Histoire des délits et des peines
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{{Franco-centrisme}}
Cet article traite de l''''histoire des délits et des peines'''.
==Antiquité==
Dans l'[[Antiquité]], les bandes de brigands qui s'en prenaient aux voyageurs et aux pauvres vivant à la périphérie des villes {{Référence nécessaire|ressemblaient à nos [[mafia]]s}}, avec leur hiérarchie et leurs règles strictes. Selon [[Catherine Wolff]]<ref name="Wolff">Catherine Wolff, ''Les brigands en Orient sous le Haut-Empire Romain'', collection de l'École française de Rome, 2003, vol. 308, pp. 1-289.</ref>, les grandes invasions du {{IIIe siècle}} allèrent de pair avec des razzias, perpétrées par de « véritables bataillons qui pénétraient en masse les frontières romaines ». Au retour, alourdis de leur butin, les barbares « devenaient beaucoup plus vulnérables »<ref name="Wolff"/>. De son côté, le droit romain, rappelle-t-elle<ref name="Wolff"/>, ignorait toute mesure préventive ; le corollaire en était la cruauté des châtiments. Les brigands arrêtés, sans possibilité de se défendre, étaient presque toujours condamnés à mort. Il n'existait pas d'ailleurs une [[peine capitale]] unique, mais toute une gradation de peines, étudiée par [[Eva Cantarella]]<ref>Eva Cantarella, ''Les Peines de mort en Grèce et à Rome'', Albin Michel, 2000.</ref>, allant de la [[décapitation]] à la [[crucifixion]], en passant par le combat avec les fauves dans l'arène. {{Référence nécessaire|Les formes d'exécution étaient surtout fonction du rang social, du sexe et du délit commis.}}
==Moyen Âge==
Au [[Moyen Âge]], note [[Nicole Gonthier]]<ref name="Gonthier">Nicole Gonthier, ''Le Châtiment du crime au Moyen âge'', P. Universitaires de Rennes, 1998.</ref>, les rixes étaient quotidiennes, surtout en ville. {{Référence nécessaire|La cause en était moins la pauvreté que la promiscuité et le sens de l'honneur.}} {{Référence nécessaire|En cas de mort d'homme, elle était considérée comme accidentelle, faute de préméditation.}} Viols et mutilations étaient monnaie courante. On amputait les poings des voleurs, quelquefois le sexe des hommes adultères ; on faisait bouillir les faux-monnayeurs. Si certains de ces procédés disparurent au {{XVe siècle}}, la loi se durcit dans l'ensemble, non pas que les temps devinrent plus brutaux, mais parce que l'État cherchait à supplanter les justices concurrentes, à affirmer la suprématie de sa propre loi jusque dans le corps des suppliciés<ref name="Gonthier"/>. Le condamné était exécuté en place publique, sa dépouille privée de sépulture.
Cette fermeté n'atténua en rien la violence dans les villes du {{XIIIe}} au {{XVIe siècle}}s. En fait la justice s'en prenait moins à la criminalité qu'aux troubles publics et aux révoltes. Les juges, note Arlette Lebigre<ref name="Lebigre">Arlette Lebigre, ''La Justice du Roi'', Complexe, 1999.</ref>, ne s'intéressaient guère à la chasse aux brigands, dangereuse et peu lucrative, contrairement aux procès civils. {{Référence nécessaire|Le bandit [[Louis Dominique Cartouche|Cartouche]], ancien soldat, sut ainsi se jouer de l'enchevêtrement des juridictions et des compétences. Mais quand le pouvoir politique s'en mêla, il fut rapidement arrêté}}, le {{date|6|janvier|1721}}, puis jugé et roué en [[place de Grève]] le {{date|28|novembre|1721}}.
==L'invention de la prison==
{{Article détaillé|Prison en France|Prison aux États-Unis}}
Au {{XVIe siècle}}, {{Référence nécessaire|on commence à enfermer vagabonds, pauvres et petits délinquants, qui affluent dans les villes en raison de la misère des campagnes}}. La prison n'est pas encore une peine à proprement parler, contrairement au [[fouet]], au bannissement, aux [[Galères (peine)|galère]]s et à la [[peine de mort]]. À la veille de la [[Révolution française|Révolution]], les prisons n'en sont pas moins remplies de prévenus, de petits condamnés, de mineurs, de personnes endettées, de prostituées, de galériens en attente de la chaîne, etc.
Existaient aussi des prisons d'État, comme la [[Bastille (Paris)|Bastille]], pour les victimes de la lettre de cachet. Elle était en fait généralement sollicitée par un particulier, très souvent contre un membre de sa propre famille. [[Voltaire]] y eut lui-même recours. Selon [[Arlette Lebigre]]<ref name="Lebigre"/>, les évasions étaient alors monnaie courante. Au [[siècle des Lumières]], les philosophes s'en prirent à la [[torture]]. {{Référence nécessaire|En [[1764]], [[Cesare Beccaria]] dénonça le caractère à la fois cruel et inutile des châtiments corporels comme de la « question ». Il défendit le principe de l'égalité devant la loi et celui de la gradation des sanctions.}} Selon lui, la certitude et la promptitude de l'application de la peine valait davantage que son énormité. En particulier, « l'expérience de tous les siècles prouve que la peine de mort n'a jamais arrêté les scélérats déterminés à nuire ». L'emprisonnement était selon lui la peine à la fois la plus spectaculaire et la moins cruelle. Beccaria cherchait à laïciser la justice, en distinguant le délit et le péché, à la rationaliser, en l'assimilant, non plus à une vengeance, mais à un moyen efficace de protéger la société. Ce fut [[Louis XVI]] qui abolit la torture, mais, note Arlette Lebigre<ref name="Lebigre"/>, il ne fit que renoncer à une pratique devenue exceptionnelle au cours du {{XVIIIe siècle}}.
==Abolition de la peine de mort==
{{Article détaillé|Peine de mort en France}}
La [[Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789|Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen]] du [[26 août]] [[1789]] proclama que la loi ne pouvait édicter que les peines strictement et évidemment nécessaires. Le ''[[Code pénal français|Code pénal]]'' de [[1791]] fit de l'[[emprisonnement]] un des fondements de la [[répression]], mais n'abolit pas la [[peine de mort]], comme {{Référence nécessaire|il en fut cependant question}}. Tout au long du {{XIXe siècle}}, quel que soit le régime, les périodes de libéralisation virent réapparaître les projets abolitionnistes. En novembre [[1908]] eut lieu un débat à la [[Chambre des députés]]. Selon [[Jean Jaurès|Jaurès]], le châtiment capital permettait à la société de s'exonérer de la « recherche des responsabilités sociales dans le crime », tandis que son adversaire [[Barrès]] mettait en avant que la criminalité avait avant tout pour victimes les plus défavorisés. {{Référence nécessaire|La peine de mort fut maintenue par 330 voix contre 201.}}
La fin des [[années 1980]] renoue avec l'abolitionnisme. {{Référence nécessaire|Les spécialistes mettent en évidence}} que la peine de mort a été abandonnée de fait ou de droit dans de nombreux pays, qu'elle n'est plus appliquée qu'exceptionnellement. Ils proposent de lui substituer une peine d'emprisonnement de sûreté incompressible, sans possibilité de remise de peine.
En [[1981]], {{Référence nécessaire|estiment Christian et Arlette Ambrosi}}, la gauche, majoritaire à l'Assemblée, voulut par le vote de plusieurs lois judiciaires affirmer d'emblée sa conception des [[droits de l'homme]]. Elle mit fin à l'emprisonnement pour petits délits, la [[loi Peyreffite]] « Sécurité-Liberté » fut abrogée, la réclusion à perpétuité réduite à dix-sept ans, les tribunaux militaires supprimés. Surtout, l'Assemblée abolit la peine de mort ([[18 septembre]] [[1981]]), {{Référence nécessaire|malgré les réticences tenaces de la majorité de la population, mesurées sondages après sondages (au début de l'année 1981, les adversaires de l'abolition représentaient 52% de la population française)}}.
La prison se voit désignée comme ''école du crime'' dans les [[années 1970]] par les travaux de [[Michel Foucault]]. [[Francis Carco]] et [[Paul Valéry]] (''La société enferme un homme dix années sans se demander de quoi il vivra la onzième (...) Ce n'est pas une affaire sérieuse'' (Tel Quel)) s'étaient à cet égard montré précurseurs. {{Référence nécessaire|Devant la montée de la délinquance les sociologues et les intellectuels sont revenus du « tout préventif » des années 1970 et 1980}}.
== Notes ==
<references />
== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
* [[Histoire du droit]]
* [[Criminologie]]
* [[Délinquance]] - [[Délit pénal|Délit]]
* [[Répression]]
* [[Histoire de la police]]
* [[violences urbaines]]
* [[Cybercriminalité]]
* [[Crime organisé]]
* [[Corruption]]
=== Bibliographie ===
*Robert Badinter, ''L'Abolition'', Fayard, 2001.
*Jean Bart, ''Histoire du droit'', Dalloz, 1999.
*Eva Cantarella, ''Les Peines de mort en Grèce et à Rome'', Albin Michel, 2000.
*Jean Foyer, ''Histoire de la justice'', PUF, 1996.
*Nicole Gonthier, ''Le Châtiment du crime au Moyen âge'', P. Universitaires de Rennes, 1998.
*Jean Imbert, ''La Peine de mort'', PUF, 1989/1998.
*Arlette Lebigre, ''La Justice du Roi'', Complexe, 1999.
*[[Laurent Mucchielli]], ''Familles et Délinquance'', [[CESDIP]], 2000.
*Georges Picca, ''La Criminologie'', PUF, 1983/2000.
*Beccaria, ''traité des délits et des peines'', GF, 1765.
*Catherine Wolff, ''Les brigands en Orient sous le Haut-Empire Romain'', collection de l'École française de Rome, 2003, vol. 308, pp. 1-289.
==== Références littéraires ====
*[[Fedor Dostoïevski]], ''[[Crime et Châtiment (roman)|Crime et châtiment]]''.
*[[Victor Hugo]], ''[[Le Dernier jour d'un condamné]]''.
{{Portail|politique|sociologie}}
[[Catégorie:Histoire du droit pénal]]