Humanae Vitae
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2008-06-20T18:39:44Z
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{{Ébauche|catholicisme}}
'''''Humanae Vitae''''' est le nom de la [[encyclique|lettre encyclique]] « sur le [[mariage]] et la [[contraception|régulation des naissances]] » promulguée par le [[pape]] [[Paul VI]] le 25 juillet [[1968]] et rendue publique quatre jours plus tard. Ce nom correspond aux deux premiers mots de la version [[latin]]e de l'encyclique, qui commence ainsi : « ''Humanae vitae tradendae munus gravissimum'' », c'est-à-dire « Le très grave devoir de transmettre la vie humaine »<ref>Paul VI, ''Encyclique'' Humanae vitae, 1968 {{lire en ligne|texte=version latine|lien=http://www.vatican.va/holy_father/paul_vi/encyclicals/documents/hf_p-vi_enc_25071968_humanae-vitae_lt.html}} {{lire en ligne|texte=version française|lien=http://www.vatican.va/holy_father/paul_vi/encyclicals/documents/hf_p-vi_enc_25071968_humanae-vitae_fr.html}}.</ref>.
À l'époque, l'encyclique eut l'effet d'une bombe, car elle déclarait « intrinsèquement déshonnête » toute méthode artificielle de régulation des naissances, réaffirmant ainsi la position [[Tradition (christianisme)|traditionnelle]] de l'[[Église catholique romaine|Église]] à l'encontre d'une [[opinion publique]] très largement favorable à un assouplissement de la doctrine [[Catholicisme|catholique]]. Cette prise de position déclencha une profonde [[crise]] d'autorité dans l'Église.
== Réaffirmation de la doctrine catholique ==
Dans cette encyclique, le [[Magistère de l'Église|Magistère]] rappelle que la doctrine de l'[[Église catholique romaine|Église]] sur le mariage est fondée « sur le lien indissoluble, que Dieu a voulu et que l'homme ne peut rompre de son initiative, entre les deux significations de l'acte conjugal : union et [[procréation]] » (HV, 12).
Dans cette encyclique, le Pape exprime la doctrine de l'Eglise catholique sur la [[contraception]] artificielle :
{{début citation}}En conformité avec ces points fondamentaux de la conception humaine et chrétienne du mariage, nous devons encore une fois déclarer qu'est absolument à exclure, comme moyen licite de régulation des naissances, l'interruption directe du processus de génération déjà engagé, et surtout l'[[avortement]] directement voulu et procuré, même pour des raisons thérapeutiques. Est pareillement à exclure, comme le Magistère de l'Eglise l'a plusieurs fois déclaré, la [[stérilisation (chirurgie)|stérilisation]] directe, qu'elle soit perpétuelle ou temporaire, tant chez l'homme que chez la femme.<br /><br />Est exclue également toute action qui, soit en prévision de l'acte conjugal, soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation.{{fin citation|HV, 14}}
L'encyclique encourage toutefois le recours aux [[Planification familiale naturelle|méthodes naturelles]] de régulation des naissances, tout en rappellant discrètement que celles-ci ne sont licites qu'à certaines conditions : « Si donc il existe, pour espacer les naissances, de sérieux motifs dus, soit aux conditions physiques ou psychologiques des conjoints, soit à des circonstances extérieures, … » (HV, 16).
L'encyclique mettrait en cause l'[[infaillibilité pontificale]] :
{{début citation}}Mais lorsque le Magistère traite de ce qui le concerne en propre, la [[Foi]] et la [[morale]], et que, sur la question de la nature du mariage, de l’acte conjugal et du caractère coupable de la contraception, le Magistère a parlé de façon répétée, constante et claire pendant des générations, toutes les conditions d’infaillibilité telles que ''[[Lumen Gentium]]'' les a exposées semblent être réunies, ce qui signifie que les catholiques – y compris les [[Théologie|théologiens]] – doivent donner leur assentiment à ces enseignements.<ref name = "McInerny" >Ralph M. McInerny, ''Ce qui a mal tourné avec Vatican II : une explication de la crise catholique'', 1998 {{lire en ligne|lien=http://maranatha.mmic.net/Vatican-deux.html|date=2 janvier 2008}}.</ref>{{fin citation}}
== La controverse ==
=== Des oppositions ===
Dans une atmosphère de remise en cause de l'autorité établie, en Amérique comme en Europe, l'encyclique apparut comme un refus pur et simple de la [[contraception]].
Aux [[États-Unis d'Amérique|États-Unis]], dès le lendemain de la publication de l'encyclique, paraissait dans le ''[[The New York Times|New York Times]]'' un article signé par plus de deux cents théologiens catholiques où l'on déclarait explicitement que « l’encyclique n’est pas un enseignement infaillible » et que par conséquent « les époux peuvent décider de façon responsable en accord avec leur [[Conscience#Conscience morale|conscience]] que la contraception artificielle est permise en certaines circonstances »<ref name = "McInerny" />.
Dans les semaines qui suivirent, plusieurs [[Conférence épiscopale|conférences épiscopales]], un peu partout dans le monde, tout en reconnaissant l'autorité du pape, tentèrent d'adoucir quelque peu le caractère contraignant de l'encyclique en mettant l'accent sur la primauté de la liberté de conscience individuelle<ref>{{en}} « Soft Line on Contraception », dans le ''Time Magazine'' du 4 octobre 1968 {{lire en ligne|lien=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,838811,00.html|date=2 janvier 2008}}.</ref>. Au [[Canada]] par exemple, les évêques publièrent le 27 septembre une déclaration<ref>Surnommée la [[:en:Winnipeg Statement|déclaration de Winnipeg]] {{lire en ligne|texte=lire en français une version commentée|lien=http://www.inquisition.ca/fr/serm/winnipeg.htm|date=2 janvier 2008}}.</ref> qui reconnaissait aux personnes confrontées à ce « qui leur semble être un conflit de devoirs, par exemple, accorder les impératifs de l'amour conjugal avec ceux de la paternité responsable » le droit de choisir « honnêtement la voie qui leur semblait la meilleure », pourvu qu'elles aient « fait un effort sincère pour se conformer aux directives données, sans toutefois y parvenir ».
En novembre, le ''Time Magazine'', comparant l'importance de l'encyclique à celle des 95 thèses de [[Martin Luther|Luther]], faisait le constat suivant : « Parce qu'elle reflétait les opinions d'une minorité distincte de moralistes et de théologiens catholiques, l'encyclique souleva une tempête sans précédent de protestation et d'opposition au sein de l'Église. Des millions de laïques, des prêtres et même des évêques firent clairement savoir qu'ils ne pouvaient tout simplement pas accepter, sans restrictions, l'enseignement d'''humanae vitae''. En même temps, plusieurs prétendaient que leur opposition n'affectait en rien leur adhésion au catholicisme. Ce faisant, ils soulevaient des questions encore plus profondes et plus troublantes concernant les limites de la liberté et de l'autorité dans l'Église catholique — et le droit pour le pape de parler au nom du magistère de l'Église. »<ref>{{en}} « Catholic Freedom v. Authority », dans le ''Time Magazine'' du 22 novembre 1968 {{lire en ligne|lien=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,841458,00.html|date=2 janvier 2008}}.</ref>.
Même les Pères conciliaires furent ébranlés. En janvier 1969, le cardinal Alfrink, archevêque d'[[Utrecht]], et huit autres évêques de Hollande, déclarèrent l'encyclique « non convaincante sur la base de l'argumentation fournie »<ref>{{en}} « Declaration of Independence », dans le ''Time Magazine'' du 17 janvier 1969 {{lire en ligne|lien=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,838884,00.html|date=2 janvier 2008}}.</ref>. Deux ans plus tard, le théologien allemand [[Hans Küng]] remettait pour sa part en cause le principe même de l'[[infaillibilité pontificale|infaillibilité]]<ref>Hans Küng, ''Infaillible ? Une interpellation'', Desclée De Brouwer, Paris, 1971, 276 p.</ref>.
En [[France]], le magazine ''[[Témoignage chrétien]]'' publia une lettre ouverte intitulée « Si le Christ voyait ça », séparant le pape de l'Église-peuple de Dieu. Certains rebaptisèrent malicieusement l'encyclique <i>Digitus in Ogino</i>, allusion à <i>Digitus in Oculo</i>, employé par Mgr Duchesne pour qualifier l'encyclique <i>Gravissimo officii munere</i> du pape [[Pie X]].{{Référence nécessaire}}
=== Et des soutiens ===
La très grande majorité des évêques, partout dans le monde, se rallia finalement à l'encyclique. Ce fut aussi le cas de plusieurs théologiens.
L'abbé [[Victor-Alain Berto]], le théologien privé de [[Marcel Lefebvre|Mgr Lefebvre]] au [[Concile]] [[IIe concile œcuménique du Vatican|Vatican II]], et secrétaire du ''[[Coetus Internationalis Patrum]]'' (groupe des [[évêque]]s [[Tradition (christianisme)|traditionnels]]) pendant le Concile<ref>Précisions données sur le site Web de la [[Fraternité Saint-Pie-X]] {{lire en ligne|texte=à cette page|lien=http://www.fsspxshawinigan.ca/Fraternite%20St.%20Pie%20X.html|date=2 janvier 2008}}.</ref>, affirmait par exemple : « Mais il y a aussi des cas où le Magistère ordinaire de l'Église, sans déclaration en forme, sans définition promulguée, est INFAILLIBLE : c'est quand il est constant, quand il est universel, quand enfin il donne le contenu de son enseignement comme objet de foi, ou ''en connexion nécessaire avec la foi.''<ref>Abbé Victor-Alain Berto, « L'Encyclique ''Humanae vitae'' et la conscience », dans ''la Pensée catholique'' n° 117 (1968) {{lire en ligne|lien=http://www.salve-regina.com/Magistere/Humanae_Vitae_et_conscience.htm|date=2 janvier 2008}}.</ref> »
== Voir aussi ==
=== notes et références ===
<references />
=== Liens internes ===
* Contexte : apparition de la [[contraception orale (pilule)|contraception orale]] en pharmacie
=== Liens externes ===
*[http://www.vatican.va/holy_father/paul_vi/encyclicals/documents/hf_p-vi_enc_25071968_humanae-vitae_fr.html Le texte de l'encyclique sur le site du ''Vatican'']
*[http://eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=2712053_vatican_II_3 Histoire de la réception de l'encyclique sur le site ''Eucharistie miséricorde'']
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