La Comédie humaine
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2008-07-22T17:29:33Z
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{{Infobox Livre
| titre = La Comédie humaine
| auteur =[[Honoré de Balzac]]
| genre =Étude de mœurs ([[Roman (littérature)|romans]], [[nouvelle]]s, [[conte]]s, [[essai]]s)
| pays= {{France}}
| lieuparution = [[Paris]]| éditeur = Béchet, Gosselin, Mame, Charpentier, Furne et [[Hetzel]]
| dateparution = [[1830 en littérature|1830]]-[[1856 en littérature|1856]]
| image = Balzac1901.jpg
| légende = Édition de<br />la Comédie humaine de 1901.
| dessinateur =
| artiste_couverture =
| série = 137 ouvrages
| collection = Études de mœurs, Études analytiques, Études philosophiques, Ébauches rattachées à La Comédie humaine.
| type_média =
| pages =
| isbn =
| précédent =
| suivant =
}}
'''''La Comédie humaine''''' est un ensemble d’ouvrages d’[[Honoré de Balzac]], composé de 137 œuvres<ref>Larousse des Littératures françaises et étrangères. Tome I</ref> comprenant des [[Roman (littérature)|romans]] [[réaliste]]s, [[fantastique]]s, ou [[philosophique]]s. Mais aussi des [[conte]]s, des [[essai]]s, des [[étude]]s [[analytique]]s, des [[nouvelle]]s parfois regroupées sous un seul titre selon les éditions. Les textes sont classés par milieux sociaux, par lieux géographiques, ou par catégories psychologiques (''Scènes de la vie privée'', ''Scènes de la vie de province'') réunis dans des ensembles génériques (''Études de mœurs'', ''Études analytiques'', ''Études philosophiques''). L’écriture de l’ensemble s’échelonne de [[1831 en littérature|1831]], avec ''[[la Peau de chagrin]]'', à [[1850 en littérature|1850]], avec les ouvrages inachevés à sa mort et complétés par [[Charles Rabou]] : ''[[le Député d'Arcis]]'' ([[1854 en littérature|1854]]), ''[[Les Petits bourgeois|les Petits bourgeois de Paris]]'', ([[1856 en littérature|1856]]), ''[[le Comte de Sallenauve]]'', ([[1856 en littérature|1856]]), et aussi ''[[les Paysans]]'' publié en [[1854 en littérature|1854]] par sa veuve, [[Comtesse Hanska|Évelyne Hanska]].
L’ambition de l’auteur était de décrire de façon quasi-exhaustive la société qui l’entourait, construisant ainsi un édifice qui pourrait {{Guillemets|faire concurrence à l’état civil}}. Il voulait enfermer toute son époque dans sa ''Comédie humaine''. Toutefois, en [[1837 en littérature|1837]], le titre qu’il envisage pour son œuvre est ''Études sociales'', qui deviendra ''La Comédie Humaine'' en [[1842 en littérature|1842]], en référence à [[Dante Alighieri|Dante]]<ref>Voir [[Les Proscrits]]</ref>.
== L’élaboration ==
[[Image:Brueghel-tower-of-babel.jpg|thumb|right|250px|un édifice qui pourrait « faire concurrence à l’état civil »]]
L’idée de relier entre eux les récits en faisant revivre les protagonistes de chaque [[Roman (littérature)|roman]] ou [[nouvelle]] ne vient à Balzac qu’en [[1835 en littérature|1835]] avec ''[[le Père Goriot]]'' où l’on voit reparaître pour la deuxième fois l’important [[Eugène de Rastignac]] déjà présenté en [[1832 en littérature|1832]] dans ''[[Étude de femme]]'' et ''[[Autre étude de femme]]'' publié alors sous le titre ''Une conversation entre onze heures et minuit'' inséré dans les ''[[Contes bruns]]''. Balzac se ravisait souvent dans ses classements, et ses titres. Il pouvait rattacher ''[[Le Message (Nouvelle)|Le Message]]'' à ''[[la Grande Bretèche]]'', puis publier les deux textes de façon autonome<ref>Préface de Jean Roudaut, pp.7-22, notice et notes de Samuel S. de Sacy,p. 349,350,353, au recueil ''[[les Secrets de la princesse de Cadignan]]'', comprenant aussi : ''[[Étude de femme]]'', ''[[Autre étude de femme]]'', ''[[la Femme abandonnée]]'', ''[[la Grenadière]]'', ''[[Madame Firmiani]]'', [[Le Message (Nouvelle)|le Message]], ''[[la Grande Bretèche]]'', Folio Classique, [[Gallimard]] [[1971]]-[[1980]].</ref>. ''[[Le Colonel Chabert]]'' ne paraît sous sa forme définitive qu’en [[1844 en littérature|1844]] après une première version publiée en [[1832 en littérature|1832]], sous le titre ''la Transaction''. ''[[La Maison du chat-qui-pelote]]'' fut d’abord intitulé ''Gloire et Malheur'' en première publication [[1830 en littérature|1830]] et le texte connut 4 autres éditions et autant de remaniements jusqu’à la dernière édition Furne qui fut elle même corrigée indéfiniment et qui parut sous le titre : ''La Maison du chat-qui-pelote''<ref>{{harv|texte=Anne-Marie Baron, 1985|p=18 Introduction à ''[[La Maison du chat-qui-pelote]]'', Flammarion GF, volume incluant également ''[[le Bal de Sceaux]]'', ''[[la Vendetta]]'', ''[[la Bourse]]|réf=PovB}}|réf=PovB}}</ref>. On aura une idée de la multiplicité des avatars des éléments de ''la Comédie humaine'' en consultant les notices de chaque titre et l’historique de chaque publication, avec les innombrables remaniements que Balzac apportait jusqu’à se ruiner en frais d’imprimerie pour la révision des bons à tirer<ref>[[André Maurois]], ''Prométhée ou la vie de Balzac'', [[Hachette (livre)|Hachette]], [[1965]]</ref>. Balzac pouvait certainement écrire vite, beaucoup et inlassablement. On raconte que c’est en une seule nuit, chez son amie [[Zulma Carraud]] à La Poudrerie d’[[Angoulême]], qu’il écrivit ''[[la Grenadière]]''<ref>Samuel S de Sacy.Folio Classique p 351</ref> et selon Zulma Carraud : {{Guillemets|La Grenadière, cette jolie perle, fut écrite en jouant au billard. Il quittait le jeu, me priant de l’excuser, et griffonnait sur un coin de table, puis revenait à la partie pour la quitter bientôt}}<ref>Texte cité par Roger Pierrot. Écrit par ''[[Zulma Carraud]]'' en [[1868 en littérature|1868]].</ref>
== La structure ==
Dès [[1834 en littérature|1834]], Balzac conçoit la structure de la comédie humaine comme un édifice en trois parties : {{Début citation}}à la base de l'édifice : les ''Études de mœurs'' représentent les effets sociaux. La seconde assise est les ''Études philosophiques'', car, après les effets viendront les causes. Puis, après les effets et les causes, doivent se chercher les principes. Les mœurs sont dans le spectacle, les causes sont dans les coulisses et les machines. Les principes, c’est l’auteur, mais, à mesure que l'œuvre gagne en spirales les hauteurs de la pensée, elle se mesure et se condense.<ref>Propos de l’auteur rapportés dans le ''Dictionnaire des littératures de langue française'', Bordas, 1984, p. 127 {{ISBN|2-04-015333-0}}</ref>{{Fin citation}}
Pourtant, dans chaque œuvre de ''la Comédie Humaine'', les effets, les causes et les principes sont sans cesse mêlés comme si chaque roman était construit sur le principe de l’édifice général. Dans ''[[le Lys dans la vallée]]'', l'histoire d'amour d'Henriette de Mortsauf et Félix de Vandenesse se déroule au plan des {{Guillemets|effets}}, l’analyse des causes de l’échec apparent de cet amour se rapporte aux {{Guillemets|principes}} puisés dans la peinture de l’enfance conçue comme caractère et comme destin<ref>G. Vannier, ''Dictionnaire des littératures de langue française'', ''op. cit.''</ref>.
Les ''Études de mœurs'' offrent l’histoire générale de la société, Mais les ''Études philosophiques'' composées de romans, de contes de nouvelle fantastiques sont pour Balzac la clé qui permet de comprendre l'ensemble de son œuvre. Il leur accordait une énorme importance et ce n’est pas par hasard si le grand succès lui arriva avec ''[[la Peau de chagrin]]''. Selon lui : {{Début citation}} Cette œuvre reliait les études de mœurs aux études philosophiques par l'anneau d’une fantaisie presqu'orientale où la vie elle-même est prise avec le Désir, principe de toute passion.<ref>''Dictionnaire des littératures de langue française'', ''op. cit.''</ref>{{Fin citation}}
== L’écriture et le talent balzacien ==
[[Honoré de Balzac]] emploie une méthode que [[Marcel Proust]]<ref>J. Borel, ''Proust et Balzac'', Paris, José Corti, 1975.</ref> appelait {{Guillemets|l’éclairage rétrospectif}} à savoir : le passé d’un personnage n’est révélé que longtemps après sa présentation, ce qui donne un souffle de vie et un supplément de mystère à ses romans et nouvelles. [[Jacques Collin]], apparu dans ''[[le Père Goriot]]'', se précise sous le nom de l’abbé [[Carlos Herrera]] dans ''[[Splendeurs et misères des courtisanes]]''. La [[vicomtesse de Beauséant]] dont on voit le triste échec dans ''[[la Femme abandonnée]]'' aura été une séductrice tout au long de ''la Comédie humaine''. La princesse de Cadignan (autrement appelée [[Diane de Maufrigneuse]] dans ''[[les Secrets de la princesse de Cadignan]]''), ne cesse d’être précisée, montrée sous tous les angles, même celui le plus généreux et inattendu dans ''[[le Cabinet des Antiques]]''.
[[Honoré de Balzac|Balzac]] utilise aussi le principe du narrateur, comme si l’auteur du roman reproduisait le récit que lui aurait fait quelqu’un d’autre. Cela permet une mise en perspective de plusieurs lieux à la fois élargissant ainsi le panorama avec des histoires dans l’histoire ([[Mise en abyme|récits enchâssés]]). Balzac part de l’environnement immédiat du narrateur (salon, auberge, campagne), et il déroule le fil de son récit avec des retours et des questions posés au narrateur par les personnages qui l’entourent, introduisant suspense ou remarques philosophiques. Le médecin [[Horace Bianchon]] est le narrateur de ''[[la Grande Bretèche]]'', le journaliste et écrivain [[Émile Blondet]] est témoin et narrateur intermittent dans ''[[le Cabinet des Antiques]]'', Hermann, un négociant allemand, est le narrateur et le décrypteur du crime de ''[[l'Auberge rouge]]''.
Balzac est également scénographe, costumier, régisseur. Les minutieuses descriptions de l’ameublement d’une maison, des costumes des personnages jusque dans les moindres détails (Balzac emploie les termes les plus précis que ce soit pour la passementerie, les étoffes, l’architecture d’intérieur ou d’extérieur) sont celles d’un scénographe. L’auteur de ''la Comédie humaine'' plante ses décors avec un soin presque maniaque ce qui explique l’engouement des metteurs en scène pour ses textes, souvent adaptés à l’écran (télévision et cinéma) (voir [[Films basés sur l'œuvre d'Honoré de Balzac]]).
== Exploration de la Comédie humaine ==
[[Image:Minotaurus.gif|thumb|left|200px|parcours-labyrinthe de la Comédie humaine]]
S’il est vrai que l’on peut lire séparément chaque ouvrage de la Comédie humaine et l’apprécier comme tel, il reste certain que chacun ne prend sa profondeur et ses arrières-plans de signification que si on le replace dans le contexte de l’Œuvre entière.<ref>Dictionnaire des œuvres Laffont-Bompiani. p. 839.</ref>
Les innombrables {{Guil|explorateurs}} de la Comédie humaine qui se sont succédé depuis [[Charles de Spoelberch de Lovenjoul]] à nos jours, d' Ethel Preston<ref>Recherches sur la technique de [[Honoré de Balzac|Balzac]]. Paris 1926. Réimpression Slatkine Genève.1984</ref>à Marcel Bouteron<ref> Préface à l’édition de La Pléiade de la Comédie humaine. 1938 Paris</ref>de S.Rogers<ref>Balzac and the novel. Madison. University of Wisconsin Press 1953</ref>à [[Maurice Bardèche]]<ref> Œuvres complètes de Balzac.Club de l’honnête homme 28 vol. de 1955 à 1963</ref>de [[Pierre-Georges Castex]]<ref> La Comédie humaine.XII tomes. édition complète publiée sous la direction de P.G Castex. La Pléiade. Gallimard 1981</ref>à [[Michel Butor]]<ref>''Improvisations sur Balzac'', 3 vol., Paris, La Différence [[1998]]</ref>, et ceux qui continuent à le faire, n’en finissent pas de découvrir toute les ressources de l’immense {{Guil|conte}} que représente cet ensemble, un {{Guil|poème}} comparable à ceux d’[[Homère]] et, bien sûr de [[Dante Alighieri|Dante]].<ref>Dictionnaire des littératures de langue française. op.cité</ref>
On s’est longtemps trompé sur Balzac en le prenant par exemple pour un romancier uniquement [[réalisme|réaliste]], parce qu’on croyait pouvoir en juger d’après trois ou quatre {{Guil|chefs-d'œuvre}} isolés de l’ensemble. C’était une erreur <ref>sur laquelle revient inlassablement [[L'Année balzacienne]] avec de nouvelles découvertes</ref>, car il n’est possible d’approcher son secret que si l’on pénètre dans l’immensité de l’œuvre globale et si on l’explore toute entière. Elle prend alors ses véritables proportions et ce caractère {{Guil|visionnaire}} que [[Charles Baudelaire|Baudelaire]] fut le premier à signaler. <ref>Dictionnaire Laffont-Bompiani. op. cité</ref>
La Comédie humaine, née spontanément et soumise après coup à un {{Guil|programme}} est bien un édifice unique <ref>Ibid</ref>, une sorte de labyrinthe fléché où chaque personnage nous indique la direction d’un autre. Ce parcours non linéaire peut être suivi pendant un temps, abandonné, et repris longtemps plus tard . Il accompagne toute une vie.
=== La Société de la Comédie Humaine ===
{{voir|Personnages de la Comédie humaine}}
Balzac avait passé en revue à peu près toutes les couches sociales de son époque, établissant une sorte de catalogue raisonné de types humains représentatifs de leur milieu. Selon la définition de Bernard Pingaud<ref>Folio Gallimard, P.17</ref> dans son introduction à ''[[l'Envers de l'histoire contemporaine]]'', roman pétri de complots: {{Guil|La Comédie humaine est elle- même le produit d’un complot ourdi souverainement par l’auteur pendant ces nuits de veille où il avait l’impression de régner sur le monde et dont le ''sens caché'' lui est apparu lorsqu’il a eu l’idée de créer ''l’association'' imaginaire des personnages qui permet leur retour d’un livre à l’autre. À partir de ceci, on pourrait bâtir toute une théorie de la fiction et montrer que le '''roman balzacien''' ne ressemble guère à l’amalgame de plat réalisme et de romanesque débridé qu’on entend souvent sous ce nom. Mais ce serait une autre histoire, non moins secrète, quelque chose comme ''l’envers'' d’une œuvre.}}.
===Le retour des personnages===
Le phisosophe [[Alain (philosophe)|Alain]] a défini la Comédie humaine comme un {{Guil|carrefour où les personnages se rencontrent, se saluent, et passent. De là vient qu'au lieu d'être dans un roman, on est dans dix . <ref>Avec Balzac. Gallimard. 1937 . p. 191</ref>}}. Pour [[François Mauriac]] , c'est un {{Guil|rond-point (..) d'où partent les grandes avenues que [[Honoré de Balzac|Balzac]] a tracées dans sa forêt d'hommes. <ref>Le romancier et ses personnages. Presses Pocket. 1990. p. 50</ref>}}
On peut énumérer les figures principales du monde balzacien, des types humains que l’on verra reparaître souvent, formant des portraits de groupes dans un chassé-croisé savant.<ref>Fernand Lotte : Dictionnaire biographique des personnages de La Comédie humaine, Paris, librairie José Corti, 1952.
</ref> , <ref>Pierre Citron et Anne Marie Meininger : Index des personnages fictifs et des personnes réelles. La Pleiade. t.XII.pp. 1141-1856
</ref>. Une technique littéraire qui a donné lieu à un genre: les '''personnages reparaissants''', repris notamment par [[Marcel Proust]] et [[Émile Zola]].
Toutefois, la fréquence des réapparitions et le nombre de romans dans lesquels sont cités ces personnages, ne correspondent pas toujours à leur importance réelle<ref>Fernand Lotte, Le retour des personnages dans la Comédie humaine. Avantages et inconvénients du procédé, L'Année balzacienne 1961, Paris, Garnier, 1961, p. 227-281.</ref>. Ainsi des personnages capitaux comme [[Jean-Joachim Goriot]], [[Le Cousin Pons]], [[la Cousine Bette]], l'abbé Birotteau du [[Le Curé de Tours|Curé de Tours]], [[César Birotteau]], [[Coralie (Balzac)|Coralie]] ou [[Esther Gobseck]] seront les figures majeures d'un seul roman et ne réapparaissent que très rarement, sous forme d'évocation le plus souvent<ref>[[Félicien Marceau]] : Balzac et son monde.Gallimard TEL 1970, édition revue et augmentée,1986. p.19</ref>
===L'argent===
Balzac parlait-il d'argent uniquement parce que c'était une de ses préoccupations premières? Ou bien faisait-il œuvre de témoin d'une époque où le mot d'ordre était:{{Guil|enrichissez-vous}}? Les avis sont partagés sur la question.On trouve de bonnes raisons dans la première hypothèse comme dans la seconde. [[Charles Baudelaire]], qui voyait en lui un visionnaire passionné, ({{Guil|Tous ses personnages sont doués de l'ardeur vitale dont il était animé lui-même. Toutes ses fictions sont aussi profondément colorées que les rêves (...)bref, chacun dans Balzac, même les portières, a du génie. Toutes les âmes sont des âmes chargées de volonté jusqu'à la gueule.<ref>[[Charles Baudelaire]], ''L'Art romantique'', publié à titre posthume en 1869, Garnier, Paris,1962, p. 535-536.</ref>}}), regrettait néanmoins que ce cerveau poétique fut tapissé de chiffres comme le cabinet d'un financier: <ref>{{Guil|C'était bien lui l'homme aux faillites mythologiques, aux entreprises hyperboliques et fantasmagoriques (...)ce gros enfant bouffi de génie et de vanité, qui a tant de qualités et tant de travers que l'on hésite à retrancher les uns de peur de perdre les autres.Charles Baudelaire, Garnier, Paris,1962, p. 535-536.}}</ref>
Pourtant, si l'argent a une telle importance dans la Comédie humaine, [[Félicien Marceau]] y voit une preuve supplémentaire de ce Balzac-visionnaire:{{citation bloc|(...)dont le réalisme est sujet à caution. On a dit parfois: comment un homme qui s'est tué au travail aurait-il eu le temps de voir tout ce qu'il décrit ? C'est ignorer les pouvoirs du romancier, qui n'a pas besoin de regarder longtemps pour voir, qui n'a aucun besoin de vivre d'abord ce qu'il écrit...C'est parce que Balzac est un visionnaire que, au moins dans son constat, il arrive quelques années avant [[Karl Marx]]. Le romancier arrive toujours premier et cela est dans l'ordre.<ref>Félicien Marceau, p.555</ref>.}}. Autrement dit, Balzac ne fait que constater, avec la Comédie humaine, ce que Marx dissèquera dans [[Le Capital]].Ce n'est pas une obsession, c'est un diagnostique,<ref>Félicien Marceau, p.554</ref>, à une époque où la '''Haute banque''' de [[Frédéric de Nucingen|Nucingen]] fleurissait déjà avec un[[Jacques Laffitte|Laffitte]].
Balzac prend soin de présenter chaque personnage avec son revenu exact.[[Jean-Joachim Goriot]] arrive à la pension Vauquer avec huit à dix milles francs, sa fille [[Delphine de Nucingen]] a une dot de trente milles franc de rente, [[Eugène de Rastignac]] a trois cent mille livres de rentes en fin de carrière, on connaît le montant des dettes de [[Diane de Maufrigneuse]] etc. L'argent devient là unité de mesure romanesque pour chaque protagoniste dont les possessions varient d'un roman à l'autre.<ref>[[Gyorgy Lukàcs]] : Balzac et le réalisme français. Maspero. Paris, 1967, p 179-181</ref>
== La Comédie humaine ==
=== Historique des éditions ===
Il existe plusieurs collections des œuvres de Balzac en multiples formats chez divers éditeurs. Par ordre chronologique, on peut citer les éditions Levasseur et Urbain Canel ([[1829 en littérature|1829]]), Mame-Delaunay ([[1830 en littérature|1830]]), Gosselin ([[1832 en littérature|1832]]) Madame Charles-Béchet ([[1833 en littérature|1833]]), Werdet ([[1837 en littérature|1837]]), Charpentier ([[1839 en littérature|1839]]). Une édition illustrée de Charles Furne (20 volumes, in-8, de [[1842 en littérature|1842]] à [[1852 en littérature|1852]]) a réuni l’intégralité de La Comédie humaine en association avec Houssiaux puis Hetzel, Dubochet et Paulin.<ref>Voir l’[http://www.v1.paris.fr/musees/balzac/furne/historique.htm historique de l’édition Furne].</ref>{{,}}<ref>Voir aussi La Pléiade qui suit l’ordre de publication de Balzac</ref>.
Cette liste se base sur l’édition de la Pléiade<!--Furne, édition de référence pour ''[[la Comédie humaine]]''. Elle suit les divisions que Balzac a lui-même mises en place--> qui suit l’ordre de publication de Balzac.
=== Études de mœurs ===
==== ''Scènes de la vie privée'' ====
* ''[[La Maison du chat-qui-pelote]]'', [[1830 en littérature|1830]], (Mame-Delaunay), [[1839 en littérature|1839]], (Charpentier), [[1842 en littérature|1842]] (Furne)
* ''[[Le Bal de Sceaux]]'',[[1830 en littérature|1830]], (Mame et Delaunay-Vallée), [[1842 en littérature|1842]] (Furne)
* ''[[Mémoires de deux jeunes mariées]]''[[1842 en littérature|1842]] (Furne)
* ''[[La Bourse]]'', [[1832 en littérature|1830]], (Mame-Delaunay), [[1835 en littérature|1835]], (Béchet), [[1839 en littérature|1839]], (Charpentier), [[1842 en littérature|1842]] (Furne)
* ''[[Modeste Mignon]]'', [[1844 en littérature|1844]]
* ''[[Un début dans la vie]]'', [[1844 en littérature|1844]] (1e éd.), [[1845 en littérature|1845]] (Furne).
* ''[[Albert Savarus]]'', [[1842 en littérature|1842]], (1e éd. Furne)
* ''[[La Vendetta (nouvelle)|La Vendetta]]'', (idem)
* ''[[Une double famille]]'', [[1830 en littérature|1830]], (1e éd.), [[1842 en littérature|1842]] (Furne)
* ''[[La Paix du ménage]]'', [[1830 en littérature|1830]], (1e éd.), [[1842 en littérature|1842]], (5e éd. Furne)
* ''[[Madame Firmiani]]'', [[1832 en littérature|1832]], (1e éd. Gosselin), [[1835 en littérature|1835]], (éd Béchet), [[1839 en littérature|1839]], (Charpentier) [[1842 en littérature|1842]], (Furne)
* ''[[Étude de femme]]'', [[1831 en littérature|1831]], (1e éd. Gosselin, [[1842 en littérature|1842]], (4e éd.Furne)
* ''[[La Fausse maîtresse]]'', [[1842 en littérature|1842]], (1e éd. Furne)
* ''[[Une fille d'Ève]]'', [[1839 en littérature|1839]],(Souverain) puis dans l’édition Furne de [[1842 en littérature|1842]]
* ''[[Le Message (nouvelle)|Le Message]]'' ([[1833 en littérature|1833]]) éditions Mame-Delaunay.
** ''[[La Grande Bretèche]]'', [[1832 en littérature|1832]], [[1837 en littérature|1837]], [[1845 en littérature|1845]]
* ''[[La Grenadière]]''
* ''[[La Femme abandonnée]]'', [[1833 en littérature|1833]], (1e éd. Béchet)
* ''[[Honorine]]''
* ''[[Béatrix]]'', [[1839 en littérature|1839]]
* ''[[Gobseck]]'', [[1830 en littérature|1830]], (1e édition), [[1842 en littérature|1842]] (Furne)
* ''[[La Femme de trente ans]]'', [[1834 en littérature|1834]] (éd.Charles-Béchet), [[1842 en littérature|1842]], (Furne)
* ''[[Le Père Goriot]]'', [[1835 en littérature|1835]]
* ''[[Le Colonel Chabert (roman)|Le Colonel Chabert]]'', [[1835 en littérature|1835]]
* ''[[La Messe de l'athée]]'', [[1836 en littérature|1836]]
* ''[[L'Interdiction]]'', [[1836 en littérature|1836]]
* ''[[Le Contrat de mariage]]'', [[1835 en littérature|1835]], (1e éd.), [[1842 en littérature|1842]], (Furne-[[Hetzel]])
* ''[[Autre étude de femme]]'', [[1839 en littérature|1839]]-[[1842 en littérature|1842]]
==== ''Scènes de la vie de province'' ====
* ''[[Ursule Mirouët]]''
* ''[[Eugénie Grandet]]'', [[1833 en littérature|1833]]
*** Dans les célibataires
** ''[[Pierrette]]''
** ''[[Le Curé de Tours]]'', [[1832 en littérature|1832]]
** ''[[La Rabouilleuse]]'', intitulé à l’origine ''[[Un ménage de garçon]]'', [[1842 en littérature|1842]]
***Dans les parisiens en province
** ''[[L'Illustre Gaudissart]]'', [[1833 en littérature|1833]] et [[1843 en littérature|1843]]
** ''[[La Muse du département]]''
***Dans les rivalités
** ''[[La Vieille Fille (roman)|La Vieille Fille]]'', [[1836 en littérature|1836]]
** ''[[Le Cabinet des Antiques]]'', [[1839 en littérature|1839]]
* ''[[Illusions perdues]]'', [[1836 en littérature|1836]] à [[1843 en littérature|1843]] comprenant :
** ''[[Les Deux poètes]]''([[1837 en littérature|1837]])
** ''[[Un grand homme de province à Paris]]'' ([[1839 en littérature|1839]])
** ''[[Ève et David]]'' [[1843 en littérature|1843]] (Les Souffrances de l’inventeur)
==== ''Scènes de la vie parisienne'' ====
* ''[[Histoire des Treize]]'', comprenant :
** 1) ''[[Ferragus]]'', [[1834 en littérature|1834]]
** 2) ''[[La Duchesse de Langeais]]'', [[1834 en littérature|1834]], [[1839 en littérature|1839]]
** 3) ''[[La Fille aux yeux d'or (roman)|La Fille aux yeux d'or]]'', [[1835 en littérature|1835]]
* ''[[César Birotteau]]'', [[1837 en littérature|1837]] (''[[César Birotteau|Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau]]'')
* ''[[La Maison Nucingen]]'', [[1838 en littérature|1838]]
* ''[[Splendeurs et misères des courtisanes]]'', [[1838 en littérature|1838]], (Werdet), [[1844 en littérature|1844]]-[[1846 en littérature|1846]], (Furne)
** ''Comment aiment les filles''
** ''À combien l’amour revient aux vieillards''
** ''Où mènent les mauvais chemins''
** ''La Dernière Incarnation de Vautrin''
* ''[[Les Secrets de la princesse de Cadignan]]''
* ''[[Facino Cane (Balzac)|Facino Cane]]'', [[1837 en littérature|1837]]
* ''[[Sarrasine]]'', [[1831 en littérature|1831]]
* ''[[Pierre Grassou]]''
***Dans les parents pauvres
** ''[[La Cousine Bette]]'', [[1846 en littérature|1846]]
** ''[[Le Cousin Pons]]'', [[1847 en littérature|1847]]
* ''[[Un homme d'affaires|Un homme d’affaires (Esquisse d’homme d’affaires d’après nature)]]'', [[1844 en littérature|1844]] aux éditions [[Hetzel]]
* ''[[Un prince de la bohème]]'' [[1840 en littérature|1840]], [[1844 en littérature|1844]] édition Potter, [[1846 en littérature|1846]], édition Furne
* ''[[Gaudissart II]]''
* ''[[Les Employés ou La Femme supérieure]]'', [[1838 en littérature|1838]], (Werdet), [[1844 en littérature|1844]], (Furne)
* ''[[Les Comédiens sans le savoir]]''
* ''[[Les Petits Bourgeois]]'' (inachevé), terminé et publié par Charles Rabou en [[1856 en littérature|1856]]-[[1854 en littérature|1854]]<ref>''Dictionnaire historique des littératures Larousse'', ([[1986 en littérature|1986]]), t. II, p. [[1325 en littérature|1325]]. ISBN 2-03-[[5083 en littérature|5083]]02-8</ref>
* ''[[L'Envers de l'histoire contemporaine]]'', [[1848 en littérature|1848]]
** ''Madame de la Chanterie''
** ''L’Initié''
==== ''Scènes de la vie politique'' ====
* ''[[Un épisode sous la Terreur]]''
* ''[[Une ténébreuse affaire]]'',[[1843 en littérature|1843]], (Souverain et Lecou), [[1846 en littérature|1846]], (Furne).
* ''[[Le Député d'Arcis]]'' (inachevé), terminé et publié en [[1854 en littérature|1854]] par [[Charles Rabou]], selon la promesse qu’il avait faite à Balzac peu avant sa mort. Le texte se compose de trois parties :
*# ''[[L'Élection]]'' .[[1847 en littérature|1847]]
*# ''[[Le Comte de Sallenauve]]'' (inachevé), terminé et publié par Charles Rabou en [[1856 en littérature|1856]]<ref>Larousse des Littératures, ''op. cit.''.</ref>
*# ''[[La Famille Beauvisage]]''[[1854 en littérature|1854]]-[[1855 en littérature|1855]]
* ''[[Z. Marcas]]''
==== ''Scènes de la vie militaire'' ====
* ''[[Les Chouans]]'', [[1829 en littérature|1829]]
* ''[[Une passion dans le désert]]'', 1830
==== ''Scènes de la vie de campagne'' ====
* ''[[Les Paysans]]'', (inachevé). Publié en 1854 par la comtesse [[Comtesse Hanska|Evelina Hanska]], Madame de Balzac.
* ''[[Le Médecin de campagne]]'', [[1833 en littérature|1833]]
* ''[[Le Curé de village (roman)|Le Curé de village]]'', [[1841 en littérature|1841]]
* ''[[Le Lys dans la vallée]]'', [[1836 en littérature|1836]]
=== Études philosophiques ===
* ''[[La Peau de chagrin]]'', [[1830 en littérature|1830]], [[1834 en littérature|1834]], [[1837 en littérature|1837]], Furne: [[1846 en littérature|1846]]
* ''[[Jésus-Christ en Flandre]]''
* ''[[Melmoth réconcilié (roman)|Melmoth réconcilié]]'', suite de ''Melmoth, l’homme errant'', [[roman gothique]] de [[Charles Robert Maturin]]
* ''[[Le Chef-d'œuvre inconnu]]'', [[1831 en littérature|1831]], [[1837 en littérature|1837]], (Furne : [[1846 en littérature|1846]])
* ''[[Gambara (nouvelle)|Gambara]]'',[[1837 en littérature|1837]]
* ''[[Massimilla Doni]]'',[[1837 en littérature|1837]]<ref>René Guise, {{Guillemets|Balzac et l’[[Italie]]}}, ''[[l'Année balzacienne]]'', 1962, p 245-75.</ref>
* ''[[La Recherche de l'absolu]]'', [[1834 en littérature|1834]], [[1839 en littérature|1839]], [[1845 en littérature|1845]]
* ''[[L'Enfant maudit]]''<ref>François Germain, {{Guillemets|L’Enfant maudit, esquisse d’une pré-histoire}}, ''L’Année balzacienne'', 1960, p.21-36.</ref>
* ''[[Adieu (Balzac)|Adieu]]'', [[1830 en littérature|1830]]
* ''[[Les Marana]]''
* ''[[Le Réquisitionnaire]]''
* ''[[El Verdugo]]''
* ''[[Un drame au bord de la mer]]'', [[1834 en littérature|1834]], [[1835 en littérature|1835]], [[1843 en littérature|1843]], [[1846 en littérature|1846]]
* ''[[Maître Cornélius]]'', [[1832 en littérature|1832]], [[1836 en littérature|1836]], [[1846 en littérature|1846]]
* ''[[L'Auberge rouge (roman)|L’Auberge rouge]]''
* ''[[Sur Catherine de Médicis]]'', [[1836 en littérature|1836]]-[[1844 en littérature|1844]]
** Introduction
** ''Le Martyr calviniste''
** ''La Confidence des Ruggieri''
** ''Les Deux Rêves''
* ''[[L'Élixir de longue vie]]'', [[1831 en littérature|1831]], [[1834 en littérature|1834]], [[1846 en littérature|1846]]
* ''[[Les Proscrits]]'', [[1831 en littérature|1831]]<ref>Voir l’analyse de René Guise : {{Guillemets|Balzac et Dante}},'' l’Année balzacienne'', 1963.</ref>
* ''[[Louis Lambert]]''
* ''[[Séraphîta]]''
=== Études analytiques ===
* ''[[Physiologie du mariage]]'', [[1829 en littérature|1829]] (Levasseur), [[1846 en littérature|1846]], (Furne)
* ''[[Petites misères de la vie conjugale]]''
* ''[[Pathologie de la vie sociale]]'' comprenant :
*# ''[[Traité de la vie élégante]]''
*# ''[[Théorie de la démarche]]''
*# ''[[Traité des excitants modernes]]''
=== Ébauches rattachées à la Comédie humaine ===
{{Voir|Ébauches rattachées à la Comédie humaine}}
[[Image:Auguste Rodin-Balzac Bust 1892 (photo).jpg|thumb|right|Buste d’Honoré de Balzac par Rodin, [[Victoria and Albert Museum]].]]
Les ''Ébauches rattachées à la Comédie humaine'' sont des [[conte]]s, [[nouvelle]]s, [[fragment]]s d’histoire ou des [[essai]]s qui permettent de reconstituer le parcours littéraire de [[Honoré de Balzac|Balzac]] et d’en éclairer les zones d’ombre. En cela, elles ont une valeur historique importante, et parfois, une valeur littéraire inattendue. Mais c’est surtout par ce qu’elle nous apprennent sur Balzac et sa manière d’écrire qu’elles sont précieuses. L’ensemble des manuscrits éparpillés à la mort de l’auteur ont pu être réunis grâce au patient travail de collectionneur du vicomte [[Charles de Spoelberch de Lovenjoul]], et après lui aux {{Guillemets|archéologues littéraires}} qui ont travaillé à remettre en ordre, à interpréter le sens de ces textes en cherchant ce qui les rattachaient à ''la Comédie humaine''<ref>La Pléiade. t. {{rom|XII}}, p. 331.</ref>.
=== Divers ===
* ''[[Les Cent contes drolatiques]]''
* ''[[Contes bruns]]'', [[1832]] en participation avec [[Philarète Chasles]] et [[Charles Rabou]].
* ''[[Peines de cœur d'une chatte anglaise]]'' et autres Scènes de la vie privée et publique des animaux - Études de mœurs. [[1844 en littérature|1844]] et [[1845 en littérature|1845]]. Éditions [[Hetzel]]. adaptation théâtrale d'[[Alfredo Arias]] 1977 et 1978 - Opéra en 2 actes (1983 et 1984)
* ''[[Essai sur l'argot]]'', [[1844 en littérature|1844]] inséré dans la quatrième partie de ''[[Splendeurs et misères des courtisanes]]''.
== Géographie de la Comédie humaine ==
[[Image:Monument à Balzac L'Isle-Adam.JPG|right|thumb|200px|Monument à [[Honoré de Balzac]] à [[L'Isle-Adam]] où l'auteur a écrit la [[Physiologie du mariage]] .]]
Balzac avait une prédilection pour la France, sa province, ses campagnes qu'il décrit parfois avec lyrisme, et qu'il observait avec un soin maniaque.<ref>voir :la Lettre d'Émile Blondet décrivant la Bourgogne et les environs du château de Montcornet au début des [[Les Paysans|Paysans]]</ref>. {{début de citation}}Balzac a beaucoup visité les lieux qu’il voulait décrire et il a parlé lui-même avec beaucoup de gens qui deviendront ses types humains. En plus, il s’est immergé dans la connaissance des sujets qu'aborderont ses personnages dans leur conversation. De cette manière, le lecteur a l’impression que l’auteur est sur son terrain. <ref>Philippe Bertault, ''Balzac and The Human Comedy'', traduit en anglais par Richard Monges (New York : New York University Press, 1963). p 36.</ref>{{fin de citation}}. Mais son réalisme n'allait pas jusqu'à la simple description de ''choses vues'' . Tout était finalement re-créé avec des bribes de lieux rajoutés les uns aux autres comme un tableau impressionniste. La [[Bourgogne]] décrite dans [[Les Paysans]] ressemble fort à une campagne très peu éloignée de [[Paris]], d'ailleurs les personnages y font sans cesse l'aller-retour. Balzac avait aussi recours à des compléments d'informations lorsqu'il estimait ne pas connaître assez un lieu : [[Marceline Desbordes-Valmore]] (originaire de [[Douai]]) lui apporta les éléments pour compléter son tableau de la ville et de la vie d'une famille bourgeoise dans ''[[La Recherche de l'absolu]]''<ref>Voir fiche de ''[[La Recherche de l'absolu]]''</ref>.
Si la province prend une place incontestable dans la géographie de la Comédie humaine, notamment la [[Touraine (province française)|Touraine]] et les [[pays de Loire]], le véritable théâtre de l'oeuvre de l'auteur reste [[Paris]] où il revient sans cesse, même lorsqu'il en est parti : [[La Muse du département]], [[La Rabouilleuse]], [[Béatrix (Balzac)|Béatrix]].
Paris, personnage presque autonome, qui semble façonner n'importe quel protagoniste arrivant de n'importe où ([[Illusions perdues|Lucien de Rubempré]], [[Rastignac]]), un personnage qui vit, qui respire, qui agit : {{début de citation}} Il est dans Paris certaines rues déshonorées autant que peuvent l'être un homme coupable d'infamies; puis il existe des rues nobles, puis des rues simplement honnêtes, puis de jeunes rues sur la moralité desquelles le public ne s'est pas encore formé d'opinion, puis des rues assassines, des rues plus vieilles que de vieilles douairières ne sont vieilles... <ref> Ferragus, chef des dévorants. [[Hachette livre]], Grandes Œuvres. Réédition du Furne corrigé. 1979 pp 25-28</ref>.{{fin de citation}} Cette cité labyrinthique où l'on passe des salons dorés du Faubourg Saint Germain ([[Splendeurs et misères des courtisanes]]), aux rues boueuses ([[La Cousine Bette]]) a quelque chose de [[dante]]sque.{{Guil|Il y a deux Paris : celui des salons, des atmosphères suaves, des tissus soyeux , des quartiers élégants, et celui plus infernal , des orgies, des ruelles sombres ([[ Ferragus]]), des mansardes misérables. <ref>Jeanine Guichardet . Université de [[Paris]] III. [[Honoré de Balzac|Balzac]], archéologue de Paris. Paris SEDES [[1986]]. p. 374-384</ref>}}.
Dans l'introduction de [[La Fille aux yeux d'or]], Balzac présente le monde parisien sous cinq {{Guil|physionomies}} qui sont autant de sphères parcourues par le {{Guil|mouvement ascensionnel de l'argent}}, cinq cercles de l'[[Enfer]]<ref>Gilles Vannier, ''Dictionnaire des littératures de langue française'', Bordas, t. I, p. 128.</ref>.
C'est peut-être ce contraste entre misère et grandeur qui séduira [[Charles Dickens]] et [[Fédor Dostoievski]] <ref>The Melodramatic Imagination: Balzac, Henry James, Melodrama, and the Mode of Excess par Peter Brook. Yale university.</ref> qui font eux aussi évoluer leurs personnages dans des villes - labyrinthes, du ruisseau aux palais.
L'autre pays de prédilection et d'inspiration de Balzac était l'[[Italie]], notamment [[Rome]], [[Venise]], où il a situé des œuvres ayant un rapport avec l'art (peinture sculpture) ou [[Ferrare]] qui est le théâtre d'une version balzacienne de [[Don Juan]]: [[L'Élixir de longue vie]]
== Jugements portés sur la Comédie humaine ==
Après l'acharnement contre Balzac aussi bien de la presse, de la critique, et d'universitaires qui poursuivirent leur dénigrement après la mort de l'auteur , ( [[Émile Faguet]] ), La Comédie humaine fut saluée comme un chef d'œuvre. Dans les premiers à prendre la défense de [[Honoré de Balzac|Balzac]] , on compte [[Jules Barbey d'Aurevilly]] , admirateur de l'écrivain qui l'inspirait . Barbey répliqua en [[1857]] dans [[Le Pays]], en réponse à une attaque de [[La Revue des deux mondes]].
[[Hippolyte Taine]] publia en [[1865]] une étude intuitive de la Comédie humaine (<ref>[[Honoré de Balzac|Balzac]] . Nouveaux essais de critique et d’histoire. Hachette, [[1865]] et [[1901]].</ref>), ainsi que plusieurs articles élogieux dans [[Le Journal des débats]] <ref>février et mars [[1858]].</ref> et dès 1858 : ''[[Balzac]], sa vie, son œuvre'', texte qui sera publié de nouveau en [[1865]] et [[1901]] <ref>Éditions Dumont. Bruxelles.1858, puis Hachette [[1865]] et[[ 1901]]</ref>, auquel Zola se réfèrera souvent, tout en prétendant le contester pour le pur plaisir de la joute puisqu'il se déclare dans l'Évènement: {{Guil|l'humble disciple de Monsieur Taine}}<ref>Oeuvres Complètes publiées par Henri Miterrand.Cercle du livre précieux. 15 vol. 1966-1979 t.X. p. 563</ref>.
[[Émile Zola]] , dès [[1866]], commence la publication de ses critiques intitulées ''Mes Haines'' titre provocateur , en fait :une éloge continue de La Comédie humaine. <ref>[[Emile Zola]], Oeuvres Complètes publiées par Henri Miterrand.Cercle du livre précieux. 15 vol. [[1966]]-[[1979]]. Tome.X.p. 155</ref>. Le 29 Mai [[1867]], à un ami ( Anthony Vallabrègues) , il écrit : {{Guil| Avez vous lu tout Balzac ? Quel Homme ! Je le relis en ce moment. Il écrase tout le siècle. Victor Hugo et les autres, pour moi, s'effacent devant lui.}} <ref>Emile Zola. Correspondance. tome I. publié par B.H Bakker et Colette Becker . 1978.p. 501</ref>. Quant à la Comédie humaine il la définit ainsi :{{Guil|L'épopée moderne, créée en France, a pour titre la Comédie Humaine et pour auteur Balzac.}}<ref>Oeuvre Complète publiées par Henri Miterrand.Cercle du livre précieux. 15 vol. 1966-1979 t.X. p. 155</ref>. Et encore : {{Guil|Balzac est à nous, Balzac, le royaliste, le catholique a travaillé pour la république, pour les sociétés et les religions libres de l'avenir.}} <ref>ibid . p. 925.</ref>
A ceux là s'ajoutent [[André Gide]], [[François Mauriac]], [[Alain (philosophe)|Alain]] <ref> voir bilbiographie sur la page de[[Honoré de Balzac|Balzac]]</ref> et [[Roland Barthes]] : {{Guil|Balzac, c'est le roman fait homme , c'est le roman tendu jusqu'a l'extrême de son possible. C'est en quelque sorte le roman définitif.}} <ref>Roland Barthes.Essais critiques. Seuil 1964. p. 90.</ref> Certains sont outrés par le traitement réservé à Balzac. Tel [[Marcel Proust]]<ref>Contre [[Sainte-Beuve]]</ref> qui ne ménage pas ses attaques contre le critique le plus virulent: [[Sainte-Beuve]].
{{voir|Réception de la Comédie humaine}}
== Galerie de la Comédie humaine ==
{{message galerie}}<center><gallery>
Image:Fougeres chateau.jpg|<small>[[Fougères]] : [[Les Chouans]]
Image:Saumur Loire dessin.jpg|<small>[[Saumur]] : [[Eugénie Grandet]]
Image:Jean-Baptiste-Camille Corot 018.jpg|<small>[[Douai]] : [[La Recherche de l'absolu]]
Image:Maison de Balzac à Saché.JPG|<small>[[Saché]] : [[Le Lys dans la vallée]]
Image:Chateau des Ducs Alencon.jpg|<small>[[Alençon]] : [[La Vieille Fille (Balzac)|La Vieille Fille]]
Image:Marais-salant-2.jpg|<small>[[Guérande]] : [[Béatrix (Balzac)|Béatrix]]
Image:issoudun_tour_blanche.jpg|<small>[[Issoudun]] : [[La Rabouilleuse]]
Image:Ships at Le Havre.jpeg|<small>[[Le Havre]] : [[Modeste Mignon]]
Image:Nemours tour.JPG|<small>[[Nemours]] : [[Ursule Mirouët]]
Image:Besancon2.jpg||<small>[[Besançon]] : [[Albert Savarus]]
Image:Edouard Manet 026.jpg|<small>[[Bordeaux]] : [[Le Contrat de mariage]]
Image:Angouleme 1872.jpg|<small>[[Angoulême]] : [[Illusions perdues]]
Image:Troyes centre ville.JPG|<small>[[Troyes]] : [[Une ténébreuse affaire]]
Image:L'Aube à Arcis-sur-Aube.jpg|<small>[[Arcis-sur-Aube]] : [[Une ténébreuse affaire]] et [[Le Député d'Arcis]]
Image:L'Isle-Adam, château.jpg|<small> [[L'Isle-Adam]] : [[Un début dans la vie]]
Image:Tudor buildings in Tours, France.jpg|<small>[[Tours]] : [[Le Curé de Tours]]
[[Image:Sédières 1 110.jpg|<small>le [[Limousin]] : [[Le Curé de village]]
Image:Berezyna.jpg|<small>la [[Bérézina]]: [[Adieu (Balzac)|Adieu]]
Image:Sancerremoulin.JPG|<small>[[Sancerre]] : [[La Muse du département]]
Image:Mairie1.JPG|<small>[[Vendôme]] : [[Louis Lambert]]
Image:Edouard Manet 019.jpg|<small>[[Vendôme]] : [[La Grande Bretèche]]
Image:Alexandre-Gabriel Decamps 001.jpg|<small>[[Bourgogne]] : [[Les Paysans]]
Image:Jean-Baptiste-Camille Corot 008.jpg|<small>[[Normandie]]: [[La Femme abandonnée]]
Image:Edouard Manet 078.jpg|<small>vers [[Ostende]] : [[Jésus-Christ en Flandre]]
Image:Venise canal.jpg|<small>[[Venise]] : [[Massimilla Doni]]
Image:François Marius Granet - La Trinité-des-Monts et la Villa Médicis, à Rome.jpg|<small>[[Rome]] : [[Sarrasine]]
Image:Castello ferrara.jpg|<small>[[Ferrare]] : [[L'Élixir de longue vie]]
Image:Camille Pissarro 026.jpg|<small>[[Pont Neuf]] [[Paris]] : [[L'Envers de l'histoire contemporaine]]
Image:Edouard_Manet_Pflasterer_in_der_Rue_Mosnier.jpg|<small>rue de [[Paris]] : [[La Cousine Bette]]
Image:Paris Opera Garnier Grand Escalier 02.jpg<small>Opéra de [[Paris]], [[Splendeurs et misères des courtisanes]]
Image:Palais Royal Paris Mai 2006 001.jpg|<small>Palais Royal [[Gambara]]
Image:G. Caillebotte - Vue de toits, effet de neige.jpg|<small>Vue des toits de [[Paris]] : [[La Peau de chagrin]]
Image:Camille Pissarro 002.jpg|<small>avenue de l'opéra : [[Illusions perdues]]
Image:Camille Pissarro 009.jpg|<small>Bd Montmartre : [[Les Comédiens sans le savoir]]
Image:Conciergerie.jpg|<small>La Conciergerie : [[Vautrin]]
Image: Entrée cimetière p lachaise.jpg|<small>[[cimetière du Père-Lachaise]] : [[Le Père Goriot]]
Image:Palais de Justice 2.jpg|<small>[[Palais de Justice]] : [[L'Interdiction]]
Image:Parc de Sceaux2.jpg|<small>Parc de [[Sceaux (Hauts-de-Seine)|Sceaux]]: [[Le Bal de Sceaux]]
Image:Edouard Manet Place Clichy.jpg|<small>boutiques : [[César Birotteau]]
Image:Thomas Girtin 004.jpg|<small>[[Rue Saint-Denis]] : [[La Maison du chat-qui-pelote]]
Image:H P Perrault Prise de la Bastille (painted 1928).jpg|<small>[[Bastille]] : [[Un épisode sous la Terreur]]
Image:F117.jpg|<small>[[Notre-Dame de Paris]] : [[Les Proscrits]]
</gallery></center>
== Bibliographie ==
*[[Hippolyte Taine]] :''Balzac, sa vie son œuvre''. Edition Dumont. Bruxelles. [[1858]].
* [[Charles de Spoelberch de Lovenjoul]], ''Histoire des œuvres d’Honoré de Balzac'', Calmann Levy, [[1879]].
* [[Charles de Spoelberch de Lovenjoul]], ''Un dernier chapitre de l’histoire des œuvres d’Honoré de Balzac'', Dentu, [[1880]].
*[[Félicien Marceau]]: Balzac et son monde. Gallimard [[1955]].
*[[Georges Raviart]], ''Le Génie de Balzac du point de vue psychiatrique. Génie et folie'', Paris, Masson et Cie, Libraires de l’Académie de Médecine ; Lille, [[Émile Raoust]] et Cie, [[1954]].
*[[Albert Béguin]] : [[Honoré de Balzac|Balzac]] visionnaire. Éditions [[Albert Skira]], [[Genève]], [[1946]]-[[1947]].
* ''La Comédie Humaine'', 12 tomes avec notices, notes et commentaires. Publié sous la direction de [[Pierre-Georges Castex]], Paris, [[Gallimard]], {{Guillemets|La Pléiade}}, [[1981]].
*Muriel B. Ferguson : ''La volonté dans '' La Comédie Humaine'' . de Balzac ''. Courville [[1935]].
*N. W. Stevenson : '' Paris dans la Comédie humaine''. Courville [[1938]].
* '''en''' J. Wenger : ''The Province and the provinces in the work of honoré de Balzac''. Princeton [[1937]].
* '''en''' E. Preston Dargan et Bernard Weinberg : ''The Evolution of Balzac's Comédie humaine'', Chicago, Illinois University press. [[1942]]. 2 Vol.
*Albert Arrault : ''La Touraine de Balzac'' . Arrault [[1943]].
*Amédée Ponceau : ''Paysages et destins balzaciens''.Daubin [[1950]]. éditions Jupiter [[1959]], Beauchesne [[1974]].
*Tashin Yucel : ''Figures et messages dans La Comédie humaine'' . Mame 1973
*[[Claude Roy]] : ''Les soleils du romantisme''. Gallimard 1974 ( chapitre concernant Balzac )
*Anne Marie Baron : ''Le Fils prodige, l'inconscient dans La Comédie humaine'', Paris, Nathan, 1993.
*M. Girard : ''Balzac, la Touraine et les Tourangeaux'', Tours, Alfil CDL - Ville de Tours, [[1999]].
*J.Guichardet,:Balzac " Archéologue de Paris ", Paris, Honoré Champion-Slatkine reprints, [[1998]] ; réimpr. de l'édition SEDES. Paris, [[1986]].
* '''en''' Herbert. J. Hunt : ''Balzac's Comédie Humaine'', Londres. Athlone press 1959 réédition [[1965]].
*Jean-Hervé Donnard : ''Les réalités économiques et sociales dans La Comédie Humaine''. Armand-Colin. [[1961]].
*[[Marcel Proust]] : ''Le Balzac fr M. de Guermantes''. Neuchâtel. Ides et Calendes. 1950. ( repris dans [[Contre Sainte-Beuve]] )
* Lucienne Frapper-Mazur : '' L'Expression métaphorique dans La Comédie humaine. Domaine social et physiologique''. Klincksiek. [[1976]].
* Arlette Michel : ''Les mariages et l'amour dans l'œuvre romanesque d'[[Honoré de Balzac]] ''.A.G. Nizet. [[1976]].
== Voir aussi ==
* [[Honoré de Balzac]]
== Notes et références ==
{{références|colonnes=3}}
== Lien externe ==
{{Wikisourcetexte}}
* [http://www.v1.paris.fr/musees/balzac/furne/presentation.htm Site GIRB/ARTFL sur la Comédie Humaine]
* [http://www.terresdecrivains.com/Balzac-et-ses-personnages.html Balzac et ses personnages dans Paris]
{{Portail|littérature|France au XIXe siècle}}
{{Honoré de Balzac}}
{{DEFAULTSORT:Comedie humaine, La}}
[[Catégorie:Œuvre d'Honoré de Balzac]]
[[bg:Човешка комедия]]
[[de:Die menschliche Komödie]]
[[en:La Comédie humaine]]
[[eo:La Homa Komedio]]
[[es:La comedia humana]]
[[he:הקומדיה האנושית (בלזק)]]
[[it:La Commedia umana]]
[[ja:人間喜劇]]
[[nl:La Comédie humaine]]
[[pl:Komedia ludzka]]
[[pt:La comédie humaine]]
[[ru:Человеческая комедия]]
[[sr:Људска комедија]]
[[vi:Tấn trò đời]]
[[zh:人间喜剧]]