Kourou 14225 30594123 2008-06-13T02:33:26Z Arria Belli 31590 Révocation des modifications de [[Special:Contributions/Leonore valdez|Leonore valdez]] (retour à la dernière version de [[User:Deep silence|Deep silence]]) {{autre|le fleuve|Kourou (fleuve)}} {{Voir homophones|Courroux|Kuru}} {{Géo/Fr-Commune | nomcommune = <font size="5">'''Kourou'''</font><br/><br/> | images = | région = [[Guyane]] | département = [[Guyane]] | arrondissement = [[Arrondissement de Cayenne]] | canton = [[Canton de Kourou]] | insee = 97304 | cp = 97310 | maire = Jean-Étienne Antoinette (conseiller régional) | mandat = [[2008]]-[[2014]] | intercomm = aucune | latitude = 5.15972222222 | longitude = -52.6502777778 | décimal = oui | alt moy = 2 | alt mini = 0 | alt maxi = 141 | hectares = {{formatnum:216000}} | km² = {{formatnum:2160}} | sans = {{formatnum:19170}} | date-sans = [[1999]] | dens = 8,8 | nomhab = | siteweb = | imagesfin = [[Image:Kourou.svg|center|242px]] }} '''Kourou''' est une [[Commune française|commune]] [[France|française]], située dans le [[Régions d'outre-mer|département]] de [[Guyane]]. Avec {{formatnum:19170}} habitants, Kourou est la deuxième ville la plus peuplée de ce [[département d’outre-mer]] (DOM) derrière [[Cayenne]]. Ses habitants sont appelés les Kourouciens et les Kourouciennes. Autrefois connue pour son [[Bagne de la Guyane française|bagne]], elle est aujourd’hui surtout réputée pour abriter le [[Centre spatial guyanais]] (CSG), locomotive économique de toute la Guyane. == Géographie == Commune située au nord-est de l’[[Amérique du Sud]], sur le littoral guyanais, Kourou est localisée à l’embouchure de son [[Kourou (fleuve)|fleuve éponyme]]. Derrière la ville se trouvent quatre monts : la Carapa, le Pariacabo, la montagne Café et la montagne Lombard. Elle est parsemée de trois lacs : le Bois Diable, le Marie-Claire, et le Bois Chaudat<ref>La médiathèque de la ville se situe sur la côte sud du lac Bois Chaudat.</ref>. Les environs sont un mélange de [[savane]] sèche et inondée (cette dernière appelée ''pripri''), ainsi que de [[forêt tropicale]]<ref>[http://www.kourou.info Présentation de la ville] sur le site de la mairie</ref>{{,}}<ref name="vase">Cécile Richard-Hansen et Roger Le Guen ; chapitre {{guil|Des sédiments de l’Amazone aux bancs de vase de Guyane}} dans ''Guyane, ou le voyage écologique'' ; Éditions Roger Le Guen, II{{e}} édition, août 2002, {{ISBN|295143961X}}</ref>. Elle est localisée à 60 km au nord-ouest de la préfecture du département, [[Cayenne]]. <div class="noprint"> {{Images |largeur=300 |align=right |titre=Géographie |Image:Kourou city map-fr.svg|Plan de la commune |Image:Kourou beach.jpg|Plage en regardant au nord depuis les rochers |Image:Kourou bois chaudat après pluie.jpg|Le lac Bois Chaudat et son pré inondé après une forte pluie |Image:Kourou fleuve rives vase.jpg|Vasière et début de mangrove sur le fleuve près de la Pointe des Roches |Image:Kourou river black birds boats.jpg|Le fleuve vu depuis le port |Image:Kourou savane après pluie.jpg|La savane environnante, ici derrière le mont Carapa }} </div> De longues plages de sable bordent la côte [[Océan Atlantique|Atlantique]] ; elles sont délimitées au nord par des [[mangrove]]s et au sud par le [[Kourou (fleuve)|fleuve Kourou]]. Ces plages ne sont pas orientées nord-ouest comme sur le reste du littoral (à l’exception de celle à l’embouchure du [[Mahury]]) à cause des rochers de la Pointe des Roches. Le reste de la côte, comme ailleurs en [[Amazonie]], voit un apport constant de sédiments dû aux nombreux fleuves amazoniens (dont les eaux sont d’ailleurs brunes pour cette même raison), surtout de l’[[Amazone (fleuve)|Amazone]] lui-même. Les sédiments s’accumulent sur la côte, formant de longues étendues de [[vase (mer)|vase]] qui sont colonisées par les [[palétuvier]]s, formant des mangroves ; les étendues de vase et les mangroves reculent et avancent selon les orages de la saison des pluies, les [[marée]]s, les [[houle]]s, et les nouveaux apports de sédiments. La configuration de la côte change donc d’année en année<ref name="vase"/>. Kourou est située dans une zone sismique d’intensité faible ; des [[Tremblement de terre|tremblements de terre]] peuvent survenir dans le nord-est de l’Amérique du Sud et dans les Guyanes causés par les contacts entre les [[Plaque tectonique|plaques tectoniques]] [[Plaque sud-américaine|sud-américaine]] et [[Plaque caraïbe|caraïbe]]. Une secousse d’une [[magnitude d'un séisme|magnitude]] de 5,2 a été ressentie le 8 juin 2006<ref>[http://www.blada.com/jodlas/1122-Une_secousse_sismique_en_Guyane.htm Article sur Blada parlant de la secousse]</ref>. [[Image:Kourou beach islands salut.jpg|thumb|left|250px|Les [[îles du Salut]] au large]] Kourou, possédant le port le plus proche, est le point de départ des excursions aux [[îles du Salut]], situées à trois kilomètres de la côte. == Climat == Le [[climat]] de Kourou est [[Climat équatorial|équatorial]] humide avec alternance de saisons sèches et humides : la petite saison des pluies de la mi-décembre à mars, la petite saison sèche en mars, la grande saison des pluies de la fin mars à juillet, et la grande saison sèche de juillet à la mi-décembre. La pluviométrie annuelle moyenne est de {{formatnum:3000}} mm, et l’insolation peut atteindre les {{formatnum:2200}} heures annuelles, voire plus<ref name="MétéoFrance">[http://www.meteo.fr/temps/domtom/antilles/pack-public/meteoPLUS/climat/clim_guy.htm Météo France Antilles-Guyane : Le climat de Guyane]</ref>. L’année 2003 fut très sèche en Guyane et en Amazonie en général ; la saison des pluies fut déficiente<ref>[http://www.meteofrance.com/FR/actus/dossier/archives/secheresse_guyane/dos.htm Sécheresse en Guyane, article de février 2003]</ref> mais les années postérieures virent une pluviométrie dans la moyenne, diminuant les effets de la sécheresse. La [[température]] moyenne est de 26°C (avec un minimum d’environ 18° et un maximum de 36°, voire plus durant la saison sèche). L’[[Humidité absolue|humidité]] moyenne oscille entre 80 et 90 % ; elle varie de 75 à 98 % pendant la saison des pluies. Pendant la saison sèche elle est d’environ 50 % en début d’après-midi et de 100 % tôt le matin vers 6 h<ref name="MétéoFrance"/>. Il n’y a aucun risque qu’un [[Cyclone tropical|ouragan]] touche la côte guyanaise<ref name="MétéoFrance"/>{{,}}<ref name="CNES Familles">{{pdf}} [http://www.cnes.fr/automne_modules_files/csg_pub/articles/r46_vivre-en-guyane.pdf Vivre en Guyane : Guide du CNES]</ref>. Les vents n’y sont pas violents, comme ailleurs en Guyane. La vitesse maximale jamais enregistrée par la station météo du CSG depuis son installation en 1968<ref>[http://cg.ensmp.fr/Guyane/Comptes_rendus/csg.htm Le CSG : La station météo]</ref> est de 83 km/h (soit 23 m/s)<ref name="CNES Familles"/>. Les [[alizé]]s y sont fréquents, diminuant la présence des [[moustique]]s omniprésents dans l’intérieur du département<ref name="MétéoFrance"/>. == Faune et flore == <div class="noprint"> {{Images |largeur=300 |titre=Faune et flore |Image:Fleurs violettes kourou zoom.jpg|Fleurs violettes de ''[[Petrea]]'' sp. |Image:Caiman yacare.jpg|[[Caïman (animal)|Caïman]] |Image:Lézard jeune kourou.jpg|[[Iguane]] juvénile |Image:Cactus tronc kourou.jpg|''[[Euphorbia lactea]]'' à la Pointe des Roches |Image:Manatee photo.jpg|[[Lamantin]] |Image:Vine on palm branch.jpg|Liane sur une branche de palmier |Image:Bixa orellana fruit roucou kourou 2.jpg|''[[Bixa orellana]]'', plus communément appelée [[roucou]] |Image:Morpho achilles kourou top.jpg|''[[Morpho achilles]]'' |Image:Kourou crab beach.jpg|[[Crabe]] (''[[Ocypodidae]]'') sur la plage |Image:Eudocimus albus.jpg|[[Ibis blanc]] |Image:Kourou bird rapace fleuve.jpg|Oiseau rapace à l’embouchure du Kourou |Image:Armadillo.jpg|[[Tatou à neuf bandes]] |Image:Kourou river birds black.jpg|''[[Coragyps atratus]]'' (vautours noires) sur un banc de vase du fleuve Kourou |Image:Laguncularia racemosa.jpg|''[[Laguncularia racemosa]]'' }} </div> Kourou étant une ville nouvelle, construite avec beaucoup d’espaces verts et d’immeubles ne dépassant pas les trois étages, la faune et la flore amazonienne est souvent vue en ville, au contraire d’autres villes guyanaises plus urbanisées, dont la capitale, [[Cayenne]]. La faune de Kourou est très variée et typique du littoral amazonien : on trouve des [[Caïman (animal)|caïmans]] dans les trois lacs de la ville, et celle-ci étant entourée de forêt tropicale humide, on peut voir dans les environs des [[agouti]]s, des [[tatou]]s, des [[Tapirus terrestris|tapirs du Brésil]], des [[Coendou prehensilis|porcs-épics brésiliens]], des [[cabiaï]]s, des [[pakira]]s, des [[jaguar]]s etc.<ref>[http://www.kourou.info Présentation de la ville sur le site de la mairie]</ref>{{,}}<ref>Cécile Richard-Hansen et Roger Le Guen ; chapitre {{guil|Herpétofaune du littoral}} dans ''Guyane, ou le voyage écologique'' ; Éditions Roger Le Guen, II{{e}} édition, août 2002, {{ISBN|295143961X}}</ref> Les mangroves et les étendues de vase abritent de nombreuses espèces de [[crustacé]]s, dont de nombreuses variétés de [[crevette]]s, dont la [[Pêche (halieutique)|pêche]] est une industrie importante sur toute la côte guyanaise<ref>Cécile Richard-Hansen et Roger Le Guen ; chapitre {{guil|De vasière à mangrove et de mangrove à crevettes}} dans ''Guyane, ou le voyage écologique'' ; Éditions Roger Le Guen, II{{e}} édition, août 2002, {{ISBN|295143961X}}</ref>. Elles abritent aussi des [[crabe]]s, des [[Urubu noir|urubus noirs]], des [[Egretta|aigrettes]] ([[Egretta thula|aigrettes neigeuses]], [[Egretta alba|grandes aigrettes]] et plusieurs autres espèces), des [[héron]]s ([[Nycticorax nycticorax|hérons bihoreaux]]...), des [[ibis]] [[Ibis rouge|rouges]] et [[ibis blanc]]s, des [[Spatule rosée|spatules rosées]], des [[bécasseau]]x. Les [[palétuvier]]s les plus souvent rencontrés sont ceux des genres ''[[Avicennia]]'' (''[[Avicennia germinans]]''), ''[[Rhizophora]]'' (''[[Rhizophora mangle]]'' et ''[[Rhizophora racemosa]]''), et ''[[Laguncularia]]'' (''[[Laguncularia racemosa]]'')<ref>Cécile Richard-Hansen et Roger Le Guen ; chapitre {{guil|Oiseaux d’eau du littoral guyanais}} dans ''Guyane, ou le voyage écologique'' ; Éditions Roger Le Guen, II{{e}} édition, août 2002, {{ISBN|295143961X}}</ref>. On peut voir des [[Trichechus manatus|lamantins des Caraïbes]] aux alentours de la Pointe des Roches lors de la marée haute<ref>Cécile Richard-Hansen et Roger Le Guen ; chapitre {{guil|Le lamantin en Guyane}} dans ''Guyane, ou le voyage écologique'' ; Éditions Roger Le Guen, II{{e}} édition, août 2002, {{ISBN|295143961X}}</ref>. En ville on trouve surtout des [[Iguana iguana|iguanes communs]], des [[lézard]]s, des [[Caïman (animal)|caïmans]] dans les lacs, parfois des [[Crotalus|serpents à sonnettes]], des [[Couleuvre (serpent)|couleuvre]]s, et de nombreuses espèces de [[Testudines|tortue]] ainsi que d’oiseaux (dont les ibis blancs, souvent présents sur les rives des lacs)<ref>Cécile Richard-Hansen et Roger Le Guen ; chapitre {{guil|Herpétofaune du littoral}} dans ''Guyane, ou le voyage écologique'' ; Éditions Roger Le Guen, II{{e}} édition, août 2002, {{ISBN|295143961X}}</ref>. La ville étant autrefois entièrement entourée de mangroves et construite sur un marais, de temps en temps elle se voit envahie de [[Papillon de cendre|papillons de cendre]], qui de leurs ailes blanchâtres dégagent une fine poussière très [[Urticaire|urticante]] qui peut déclencher de fortes réactions [[Allergie|allergiques]], appelées [[papillonite]]. Quand ces nuées de papillons apparaissent, on éteint tout l’éclairage public pour ne pas les attirer sur la ville. Il n’y a que les lampes rouges qui ne les attirent pas. On allume alors de forts projecteurs sur un bassin ou un lac pour y noyer les papillons. Les épisodes de papillonite sont beaucoup moins fréquents depuis que les légionnaires ont abattu beaucoup de palétuviers des mangroves<ref>Bernard Borghésio-Ruff ; ''La Guyane aujourd’hui'', Les Éditions du Jaguar, III{{e}} édition, 1994 ; page 112</ref>. == Histoire == L’histoire de Kourou est bien longue et commence des milliers d’années avant l’arrivée des Européens. Les Amérindiens ayant une culture orale, il est pratiquement impossible de retracer les événements antérieurs à la colonisation. Même après, la région étant colonisée et abandonnée plusieurs fois tout au long de son histoire, les sources restent clairsemées, fragmentaires et se contredisent parfois. Les rares chercheurs étudiant l’histoire de la région s’appuient sur les fouilles archéologiques et sur les quelques documents d’époque, dont des récits de voyage et des documents officiels rédigés pour la plupart dans la lointaine ''{{guil|[[France métropolitaine|Métropole]]}}''. ===Période précolombienne=== {{Article détaillé|Kali'na}} [[Image:Kalina hunter gatherer.jpg|220px|thumb|Gravure d’un couple [[kali'na]].]] Les amérindiens [[Kali'na]] prédominaient dans la région avant la venue des Français, jusqu’à la fin du {{s-|XVII|e}}<ref>Gérard Collomb et Félix Tiouka ; ''Na’na Kali’na - Une histoire des Kali’na en Guyane'' ; Ibis Rouge Éditions, 2000 ; {{ISBN|9782844500687}}</ref>. Les fouilles archéologiques menées avant la construction du [[barrage de Petit-Saut]] sur la [[Sinnamary (fleuve)|Sinnamary]], à quelques kilomètres au nord de Kourou, ont permis la découverte de traces de présence amérindienne vieilles de deux mille ans<ref>Stéphane Vacher, Sylvie Jérémie, Jérôme Briand ; ''Amérindiens du Sinnamary (Guyane), Archéologie en forêt équatoriale'' ; Documents d’Archéologie française, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, Paris, 1998.</ref>. Il existe un site près de la ville, appelé ''{{guil|les Roches Gravées}}'', où l’on peut voir des exemples d’[[art rupestre]] amérindien. Il se situe à quelques centaines de mètres du pied du mont Carapa, à l’arrière de la zone industrielle de Pariacabo que l’on traverse pour rejoindre le pont du Kourou sur la route de Cayenne. Ce sont les explorateurs français [[Henri Coudreau]] et [[Jules Crevaux]] qui sont les premiers à mentionner les gravures amérindiennes en Guyane, au début du {{s-|XIX|e}}<ref>Bernard Montabo ; ''Le Grand livre de l’histoire de la Guyane, volume I. Des origines à 1848'' ; Collection Le Grand Livre ; Éditions Orphie, 2004, {{ISBN|2877632369}}. Dorénavant appelé ''Grand livre I''.</ref>, mais on doit attendre 1955 pour qu’un chasseur de [[Lepidoptera|papillons]], Eugène Le Moult, ne redécouvre les roches de Carapa. Sa trouvaille sera à nouveau oubliée pendant plusieurs années, jusqu’à ce qu’un chercheur du [[Centre spatial guyanais|CSG]], Yves Dejean, tombe sur une vieille carte de la région mentionnant les roches. Il les retrouve, et le mont Carapa étant sur propriété du CSG, celui-ci décide de mettre en valeur le site et y construit des [[carbet (architecture)|carbet]]s pour les protéger des intempéries<ref>Bernard Montabo ; ''Le Grand livre de l’histoire de la Guyane. Volume II : De 1848 à nos jours'' ; Collection Le Grand Livre ; Éditions Orphie, 2004, {{ISBN|2877632458}}. Page 557. Dorénavant appelé ''Grand livre II''.</ref>. ===Les débuts de la colonisation=== En [[1500]], l’explorateur [[Espagne|espagnol]] [[Vicente Yañez Pinzon]] longe les côtes guyanaises et passe devant l’emplacement actuel de Kourou<ref>''Grand livre I'', page 11</ref>. En [[1645]] deux [[Frères mineurs capucins|frères capucins]] s’installent à Kourou avec un domestique. Les frères servent de médiateurs avec les [[Amérindiens]] [[Palikour]], qui sont alors en guerre contre les Français. Cette année-là, le petit établissement est attaqué par des guerriers palikours. Le fort de Cépérou à Cayenne n’a que 25 hommes ; quand les renforts (forts de 40 hommes) de la [[Compagnie de Rouen]] du sieur Poncet de Brétigny arrivent, la petite colonie guyanaise est presque entièrement décimée. La plus grande partie des survivants partent aux [[îles du Salut]], inhabitées et à l’époque encore connues sous le nom des {{guil|îles du Diable}}, mais 16 d’entre eux, dont les deux frères capucins, pour des raisons aujourd’hui inconnues, décident de s’installer au [[Mahury]]. Ils sont massacrés par les Amérindiens six semaines plus tard ; il n’y a que deux survivants, des jeunes qui se réfugient dans le fort Cépérou, y sont retrouvés par des Amérindiens onze jours après le massacre et bien traités. L’un d’eux, appelé {{guil|Le Vendangeur}}, sert plus tard d’interprète entre les Blancs et les Amérindiens<ref>''Grand livre I'', page 45</ref>. En février [[1665]] le navire ''{{guil|La Suzanne}}'', sous le commandement du capitaine Baron de la [[Compagnie de la France équinoxiale]], arrive à Cayenne. La colonie compte alors {{formatnum:1060}} habitants y compris la petite garnison, 40 femmes blanches et 200 [[Esclavage|esclaves]]. Les Français, alors en paix avec les Amérindiens, construisent un poste à {{guil|Caourou}} (Kourou) et des forts à [[Sinnamary]] et Camoripo (aujourd’hui la Montagne d’Argent) à l’embouchure de l’[[Oyapock]]<ref>''Grand livre I'', page 63</ref>. Le {{Date|26|janvier|1666||1}}, le roi de France déclare la guerre aux Anglais ; la petite colonie de Guyane, faiblement peuplée et mal défendue, est sous la menace d’attaques des Anglais et des Hollandais, tous les deux ayant des colonies proches. En 1744, le physicien et géographe [[Charles Marie de la Condamine|La Condamine]], chargé de conduire une expédition au Pérou afin de mesurer la longueur d’un arc de méridien d’un degré à proximité de l’équateur, passe par la région kouroucienne et donne son nom à l’un des monts derrière Kourou, avant de rejoindre [[Cayenne]]. ===La mission jésuite=== [[Image:Kourou bellin carte map detail 1762.jpg|thumb|200px|La mission jésuite sur une carte de 1762, quand elle était déjà abandonnée]] Le père [[jésuite]] Pierre Aimé Lombard, né à [[Lyon]] en 1678, part pour Cayenne le {{Date|4|mai|1709||1}} après avoir enseigné les humanités en France ; il débarque à Cayenne le 12 juin et y prononce ses vœux en 1711<ref>''Grand livre I'', page 145</ref>. Il devient, avec le père Simon Ramette, l’un des plus importants personnages de la colonie. Les deux hommes décident d’évangéliser les Amérindiens ; ils se mettent à apprendre le [[Kali'na (langue)|kali'na]], langue de la tribu du même nom<ref>À l’époque appelés {{guil|Galibis}} ou {{guil|Karib}}.</ref>, avec un dictionnaire et un livre sur la grammaire de cette langue. Ils installent leur petite mission sur le Carouabo à côté d’un important village amérindien. Le premier contact est, selon Lombard, {{guil|pénible}} ; ils n’avancent guère dans leur travail pendant huit mois<ref name="Lombard">''Grand livre I'', page 144</ref>. Ils changent alors de méthode : choisissant les Amérindiens qu’ils jugeaient être les plus {{guil|intelligents}}, ils les instruisent dans leur propre langue, le kali'na. Les pères jésuites font [[Baptême|baptiser]] quinze [[Kali'na]] à l’église Saint Nicolas de [[Cayenne]] en décembre [[1710]], en grande pompe (le gouverneur, Rémy Guillouet d’Orvilliers, ainsi que d’importants officiers, en sont les témoins). Cette stratégie rencontre plus de succès, puisque l’année suivante 80 Kali'na demandent à être baptisés<ref name="Lombard"/>. Ramette est appelé à Cayenne en [[1712]]. Lombard reste à Kourou pour y éduquer les enfants ; à cette époque il a 300 fidèles. Il fait construire une petite église et met en valeur les terrains de Guatémala (petit bourg situé sur l’autre rive du fleuve Kourou)<ref>On peut l’orthographier ''Guatémala'', ''Guatemala'' (comme [[Guatemala|le pays d’Amérique Centrale]]), ou encore ''Guatimala''.</ref>. En 1730 le père Gaspard du Molard, coadjuteur et [[Architecture|architecte]], construit un très grand bâtiment incluant deux infirmeries (une pour les femmes, une autre pour les hommes), pour y soigner les Amérindiens, dont beaucoup d’agriculteurs et ouvriers<ref name="Lombard"/>. Lombard décède près de sa mission en [[1748]], ayant éduqué et évangélisé environ {{formatnum:8000}} Amérindiens<ref name="Lombard"/>. La [[Compagnie de Jésus]] est dissoute en [[1762]], la petite mission prospère est abandonnée et Kourou reste un petit hameau jusqu’à l’arrivée de l'[[Kourou#L’expédition de Kourou|expédition]]. Les bâtiments de la mission servent d’abri aux colons. ===L’expédition de Kourou=== [[Image:Kourou carte map 1776.jpg|thumb|250px|Carte du camp de l’expédition en 1776 et détail de 1763]] En 1763, la Grande-Bretagne prend possession de la [[Nouvelle-France]] en vertu du [[traité de Paris (1763)|traité de Paris]] qui met fin à la [[guerre de Sept Ans]]. La Guyane apprend la nouvelle le {{Date|30|janvier|1763||1}} avec l’arrivée de la [[frégate (navire)|frégate]] {{guil|La Diligente}}, qui met un temps record pour traverser l’Atlantique : seulement 32 jours<ref>La durée moyenne des voyages France-Guyane était alors de 45 à 50 jours. Aller de la France aux Antilles ne durait qu’une semaine, voire moins, grâce aux vents et aux courants favorables. ''Grand livre I'', page 135</ref>. En route {{guil|La Diligente}} passe devant un navire corsaire anglais mais ne s’arrête pas pour lui donner les nouvelles de la paix. Le 31 janvier un corsaire anglais, peut-être le même, attaque le petit hameau de Kourou à six heures du matin. Les Amérindiens s’enfuient, permettant aux Anglais de piller l’église, le [[presbytère]], et quelques maisons. Les Amérindiens reviennent avec des fusils peu après, tuant un corsaire et faisant battre en retraite les autres. Le détachement envoyé sur place revient à Cayenne le 7 février avec un missionnaire à demi nu qui loue le courage des Amérindiens et demande des armes et munitions pour mieux défendre Kourou<ref>''Grand livre I'', page 157</ref>. Ayant perdu une très grande partie de ses terres en Amérique, le gouvernement français décide d’envoyer une grande expédition en Guyane. L’idée vient de Brûletout de Préfontaine, qui en parle à [[Étienne François de Choiseul|Choiseul]], ministre de la marine. Préfontaine voulait y envoyer une centaine d’émigrants ; Choiseul augmente ce nombre à {{formatnum:15000}} alors la Guyane n’avait que {{formatnum:7635}} habitants. Ce sera la seule tentative massive de colonisation volontaire de la Guyane<ref name="GL 159">''Grand livre I'', page 159</ref>{{,}}<ref>Serge Mam Lam Fouck ; ''Histoire générale de la Guyane française'', Cayenne, Ibis Rouge Éditions, 1996 ; {{ISBN|9782844501639}}. Dorénavant appelé ''Histoire générale''.</ref>. [[Image:Kourou drawing dessin expedition.jpg|thumb|250px|Kourou vu par les autorités à Paris : l’idéal]] Environ {{formatnum:9000}} à {{formatnum:12000}} personnes<ref>Mam Lam Fouck donne le chiffre de {{guil|près de {{formatnum:9000}}}} et cite Jacques Michel, qui estime le nombre à {{formatnum:12000}}, et Montabo {{guil|de {{formatnum:10000}} à {{formatnum:12000}}}}.</ref>, tentées par les légendes de l’[[Eldorado]] véhiculées par la propagande du gouvernement, débarquent à Kourou, après une longue et difficile traversée de 51 jours<ref>''Grand livre I'', page 135</ref>. Les ports de départ choisis sont [[Rochefort (Charente-Maritime)|Rochefort]], [[Le Havre]] et [[Marseille]] ; le premier convoi quitte Rochefort en octobre 1763 et arrive à Kourou le 20 décembre. Les autres le suivent peu après. De décembre 1763 à février 1765 débarquent environ {{formatnum:9000}} colons<ref name="GL 159"/>{{,}}<ref>''Histoire générale'', page 54</ref>. Ils viennent de toute l’Europe : il y a des [[Rhénanie|Rhénans]], des [[Prusse|Prussiens]], des [[Autriche|Autrichiens]], des [[Suisse]]s, des [[Pays-Bas|Néerlandais]], des [[Belgique|Belges]], des Français (dont beaucoup d’[[Alsace|Alsaciens]]), et même des [[Acadie]]ns des colonies françaises de l’Amérique du Nord. Ils sont artisans, paysans et même prêtres (la seule religion officiellement permise étant le Catholicisme)<ref>''Grand livre I'', pages 158 et 161</ref>. Ces gens du Nord débarquent en Amazonie en pleine petite saison des pluies, aux embouchures du Kourou et de la [[Sinnamary (fleuve)|Sinnamary]]<ref name="GL 159"/>. L’intendant nouvellement nommé pour l’expédition est Jean Baptiste Thibault de Chanvalon<ref>Son nom de famille est écrit ''Chanvallon'' par Montabo et ''Chanvalon'' par Mam Lam Fouck.</ref>, et le nouveau gouverneur de Guyane est le chevalier Étienne François Turgot, frère de l’intendant et physiocrate lui aussi. Les conditions de vie étant très mauvaises, principalement à cause des marécages et l’expédition mal préparée (il n’y avait que de petites cabanes ou des tentes en toile pour servir d’abri et les vivres périmèrent rapidement à cause du climat), on estime que les trois quarts des colons sont décimés en peu de temps par les fièvres et autres maladies. Sur {{formatnum:12000}} colons, en incluant les soldats et les naissances sur la terre guyanaise, {{formatnum:7000}} décèdent avant le {{Date|1|octobre|1765||1}} et de 2 à {{formatnum:3000}} sont rapatriés<ref>Jacques Michel, cité dans ''Histoire générale'', page 53</ref>. Ce taux de mortalité très élevé ne prend pas en compte les esclaves et les Amérindiens morts à cause des maladies que les Européens leurs auraient transmis<ref>''Histoire générale'', page 53</ref>. Jacques-François Artur, le médecin du roi en Guyane de 1738 à 1771, raconte soigner, dans toute la colonie, surtout des petites [[fièvre]]s non identifiées jugées bénignes, des {{guil|fluxions de poitrine}}, des {{guil|maux hépatiques}} (l’[[alcoolisme]] étant un grave problème dans toutes les strates de la société guyanaise), des maladies de peau (les irritants étant nombreux aux tropiques), et à Kourou surtout du [[paludisme]] (qui reste encore aujourd’hui un problème dans les climats tropicaux). La [[fièvre jaune]] emporte elle aussi beaucoup de colons, ainsi que la [[petite vérole]]<ref>''Grand livre I'', page 75</ref>, la [[typhoïde]], le [[typhus]] et la [[dysenterie]]<ref>''Histoire générale'', page 53</ref>. Certains se réfugient aux [[îles du Salut]] (d’où leur nom ; avant, elles se nommaient les ''{{guil|îles du Diable}}''). Les îles, grâce aux [[alizé]]s quasi-permanents, n’ont presque pas de [[moustique]]s, porteurs de maladies<ref>''Grand livre I'', page 160</ref>. Ces îles servent également de déchargement pour les navires en provenance de France, car l’embouchure du Kourou ne permet pas à ceux ayant un trop fort tirant d’eau d’y entrer. Très peu de colons choisissent de rester en Guyane, on estime ce nombre à seulement {{formatnum:1800}}<ref>Jacques Michel, cité dans ''Histoire générale'', page 53</ref>. Le désastre notoire de cette expédition aboutit en France à un scandale qui se conclut par l’édiction de lettres patentes en 1767, dont l’une des mesures est l’emprisonnement de l’intendant Chanvalon dans différentes forteresses de France ([[Bastille (Paris)|Bastille]], [[Mont Saint Michel]]...), et l’[[exil]] de Turgot. Brûletout de Préfontaine, quant à lui, s’installe sur ses terres à Kourou<ref>''Grand livre I'', page 161</ref>{{,}}<ref>Journal inédit de Pierre Étienne Bourgeois de Boynes ed. Honoré Champion</ref>. L’échec de l’expédition a nourri la légende noire de la Guyane. Le pays prend le surnom d'''{{guil|Enfer Vert}}'', dont il essaie encore aujourd’hui de se débarrasser et qui fut utilisé comme argument pour la construction du [[bagne]]. Aucune autre colonisation « de masse » ne fut jamais tentée, les politiques du {{s-|XIX|e}} étant il est vrai tournées vers l’Afrique et l’Asie, et ce dans une lutte tactique avec l’Angleterre. Aussi, la population blanche fut toujours très faible par rapport à celle des esclaves. Ce n’est qu’au milieu du {{s mini-|XIX|e}} avec l’abolition de l’esclavage, et l’installation du bagne, que la population augmente. === Entre l’expédition et le bagne === [[Image:Kourou counamama premiers déportés bagne.jpg|thumb|200px|Cimetière et inhumation de déportés politiques en Guyane]] De 1795 à 1798 on envoie en Guyane des révolutionnaires [[Jacques Nicolas Billaud-Varenne|Billaud-Varenne]], [[Jean-Marie Collot d'Herbois|Collot d'Herbois]], puis, à la suite du [[coup d'État du 18 fructidor an V]] (4 septembre 1797) des prêtres réfractaires et des opposants politiques (dont [[François Barbé-Marbois|Barbé-Marbois]], [[Jean-Charles Pichegru|Pichegru]], [[André-Daniel Laffon de Ladebat|Laffon de Ladebat]]...), les prêtres d'abord à Counanama et les seconds à Sinnamary<ref>Philippe de Ladebat ; [http://www.histoire-genealogie.com/spip.php?article839 ''Les pionniers de la « guillotine sèche » en Guyane''] ; 1{{er}} décembre 2005</ref>. 328 hommes sont déportés, 187 morts sur place ou pendant leur évasion, 22 évadés, 11 établis en Guyane et 108 rapatriés par Bonaparte en 1800<ref>''Histoire générale'', page 54</ref>{{,}}<ref>''Grand livre I'', pages 191-195</ref>. Les déportations de fructidor an V à Sinnamary et à Counanama ne sont pas du tout assimilables aux envois au bagne de Guyane qui leur ont succédé au {{XIXe}} siècle. D’une part les déportés n’étaient pas des criminels condamnés légalement par un tribunal, mais seulement des ennemis politiques du moment déportés là sans aucun jugement ; d’autre part ils n’étaient pas incarcérés mais jouissaient d’une certaine liberté sous réserve de ne pas s’éloigner de leurs lieux de résidence forcée. Enfin à l’époque il existait pour les forçats de vrais bagnes installés dans des grands ports de France (Brest, Cherbourg, Le Havre, Lorient, Marseille, Toulon, Rochefort notamment) Il n’y avait alors aucun bagne en Guyane. Les bagnes portuaires parfois qualifiés de « galères à terre » avaient en effet remplacé les navires galères qu’on utilisait plus. Les déportations de fructidor servirent ensuite de modèle pour d’autres exils politiques puis pour des tentatives de « colonisation pénitentiaire » ; ce n’est qu’en 1854 qu’une loi créa officiellement le « bagne de la transportation » qui ne sera supprimé définitivement qu’en 1938. Il y eut un petit épisode curieux au début des [[années 1820]] : le gouverneur Laussat, autrefois préfet colonial de la [[Louisiane]], fait venir de cette région 20 Américains, issus de sept familles d’origine [[Irlande|irlandaise]] ; ils débarquent le {{Date|18|novembre|1821||1}}. Il rebaptise un petit coin de la région de Kourou ''{{guil|Laussatdelphie}}'' en son honneur ; il s’agit de la savane Ollivier sur la crique Passoura, au nord de la ville actuelle. Les colons irlandais refusent de devenir agriculteurs (Laussat dira qu’ils manquaient de vocation agricole<ref>''Histoire générale'', page 54</ref>) et sont rapatriés en Louisiane un an plus tard. Laussat fera de même avec des [[République populaire de Chine|Chinois]] et [[Malaisie|Malais]] envoyés à [[Kaw (Guyane)|Kaw]] y faire cultiver du [[thé]], projet qui se soldera aussi par un échec<ref>''Grand livre I'', page 232</ref>. À l’époque les établissements à l’ouest de Kourou, [[Sinnamary]], [[Iracoubo]], à l’exception de [[Mana (Guyane)|Mana]], sont sous le contrôle des [[Sœurs de Saint-Joseph de Cluny]] et abritaient des habitations (plantations) de deux à cinq personnes se consacrant à l’élevage et aux cultures vivrières<ref>''Histoire générale'', page 34</ref>. Kourou fut l’un des seuls établissements ayant un bourg où les habitants pouvaient se rassembler pour des fêtes ou d’autres évènements ; celui-ci se situe au port de Kourou, un peu avant l’embouchure du [[Kourou (fleuve)|Kourou]] et de la Pointe des Roches. Le [[Canal (voie navigable)|canal]] de Kourou est construit pour améliorer le transport de marchandises et la communication entre les habitations, souvent isolées par les marais ou la boue pendant la saison des pluies<ref>''Histoire générale'', page 35</ref>. L’[[éruption de la Montagne Pelée en 1902]] pousse un grand nombre de réfugiés à s’installer ailleurs, ravivant les espoirs de repeupler la Guyane, toujours beaucoup moins peuplée que les Antilles françaises. Les notables guyanais prévoient d’héberger 900 agriculteurs [[Martinique|martiniquais]] ; le gouverneur était plus ambitieux, en prévoyant {{formatnum:18000}} dans la région de Kourou. Finalement, seulement 572 choisissent de s’installer en Guyane, à [[Montjoly]] (à dix kilomètres de Cayenne) ; 317 individuellement et 255 en convoi organisé par le gouvernement<ref>''Histoire générale'', pages 66-67</ref>. Des [[Immigration|immigrants]] de [[Sainte-Lucie]], de la [[Dominique (pays)|Dominique]], du [[Liban]], de la [[Civilisation chinoise|Chine]], et de l’[[Indonésie]] s’installent ailleurs en Guyane en petit nombre<ref>''Histoire générale'', page 67</ref>. ===Le bagne=== <div class="noprint"> {{Images |largeur=250 |titre=Le bagne |Image:Tour dreyfus kourou fille rouge.jpg|La tour Dreyfus le soir |Image:Kourou tour dreyfus detail plage.jpg|Détail de la tour |Image:Kourou tour dreyfus summit sunset.jpg|Le sommet de la tour |Image:Kourou four bagne ruines.jpg|Les ruines du four |Image:Kourou fleuve ponton ruines.jpg|Les ruines du vieux ponton }} </div> Kourou sert de lieu de déportation : elle est un pénitencier à vocation agricole<ref>Marion F. Godfroy, ''Bagnards'', Éditions du Chêne, Paris, 2002, {{ISBN|284277390X}} ; page 41. Dorénavant appelé ''Bagnards''.</ref>, ce qui fait revivre le petit hameau<ref>''Histoire générale'', page 37</ref>. Le pénitencier de Kourou, situé sur la Pointe des Roches, est inauguré en [[1856]]. Trois bagnes forestiers en dépendent, à Pariacabo (aujourd’hui la zone industrielle), et les lieux dits {{guil|Léandre}} et {{guil|les Trois-[[Carbet (architecture)|Carbet]]s}}<ref>''Bagnards'', page 41</ref>. Un chantier dans le quartier de Passoura occupe trente bagnards<ref name="Bagnards 1">''Bagnards'', pages 51-54</ref>. Il y eut un projet de bagne pour femmes sur l’îlet le Père, au nord de Kourou, qui ne se réalisa jamais<ref>''Bagnards'', page 61</ref>. La ferme de Kourou produit de l’[[huile de coco]] et abrite une porcherie de 200 [[porc]]s, qui sert principalement à varier la nourriture donnée aux bagnards et au personnel pénitencier car on ne pouvait pas faire envoyer de la viande depuis la métropole<ref name="Bagnards 1"/>. Le pénitencier de Kourou, comme ailleurs en Guyane, a des problèmes de vol de vivres et une comptabilité mal tenue. Toutefois, les autorités semblent être plutôt tolérantes envers cette situation, peut-être parce que des Guyanais (généralement opposés au bagne) étaient à l’origine d’une partie des pertes<ref name="Bagnards 1"/>. Il n’y a pas de médecin (à une époque c’est un Chinois transporté qui soignera les malades ; quand il n’y avait personne les malades étaient envoyés à l’hôpital de l’[[île Royale]]), et le personnel est composé surtout de bagnards [[Arabes]] âgés. Les vivres sont mal stockés : parfois, on ne trouve même pas les clés qui ouvrent les portes des magasins. On y récolte peu de [[légume]]s ; le principal produit devient le combustible, l’huile de coco<ref name="Bagnards 1"/>. L’administration du bagne de Kourou est tellement désorganisée qu’elle oublie d’envoyer les [[Acte de décès|actes de décès]] en 1885, chose grave puisque les familles en métropole en avaient besoin en cas d’héritages, de remariages...<ref name="Bagnards 1"/> À Kourou on ne commence à chercher les bagnards en fuite que trente-six heures après le début de leur absence ; ce délai va de trente heures aux îles à soixante heures aux bagnes forestiers<ref>''Bagnards'', page 142</ref>. Les bâtiments consacrés au bagne, dans le quartier des Roches, sont démolis peu après la fermeture de celui-ci et remplacés par l’Hôtel des Roches. Les derniers vestiges de cette partie de l’histoire de la ville sont la Tour Dreyfus (utilisée pour communiquer avec les îles en [[code Morse]]), les ruines du four du bagne (maintenant propriété privée, mais visible dans une petite impasse non loin de la tour), et une petite fontaine près des palmiers moucayas. Au large de Kourou, il y avait des bagnes aux [[îles du Salut]], ouverts en [[1852]], quand ils furent désignés comme tels. Les premiers déportés y sont arrivés en avril [[1862]]. Une loi ferme le bagne en [[1938]], mettant un terme aux transports de prisonniers, mais il ne fut véritablement fermé qu’en [[1946]], et les tout derniers rapatriements ne se feront qu’en [[1953]]. ===L’installation du Centre spatial guyanais et la Légion étrangère=== {{Article détaillé|Centre spatial guyanais|3e régiment étranger d'infanterie{{!}}3<sup>e</sup> régiment étranger d’infanterie}} Le {{Date|16|avril|1964||1}}, le [[deuxième gouvernement de Georges Pompidou|gouvernement français]] décide d’installer une base spatiale en Guyane, et c’est avec la construction de la base, en [[1965]] que Kourou, jusqu'alors simple village, va devenir une véritable ville, les besoins du [[Centre spatial guyanais]] (CSG) provoquant une vigoureuse croissance démographique<ref>''Histoire générale'', page 45</ref>. Jusque là, Kourou avait été divisé en deux parties distinctes : le {{guil|bourg}} (200 habitants), aujourd’hui les rues les plus près du port de plaisance presque à l’embouchure du [[Kourou (fleuve)|Kourou]], et les plaines appelées la {{guil|savane}} et l'{{guil|anse}}, qui abritaient 400 personnes. Celles-ci n’allaient au bourg que les jours de marché ou en cas de nécessité. Le bourg était le centre de la communauté : le lieu de culte (l’église Sainte-Catherine), et le marché s’y situaient, et le bourg était le point de rassemblement lors des fêtes, dont le [[Carnaval]]<ref>''Grand livre II'', page 547</ref>. Les enfants habitant la savane devaient aller à pied à l’école au bourg ; un trajet de deux heures le matin et deux le soir. Un parent leur donnait à manger le midi<ref>''Grand livre II'', page 551</ref>. Le village ne connut l’[[électricité]] qu’en 1948 et les [[réfrigérateur]]s dans les années 1955-1960 ; la viande (de production locale) et le poisson (du Kourou ou de l’océan) étaient alors salés ou fumés pour éviter qu’ils ne pourrissent<ref>''Grand livre II'', page 552</ref>. [[Image:Ariane 5 launch pad.jpg|thumb|right|Rampe de lancement d’[[Ariane 5]]]] Le CSG lui-même est construit sur l’emplacement d’un village appelé Malmanoury et s’étend sur 30 km à partir de la rive gauche du Kourou et pénètre, dans ce qui était la forêt vierge, sur une distance de 10 km<ref>''Histoire générale'', pages 45 et 46</ref>. Cent cinq familles (651 personnes) sont expropriées de leurs terres pour faire de la place pour le CSG et relogées dans des logements en ville<ref>''Grand livre II'', page 567</ref>. Pour construire la base on embauche des milliers d’ouvriers dès la première phase de la construction, de 1965 à 1970. Beaucoup s’installent ensuite en Guyane, surtout dans la région kouroucienne. En 1976 les {{formatnum:1016}} personnes travaillant sur le site comprenaient, à part des Guyanais, 330 Sud-Américains ([[Colombie]]ns, [[Brésil]]iens, [[Surinam]]iens...), 206 Européens, et 72 [[Antilles|Antillais]] (essentiellement de Martinique et de [[Guadeloupe]]). On construit, pour ces personnes ainsi que pour les employés du CSG (ingénieurs, astronomes...) plusieurs petits quartiers d’immeubles collectifs de quatre ou cinq étages, près de la plage : Simarouba, Diamant, place de l’Europe... À Simarouba on trouve le cinéma de la ville<ref>[http://www.eldorado-urania.com/index.php/cinema_guyane/urania/tarifs_et_services Site officiel du Cinéma Urania]</ref> et de nombreux petits commerces. Le centre spatial est inauguré avec le lancement de la fusée-sonde ''[[Fusée Véronique|Véronique]]'' le {{Date|9|avril|1968||1}}. Le Centre Médico Chirurgical de Kourou (CMCK), sous l’égide de la [[Croix-Rouge française]], est présent non loin de Simarouba depuis 1965, quand il est construit pour soigner les habitants de la ville en pleine expansion<ref>[http://cmc-kourou.croix-rouge.fr/ Site officiel du CMCK]</ref>. Il y a trois hôpitaux en Guyane, à Kourou, à Cayenne, et à St-Laurent ; dans les autres communes, les soins sont assurés par des centres de santé qui, notamment pour les communes isolées, envoient les malades les plus graves en hélicoptère aux grands hôpitaux du littoral. Le port industriel de Pariacabo est également construit pour les livraisons de matériel nécessaire à la construction des fusées, le port de Cayenne n’étant pas bien équipé et les routes impraticables avec de lourdes et encombrantes charges<ref>''Grand livre II'', page 568</ref>. La station de traitement des eaux de Kourou, la seule en Guyane à respecter les normes européennes, est construite en 1965<ref>''Grand livre II'', page 640</ref>. Le [[3e régiment étranger d'infanterie|3{{e}} régiment étranger d’infanterie]], le régiment le plus décoré de la [[Légion étrangère]], est présent au quartier Forget de Kourou depuis l’année [[1973]], date de son transfert depuis [[Antsiranana|Diégo Suarez]] à [[Madagascar]]. Environ 600 hommes, dont 280 légionnaires permanents, composent ce régiment spécialisé dans le combat en forêt équatoriale. L’unité a activement préparé l’aménagement du CSG et a comme mission principale d’en assurer sa surveillance. Elle participe régulièrement aux opérations de démantèlement de sites d’[[orpaillage]] clandestins. La 2{{e}} compagnie de l’unité est engagée dans le cadre de l’[[opération Carbet]], au sein du bataillon français de la force multinationale intérimaire en [[Haïti]]<ref>[http://www.legion-3rei.com/fr/historique/1973_ajourdhui.php Historique - site du régiment]</ref>. Des heurts ont opposé les [[légion étrangère|légionnaires]] protégeant le centre spatial aux habitants de Kourou en [[1985]]<ref>''Histoire générale'', page 84</ref> et [[2006]]<ref>[http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-802195@51-802267,0.html ''Le Monde'' du 10 août 2006]</ref>{{,}}<ref>[http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article1462 LDH Toulon, plusieurs articles sur l'incident]</ref>. ==Démographie== [[Image:Kourou demographie population chart.png|thumb|right|Graphe montrant l’évolution de la population de Kourou<ref name="insee">Données INSEE sur [http://www.kourou.info Présentation de la ville], kourou.info</ref> (cliquer pour agrandir)]] [[Image:Pyramide des âges Kourou 1999.svg|thumb|left|Pyramide des âges pour Kourou en 1999.]] Lors du dernier recensement en 1999, la population s’élevait à {{formatnum:19170}} habitants, toutes origines confondues<ref name="insee"/>. Il y a davantage d'hommes que de femmes sur toutes les tranches d'âge dû au grand nombre de légionnaires et d'ingénieurs du CSG installés en ville. Les jeunes de 20 à 24 ans sont peu nombreux dû au fait que la plupart partent faire leurs études supérieures en métropole ou aux Antilles, la Guyane abritant peu de sections de l'[[Université Antilles-Guyane]]. Pendant longtemps Kourou ne fut qu’un simple hameau, plusieurs fois colonisée et abandonnée au long de son histoire, jusqu’à l’implantation du [[Centre spatial guyanais]], qui fit venir des milliers d’ouvriers pour construire les bâtiments ainsi que des milliers d’astronomes, physiciens, ingénieurs, etc, travaillant au sein du CSG même. Cette immigration massive se voit clairement dans les graphes d’évolution de la population. (Voir la section ''[[Kourou#Économie|Économie]]'' pour plus de précisions sur l’émigration massive en Guyane en général après l’implantation du CSG.) Les [[Nègre marron|Noirs-Marrons]] sont représentés par les [[Boni]]s et les [[Saramaca]]s. Un quartier saramaca est d’ailleurs implanté sur les bords du fleuve [[Kourou (fleuve)|Kourou]], près de l’embouchure. Ce quartier a néanmoins partiellement brûlé en avril 2006 et ne s’en est pas encore relevé<ref>[http://www.blada.com/jodlas/967-Les_lecteurs_nous_informent....htm Page sur Blada parlant de l’incendie], et [http://www.blada.com/jodlas/997-Journee_de_deuil_guyanais.htm une autre sur la journée de deuil y dédiée].</ref>. La coexistence entre les habitants de Kourou et en Guyane en général n’est pas toujours paisible<ref>[http://www.blada.com/chroniques/2003/468-Violences_kourouciennes.htm ''Violences kourouciennes''], Blada, 27 novembre 2003</ref>. Le taux de vols violents avec arme est de 40 % dans le département, qui dépasse aisément les taux d'autres délits comparés à la métropole et les autres DOM-TOM<ref name="grand angle">{{pdf}} [http://www.blada.com/data/File/06pdf01/delinquance0906.pdf Grand Angle], Bulletin statistique de l'observatoire national de la délinquance, n°8, septembre 2006. ISSN 1777-3296</ref>. Le taux de d’atteintes à l’intégrité physique y atteint 17 faits pour {{formatnum:1000}} habitants alors qu’il est au maximum de 11,7 % en [[Île-de-France]], par exemple<ref name="grand angle"/>. Le 27 octobre 2006 se déroule une manifestation contre l’insécurité dans la ville et en Guyane en général<ref>[http://www.blada.com/jodlas/1561-Kourou_:_une_ville_sans_oreilles.htm Article sur Blada parlant de la manifestation (avec photos).]</ref>. Les commerçants d’origine chinoise, en particulier, sont souvent victimes de cambriolages dans leurs magasins. ==Administration== [[Image:Blason Kourou.svg|thumb|Blason de la ville]] La mairie de Kourou se situe entre l’avenue des Roches et la petite allée du Bac. La caserne de police est située derrière la mairie et la caserne des pompiers est près du port, au Vieux Bourg, sur l’avenue Charles-de-Gaulle. {{boîte déroulante |align=center |alignB=center |alignT=center |couleurFondT=#f3fff3 |couleurFondB=green |titre=Maires de [[1882]] à [[1945]] |label= |largeur=100% |contenu= {{ÉluDébut |Titre=}} {{Elu |Début=1944|Fin=1945 |Identité=Herménégilde Noma| Parti=|Qualité= }} {{Elu |Début=1943|Fin=1944 |Identité=Serjus Canut| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1941|Fin=1943 |Identité=André Sanite| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1935|Fin=1941 |Identité=Serjus Canut| Parti=|Qualité= }} {{Elu |Début=1929|Fin=1935 |Identité=Stratonis Berthier| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1926|Fin=1929 |Identité=Marcel Magne| Parti=|Qualité=}} {{Elu |Début=1926|Fin=1926 |Identité=Just Rimane| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1926|Fin=1926 |Identité=Eucher Lantin| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1920|Fin=1925 |Identité=Serjus Canut| Parti=|Qualité= }} {{Elu |Début=1914|Fin=1919 |Identité=Jean Louis Sinaïs| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1912|Fin=1913 |Identité=Philistin Lucien Gaston Roger| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1908|Fin=1912 |Identité=Jules Théogène Félix Noël Colette| Parti=|Qualité= }} {{Elu |Début=1907|Fin=1908 |Identité=Cyriaque Horth| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1896|Fin=1907 |Identité=Rodolphe Duchesne| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1893|Fin=1896 |Identité=Frédéric Telasco| Parti=|Qualité= }} {{Elu |Début=1892|Fin=1893 |Identité=Charles Thébyne| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1890|Fin= |Identité=Albert Nessler| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1890|Fin= |Identité=Rodolphe Duchesne| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1890|Fin= |Identité=Pierre Louis Chaumet| Parti=|Qualité=}} {{Elu |Début=1890|Fin=1890 |Identité=Jules Bayonne| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1888|Fin=1890 |Identité=Antoine Cyrenéen Coutard| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1883|Fin=1888 |Identité=Alexandre Berthier| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1882|Fin=1883 |Identité=Charles Ringuet| Parti= |Qualité= }} {{EluFin}} }} {{ÉluDébut |Titre= Liste des maires<ref>[http://www.francegenweb.org/mairesgenweb/resultcommune.php?id=24767 Liste des maires de Kourou]</ref>}} {{Elu |Début=1945|Fin=1945 |Identité=Frédéric Telasco| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1946|Fin=1946 |Identité=Néron Ruberg| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1946|Fin=1947 |Identité=Philippe Pauline| Parti= |Qualité=}} {{Elu |Début=1947|Fin=1953 |Identité=Émile Pauline| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1953 |Fin=1995 |Identité=Eustase Rimane| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début=1995 |Fin=1996 |Identité=Yan Pennec| Parti= |Qualité= }} {{Elu |Début= 1996 |Fin= en cours (2008) |Identité=Jean-Étienne Antoinette | Parti=[[Walwari]] |Qualité= }} {{ÉluFin}} == Économie == [[Image:Piment de cayenne vert marché.jpg|thumb|220px|[[Piment de Cayenne]], [[épices]], [[rhum]]s arrangés... au marché du samedi matin]] [[Image:Kourou port fishermen mérou.jpg|thumb|220px|La [[pêche (halieutique)|pêche]], industrie importante. Les poissons sont des [[mérou]]s]] Dans la première moitié du {{s-|XIX|e}} on voit l’implantation de [[coton]]neries sur les hautes terres de Kourou (ainsi qu’à Sinnamary, sur l’île de Cayenne, sur l’[[Oyapock]] et à [[Macouria]], où cette plante fleurit le mieux). Par contre, le [[roucou]], {{guil|spécialité}} de la Guyane coloniale, n’y trouva pas du succès, étant cultivé surtout sur à [[Kaw (Guyane)|Kaw]], sur l’Approuague, et à Montsinéry. Ce fut également le cas pour la culture du [[sucre]], qui se limita en grande partie à l’est du littoral<ref>''Histoire générale'', pages 92-93</ref>. Cette extrême dépendance de toute la colonie sur trois, parfois deux, cultures la rendit très dépendante des fluctuations du marché ; ainsi, quand le prix du coton baissait, la région de Kourou se trouvait économiquement affaiblie<ref>''Histoire générale'', page 94</ref>. Ce fut le cas à partir de 1844, quand la petite colonie ne put plus concurrencer l’énorme production des [[États-Unis]], entre autres<ref>''Histoire générale'', page 92</ref>. La colonie en général vécut une crise agricole de 1830 à 1855<ref>''Histoire générale'', page 102</ref>. L’économie de la Guyane reposait essentiellement sur la production ou la culture d’un produit à la fois, chacun échouant tôt ou tard, plongeant les guyanais dans la misère jusqu’à la monoculture suivante : [[tabac]], [[coton]], [[sucre]], [[roucou]], [[balata]], [[Aniba rosaeodora|bois de rose]], [[rhum]], [[banane]]... se succédèrent<ref>''Histoire générale'', page 106</ref>. La ruée vers l’or, qui commença en 1855 et ne finit qu’à la fin de la [[Seconde Guerre mondiale]], détruit presque entièrement l’activité agricole à Kourou et en Guyane en général. L’effondrement du prix du coton, presque la monoculture de la colonie, et [[Décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848|l’abolition de l’esclavage]] l’avait déjà énormément appauvrie<ref>''Histoire générale'', pages 102-103</ref>. La colonie dépend presque entièrement de l’or, dont la production atteint un maximum de presque {{formatnum:3800}} kilos par an en moyenne dans la décennie allant de 1904 à 1914<ref>''Histoire générale'', page 100</ref>. La valeur des exportations d’or par rapport aux exportations totales atteint une moyenne record de 96 % de 1884 à 1903<ref name="centetun">''Histoire générale'', page 101</ref>. Kourou et tous les autres villages et villes de la Guyane se sont vidés de presque tous leurs hommes à l’exception des plus vieux, les plus jeunes et les infirmes<ref name="centetun"/>. Beaucoup d’agriculteurs quittèrent leurs terres pour travailler dans les [[Mine (gisement)|mines]] aurifères<ref>''Histoire générale'', page 103</ref>. L’économie guyanaise souffre aussi de la rupture des liens commerciaux avec la métropole pendant la guerre<ref>''Histoire générale'', pages 106-107</ref>. L’implantation, après la guerre, d’une ferme-pilote à Pariacabo (aujourd’hui la zone industrielle) utilisant des techniques modernes, échoua parce qu’il fut difficile de former les agriculteurs guyanais aux nouvelles machines et techniques. L’expérience fut annulée en 1957 pour cause de manque de budget<ref>''Histoire générale'', page 111</ref>. Le [[Centre spatial guyanais]] y est implanté depuis 1965. C’est de ce site que sont lancées toutes les [[Fusée Ariane|fusées Ariane]], et d’ici 2008 les [[Soyouz]] russes ainsi que le petit lanceur italien [[Vega]]. Le CSG est la plus grande entreprise de la Guyane<ref>''Histoire générale'', page 45</ref>. Elle est considérée comme la {{guil|locomotive}} de l’économie du département : en 1990, elle comptait pour 49,8 % de la production totale de la Guyane et pour 28,3 % du [[PIB]] ; un cinquième de la population vit de l’industrie spatiale, soit {{formatnum:22800}} personnes<ref>''Histoire générale'', page 115</ref>. La Guyane se voit dans la même situation économique que pendant la période coloniale : la production est presque entièrement limitée au spatial<ref>''Histoire générale'', page 122</ref>. L’importance du CSG et de Kourou en général est tellement grande que les villes proches, dont [[Sinnamary]], [[Macouria]] et [[Roura]], de petits villages en 1965, se sont énormément développés depuis, en particulier Sinnamary, où habitent de nombreux employés de la base spatiale. L’impulsion économique du centre spatial développa l’ouest et centre du littoral guyanais, l’est étant en déclin depuis l’abolition de l’esclavage<ref>''Histoire générale'', page 46</ref>. L’activité économique suscitée par le CSG attire de nombreux immigrants de la région fuyant des troubles économiques ou la guerre dans leurs pays d’origine, dont les [[Haïti]]ens, les plus nombreux (ils seront {{formatnum:13457}} dans tout le département en 1985). L’estimation de la population d’origine brésilienne est plus difficile à cause des nombreux immigrants clandestins ; on en comptait officiellement {{formatnum:5300}} en 1985. Viendront aussi plusieurs milliers de Chinois dans le département (déjà 329 en 1977), et des milliers de réfugiés [[Hmong]] du [[Laos]] fuyant la guerre ({{formatnum:1000}} personnes à Javouhey près de Mana et à Cacao près de Roura). Pendant la guerre au Surinam on trouve {{formatnum:10000}} Surinamiens dans la région de Mana et de Saint-Laurent, surtout dans des camps de réfugiés. La plupart retourneront chez eux lors de la [[paix]]. La population antillaise, quant à elle, augmente de près de {{formatnum:3000}} personnes. On compte également {{formatnum:13400}} ''{{guil|[[France métropolitaine|Métros]]}}'' en 1990, la plus grande partie installés à Kourou. Si en 1961 la Guyane comptait {{formatnum:33295}} habitants, en 1990 ce nombre grimpe à {{formatnum:114678}} et en 1999 on en recense {{formatnum:157213}}. Ce spectaculaire essor est presque entièrement dû à l’implantation du CSG dans le département<ref>''Histoire générale'', pages 81-84</ref>. ==Transport== Kourou est à environ 65 km à l'ouest de Cayenne et à 200 km à l'Est de St-Laurent. Il n’existe aucun réseau de [[transport public]] à Kourou (en raison de la taille de la commune) ; en ville les Kourouciens se déplacent surtout en [[vélo]], puis en [[voiture]] ou en [[moto]]. Pour aller en dehors de Kourou les particuliers n’ayant pas de moyen de transport personnel sont contraints à utiliser un service de navette informel, nommée localement « taxi co » (pour taxis collectifs). La [[Route nationale 1]], à deux voies, relie les grandes villes côtières. Elle fut déviée plus loin de la côte pour contourner le CSG et comprend un pont sur le fleuve [[Kourou (fleuve)|Kourou]]. Ce dernier fut ouvert le 25 décembre 1968<ref>http://www.cnes.fr/web/1825-lepoque-des-grands-chantiers.php Construction du pont de Kourou</ref>, la traversée du fleuve en direction de Cayenne se faisant auparavant grâce à un bac situé au lieu-dit Guatemala. Il y a un [[aérodrome]] à une piste dans l’enceinte du CSG, desservant de petits [[avion]]s, essentiellement des amateurs de l’aéro-club local, et des vols touristiques en [[hélicoptère]] ou avions légers<ref>[http://perso.orange.fr/ac-kourou/aerodrome/aerodrome.html L’aérodrome de Kourou] sur le site de l’Aéro-club de Kourou</ref>. ==Enseignement== On y trouve plusieurs écoles primaires et secondaires, ainsi qu’une [[Crèche (enfant)|crèche]] municipale et un IUT de [[génie électrique]]<ref>[http://www.guyane.univ-ag.fr/pdg/pdg_iut_pr.php3 Site de l'IUT]</ref>. Il y a sept groupes scolaires (Olivier-Compas, Michel-Lohier, Eustase-Rimane, Émile-Nézès, Raymond-Cresson, Olive-Palmot et Solange-Patient), quatre [[collège]]s (Henri-Agarande, Victor-Schœlcher et Omeba-Tobo), et deux [[lycée]]s (Gaston-Monnerville et Élie-Castor). == Culture == [[Image:Kourou carnaval touloulou 2007 2.jpg|thumb|Touloulou à la grande parade de Vaval]] La médiathèque, ou {{guil|pôle culturel}}, de la ville, située sur la rive sud du lac Bois Chaudat, abrite la [[bibliothèque]] municipale, une petite salle de cinéma, une salle d'informatique et une salle pour expositions d'art, ainsi que de nombreuses salles où se déroulent des cours pour enfants et adultes<ref>[http://www.blada.com/sorties/communes/Kourou/33.htm Pôle culturel de Kourou]</ref>. Il existe également une petite bibliothèque associative payante située derrière la mairie, à côté de la caserne de police<ref>[http://www.blada.com/associations/fiche/13-Bibliotheque_associative.htm Bibliothèque associative de Kourou]</ref>. Kourou a un petit [[cinéma]] de deux salles, l'Urania, au quartier Simarouba. === Fêtes === Le plus grand évènement culturel de l'année est le ''Vaval'', mot créole désignant le [[Carnaval]]. Chaque dimanche pendant un mois avant le jour de Vaval, on peut voir de grands défilés passer sur l'avenue des Roches. Le jour même du Vaval plusieurs centaines de personnes de toute la Guyane vont à Kourou voir la grande parade, qui dure trois heures ou plus. Toute la ville s'y rend : les femmes y sont le plus souvent danseuses ou ''[[touloulou]]s'', les hommes dansent ou jouent d'un instrument de musique, et les enfants se déguisent en petits diablotins ou jouent d'un instrument (le plus souvent des [[tambour]]s en plastique). Accessoirement, à Kourou on élit le ''Prince Vaval'', tandis que les [[Cayenne|Cayennais]] élisent le ''Roi Vaval'' ; ceux-ci animent une partie de la parade dans leurs villes respectives. Plus petite mais néanmoins importante, la fête patronale de Kourou se déroule le [[25 novembre]], la patronne de la ville étant sainte [[Catherine Labouré]]. En ce jour, une petite [[fête foraine]] est installée près de la place du marché, au Vieux Bourg, et les enfants y vont jouer toute la journée. Quelques semaines avant [[Noël]] se déroule le marché de Noël sur la place du [[parvis]] de la médiathèque. ==Sport== Le [[stade]] Bois Chaudat, de {{formatnum:4000}} places, se situe sur la rive nord du lac éponyme avec un camp d’entraînement à côté. Aussi sur les rives, on trouve la [[Piscine (bassin)|piscine]] publique de la ville, des courts de [[tennis]] et un [[boulodrome]]. Au nord on trouve le [[club hippique]] à côté du lac Bois Diable<ref>[http://www.chkourou.com/ Site officiel du club hippique]</ref>. Il y a aussi plusieurs équipes de [[sport nautique|sports nautiques]], d’[[arts martiaux]], d'[[athlétisme]]... Les équipes de sport de Kourou prennent le nom de ''Le Geldar'' ; il y a des sections d’[[escrime]]<ref>[http://www.blada.com/associations/fiche/137-Geldar_Escrime.htm Le Geldar Escrime sur le site de Blada]</ref>, de [[handball]]<ref>[http://www.membres.lycos.fr/geldarhand/ Site officiel du Geldar de handball]</ref>, de [[volleyball]]<ref>[http://www.blada.com/associations/fiche/30-Geldar_Volley-ball.htm Le Geldar Volleyball sur le site de Blada]</ref> et de [[football]]. La section de foot, [[ASC Le Geldar]], a remporté la [[Coupe des DOM]] (1-0 contre l’[[AS Sada]] de [[Mayotte]]) en 2005<ref>[http://sport.rfo.fr/article192.html ''Geldar de Kourou remporte la coupe des DOM'']</ref>. Il existe plusieurs petites compétitions se déroulant en ville : en octobre, deux jours de courses en [[pirogue]] à la mer, départ et fin sur la plage de Kourou<ref>[http://www.blada.com/sorties/prochaines/1721-Les_Maitres_de_la_pagaie.htm?limit=10 Les Maîtres de la pagaie 2007], sur Blada</ref>, et en mars le Marathon de l'Espace<ref>[http://www.toucan-athletic-club.com/TAC/mara.html Marathon de l'Espace] sur le site du Toucan Athletic Club</ref>. ==Cultes== [[Image:Kourou2.jpg|thumb|L’église Sainte-Catherine]] La plupart des Kourouciens pratiquants sont [[Catholicisme|catholiques]] ; leur lieu de culte est l’[[Église (édifice)|église]] [[Catherine Labouré|Sainte-Catherine]], située sur l’avenue Charles-de-Gaulle au Vieux Bourg. == Annexes == === Articles connexes === {{Commons|Kourou}} *[[Kourou (fleuve)]] *[[Centre spatial guyanais]] *[[3e régiment étranger d'infanterie|3{{e}} régiment étranger d’infanterie]] === Bibliographie === *Marion F. Godfroy, ''Partir pour Kourou, politiques autour d’une migration inédite'', Colloque Histoire et mémoires de Cayenne, Ibis Rouge, 2006. *Marion F. Godfroy, ''Bagnards'', Éditions du Chêne, Paris, 2002, {{ISBN|284277390X}} *Serge Mam Lam Fouck ; ''Histoire générale de la Guyane française'', Cayenne, Ibis Rouge Éditions, 1996 ; {{ISBN|9782844501639}} *Bernard Montabo ; ''Le Grand livre de l’histoire de la Guyane'' ; deux volumes ; Collection Le Grand Livre ; Éditions Orphie, 2004. *Cécile Richard-Hansen et Roger Le Guen ; ''Guyane, ou le voyage écologique'' ; Éditions Roger Le Guen, II{{e}} édition, août 2002, {{ISBN|295143961X}} === Notes et références === {{Références|colonnes=3}} === Liens externes === *{{fr}} [http://www.kourou.info/ Site de la mairie] *{{fr}} [http://www.blada.com/ Blada.com, le petit journal de Kourou] *{{fr}} [http://www.cnes.fr/html/_1016_1024_1031_.php Le site du Centre spatial guyanais (CSG)] {{Bon article|oldid=21319760|date=3 octobre 2007}} {{Portail|Guyane|Amazonie|communes de France}} [[Catégorie:Commune de la Guyane]] [[Catégorie:Port spatial]] [[Catégorie:Garnison de Légion étrangère]] [[af:Kourou]] [[ast:Kourou]] [[br:Kourou]] [[cs:Kourou]] [[de:Kourou]] [[en:Kourou]] [[es:Kourou]] [[et:Kourou]] [[fi:Kourou]] [[it:Kourou]] [[ja:クールー (フランス領ギアナ)]] [[nl:Kourou]] [[pl:Kourou]] [[pt:Kourou]] [[sk:Kourou]] [[sv:Kourou]]