Hyperboréens 184559 31749756 2008-07-21T07:24:11Z BRU Jérome 395777 /* Les Hyperboréens selon les ésotéristes */ {{voir homonymie}} {{ébauche|mythologie grecque}} Les '''Hyperboréens''' (en [[grec ancien]] {{grec ancien|Ὑπερϐόρεοι}} / ''Hyperbóreoi''), au sens étymologique, sont ceux qui vivent "au-delà de [[Borée]], le vent du nord". Le premier à étudier les Hyperboréens est Johann Matthias Gesner, en 1759.<ref>Johann Matthias Gesner, ''Prolegomena Orphica'' (1759), p. 647-668.</ref> Vers 1890, le célèbre historien des religions Erwin Rohde marque le lien entre les personnages d'Abaris et d'Aristéas d'un côté, les Hyperboréens de l'autre.<ref>Erwin Rohde, ''Psyché. Le culte de l'âme chez les Grecs et leur croyance en l'immortalité. Psyche. Seelencult und Unsterblichkeitsglaube der Grieschen'' (2° éd. 1897), trad., Payot, 1953.</ref> Nouvelle étape : Karl Meuli, partant des relations entres Grecs et Scythes, et du personnage d'Abaris le Scythe, interprète comme chamanisme le courant représenté par ces personnages assez magiques.<ref>K. Meuli, « Scythica », Hermès, 70, 1935, p. 137 sq.</ref> ==Les Hyperboréens en mythologie== Les Hyperboréens sont présentés, depuis Aristéas, vers 600 av. J.-C., comme un peuple qui habite aux confins septentrionaux du monde habité. Leur terre, appelée '''Hyperborée''', est comme parfaite, avec le [[soleil]] qui y brille constamment. Selon [[Diodore de Sicile|Diodore]], [[Apollon]] (divinité solaire), passe son hiver aux côtés des Hyperboréens, sa mère [[Léto]] est d'ailleurs née en Hyperborée. [[Thésée]] et [[Persée]] sont censés avoir visité les Hyperboréens. De grandes quantités d'[[or]] se trouvent en Hyperborée, gardées par les [[griffon (mythologie)|griffon]]s. Hérodote : <blockquote> "De son côté, Aristéas, fils de Caystrobios, de Proconnèse, dans un poème épique [''Arimaspées'' Ἀριμάσπεια Arimáspeia], raconte que, possédé de Phébus, il alla chez les Issédons, qu'au-dessus des Issédons habitent les Arimaspes, hommes qui n'auraient qu'un oeil ; au-dessus des Arimaspes, les griffons gardiens de l'or ; au-dessus des griffons, les Hyperboréens qui s'étendent jusqu'à une mer ; que, sauf les Hyperboréens, tous ces peuples, à commencer par les Armaspes, font constamment la guerre à leurs voisins ; que les Issédons furent chassés de chez eux par les Arimaspes, les Scythes par les Issédons ; et que les Cimmériens, qui habitent la côte de la mer du Sud, sous la pression des Scythes, abandonnèrent leur pays. Ainsi, lui non plus n'est pas concernant ce pays, d'accord avec les Scythes."<ref>Hérodote, ''Enquête'' (vers 400 av. J.-C. selon Jacoby), IV, 14, trad. Ph. E. Legrand.</ref> </blockquote> == Les Hyperboréens en philosophie, religion ou magie == On qualifie d' "hyperboréens" ou d' "apolliniens" un groupe de penseurs ou de mages ou de chamans antérieurs à Socrate et même au premier des présocratiques (Thalès) : Aristéas de Proconnèse (vers 600 av. J.-C.), Épiménide de Crète (vers 595 av. J.-C.), Phérécyde de Syros (vers 550 av. J.-C.), Abaris le Scythe (vers 540 av. J.-C. ?), Hermotime de Clazomènes (vers 500 av. J.-C.). Les Grecs en faisaient une école, qui anticipait le pythagorisme : pour Apollonios Dyscole, "À Épiménide, Aristéas, Hermotime, Abaris et Phérécyde a succédé Pythagore (...) qui ne voulut jamais renoncer à l'art de faiseur de miracles."<ref>Apollonios, ''Histoires merveilleuses'' (vers 140), 6.</ref> Ces personnages sont à la fois des chamans et des penseurs ou même des philosophes. Le premier à noter l'aspect chamanique fut Meuli.<ref>K. Meuli, "Scythica", ''Hermès'', 70, 1935, p. 137 sq.</ref>, suivi par Alföldi et E. R. Dodds<ref>E. R. Dodds, ''Les Grecs et l'irrationnel'' (1951), trad. (1965), Flammarion, "Champs".</ref>. Avec Abaris et Aristéas, voici, dit Giorgio Colli, "le délire d'Apollon à l'ouvrage. L'extase apollinienne est un sortir hors de soi : l'âme abandonne le corps et, libérée, elle se transporte au dehors. Cela est attesté par Aristéas, et on dit de son âme qu'elle volait.<ref>''Souda''. Maxime de Tyr, X, 2 e ; 38, 3 d.</ref> À Abaris, en revanche, on attribue la flèche, symbole transparent d'Apollon, et Platon fait allusion à ses sortilèges. Il est permis de conjecturer qu'ils ont réellement vécu. (...) Ce que relate Hérodote à propos de la transformation d'Aristéas en corbeau<ref>Hérodote, ''Enquête'', IV, 15.</ref> est aussi digne d'intérêt : le vol est un symbole apollinien. (...) D'autres renseignements sur Épiménide en donnent une représentation chamanique qui est à mettre en relation avec Apollon Hyperborée. Dans ce cadre prennent place sa vie ascétique, sa diète végétarienne, voire son fabuleux détachement vis-à-vis de la nécessité de se nourrir. (...) C'est, en effet, chez Épiménide que l'on peut saisir pour la première fois les deux aspects de la sagesse individuelle archaïque de source apollinienne : l'extase divinatoire et l'interprétation directe de la parole oraculaire du dieu.<ref>Platon, ''Lois'', 642 d-643 a ; 677 d-e.</ref> Le premier aspect est déjà repérable chez Abaris et Aristéas. (...) Phérécyde de Syros se présente à première vue comme un personnage apollinien. En effet, de Phérécyde est attestée l'excellence dans la divination, et Aristote lui-même<ref>Aristote, ''Sur les Pythagoriciens'', fragment 1, trad. an. : ''The Complete Works of Aristotle'', J. Barnes édi., Princeton University Press, 1984, p. 2441-2446. .</ref> lui attribue une pratique miraculeuse de la magie, qualité récurrente dans le chamanisme hyperboréen."<ref>Giorgio Colli, ''La sagesse grecque'' (1977-1978), trad., Éditions de l'Éclat, t. I : ''Dionysos. Apollon. Éleusis. Musée. Hyperboréens. Énigme'', 1990, p. 46, 427 ; t. II : ''Épiménide. Phérécyde. Thalès. Anaximandre. Anaximène. Onomacrite'', 1991, p. 15, 264, 19.</ref> Aristote classe Phérécyde de Syros et quelques autres comme proche des Mages.<ref>Aristote, ''Métaphysique'', 1091 b 10.</ref> Selon Élien, '"les habitants de Crotone ont appelé Pythagore Apollon Hyperboréen."<ref>Élien, ''Histoires variées'' (III{{e}} s.), II, 26.</ref> Dans ''[[L'Antéchrist (Nietzsche)|L'Antéchrist]]'', [[Friedrich Nietzsche|Nietzsche]] mentionne les Hyperboréens, symboles de la richesse et du bonheur, dépassant les contradictions de l'humanité, ses pseudos-valeurs et sa décadence. : "Regardons-nous en face. Nous sommes des hyperboréens, — nous savons assez combien nous vivons à l’écart. « Ni par terre, ni par mer, tu ne trouveras le chemin qui mène chez les Hyperboréens » : Pindare l’a déjà dit de nous. Par delà le Nord, les glaces et la mort — notre vie, notre bonheur... Nous avons découvert le bonheur, nous en savons le chemin, nous avons trouvé l’issue à travers des milliers d’années de labyrinthe. Qui donc d’autre l’aurait trouvé ? — L’homme moderne peut-être ? — « Je ne sais ni entrer ni sortir ; je suis tout ce qui ne sait ni entrer ni sortir » — soupire l’homme moderne... Nous sommes malades de cette modernité." == Les Hyperboréens selon les ésotéristes == [[Helena_Blavatsky|Helena Blavatsky]], fondatrice de la [[Société théosophique]] en 1875, a tracé en 1888, avec une imagination ou une voyance extraordinaires, une histoire occulte de l'Humanité, qui n'a rien à voir avec l'évolution tracée par les préhistoriens. <blockquote> "En ce qui concerne l'Évolution de l'humanité, la Doctrine secrète postule trois nouvelles propositions, qui sont en complète opposition avec la Science Moderne, comme aussi avec les dogmes religieux qui ont cours. Elle enseigne : a) l'évolution simultanée de sept Groupes humains, sur sept différentes parties de notre globe ; b) la naissance du corps astral avant le corps physique ; c) elle enseigne enfin que, durant cette Ronde, l'homme a précédé tous les mammifères - y compris les anthropoïdes - dans le règne animal. (...) I. On propose donc de donner au premier continent, ou plutôt à la première terre ferme sur laquelle la Première Race fut évoluée par les divins Progéniteurs, le nom de : Terre Sacrée Impérissable. C'est le berceau du premier homme. (...) II. Le continent Hyperborée. Tel sera le nom choisi pour le second Continent, la terre qui étendait ses promontoires au sud et à l'ouest du Pôle Nord, pour recevoir la Seconde Race qui englobait tout ce qu'on appelle aujourd'hui l'Asie du Nord. C'est le nom que les plus anciens Grecs donnaient à cette région lointaine et mystérieuse, où, suivant leur tradition, Apollon l'Hyperboréen se rendait tous les ans. (...) C'était un continent réel, une terre ''bona fide'' [de bonne foi, honnête], qui ne connaissait pas l'hiver à cette époque primitive (...). Durant le Miocène, le Groenland et même le Spitzberg, c'est-à-dire ce qui reste de notre second continent ou continent Hyperboréen, jouissait d'un climat presque tropical. III. La Lémurie. (...). IV. L'[[Atlantide]]. V. L'Europe. (...) La Doctrine Secrète assigne une durée de quatre à cinq millions d'années à la période qui s'est écoulée entre les débuts de l'évolution finale de la Quatrième Race-Mère, sur les continents Lémuro-Atlantéens, une durée d'un million d'années à la Cinquième Race ou Race Aryenne, jusqu'à nos jours, et une durée d'environ 850.000 ans depuis la submersion de la dernière vaste péninsule de la grande Atlantide."<ref>Helena Blavatsky, ''La doctrine secrète'' (1888), t. III : ''Anthropogenèse'', trad. de l'an., Adyar, p. 3-11.</ref> </blockquote> == Hyperborée dans les œuvres de fiction == Le cycle de [[Conan le barbare]], de [[Robert E. Howard]], se déroule durant une ère ''hyperboréenne'' fictive, en présentant l'Hyperborée comme une terre lointaine nordique, habitée par des barbares aux cheveux blonds, au nord et à l'est de la Cimmérie natale de Conan. Inspiré par Howard, [[Lovecraft]] a utilisé ce nom dans sa [[mythologie]] pour sa version de l'[[Atlantide]]. Dans [[Némédia]], le jeu de rôle chimérique celtique, l'Hyperborée est la terre lointaine des démons [[Formoirés]]. C'est un royaume à mi-chemin entre la terre des humains et le sidhe où résident les dieux [[Tuatha Dé Danann]]. Dans le [[jeu vidéo]] d'aventure ''[[Indiana Jones and the Fate of Atlantis]]'', de [[LucasArts]], l'[[archéologie|archéologue]] Dr.&nbsp;Bjorn Heimdall dit au joueur qu'il croit que l'Hyperborée était l'[[Islande]]. Plus tard, il révèle que l'Islande était une colonie de l'Atlantide. Il est également question des Hyperboréens dans la [[bande dessinée]] de la série [[Bob Morane]] : ''Opération Chevalier noir'', d'[[Henri Vernes]] et [[William Vance]]. Dans cet épisode, les deux héros tentent de venir en aide à une civilisation en voie de disparition et très évoluée technologiquement : les Hyperboréens. == Bibliographie == === Sources sur les Hyperboréens en mythologie === consulter "un répertoire des sources antiques" [http://rspa.vjf.cnrs.fr/] [http://remacle.org/] [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/SLInf4.html] * {{ApoBib}} (I, 4, 4 ; II, 5). * {{DioBib}} (XLVII). * {{HérEnq}} (IV, 13 et 32–36). * {{PauDes}} (I, 4, 4 ; I, 31 ; V, 7 ; X, 5). * Jamblique, ''Vie de Pythagore'', § 138. * Athénée, ''Le banquet des sophistes, ou Deipnosophistes'' (III{{e}} s.), 605 c. === Fragments grecs === * G. Colli, ''La sagesse grecque'' (1977-1978), t. 1, 1990 : ''Dionysos, Apollon, Éleusis, Orphée, Musée, Hyperboréens, Énigme'', L'Éclat, p. 321-337 (Aristéas) et t. 2, 1991, : ''Épiménide, Phérécyde, Thalès, Anaximandre, Onomacrite'', p. 44-103. * sur Aristéas : James D. BOLTON, ''Aristeas of Proconnesus'', Oxford, Oxford university press [Clarendon press], 1962, recueil des fragments et témoignages textes grecs et latins, p. 207-214. ===Études=== (par ordre alphabétique) * James D. BOLTON, ''Aristeas of Proconnesus'', Oxford, Oxford university press [Clarendon press], 1962, p. 1-38. * W. Burkert, ''Lore and Science in Ancient Pythagoreanism'' (1962, en all.), trad., Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 1972. * G. Colli, ''La sagesse grecque'' (1977), t. 1 : ''Dionysos, Apollon, Éleusis, Orphée, Musée, Hyperboréens, Énigme'', L'Éclat, 1990, p. 45-47, 322-337 (textes), 427-428 (commentaire). * E. Dodds, ''Les Grecs et l'irrationnel'' (1951), trad. (1965), Flammarion, "Champs". * Mircea Eliade, ''Le chamanisme et les techniques archaïques de l'extase'' (1968), Payot, 1974, p. 305-310. * Denis Huisman (dir.), ''Dictionnaires des philosophes, PUF, 2{{e}} éd., t. 1, p. 1432-1433. * Michaël Martin, "Les chamans grecs", 2004. [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/FE/08/chamans.html] * Pierre A. Riffard, ''L'ésotérisme'', Robert Laffont, "Bouquins", 1990, p. 423-427. * Erwin Rohde, ''Psyché. Le culte de l'âme chez les Grecs et leur croyance en l'immortalité. Psyche. Seelencult und Unsterblichkeitsglaube der Grieschen'' (2° éd. 1897), trad., Payot, 1953, p. 337 sq. == Notes == <references/> == Voir aussi == http://www.hyperboreemagazine.fr * [[Thulé (mythologie)|Thulé]] * [[Société Thulé]] {{Portail mythologie grecque}} [[Catégorie:Peuple de la mythologie grecque|Hyperboreens]] [[Catégorie:Geste de Persée|Hyperboreens]] [[Catégorie:Geste de Thésée|Hyperboreens]] [[Catégorie:Utopie]] [[bg:Хиперборея]] [[de:Hyperborea]] [[el:Υπερβορεία]] [[en:Hyperborea]] [[eo:Hiperboreio]] [[es:Hiperbórea]] [[et:Hüperborea]] [[fi:Hyperborea]] [[hu:Hüperboreoszok]] [[it:Hyperborea]] [[ja:ヒュペルボレイオス]] [[lt:Hiperborėja]] [[nl:Hyperborea]] [[pl:Hiperborea]] [[pt:Hiperbórea]] [[ru:Гиперборея]] [[sr:Хиперборејци]] [[sv:Hyperboréer]] [[zh:希柏里尔]]