Liberté, Égalité, Fraternité 499378 30929010 2008-06-23T18:10:53Z Dinkley 120165 [[Image:Liberte egalite fraternite.jpg|right|300px|thumb|La devise de la République sur une école publique]] '''Liberté, Égalité, Fraternité''' est la [[devise (phrase)|devise]] de la [[République française]]. ==Histoire== [[Image:Liberte-egalite-fraternite-tympanum-church-saint-pancrace-aups-var.jpg|right|300px|thumb|[[Tympan (architecture)|Tympan]] d'une [[Église (édifice)|église]] avec une inscription datant de [[1905]] suite à la loi sur la [[Séparation des Églises et de l'État en 1905]]]] La devise « Liberté, Égalité, Fraternité » est issue de la [[Révolution française]] : elle apparaît dans le débat public avant la proclamation de la Première République, dès [[1790]]. Le premier à en faire usage dans un cadre officiel est [[Maximilien de Robespierre]], dans son ''Discours sur l'organisation des gardes nationales'', le [[5 décembre]] [[1790]] à l'[[Assemblée constituante de 1789|Assemblée Nationale]]<ref> Michel Borgetto, ''La Devise : « Liberté, Egalité, Fraternité »'', PUF, 1997, p. 32. Le texte est disponible en ligne : [http://membres.lycos.fr/discours/gardes_nationales.htm ''Discours sur l'organisation des gardes nationales''] : {{Citation|XVI. Elles porteront sur leur poitrine ces mots gravés : LE PEUPLE FRANÇAIS, et au-dessous : LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE. Les mêmes mots seront inscrits sur leurs drapeaux, qui porteront les trois couleurs de la nation.}}</ref>. On la retrouve également dans la bouche de [[Camille Desmoulins]], de l'anglais [[Philip Stanhope (5e comte de Chesterfield)|lord Stanhope]] et de [[Antoine-François Momoro|Momoro]]<ref>Marcel David, ''Le peuple, les droits de l'homme et la république démocratique'', [http://books.google.fr/books?id=MzxQ6qn97L0C&pg=PA234&dq=libert%C3%A9+%C3%A9galit%C3%A9+fraternit%C3%A9+devise+r%C3%A9volution+fran%C3%A7aise&sig=Mt8BtkYC04zvrcidmIzHDEcUzqQ#PPA235,M1 p. 235].</ref>. Ce dernier la reprend au [[Club des Cordeliers]] le [[29 mai]] [[1791]]<ref>Michel Borgetto, id.</ref>. De même, elle est mise en avant lors la « fête de la liberté » donnée en l'honneur des [[Affaire de Nancy|Suisses de Châteauvieux]] le [[15 avril]] [[1792]]<ref>La fête de la loi, célébrée le [[3 juin]] [[1793]], en l'honneur de [[Jacques Guillaume Simoneau|Simoneau]], maire d'[[Étampes]], remplaça la devise : « liberté, égalité, fraternité » par : « liberté, égalité, propriété ». Voir Ernest Hamel, ''Histoire de Robespierre d'après des papiers de famille, les sources originales et des documents entièrement inédits'', Paris, Chez l'auteur, 1866, tome II : « les Girondins », [http://books.google.fr/books?id=hrAEAAAAYAAJ&pg=RA1-PA218&dq=libert%C3%A9+%C3%A9galit%C3%A9+fraternit%C3%A9+robespierre#PRA1-PA218,M1 p. 278].</ref>, et [[Jean-Nicolas Pache]] (maire de la [[Commune de Paris (1792)|commune de Paris]]), fait peindre sur les murs, le [[21 juin]] [[1793]], la formule : « Liberté, Égalité, Fraternité, ou la mort ». La devise est progressivement abandonnée avec la fin de la Révolution, le serment de haine aux monarchistes et aux « anarchistes » étant notamment préconisé par le [[Directoire]] de l'[[an V]] à l'[[an VII]], en lieu et place du serment de fraternité<ref>Marcel David, ''Le peuple, les droits de l'homme et la république démocratique'', p. 238.</ref>. La devise ressurgit avec la [[Trois Glorieuses|révolution de 1830]]. Elle est ensuite régulièrement revendiquée par différents révolutionnaires, en particulier le socialiste [[Pierre Leroux]], qui participera largement à sa reconnaissance comme principe de la République, mais aussi [[Alexandre Ledru-Rollin]], [[Félicité Robert de Lamennais|Lamennais]] ou [[Philippe Buchez]] ; elle est également agréée par les participants au premier banquet communiste de [[Belleville (Seine)|Belleville]], autour de [[Théodore Dézamy]] et de [[Jean-Jacques Pillot]], en [[1840]], à condition que la fraternité contribue à étayer l'instauration de la « communauté »<ref>Marcel David, ''Le peuple, les droits de l'homme et la république démocratique'', p. 239-240</ref>. Avec la [[Révolution française de 1848|révolution de 1848]], la [[Deuxième République (France)|II{{e}} République]] l’adopte comme devise officielle le [[27 février]] [[1848]], grâce à [[Louis Blanc]]. Sous la [[Troisième République|III{{e}} République]], la devise est adoptée comme symbole officiel de la République<ref>Philippe Roger, « La Révolution française et la Justice ou le second exil d’Astrée », in ''[http://www.unige.ch/ieug/publications/euryopa/inkova.pdf Justice, Liberté, Égalité, Fraternité, Sur quelques valeurs fondamentales de la démocratie européenne]'' (sous la direction d'Olga Inkova), institut européen de l’université de Genève.</ref>. Entre-temps, elle sera mise à mal avec les principes mêmes de la République : elle sera supprimée sous l'[[Premier Empire|Empire]] et la [[Restauration française|Restauration]], puis sous le [[Second Empire]], et enfin sous le [[régime de Vichy]] (elle est remplacée par la devise ''[[Travail, Famille, Patrie]]''). Au sein de la [[France libre]], la devise est évitée pendant près d'un an comme « politique », pour des motifs d'opportunité<ref>[[Jean-Louis Crémieux-Brilhac]], ''La France Libre. De l'appel du 18 Juin à la Libération'', Paris, Gallimard, 1996, p. 195-197. Le colonel [[Edgard de Larminat|de Larminat]] obtient son remplacement par « Honneur et patrie » dans l'émission de [[Maurice Schumann]] à la [[British Broadcasting Corporation|BBC]] en juillet 1940. En revanche, malgré diverses interventions d'officiers, notamment Larminat et Fontaine, le quotidien ''France'' et la revue ''La France Libre'' conservent leur sous-titre. Dans un télégramme du [[8 juillet]] [[1941]], le [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]] explique : {{Citation|Si nous proclamions simplement que nous nous battons pour la démocratie, nous obtiendrions peut-être des éloges du côté américain, mais nous perdrions beaucoup sur le tableau français qui est le principal. La masse française confond pour le moment le mot démocratie avec le régime parlementaire tel qu'il fonctionnait chez nous avant cette guerre. Nos propres partisans, quelle que soit leur origine politique et surtout nos combattants, en sont convaincus dans l'immense majorité. Ce régime est condamné par les faits et dans l'opinion publique.<br /> D'autre part, nous sommes les ennemis acharnés du système hitléro-fasciste. La preuve en est que nous le combattons partout et d'abord en France et que pour le briser et le chasser, nous ne reculons même pas devant la guerre civile.}}</ref>, avant d'être revendiquée, à partir de l'automne 1941<ref>Charles de Gaulle, ''Discours et messages'', tome I : ''Pendant la guerre, juin 1940-janvier 1946'', Paris, Plon, 1970, p. 137-138 : {{Citation|Nous disons ''Liberté-Égalité-Fraternité'' parce que notre volonté est de demeurer fidèles aux principes démocratiques que nos ancêtres ont tirés du génie de notre race et qui sont l'enjeu de cette guerre pour la vie et la mort.}} (Discours du [[15 novembre]] [[1941]]). Voir [[Jean-Louis Crémieux-Brilhac]], ''La France Libre. De l'appel du 18 Juin à la Libération'', Paris, Gallimard, 1996, p. 209-210.</ref>. {{Référence nécessaire/Bloc|Associée à la République dite ouvrière, la devise prend alors tout son sens : le [[suffrage universel]] (masculin) adopté, la Liberté ne s'arrête plus aux portes de la Bourgeoisie ; par la promotion des Associations ouvrières (ancêtres des coopératives de production), la création de la Commission du Luxembourg étend l'Égalité aux domaines économiques et sociaux ; et la Fraternité, à travers un État représentant l'Union du peuple souverain, vient pondérer l'engouement de ses sœurs Liberté et Égalité. Alors qu'auparavant les Républicains avaient cette tendance à privilégier ou l'Égalité ou la Liberté, la France trouve à ce moment précis de l'histoire la voie de la [[démocratie]]. Mais encore une fois, la République se divise : la répression du [[Journées de Juin|soulèvement ouvrier de juin 1848]] et le retour de l'Empire remettent en question la philosophie et la portée de cette triade. Ce n'est qu'en [[1880]] qu'elle apparaît sur les frontons de toutes les institutions publiques, et au milieu du XXème siècle, qu'elle s'inscrit durablement dans l'histoire de la République Française, avec la constitution de [[Constitution du 27 octobre 1946|1946]].}} ==Signification des éléments de la devise== ===Liberté=== La [[déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793]] définit ainsi la liberté: {{Citation|La liberté est le pouvoir qui appartient à l’homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d’autrui ; elle a pour principe la nature ; pour règle la justice ; pour sauvegarde la loi ; sa limite morale est dans cette maxime : Ne fais pas à un autre ce que tu ne veux pas qu’il te soit fait.}}. {{Citation|Vivre libre ou mourir}} fut une grande devise républicaine. ===Égalité=== Deuxième terme de la devise de la République, le mot [[Égalité des droits|égalité]] signifie que la loi est la même pour tous, que les distinctions de naissance ou de condition sont abolies et que chacun est tenu à mesure de ses moyens de contribuer aux dépenses de l'État. La [[déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1793]] déclare que : {{Citation|Tous les hommes sont égaux par nature et devant la loi.}} Selon la déclaration des droits de l'homme de [[1795]] : {{Citation|L'égalité consiste en ce que la loi est la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. L'égalité n'admet aucune distinction de naissance, aucune hérédité de pouvoirs.}}. ===Fraternité=== Troisième élément de la devise de la République, la [[fraternité]] est ainsi définie dans la Déclaration des droits et devoirs du citoyen figurant en tête de la [[Constitution de l'an III]] ([[1795]]) : {{Citation|Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît ; faites constamment aux autres le bien que vous voudriez en recevoir}}. Pendant la [[Révolution française]], {{Citation|la fraternité avait pleine vocation à embrasser tous ceux qui, français ou étrangers, luttaient pour l’avènement ou le maintien de la liberté et de l’égalité}}<ref> Michel Borgetto, ''La Devise : « Liberté, Egalité, Fraternité »'', PUF, 1997, p. 34</ref>. Selon [[Paul Thibaud]], philosophe et ancien directeur de la revue ''[[Esprit (revue)|Esprit]]''<ref name="Thibaud">« Il était le bon côté du christianisme », ''[[Libération (journal)|Libération]]'', 23 janvier 2007</ref>, {{Citation|Autant la liberté et l'égalité peuvent être perçues comme des droits, autant la fraternité est une obligation de chacun vis-à-vis d'autrui. C'est donc un mot d'ordre moral.}} == Voir aussi == === Références === <references /> ===Bibliographie=== * Borgetto, Michel. ''La Devise : « Liberté, Égalité, Fraternité »''. Paris : PUF, 1997, 128 p. (Que sais-je ; n° 3196). ISBN 2-13-048355-0 * David, Marcel. ''Le Peuple, les droits de l'homme et la république démocratique''. Paris : l'Harmattan, 2002, 275 p. ISBN 2-74754274-2 ===Article connexe=== * [[Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1793]] (première déclaration des Droits de l'Homme sous la République) ===Liens externes=== *Sur le fronton de la Mairie d'[[Aix-en-Provence]], on peut lire en plus de ''Liberté-Egalité-Fraternité'' : '''Générosité''' et '''Probité'''. * [http://ahrf.revues.org/document1846.html Un exemple d'emploi], en tête d'une lettre des [[sans-culottes]] de la Société populaire de [[Montluel]] au député [[Antoine Louis Albitte|Albitte]], datée du 12 [[ventôse]] [[an II]] (2 février 1794) parue dans ''Annales historiques de la Révolution française'', n° 322 * [http://www.assemblee-nationale.fr/12/propositions/pion2819.asp Proposition de loi tendant à rendre obligatoire la mention : « Liberté, Égalité, Fraternité » sur les édifices publics] n° 2819, présentée par Jean-Pierre Nicolas en 2006. * [http://www.elysee.fr/elysee/francais/les_symboles_de_la_republique/liberte_egalite_fraternite/liberte_egalite_fraternite.21115.html Présentation de l'historique de la devise sur le site de la Présidence de la République]. {{Portail|Révolution française|France}} {{DEFAULTSORT:Liberte, egalite, fraternite}} [[Catégorie:Devise nationale]] [[Catégorie:Devise en français]] [[Catégorie:Société et Révolution française]] [[Catégorie:Symbole de la République française]] [[af:Liberté, Égalité, Fraternité]] [[an:Liberté, Égalité, Fraternité]] [[br:Liberté, Égalité, Fraternité]] [[ca:Llibertat, igualtat, fraternitat]] [[cy:Liberté, Égalité, Fraternité]] [[de:Freiheit, Gleichheit, Brüderlichkeit]] [[en:Liberté, égalité, fraternité]] [[es:Liberté, égalité, fraternité]] [[et:Vabadus, võrdsus, vendlus]] [[fi:Vapaus, veljeys ja tasa-arvo]] [[gl:Liberté, Égalité, Fraternité]] [[hu:Liberté, Égalité, Fraternité]] [[it:Liberté, Égalité, Fraternité]] [[no:Liberté, égalité, fraternité]] [[pl:Wolność, równość, braterstwo]] [[ru:Свобода, равенство, братство]] [[sh:Sloboda, jednakost, bratstvo]] [[sl:Liberté, égalité, fraternité]] [[sr:Sloboda, jednakost, bratstvo]] [[sv:Liberté, égalité, fraternité]] [[th:เสรีภาพ เสมอภาค ภราดรภาพ]] [[zh:自由、平等、博愛]]