Les Principes de la philosophie 615902 30272547 2008-06-03T08:55:21Z Pautard 58456 /* Le contexte historique */ ortho '''''Les principes de la philosophie''''' est le titre d'un ouvrage [[philosophie|philosophique]] écrit par [[René Descartes]] en [[1644]]. Il est écrit en Latin; le titre original est ''Principia philosophiae''. L'objectif poursuivi par Descartes était, selon son point de vue, de « donner des fondements rigoureux à la philosophie ». == Le contexte historique == [[René Descartes|Descartes]] a suivi ses études au collège [[jésuite]] de [[la Flèche]], selon les méthodes pédagogiques en vigueur à cette époque, c'est-à-dire celles de la [[scolastique]]. Descartes a d'abord eu une carrière de scientifique : ses apports dans ce domaine sont importants. {{Article détaillé|Descartes}} À l'époque de Descartes, au {{XVIIe siècle}}, on vérifia grâce à [[Galileo Galilei|Galilée]] que le mouvement des [[planète]]s autour du [[soleil]] répondait aux observations qu'en avait faites [[Nicolas Copernic|Copernic]] au siècle précédent : la [[théorie]] de l'[[héliocentrisme]] commençait à s'imposer chez certains scientifiques. Les nouveaux outils d'observation [[Histoire de l'astronomie|astronomique]] ([[lunette astronomique]]) et les apports [[concept]]uels de la [[science]] du {{XVIIe siècle}}, en [[analyse]] et en [[géométrie]] (voir [[Histoire des mathématiques]], ont permis de [[déduire]], par l'[[expérience]] et par le [[raisonnement]] scientifique, les règles qui régissaient le mouvement des [[planète]]s. Ce fut l'œuvre combinée de [[Nicolas Copernic|Copernic]], Galilée, [[Kepler]], et Descartes qui permit cette avancée de la science. Or, toutes les autorités scientifiques de l'époque n'étaient pas d'accord sur l'[[héliocentrisme]] : les [[université]]s, à l'époque sous l'autorité de l'Église, restaient en majorité favorables à la thèse du [[géocentrisme]] issue de [[Ptolémée]], ou penchaient pour une conciliation. Les autorités religieuses, après avoir tergiversé, ont finalement tranché : Galilée fut condamné en juin 1633. {{Article détaillé|Révolution copernicienne}} Cette controverse sur la [[cosmologie]] a profondément marqué [[René Descartes|Descartes]] et ses contemporains des milieux scientifiques. Descartes a donc souhaité laisser à la postérité un renouvellement de la [[philosophie des sciences]]. Descartes apprit la condamnation de Galilée en novembre [[1633]]. Il reçut en [[1634]] de son ami Beeckman le ''Système du monde'', le livre qui valut à [[Galileo Galilei|Galilée]] sa condamnation. Descartes décida donc de ne pas publier le [[traité du monde et de la lumière]], et préféra orienter sa carrière vers la philosophie. Il écrivit notamment le ''[[Discours de la méthode]]'' en [[1637]], puis les ''[[Méditations métaphysiques]]'' en [[1641]]. Il y avait en effet un changement de [[représentation]] du monde qui avait des retombées [[métaphysique]]s très importantes. En particulier, dans certains livres d'Aristote, on reprsentait le monde centré sur la terre (monde sub-lunaire, supra-lunaire, on n'imaginait pas de montagnes sur la lune,... La notion de [[Mouvement (mécanique)|mouvement]], qu'[[Aristote]] mettait en rapport avec la force motrice (ou [[quatre causes|cause efficiente]] en philosophie) semblait peu précise par rapport à la distinction que la science faisait désormais entre la [[vitesse]] et l'[[accélération]]. Plus grave encore, ce n'était pas seulement les autorités de l'époque qui se trompaient. Plusieus passages "cosmologiques de la [[Bible]] semblaient prêter à confusion. (L'ancienne rédaction du [[psaume]] 92 (93) : « Tu as fixé la terre ferme et immobile »). Descartes posa donc comme fondement de sa [[Histoire de la philosophie|philosophie]] le fameux [[cogito ergo sum]]. Le fait de penser est un principe premier, qui se substitue à la [[cause première]] d'[[Aristote]] et de la [[pensée]] [[scolastique]]. Le projet cartésien est un projet de science universelle reposant sur de nouveaux principes philosophiques, sur la [[raison]]. Moins de 45 ans plus tard, en 1687, [[Isaac Newton|Newton]], bien décidé à « éviter les chicanes de ceux qui ne veulent pas changer », relève le défi et l'emporte : la [[mécanique]] générale est née. == Recherche de la vérité par la raison sans la lumière de la foi == Dès la lettre préface, [[René Descartes|Descartes]] indique que la [[raison]] naturelle, considérée comme le fondement premier de la [[connaissance]], autrement dit la sagesse, peut permettre de rechercher la [[vérité]]. Le mode de [[raisonnement]] privilégié est ici la [[déduction]]. C'est le moyen, pour Descartes, de fonder une [[morale]], considérée comme le fruit de la philosophie. L'[[esprit]] doit se détacher des [[Sens (linguistique)|sens]] pour parvenir au raisonnement. Dans cette démarche, [[René Descartes|Descartes]] prétend se passer de la [[lumière]] de la [[foi]]. Sans doute le récent débat autour de [[Galileo Galilei|Galilée]] ([[1633]]) y est-t-il pour quelque chose, lorsque l'on se rappelle que les recherches sur la mécanique céleste, encore à l'état d'hypothèses scientifiques (voir [[héliocentrisme]]), furent considérées à cette époque avec une certaine incrédulité par les autorités religieuses. Dans le contexte de la [[guerre de Trente Ans]], la science moderne peine encore à s'affirmer par rapport à des structures relativement sclérosées (la [[scolastique]] du {{s|XVII|e}}). : « C’est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher ; et le plaisir de voir toutes les choses que notre vue découvre n’est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance de celles qu’on trouve par la philosophie ; et, enfin, cette étude est plus nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en cette vie, que n’est l’usage de nos yeux pour guider nos pas. Les bêtes brutes, qui n’ont que leur corps à conserver, s’occupent continuellement à chercher de quoi le nourrir ; mais les hommes, dont la principale partie est l’[[esprit]], devraient employer leurs principaux soins à la recherche de la sagesse, qui en est la vraie nourriture ; et je m’assure aussi qu’il y en a plusieurs qui n’y manqueraient pas, s’ils avaient espérance d’y réussir, et qu’ils sussent combien ils en sont capables. Il n’y a point d’âme tant soit peu noble qui demeure si fort attachée aux objets des sens qu’elle ne s’en détourne quelquefois pour souhaiter quelque autre plus grand bien, nonobstant qu’elle ignore souvent en quoi il consiste. Ceux que la fortune favorise le plus, qui ont abondance de santé, d’honneurs, de richesses, ne sont pas plus exempts de ce désir que les autres ; au contraire, je me persuade que ce sont eux qui soupirent avec le plus d’ardeur après un autre bien, plus souverain que tous ceux qu’ils possèdent. Or, ce souverain bien considéré par la raison naturelle sans la lumière de la foi, n’est autre chose que la connaissance de la vérité par ses premières causes, c’est-à-dire la sagesse, dont la philosophie est l’étude. Et, parce que toutes ces choses sont entièrement vraies, elles ne seraient pas difficiles à persuader si elles étaient bien déduites. » (les Principes de la philosophie, lettre-préface de l’édition française des principes) == Classification des connaissances == Voici un extrait significatif de l'œuvre, qui donne un éclairage sur la classification des connaissances telle que la concevait Descartes : : « Ainsi toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la [[métaphysique]], le tronc est la [[physique]] et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales, à savoir la [[médecine]], la [[mécanique]] et la [[morale]], j’entends la plus haute et la plus parfaite morale, qui, présupposant une entière connaissance des autres sciences, est le dernier degré de la sagesse. Or comme ce n’est pas des racines, ni du tronc des arbres, qu’on cueille les fruits, mais seulement des extrémités de leurs branches, ainsi la principale utilité de la philosophie dépend de celles de ses parties qu’on ne peut apprendre que les dernières. » L'ambition de Descartes est grande : fournir un fondement rigoureux, une nouvelle métaphysique reposant sur le [[cogito]], qui engendre une nouvelle classification des [[connaissance]]s. Dans la [[Grèce antique]], les [[présocratiques]] (Thalès, Pythagore, Euclide) étaient avant tout des scientifiques. La philosophie s'est développée par la suite, avec Socrate, Platon, et Aristote. On retrouve dans la vie de Descartes cette progression de la science vers la philosophie. Ce qui est surprenant, toutefois, c'est le mélange des genres : Depuis les XIIe XIIIe siècles, on considérait la philosophie comme une discipline autonome, avec trois grandes branches : la [[métaphysique]], la [[logique]], et l'[[éthique]]. Ces branches résultaient du travail de classification effectué par [[Thomas d'Aquin]], à partir des œuvres des plus grands philosophes grecs, [[Platon]] (redécouvert dès la période carolingienne), et surtout [[Aristote]], réintroduit en occident à partir du {{Xe siècle}}, et surtout du XIIe siècle. Heidegger affirmait que science et philosophie ont des objets et des méthodes différents et sont hétérogènes : « La science ne pense pas », écrivait à juste titre Heidegger in ''Qu'appelle-t-on penser ?'', « elle calcule ». Il y a sans doute des grandes difficultés pour un scientifique à comprendre qu'en philosophie il n'y a pas de vérité, ni de progrès et que le dernier qui a parlé n'a pas nécessairement raison. Descartes a donné une interprétation très personnelle de la [[métaphysique]], très subjective pourrait-on dire. On ne voit dans cette classification ni la logique, ni les mathématiques, ni l'astronomie. La conception philosophique de Descartes est très [[mécanisme|mécaniste]] : le cogito de Descartes s'oppose à la [[cause première]] d'[[Aristote]]. On ne trouve pas chez Descartes les concepts métaphysiques, logiques, éthiques d'Aristote. La logique de Descartes est déductive. == Postérité : les Lumières == Cette idée de la recherche de la vérité par la [[raison]] naturelle sans la lumière de la foi est sans doute à l'origine du [[rationalisme]] du [[siècle des Lumières]], pour désigner le courant philosophique bien connu du {{s|XVIII|e}}. On pense également au [[traité du monde et de la lumière]], que [[René Descartes|Descartes]] renonça à publier juste après le procès de [[Galileo Galilei|Galilée]]. La philosophie de [[René Descartes|Descartes]] qui se développe par la suite à travers le [[cartésianisme]] et les mouvements [[rationaliste]]s prétend rechercher la vérité par les "lumières naturelles". Des philosophes [[janséniste]]s de [[Port-Royal]], se sont appuyés sur les principes de la philosophie de [[René Descartes|Descartes]], pour construire une [[logique]] [[rationaliste]], qui eut un impact sur la syntaxe et la grammaire de la [[langue française]], et qui fut utilisée pour traduire la [[Bible]] en [[français]]. Cette édition fut élaborée entre [[1657]] et [[1696]]. {{Article détaillé|Logique de Port-Royal}} Au {{s|XVIII|e}} siècle, les philosophes des [[siècle des Lumières|Lumières]] s'appuieront en partie sur ces principes [[cartésien]]s, surtout en France, pour définir une vision nouvelle du [[monde (univers)|monde]] et de l'homme, affranchi des contraintes anciennes, et plus individualiste. L'influence de Descartes fut moins significative dans le monde anglo-saxon, dont les modes de raisonnement [[empiriste]]s (Francis Bacon, [[Robert Boyle]], [[Thomas Hobbes]], David Hume,...) s'accordaient moins à la rigueur de la pure déduction cartésienne. Une radicalisation se produisit à partir du {{s|XIX|e}} (voir [[saint-simonisme]]). [[Auguste Comte]] s'est prétendu le successeur de [[René Descartes|Descartes]] et fonda la connaissance scientifique sur une conception [[positiviste]] de la [[sociologie]]. {{Article détaillé|Positivisme}} Différents courants [[idéologique]]s dérivérent plus ou moins de ces formes de matérialisme. == Voir aussi == '''Sur le contexte historique''' * [[Relation entre science et religion]] * [[Révolution copernicienne]] '''Sur Descartes et ses œuvres''' * [[René Descartes]] * [[Cogito ergo sum]] * [[Discours de la méthode]] * [[Méditations sur la philosophie première]] '''Sur l'Histoire et la classification de la philosophie''' * [[Histoire de la philosophie]] * [[Métaphysique]] | [[Logique]] | [[Éthique]] | [[Aristote]] * [[Histoire des sciences]] * [[Scolastique]] * [[Logique de Port-Royal]] '''Sur les concepts philosophiques''' * [[Liste des concepts de la philosophie]] == Bibliographie == {{Wikisourcetexte}} * [[René Descartes|Descartes]], Samuel S. de Tracy Seuil, collection écrivains de toujours. [[1996]] (biographie), * [[René Descartes|Descartes]], le ''[[Discours de la méthode]]'' * [[René Descartes|Descartes]], ''[[Méditations métaphysiques]]'', GF Flammarion. édition de [[1979]], * [[René Descartes|Descartes]], ''[[les Principes de la philosophie]]'' ([[1644]]). * [[Aristote]], ''[[métaphysique (Aristote)|la métaphysique]]'' * [[Aristote]], ''l'[[Organon]]'' * [[Aristote]], ''[[éthique à Nicomaque]]'' {{Portail|philosophie|FGS}} [[Catégorie:Œuvre de René Descartes|Principes de la philosophie]] [[en:Principles of Philosophy]] [[fi:Filosofian periaatteet]] [[is:Lögmál heimspekinnar]] [[nl:De Beginselen van de Filosofie]] [[pl:Zasady filozofii]] [[pt:Princípios de Filosofia]]