliage commun avec [[Canton de Fribourg|Fribourg]] qui rejoint peu de temps après la Confédération en compagnie de [[Canton de Soleure|Soleure]] dans ce qui va devenir la [[Confédération des XIII cantons]].

== Confédération des XIII cantons ==

{{Article détaillé|Confédération des XIII cantons}}

&lt;div align=&quot;center&quot;&gt;
&lt;gallery heights=&quot;50&quot; widths=&quot;50&quot; perrow=&quot;6&quot;&gt;
Image:Blason-CH-Canton-Fribourg.PNG|[[Canton de Fribourg|FR]]
Image:Blason-CH-Canton-Soleure.PNG|[[Canton de Soleure|SO]]
Image:Basel.png|[[canton de Bâle|BA]]&lt;ref name=&quot;BALE&quot;&gt;Le canton de Bâle n'est pas encore divisés en deux sous-cantons. Le drapeau et l'abréviation utilisés ici n'ont jamais été reconnus officiellement.&lt;/ref&gt;
Image:Blason-CH-Canton-Shaffhouse.PNG|[[Canton de Schaffhouse|SH]]
Image:Blason-CH-Canton-Appenzell-Rhodes-Interieures.PNG|[[Canton d'Appenzell|AP]]&lt;ref name=&quot;AP&quot;&gt;Le canton d'Appenzell n'est pas encore divisé en deux demi-cantons.&lt;/ref&gt;
&lt;/gallery&gt;
Nouveaux membres de la Confédération des XIII cantons
&lt;/div&gt;

À la fin de la guerre de Bourgogne, deux nouveaux cantons frappent à la porte de la Confédération : [[Canton de Fribourg|Fribourg]] et [[Canton de Soleure|Soleure]]. Cependant, les cantons sont divisés sur ces demandes d'adhésion et la [[guerre civile]] menace entre les cantons [[Campagne|campagnards]] qui craignent de perdre leur majorité et les cantons urbains. C'est finalement [[Nicolas de Flue]], un [[ermite]], qui propose en [[1481]] un compromis acceptable : le [[convenant de Stans]]. Fribourg et Soleure sont donc admis dans la Confédération.

[[Image:Carte guerre de Souabe.png|right|450px|thumb|Carte de la guerre de Souabe]]

Suite à la défaite des Bourguignons, l'empereur [[Maximilien Ier du Saint Empire|Maximilien]] réorganise le Saint-Empire romain germanique en instaurant en particulier un tribunal impérial et un nouvel impôt, le centime impérial, en [[1495]]. Les confédérés refusent de s'y soumettre et vont vaincre les troupes impériales ainsi qu'une coalition de villes du sud de l'actuelle [[Allemagne]] lors de la [[guerre de Souabe]] s'étendant de décembre [[1498]] à septembre [[1499]]. Le [[Traité de Bâle (1499)|traité de Bâle]] du [[22 septembre]] [[1499]]&lt;ref&gt;{{ouvrage|auteur=William Martin|titre=Histoire de la Suisse}}, p. 82&lt;/ref&gt; marque l'indépendance ''de facto'' des [[cantons suisses]] vis-à-vis de l'empire qui renonce à ses droits. Il faudra toutefois attendre [[1648]] et les [[traités de Westphalie]] pour que cette indépendance soit reconnue ''de jure''. Les villes de [[Bâle]] et [[Schaffhouse]], déjà alliées, deviennent des cantons en [[1501]] et sont suivies par [[Canton d'Appenzell|Appenzell]] en [[1513]]. La Confédération des XIII cantons est née et va durer jusqu'en [[1798]].

Les confédérés sont alors entrainés dans la tourmente des [[guerres d'Italie]] : tour à tour alliés et ennemis des Français, ils assujettissent une partie du [[Canton du Tessin|Tessin]] avant de connaître la défaite contre les Français lors de la [[bataille de Marignan]] en [[1515]]. Ils doivent alors signer la {{guil|paix perpétuelle}} avec la [[France]] qui obtient le droit de recruter à volonté des [[mercenaire]]s suisses contre le Tessin et une partie de la [[Valteline]]. Ce traité marque également la fin de la politique d'expansion des confédérés qui ne participeront plus aux grandes batailles du [[Europe|continent]] qu'en tant que mercenaires.

[[Image:Ulrich-Zwingli-1.jpg|left|thumb|Portait du réformateur Zwingli]]

Le {{s-|XVI|e}} voit la [[Réforme protestante]] apparaître à [[Zurich]] suite à la prédication et à l'influence d'[[Ulrich Zwingli]]. Elle gagne bientôt une grande partie de la Confédération qui va se déchirer lors de quatre guerres de religions : les [[Première guerre de Kappel|première]] (dont l'épisode de la [[Soupe au lait de Kappel|soupe au lait]] deviendra célèbre) et [[Deuxième guerre de Kappel|deuxième]] [[guerres de Kappel]] qui voient, en [[1531]], la défaite des protestants et la mort de Zwingli, sont suivies par les deux guerres de Villmergen en [[1656]] et [[1712]]. La [[Diète fédérale]] se retrouve alors divisée entre sept cantons catholiques, deux mixtes et quatre réformés, moins nombreux mais plus peuplés. Cette division va encore s'accentuer avec la [[Contre-Réforme]] menée en particulier par les [[jésuite]]s qui provoque notamment, la division en [[1597]] du [[canton d'Appenzell]] en deux [[Demi-canton suisse|demi-cantons]] : [[Canton d'Appenzell Rhodes-Extérieures|Appenzell Rhodes-Extérieures]] protestant et [[Canton d'Appenzell Rhodes-Intérieures|Appenzell Rhodes-Intérieures]] catholique.
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Image:Blason-CH-Canton-Appenzell-Rhodes-Exterieures.PNG|[[Canton d'Appenzell Rhodes-Extérieures|AR]]
Image:Blason-CH-Canton-Appenzell-Rhodes-Interieures.PNG|[[Canton d'Appenzell Rhodes-Intérieures|AI]]
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1597 : Division du canton d'Appenzell
&lt;/div&gt;
[[Image:Jean Calvin.png|right|thumb|Portait du réformateur Calvin]]

Stoppée progressivement par la Contre-Réforme dans la partie alémanique du pays, la Réforme se propage en revanche à l'ouest, en particulier sous l'action du Français [[Guillaume Farel]] qui prêche et convertit la plus grande partie du [[Canton de Vaud|pays de Vaud]], de [[Neuchâtel]] et de [[Genève]] avant de l'emporter à [[Lausanne]] dans un débat public (connu par la suite sous le nom de « [[Dispute de Lausanne]] ») avec l'aide de [[Jean Calvin]] et [[Pierre Viret]] contre les catholiques. En [[1533]], l'évêque de Genève s'enfuit et la ville devient une [[république]] libre puis, en [[1541]], une [[théocratie]] sous l'[[Calvinisme|influence radicale]] de Calvin qui transforme la cité en {{guil|Rome protestante}}&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Grégoire Nappey}}, p. 32&lt;/ref&gt;.

Entre-temps, le [[duché de Savoie]] qui échoue en [[1536]] à s'emparer de Genève, est chassé du pays de Vaud par les Bernois, les Fribourgeois et les Valaisans. Toutefois, certains des territoires conquis à cette occasion, tels que le [[Chablais français]] et la rive sud du [[lac Léman]] sont rendus par la suite, fixant ainsi les frontières du pays telles que nous les connaissons aujourd'hui.

Pendant la [[guerre de Trente Ans]], la Suisse reste neutre mais doit se défendre en mobilisant {{formatnum:36000}} hommes à ses frontières&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Grégoire Nappey}}, p. 36&lt;/ref&gt;, créant ainsi le concept de « neutralité armée » avant que l'indépendance et la neutralité de la Suisse ne soient finalement reconnus lors des [[traités de Westphalie]] qui mettent un terme au conflit européen en [[1648]].

Le {{s|XVIII|e}} marque une période de prospérité scientifique et économique avec l'évolution de l'[[agriculture]] et l'apport des [[huguenot]]s français. C'est de cette période que date le concept de [[nation]] suisse, développé avec la création de chaires d'histoire nationale dans les universités du pays, qui gomme les différences confessionnelles, politiques, économiques et sociales pour faire place à une Suisse « unie et paisible »&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=Nouvelle Histoire de la Suisse et des Suisses|auteur=François de Capitani}}, pp. 479-480&lt;/ref&gt; alors que l'arrivée de voyageurs étrangers marque les débuts du [[tourisme en Suisse]]. Cependant, durant cette période, plusieurs soulèvements se produisent qu'ils soient le fait de [[Guerre des paysans de 1653|paysans]] comme à Berne en [[1653]] et Lucerne, de pays sujets comme la « conjuration Henzi » contre le patriciat bernois en [[1749]], le « soulèvement Livin » contre Uri en [[1755]] ou le « soulèvement Chenaux » en [[1781]] contre Fribourg, ou de « libérateurs » comme dans la [[Léventine]] ou dans le pays de Vaud avec le major [[Abraham Davel]] en [[1755]]&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Jean-Jacques Bouquet}}, p. 57&lt;/ref&gt;. Ces soulèvements ne sont toutefois que ponctuels, afin d'obtenir ou de maintenir des droits particuliers, et n'ont pas, à l'exception de la tentative de Davel, de caractère révolutionnaire.

== Suisse sous occupation française ==

{{Article détaillé|Histoire de la Suisse sous domination française}}

[[Image:Tuileriensturm.jpg|left|270px|thumb|Représentation de la prise des Tuileries par [[Jean Duplessi-Bertaux]]]]

La première réaction en Suisse suite aux évènements de la [[Révolution française]] est vive après l'annonce du massacre de près de {{formatnum:5000}} gardes suisses aux [[Palais des Tuileries]] à partir du {{date|10|août|1792}}. Cette même année, des troupes bernoises et zurichoises sont envoyées à [[Genève]] pour empêcher une invasion française sur ce territoire allié. Cependant, quelques semaines plus tard, la cité lémanique passe aux mains des révolutionnaires. Toujours en 1792, la France envahit l'[[Diocèse de Bâle|évêché de Bâle]] qui devient brièvement indépendant sous le nom de [[République rauracienne]] avant d'être rattaché à la France sous le nom de département du [[Mont-Terrible]], comprenant les districts actuels de [[Porrentruy]] et [[Delémont]], le [[23 mars]] [[1793]].

En [[1795]], un soulèvement vaudois contre [[Berne]] est lancé par [[Frédéric-César de La Harpe]] qui doit se réfugier à [[Paris]] faute d'avoir été suivi. De son exil, il pousse le [[gouvernement français]] à envoyer des troupes en [[Suisse romande]]. C'est finalement en [[1798]] que, prenant comme prétexte la mort de deux soldats en mission à [[Thierrens]], les troupes françaises envahissent le pays. La résistance est faible excepté à Berne et en [[Suisse centrale]] où Nidwald livre seul un combat désespéré contre les Français&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Jean-Jacques Bouquet}}, p. 61&lt;/ref&gt;, les envahisseurs étant relativement bien accueillis. Les deux victoires françaises du [[Grauholz]] et de [[Fraubrunnen]] entraînent la capitulation de Berne à l'automne [[1798]]. Après la proclamation éphémère de quelques quarante [[république]]s en quelques semaines, c'est finalement [[Paris]] qui met en place le nouveau régime de la [[République helvétique]].

[[Image:Helvetische Revolution.png|right|450px|thumb|Carte de la République helvétique]]

Cette « République helvétique une et indivisible » selon son nom officiel&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Grégoire Nappey}}, p. 44&lt;/ref&gt; est un État centralisé et unitaire gouverné par un [[Directoire (homonymie)|directoire]] qui nomme les gouverneurs des cantons devenus de simples divisions administratives et dont les frontières sont largement redessinées&lt;ref&gt;{{lien web|url=http://hypo.ge.ch/www/cliotexte/html/suisse.histoire.1798.html|titre=La constitution de la République helvétique (12 avril 1798)|site=cliotexte}} (extraits de la première constitution helvétique)&lt;/ref&gt;. Outre les conflits européens, illustrés par les [[Bataille de Zurich|batailles de Zurich]] en [[1799]], qui se déroulent en partie sur le sol suisse, les conflits entre centralisateurs et fédéralistes sont incessants jusqu'à l'été [[1802]] lorsque les troupes françaises se retirent du territoire et que se déclenche la ''[[Stecklikrieg]]'' (« Guerre des bâtons » en [[allemand]]), une révolte [[Fédéralisme|fédéraliste]] contre la République helvétique dont le gouvernement doit se réfugier à [[Lausanne]].

Le {{date|30|septembre|1802}}, [[Napoléon Ier|Napoléon Bonaparte]] intervint et, après avoir convoqué à Paris une délégation helvétique formée de 63 représentants suisses et de quatre [[Sénat (France)|sénateurs français]]&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Jean-Jacques Bouquet}}, p. 65&lt;/ref&gt;, impose l'[[Acte de médiation]] proclamé le {{date|19|février|1803}} qui définit une nouvelle [[constitution]] pour le pays&lt;ref&gt;{{lien web|url=http://hypo.ge.ch/www/cliotexte/html/suisse.histoire.1803.html|titre=L'Acte de médiation (19 février 1803)|site=cliotexte}} (plusieurs documents, dont des extraits de l'Acte de Médiation)&lt;/ref&gt;. Cet acte permet de calmer les tensions internes, en particulier grâce au rétablissement des frontières traditionnelles pour la majorité des cantons, à l'exception notable du [[canton de Berne]] qui se voit définitivement amputé des nouveaux cantons de [[Canton de Vaud|Vaud]] et d'[[Canton d'Argovie|Argovie]]. Les cantons de [[Canton de Saint-Gall|Saint-Gall]], [[Canton de Thurgovie|Thurgovie]], du [[Canton du Tessin|Tessin]] et des [[Canton des Grisons|Grisons]] sont également créés par la réunions de baillages communs. Afin de garantir le contrôle des cols alpins, le Valais quitte la Suisse et devient indépendant mais sera annexé par l'[[Premier Empire|Empire français]] en [[1810]] tout comme Genève qui devient le [[chef-lieu]] du [[Léman (département)|département du Léman]] et Neuchâtel transformé en [[principauté]] offerte au [[Louis-Alexandre Berthier|maréchal Berthier]] qui ne s'y rendra jamais.

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Image:Blason-CH-Canton-Vaud.PNG|[[Canton de Vaud|VD]]
Image:Blason-CH-Canton-Argovie.PNG|[[Canton d'Argovie|AG]]
Image:Blason-CH-Canton-Saint-Gall.PNG|[[Canton de Saint-Gall|SG]]
Image:Blason-CH-Canton-Thurgovie.PNG|[[Canton de Thurgovie|TG]]
Image:Blason-CH-Canton-Tessin.PNG|[[Canton du Tessin|TI]]
Image:Blason-CH-Canton-Grisons.PNG|[[Canton des Grisons|GR]]
&lt;/gallery&gt;
Nouveaux cantons créés par l'Acte de médiation
&lt;/div&gt;

Les 19 cantons restants redeviennent des entités indépendantes, chacun disposant de sa constitution et de ses péages. Le pouvoir central, exercé par la Diète fédérale, est dirigée par le ''[[Landaman|Landammann]]'' de la Suisse, unique occurrence historique où le pays est dirigé par une seule personne&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Grégoire Nappey}}, p. 45&lt;/ref&gt;. La Diète a le contrôle de l'[[armée suisse]] ainsi que du [[Franc suisse|franc]] qui devient la seule monnaie officielle du pays. Toutefois, entre [[1803]] et [[1813]], la Suisse est un [[protectorat]] français sans grand pouvoir décisionnel qui se trouve en réalité à Paris. Mais le pays connaît alors une période de stabilité et de paix bien que son [[industrie]] soit durement touchée par les effets du [[blocus continental]] et que le pays dusse fournir quatre régiments à la [[Grande Armée (Premier Empire)|Grande Armée]], soit un total théorique de {{formatnum:16000}} hommes&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Jean-Jacques Bouquet}}, p. 67&lt;/ref&gt;.

== Confédération des XXII cantons ==

{{Article détaillé|Confédération des XXII cantons}}

[[Image:CH Religionen 1800.jpg|left|300px|thumb|Répartition confessionnelle au début du {{s-|XIX|e}}]]

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Image:Blason Canton Valais 3D.svg|[[Canton du Valais|VS]]
Image:Blason-CH-Canton-Neuchâtel.PNG|[[Canton de Neuchâtel|NE]]
Image:Blason-CH-Canton-Genève.PNG|[[Canton de Genève|GE]]
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Trois nouveaux cantons de 1815
&lt;/div&gt;

À partir de [[1813]], les armées étrangères, à la poursuite des armées françaises, traversent à plusieurs reprises le pays en se nourrissant sur place, ce qui entraîne des problèmes de [[famine]] parmi la population sans que ni la Diète ni l'armée ne puisse s'interposer, si ce n'est par l'incursion durant quelques mois de {{formatnum:24000}} hommes dans le [[pays de Gex]], ce qui marque le dernier engagement des troupes suisses à l'étranger&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Grégoire Nappey}}, p. 48&lt;/ref&gt;. Les Français partis, plusieurs cantons, partiellement appuyés par les puissances européennes, s'empressent de restaurer l'Ancien Régime alors que l'existence des nouveaux cantons, en particulier l'Argovie que Berne veut récupérer, est menacée. 

[[Image:CongressVienna.jpg|right|300px|thumb|Signature du Congrès de Vienne de 1815]]

Dans ce contexte, un nouveau pacte fédéral est finalement signé entre tous les cantons le {{date|7|août|1815}}, établissant la Confédération suisse constituée de cantons indépendants liés entre eux par un seul traité commun et non plus par un réseau d'alliances hétérogènes&lt;ref&gt;{{lien web|url=http://hypo.ge.ch/www/cliotexte/html/suisse.histoire.1815.html|titre=Le Pacte fédéral du 7 août 1815|site=cliotexte}} (extraits du pacte)&lt;/ref&gt;. Au [[Congrès de Vienne]], les puissances européennes reconnaissent la [[Neutralité perpétuelle de la Suisse|neutralité perpétuelle]] du pays le {{date|20|mai|1815}}&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Jean-Jacques Bouquet}}, p. 71&lt;/ref&gt; et lui attribuent trois nouveaux cantons, le Valais, Genève — auquel la [[France]] et le [[royaume de Sardaigne]] attribuent quelques territoires afin de lui assurer une continuité territoriale — et Neuchâtel qui demeure néanmoins une principauté prussienne, fondant ainsi la Confédération des XXII cantons.

Le [[Traité de Paris (1815)|traité de Paris]] de [[1815]] attribue également la partie jurassienne de l'évêché de Bâle et la région de [[Bienne]] au [[canton de Berne]], en compensation de la perte de l'Argovie et du pays de Vaud. Les bailliages de [[Valpelline]] et [[Bormio]], perdus par les ligues grises en [[1798]], le sont définitivement en raison du refus de ces trois ligues d'accorder l'égalité à leurs anciens sujets. La frontière de la Suisse ne subira dès lors plus de changements majeurs.

&lt;br clear=&quot;all&quot;/&gt;&lt;div align=&quot;center&quot;&gt;
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Image:Blason-CH-Canton-Bâle-Ville.PNG|[[Canton de Bâle-Ville|BS]]
Image:Blason-CH-Canton-Bâle-Campagne.PNG|[[Canton de Bâle-Campagne|BL]]
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1833 : Division du canton de Bâle
&lt;/div&gt;

Suite à la [[Trois Glorieuses|révolution française]] de [[1830]] et aux idées égalitaires propagées par celle-ci, une moitié des cantons démocratisent progressivement leurs [[constitution]]s en généralisant le [[droit de vote]]. En [[1832]], une [[guerre civile]] éclate entre la ville de [[Bâle]] et sa [[campagne]] obligeant l'[[Armée suisse|armée]] à intervenir et provoquant la séparation du canton en deux [[Demi-canton suisse|demi-cantons]] respectivement de [[Canton de Bâle-Ville|Bâle-Ville]] et [[Canton de Bâle-Campagne|Bâle-Campagne]]. La même année, une révision du pacte fédéral, introduisant plus de libertés individuelles, est refusé. 

[[Image:Sonderbund.png|right|300px|thumb|Carte de la guerre du Sonderbund]]

Dans les années suivantes, le [[Parti radical-démocratique]] connait une forte croissance dans plusieurs cantons urbains et protestants. Ses membres, partisans d'un système plus centralisé, deviennent progressivement majoritaires au parlement où ils adoptent plusieurs mesures anti-catholiques et anticonstitutionnelles&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Grégoire Nappey}}, p. 50&lt;/ref&gt; telles que la fermeture des [[couvent]]s argoviens en [[1841]]. En [[1845]], le [[canton de Lucerne]] catholique rappelle les [[jésuite]]s sur son territoire et leur confie l'enseignement supérieur, ce qui scandalise les radicaux qui ne manquent que de quelques voix à faire voter l'expulsion des jésuites. Se sentant menacés, les sept cantons catholiques de Lucerne, d'Uri, de Schwytz, d'Unterwald, du Valais, de Fribourg et de Glaris concluent une alliance secrète en [[1845]], appelée le [[Sonderbund]] (littéralement « Alliance particulière » en [[allemand]]) qui apparaît au grand jour lorsqu'elle cherche à s'allier avec l'[[Autriche]], acte contraire à la constitution. En [[1847]], le parlement ordonne la dissolution du Sonderbund et, devant le refus des sept cantons, la [[Guerre du Sonderbund|guerre civile]] éclate. Le conflit mené par le général [[Guillaume-Henri Dufour]] du côté confédéré, est bref et peu sanglant et voit la défaite des cantons catholiques suivie par la mise en place et de l'adoption d'une nouvelle constitution en [[1848]], qui ne sera plus remaniée de façon radicale qu'en [[1874]] puis en [[1999]].

== État fédéral ==

{{Article détaillé|État fédéral de 1848}}

[[Image:Bern, Federal Palace, 1857.jpg|right|300px|thumb|Vue du Palais fédéral en 1857]]

La nouvelle constitution fédérale votée le {{date|12|septembre|1848}} à la majorité de quinze cantons et [[Demi-canton suisse|demi]] contre six et demi&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Grégoire Nappey}}, p. 54&lt;/ref&gt; définit un nouvel État fédéral et centralisé qui continue toutefois de porter le nom de « [[Confédération (organisation politique)|confédération]] » où les cantons ne sont plus indépendants mais « souverains » et cèdent certains de leurs privilèges à l'État fédéral. La constitution définit également les nouvelles institutions politiques, le [[Conseil fédéral (Suisse)|Conseil fédéral]] et l'[[Assemblée fédérale (Suisse)|Assemblée fédérale]] bicamérale qui siège à [[Berne]], nouvelle [[capitale]] où est construit le [[Palais fédéral]]. Une union douanière et monétaire est instaurée, abolissant les douanes, les frontières et les monnaies cantonales et régionales. La loi fédérale sur la monnaie du {{date|7|mai|1850}} instaure le [[franc suisse]] qui circule dès [[1852]] et un système monétaire similaire à celui de la France, ce qui permet à la Suisse de faire partie de l'[[Union monétaire latine]] de sa création en [[1865]] à sa dissolution en [[1926]]. En [[1854]], le [[École polytechnique fédérale de Zurich|Polytechnikum]] de Zurich est fondé alors que les chemins de fer privés commencent à voir le jour sur tout le [[Plateau suisse]].

Cependant, les divisions entre les cantons centraux et catholiques et ceux protestants du plateau sont toujours vivaces. La dette de guerre que doivent payer les perdants de la guerre du Sonderbund jusqu'en [[1852]], le système majoritaire mis en place pour les élections fédérales qui élimine pratiquement l'opposition conservatrice et la séparation constitutionnelle de l'Église et de l'État sont autant de motifs de tension qui sont progressivement aplanis, en particulier lorsque les conservateurs catholiques obtiennent un siège au Conseil fédéral en [[1891]]. 

[[Image:Committee of Five Geneva 1863.jpg|left|300px|thumb|Portraits des fondateurs de la Croix-Rouge]]

Sur le plan de la politique extérieure, la période est marquée par l'[[affaire de Neuchâtel]] entre [[1856]] et [[1857]] suivie de l'[[affaire de Savoie]] en [[1860]] où le Conseil fédéral envisage l'occupation du [[Chablais français]] et du [[Faucigny (province)|Faucigny]]. En [[1868]], lors de la signature de la [[convention de Mannheim]], la Suisse obtient son seul débouché maritime : la zone du [[Rhin]] comprise entre le dernier pont de la ville de Bâle et donc le [[Port de Bâle|port]] et son embouchure deviennent des eaux internationales. Pendant la [[guerre franco-allemande de 1870]], la Suisse mobilise son armée commandée par le [[Général de l'armée suisse|général]] [[Hans Herzog]] mais se cantonne dans sa neutralité, accueillant de nombreux réfugiés tels les {{formatnum:85000}} hommes de l'armée française de l'Est menée par le général [[Charles Denis Bourbaki]]&lt;ref&gt;{{DHS|8925|Franco-allemande, guerre}}&lt;/ref&gt; qui seront les premiers bénéficiaires de l'aide de la [[Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge|Croix-Rouge]] récemment créée par [[Henri Dunant]].

Sur le plan intérieur, le droit de [[référendum facultatif]] et celui d'[[Initiative populaire (Suisse)|initiative populaire]] sont progressivement accordés aux citoyens. En [[1868]], le système majoritaire est abandonné au profit du système proportionnel jugé plus représentatif. Dans la même lignée, la révision de la constitution de [[1874]] accorde encore de nouvelles prérogatives à l'État fédéral et le [[Tribunal fédéral (Suisse)|Tribunal fédéral]], désormais permanent, est établi à [[Lausanne]]. L'école primaire devient obligatoire de même que la tenue d'un registre d'[[état civil]]&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Roland Ruffieux}}, pp. 626-633&lt;/ref&gt;. Cette révision constitutionnelle a lieu pendant le ''[[Kulturkampf]]'' [[Allemagne|allemand]] dont les effets se font sentir également en Suisse par quelques articles constitutionnels, appelés [[articles d'exception]], qui restreignent les libertés de culte et d'expression, en particulier vis-à-vis du [[catholicisme]], et amènent à la rupture des relations diplomatiques entre la Suisse et le [[Saint-Siège]] en [[1874]]&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Jean-Jacques Bouquet}}, p. 84&lt;/ref&gt;.

La centralisation du pouvoir se poursuit avec, en [[1891]], le monopole de l'émission des billets de banque confié à la Confédération qui entraîne, en [[1907]], la création de la [[Banque nationale suisse]] chargée de cette tâche ainsi que de toute la politique monétaire&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Roland Ruffieux}}, p. 646&lt;/ref&gt;. En [[1898]], le droit pénal et le droit civil dans leur entier deviennent la prérogative de l'État fédéral, amenant à la création d'un [[code civil]] et d'un [[code pénal]] fédéraux suivis par le [[code des obligations]]. C'est également à cette période que les premiers progrès sociaux voient le jour : la durée quotidienne du travail est limitée en [[1877]] à onze heures et six jours hebdomadaires puis, en [[1890]], la Confédération doit créer une [[Assurance maladie en Suisse|assurance en cas d'accident ou de maladie]] qu'elle peut rendre obligatoire soit pour l'ensemble des habitants, soit pour une ou des catégories particulières&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Grégoire Nappey}}, p. 63&lt;/ref&gt;.

== Suisse du XX{{e}} siècle ==

{{Article détaillé|La Suisse au XXe siècle}}

[[Image:Ferdinand Hodler 010.jpg|thumb|right|Portrait du général Wille par [[Ferdinand Hodler]]]]

Lorsqu'éclate la [[Première Guerre mondiale]], la population est divisée entre la [[Suisse alémanique]] qui penche du côté des empires centraux et la [[Suisse romande]] qui a plus de sympathie pour les [[Alliés de la Première Guerre mondiale|Alliés]]. Le Conseil fédéral reçoit les pleins-pouvoirs et l'Assemblée fédérale nomme comme [[général de l'armée suisse]] [[Ulrich Wille]] qui est loin de faire l'unanimité, étant jugé trop proche de l'[[Allemagne]]&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Grégoire Nappey}}, p. 66&lt;/ref&gt;. Si les troupes suisses, relativement bien préparées et ravitaillées, ne souffrent pas trop de la guerre, la population suisse doit se serrer la ceinture à tel point qu'en [[1915]], le Conseil fédéral octroie le [[monopole]] de la distribution des [[céréale]]s à la Confédération afin d'essayer de lutter contre les prix exorbitants du [[marché noir]]. Le [[traité de Versailles]] qui marque la fin de la guerre reconnaît la neutralité perpétuelle de la Suisse en échange de l'abandon du droit, plus que théorique, obtenu en [[1815]] d'occuper la [[Savoie]] du nord en cas de conflit. Un [[plébiscite]] est organisé au [[Vorarlberg]] quant à son rattachement à la Confédération : les habitants l'acceptent mais les Alliés rattachent finalement la région à la nouvelle République d'[[Autriche]]&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Jean-Jacques Bouquet}}, p. 103&lt;/ref&gt;.

Les difficultés sociales engendrées par la guerre aboutissent à la [[Grève générale de 1918 en Suisse|grève générale de 1918]] déclenchée au lendemain de l'[[armistice]] par le [[comité d'Olten]] et qui dure trois jours&lt;ref&gt;{{lien web|url=http://www.gymalp.ch/%7Ehistoire/article.php3?id_article=14|titre=La Grève Générale de 1918|en ligne le=6 juillet 2006|site=site d’histoire du Gymnase de la rue des Alpes de Bienne}}&lt;/ref&gt;. La grève, bien que brisée par la menace de l'intervention de l'armée, permet toutefois au [[Parti socialiste suisse]] d'obtenir gain de cause sur certaines revendications telles que la limitation du temps de travail hebdomadaire à 48 heures au début des [[années 1920]] ou encore l'élection, dès [[1919]], du [[Conseil national (Suisse)|Conseil national]] au scrutin proportionnel&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Jean-Jacques Bouquet}}, p. 103&lt;/ref&gt;. Cette dernière mesure marque la fin de la majorité radicale qui perd, en [[1919]], 45 des 105 sièges qu'elle détenait au parlement. Le Conseil fédéral est également remanié avec l'attribution d'un second siège au [[Parti démocrate-chrétien]] puis, en [[1929]], d'un siège au Parti des paysans, artisans et bourgeois (future [[Union démocratique du centre]]). Le Parti socialiste suisse reste toutefois encore écarté de l'exécutif par la coalition au pouvoir.

[[Image:Monument 9 novembre.JPG|left|230px|thumb|Monument commémoratif de la [[fusillade du 9 novembre 1932]]]]

La politique extérieure est basée sur la [[neutralité]] armée : la Suisse adhère en [[1920]] à la [[Société des Nations]] (SDN) dont le siège est à [[Genève]] suite à la [[votation]] du {{date|16|mai|1920}} qui présente une forte majorité dans les cantons francophones (93,2 % dans le [[canton de Vaud]]). Le retrait de l'organisation de l'[[Allemagne]] et de l'[[Italie]] dans la deuxième moitié des [[années 1930]] compliquent la politique de neutralité de la Suisse qui choisit, au nom de la neutralité, de ne plus appliquer les sanctions économiques décidée par la SDN contre l'Italie.

La politique intérieure de l'[[entre-deux-guerres]] se polarise en deux fronts opposés, la [[Gauche (politique)|gauche]] et la [[Droite (politique)|droite]], chaque camp usant de l'arme du [[référendum]] pour bloquer les décisions qui ne lui plaisent pas, obligeant de ce fait le gouvernement fédéral à utiliser les [[Arrêté fédéral urgent|arrêtés fédéraux urgents]] qui ne peuvent être contestés en votation populaire. Économiquement, la Suisse est secouée par une première crise en [[1921]] et en [[1922]] puis subit de plein fouet, avec quelques années de retard du fait de l'existence de grands chantiers, la [[krach de 1929|crise mondiale de 1929]]. Elle doit même dévaluer le [[franc suisse]] de 30 % en [[1936]]&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Jean-Jacques Bouquet}}, p. 106&lt;/ref&gt;.

Le début des années 1930 est marqué par la montée des « fronts », des mouvements fascisants dont les partis bourgeois s'éloignent toutefois rapidement. Les affrontements entre l'[[extrême gauche]] et l'[[extrême droite]] culminent en [[1932]] où le [[9 novembre]], lors de la [[Fusillade du 9 novembre 1932|fusillade de Genève]], l'armée tire sur la foule en faisant 13 tués et 65 blessés. La deuxième moitié des années 1930 connait toutefois un changement du climat politique avec l'adhésion des différents partis nationaux à l'idée commune de « défense nationale spirituelle » qui culmine avec l'[[Liste des Expositions nationales suisses|exposition nationale]] de [[1939]] à [[Zurich]], la ''landi''. En [[1937]], les patrons et ouvriers signent la [[paix du travail]] qui privilégie la concertation et la négociation dans les conflits sociaux&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Grégoire Nappey}}, p. 69&lt;/ref&gt;. Durant cette période, le gouvernement prépare également le pays a un conflit militaire : l'[[Europe]] s'arme rapidement et le Conseil fédéral désire éviter les problèmes d'approvisionnement de la [[Première Guerre mondiale]]. De fait, lors du déclenchement de la [[Seconde Guerre mondiale]] en [[1939]], la Suisse n'est pas prise au dépourvu : l'approvisionnement est assuré, l'armée dirigée par le général [[Henri Guisan]] occupe les frontières et le rationnement garantit la subsistance de la population&lt;ref&gt;{{lien web|url=http://www.gymalp.ch/%7Ehistoire/article.php3?id_article=11|titre=Comment la Suisse se prépare-t-elle à affronter la Seconde Guerre mondiale ?|en ligne le=4 juillet 2006|site=site d’histoire du Gymnase de la rue des Alpes de Bienne}}&lt;/ref&gt;. 

[[Image:Bunker im wasserschloss.jpg|right|250px|thumb|Bunker de défense de la Seconde Guerre mondiale sur l'Aar]]

Suite à la déroute française de [[mai 1940]], le pays est entièrement entouré par les forces de l'[[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Axe]]. Un discours ambigu du conseiller fédéral [[Marcel Pilet-Golaz]] qui semble indiquer la nécessité de traiter avec les [[dictature]]s&lt;ref&gt;[http://real.xobix.ch/ramgen/ext/srg_75/audio/2_encerclee_piletgolaz1940_f.rm « Il faut être prêt », ''Les bruits de l'histoire'', RSR, 10 mai 1940]&lt;/ref&gt; provoque des protestations. Le [[25 juillet]] [[1940]], dans son [[rapport du Grütli]], Guisan présente la stratégie du [[réduit national]] qui consiste à dégarnir les frontières et renforcer l'arrière-pays montagneux afin de permettre une guerre d'usure contre un éventuel envahisseur. Subissant des pressions des deux groupes de belligérants, la Suisse tient une position ambiguë en ouvrant par exemple ses frontières aux [[Juifs]] fuyant le [[Troisième Reich|régime nazi]], mais de manière sporadique et non systématique&lt;ref&gt;{{lien web|url=http://archives.tsr.ch/dossier-fondsjuifs L'honneur perdu de la Suisse|titre=Temps Présent|site=tsr.ch}}&lt;/ref&gt;, tout en continuant à commercer aussi bien avec les alliés qu'avec l'Axe. En politique intérieure, un socialiste est élu au Conseil fédéral pour la première fois en [[1943]] et suivi par un second en [[1959]], établissant ainsi la [[Formule magique (Suisse)|formule magique]] qui reste inchangée jusqu'en [[2003]].

[[Image:Frauenstimmrecht01.jpg|left|170px|thumb|Affiche contre le [[Suffrage féminin en Suisse|suffrage féminin]]]]

Après la guerre, la Suisse continue à développer l'État social par l'introduction de l'[[assurance-vieillesse et survivants]] en [[1946]] puis par la mise en place du « système des trois piliers » en [[1972]]&lt;ref&gt;[http://real.xobix.ch/ramgen/ext/srg_75/450k/1_etatsocial_3piliers1972_f.rm « La théorie des trois piliers », ''Actualités'', TSR, 29 novembre 1972]&lt;/ref&gt;. Le [[Suffrage féminin en Suisse|suffrage féminin]], existant déjà dans certains cantons, est accepté au plan fédéral en [[1971]] puis introduit au niveau cantonal dans les autres cantons essentiellement en 1971 et 1972. Le [[canton d'Appenzell Rhodes-Intérieures]] est obligé en [[1990]] par décision de justice de respecter le principe de l'égalité entre femmes et hommes tel que garanti par la Constitution fédérale. Les problèmes confessionnels du {{XIXe siècle}} sont oubliés et les articles d'exception sont pour l'essentiel abolis en [[1973]]&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Jean-Jacques Bouquet}}, p. 116&lt;/ref&gt;.

La fin des [[années 1960]] est marquée par la [[question jurassienne]] réclamant la séparation des districts bernois francophones et la constitution d'un 23{{e}} canton. Finalement, une [[votation]] est organisée en [[1974]] : les districts francophones catholiques acceptent la création de la nouvelle entité alors que les districts protestants votent pour leur maintien dans le [[canton de Berne]]. À la suite de la votation fédérale de [[1978]]&lt;ref&gt;[http://real.xobix.ch/ramgen/ext/srg_75/450k/4_jura_ambiance1978_f.rm « Le Jura est libre ! », ''Un jour, une heure'', TSR, 25 septembre 1978]&lt;/ref&gt;, le nouveau [[canton du Jura]], majoritairement catholique, voit le jour le {{date|1|janvier|1979}}&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Grégoire Nappey}}, p. 79&lt;/ref&gt;.

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Image:Blason-CH-Canton-Jura.PNG|[[canton du Jura|JU]]
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Création du canton du Jura
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[[Image:Sculpture onu geneve.jpg|left|170px|thumb|Sculpture du jardin du [[Palais des Nations]] à Genève]]

Sur le plan extérieur, la Suisse reste en dehors de l'[[Organisation des Nations unies|ONU]] et de l'[[Organisation du traité de l'Atlantique Nord|OTAN]] et prône une neutralité armée stricte. Même si elle ne s'intéresse pas à la [[Communauté européenne du charbon et de l'acier|CECA]] et à la [[Communauté économique européenne|CEE]] en formation, elle devient membre du [[Conseil de l'Europe]] en [[1963]] et de l'[[Association européenne de libre-échange|AELE]] en [[1960]], tous deux conçus comme un contrepoids à la CEE naissante&lt;ref&gt;{{ouvrage|titre=op. cit.|auteur=Grégoire Nappey}}, p. 80&lt;/ref&gt;. Durant cette période, la Suisse est le pays le plus prospère du monde : malgré le [[choc pétrolier]] de [[1973]] qui voit l'instauration de quelques dimanches sans voiture, l'industrie chimique et textile ainsi que les [[banque]]s se développent. Le [[taux de chômage]] reste inférieur à 3 % et la Suisse poursuit sur le plan extérieur une politique de neutralité stricte tout en proposant ses « bons offices » pour régler les différends. Ainsi la première rencontre entre [[Mikhaïl Gorbatchev]] et [[Ronald Reagan]] a lieu à [[Genève]] en [[1985]]. Le siège européen de l'ONU dans cette même ville permet également à l'institution d'auditionner des personnes, telles [[Yasser Arafat]], qui ne peuvent se rendre aux [[États-Unis]].

Toutefois, la crise économique des [[années 1990]] touche le pays : le [[chômage]] grimpe à plus de 6 %, de nombreux fleurons se restructurent, certains passent en mains étrangères. Malgré ces restructurations, l'économie helvétique présente une industrie puissante ainsi que des secteurs financiers et bancaires très développés. Dans le même temps, les relations extérieures sont marquées par la montée en puissance de l'[[Union démocratique du centre]] qui prône l'indépendance et la neutralité du pays vis-à-vis des grands groupes supranationaux. Si la Suisse entre finalement au sein de l'ONU le {{date|10|septembre |2002}}, l'échec de la [[votation]] sur l'[[Espace économique européen|EEE]] en décembre [[1992]] marque un arrêt dans le processus d'intégration à l'[[Union européenne]] jugée par certains comme dangereuse pour la [[démocratie directe]] suisse ainsi que pour l'économie comme le [[secret bancaire]]. La voie d'[[Accords entre la Suisse et l'Union européenne|accords bilatéraux]] est privilégiée en établissant la libre circulation des personnes avec les 25 pays européens (ainsi que les trois de l'AELE), une plus grande intégration économique et l'intégration dans le ciel unique européen.

== Résumé de l'histoire suisse ==
&lt;div align=&quot;center&quot;&gt;{{Tableau Histoire Suisse}}&lt;/div&gt;

== Notes et références ==
{{références|colonnes=2}}

== Bibliographie ==
{{wikisource|Suisse}}
* {{ouvrage|auteur=Collectif|titre=Nouvelle Histoire de la Suisse et des Suisses|lieu=Lausanne|éditeur=Payot|année=1982|isbn=2601030178 }}
* {{ouvrage|auteur=François Schröter|titre=Les Frontières de la Suisse : questions choisies|lieu=Zurich, Schulthess / Paris, LGDJ / Bruxelles|éditeur=Bruylant|année=2007}}
* {{ouvrage|auteurs=Grégoire Nappey et [[Mix &amp; Remix]]|titre= Histoire suisse|éditeur=LEP|année=2007|isbn=9782606012007}}
* {{ouvrage|auteur=Jean-Jacques Bouquet|titre=Histoire de la Suisse|lieu=Paris|éditeur=PUF|collection=Que sais-je ?|année=2005|isbn=2130545009}}
* {{de}} {{ouvrage|auteur=Edgar Bonjour|titre=Geschichte der schweizerischen Neutralität, tome V|lieu=Bâle|éditeur=Helbing &amp; Lichtenhahn|année=1970}} {{ASIN|B0000BQ6LW}}
* {{ouvrage|auteur=Willi Gautschi|titre=Le Général Guisan, Le commandement de l’armée suisse pendant la Seconde Guerre mondiale|lieu=Lausanne|éditeur=Payot|année=1991|isbn=978-3858235169}}

== Voir aussi ==
{{commonscat|History of Switzerland|l'histoire de la Suisse}}
* [[Chronologie de la Suisse]]

== Liens externes ==
* [http://www.dhs.ch/ Dictionnaire historique de la Suisse]
* [http://www.ideesuisse.ch/1.0.html?&amp;no_cache=1&amp;L=1 SRG SSR Timeline, chronique audiovisuelle de la Suisse contemporaine]

{{Histoire de la Suisse}}

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[[Catégorie:Histoire de la Suisse|*]]

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