Karabane 1544597 31587264 2008-07-15T06:24:05Z 81.252.135.249 /* Faune */ {{Coord|12.5378|-16.7008|type:city|format=dms|display=title}} {{Infobox Île | nom=Île de Karabane | nom2=Carabane | carte=[[Image:Carabane-Carte.jpg|frameless|upright=1.5|center]]<small>L'île sur une carte de [[1890]]</small> | pays={{Sénégal}} | province=[[Casamance]] | archipel=aucun | capitale=Village de Karabane | localisation=Estuaire du [[Casamance (fleuve)|fleuve Casamance]] ([[océan Atlantique]]) | latitude=12° 32' 16''N | longitude=16° 42' 03''W | superficie=57 | côtes= | point_culminant=''non nommé'' | altitude=2 | géologie=Île deltaïque (sables et alluvions) | population=396 | date_population=[[2003]] | densité=7 }} '''Karabane''', également appelé '''Carabane''', est à la fois une [[île]] et un village situés à l'extrême sud-ouest du [[Sénégal]], dans l'[[embouchure (géographie)|embouchure]] du [[Casamance (fleuve)|fleuve Casamance]]. Site paradisiaque, doté d'un climat agréable et d'une luxuriante végétation, c'est aussi du point de vue historique le premier [[comptoir]] [[Empire colonial français|colonial français]] en [[Casamance]]. Dans un environnement maritime et fluvial propice à l'exploitation [[halieutique]], l'île vit pourtant au rythme du calendrier [[riz]]icole, car les [[Diola (peuple)|Diolas]], majoritaires à Karabane, sont avant tout des terriens : on a pu parler de véritable « civilisation du riz » en Basse-Casamance. En complément – tant alimentaire qu'économique –, ils pratiquent aussi la [[pêche (halieutique)|pêche]] artisanale et la collecte de [[crustacé]]s, mais les pêcheurs professionnels viennent surtout d'autres régions. Associant d'indéniables atouts naturels et culturels, l'île aurait pu devenir une sorte de « [[Gorée]] de la Casamance », mais de multiples difficultés ont jusqu'ici freiné cette ambition. Karabane n'a pas rallié le réseau prometteur des campements villageois – nouvelle forme de [[tourisme rural]] intégré – aménagés dans la région au cours des [[années 1970]]. Les [[conflit en Casamance|troubles politiques]] qui ont meurtri la Casamance au cours des décennies suivantes ont porté un coup sévère à un tourisme en plein développement. Enfin, en [[2002]], le naufrage du ''[[Joola]]'', qui assurait la liaison [[Dakar]]-[[Ziguinchor]] en faisant escale à Karabane, a scellé l'enclavement de l'île pour plusieurs années. En [[2008]], dans l'attente de nouvelles infrastructures, travailleurs, étudiants et touristes ne peuvent plus compter que sur les [[pirogue]]s pour quitter ou rejoindre le village. __TOC__ ==Toponymie== L'[[étymologie]] de Karabane reste à élucider. Elle pourrait être rattachée au mot [[wolof (langue)|wolof]], ''karabané'', signifiant « qui parle beaucoup », ou peut-être au [[portugais]] (''casa'' : maison ; ''kaban'' : finir). Dans cette hypothèse le [[toponyme]] désignerait le lieu « où les maisons sont finies », une possible allusion au fait que ce village fut la première capitale française en Basse-Casamance<ref>{{fr}} [[Louis-Vincent Thomas]], « Onomatologie et toponymie en pays diola », ''Notes Africaines'', n° 71, juillet 1956, p. 79</ref>. Selon d'autres sources<ref name=Radio-Canada>{{fr}}{{Lien web|url=http://www.radio-canada.ca/nouvelles/dossiers/chroniques-monde/Carabane.shtml|titre=« De l'autre côté de la rivière »|site=[http://www.radio-canada.ca/ Radio-Canada]|auteur=Sophie-Hélène Lebeuf|consulté le=23 juin 2008}}</ref>, il viendrait de ''karam akam'', qui signifie « de l'autre côté de la rivière ». Ces incertitudes permettent aussi de comprendre l'instabilité dans la graphie : Karabane avec un K initial se réclamant plutôt du [[diola]] ou du wolof, et Carabane avec un C plaidant pour une origine latine, probablement portugaise, ou une [[francisation]] délibérée<ref>On trouve aussi, quoique plus rarement, les graphies « Karaban » (sources anglophones ou allemandes notamment) ou « Karabanne » (particulièrement dans les sources espagnoles ou portugaises qui semblent prendre des distances à l'égard d'une éventuelle [[latinité]].</ref>. [[Image:Carabane-Beach2.jpg|thumb|upright=3.5|center|Sable fin et cocotiers : une plage de l'île de Karabane]] == Géographie == === Situation=== [[Image:SN-Carabane.jpg|thumb|Localisation de l'île de Karabane]] D'une superficie totale de {{unité|57|km|2}}, Karabane est la principale et dernière île dans l'embouchure du fleuve [[Casamance (fleuve)|Casamance]], en rive gauche, face à la pointe de [[Diogué]]. Elle est située par 12° 32' de latitude Nord et par 16° 43' de longitude Ouest et se trouve – via [[Elinkine]] – à près de 60 km de [[Ziguinchor]], le chef-lieu de la [[Ziguinchor (région)|région]] du même nom, et à un peu plus de 500 km de [[Dakar]]<ref>{{fr}} {{Lien web|url= http://www.planete-senegal.com/visites/carabane.php |titre=« Visite de Carabane »|site=[http://www.planete-senegal.com/ Planète Sénégal]|consulté le=21 juin 2008}}</ref>, la capitale du pays. [[Image:Carabane-Bolong.jpg|thumb|left|Arrivée à Karabane en provenance d'[[Elinkine]]]] « Il faut s'armer de patience pour rejoindre l'île de Karabane »<ref name="Duigou">{{fr}} {{Lien web|url=http://archives.lesechos.fr/archives/2005/LesEchos/19324-530-ECH.htm|titre=« Après la paix, ne soyez pas les derniers voyageurs à revenir en Casamance. L'appel mélancolique de Ziguinchor »|site=[http://archives.lesechos.fr/ ''Les Échos'']|auteur=Philippe Duigou|date=7 janvier 2005|page=112|consulté le=24 juin 2008}}</ref>, dit-on encore aujourd'hui. C'était encore plus vrai au {{XIXe siècle}} lorsque, selon un témoignage, un voyage en bateau de 26 heures de [[Rufisque]] (près de [[Dakar]]) à Karabane était jugé assez rapide, dû à un vent favorable<ref>{{fr}} Joseph Roger de Benoist, ''Histoire de l'église catholique du Sénégal du milieu du XVe siècle à l'aube du troisième millénaire'', Karthala, Paris, 2008, p. 212</ref>. Comme on le verra plus loin, dans la section consacrée aux [[Karabane#Transports et énergie|transports]], des itinéraires plus variés et plus rapides permettent désormais d'atteindre la Basse-Casamance par la route, par la mer ou par les airs, mais, faute de liaison maritime directe pour le moment, il ne s'agit que de la première étape du périple. En effet, même si, à vol d'oiseau, plusieurs localités semblent très proches<ref>{{en}} {{Lien web|url=http://www.fallingrain.com/world/SG/12/Karabane.html|titre=Localisation de Karabane|site=[http://www.fallingrain.com/ Fallingrain]|consulté le =8 juin 2008}}</ref>, on n'accède à Karabane qu'en [[pirogue]] à moteur, principalement depuis le village d'[[Elinkine]] – une traversée de moins de trente minutes<ref>{{fr}} ''Sénégal et Gambie'', Hachette, 2004, p. 201 ; 204</ref> qui nécessitait autrefois une heure et demie de [[canot]]<ref>{{fr}} Joseph Roger de Benoist, ''op. cit.'', p. 254</ref>. D'autres possibilités existent, telles que le trajet Ziguinchor-Karabane directement en pirogue en deux ou trois heures ou l'acheminement par la piste depuis [[Cap Skirring]] via [[Cachouane|Kachouane]], mais, comme on peut le contater sur une carte détaillée de la région<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.lib.utexas.edu/maps/ams/west_africa/txu-oclc-6595921-nd28-13.jpg|titre=Carte ND 28-13 Oussouye|site=[http://www.lib.utexas.edu/ Université du Texas (Perry-Castañeda Library)]|auteur=Army Map Service|consulté le=24 juin 2008}}</ref>, un lacis de bras d'eau – des [[marigot]]s, ou plutôt des [[bolong]]s, selon la terminologie en usage dans l'espace [[sénégambie]]n – ne facilite pas les déplacements. Le débarcadère se trouvant sur une petite péninsule au nord-est de l'île, il faut en outre contourner celle-ci. {{Clr}} === Géologie === [[Image:Carabane-Bolongs.JPG|thumb|[[banc de sable|Bancs de sable]] et [[bolong]]s]] De formation géologique récente<ref name="Casamance et Mellacorée">{{fr}} [[Henri François Brosselard-Faidherbe]], ''Casamance et Mellacorée. Pénétration au Soudan, Librairie illustrée'', Paris, 1892, p. 10</ref>, Karabane est constituée d'un banc de [[sable]] et d'[[alluvions]]. Comme l'ont souligné les premiers observateurs français, les sols de la région sont généralement composés de sable fin et d'[[argile]], selon différentes combinaisons et superpositions, en fonction des facteurs naturels et de l'action humaine. À Karabane en revanche « le sable paraît exister presque seul »<ref>{{fr}} [[Emmanuel Bertrand-Bocandé]], « Notes sur la Guinée portugaise ou Sénégambie méridionale », ''Bulletin de la Société de géographie'', mai-juin 1849, série 3, tome 11, p. 298</ref>. La pénurie d'argile explique que les cases sont plus souvent faites de [[paille]] sur une armature en bois, plutôt qu'en [[Banco (matériau)|banco]] comme à [[Mlomp]] ou [[Séléki]] par exemple. [[Image:Maison karabane.jpg|thumb|left|Pénurie d'[[argile]] : habitation de [[paille]] sur armature en [[bois]]]] Sur un espace plat et [[marécage]]ux, les branches et les racines des [[palétuvier]]s forment une [[digue]] naturelle où s'accumulent des dépôts de coquilles d'[[huître]]s qui se mêlent à la vase et aux détritus végétaux<ref>{{fr}} Emmanuel Bertrand-Bocandé, ''loc.cit.'', p. 299</ref>. Cet enchevêtrement contribue à retenir les sols et gagnerait sans doute du terrain si la puissance des [[courant de marée|courants]] n'exerçait des effets contraires. L'élévation ne dépassant guère 2 m, le sud de l'île est partiellement inondé pendant la saison des pluies et une submersion totale n'est pas à exclure certaines années<ref>{{fr}} Yves-Jean Saint-Martin, ''Le Sénégal sous le second Empire. Naissance d'un empire colonial (1850-1871)'', Karthala, Paris, 1989, p. 126-127</ref>. À marée basse les vasières se découvrent, c'est pourquoi les embarcations à [[quille (bateau)|quille]] peuvent difficilement accoster. Pour y faire escale, le ''Joola'' devait donc mouiller à environ 500 m au nord du village, par 8 à 10 m d’eau<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.kassoumay.com/joola/Rapport%20Expertise%20France.pdf|titre=Naufrage du transbordeur sénégalais ''Le Joola''. Rapport d'expertise|site= [http://www.kassoumay.com/ Kassoumay]|date=2002|page=74|consulté le=27 juin 2008}}</ref>. Dès [[1849]] des signes d'[[érosion]] sont notés lorsqu'on constate que la maison du Résident – le représentant du Gouvernement sur l'île –, victime d'incendies à deux reprises, doit être reconstruite plus en retrait à chaque fois, alors que l'emplacement d'origine est désormais inondé, même à marée basse<ref>{{fr}} Emmanuel Bertrand-Bocandé, ''loc. cit.'', p. 302</ref>. Les phénomènes d'érosion côtière et de salinisation qui touchent l'ouest du Sénégal sont une source de préoccupations ici également<ref name=SEM>{{fr}} {{Lien web|url=http://sem-fund.com/carabanefr.php|titre=« Carabane »|site=[http://sem-fund.com/ SEM]|consulté le=8 juin 2008}}</ref>. Grâce aux puits, l'[[eau douce]] reste pour le moment disponible à une profondeur raisonnable pour l'arrosage ou les besoins domestiques, mais jusqu'à l'installation d'une pompe en 2006, l'[[eau potable]] devait être acheminée en pirogue depuis [[Elinkine]]<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://usinfo.state.gov/xarchives/display.html?p=washfile-french&y=2006&m=August&x=20060803135710AKllennoCcM0.9919855|titre=« Une île isolée du Sénégal se réjouit d'avoir de l'eau potable »|site= [http://usinfo.state.gov/ America.gov]|consulté le=8 juin 2008}}</ref>. ===Climat=== En Basse-Casamance le climat est de type [[Climat tropical|tropical]]<ref>{{fr}} Constant Vanden Berghen et Adrien Manga, « Le climat », dans ''Une introduction à un voyage en Casamance'', L'Harmattan, Paris, 1999, p. 13-14</ref>. Il se caractérise par une [[saison sèche]] – ici au sens de non pluvieuse, mais néanmoins humide – et une [[saison humide]], aussi appelée hivernage, qui commence habituellement en juin et se termine en octobre. En raison de la proximité de l'[[Océan Atlantique|océan]], le degré [[hygrométrie|hygrométrique]] de l'air reste toujours supérieur à 40% et contribue à la luxuriance de la végétation. Grâce aux [[alizé]]s maritimes, issus de l'[[anticyclone des Açores]], l'île bénéficie d'un climat agréable toute l'année<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.kassoumay.com/carabane/index.html|titre=« Île de Carabane »|site=[http://www.kassoumay.com/ Kassoumay]|consulté le=8 juin 2008}}</ref>. De direction nord à nord-est, ces vents sont frais, toujours humides, et leur amplitude thermique diurne est faible<ref>{{fr}} Pascal Sagna, « Caractéristiques climatiques », ''Atlas du Sénégal'', Éditions Jaguar, Paris, 2007, p. 66-67</ref>. Leur présence est appréciée par les amateurs de [[kitesurf]]. Les activités agricoles, et notamment la riziculture, dépendent entièrement de la pluviosité. ''« Wah uŋejutumu, emitai elaatut »'' (Si un projet ne se réalise pas, c'est que la pluie ne sera pas tombée)<ref>{{fr}} Nazaire Diatta, ''Proverbes jóola de Casamance'', Karthala/ACCT, Paris, 1998, p. 52-53</ref>, dit un proverbe [[Floups|floup]]. L'invocation des [[fétiche]]s lorsqu'il ne pleut pas fait partie des rites animistes traditionnels. De fait, au cours des dernières décennies, on a pu observer une baisse générale de la [[pluviométrie]], qui menace la productivité dans les rizières, accroît la salinité des sols qui ne sont plus suffisamment lessivés et concourt à la dégradation de la [[mangrove]]. En mai et juin la température de l'air est de l'ordre de 28°. En janvier et février – les mois les plus froids – elle avoisine 24°. Des températures inférieures à 18° sont tout à fait exceptionnelles. Au mois de septembre, la température de l'eau de mer<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.kassoumay.com/joola/Rapport%20Expertise%20France.pdf|titre=Naufrage du transbordeur sénégalais ''Le Joola''. Rapport d'expertise|site= [http://www.kassoumay.com/ Kassoumay]|date=2002|page=74|consulté le=27 juin 2008}}</ref> constatée en surface est de 26°. === Flore === Autrefois, certains jugeaient l'île aride, dotée d'une maigre végétation, « où les [[cocotier]]s seuls sont susceptibles d'une belle venue »<ref name="Casamance et Mellacorée"/> et « où l'on a grand'peine à faire venir quelques légumes »<ref>{{fr}} Alfred Marche, ''Trois voyages dans l'Afrique occidentale'', Paris, 1879, p. 54</ref>. Sous ce climat de type tropical, la [[végétation]] est pourtant plus abondante que dans le nord du pays, surtout pendant l'hivernage, c'est-à-dire la [[saison des pluies]]. Soucieux d'attirer l'attention de l'administration coloniale qu'il juge insuffisamment impliquée dans le développement de la Casamance, le traitant [[Emmanuel Bertrand-Bocandé]] lui avait remis un rapport argumenté, ''Carabane et Sedhiou. Des ressources que présentent dans leur état actuel les comptoirs français établis sur les bords de la Casamance'', dans lequel il recensait de manière très détaillée les espèces végétales présentes alors sur l'île<ref>{{fr}} Emmanuel Bertrand-Bocandé, ''loc. cit.'', p. 398-422</ref> – des observations qui restent précieuses aujourd'hui. [[Image:Carabane-Mangrove.JPG|thumb||Omniprésence de la [[mangrove]] à [[palétuvier]]s]] La plus grande partie de Karabane est couverte de [[mangrove]]s à palétuviers formant un inextricable maquis que l'on ne peut franchir en-dehors de passages aménagés. Les [[palétuvier]]s font partie des quelques espèces capables de s'adapter à ce milieu contraignant, caractérisé par une salinité élevée, une faible oxygénation des sols due à la vase, un sol instable ou l'immersion des racines. La dégradation de la mangrove et la transformation des sols en [[tanne]]s, constatée de longue date dans la région<ref>{{fr}} Claude Marius, ''Effets de la sécheresse sur l’évolution des sols de mangroves - Casamance - Gambie'', ORSTOM, 1976, 79 p., publié dans le ''Bulletin de l'IFAN'', tome 41, série B, 1979, p. 669-691</ref>, touche également Karabane. Ce phénomène s'explique par des causes tant naturelles qu'[[anthropisation|anthropiques]], telles que l'exploitation anarchique du bois ou des [[crustacé]]s. Des actions sont menées pour la sauvegarde de la mangrove et l'on cherche aussi à sensibiliser les plus jeunes<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.ideecasamance.org/intro_education.pdf|titre=Éducation à l'environnement mangrovien pour écoles élémentaires|site=[http://www.ideecasamance.org/ Idée Casamance]|date=2006?|consulté le=28 juin 2008}}</ref>. [[Image:Carabane-Pirogue1.JPG|thumb|left|[[Pirogue]] taillée dans le tronc d'un [[fromager]]]] Le visiteur s'aventure peu au cœur de la mangrove, sans doute plus sensible aux [[palmier]]s – de type [[cocotier]]s – qui bordent la plage et donnent à Karabane son aspect caractéristique de paysage de carte postale. Les [[noix de coco]] occupent une place privilégiée parmi les ressources de l'île. Pas nécessairement aussi spectaculaires que dans d'autres localités de Basse-Casamance – comme à [[Mlomp]] –, les [[fromager]]s sont néanmoins présents et leur bois grisé, très léger, facile à travailler, trouve de multiples usages, de la construction de portes à la fabrication d'embarcations [[monoxyle]]s. En effet les pirogues des [[Diola (peuple)|Diolas]], longues de 6 à 8 mètres, ont pour caractéristique d'être taillées d'une seule pièce – contrairement à la pirogue sénégalaise traditionnelle. Elles sont façonnées à l'[[herminette]] dans le tronc d'un grand fromager<ref>{{fr}} Constant Vanden Bergen et Adrien Manga, ''op. cit.'', p. 120</ref>. Parmi les arbres fruitiers, les [[manguier]]s et les [[oranger]]s sont les plus représentés. Au milieu de la verdure, [[figuier de Barbarie|figuiers de Barbarie]], [[flamboyant]]s et [[bougainvillée]]s aux couleurs vives contribuent à mettre en valeur les hôtels et les campements. Les divers travaux d'aménagements ont parfois eu leur part de responsabilité dans la [[déforestation]] constatée dans l'île<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://c.s.f.free.fr/spip.php?article3|titre=Le problème écologique et humain|site= [http://c.s.f.free.fr/ Club sans frontière]|consulté le=8 juin 2008}}</ref>. {{clr}} === Faune === [[Image:Carabane-GuêpierNain.jpg|thumb|left|[[Guêpier nain]] dans les [[palétuvier]]s]] La présence de nombreux oiseaux avait déjà été remarquée par les premiers explorateurs. Aujourd'hui, alors que le [[Parc national de la Basse-Casamance]] et la [[Réserve ornithologique de Kalissaye]] n'ont pas rouvert leurs portes depuis les années de [[conflit en Casamance|conflit]], Karabane constitue un territoire très propice à leur observation. Une étude ornithologique de [[1998]]<ref>Observations sur le terrain de l'ornithologue canadienne Tina MacDonald, auteur notamment de ''Where do you want to go birding today?''. Dans ce travail ''[[Halcyon senegalensis]]'' est désigné comme martin-pêcheur du Sénégal, alors qu'il s'agit probablement du martin-chasseur du Sénégal. [http://www.camacdonald.com/birding/tripreports/Senegal98.html]</ref> a permis de constater l'existence sur l'île des espèces suivantes : [[Anhingidae|anhinga]] ''(Anhinga africana)'', [[héron goliath]] ''(Garza goliath)'', [[Accipitridae|vautour palmiste]] ''(Gypohierax angolensis)'', [[barge à queue noire]] ''(Limosa limosa)'', [[courlis corlieu]] ''(Numenius phaeopus)'', [[courlis cendré]] ''(Numenius arquata)'', [[sterne caspienne]] ''(Sterna caspia)'', [[Columbinae|émerauldine à bec rouge]] ''(Turtur afer)'', [[tourterelle à collier]] ''(Streptopelia semitorquata)'', [[martinet cafre]] ''(Apus caffer)'', [[martin-chasseur du Sénégal|martin-pêcheur du Sénégal]] ''(Halcyon senegalensis)'', [[camaroptère à dos gris]] ''(Camaroptera brachyura)'', [[moucherolle à ventre roux]] ''(Terpsiphone rufiventer)'', [[corbeau pie]] ''(Corvus albus)'', [[astrild cendré|bec-de-corail cendré]] ''(Estrilda troglodytres)'' et [[Serinus|serin du Mozambique]] ''(Serinus mozambicus)''. Les eaux sont poissonneuses et les principales espèces rencontrées sont les [[carangue]]s ''(Carangidae)'', les [[capitaine (poisson)|capitaines]] ''(Polydactylus quadrifilis)'', les [[barracuda]]s ''(Sphyraena barracuda)'' ou les [[Carpe rouge|Carpes rouges]]. Les [[palétuvier]]s abritent de nombreux [[crustacé]]s, tels que les [[crevette]]s ''(Farfantepenaeus notialis)'' ou les [[crabe violoniste|crabes violonistes]] ''(Uca pugilator)'', ainsi que des [[mollusque]]s, principalement des [[huître]]s ''(Crassostrea gasar)'', qui s'accrochent aux racines découvertes à marée basse. L'exploitation de ces ressources [[halieutique]]s est commentée un peu plus loin dans la section consacrée à l'économie de l'île. Quant aux [[reptile]]s, l'étude ornithologique déjà évoquée mentionne en outre le gros lézard nommé ''[[Agama agama]]''. D'autres observateurs évoquent la présence de [[varan]]s<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.kassoumay.com/carabane/visite-carabane.html|titre=« À voir et à visiter sur Carabane »|site=[http://www.kassoumay.com/ Kassoumay]|consulté le=8 juin 2008}}</ref>. [[Image:DauphinsCasamance.jpg|thumb|[[grand dauphin|Dauphins]] dans le [[fleuve Casamance|fleuve]]]] Le banc de sable qu'est Karabane abrite relativement peu de mammifères – si l'on excepte les animaux domestiques –, mais dès [[1835]] les premiers Français avaient remarqué les [[singe]]s<ref>{{fr}} G. G. Beslier, ''Le Sénégal'', Paris, Payot, 1935, p. 111</ref>. D'autres colons signalèrent en [[1870]], non sans effroi, que les indigènes mangeaient « assez souvent du [[singe]] et même des chiens »<ref>{{fr}} Christian Roche, ''Histoire de la Casamance. Conquête et résistance 1850-1920'', Karthala, Paris, 2000, p. 181</ref>. Aujourd'hui de [[grand dauphin|grands dauphins]] ''(Tursiops truncates)'' sont couramment aperçus au large de l'île<ref>{{en}} {{Lien web|url=http://iodeweb1.vliz.be/odin/bitstream/1834/401/1/Wafcet2_Report.pdf|titre=« Conservation of cetaceans in The Gambia and Senegal, 1999-2001, and status of the Atlantic humpback dolphin »|site=[http://iodeweb1.vliz.be/ Scientific Linux Website]|auteur=Koen Van Waerebeek, Linda Barnett, Almamy Camara, Anna Cham, Mamadou Diallo, Abdoulaye Djiba, Alpha Jallow, Edouard Ndiaye, Abdoulaye O. Samba Ould-Bilal et Idrissa L. Bamy|date=2003|consulté le=8 juin 2008}}</ref>. En revanche l'existence de [[lamantin]]s ''(Trichechus)'' n'est attestée que par les sites promotionnels. Néamoins, par un juste retour des choses, la désaffection touristique observée en Basse-Casamance en raison des troubles, puis du naufrage du ''Joola'' aurait plutôt profité à la [[biodiversité]]. C'est ainsi que dans le parc national voisin, fermé au public depuis des années, on a pu constater un retour remarquable de [[crocodile]]s, de lamantins et d'oiseaux nicheurs<ref>{{Lien web|url=http://www.ideecasamance.org/biosphere_PNTC.pdf|titre=La Casamance littotale : Réserve de biosphère côtière UNESCO/MAB|site=[http://www.ideecasamance.org/ Idée Casamance]|date=2 juin 2006|page=2|consulté le=28 juin 2008}}</ref>. Sur une île baptisée ''Ilha dos Mosquitos'' par les Portugais<ref>{{pt}} ''Negocios externos : documentos apresentados ás Cortes na sessão legislativa de 1887 pelo ministro e secretario d'estado dos negocios estrangeiros'', Lisbonne, Imprensa Nacional, 1887, p. 90</ref>, les Karabanais et leurs visiteurs continuent de se protéger à la saison des pluies par le [[moustiquaire]] ou l'huile de [[karité]]. Il doivent aussi affronter parfois des insectes plus petits, mais non moins redoutables, les ''moutmouts''<ref>{{fr}} ''Petit Futé Sénégal'', Nouvelles éditions de l'Université, Paris, 2008-2009, p. 266</ref> – une appellation locale qui désigne les [[simulie]]s ''(Simulium)''. {{Clr}} == Histoire == ===Premiers occupants=== Si les plus anciens habitants de la Casamance<ref>{{fr}} Christian Roche, ''op. cit.'', p. 21</ref> sont les [[Baïnouk (peuple)|Baïnouks]], la rive gauche de l'embouchure du [[Casamance (fleuve)|fleuve]] était surtout peuplée de [[Floups]] (ou Feloupes), c'est-à-dire de [[Diola (peuple)|Diolas]]. Arrivés sur les côtes ouest-africaines au {{XVe siècle}}, les [[Portugal|Portugais]] parcourent activement la région depuis le {{XVIe siècle}}, surtout à la recherche de [[cire]], d'[[ivoire]] et d'[[esclave]]s. Ils ne s'attardent pas à l'« Île aux Moustiques », et c'est à [[Ziguinchor]] qu'ils fondent le premier [[comptoir]] en [[1645]]<ref>{{fr}} Christian Roche, ''op. cit.'', p. 67</ref>. À la fin des [[années 1820]]<ref>Selon Christian Roche, ''op. cit.'', p. 77, Pierre Baudin était établi dans l'île « depuis quelques années » lors de la visite en 1829 de Perrottet qui en témoigne dans son ''Voyage de St-Louis du Sénégal à la presqu'île du Cap Vert, à Albréda sur la Gambie et à la rivière de Casamance dans le pays des Feloups-Yola'' (1833). Le père Joseph-Roger de Benoist (''op. cit.'', p. 160) date l'installation du commerçant français de 1828.</ref>, un négociant [[gorée]]n [[mulâtre]], Pierre Baudin, s'installe à Karabane, y plante du [[riz]] et produit de la [[Chaux (chimie)|chaux]] à partir des coquilles d'[[huître]]s de [[palétuvier]]s, broyées et cuites dans des fours. Humide et marécageuse, l'île avait alors une réputation d'insalubrité. L'économie locale reposait essentiellement sur la [[culture du riz]], vendu à [[Ziguinchor]] ou aux traitants [[britannique]]s de [[Gambie]]. La famille Baudin employait des esclaves et, malgré son [[abolition de l'esclavage|abolition]] en [[1848]], l'[[esclavage]] se maintiendra dans l'île jusqu'au début du {{s|XX|e}}<ref>{{en}} Martin Allen Klein, ''Slavery and colonial rule in French West Africa'', Cambridge University Press, Cambridge, 1998, p. 30</ref>. L'administration [[coloniale]] souhaitait étendre son influence autour du fleuve<ref>{{fr}} Christian Roche, ''op. cit.'', p. 76-77</ref>, notamment sous la pression des Goréens – menacés de perdre une partie de leurs ressources avec l'imminente disparition de la [[traite négrière]] – et leurs rivaux, les [[Saint-Louis (Sénégal)|Saint-Louisiens]]. Le {{date|9|janvier|1836}} le lieutenant de vaisseau Malavois, commandant particulier de [[Gorée]], part en Casamance à la recherche d'un site propice pour le futur comptoir. La pointe de [[Diogué]], sur la rive nord, est d'abord envisagée mais devant le refus des [[Diola (peuple)|Diolas]], c'est sur l'autre rive que la transaction aboutit. === Colonisation francaise === Le {{date|22|janvier|1836}}, l'île est cédée à la France par le chef de village de [[Kagnout]] au prix d'une rente annuelle de 39 barres, c'est-à-dire 196 francs<ref>{{fr}} Christian Roche, ''op. cit.'', p. 76</ref>. Cependant, un autre traité fait de [[Sédhiou]] le principal comptoir de [[Casamance]] et l'exploitation de Karabane reste encore quelques temps aux mains de la famille Baudin, Pierre d'abord puis son frère Jean. Ils portent, successivement, le titre de « Résident ». Avec ce statut officiel mais imprécis, ils bénéficient d'une délégation d'autorité et doivent rédiger régulièrement des rapports, mais peuvent continuer à se livrer au commerce<ref>{{fr}} Yves-Jean Saint-Martin, ''Le Sénégal sous le Second Empire'', Karthala, Paris, 2000, p. 126</ref>. [[Image:Carabane-Fétiches.jpg|thumb|left|upright=0.8|[[Animisme]] à Karabane : imprécations contre les [[fétiche]]s lorsqu'il ne pleut pas (gravure de [[1893]])]] Lorsque Jean Baudin tombe en disgrâce à la suite d'un grave incident de traite impliquant un bateau anglais, il est remplacé en octobre [[1849]] par un nouveau Résident, [[Emmanuel Bertrand-Bocandé]]<ref>{{fr}} Christian Roche, ''op. cit.'', p. 82-83</ref>. Cet homme d'affaires [[Nantes|nantais]], entreprenant, polyglotte et passionné d'[[entomologie]], transforme « son » île et provoque un regain d'activité commerciale et politique. En [[1852]] la population s'élève à plus de {{formatnum:1000}} habitants. Un plan cadastral en damier attribue des lots de trente mètres de côté aux négociants et traitants. D'autres, avec quinze mètres de côté, sont destinés aux habitations. Des concessions provisoires sont accordées, surtout à des habitants de [[Saint-Louis (Sénégal)|Saint-Louis]] et de [[Gorée]]. Outre les colons, l'île est principalement habitée par des riziculteurs [[floups]] [[animistes]] dont les pratiques déconcertent le nouveau venu. La coexistence n'est pas toujours facile. Les chrétiens ne sont représentés que par les Goréens et quelques Européens installés, et l'île n'a pas encore d'église<ref>{{fr}} Christian Roche, ''op. cit.'', p. 37</ref>. Les missionnaires tentent alors, sans succès, d'obtenir une concession. [[Image:Carabane-Quai.jpg|thumb|« Le plus grand appontement de la côte d'Afrique »<ref>{{fr}} Henri François Brosselard-Faidherbe, ''op. cit.'', p. 11</ref>]] Par ailleurs la construction d'un grand quai de 116 mètres de longueur<ref>{{fr}} Henri François Brosselard-Faidherbe, ''op. cit.'', p. 10</ref> permet l'accostage des plus grands navires susceptibles d'entrer en Casamance. Un embarcadère avec rail est aménagé le long du fleuve pour faciliter le transfert des marchandises. Karabane exporte du riz mais aussi du [[coton]] – jugé de qualité médiocre<ref name=RevueMaritime>{{fr}} Amiral Vallon, « La Casamance, dépendance du Sénégal », ''Revue maritime et coloniale'', février-mars 1862, p. 465</ref> – égrené dans la factorerie construite par Bertrand–Bocandé en [[1840]], successivement propriété de la maison [[Maurel et Prom]] et de la Compagnie de la Casamance<ref name=RevueMaritime/>. On produit également des [[amandes]] de [[palmier|palme]] et de [[touloucouna]]<ref>{{fr}} Christian Roche, ''op. cit.'', p. 87</ref>. Cet essor est troublé par des incidents qui éclatent en [[1851]] avec les anciens propriétaires de Karabane, les habitants de Kagnout. À la suite d'une intervention militaire venue de Gorée, un traité<ref>{{fr}} « Traité conclu à Elinkine, le 25 mars 1851, entre la France et les chefs de Cagnut, pour une cession de territoire », dans ''Recueil des traités de la France (1713-1906)'', publié sous les auspices du Ministère des affaires étrangères par M. Jules de Clerq, Leiden, 1987 [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96070f]</ref> est signé le 25 mars, établissant la souveraineté de la France sur l'île, mais aussi sur Kagnout et [[Samatit]]. Quant à Bertrand-Bocandé, il quitte l'île en [[1857]] pour un congé puis abandonne définitivement son poste de Résident en [[1860]]. Son « inlassable activité »<ref>{{fr}} Yves-Jean Saint-Martin, ''op. cit.'', p. 186</ref> a fortement marqué l'île. [[Image:Carabane-Factorerie1.jpg|thumb|left|Factorerie n° 1 de la Compagnie de la Casamance (gravure de [[1893]])]] [[Image:Carabane-Factorerie2.jpg|thumb|left|Factorerie n° 2 de la Compagnie de la Casamance]] De leur côté, les populations locales s'accommodent mal de l'expansion française et des traités qui leur ont été imposés. C'est ainsi que les riziculteurs de Karabane subissent pillages et enlèvements de la part des [[Karones]], des insulaires de l'embouchure. Des troupes menées par [[Émile Pinet-Laprade|Pinet-Laprade]] en mars [[1860]] attaquent plusieurs villages karones et les contraignent à la soumission. Une période un peu plus calme s'ouvre alors. Alors que les [[Mandingues]] musulmans continuent – clandestinement – à pratiquer l'[[esclavage]] et la [[traite]], les villages non musulmans ont tendance à se rapprocher et il leur arrive de prendre le Résident de Karabane comme arbitre de leurs désaccords<ref>{{fr}} Yves-Jean Saint-Martin, ''op. cit.'', p. 457</ref>. En [[1869]] Karabane est constitué en cercle autonome, doté d'un commandant mais sera rattaché à Sédhiou en [[1886]]. La garnison d'une dizaine d'hommes est régulièrement décimée par les maladies tropicales telles que le [[paludisme]]<ref>{{fr}} Christian Roche, ''op. cit.'', p. 180-181</ref>. 527 habitants sont dénombrés sur l'île en [[1877]], en grande majorité des [[Diola]]s auxquels s'ajoutent des [[Wolofs]], [[musulmans]], et quelques [[Manjaques]] originaires de [[Guinée]] portugaise. La première mission catholique est fondée à [[Sédhiou]] en [[1875]] et les premiers [[baptême]]s auraient déjà été célébrés la même année à Karabane – 17, concernant pour la plupart des habitants de l'île. La fondation de la mission de Karabane intervient en [[1880]]. Le 22 février le père Kieffer s'installe dans l'île, où il œuvrera seul pendant deux ans<ref>{{fr}} Joseph Roger Benoist, ''op. cit.'', p. 196</ref>. Le personnel de l'administration coloniale y est des plus réduits : un chef de poste des Douanes avec quatre employés, un [[artilleur]], un [[caporal]] européen et six [[tirailleur]]s. On dénombre à Karabane environ 250 chrétiens, principalement des [[signare]]s, des [[mulâtre]]s de [[Saint-Louis (Sénégal)|Saint-Louis]] ou de [[Gorée]] et quelques Européens. Pour commencer le prêtre agrandit sa propre case en troncs de [[rônier]]s. Il visite aussi les villages voisins et se rend parfois à [[Sédhiou]]. La fondation de la mission de Karabane est suivie par celles de [[Ziguinchor]] ([[1888]]), [[Elinkine]] ([[1891]]), puis bien d'autres au {{XXe siècle}}. En [[1900]] un autre missionnaire [[Pères Spiritains|spiritain]], le père Wintz<ref>Le père Édouard Wintz sera aussi l'auteur d'un ''Dictionnaire français-dyola et dyola-français, précédé d'un essai de grammaire'', publié par la Mission d'Elinkine en [[1909]] et réédité en [[1968]]</ref>, achève son premier [[catéchisme]] en [[diola|langue diola]]<ref>{{ca}} {{Lien web|url=http://www.tdx.cesca.es/TESIS_UAB/AVAILABLE/TDX-1109106-120149/jtg1de1.pdf|titre=''La identitat ètnica entre els joola d’Oussouye (Húluf, Bubajum áai)''|site=[http://www.tdx.cesca.es/ Tesis Doctorals en Xarxal]|auteur=Jordi Tomàs i Guilera|date=2005|page=305|consulté le=24 juin 2008}}</ref>. [[Image:Carabane-Douanes.jpg|thumb|Tableau des exportations de la Casamance en [[1891]] (Bureau des Douanes de Carabane)]] Temporairement transférée à Ziguinchor<ref>{{fr}} Joseph Roger de Benoist, ''op. cit.'', p. 253</ref>, la mission de Karabane est fermée en [[1888]]. Les missionnaires reviennent en [[1890]] et l'église, d'abord agrandie, s'avère néanmoins trop petite. Grâce aux subsides de l'évêque, M{{gr}} [[Magloire-Désiré Barthet|Barthet]], et des paroissiens, une nouvelle église est construite et inaugurée le jour de la [[Sainte Anne]] en [[1897]]. La mission obtient aussi la concession définitive de deux terrains adjacents – le lot n° 73 du plan cadastral. L'année suivante, la communauté chrétienne compte {{formatnum:1100}} baptisés, sans parler des nombreux [[catéchumène]]s. Les rivalités entre Français et Portugais pèsent sur la région pendant cette période. La cession de [[Ziguinchor]] à la France est négociée à Karabane en avril [[1888]] entre le commissaire Oliveira et le capitaine [[Henri Brosselard-Faidherbe|Brosselard-Faidherbe]]. En [[1901]] le chef-lieu de cercle est transféré à [[Ziguinchor]] et Karabane n'est plus qu'une simple résidence administrative – un statut qui lui est ravi à son tour par [[Oussouye]] deux ans plus tard. Lorsque [[Ziguinchor]] devient la capitale administrative de la [[Casamance]] en [[1904]], Karabane a perdu plusieurs de ses prérogatives, par exemple les services des douanes qui y étaient centralisés. Des maisons de commerce ont également quitté l'île et le nombre de chrétiens est passé de {{formatnum:1000}} à 300 en [[1907]]<ref>{{fr}} Joseph Roger de Benoist, ''op. cit.'', p. 292</ref>. En dépit de l'[[anticléricalisme]] en vigueur en France à cette époque, l'enseignement est assuré dans l'île par les [[Pères du Saint-Esprit]] qui y ont également une chapelle et par les [[Sœurs de Saint-Joseph de Cluny]] pour les filles. À la veille de la [[Première Guerre mondiale]], Karabane, également victime d'un incendie en [[1913]], voit son activité économique décliner et ses habitants quittent peu à peu l'île pour chercher du travail à [[Ziguinchor]], voire [[Dakar]]<ref>{{fr}} Christian Roche, ''op. cit.'', p. 322</ref>. En décembre [[1915]], [[Marcel de Coppet]], alors administrateur de [[Ziguinchor]], se rend sur l'île pour recruter des [[tirailleurs sénégalais|tirailleurs]] : six Karabanais acceptent de s'engager : un chrétien, un païen et quatre musulmans<ref>{{fr}} Christian Roche, ''op. cit.'', p. 328</ref>. Au lendemain de la Grande Guerre, l'[[Église catholique]] rencontre de grandes difficultés dans la région<ref>{{fr}} Joseph Roger de Benoist, ''op. cit.'', p. 324-325</ref>. Le personnel est insuffisant et instable. L'augmentation du coût de la vie le rend onéreux et le climat met les bâtiments à rude épreuve. En [[1920]] le diocèse compte, outre Karabane, treize églises paroissiales<ref>Ce sont celles de [[Dakar]], [[Saint-Louis (Sénégal)|Saint-Louis]], [[Gorée]], [[Rufisque]], [[Thiès]], [[Ngazobil]], [[Joal]], [[Fadiouth]], [[Foundiougne]], [[Kaolack]], [[Ziguinchor]], [[Bignona]] et [[Bathurst]]</ref> et environ trente-cinq cases-chapelles. En [[1922]] le gouverneur fixe par décret, au nom de la prudence, le nombre d'établissements autorisés à célébrer publiquement le culte. Certes l'église de Karabane fait partie des élues, mais certains reprocheront à l'administration coloniale d'avoir ainsi favorisé l'expansion de l'[[islam]] dans le pays. Lorsqu'il prend la direction du [[diocèse]], M{{gr}} [[Louis Le Hunsec|Le Hunsec]] constate que l'île de Karabane, très peuplée lorsque tout le commerce s'y concentrait et qu'on pouvait difficilement pénétrer à l'intérieur des terres ravagées les guerres locales, a perdu de son rayonnement et compte désormais moins de 500 habitants<ref>{{fr}} Joseph Roger de Benoist, ''op. cit.'', p. 339</ref>. Il songe à un transfert de la mission vers [[Oussouye]], qui sera effectif en [[1927]]. À partir de [[1937]], la mission d'Oussouye recense aussi les baptêmes et les enterrements faits à Karabane<ref>{{ca}} {{Lien web|url=http://www.tdx.cesca.es/TESIS_UAB/AVAILABLE/TDX-1109106-120149/jtg1de1.pdf|titre=''La identitat ètnica entre els joola d’Oussouye (Húluf, Bubajum áai)''|site=[http://www.tdx.cesca.es/ Tesis Doctorals en Xarxal]|auteur=Jordi Tomàs i Guilera|date=2005|page=305|consulté le=24 juin 2008}}</ref>. La même année une maison d'éducation pénitentiaire est créée sur l'île et fonctionnera jusqu'en [[1953]], remplacée alors par l'établissement de [[Nianing]]<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.sedet.jussieu.fr/sites/afrilab/documents/DossiersTheme/Enfermement/IThioub.htm|titre=''Les écoles pénitentiaires du Sénégal à l'époque coloniale''|site=[http://www.sedet.jussieu.fr/ Laboratoire SEDET-Afrique]|auteur=Ibrahima Thioub|consulté le=23 juin 2008}}</ref>. Un rapport<ref>{{fr}} ''Rapport n° 17 (La Casamance)'' remis par Denise Savigneau, Conseillère technique de l'Enseignement, au Gouverneur général de l'AOF en mai 1938 [http://www.hull.ac.uk/savineau/reports/french/rapport17.rtf]</ref> remis en [[1938]] par une conseillère technique de l'Enseignement à [[Marcel de Coppet]], Gouverneur général de l'[[Afrique occidentale française|AOF]], permet de découvrir la vie quotidienne du pénitencier qui accueillait alors 22 garçons, condamnés principalement pour vol mais parfois aussi pour meurtre. === Histoire récente === Après la [[Seconde Guerre mondiale]] le déclin de Karabane se confirme peu à peu. En [[1950]] le départ du pré-séminaire de Karabane est envisagé<ref>{{fr}} Joseph Roger de Benoist, ''op. cit.'', p. 410</ref>, mais il est provisoirement maintenu, pour être finalement transféré dans un nouveau bâtiment à [[Nyassia]] en [[1959]]. Pendant l'hivernage de [[1963]], après 83 ans d'existence, la mission de Karabane ferme ses portes. Les religieuses et leur internat de filles partent pour [[Ziguinchor]]<ref>{{fr}} [[Louis-Vincent Thomas]], « Faut-il sauver Karabane ? », ''Notes africaines'', n° 102, avril 1964, p. 13-46</ref>. L'[[indépendance]] du [[Sénégal]] ayant été prononcée le {{date|20|août|1960}}, après la dissolution de l'éphémère [[Fédération du Mali]], la [[Casamance]] voit arriver des fonctionnaires venus du nord, souvent [[wolof (peuple)|wolofs]] et [[musulmans]], mais surtout ne connaissant pas le pays [[diola]] et ses traditions. Les périodes de [[sécheresse]] qui frappent le [[Sahel africain|Sahel]] à partir des [[années 1970]] poussent aussi des [[Cultivateur (métier)|cultivateur]]s d'[[arachide]] à s'installer dans une région où le [[riz]] régnait sans partage. [[Image:Joola.jpg|thumb|upright=1.2|Le ''[[Joola]]'']] Le mécontentement s'amplifie, accompagné dans certains cas de revendications indépendantistes et de violences. La [[Casamance]] connaît alors des années de [[conflit en Casamance|conflit]] qui meurtrissent la population et mettent aussi en péril des initiatives locales originales, telles que les réserves naturelles ou les premiers campements villageois intégrés<ref>{{fr}} Muriel Scibilia, ''La Casamance ouvre ses cases. Tourisme au Sénégal'', L’Harmattan, Paris, 2003, 174 p.</ref>. Karabane reste l'une des zones les plus tranquilles de Casamance. Néamoins quelques petits incidents sont signalés vers le mois d'avril 2000. Les rebelles ont peut-être voulu profiter de la notoriété de Karabane pour attirer l'attention des médias<ref>{{ca}} {{Lien web|url=http://www.tdx.cesca.es/TESIS_UAB/AVAILABLE/TDX-1109106-120149/jtg1de1.pdf|titre=''La identitat ètnica entre els joola d’Oussouye (Húluf, Bubajum áai)''|site=[http://www.tdx.cesca.es/ Tesis Doctorals en Xarxal]|auteur=Jordi Tomàs i Guilera|date=2005|page=414|consulté le=23 juin 2008}}</ref>. Le [[cessez-le-feu]] de [[2004]] ramène la sérénité, mais dans l'intervalle le naufrage du ''[[Joola]]'' en [[2002]] a coûté la vie à de nombreux Karabanais et privé l'île d'une bonne partie de ses ressources liées au [[commerce]] et au [[tourisme]]. Les menaces liées à l'[[érosion du littoral|érosion côtière]] s'ajoutant à ces drames, certains craignent le pire. « Le spectacle catastrophe ne trouve pas ici ses mots », affirme un Casamançais<ref name="catastrophe">{{fr}} {{Lien web|url=http://diembering-aadd.com/index.php?option=com_content&task=view&id=13&Itemid=1|titre=« Qui pour sauver Diogué-Nikine-Carabane ? »|site=[http://diembering-aadd.com/ Association d’aide au développement de Diembering]|auteur=Jacques Diatta|date=7 janvier 2007|consulté le=4 juillet 2008}}</ref>. Après les années d'essor et de rayonnement, Karabane « la nostalgique »<ref>{{fr}} Muriel Scibilia, ''op. cit.'', p. 40</ref> est aujourd'hui confrontée à une série d'épreuves. == Société == ===Administration=== [[Image:Oussouye66.jpg|thumb|left|La Préfecture d'[[Oussouye]]]] Autrefois « Cercle »<ref>À l'époque [[coloniale]], le ''Cercle'' était la division administrative de la région. Il était administré par le « commandant de cercle », placé sous l'autorité du [[gouverneur]]. Le gouverneur était placé sous l'autorité du [[gouverneur général]], lui-même dépendant du ''Ministre des colonies''</ref>{{,}}<ref>[[Liste des ministres français de la Marine et des Colonies]] sur [http://fr.wikipedia.org/ ''Wikipédia'']</ref>{{,}}<ref>[[Administrateurs coloniaux au Sénégal|Liste des administrateurs de l'AOF]] sur ''[http://fr.wikipedia.org/ Wikipédia]''</ref>à part entière, voire capitale régionale, Karabane n'est plus maintenant que l'un des 23 villages de la [[Diembéring CR|communauté rurale de Diembéring]], dont [[Kabrousse]], [[Cap Skirring]] et [[Boucott-Diembéring|Boucotte]] constituent les plus gros centres<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.pepam.gouv.sn/acces.php?idcr=02211|titre=Communauté rurale de Djembéring|site=[http://www.pepam.gouv.sn/ PEPAM]|consulté le=9 juin 2008}}</ref>. La communauté rurale est située dans l'[[arrondissement de Kabrousse]]. Elle fait partie du [[département d'Oussouye]], le moins étendu et le plus excentré des trois départements de la [[Ziguinchor (région)|région de Ziguinchor]]. Les plus hautes instances sont donc relativement lointaines et les démarches administratives ne s'en trouvent pas facilitées. Dans un pays qui en compte quelques {{formatnum:13000}}, le village est, depuis un décret de [[1972]], reconnu comme « l'entité élémentaire dans l'organisation administrative du territoire national »<ref>{{fr}} Décret d'application n° 72-636 du 29 mai 1972 relatif aux attributions des chefs de circonscriptions administratives et aux chefs de villages</ref>. Il est administré par un chef, assisté par un Conseil de Notables<ref>{{fr}} Djibril Diop, ''Décentralisation et gouvernance locale au Sénégal. Quelle pertinence pour le développement local ?'', L'Harmattan, Paris, 2006, p. 119-121</ref>. Après consultation, sa nomination est arrêtée par le préfet et approuvée par le [[ministre de l'Intérieur (Sénégal)|ministre de l'Intérieur]]. Selon la [[droit sénégalais|législation sénégalaise]], le chef de village dispose de certaines prérogatives, comme de faire appliquer lois et règlements, de tenir les cahiers de l'[[état civil]] du village et de collecter l'[[impôt]]. Directement issu de l'organisation coloniale soucieuse de traiter avec des interlocuteurs bien identifiés, ce statut est pourtant assez éloigné de la tradition casamançaise<ref>{{fr}} Constant Vanden Bergen et Adrien Manga, ''Une introduction à un voyage en Casamance'', L’Harmattan, Paris, 1999, p. 21-22</ref>. En effet la société [[diola (peuple)|diola]] est dépourvue de toute hiérarchie formelle. Elle n'a pas de chef doté d'une véritable autorité permanente. Ce sont les Anciens du village – les [[sage]]s – qui se réunissent, lorsqu'il s'agit de prendre une décision importante. Selon l'[[anthropologue]] italien Paolo Palmeri<ref>{{fr}} Paolo Palmeri, ''Retour dans un village diola de Casamance. Chronique d'une recherche anthropologique au Sénégal'', L'Harmattan, Paris, 1995, p. 53-55</ref>, le chef de village compterait assez peu dans la réalité, simplement chargé des rapports avec l'administration nationale, en quelque sorte le garant de « la tranquillité générale et des traditions du village ». Dans une organisation sociale où le pouvoir politique était indissolublement lié au pouvoir religieux, les vrais détenteurs de ce pouvoir étaient les [[prêtre]]s des [[fétiche]]s<ref>{{fr}} Paolo Palmeri, « Les prêtres des fétiches », ''op. cit.'', p. 57-58</ref>. La notion même de village serait impropre dans ce contexte : il s'agirait plutôt de [[clan]]s ou d'agrégations de [[lignage]]s. D'autres spécialistes, tel Christian Sina Diatta, ont pu comparer la communauté villageoise diola à une [[termitière]], dans laquelle chaque membre exercerait une fonction spécifique et où la [[reine]] serait aisément remplaçable<ref>{{fr}} Christian Sina Diatta, « L'esprit et la force dans la culture jola », ''Peuples du Sénégal'', Sépia, Saint-Maur, 1996, p. 20</ref>. Une analyse de la vie politique contemporaine se doit de prendre en compte cet héritage. === Population === En [[2003]] le village de Karabane comptait officiellement 396 personnes et 55 ménages<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.pepam.gouv.sn/acces.php?idloc=02211018|titre=Localité de Karabane|site=[http://www.pepam.gouv.sn/ PEPAM]|consulté le=8 juin 2008}}</ref>, mais la population de l'île fluctue au gré des saisons et pourrait atteindre parfois {{formatnum:1750}} habitants, si l'on en croit des sources locales<ref name=SEM/>. [[Image:Écontine.jpg|thumb|upright=0.7|Un [[ekonting]] (détail), [[instrument à cordes]] [[diola (peuple)|diola]]]] Les Karabanais sont pour la plupart des [[diola (peuple)|Diolas]]. Sans parler de la [[diola|langue]], les Diolas se distinguent des autres grands [[groupes ethniques du Sénégal]] par une société égalitaire, exempte de toute organisation politique hiérarchisée et n'ayant pas pratiqué l'[[esclavage]]<ref>{{fr}} Makhtar Diouf, ''Sénégal, les ethnies et la nation'', Les Nouvelles éditions africaines du Sénégal, Dakar, 1998, p. 201</ref>. D'esprit indépendant, ils ont aussi préservé plus longuement leurs traditions du fait de l'enclavement de leur région. Cette ethnie constitue 80 à 90% des habitants de la Basse-Casamance<ref>{{en}} Olga F. Linares, ''Power, prayer and production. The Jola of Casamance'', Cambridge University Press, Cambridge, 2007 (1{{ère}} éd. 1992), p. 5</ref>, alors qu'elle ne représente que 6 à 8% de la population générale du Sénégal. Ils sont aussi majoritaires à Karabane, cependant des [[Wolofs]], des [[Lébous]], des [[Sérères]] – notamment des pêcheurs [[niominka]]<ref>{{fr}} Makhtar Diouf, ''op. cit.'', p. 74</ref>– et des [[Manjaque]]s vivent également sur l'île, parfois venus de [[Saint-Louis (Sénégal)|Saint-Louis]] ou de [[Gorée]] au moment de la colonisation (pour les premiers groupes). Deux communautés originaires de pays limitrophes, l'une de [[Guinée]] – les [[Soussous]] –, l'autre de [[Guinée-Bissau]] sont en outre installées de l'autre côté de l'île, à bonne distance du village. Enfin il faut y ajouter les travailleurs saisonniers venus pour la pêche : [[Ghana|Ghanéens]], [[Guinée]]ns ou [[Gambie]]ns<ref>{{fr}} ''Petit Futé Sénégal, op. cit.'', p. 211</ref>. La population autochtone était [[animisme|animiste]] à l'origine, mais si ces valeurs ancestrales survivent – les bois sacrés<ref>Les bois sacrés sont des espaces dédiés aux [[rites de passage|rites d'initiation]] tels que le [[boukout]]. Voir notamment « Les bois sacrés » dans Constant Vanden Berghen et Adrien Manga, ''op. cit.'', p. 178-179.</ref> et les [[fétiche]]s, ces « icônes de la culture casamançaise »<ref>{{fr}} Vincent Foucher, « Les "évolués", la migration, l’école : pour une nouvelle interprétation de la naissance du nationalisme casamançais », dans Momar-Coumba Diop, ''Le Sénégal contemporain'', Karthala, Paris, 2002, p. 376</ref> –, elles ont néanmoins perdu du terrain au profit des religions [[monothéistes]], le [[catholicisme]] et l'[[islam]], d'importance numérique comparable à Karabane<ref name=SEM/>. Le recensement de [[1988]], qui faisait état de 94% de [[musulmans]] pour l'ensemble de la population sénégalaise, avançait une proportion de 26,5% pour le [[département d'Oussouye]] dont dépend Karabane<ref>{{fr}} Makhtar Diouf, ''op. cit.'', p. 117</ref>. Il s'agit cependant d'un département essentiellement rural, alors que Karabane, de par son histoire, a connu un brassage ethnique plus important. Dès le {{XIXe siècle}}, l'islam s'y était propagé par l'intermédiaire des pêcheurs wolofs et sérères, mais l'administration coloniale avait aussi amené avec elle depuis [[Dakar]] divers personnels, tels que des traducteurs, des guides ou des secrétaires, qui étaient souvent musulmans<ref>{{ca}} {{Lien web|url=http://www.tdx.cesca.es/TESIS_UAB/AVAILABLE/TDX-1109106-120149/jtg1de1.pdf|titre=''La identitat ètnica entre els joola d’Oussouye (Húluf, Bubajum áai)''|site=[http://www.tdx.cesca.es/ Tesis Doctorals en Xarxal]|auteur=Jordi Tomàs i Guilera|date=2005|page=322|consulté le=23 juin 2008}}</ref>. Dans l'intervalle, l'arrivée de pêcheurs étrangers, appartenant à des communautés fortement islamisées, a encore accentué cette évolution. === Éducation et santé=== [[Image:Carabane-Femmes.JPG|thumb|left|L'école maternelle]] [[Image:Carabane-School.jpg|thumb|right|Une école primaire de six classes]] Fondée en [[1892]], l'école de Karabane est l'une des premières de la région. Elle accueille d'abord les garçons puis, en [[1898]], trois [[religieuse]]s indigènes appartenant à la congrégation des [[Filles du Saint-Cœur de Marie]] ouvrent dans une case provisoire une école pour les filles, qui compte bientôt une soixantaine d'élèves<ref>Joseph Roger de Benoist, ''op. cit.'', p. 253</ref>. Une description des infrastructures scolaires de la région en [[1900]] révèle que l'école des garçons de Karabane était ouverte de décembre à août de chaque année, et que les vacances couraient de septembre à novembre, par suite de la nécessité où se trouvaient les parents, à cette période, de se rendre avec leurs enfants dans les champs pour la [[culture du riz]]<ref>{{fr}} Commission chargée de préparer la participation du Ministère des colonies à l'Exposition universelle de 1900, ''Le Sénégal : organisation politique, administration, finances, travaux publics'', A. Challamel, 1900, p. 204</ref>. En [[1903]], alors que Karabane a perdu son statut de capitale, puis de résidence administrative cette fois au profit d'[[Oussouye]], l'école accueille encore 63 garçons et 102 filles<ref>{{fr}} Joseph Roger de Benoist, ''op. cit.'', p. 292</ref>. En [[1914]] elle compte, comme [[Bignona]], 56 garçons et 26 filles<ref>{{fr}} Makhtar Diouf, ''op. cit.'', p. 184</ref>. Aujourd'hui la localité est dotée d'une nouvelle école primaire, l'école François Mendy, inaugurée le {{date|21|janvier|2006}} et qui accueille six classes. Le taux d'alphabétisation s'élève à 90% environ<ref name=SEM/>. Les élèves poursuivent leurs études au CEM (Collège d'enseignement moyen) d'[[Elinkine]], voire au lycée Aline Sitoé Diatta d'[[Oussouye]], puis à [[Dakar]] ou [[Ziguinchor]] qui dispose maintenant de sa propre [[université]]. L'école maternelle est hébergée dans une maison communautaire, dite « Maison de la femme et de l'enfant », créée en [[1988]] sous l'égide de [[Caritas]] Ziguinchor. [[Image:Carabane-Santé.JPG|thumb|left|Le poste de santé]] En [[1895]], un arrêté avait déjà créé un poste médical à Karabane<ref>{{fr}} Arrêté médical créant le poste médical de Karabane, 29 décembre 1895 in ''Éléments d'un Code de la Santé publique au Sénégal. Répertoire chronologique 1822-2005'' (Partie 1, 1822-1918), réunis par Charles Becker et René Collignon (et. al.), Dakar, juillet 2001, révisé en août 2005 [http://www.refer.sn/rds/article.php3?id_article=70]</ref>, mais il avait été supprimé dès l'année suivante<ref>{{fr}} Décision n° 6000 supprimant le poste médical de Karabane, 21 juillet 1896, in ''Éléments d'un Code de la Santé publique au Sénégal, op. cit.''</ref>. En [[1898]], les Filles du Saint-Cœur de Marie ouvrent un dispensaire, en même temps que l'école de filles<ref>Joseph Roger de Benoist, ''op. cit.'', p. 253</ref>. Aujourd'hui la localité est dotée d'un poste de santé, rattaché au district d'[[Oussouye]] et à la région médicale de [[Ziguinchor]]. On y assure notamment les [[vaccination]]s, les consultations de [[planning familial]] ou encore les visites prénatales. Elle possède aussi une [[Maternité (hôpital)|maternité]] créée en [[1991]] et ornée d'une fresque de Malang Badji, l'un des artistes les plus connus de la région<ref name=Radio-Canada/>. Le récit personnel, ''Un souffle de vie'', publié en [[2001]]<ref>{{fr}} Thérèse Renaudel-Michot, ''Un souffle de vie'', Association des amis de la mission de Carabane, Rouen, 2001, 77 p. {{ISBN|2-9516274-0-8}}</ref>, et une thèse soutenue en [[2003]], ''La part de l'autre : une aventure humaine en terre Diola''<ref>{{fr}} Frank Petit, ''La part de l'autre : une aventure humaine en terre Diola : à partir d'une expérience humanitaire entre 1994 et 1996, à l'embouchure de la Casamance, Sénégal, sur l'île de Carabane'', Université de Lille, 2003, 239 p.</ref>, rendent compte respectivement des problèmes quotidiens et du contexte général dans lequel s'inscrivent les enjeux sanitaires à Karabane. En particulier, la situation de l'île ne facilite pas l'accès à des soins plus lourds ou plus urgents. La [[pirogue]]-[[ambulance]] financée par le [[Conseil régional]] constitue alors l'ultime recours<ref>{{Lien web|url=http://commons.wikimedia.org/wiki/Image:Carabane-Ambulance.jpg|titre=Photo de la pirogue-ambulance|site=[http://commons.wikimedia.org/ Commons]}}</ref>. == Économie == Les témoignages des explorateurs et des [[administrateurs coloniaux au Sénégal|administrateurs coloniaux]] montrent que Karabane a longtemps vécu de la riziculture, de la pêche et du commerce, sans oublier la récolte du [[vin de palme]], toujours si apprécié<ref>{{fr}} Louis-Vincent Thomas, ''Les Diola. Essai d’analyse fonctionnelle sur une population de basse-Casamance'', IFAN, Université de Dakar, Dakar, 1958, p. 79-90</ref>. L'île a connu le déclin au {{XXe siècle}}, lorsque [[Ziguinchor]] s'est affirmée comme capitale régionale. Puis elle a été affectée par les conséquences économiques du [[conflit en Casamance]] et le drame du ''[[Joola]]''. Désormais la vente de produits locaux dans la capitale nécessite une véritable expédition, d'abord en pirogue puis en taxi-brousse, pour une durée totale comprise entre 9 et 12 heures<ref name=Radio-Canada/>. Aujourd'hui Karabane cherche un nouveau souffle, notamment à travers une relance du tourisme. === Transports et énergie === Pour le colonisateur, la position de Karabane à l'entrée du fleuve constituait un indéniable atout. Aujourd'hui, en termes d'enjeux commerciaux et touristiques, sa situation est le premier de ses handicaps, surtout depuis sa coupure du reste du pays par l'enclave [[gambie]]nne et la suppression de l'escale après le naufrage du ''[[Joola]]''. [[Image:GambieBacs2.jpg|thumb|upright=1.3|Points de traversée de la [[Gambie]] : [[Banjul]] ou [[Farafenni]]]] Faute de liaison maritime directe pour le moment, le voyageur en provenance de Dakar a donc le choix entre plusieurs moyens de transport pour se rendre en Basse-Casamance. Des [[Liste des routes du Sénégal|routes nationales]] permettent de rallier Ziguinchor, en descendant par la N1 jusqu’à [[Kaolack]]. Puis, pour traverser la Gambie – le pays, mais aussi le [[Gambie (fleuve)|fleuve Gambie]] –, il est possible d’emprunter la N4 qui, via [[Nioro du Rip]], mène au bac de [[Farafenni]], ou, plus à l’ouest, la N5 qui franchit le fleuve à [[Banjul]]. Les deux voies se rejoignent à [[Bignona]], avant la descente vers Ziguinchor. Cependant la circulation reste interdite sur la N4 et la N5 entre 19 h et 10 h du matin et, en 2008, le [[Ministère des Affaires étrangères]] français déconseille toujours formellement cet itinéraire, en raison d’incidents sporadiques et d’opérations de [[déminage]] toujours en cours<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs_909/pays_12191/senegal_12357/index.html |titre=« Sénégal. Conseils au voyageurs »|site=[http://www.diplomatie.gouv.fr/ / Ministère des Affaires étrangères]|consulté le=21 juin 2008}}</ref>. Il recommande d’emprunter l’avion pour atterrir à l'[[aéroport de Ziguinchor]] ou à celui de [[Aéroport de Cap Skirring|Cap Skirring]] – mais cette option n'est pas accessible à tous –, ou encore le bateau pour l’une de ces destinations. Il reste cependant à rallier Karabane, comme on l'a vu plus haut<ref>[[:Karabane#Situation|Trajets en pirogue]] pour rallier Karabane</ref>. [[Image:Carabane-Alley.JPG|thumb|left|Éclairage [[énergie solaire|solaire]] pour les larges allées héritées du plan d'origine]] Par bateau, la distance Dakar-Karabane est de 143 [[mille marin|milles marins]]. Celle de Karabane à Ziguinchor est de 30 milles<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.kassoumay.com/joola/Rapport%20Expertise%20France.pdf|titre=Naufrage du transbordeur sénégalais ''Le Joola''. Rapport d'expertise|site=[http://www.kassoumay.com/ Kassoumay]|date=2002|page=63|consulté le=25 juin 2008}}</ref>. Avant le lancement du ''[[Joola]]'', d'autres bateaux, généralement vétustes, se sont succédé : d'abord le ''Cap Skirring'', puis le ''Casamance-Express'' et enfin ''Île de Karabane''<ref>{{fr}} Makhtar Diouf, ''op. cit.'', p. 174-175</ref>. En janvier [[1991]] un [[ferry]] flambant neuf est mis en circulation. Comme ses prédécesseurs, il relie [[Dakar]] à [[Ziguinchor]], s'arrête près de Karabane où des pirogues permettent de rejoindre l'île. De fait c'est quelques heures après cette escale où près de 180 passagers supplémentaires<ref>Ce chiffre ne prend en compte que les passagers s'étant acquittés d'un billet. Les militaires et leurs familles et les enfants notamment bénéficiaient de la gratuité.</ref> avaient embarqué sur un bateau déjà surchargé que le ''Joola'' a sombré le {{date|26|septembre|2002}}<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.kassoumay.com/joola/rapport.pdf|titre=''Commission d'enquête technique sur les causes du naufrage du Joola''|site= [http://www.kassoumay.com/ Kassoumay]|consulté le=8 juin 2008}}</ref>. Pour des raisons de sécurité, le bateau qui lui a succédé, le ''Wilis'', a dû renoncer à cette escale au grand dam des habitants. Les touristes se font plus rares depuis et les habitants doivent parfois prendre le chemin de l'exil vers Dakar ou Ziguinchor<ref>Ces difficultés ont été illustrées par le documentaire ''Un nouveau bateau pour la Casamance'', diffusé dans le cadre de l'émission de télévision française, ''[[Thalassa]]'', le 1{{er}} décembre 2006 [http://www.thalassa.france3.fr/2006/thalassa-emission.php?id_article=1544&id_rubrique=151]</ref>. Des aménagements significatifs seraient nécessaires pour que le ''[[Aline Sitoé Diatta]]'' – qui a remplacé le ''Wilis'' en mars [[2008]] – puisse y faire escale. La construction d'un poste d'accostage est annoncé, mais l'échéance n'est pas connue à ce jour<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.lesoleil.sn/article.php3?id_article=31767|titre=« Liaison maritime Dakar-Ziguinchor : "Aline Sitoé Diatta, c'est le refus de la fatalité", selon le président »|site=[http://www.lesoleil.sn/ Le Soleil]|consulté le=8 juin 2008}}</ref>. Début [[2008]], l'île n'était pas dotée d'un réseau électrique. L'éclairage public a recours à l'[[énergie solaire]]<ref>{{Lien web|url=http://commons.wikimedia.org/wiki/Image:Carabane-Alley.JPG?uselang=fr|titre=Photo d'un lampadaire solaire dans une large allée de Karabane|site=[http://commons.wikimedia.org/ Commons]}}</ref>. Les hôtels et certaines habitations utilisent des [[groupe électrogène|groupes électrogènes]]. Cette pénurie n'est pas dénuée d'avantages : malgré les larges allées prévues dans le plan d'origine, nulle voiture ne trouble la quiétude du lieu. === Agriculture et pêche === ;Riziculture [[Image:Carabane-Rizières.JPG|thumb|left|Damier des [[rizière]]s après la récolte]] En Basse-Casamance, la [[riziculture]] rythme la vie de la population et joue un rôle central, tant sur le plan économique que religieux<ref>{{fr}} Lamine Diédhiou, ''Riz, symboles et développement chez les Diolas de Basse-Casamance'', Les Presses de l'Université Laval, Québec, 2004, 339 p.</ref>. Les Diolas – qui constituent 80 à 90% de la population de Basse Casamance<ref>{{en}} Olga F. Linares, ''Power, prayer and production. The Jola of Casamance, Senegal'', Cambridge University Press, Cambridge, 2007 (1{{ère éd. 1992), p. 5</ref> – sont en effet « les détenteurs d’une authentique civilisation du riz »<ref>{{fr}} ''Atlas du Sénégal'', Éditions du Jaguar, Paris, 2007, p. 121</ref>. Dès la fin du {{XVe siècle}} les premiers [[navigateur]]s [[Portugal|portugais]] ont décrit des techniques élaborées proches de celles d’aujourd’hui, notamment en ce qui concerne l’inondation et le repiquage. Seules les variétés de riz cultivées ont changé. [[Image:Kadiandou.jpg|thumb|upright=0.7|Partie basse d'un ''kayendo'']] L’outil de base reste le ''kayendo''<ref>Aussi appelé ''kajendo'', ''kadiendo'', ''kadiandou''</ref>, une sorte de [[bêche]] ou [[pelle]] en bois de 40 à 70 centimètres environ, cerclée d’une lame en fer forgé très tranchante et emboîtée dans long manche rectiligne et cylindrique<ref>{{fr}} Constant Vandenberghen et Adrien Manga, ''op. cit.'', p. 54-56</ref>. Les deux pièces sont reliées par des lanières arrachées aux feuilles de [[rônier]]. L’ensemble est confectionné dans un bois très dur et mesure de 2 à 2,5 mètres. Le ''kayendo'' est surtout utilisé pour labourer les rizières, mais connaît aussi d’autres usages, comme les travaux de terrassement ou de construction. Le défrichage et les labours sont assurés par les hommes, tandis que les femmes sèment, repiquent les plants, procèdent au désherbage, puis récoltent le riz entre octobre et janvier. [[Image:Carabane-Digue.jpg|thumb|left|Petite [[digue]] près du cimetière]] Le damier régulier des parcelles modèle le paysage, verdoyant pendant la saison des pluies, plus austère après la récolte. Il existe différents types de rizières, notamment en fonction des sols et de leur situation<ref>{{fr}} Constant Vandenberghen et Adrien Manga, ''op. cit.'', p. 56-75</ref>. Lorsque la [[mangrove]] est très présente, comme à Karabane, les rizières qui occupent ces espaces doivent être protégées de l’eau salée des bolongs, qui débordent lors des grandes marées. Il faut donc construire des [[digue]]s, creuser des fossés et aménager des bassins. Les [[poisson]]s et les [[crevette]]s qui s’y développent seront pêchés à la fin de l’hivernage, au moment du vidage des bassins. Les parcelles ainsi mises à l’abri des inondations sont défrichées et labourées. Des systèmes de drainage et plusieurs années de patience seront nécessaires pour que la mise en culture du sol, enfin dessalé, puisse être envisagée. Pratiquée en Basse-Casamance depuis des siècles, la riziculture a connu des difficultés dès la fin des [[années 1960]]. Productivité et production de riz ont décliné en raison des départs de travailleurs vers la ville, même s’ils continuent de soutenir leur communauté<ref>{{fr}} Vincent Foucher, « Les "évolués", la migration, l’école : pour une nouvelle interprétation de la naissance du nationalisme casamançais », dans Momar-Coumba Diop, ''Le Sénégal contemporain'', Karthala, Paris, 2002, p. 389-390</ref>, puis la sécheresse des [[années 1970]] a encore aggravé la situation. D’autres cultures sont pratiquées à Karabane, telles que le [[mil]] ou les cultures maraîchères, auxquelles s’ajoutent de petits élevages d’animaux de basse-cour ou de [[porc]]s, généralement laissés en liberté, et dont la présence s’explique par la présence de longue date d'une forte communauté [[chrétienne]]. ;Huile de palme et vin de palme [[Image:Elaeis guineensis MS 4765.JPG|thumb|Fruits de [[palmier à huile d'Afrique|palmier]] en grappes]] [[Image:Mlomp-MuséeDiola10.JPG|thumb|Équipement pour la récolte du [[vin de palme]]]] Parmi les activités agricoles complémentaires, pratiquées pendant la [[saison sèche]] qui suspend les travaux dans les rizières, les plus traditionnelles sont celles liées à l’exploitation du [[palmier à huile d'Afrique|palmier à huile]] (''Elaeis guineensis'') qui fournit deux produits très appréciés dans la région, l’[[huile]] et le [[vin]]<ref>{{fr}} Paolo Palmeri, ''op. cit.'', p. 178-179</ref>. L’[[huile de palme]] est un ingrédient essentiel de la cuisine locale. Condiment conservé avec soin, elle relève le riz ordinaire les jours de fête. Elle provient des fruits qui se présentent sous forme de grappes cueillies à maturité par les hommes, puis égrenées, mises à sécher, pilées dans un mortier et bouillies par les femmes. Le [[vin de palme]], connu sous le nom de ''bunuk'' (ou bounouk) en [[diola]], est une [[boisson alcoolisée]], mais pas un [[vin]] ''stricto sensu'', puisqu’il n’est pas issu de la [[vigne]], mais de la fermentation naturelle de la [[sève]] de palmier. L'[[islam]]isation tardive et partielle de la région n'a pas remis en cause sa consommation. La collecte du ''bunuk'' est pratiquée exclusivement par les hommes. Retenu par une sangle, le récolteur grimpe jusqu’à la cime de l’arbre, coupe le bourgeon et y fixe une sorte d’entonnoir qui permet au liquide de couler goutte à goutte dans une [[calebasse]] de forme allongée ou, de nos, jours, dans une bouteille. La teneur en [[Éthanol|alcool]] du vin de palme évolue au cours de la journée. On le consomme en grandes quantités au quotidien, mais aussi lors de banquets ou de cérémonies dédiées aux [[fétiche]]s. Il peut aussi être échangé contre du riz ou vendu en ville. Nombre de proverbes [[diola (peuple)|diolas]]<ref>{{fr}} Nazaire Diatta, ''op. cit.'', p. 396-398</ref> attestent de la grande popularité de cette boisson, par exemple ''« Bunuk abajut birto »'' (Avec le vin de palme, on ne se lève pas) ou ''« Ulako, kumusaet jígabulaju »'' (Assieds-toi, ne fais pas tarir le palmier). ;Ressources halieutiques La proximité du fleuve et de l’océan suggère une place privilégiée de la pêche et des activités connexes. Pourtant les populations autochtones, fondamentalement terriennes, se sont longtemps contenté de subvenir à leurs besoins quotidiens en pratiquant une pêche artisanale, fortement déterminée par le calendrier rizicole, souvent pratiquée avec des [[pirogue]]s légères taillées dans le tronc d'un [[fromager]] et à l’aide de [[nasse]]s, de filets, de paniers ou de palissades. Au début du {{XXe siècle}} des pêcheurs expérimentés venus d’autres régions du Sénégal, mais aussi du [[Mali]], de la [[Guinée]] et du [[Ghana]]<ref>{{fr}} Marie-Christine Cormier-Salem, « De la pêche paysanne à la pêche en mer : les Diola de la Basse Casamance (Sénégal) », ''La Pêche Maritime'', juillet-août 1985, p.448-454 [http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_5/b_fdi_30-30/31711.pdf] </ref>ont développé la pêche en haute mer et introduit de nouveaux engins. [[Image:Carabane-Oysters.JPG|thumb|left|[[Huîtres]] de [[palétuvier]]s]] La cueillette de fruits de mer, notamment d’[[huître]]s, est une autre activité ancestrale toujours pratiquée<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_4/sci_hum/30749.pdf|titre=« Une pratique revalorisée dans un système de production en crise : la cueillette des huîtres par les femmes diola de Basse-Casamance »|site=[http://horizon.documentation.ird.fr/ IRD]|auteur=Marie-Christine Cormier-Salem|série=Cahiers des Sciences humaines|date=n° 25, 1989|page=91-107|consulté le=26 juin 2008}}</ref> en Casamance, qui est l’une des trois régions productrices d’huîtres du Sénégal, avec la [[Petite-Côte (Sénégal)|Petite-Côte]] et le [[Sine-Saloum]]. Les huîtres se développent sur les racines des [[palétuvier]]s découvertes à marée basse. Elles sont cueillies pendant la saison sèche, principalement par les femmes, qui contrôlent, de la récolte à la distribution, une activité qui ne nécessite guère d’investissement en dehors des déplacements et qui leur assure une certaine autonomie financière. Les huîtres occupent une place importante dans la consommation familiale. Riches en [[oligo-éléments]] et en [[vitamine C]], elles sont, chez les [[Diola (peuple)|Diolas]], la deuxième source de [[protéine]]s animales après le poisson, devançant le [[poulet]] et le [[porc]]. Elles sont volontiers associées au [[riz]], base de l’alimentation traditionnelle, voire le remplacent, en cas de pénurie. Localement on les consomme bouillies ou grillées au feu de bois, accompagnées d’une sauce relevée. Lorsqu’elles ont été décortiquées et séchées au soleil ou fumées, elles sont vendues dans la région ou conservées, éventuellement durant quelques mois. Dans certains villages – dont Karabane – elles sont parfois gardées vivantes, pendant plusieurs semaines, avant d’être transportées sur les marchés<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.ideecasamance.org/erez.htm|titre=''Exploitation durable des ressources estuariennes de la région de Ziguinchor''|site=[http://www.ideecasamance.org/ Idée Casamance]|consulté le=26 juin 2008}}</ref>. Outre leurs qualités nutritives, les huîtres constituent aussi une source de revenus appréciable. Karabane se trouvant au centre de la zone de cueillette, c’est l’une des raisons pour lesquelles cette escale revêt une importance stratégique. Autrefois les huîtres étaient écoulées plus facilement, jusqu’à Dakar, au sein de la communauté diola qui y vit. Elles sont vendues par les cueilleuses elles-mêmes ou par les marchandes ambulantes, que l'on appelle ''bana-bana''. Les [[crustacé]]s de la [[mangrove]] ([[crabe violoniste|crabes violonistes]], [[crevette]]s) occupent également une place significative dans l’économie locale. Alors que l'espace sénégambien abrite un grand nombre d'espèces de crevettes, en Casamance seule la famille des ''[[Penaeidae]]'' est présente<ref name="Da Costa">{{fr}} {{Lien web|url=http://www.ideecasamance.org/dacosta.doc|titre=''Rapport de stage sur la crevette casamançaise''|site=[http://www.ideecasamance.org/ Idée Casamance]|auteur=Richard Da Costa|date=2005|consulté le =26 juin 2008}}</ref>. On capture surtout des ''[[Farfantepenaeus|Farfantepenaeus notialis]]''. Elles sont pêchées ou piégées de façon assez artisanale par les hommes, les femmes ou les enfants. Traditionnelle, cette pêche crevettière s'est développée dans les [[années 1960]], suite à l’implantation d’unités industrielles européennes. Des pêcheurs locaux se sont reconvertis, d’autres sont arrivés. Cependant une étude<ref name="Da Costa"/> de [[2005]] met en évidence la dégradation généralisée de la ressource crevettière dans la région, liée à de multiples facteurs tels que la baisse de la [[pluviométrie]], la sursalinisation de l'estuaire et une recherche du gain mal maîtrisée. À la dégradation de la mangrove se sont ajoutés les troubles dans la région et une règlementation inadaptée, puis la fermeture en [[2003]] d'un important complexe industriel à [[Ziguinchor]], qui employait plus de {{formatnum:2000}} personnes. Groupées en coopératives ou en associations<ref>{{en}} Exemple d'association gérée par des femmes : {{Lien web|url=http://www.kiva.org/app.php?page=businesses&action=about&id=29405|titre=Ujamoral Kafakh Group|site=[http://www.kiva.org/ Kiva]|consulté le=8 juin 2008}}</ref>, les femmes jouent un rôle de premier plan dans l'économie insulaire. Notamment grâce aux [[micro-crédit]]s, elles pratiquent des activités dérivées de la [[pêche]] telles que le fumage du poisson, la transformation de [[crevette]]s, d'[[huître]]s et de coquillages. Comme il n'y a pas d'activité industrielle sur l'île – les plus proches se trouvent à Ziguinchor –, celle-ci doit aussi lutter contre l'[[exode rural|exode]] des jeunes, de moins en moins tentés par la vie rurale<ref>{{fr}} Marie-Christine Cormier, « Les jeunes Diola face à l’exode rural », ''Cahiers de l’ORSTOM'', série Sciences Humaines, vol. XXI, n° 2-3, 1985, p. 267-273</ref>, qui partent pendant la saison sèche, reviennent pendant l’hivernage pour aider leurs parents aux travaux des rizières et préparer les cérémonies religieuses, mais tendent à s’installer définitivement dans leur nouveau cadre de vie. {{Clr}} === Quel tourisme ? === [[Image:Carabane-Kitesurf.jpg|thumb|upright=0.8|[[Kitesurf]] à Karabane]] Pays jeune, pionnier en [[Afrique de l'Ouest]], la [[République du Sénégal]] a très tôt misé sur le [[tourisme au Sénégal|tourisme]] et, après des débuts prometteurs, l'a inscrit dans les objectifs prioritaires de son 4{{e}} Plan économique et social ([[1973]]-[[1977]])<ref>{{fr}} Muriel Scibilia, ''op. cit.'', p. 17</ref>. La Casamance devient alors la principale destination touristique du pays et, déjà décrite au {{XIXe siècle}} par le capitaine [[Henri François Brosselard-Faidherbe|Brosselard-Faidherbe]] comme une sorte de « [[Brésil]] africain »<ref>{{fr}} Henri François Brosselard-Faidherbe, ''op. cit.'', p. 11</ref>, Karabane semble bien placée pour attirer les visiteurs en mal d'[[exotisme]], amateurs de plages de sable et de [[kitesurf]]<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://dakite.ausenegal.com/articles.php?lng=fr&pg=166 |titre=Casamance - Karabane|site=[http://dakite.ausenegal.com/ DaKite (Dakar Kitesurfing)]|consulté le=26 juin 2008}}</ref>. Pourtant une polémique nationale, voire internationale, oppose bientôt ceux qui envisagent le tourisme comme une véritable [[panacée]] pour sortir le pays du [[sous-développement]] et ceux qui y voient la forme déguisée d'un nouveau [[colonialisme]]<ref>{{fr}} Marguerite Schelechten, ''Tourisme balnéaire ou tourisme rural intégré ? deux modèles de développement sénégalais'', Éditions universitaires, 1988, 442 p. {{ISBN|2827103931}}</ref>. L'idée d'un tourisme alternatif apparaît alors et plusieurs localités de la Basse-Casamance, dont Karabane, sont choisies pour accueillir les premières expériences d'un [[tourisme rural]] intégré s'appuyant sur des campements gérés par les villageois eux-mêmes. Au début des [[années 1970]], leur promoteur Christian Saglio – un jeune sociologue français qui dirigera plus tard le [[Institut français Léopold Sédar Senghor|Centre culturel français]] de [[Dakar]] – ne doute pas du potentiel de Karabane :{{début citation}}Je voulais faire de cette île une sorte de [[Gorée]] de la Casamance, qui aurait servi de plaque tournante pour les autres campements. On aurait pu aller d'île en île en voilier ou en pirogue. On aurait restauré les vieilles bâtisses à l'ancienne et les [[lit à baldaquin|lits à baldaquin]] [...]. D'un côté il y aurait eu l'[[ethnographie]] traditionnelle avec les cases d'[[argile]], de l'autre Carabane restaurée comme autrefois<ref>{{fr}} Muriel Scibilia, ''op. cit.'', p. 41</ref>.{{fin citation}} [[Image:Carabane-Hôtel.JPG|thumb|left|Extension de l'ancienne mission transformée en hôtel]] Il sera pourtant déçu, car les négociations sur le terrain, notamment avec le [[clergé]] local, n'aboutissent pas. La maison coloniale de la [[mission (christianisme)|mission catholique]] est transformée par les religieuses elles-mêmes en un hôtel moderne et fonctionnel, mais dépourvu de romantisme, et le projet est abandonné : les campements prévus seront installés au cours de la décennie dans une dizaine d'autres localités proches<ref>Les campements ont finalement été implantés à [[Elinkine]], [[Enampore]], [[Baïla]], [[Thionck-Essyl]], [[Coubalan|Koubalan]], [[Affiniam]], [[Abéné]], [[Oussouye]] et [[Palmarin]] (Muriel Scibilia, ''op. cit.'', p. 160-161)</ref>. Comment expliquer ce rendez-vous manqué ? Avec [[Niomoune]], Karabane faisait partie des deux premières tentatives dans le cadre de cette démarche innovante. Elles se sont soldées toutes les deux par un échec. Les populations étaient réticentes et le jeune promoteur, encore inexpérimenté, dut « abandonner en partie ses théories ethnographiques, ses convictions occidentales en se mettant attentivement à l'écoute des réalités quotidiennes des villages »<ref>{{fr}} Muriel Scibilia, ''op. cit.'', p. 35</ref>. Puis les troubles dans la région, liés aux revendications indépendantistes d'une partie de la population, détournent les voyageurs de cette destination. La signature du [[cessez-le-feu]] en [[2004]] facilite la reprise des activités, qui ne sont pas pour autant revenues à leur niveau antérieur<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.jeuneafrique.com/jeune_afrique/article_depeche.asp?art_cle=AFP22738encasrelloc0|titre=« En Casamance, le tourisme a repris, mais peine à décoller »|site=[http://www.jeuneafrique.com/ Jeune Afrique]|consulté le=8 juin 2008}}</ref>. De leur côté les voyagistes continuent de présenter l'île comme un « paradis perdu au cœur de la [[mangrove]] », « dont les voyageurs en quête d'authenticité et de dépaysement rêvent de fouler le sol »<ref>{{fr}} ''Teranga'' (le magazine d'[[Air Sénégal International]]), novembre-décembre 2007, p. 16-25</ref>, mais le tourisme de découverte a conquis une certaine place aux côtés de ce traditionnel [[tourisme balnéaire]]. C'est ainsi que les visiteurs – venus de [[France]], mais aussi d'[[Espagne]] ou d'[[Italie]] – combinent volontiers la découverte des cases à ''[[impluvium]]'' d'[[Enampore]] ou celles à étages de [[Mlomp]] avec quelques jours de ''[[farniente]]'' à Karabane. Les amateurs de pêche, sous toutes ses formes, y trouvent également leur compte. Le long de la plage de modestes échoppes proposent objets d'artisanat et vêtements traditionnels<ref name=Radio-Canada/>, une offre discrète sans commune mesure avec le déploiement commercial de [[Cap Skirring]] ou [[Saly]]. Malang Badji, à la fois peintre, potier, sculpteur et poète, n'a pas négligé de créer aussi son propre campement. Dans l'intervalle, désormais sensibilisée à l'intérêt d'une démarche [[holisme|holistique]] et [[solidarité|solidaire]], Karabane a adhéré au réseau des [[écovillage]]s du Sénégal, connu sous le nom de GENSEN (''Global Ecovillage Network Senegal'')<ref>{{en}} {{Lien web|url=http://www.gensenegal.org/ecovillages.htm|titre=« What is an ecovillage ? »|site=[http://www.gensenegal.org/ GENSEN]|consulté le=8 juin 2008}}</ref>. === Les ressources du patrimoine === [[Image:Carabane-Church3.JPG|thumb|right|upright=0.75|Intérieur de l'église]] [[Image:Carabane-Cemetery1.jpg|thumb|left|La tombe du capitaine Protet, enterré debout]] [[Image:Carabane-Cemetery2.jpg|thumb|left|La plaque de la tombe (décès en [[1836]])]] [[Image:Carabane-Comptoir2.JPG|thumb|left|Vestiges de l'ancien comptoir colonial en [[2008]]]] Témoins de son passé colonial, on trouve à Karabane de nombreux vestiges historiques comme ceux de la mission catholique construite en [[1880]] et transformée depuis en hôtel, une imposante [[église (édifice)|église]] de style [[Bretagne|breton]] aujourd'hui privée de clocher et désaffectée, l'ancienne esclaverie ou encore le cimetière français où le capitaine Protet, frappé d'une flèche empoisonnée, fut enterré debout face à la mer selon ses dernières volontés. Il ne s'agit pas d'[[Auguste-Léopold Protet]] – le fondateur de la ville de Dakar – comme le suggèrent certains guides et sites touristiques<ref>{{fr}} Deux exemples : ''Teranga'', ''loc. cit.'', p. 23 ou ''La Casamance ouvre ses cases, op. cit.'', p. 40</ref>, mais d'Aristide Protet, capitaine de l'Infanterie de Marine décédé en [[1836]], comme en témoigne la plaque apposée sur sa tombe, soit plus de vingt ans avant la fondation de la ville. On peut également apercevoir près de la plage des restes de bâtiments, les vestiges de pontons ou d'un puits, un gros arbre prisonnier de ruines ainsi qu'une immense pièce métallique portant l'inscription ''CEO Forrester & Co. Vauxhall Foundry. 18 Liverpool S3''<ref name=CarabaneEsclaves>{{fr}} {{Lien web|url=http://afp.google.com/article/ALeqM5g7q5V44jgzjw2bDQ_bsiAA6exqyA|titre=Le Sénégal en quête du passage d'esclaves sur l'île de Karabane|site=[http://afp.google.com/ AFP]|date=23 août 2007|consulté le=26 juin 2008}}</ref>. Au [[Sénégal]], le centre de Karabane a été classé sur la liste des sites et monuments historiques en [[2003]]<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.culture.gouv.sn/article.php3?id_article=137|titre=Arrêté du 27 mars 2003|site=[http://www.culture.gouv.sn/ Ministère de la Culture (Sénégal)]|consulté le=8 juin 2008}}</ref>. Un dossier de candidature pour l'inscription de Karabane sur la [[Liste du patrimoine mondial]] a été déposé auprès de l'[[UNESCO]] le {{date|18|novembre|2005}}<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://whc.unesco.org/fr/listesindicatives/2075/|titre=Candidature à l'inscription sur la liste du patrimoine mondial|site=[http://whc.unesco.org/fr/ UNESCO]|consulté le=8 juin 2008}}</ref>. Enfin, inspirée par l'exemple de [[Gorée]], Karabane voudrait à son tour rendre hommage aux victimes de l'[[esclavage]] et certains projettent un petit musée<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://museecarabane.com/wiki/index.php?title=Main_Page-fr|titre=« Carabane, plaque tournante de l'esclavage (l'histoire ne ment pas) »|site= [http://museecarabane.com/ Musée Carabane]|consulté le=8 juin 2008}}</ref> doté, comme la [[Maison des Esclaves]], d'une « porte sans retour »<ref name=CarabaneEsclaves/>. Cependant, les recherches en cours ne permettent pas encore d'établir avec certitude le rôle joué par Karabane dans la [[traite négrière]]. Comme [[Gorée]] ou [[Saint-Louis (Sénégal)|Saint-Louis]], Karabane fonde beaucoup d'espoirs sur son patrimoine – qui a grand besoin d'être restauré avant que les derniers vestiges ne disparaissent. La question soulevée par l'anthropologue français [[Louis-Vincent Thomas]] en [[1964]], « Faut-il sauver Karabane ? »<ref>{{fr}} [[Louis-Vincent Thomas]], « Faut-il sauver Karabane ? », dans ''Notes africaines'', n° 102, avril 1964, p. 13-46</ref>, reste d'actualité. Les populations locales se font plus précises (« Qui pour sauver Diogué-Nikine-Carabane ? »<ref name="catastrophe"/>), et parfois plus pressantes : « Après la paix, ne soyez pas les derniers voyageurs à revenir en Casamance »<ref name=Duigou/>. <br clear="left"> == Jumelage == {{jumelage|Bon-Encontre|France|France|année=1998}} == Notes et références == {{Références|colonnes=2}} == Voir aussi == === Articles connexes === * [[Histoire du Sénégal]] * [[Géographie du Sénégal]] * [[Liste des îles du Sénégal]] ===Cartographie ancienne=== *{{fr}} ''Entrée de la Casamance et mouillage de Carabane'', carte marine dressée par l'amiral Vallon en 1862, corrigée en 1869 et éditée en 1871 *{{en}} ''Africa. West Coast. Senegal. Entrance to the River Kasamanze (Karabane Anchorage)'', carte dressée en 1909 et éditée en 1921 === Bibliographie === {{plume}} Sources principales de l'article *{{en}} {{Ouvrage|titre=A Cultural, Economic and Religious History of the Basse Casamance since 1500|auteur=Mark Peter|éditeur=Franz Steiner Verlag|lieu=Wiesbaden|année=1985|pages=136}} *{{fr}} {{Ouvrage|titre=Histoire de l'église catholique au Sénégal du milieu du XV{{e}} siècle à l'aube du troisième millénaire|auteur=[[Joseph Roger de Benoist]] (père)|éditeur=Karthala|lieu=Paris|année=2008|pages=581|isbn=2845868855}} {{plume}} *{{fr}} {{Périodique|titre=Carabane et Sedhiou. Des ressources que présentent dans leur état actuel les comptoirs français établis sur les bords de la Casamance|auteur=[[Emmanuel Bertrand-Bocandé]]|revue=Revue coloniale|vol=XVI|date=juillet-décembre 1856|pages=398-421}} (texte intégral sur [[Gallica]] [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k345138/f397.table]) {{plume}} *{{fr}} {{Ouvrage|titre=Casamance et Mellacorée. Pénétration au Soudan|auteur=[[Henri François Brosselard-Faidherbe]]|éditeur=Librairie illustrée|lieu=Paris|année=1892|pages=106}} {{plume}} *{{fr}} {{Ouvrage|titre=Les Français en Casamance, de 1826 à 1854|auteur=Jacques Foulquier|éditeur=|lieu=Dakar, Université de Dakar|année=1966|pages=130}} *{{fr}} {{Ouvrage|titre=La part de l'autre : une aventure humaine en terre Diola : à partir d'une expérience humanitaire entre 1994 et 1996, à l'embouchure de la Casamance, Sénégal, sur l'île de Carabane|auteur=Frank Petit|éditeur=|lieu=Université de Lille|année=2003|pages=239}} *{{fr}} {{Ouvrage|titre=Histoire de la Casamance : Conquête et résistance 1850-1920|auteur=Christian Roche|éditeur=Karthala|lieu=Université de Paris I|année=2000|pages=408|isbn=2865371255}} {{plume}} *{{fr}} {{Périodique|titre=Les secrets de Karabane|auteur=Mathieu Ropitault|revue=Teranga|date=novembre-décembre 2007|pages=16-25}} {{plume}} *{{fr}} {{Ouvrage|titre=Le Sénégal sous le second Empire. Naissance d'un empire colonial (1850-1871)|auteur=Yves-Jean Saint-Martin|éditeur=Karthala|lieu=Paris|année=1989|pages=671|isbn=2865372014}} {{plume}} *{{fr}} {{Ouvrage|titre=La Casamance ouvre ses cases. Tourisme au Sénégal|auteur=Muriel Scibilia|éditeur=L'Harmattan|lieu=Paris|année=1986|pages=174|isbn=2858026769}} {{plume}} *{{fr}} {{Ouvrage|titre=Les Diola. Essai d’analyse fonctionnelle sur une population de basse-Casamance|auteur=[[Louis-Vincent Thomas]]|éditeur=IFAN-Université de Dakar|lieu=Dakar|année=1958|pages=821}} *{{fr}} {{Périodique|titre=Faut-il sauver Karabane ?|auteur=Louis-Vincent Thomas|revue=Notes africaines|no=102|date=avril 1964|pages=13-46}} *{{fr}} {{Périodique|titre=Mouvements de population et dépendance sociologique en Basse-Casamance (Région de Karabane)|auteur=Louis-Vincent Thomas|revue=Notes africaines|no=106|date=avril 1965|pages=42-47}} *{{fr}} {{Périodique|titre=Nouvel exemple d'oralité négro-africaine. Récits Narang-Djiragon, Diola-Karaban et Dyiwat (basse-Casamance)|auteur=Louis-Vincent Thomas|revue=Bulletin de l'IFAN|no=1|date=janvier 1970|pages=230-309}} ===Filmographie=== *{{fr}} ''Casamance : l'autre Sénégal'', film documentaire de Virginie Berda, 2006 *{{fr}} ''Un nouveau bateau pour la Casamance'', reportage d'Anne Gouraud et Olivier Bonnet produit par [[France 3]] pour l'émission de télévision [[Thalassa]], 2006 === Liens externes === {{Commons|Category:Carabane|Karabane}} *{{en}} {{Lien web |url= http://www.fallingrain.com/world/SG/12/Karabane.html |titre=Localisation et liaisons aériennes |site=[http://www.fallingrain.com/ Fallingrain] |consulté le=7 juin 2008 }} *{{fr}} {{Lien web |url= http://www.pepam.gouv.sn/acces.php?idloc=02211018 |titre=Population et services d'assainissement |site=[http://www.pepam.gouv.sn/ PEPAM] |consulté le=7 juin 2008 }} *{{fr}} {{Lien web |url= http://sem-fund.com/carabanefr.php |titre=Activités économiques et financement de projets |site=[http://sem-fund.com/ SEM] |consulté le=7 juin 2008 }} *{{fr}} {{Lien web |url= http://whc.unesco.org/fr/listesindicatives/2075 |titre=Candidature à l'inscription sur la liste du patrimoine mondial |site=[http://whc.unesco.org/ UNESCO] |consulté le=7 juin 2008 }} *{{fr}} {{Lien web |url=http://www.kassoumay.com/carabane/photos-carabane.html |titre=Photos de Carabane et des bolongs |site=[http://www.kassoumay.com/ Kassoumay] |consulté le=7 juin 2008 }} {{Article de qualité|oldid=31270164|date=5 juillet 2008}} {{Portail|Sénégal|maritime}} [[Catégorie:Île du Sénégal]] [[Catégorie:Île fluviale]] [[Catégorie:Village du Sénégal]] [[Catégorie:Région de Ziguinchor]] [[pl:Carabane]]