Ligne Aire-sur-la-Lys - Berck-Plage 3079816 31522513 2008-07-12T15:02:40Z Antonov14 59074 /* Bilan */ [[Image:Train à Berck-Plage 1.jpg|thumb|right|upright=1.25|Estivants devant le train au départ de Berck-Plage]] La [[ligne Aire-sur-la-Lys - Berck-Plage]] est une [[voie ferrée d'intérêt local]] à [[voie métrique|écartement métrique]] qui relia, de la fin du {{XIXe siècle}} aux [[années 1950]], la [[Plaine de la Lys]] au sud de la [[Côte d'Opale]] en traversant le [[Boulonnais]] dans le département du [[Pas-de-Calais]]. Inaugurée en [[1893 dans les chemins de fer|1893]], fermée en [[1955 dans les chemins de fer|1955]], la ligne eut une durée d'exploitation relativement longue comparativement à beaucoup de ses homologues (l'itinéraire voisin de [[Ligne Berck-Plage - Paris-Plage|Berck-Plage à Paris-Plage]] en particulier). Elle bénéficia d'un trafic soutenu et varié, lié aux productions agricoles dans la première partie de son parcours jusqu'à [[Montreuil-sur-Mer]], puis, entre cette dernière ville et la mer, au tourisme balnéaire et aux marchandises confiées par des entreprises [[Embranchement particulier|embranchées]]. Intégrée, en [[1919 dans les chemins de fer|1919]], à la ''Compagnie Générale des Voies Ferrées d'Intérêt Local'', la ligne bénéficia de l'expérience de cette dernière en matière d'exploitation ferroviaire et d'innovation en matière de traction. == La mise en service de la ligne == [[Image:Gare de Rang-du-Fliers - Verton.jpg|thumb|left|upright=1.1|La gare de Rang-du-Fliers-Verton offrait une correspondance entre la ligne d'Aire-sur-la-Lys à Berck-Plage (au second plan avec un train en provenance de la station balnéaire) et la voie ferrée Amiens-Calais (au premier plan).]] Après la mise en service progressive des voies ferrées d'intérêt général sous l'égide de la [[Compagnie des chemins de fer du Nord]] au cours des [[années 1860]] et [[années 1870|1870]], il subsistait, à l'ouest du département, un vaste quadrilatère (délimité par les communes de [[Saint-Omer (Pas-de-Calais)|Saint-Omer]], [[Béthune]], [[Saint-Pol-sur-Ternoise]] et [[Étaples]]) dépourvu du nouveau mode de communication. La partie septentrionale de cet espace fut rapidement desservi par la [[ligne Anvin -Calais]] concédée à la ''Compagnie du Chemin de Fer d'Anvin à Calais'' (A.C.) et mise en service par étapes en [[1881 dans les chemins de fer|1881]]-[[1882 dans les chemins de fer|1882]]<ref>''Encyclopédie générale des transports - Chemins de fer'', 62.2.</ref>. Dès le début des [[années 1880]], d'autres itinéraires étaient projetés plus au sud de cette première ligne. Ainsi, dès [[1881 dans les chemins de fer|1881]], un citoyen britannique avait sollicité la concession d'un tramway de [[Verton]] à [[Aire-sur-la-Lys]], desservant [[Montreuil-sur-Mer]], [[Hucqueliers]], [[Fruges]] et [[Thérouanne]] mais, faute de moyens financiers suffisants, l'affaire demeura sans suite<ref>André Accart, Le petit train de Thérouanne in ''L'Echo du Pas-de-Calais'', n°40, janvier 2003.</ref>. Il en fut de même pour la demande de construction, en [[1882 dans les chemins de fer|1882]], d'un chemin de fer à [[écartement standard|voie normale]] entre [[Verton]] et [[Berck (Pas-de-Calais)|Berck-Plage]], [[station balnéaire]] connaissant un succès grandissant. Le retrait du proposant, en [[1885 dans les chemins de fer|1885]], mit également un terme à ce projet de desserte du littoral<ref name="encyclo4">''Encyclopédie générale des transports - Chemins de fer'', 62.4.</ref>. En [[1886 dans les chemins de fer|1886]], M. Lambert, entrepreneur fort actif dans le domaine de la construction des chemins de fer d'intérêt local dans le nord du pays, se proposa d'établir une ligne d'[[Aire-sur-la-Lys]] à [[Berck (Pas-de-Calais)|Berck-Plage]] desservant le Boulonnais. Cette dernière présentait la particularité, pour limiter les frais d'établissement, d'emprunter sur une courte section, les voies de l'itinéraire Anzin-Calais entre Fruges et Rimeux-Gournay. De nombreux accords durent être signés avant que la ligne avant que ne soit accordée la [[déclaration d'utilité publique]] le [[12 décembre dans les chemins de fer|12 décembre]] [[1889 dans les chemins de fer|1889]] : [[Concession de service public|concession]] à la ''Compagnie des Chemins de Fer d'Aire à Fruges et de Rimeux-Gournay à Berck'' (A.F.R.B.) chargé d'exploiter la ligne le [[28 septembre dans les chemins de fer|28 septembre]] [[1886 dans les chemins de fer|1886]], contrat d'exploitation entre cette dernière et la ''Compagnie du Chemin de Fer d'Anvin à Calais'' (A.C.) pour la circulation sur le tronc commun le [[2 avril dans les chemins de fer|2 avril]] [[1887 dans les chemins de fer|1887]], [[Convention (droit)|convention]] d'avance de fonds avec la ''Compagnie des chemins de fer du Nord'' le [[12 juin dans les chemins de fer|12 juin]] [[1888 dans les chemins de fer|1888]]<ref>''Encyclopédie générale des transports - Chemins de fer'', 62.4. et 62.5.</ref>. La voie ferrée fut mise en service en plusieurs étapes de [[1893 dans les chemins de fer|1893]] à [[1899 dans les chemins de fer|1899]]<ref name="domengie149">Henri Domengie, José Banaudo, ''Les petits trains de jadis - Nord de la France'', p. 149.</ref> : * le [[6 avril dans les chemins de fer|6 avril]] [[1893 dans les chemins de fer|1893]] de Montreuil-sur-Mer à Berck-Ville ; * le [[1er juin dans les chemins de fer|1{{er}} juin]] [[1893 dans les chemins de fer|1893]] d'Aire-sur-la-Lys à Fruges ; * le [[30 juillet dans les chemins de fer|30 juillet]] [[1893 dans les chemins de fer|1893]] de Rimeux-Gournay à Montreuil-sur-Mer ; * le [[1er septembre dans les chemins de fer|1{{er}} septembre]] [[1899 dans les chemins de fer|1899]] de Berck-Ville à Berck-Plage. == Tracé et caractéristiques techniques == {{BS-header|Ligne Aire-sur-la Lys - Berck-Plage}} {{BS-table}} {{BSe|xGARTdbt|0,0|Aire-sur-la-Lys,|correspondance vers Armentières ou Saint-Omer (Nord)}} {{BSe|xGARE||Moulin-le-Comte}} {{BSe|xGARE||Mametz}} {{BSe|xHALTE||Crecques}} {{BSe|xGARE||Thérouanne}} {{BSe|xGARE||Delettes}} {{BSe|xGARE||Coyecques}} {{BSe|xGARE||Dennebrœucq}} {{BSe|xHALTE||Mencas-Bellefout}} {{BSe|xGARE||Matringhem}} {{BSe|xHALTE||Lugy}} {{BSe|xHALTE||Gourgesson}} {{BSe|xGARE||Fruges,|correspondance vers Anvin (AC)}} {{BSe|xHALTE||Coupelle-Vieille}} {{BSe|xGARE||Rimeux-Gournay,|correspondance vers Calais (AC)}} {{BSe|xHALTE||Gournay}} {{BSe|xGARE||Verchocq}} {{BSe|xGARE||Rumilly}} {{BSe|xHALTE||Aix-en-Ergny}} {{BSe|xGARE||Ergny}} {{BSe|xGARE||Wicquinghem}} {{BSe|xHALTE||Bourthes}} {{BSe|xGARE||Hucqueliers}} {{BSe|xGARE||Preures}} {{BSe|xGARE||Enquin}} {{BSe|xHALTE||Engoudsent}} {{BSe|xGARE||Beussent}} {{BSe|xHALTE||Inxent}} {{BSe|xGARE||Recques}} {{BSe|xHALTE||Estréelles}} {{BSe|xHALTE||La Paix-Faite}} {{BSe|xGARE||Montreuil-sur-Mer,|correspondance vers Étaples ou Arras (Nord)}} {{BSe|xGARE||Saint-Justin}} {{BSe|xGARE||Campigneulles}} {{BSe|xGARE||Wailly}} {{BSe|xHALTE||Le Bahot}} {{BSe|xGARE||Verton-Bourg}} {{BSe|xGARE||Rang-du-Fliers,|correspondance vers Calais ou Amiens (Nord)}} {{BSe|xHALTE||Rang-du-Fliers PN}} {{BSe|xGARE||Berck-Ville}} {{BSe|xGARTfin|97,1|Berck-Plage,|correspondance vers Paris-Plage (BP)}} {{BS-table-fin}} {{BS-fin}} [[Image:Montreuil-1.jpg|thumb|left|upright=1.1|La gare de Montreuil-sur-Mer commune à la ligne Aire-sur-la-Lys - Berck-Plage et à la voie ferrée Arras - Étaples exploitée par la ''Compagnie des chemins de fer du Nord'']] D'une longueur totale de 97 kilomètres (88 kilomètres si on exclue les 9 kilomètres de tronc commun avec l'itinéraire Anvin - Calais), la ligne prenait son origine en gare d'Aire-sur-la-Lys, située sur la voie ferrée transversale [[Armentières]] - [[Saint-Omer (Pas-de-Calais)|Saint-Omer]] par [[Isbergues|Berguette]] (exploitée par la ''Compagnie du Nord''), remontait, selon une direction sud-ouest, la vallée de la [[Lys (rivière)|Lys]] jusqu'à Fruges. À partir de ce lieu, s'orientant vers l'ouest, elle empruntait les rails du chemin de fer Anvin - Calais, montant sur un plateau peu élevé, avant de parvenir à la bifurcation de Rimeux-Gournay. De là, l'itinéraire empruntait les vallées de l'[[Aa (fleuve)|Aa]], puis de la [[Course (rivière)|Course]] avant de parvenir à la petite [[sous-préfecture]] de [[Montreuil-sur-Mer]] où elle croisait la ligne d'intérêt général [[Arras]] - [[Étaples]], franchissait la [[Canche (fleuve)|Canche]]<ref>Henri Domengie, José Banaudo, ''Les petits trains de jadis - Nord de la France'', p. 152.</ref>. Son parcours, orienté vers le sud, la conduisait jusqu'à la [[gare de Rang-du-Fliers-Verton]] qui assurait la correspondance avec la grande [[Ligne Longueau - Calais|ligne Amiens - Calais]], puis, reprenant une direction occidentale, la voie ferrée desservait Berck-Ville, siège d'une importante [[brique]]terie. Enfin, longeant la voie d'un [[tramway]] [[Traction hippomobile|hippomobile]] à voie étroite de 0m60, qui assura, jusqu'en [[1910 dans les chemins de fer|1910]] durant la saison balnéaire, le transport des voyageurs entre la ville et le littoral, elle parvenait jusqu'au terminus de Berck-Plage, commun à partir de [[1909 dans les chemins de fer|1909]], avec la [[ligne Berck-Plage - Paris-Plage]]<ref name="domengie149" />. La voie à écartement métrique était établie en site propre et était équipée en [[rail]] du type « Vignole » de 20 kg/m. Le profil de la ligne n'était guère difficile avec des déclivités maximales de 17 ‰ et des courbes dont le rayon ne s'abaissait pas à moins de 100 mètres<ref name="domengie151">Henri Domengie, José Banaudo, ''Les petits trains de jadis - Nord de la France'', p. 151.</ref>. Les gares présentaient l'aspect de bâtiments en [[brique]] à un étage encadré d'une halle à marchandises et de locaux annexes (cellier, toilettes). Les gares d'embranchement et terminus bénéficiaient d'une remise. À l'extrémité sud de l'itinéraire, la station de Berck-Plage, déjà construite à la fin du {{XIXe siècle}} dans des proportions plus généreuses, fut considérablement agrandie avant la [[première Guerre mondiale]] pour faire face à l'important trafic balnéaire. Elle revêtit des dimensions inhabituelles pour une voie ferrée d'intérêt local et fut dotée d'une [[Marquise (architecture)|marquise]]. Un [[Dépôt de locomotives|dépôt]] était également présent dans les emprises de la gare de la cité balnéaire<ref name="domengie151" />. == Exploitation == [[Image:Berck-5.jpg|thumb|left|upright=1.1|Au départ de Berck-Plage en direction de Rang-du-Fliers, Montreuil-sur-Mer, Aire-sur-la-Lys]] Entre l'ouverture de l'itinéraire et la [[Première Guerre mondiale]], le service de la ligne fut assuré par des trains reflétant la diversité des trafics (agricole dans l'arrière-pays Boulonnais, balnéaire près de la côte)<ref name="domengie150">Henri Domengie, José Banaudo, ''Les petits trains de jadis - Nord de la France'', p. 150.</ref>. Deux navettes quotidiennes parcouraient la totalité de l'itinéraire entre Aire-sur-la-Lys et Berck-Plage (ou Berck-Ville entre [[1893 dans les chemins de fer|1893]] et [[1899 dans les chemins de fer|1899]]), le plus rapide ne mettait pas moins de cinq heures (départ à 14h52, arrivée à 19h52) pour parcourir les 97 kilomètres de la voie ferrée, soit une moyenne de 19,4 km/h. Le voyageur devait acquitter pour ce voyage 6[[Franc français|fr]]35 en 1{{e}} classe, 4[[Franc français|fr]]80 en 2{{e}} et 3[[Franc français|fr]]45 en 3{{e}}<ref>''Indicateur Chaix'', horaires de mai 1914.</ref>. Venaient s'ajouter des convois quotidiens assurant une desserte partielle de la voie ferrée, à savoir : un aller-retour Aire-sur-la Lys - Fruges, un aller-retour Fruges - Berck-Plage, quatre aller-retour saisonniers Montreuil-sur-Mer - Berck-Plage, un nombre variable d'aller-retour Rang-du-Fliers - Berck-Plage en correspondance avec les [[train]]s de la ''Compagnie du Nord''. Durant la pleine saison estivale, jusqu'à dix-huit navettes circulaient sur cette dernière section de la ligne, en plus des convois réguliers (au nombre de sept), soit un total de vingt-cinq trains dans chaque sens<ref name="domengie155">Henri Domengie, José Banaudo, ''Les petits trains de jadis - Nord de la France'', p. 155.</ref>. La [[Première Guerre mondiale]] conduisit à une interruption du trafic durant quelques mois, puis, à compter de l'automne [[1914 dans les chemins de fer|1914]], celui-ci reprit assurant des dessertes relativement étoffées avec au moins trois trains par jour sur la ligne (un seul aller-retour complet et deux services partiels) et encore huit navettes entre Rang-du-Fliers et Berck-Plage<ref name="domengie155" />. [[Image:Gare de Coyecques.jpg|thumb|right|upright=1.1|Un train mixte en gare de Coyecques (avec un s) sur la section d'Aire-sur-la-Lys à Fruges]] Les années qui suivirent la fin du conflit virent d'importants changements dans l'exploitation de la voie ferrée. Celle-ci fut confiée, en [[1919 dans les chemins de fer|1919]], à la ''Compagnie Générale des Voies Ferrées d'Intérêt Local'' ou C.G.L., en fait l'ancienne ''Compagnie du Chemin de Fer d'Anvin à Calais'' qui changea de dénomination pour gérer désormais les lignes de de l'ouest et du sud-ouest du Pas-de-Calais (les voies ferrées Anvin - Calais, Aire-sur-la-Lys - Berck-Plage auxquelles s'ajoutait la courte antenne du [[tramway à vapeur d'Ardres à Pont-d'Ardres]] gérée par la société éponyme)<ref name="domengie150" />. Le changement ne fut guère sensible pour le public, chaque ligne garda son autonomie, le matériel déjà banalisé circulant indifféremment sur les trois chemins de fer depuis leur construction. Sur le plan financier et technique, cette fusion se révéla efficace à une époque durant laquelle l'augmentation du prix des matières premières et du coût de revient de la main d'œuvre plongeaient les voies ferrées d'intérêt local dans de graves difficultés de trésorerie. Pour y pallier et réduire les charges d'exploitation, les lignes du Pas-de-Calais introduisirent, dès le début des [[années 1920]], des [[autorail]]s pour assurer les trains les moins fréquentés<ref name="domengie150" />. la ligne d'Aire-sur-la-Lys à Berck-Plage bénéficia durant l'[[entre-deux-guerres]] d'un trafic voyageurs et marchandises qui ne fit pas peser sur elle le risque de fermeture comme sur tant d'autres chemins de fer secondaires. Les circulations n'avaient guère été réduites par rapport à celles du début du siècle : deux aller-retour Aire-sur-la-Lys - Berck-Plage, un ou deux aller-retour Aire-sur-la-Lys - Fruges, un aller-retour Fruges - Berck-Plage, deux aller-retour Montreuil-sur-Mer - Berck-Plage, de nombreuses navettes Rang-du-Fliers - Berck-Plage (jusqu'à 16 en saison)<ref name="domengie155" />. Après la [[Seconde Guerre mondiale]], la ligne survécut encore une dizaine d'années, bénéficiant de l'arrivée de matériel (des autorails [[Établissements Billard|Billard]] en particulier) provenant de voies ferrées d'intérêt local ayant arrêté leur exploitation. Pour réduire une nouvelle fois ses charges, le réseau mit également en service des [[locotracteur]]s [[moteur diesel|diesel]] construits par ses propres ateliers et assurant la traction des trains de marchandises et de rames voyageurs durant les pointes saisonnières de trafic<ref name="domengie159">Henri Domengie, José Banaudo, ''Les petits trains de jadis - Nord de la France'', p. 159.</ref>. En [[1952 dans les chemins de fer|1952]], il subsistait un aller-retour quotidien entre les deux terminus de la ligne (le temps de parcours avait été réduit, en raison de la suppression de certains arrêts, à 4h23, soit une moyenne de 22,1 km/h), deux aller-retour Aire-sur-la-Lys - Fruges, deux aller-retour Fruges - Berck-Plage, quelques trains supplémentaires les jours de marché ainsi que cinq à six nattes Rang-du-Fliers - Berck-Plage<ref>''Horaires de la C.G.L.'', avril 1952.</ref>. Malgré ces efforts de modernisation, le projet de mise à voie normale de la section Rang-du-Fliers - Berck-Plage<ref name="encyclo5">''Encyclopédie générale des transports - Chemins de fer'', 62.5.</ref>, la concurrence des [[autocar]]s, le déficit d'exploitation croissant eurent raison de la ligne dont le conseil général décida la fermeture en deux étapes, d'Aire-sur-la-Lys à Fruges ainsi que le tronc commun Fruges - Rimeux-Gournay au printemps [[1954 dans les chemins de fer|1954]]<ref>Aucune source ne fournit une date précise sur cette fermeture.</ref>, de Rimeux-Gournay à Berck-Plage le [[1er mars dans les chemins de fer|1{{er}} mars]] [[1955 dans les chemins de fer|1955]]<ref>[http://cosili.isuisse.com/france/fv/fv1955.html La fermeture au trafic des voyageurs] sur cosili.isuisse.com. Consulté le 5 juillet 2008.</ref>. == Matériel roulant == La ligne bénéficiait de son propre parc d'engins moteurs et de matériel remorqué mais, en réalité, [[Locomotive à vapeur|locomotives]], [[Voiture de chemin de fer|voitures]], [[Fourgon ferroviaire|fourgons]] et [[wagon]]s étaient banalisés et pouvaient circuler sur les lignes qui allaient être gérées, à partir de [[1919 dans les chemins de fer|1919]], par la ''Compagnie Générale des Voies Ferrées d'Intérêt Local''. Tous les véhicules circulant sur les trois lignes étaient munis d'un [[Tampon (chemin de fer)|tampon]] central, d'un [[Attelage (véhicule)|attelage]] inférieur et d'un [[frein]] continu à vide<ref name="domengie155" />. Les propos suivants tiennent compte à la fois du matériel possédé en propre par l'A.F.R.B. et d'un certain nombre d'engins moteurs ayant assuré la traction sur la ligne. === Matériel moteur === [[Image:Corpet-Louvet 031T à Berck-Plage.jpg|thumb|right|upright=1.1|La Corpet-Louvet 031T n°41 en tête d'un train mixte en agre de Berck-Plage]] Au début de l'exploitation, la traction était assurée douze [[Locomotive à vapeur|locomotives à vapeur]] de type [[031 (locomotive)|031]]T<ref>Le T accolé au numéro signifie qu'il s'agit d'une [[locomotive-tender]] où les réserves d'eau et de combustible ne sont plus sur un [[tender]] séparé mais sur le châssis de la machine elle-même.</ref> construites en deux lots par les [[Corpet-Louvet|établissements Corpet-Louvet]] de [[La Courneuve]]<ref name="domengie156">Henri Domengie, José Banaudo, ''Les petits trains de jadis - Nord de la France'', p. 156.</ref>: * six [[031 (locomotive)|031]]T de 16 tonnes livrées en [[1890 dans les chemins de fer|1890]]-[[1891 dans les chemins de fer|1891]] et numérotées 31 à 36. * six [[031 (locomotive)|031]]T de 20 tonnes livrées en [[1892 dans les chemins de fer|1892]] et numérotées 40 à 45. Les premières, considérées comme pas assez puissantes, furent cédées pour cinq d'entre elles dès [[1894 dans les chemins de fer|1894]] et en [[1912 dans les chemins de fer|1912]] pour la dernière de la série. La ligne vit circuler des machines de l'itinéraire Anzin - Calais et reçu même de ce dernier une [[Bourbonnais (locomotive)|030]]T Pinguely qui prit le n°46. D'autres locomotives banalisées intervinrent sur la ligne, des [[Mogul (locomotive)|130]]T construites par les ateliers de la ''Compagnie des chemins de fer du Nord'' en [[1909 dans les chemins de fer|1909]]-[[1910 dans les chemins de fer|1910]], des [[Decapod (locomotive)|150]]T de construction suisse [[Stadler Rail|Schweizerische Lokomotiv und Maschinenfabrik]] ou SLM ([[1911 dans les chemins de fer|1911]])<ref name="domengie156" />, une [[Mogul (locomotive)|130]]T fabriquée en [[1924 dans les chemins de fer|1924]] par la [[Société alsacienne de constructions mécaniques]] (SACM) qui fut d'abord la propriété de la [[ligne Berck-Plage - Paris-Plage]], puis de la [[sucre]]rie de Rang-du-Fliers avant d'être rachetée par le réseau en [[1941 dans les chemins de fer|1941]]. Il faut signaler également la circulation d'une machine privée appartenant à la [[Distillation|distillerie]] de [[Verton]], une [[Bourbonnais (locomotive)|030]]T [[Groupe Fives-Lille|Fives-Lille]] de [[1882 dans les chemins de fer|1882]] et celle, plus occasionnelle, des deux locomotives articulées allemandes, obtenues au titre des dommages de guerre, de type [[Locomotive Mallet|Mallet]] 030+030T de construction [[Henschel (usines)|Henschel]] ([[1917 dans les chemins de fer|1917]])<ref name="domengie158">Henri Domengie, José Banaudo, ''Les petits trains de jadis - Nord de la France'', p. 158.</ref>. À partir des [[années 1930]], la ligne vit circuler des engins thermiques construits par les ateliers du réseau localisés à [[Lumbres]] sur l'itinéraire Anvin - Calais. Il s'agissait sept [[autorail]]s unidirectionnels à deux [[essieu]]x mus par des [[Moteur Diesel|moteurs diesel]] [[UNIC]] de 65 [[Cheval-vapeur|CV]] pour six d'entre-eux (n° 2 à 7) et d'un moteur [[Berliet]] de 85 [[Cheval-vapeur|CV]] pour le n° 11<ref name="domengie158" />. Après la [[Seconde Guerre mondiale]], la C.G.L. récupéra des autorails à [[bogie]]s de construction [[Établissements Billard|Billard]] provenant de réseaux victimes de fermeture : deux autorails A80D1 de [[1938 dans les chemins de fer|1938]] en [[1949 dans les chemins de fer|1949]]-[[1950 dans les chemins de fer|1950]] (n° 608 et 610), un autorail A80D2 de [[1939 dans les chemins de fer|1939]] en [[1951 dans les chemins de fer|1951]] (n° 704), deux autorails A150D6 de [[1947 dans les chemins de fer|1947]] en [[1951 dans les chemins de fer|1951]]-[[1952 dans les chemins de fer|1952]] (n° 26 et 27). Les ateliers de Lumbres construisirent en [[1948 dans les chemins de fer|1948]], à partir d'un [[châssis]] de locomotive à vapeur, un [[locotracteur]] de type [[Bourbonnais (locomotive)|030]] mu par un moteur [[Willème]] de 180 [[Cheval-vapeur|CV]] qui prit le numéro 301. Ce type de matériel fut complété par l'achat, en [[1949 dans les chemins de fer|1949]], de trois locotracteurs assez semblables (n° 650 à 652)<ref name="domengie159" />{{,}}<ref>[http://berckofil.over-blog.com/categorie-800551.html Photographies de ces locotracteurs] sur un site consacré à la ligne d'Aire-sur-la-Lys à Berck-Plage. Consulté le 6 juillet 2008.</ref>. Ces derniers comme celui de fabrication se retrouvèrent souvent à la tête des navettes acheminant les voyageurs de Rang-du-Fliers à Berck-Plage<ref name="domengie159" />. === Voitures et wagons === [[Image:Long convoi devant la nouvelle gare de Berck-Plage.jpg|right|thumb|upright=1.1||Long convoi composé de voitures à bogies, d'une voiture à essieux de la ligne d'Anvin et de fourgons devant la gare « monumentale » de Berck-Plage]] La ligne disposait d'un parc de [[Voiture de chemin de fer|voitures]] uniquement à bogies (même s'il lui arrivait d'engager du matériel à deux essieux de la ligne d'Anvin), à savoir<ref name="domengie159" /> : * 5 [[Voiture de chemin de fer|voitures]] de 1ère/2ème classes ; * 9 [[Voiture de chemin de fer|voitures]] de 1ère/2ème/3èmes classes ; * 2 [[Voiture de chemin de fer|voitures]] de 3ème classe. Le parc des wagons était étoffé (des wagons privés et de l'autre itinéraire circulaient également sur les voies<ref>Henri Domengie, José Banaudo, ''Les petits trains de jadis - Nord de la France'', p. 160.</ref> : * 12 [[Fourgon ferroviaire|fourgons]] ; * 45 [[Wagon couvert|wagons couverts]] (5 étaient utilisables comme fourgons sur les navettes littorales) ; * 80 [[Wagon tombereau|wagons tombereaux]] ; * 40 [[Wagon plat|wagons plats]] (dont 6 transformables en voitures d'été totalement découvertes pour les dessertes de Berck-Plage) ; * 10 wagons plateformes à ranchers (montants permettant de maintenir la marchandise comme des grumes); * 30 wagons [[Ballast (chemin de fer)|ballastières]]. == Bilan == [[Image:Aire-sur-la-Lys-4.jpg|thumb|left|La gare d'Aire-sur-la-Lys, point de départ de la ligne]] La longévité de la ligne d'Aire à Berck, son dynamisme jusqu'aux dernières années d'exploitation peuvent être expliqués par un certain nombre de facteurs. L'itinéraire comblait un hiatus ferroviaire et ainsi ne souffrait pas de la concurrence d'autres voies ferrées (d'intérêt général en particulier). Il bénéficiait d'un trafic de nature variée. Dans la première partie de son parcours, entre Aire-sur-la-Lys et Montreuil-sur-Mer, il assurait le déplacement de populations rurales au sein de campagnes de densité relativement élevée ainsi que le transport de matières premières agricoles ([[betterave à sucre]]), puis entre Montreuil-sur-Mer et Berck-Plage bénéficiait d'un important trafic balnéaire auquel s'ajoutait le transport de marchandises généré par des entreprises embranchées (briqueterie...)<ref name="encyclo5" />. Le partenariat (renforcé à partir de [[1919 dans les chemins de fer|1919]] avec l'intégration au sein de la C.G.L.) avec la ligne d'Anvin à Calais (et le tramway à vapeur d'Ardres à Pont d'Ardres) a joué un rôle déterminant dans la prospérité de la ligne. Non seulement, il a permis, grâce à l'utilisation commune d'un tronçon de ligne et à la banalisation du matériel, de réaliser des économies d'établissement et d'exploitation, mais il a fait surtout bénéficier la ligne de l'expérience d'Émile Level (directeur de la société concessionnaire) en matière de gestion de chemin de fer secondaire que ce soit dans le domaine des relations avec la compagnie du Nord ou dans la mise en service de nouveaux matériels. M. Level avait en effet voulu faire de l'axe Anvin - Calais une véritable ligne de démonstration mettant en avant toute l'efficacité d'une voie ferrée d'intérêt local en matière d'économies, de polyvalence des employés (dont de nombreuses femmes auxquelles était confiée l'administration des gares), de performances du matériel roulant et invitait de nombreux responsables locaux soucieux de la bonne marche des réseaux départementaux dont ils avaient la charge<ref name="encyclo4" />. == Bibliographie == * Henri Domengie, José Banaudo, ''Les petits trains de jadis - Nord de la France'', Éditions du Cabri, Breil-sur-Roya, 1995 {{ISBN|2-908816-29-6}} * ''Encyclopédie générale des transports - Chemins de fer'', tome 9, Éditions de l'Ormet, Valignat, 1994 {{ISBN|2-906575-13-5}} == Notes et références == {{Références|colonnes = 2}} == Voir aussi == === Liens externes === {{Commons|Category:Ligne Aire-sur-la-Lys - Berck-Plage}} * Francine Bourguignon, ''Vie et Mort d'un Tortillard'', 1956. [http://www.ot-rangdufliers.com/histoire-tortillard.php Quelques extraits sur le site de Rang-du-Fliers]. === Liens internes === * [[Voie ferrée d'intérêt local]] * [[Ligne Berck-Plage - Paris-Plage]] * [[Tramway d'Étaples à Paris-Plage]] {{Portail|Ferrovipédia|Nord-Pas-de-Calais|Transport en commun}} [[Catégorie:Ligne ferroviaire du Pas-de-Calais|Aire-sur-la-Lys - Berck-Plage]] [[Catégorie:Ligne historique de France|Aire-sur-la-Lys - Berck-Plage]]