Histoire de la poésie française 2347489 30599176 2008-06-13T09:07:15Z CommonsDelinker 152115 Retrait automatique de lien rouge vers [[commons:Image:Baudelaire_poesie.png|Image:Baudelaire_poesie.png]], supprimé sur Commons par [[commons:User:Siebrand|Siebrand]] ; motif : In category [[w:commons::category:Unknown as of 4 June 2008|Unknown as La poésie française constitue une part importante de la littérature française depuis les origines de la langue à l’époque carolingienne jusqu’à aujourd’hui. L’histoire littéraire, toujours en évolution, suit par commodité la succession des siècles et retient plus particulièrement certains courants artistiques et certains créateurs aux œuvres marquantes mais les poètes ont été nombreux à toutes les époques. Par ailleurs, la [[poésie]] française montre une grande variété formelle et thématique en privilégiant traditionnellement une [[versification française|versification]] qui s’est établie peu à peu, avant d’être contestée et rejetée dans le premier quart du {{s|XX|e}}. ==La poésie médiévale== ===Les chansons de geste=== La '''geste''' ou '''[[chanson de geste]]''' désigne un récit [[vers (poésie)|vers]]ifié (un long poème) en [[vers (poésie)|décasyllabe]]s ou, plus tardivement, en [[alexandrin]]s, [[assonance|assonancés]] regroupés en [[laisse]]s (longues [[strophe]]s de taille variable) relatant des [[épopée]]s [[légende|légendaires]] [[héros|héroïques]] mettant en scène les exploits guerriers de rois ou de [[chevalerie|chevaliers]], remontant aux siècles antérieurs. La ''[[geste]]'', du [[latin]] ''gesta'', est ici à comprendre comme « action d’éclat accomplie ». Ce type de récit apparaît à l’aube de la [[littérature française]], vers la fin du {{XIe siècle}} (elles sont chantées entre [[1050 en littérature|1050]] et [[1150 en littérature|1150]]). Les dernières ont été produites au cours du {{XVe siècle}}. Les chansons de geste sont caractéristiques de la [[littérature médiévale]] et prennent la suite des grandes épopées de l’Antiquité. Elles sont rédigées en [[ancien français]]. Elles diffèrent d’un autre grand genre littéraire médiéval : la [[poésie lyrique]], dont la langue cette fois-ci est l’[[occitan]]. Souvent anonyme, son auteur est un [[trouvère]], qui la destinait à être chantée et accompagnée musicalement, devant un public large, populaire ou noble. Quelques exemples : La Chanson de Roland, {{s mini|XI|e}} Le Couronnement de Louis, 1137 environ Charroi de Nîmes Raoul de Cambrai, {{s mini|XII|e}} ===La poésie courtoise=== Les [[poésie]]s lyriques au [[Moyen Âge]] sont de véritables [[chanson]]s : leurs [[strophe]]s correspondent à une phrase musicale et un [[refrain]] est toujours présent. Leur [[rythme]] chantant est défini par l’accompagnement obligatoire d’une [[Mélodie (succession de hauteurs)|mélodie]]. Les origines de la poésie lyrique peuvent être recherchées dans les [[chant populaire|chants populaires]] et les [[danse]]s. L’influence de la culture arabe se fait sentir également. La poésie médiévale représentative de la [[littérature courtoise]] atteint son sommet dans l’art des [[troubadour]]s. Le [[Midi de la France|Midi]], où l’économie est plus développée que dans les provinces du Nord et où la vie quotidienne est moins belliqueuse, se rend plus propice à l’art qui chante l’amour et le printemps. L’influence de cette poésie se traduit dans la [[langue d'oïl]] pendant la deuxième moitié du {{s-|XII|e}}. Les genres poétiques sont : la [[chanson de toile]] que les dames chantent quand elles tissent et brodent, la [[chanson de croisade]], la [[pastourelle]] où l’on voit des seigneurs courtiser des bergères, le jeu parti représentant un débat sur l’amour. Deux thèmes s’y succèdent : l’[[amour]] et la [[nature]]. Plus spontanées et naturelles au début, en général, les poésies évoluent vers des formes fixes: la [[ballade]], le [[chant royal]], le [[rondeau]], le [[virelai]]. L’idée commence à se dissimuler sous les [[symbole]]s, l’[[allégorie]], l’érudition, qui viennent souvent à la place du [[sentiment]]. Dès la fin du {{s-|XIV|e}} le souci de perfection technique prend le dessus et la poésie devient un exercice de [[rhétorique]] ou un divertissement de société. Cherchant à répondre à l’idéal aristocratique, la poésie courtoise aboutit finalement au [[maniérisme]]. * Les [[troubadour]]s : **[[Guillaume IX de Poitiers|Guillaume IX]], comte de Poitiers et duc d’Aquitaine, **[[Jaufré Rudel]], **[[Bernard de Ventadour]], **[[Bertrand de Born]] ; * Les [[trouvère]]s : **[[Conon de Béthune]], **[[Gui II, châtelain de Coucy]], **[[Blondel de Nesle]], **[[Gace Brulé]], **[[Jean Bodel]], **[[Thibaut de Champagne|Thibaut IV de Champagne]], **[[Adam de la Halle]], dit Adam li Boçus, **[[Jean Renaut]] **[[Rutebeuf]], **[[Colin Muset]]. ===La poésie aux XIV{{e}} et XV{{e}} siècles === Apparition de genres lyriques nouveaux : [[rondeau]]x, [[Lai (poésie)|lai]]s, [[virelai]]s, [[ballade]]s, [[chant royal|chants royaux]]. Principaux poètes : * [[Rutebeuf]] (précurseur XIIIe siècle) * [[Guillaume de Machaut]] ; * [[Jean Froissart]] ; * [[Eustache Deschamps]] ; * [[Christine de Pisan]] ; * [[Alain Chartier]] ; * [[Charles d'Orléans (1394-1465)|Charles d'Orléans]] ; * [[François Villon]]. ==La poésie du XVIe siècle == [[Image:Pierre de Ronsard (Blois).jpg|130px|left|Ronsard]] [[Image:Joachim du Bellay.png|100px|right|du Bellay]] ===La poésie lyrique=== La poésie lyrique occupe de loin la première place avec le rôle majeur joué par [[La Pléïade]], un groupe de poètes humanistes qui veulent égaler les auteurs latins en versifiant en français. Il réunit sept personnes : [[Ronsard]], [[Du Bellay]], [[Jean Dorat]] (leur professeur de grec), [[Rémi Belleau]] (lequel remplaça, en [[1554 en littérature|1554]], [[Jean Bastier de La Péruse|Jean de La Péruse]], décédé), [[Étienne Jodelle]], [[Pontus de Tyard]] et [[Jean Antoine de Baïf]]. En [[1549 en littérature|1549]] le [[manifeste]] ''[[Défense et illustration de la langue française]]'' est publié. Il proclame avec enthousiasme les [[principe]]s [[esthétique]]s d’un groupe d’[[Humanisme au XVIe siècle|humaniste]]s, la [[Pléiade (XVIe siècle)|Pléiade]]. Ils sont nouveaux par rapport au [[Moyen Âge]] : enrichissement de la langue poétique nationale par des emprunts aux [[dialecte]]s ou aux langues antiques et étrangères ou bien par la création de mots nouveaux ; imitation des [[Anciens]] et des [[Italiens]] ; conception du poète comme un [[démiurge]] et de la poésie comme un [[art]] sacré. Les [[Humanisme au XVIe siècle|humaniste]]s de la Pléiade défendent la [[poésie]] du [[latin]] et veulent l’illustrer par des genres imités ou empruntés. L’[[imitation]] et les emprunts sont conçus à l’époque comme un moyen de dérober les secrets des étrangers pour créer une poésie française infiniment plus belle. Le chef incontestable de ce groupe est [[Pierre de Ronsard]] ([[1524]]-[[1586]]). [[Poète]] de [[Cour royale|cour]], il connaît la gloire de son vivant. Il pratique quatre grandes formes : l’[[ode]], le [[sonnet]], l’[[hymne]], le [[discours]]. Ses premières œuvres sont marquées par l’imitation des [[poète]]s antiques et italiens, mais son imagination et sa sensibilité prennent le dessus pour les imprégner d’un lyrisme personnel. Il fait l’éloge de la beauté physique et de la perfection morale de quelques personnages féminins, devenus célèbres grâce à la puissance évocatrice de ses images : Cassandre, Marie, Hélène. Recueils lyriques principaux : ''Odes'' ([[1550 en littérature|1550]]-[[1552 en littérature|1552]]), ''[[les Amours de Cassandre]]'' ([[1552 en littérature|1552]]), ''[[Les Amours de Marie]]'' ([[1555 en littérature|1555]]), ''[[Sonnets pour Hélène]]'' ([[1578 en littérature|1578]]). Le [[poète]] [[Joachim du Bellay]] ([[1522]]-[[1560]]), auteur du [[manifeste]] ''Défense et Illustration de la langue française'', fait preuve d’un lyrisme profond et vrai. Il se traduit à travers quelques thèmes : la force destructrice du temps, la beauté et la gloire du passé, la nostalgie pour son pays et l’admiration de la nature. La sincérité est le trait caractéristique de sa poésie qu’illustrent ''[[les Antiquités de Rome]]'' et ''[[les Regrets]]'' ([[1558 en littérature|1558]]). ===La poésie engagée=== La poésie engagée et philosophique, moins proche de nous, tient cependant une place notable à l’époque. Les prises de position religieuse au milieu des conflits de la seconde moitié du siècle se retrouvent dans des poèmes aux accents graves, à la fois tragiques et épiques comme dans ''[[les Hymnes]]'' ([[1555 en littérature|1555]]-[[1556 en littérature|1556]]), ''Discours sur les misères de ce temps'' ([[1562 en littérature|1562]]), ou ''[[La Franciade]]'' inachevé ([[1572 en littérature|1572]]), œuvres de [[Pierre de Ronsard|Ronsard]] le partisan catholique ou ''[[Les Tragiques]]'' du combattant protestant [[Théodore Agrippa d'Aubigné]] (1552-1630). ===Autres personnalités=== Des poètes de moindre importance ont également participé à ce renouveau de l’expression poétique au {{s-|XVI|e}}, à commencer par [[Clément Marot]] (1496-1544) qui s’inspire de la tradition du Moyen Âge avant de développe un art plus personnel, fait de lyrisme et de religiosité. Les poèmes de [[Maurice Scève]] (1510-1564) et [[Louise Labé]] (1524-1566) chantent quant à eux les sentiments amoureux avec beaucoup de sensibilité et de maîtrise de l’art poétique. ==La poésie du XVIIe siècle== ===La poésie baroque=== Elle affirme quelques principes communs : goût de la sensualité, des extrêmes, de l’ornementation, du langage à effets. Les poètes notable de l'âge baroque sont [[Théophile de Viau]], [[Pierre de Marbeuf]] et [[Marc-Antoine Girard de Saint-Amant|Saint-Amant]]. ===La poésie classique=== [[François Malherbe]] codifie au début du siècle les règles de la versification et est salué par [[Nicolas Boileau|Boileau]] qui brille dans la poésie d’idées avec son ''Art poétique'' ou ses ''Satires''. Une œuvre singulière : Les ''Fables'' de [[La Fontaine]] [[Image:La Fontaine par Rigaud.jpg|100px|thumb|left|Jean de La Fontaine]] A travers un genre à part mineur et non codifié, [[Jean de La Fontaine|La Fontaine]] ([[1621]]-[[1695]]) s’inspire, comme les autres classiques, dans ses [[fable]]s, des [[Anciens]] mais aussi du [[folklore]] français et étranger. Il imite ses maîtres avec une grande liberté. Tout comme les personnages de [[Molière]], ses personnages représentent toutes les couches sociales. En moraliste [[La Fontaine]] dépeint toute la société française de la seconde moitié du siècle. La recherche du bonheur, l’homme et le pouvoir sont les deux thèmes chers à [[Jean de La Fontaine|La Fontaine]] qu’on retrouve dans ses «''Fables''» ([[1668 en littérature|1668]]-[[1696 en littérature|1696]]). La [[fable]] qui était avant [[Jean de La Fontaine|La Fontaine]], un genre bref où l’[[anecdote]] se hâtait vers la [[morale]], devient chez lui une ample [[comédie]] où tout est mis à sa place: le [[décor]], les personnages, le [[dialogue]]. == La poésie du XVIIIe siècle== [[Image:Chenier.JPEG|thumb|right|100px|André Chénier.]] Si la forme versifiée est utilisée avec habileté par [[Voltaire]] dans son ''Poème sur le désastre de Lisbonne'' ou dans ''le Mondain'', la poésie, au sens commun du terme, ne se libère pas des influences du [[classicisme]] et l’histoire littéraire ne retient que quelques noms comme ceux de [[Jacques Delille]] (1738-1813) (''les Jardins'', [[1782 en littérature|1782]]) ou [[Évariste Parny]] (1753-1814) (''Élégies'', [[1784 en littérature|1784]]) qui préparent modestement le romantisme en cultivant une certaine sensibilité à la nature et au temps qui passe. [[Nicolas Gilbert|Gilbert]] et [[Jacques Clinchamps de Malfilâtre|Clinchamp]] ont laissé une image de poètes maudits, mais c’est essentiellement [[André Chénier]] (1762-1794) qui réussit une poésie expressive comme dans le poème célèbre de ''la Jeune Tarentine'' ou celui de ''la Jeune Captive'' (son œuvre ne sera publiée qu’en [[1819 en littérature|1819]], bien après sa mort tragique lors de la [[Terreur (Révolution française)|Terreur]]). On mentionnera aussi [[Fabre d'Églantine]] pour ses chansons (''[[Il pleut, il pleut, bergère|Il pleut bergère]]'') et sa participation {{Guil|poétique}} au [[Calendrier républicain|calendrier révolutionnaire]]. ==La poésie du {{s-|XIX|e}}== [[Image:Lamartine, par Decaisne.jpg|101px|thumb|left|Lamartine]] ===Le [[romantisme]]=== Le [[romantisme]] nourrit toute la première moitié du {{s-|XIX|e}} et pour la poésie plus précisément les années [[1820 en littérature|1820]]- [[1850 en littérature|1850]] : par convention, des ''[[Méditations poétiques]]'' de [[Alphonse de Lamartine|Lamartine]], en [[1820 en littérature|1820]], aux ''[[Les Contemplations|Contemplations]]'' de [[Victor Hugo]] en [[1856 en littérature|1856]]. Ce mouvement esthétique européen fait une place toute particulière au [[lyrisme]] et à l’effusion du moi avec un goût marqué pour la mélancolie : les poètes vont donc exprimer leur mal de vivre et leurs souffrances affectives en méditant sur la mort, sur Dieu, sur l’amour et la fuite du temps, sur la nature et sur la gloire, et au delà de ces thèmes lyriques traditionnels sur la fonction du poète (Hugo) et sur une perception plus originale du fantastique avec [[Gérard de Nerval|Nerval]], [[Charles Nodier|Nodier]] ou [[Aloysius Bertrand]]. Au delà des thèmes pas toujours novateurs, les poètes romantiques revendiqueront un assouplissement de l’expression versifiée à la recherche d’une plus grande musicalité et de quelques audaces dans les mots et dans les images, chez [[Victor Hugo]] en particulier. Cette recherche de nouveauté se concrétisera aussi par l'{{Guil|invention}} du poème en prose par [[Aloysius Bertrand]] (1807-1841) dans ''[[Gaspard de la nuit (poème)|Gaspard de la nuit]]'', publié en [[1842 en littérature|1842]] après sa mort, où il nous fait entrer dans un monde onirique, et qui initie une forme que reprendront plus tard Baudelaire et Rimbaud. Poésie de la sensibilité et d’une certaine musicalité, la [[poésie romantique]] se plaît dans des poèmes plutôt longs que la génération suivante trouvera pesante, oratoire, bavarde et convenue (Rimbaud parlera de {{Guil|la forme vieille}}), avec des exceptions notoires comme [[Gérard de Nerval|Nerval]] (1808-1855) et son recueil des ''[[Les Filles du feu|Chimères]]'' ([[1854 en littérature|1854]]) ; certains poèmes de cette période constituent cependant des pièces de référence qui touchent encore le lecteur d’aujourd’hui. Mentionnons les œuvres principales de cette époque romantique marquée par une création abondante : [[Image:Alfred de Vigny.jpg|100px|thumb|right|Vigny]] * [[Alphonse de Lamartine]] (1790-1869) : l’initiateur, lyrique et religieux. Recueil : ''[[Méditations poétiques]]'' ([[1820 en littérature|1820]]) (poèmes : ''Le Lac'' - ''Le Vallon.''..) - ''Harmonies Poétiques et Religieuses'' ([[1830 en littérature|1830]]). * [[Alfred de Musset]] (1810-1857) sensible et émouvant : ''les Nuits'' ([[1835 en littérature|1835]]-[[1837 en littérature|1837]]). * [[Alfred de Vigny]] (1797-1863), métaphysique et sombre : ''[[les Destinées]]'' ([[1864 en littérature|1864]]) (poèmes : ''Le Cor'' - ''Moïse'' - ''La Mort du Loup'' - ''La Maison du Berger''..). * [[Victor Hugo]] (1802-1885) qui domine le siècle avec sa poésie multiforme, lyrique, épique, satirique et engagée, sociale, métaphysique et philosophique… Recueils : ''[[Les Orientales]]'' ([[1829 en littérature|1829]]) (poème : ''Les Djinns'') - ''[[Les Feuilles d'automne]]'' ([[1831 en littérature|1831]]) (''Ce siècle avait deux ans''…) - ''Les Chants du Crépuscule'' ([[1835 en littérature|1835]]) (''Les Semailles'') - ''[[Les Voix intérieures]]'' ([[1837 en littérature|1837]]) (''À Eugène, vicomte H.'') - ''Les Rayons et les Ombres'' ([[1840 en littérature|1840]]) (''Fonction du poète'' - ''Tristesse d’Olympio'' - ''Oceano Nox''…) - ''[[Les Châtiments]]'' ([[1853 en littérature|1853]]) (''O Soldats de l’an deux !'' - ''Souvenir de la nuit du 4'' - ''L’expiation'' : ''Il neigeait…/Waterloo'') - ''[[Les Contemplations]]'' ([[1856 en littérature|1856]]) ([[« Demain, dès l'aube... »]] - ''À Villequier'' - ''Le Mendiant'' - ''Ce que dit la bouche d'ombre'') - ''[[La Légende des siècles]]'' ([[1859 en littérature|1859]]-[[1883 en littérature|1883]]) (''La conscience : Caïn'' - ''Booz endormi'' - ''L'aigle du casque'' - ''Les Pauvres gens''). [[Image:Gérard de Nerval.jpg|100px|thumb|right|Nerval]] * [[Gérard de Nerval]] (1808 – 1855), dense et mystérieux : ''[[Les Filles du feu#Les Chimères|Les Chimères]]'' ([[1852 en littérature|1852]]) (''El desdichado'') ===Le [[Parnasse]]=== En réaction contre l’effusion égocentrique du [[romantisme]], un mouvement se fait jour qui veut recentrer la poésie sur le travail formel du poète et développe une théorie de {{Guil|l’art pour l’art}}. Cette école, héritière de [[Théophile Gautier]], est représentée surtout par [[Charles Marie René Leconte de Lisle|Leconte de Lisle]] (1818-1894) avec ses ''Poèmes antiques'' ([[1852 en littérature|1852]] - [[1874 en littérature|1874]]) et ses 'Poèmes barbares'' ([[1862 en littérature|1862]]-[[1878 en littérature|1878]]), et [[Théodore de Banville]] (1823-1891) (''Odelettes'' - ''Odes Funambulesques'' en [[1857 en littérature|1857]] et animation de la revue du Parnasse contemporain). L’influence de ce mouvement n’est pas à négliger : la densité et l’expressivité seront retenues par les poètes suivants et c’est d’ailleurs à [[Théophile Gautier]] que [[Charles Baudelaire|Baudelaire]] dédiera ''[[Les Fleurs du mal]]'' et à [[Théodore de Banville]] que le jeune [[Arthur Rimbaud|Rimbaud]] écrira en [[1870 en littérature|1870]]. Le recueil tardif des ''Trophées'' de [[José-Maria de Heredia]] en [[1893 en littérature|1893]] témoigne aussi de la pérennité de l’approche parnassienne, symbolisée par la forme contraignante du [[sonnet]]. [[Image:Baudelaire1.jpg|100px|thumb|left|Baudelaire]] ===[[Charles Baudelaire]]=== [[Charles Baudelaire]] (1821-1867) est l’un des poètes majeurs du {{s-|XIX|e}}. Associant le souci formel des poèmes courts (ou plutôt courts) et le réalisme (''Une charogne'' – ''Tableaux parisiens''…) à l’expression d’une angoisse existentielle partagée entre le Spleen et l’Idéal (''Harmonie du soir'' – ''La cloche fêlée'' – ''La Mort des pauvres'', il a su réussir une « alchimie poétique » exemplaire en extrayant ''[[Les Fleurs du mal]]'' dans son recueil publié en [[1857 en littérature|1857]] (condamné partiellement pour outrage aux bonnes mœurs) qui contient ce vers révélateur : {{Guil|Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or}}. Poète du monde réel et de la beauté, du bonheur et de la souffrance, de la morbidité et du péché, il a en grande partie fondé le type du poète tourmenté et inadapté au monde. Baudelaire a également donné au poème en prose sa notoriété avec ses ''Petits poèmes en prose'' (''Le port'' – ''Un hémisphère dans une chevelure''…). ===Les poètes de la fin du siècle=== [[Image:Carjat Arthur Rimbaud 1872 n2.jpg|101px|thumb|left|Rimbaud]] [[Image:Henri Fantin-Latour 005.jpg|100px|thumb|right|Verlaine et Rimbaud]] - Les figures de [[Paul Verlaine|Verlaine]] (1844-1896) et de [[Arthur Rimbaud|Rimbaud]] (1854-1891) prolongent le type du poète maudit par leurs vies hors des normes sociales. Si [[Arthur Rimbaud]] (''[[Une saison en enfer]]'' ; ''[[Illuminations (Rimbaud)|Illuminations]]'') reste comme le « voleur de feu », le voyant et l’aventurier éphémère de la poésie avec ses fulgurances et ses révoltes, [[Paul Verlaine]], avec une œuvre plus longue, est associé à la musicalité, au lyrisme mélancolique et à une sorte d’[[impressionnisme]] avec son art de la nuance, « Sans rien en lui qui pèse ou qui pose ». (''[[Poèmes saturniens]]'' – ''Les Fêtes galantes'' – ''Sagesse''…). On peut leur adjoindre [[Comte de Lautréamont|Lautréamont]] (1846-1870) qui laisse inachevé ''[[Les Chants de Maldoror]]'', prose flamboyante de révolte contre Dieu et la société que découvriront les surréalistes. [[Image:Portrait of Stéphane Mallarmé (Manet).jpg|100px|thumb|right|Mallarmé]] - [[Stéphane Mallarmé|Mallarmé]] (1842-1898) recherche quant à lui le raffinement et la concision parfois hermétique dans une œuvre rare (''[[L'Après-midi d'un faune]]'' ; ''[[Un coup de dés jamais n'abolira le hasard]]'' ; ''[[Poésies (Mallarmé)|Poésies]]'', regroupement posthume) qui influencera [[Paul Valéry]]. - Les [[années 1880]] voient s’affirmer des courants aux contours incertains comme le [[décadentisme]] et le [[Symbolisme (art)|symbolisme]] qui ont en commun l’éclatement de la forme poétique avec l’utilisation du vers libre et le refus du prosaïsme au bénéfice de la suggestion avec un goût pour le raffinement et l’irrationnel. On peut citer les noms de [[Jean Moréas]], [[Henri de Régnier]], [[Albert Samain]], [[Georges Rodenbach]]… Notons aussi pour leur fantaisie [[Charles Cros]] et [[Jules Laforgue]], qui ne sont parfois pas si loin des chansons d’[[Aristide Bruant]], lui-même lointain successeur de [[Pierre-Jean de Béranger|Béranger]]. ==La poésie du XXe siècle== La poésie française du {{s-|XX|e}} est à la fois héritière et novatrice dans ses thèmes comme dans sa forme avec une nette prédilection pour le [[vers libre]], mais elle semble en déclin ou du moins déplacée dans le domaine plus incertain de la chanson. ===Les héritiers=== [[Image:Theo van Rysselberghe The Reading 1903.jpg|100px|thumb|right|Emile Verhaeren]] Le début du siècle montre une grande diversité avec les héritages du siècle précédent, qu’il s’agisse de la continuité du mouvement [[symboliste]] et [[Décadentisme|décadentiste]] avec [[Sully Prudhomme]], [[Saint-Pol-Roux]], [[Anna de Noailles]] et certains aspects d’[[Guillaume Apollinaire|Apollinaire]], de la lignée de la cérébralité et du travail formel mallarméen avec [[Paul Valéry]] (''Charmes'', [[1929 en littérature|1929]]), ou encore de la libération des thèmes nouveaux comme l’humilité du quotidien avec [[Francis Jammes]] (''Les Géorgiques chrétiennes'', [[1912 en littérature|1912]]) ou [[Paul Fort]] (''Ballades françaises'', [[1922 en littérature|1922]]-[[1951 en littérature|1951]]) et l’ouverture au monde moderne avec [[Émile Verhaeren]] (''Les villes tentaculaires'', [[1895 en littérature|1895]] ; ''Toute la Flandre'', [[1904 en littérature|1904]]-[[1911 en littérature|1911]]). [[Image:Charles peguy.jpg|100px|thumb|left|Charles Péguy]] Dans les mêmes années, des voix singulières se font entendre avec ceux qu’on a appelé {{Guil|les Poètes de Dieu}} comme [[Charles Péguy]] avec son inspiration patriotique et religieuse et la force d’une poésie simple (''Jeanne d’Arc'', [[1897 en littérature|1897]] - ''Tapisserie d’Ève'', [[1913 en littérature|1913]]), ou [[Paul Claudel]] avec sa quête spirituelle exprimée à travers l’ampleur du [[verset]] (''[[Connaissance de l'Est]]'' ([[1896 en littérature|1896]]) ''Cinq Grandes Odes'', [[1904 en littérature|1904]] - [[1908 en littérature|1908]] - [[1910 en littérature|1910]]). ===Les novateurs=== [[Image:Calligramme.jpg|100px|thumb|right|Calligramme]] [[Image:La muse inspirant le poète.jpg|100px|thumb|left|Apollinaire]] [[Image:Modigliani, Amedeo (1884-1920) - Ritratto di Max Jacob (1876-1944).jpg|100px|thumb|right|Max Jacob]] C’est aussi le temps des {{Guil|découvreurs}} comme [[Blaise Cendrars]] (''Les Pâques à New York'', [[1912 en littérature|1912]] - ''La Prose du Transsibérien'', [[1913 en littérature|1913]]), [[Guillaume Apollinaire]] (''[[Alcools]]'', [[1913 en littérature|1913]] - ''[[Calligrammes]]'', [[1918 en littérature|1918]]), [[Victor Segalen]] (''Stèles'', [[1912 en littérature|1912]]), [[Max Jacob]] (''Le cornet à dés'', [[1917 en littérature|1917]]), [[Saint-John Perse]] (''Éloges'', [[1911 en littérature|1911]] – ''Anabase'', [[1924 en littérature|1924]], avec une œuvre prolongée dans la durée par exemple ''Amers'' en [[1957 en littérature|1957]]) ou [[Pierre Reverdy]] (''Plupart du temps'', [[1945 en littérature|1945]], regroupement des poèmes de [[1915 en littérature|1915]]-[[1922 en littérature|1922]]) qui explorent {{Guil|l’Esprit nouveau}} en recherchant la présence de la modernité et du quotidien (la rue, le voyage, la technique) et l’éclatement de la forme (disparition de la rime, de la ponctuation, du vers métré et audaces stylistiques exploitant l’expressivité des images, les ressources du rythme et des sonorités...). Ils préfigurent des recherches plus systématisées comme celle du [[Dadaïsme]] de [[Tristan Tzara]] et après lui du [[Surréalisme]] qui confie à la poésie l’exploration de l’[[inconscient]] en utilisant des dérèglements rimbaldiens et en bousculant les {{Guil|assis}}. L’[[écriture automatique]] apparaît également, dans un même objectif. Les poètes majeurs de cette mouvance surréaliste sont [[André Breton]], le théoricien du mouvement avec le ''[[Manifeste du surréalisme]]'' en [[1924 en littérature|1924]], [[Paul Éluard]] (''Capitale de la douleur'', [[1926 en littérature|1926]]), [[Louis Aragon]] (''Mouvement perpétuel'', [[1925 en littérature|1925]]), [[Robert Desnos]] (''Corps et biens'', [[1930 en littérature|1930]]), [[Philippe Soupault]] (''[[Les Champs magnétiques]]'', [[1920 en littérature|1920]], en collaboration avec André Breton) ou [[Benjamin Péret]] (''le Grand Jeu'', [[1928 en littérature|1928]]), auxquels on peut associer des peintres comme [[Salvador Dali|Dali]], [[Max Ernst|Ernst]], [[René Magritte|Magritte]] ou [[Joan Miró|Miró]]. Des dissidences apparaissent assez vite dans le groupe en particulier à propos de l’adhésion au [[communisme]], et les violences de l’Histoire comme l’[[Occupation]] de la France vont amener de nombreux poètes à renouveler leur inspiration en participant à la [[Résistance intérieure française|Résistance]] et à publier clandestinement des textes engagés. C’est le cas de [[Louis Aragon]] (''Les Yeux d'Elsa'', [[1942 en littérature|1942]] - ''[[La Diane française]]'', [[1944 en littérature|1944]]), de [[Paul Éluard]] (''Poésie et vérité'', [[1942 en littérature|1942]] ; ''Au rendez-vous allemand'', [[1944 en littérature|1944]]), de [[René Char]] (''[[Feuillets d'Hypnos]]'', [[1946 en littérature|1946]]) ou de [[René-Guy Cadou]] (''Pleine Poitrine'', [[1946 en littérature|1946]]). Les poètes ne seront pas épargnés par l’extermination nazie : [[Robert Desnos]] mourra dans un camp allemand et [[Max Jacob]] dans le [[camp de Drancy]]. ===Les individualités=== [[Image:Modigliani, Amedeo (1884-1920) - Ritratto di Jean Cocteau (1889-1963) - 1916.jpg|100px|thumb|left|Jean Cocteau]] [[Image:Genova-Artigiano africano.jpg||100px|thumb|right|Culture africaine]] Cependant, des individualités produiront des œuvres qui feront apparaître des approches différentes avec l’onirisme touche à tout de [[Jean Cocteau]] (''Plain-Chant'', [[1923 en littérature|1923]]), les recherches d’expressivité d’[[Henri Michaux]] (''[[Ailleurs (Michaux)|Ailleurs]]'', [[1948 en littérature|1948]]), le jeu verbal repris par [[Jacques Prévert]], poète du quotidien et des opprimés (''[[Paroles]]'', [[1946 en littérature|1946]]-[[1949 en littérature|1949]]) ou par [[Francis Ponge]] (''[[Le Parti pris des choses]]'', [[1942 en littérature|1942]]) à la recherche d’une poésie en prose descriptive. Tous traduisent des émotions et des sensations dans la célébration du monde avec [[Jules Supervielle]] (''Oublieuse mémoire'', [[1948 en littérature|1948]]) ou [[Yves Bonnefoy]] (''Pierre écrite'', [[1965 en littérature|1965]]), célébration renouvelée par des voix venues d’ailleurs comme celle d’[[Aimé Césaire]], l’Antillais (''[[Cahier d'un retour au pays natal]]'', [[1939 en littérature|1939]] – [[1960 en littérature|1960]]), de [[Léopold Sédar Senghor]] (''Chants d’ombre'', [[1945 en littérature|1945]]) ou de [[Birago Diop]] (''Leurres et lueurs'', [[1960 en littérature|1960]]) qui chantent l’Afrique. ===La poésie-chanson=== La diffusion de plus en plus massive des disques va fortement participer à un genre nouveau, la poésie-[[chanson]] qu’illustrent dans les années 1950-70 [[Boris Vian]], [[Léo Ferré]], [[Georges Brassens]] ou [[Jacques Brel]]. L’importance de leurs successeurs est bien délicate à établir tant ils sont nombreux, avec des auditoires très variables et des effets de modes comme le [[Musique folk|folk song]], le [[rap]], le [[slam]] et encore le [[Punk]] ... L’époque moderne est également marquée par diverses [[avant-gardes]] et des créations de [[poésie expérimentale]]. ==Liens== * [[Poésie]] * [[Versification française]] * [[Art poétique]] {{Portail littérature}} [[Catégorie:Poésie française]] [[Catégorie:Histoire de la littérature]]