<page> <title>Littérature française du XVIIIe siècle</title> <id>346758</id> <revision> <id>30718022</id> <timestamp>2008-06-17T07:29:25Z</timestamp> <contributor> <username>PRA</username> <id>39019</id> </contributor> <comment>paramètres images 120px</comment> <text xml:space="preserve">[[Image:Jean-Jacques Rousseau (painted portrait).jpg|100px|thumb|right|Rousseau]] '''La littérature française du {{s-|XVIII|e}}''' s’inscrit dans une période le plus souvent définie par deux dates repères : [[1715]] et la mort de [[Louis XIV de France|Louis XIV]], et d’autre part, [[1798]], date du coup d’État de [[Napoléon Bonaparte|Bonaparte]] qui instaure le [[Consulat (histoire de France)|Consulat]] et met d’une certaine façon fin à la période révolutionnaire. Ce siècle de transformations économique, sociale, intellectuelle et politique est riche d’une multiplicité d’œuvres qui peuvent se rattacher, en simplifiant, à deux orientations majeures : le mouvement des [[Lumières (philosophie)|Lumières]] et ses remises en cause des bases de la société et, par ailleurs, la naissance d’une sensibilité que l’on qualifiera postérieurement de [[Préromantisme|préromantique]]. [[Image:Buste de Voltaire.jpg|100px|thumb|right|Voltaire]] ==Contexte== [[Image:LouisXV-1.jpg|120px|thumb|left|Louis XV]] [[Image:Louis XVI.PNG|120px|thumb|right|Louis XVI]] Le {{XVIIIe siècle}} voit se fragiliser progressivement la monarchie absolue avec la [[Régence (1715-1723)|Régence]] de [[Philippe d'Orléans (1674-1723)|Philippe d’Orléans]], puis avec le très long règne de [[Louis XV de France|Louis XV]] et ses guerres perdues ([[guerre de Sept Ans]] sur le continent européen et outre-mer, en Amérique et en Inde particulièrement, achevée par le [[Traité de Paris (1763)|traité de Paris]] de [[1763]] qui consacre la puissance de l’Angleterre et le poids de la Prusse). La monarchie mourra finalement de l’impuissance de [[Louis XVI de France|Louis XVI]] : la [[Révolution française|Révolution de 1789]] et ses soubresauts violents transformeront fondamentalement l’Histoire de la France qui deviendra une [[République]] le [[21 septembre]] [[1792]]. La naissance en [[1776]] de la République des [[États-Unis|États-Unis d’Amérique]], soutenue par la France contre l’Angleterre, symbolise aussi l’entrée dans un monde nouveau à la veille du {{s-|XIX|e|}} où apparaît le personnage de Bonaparte. [[Image:Marie Antoinette Adult4.jpg|120px|thumb|left|Marie Antoinette]] [[Image:Serment du jeu de paume.jpg|120px|thumb|right|[[Serment du Jeu de paume]], 20 juin 1789]] Par ailleurs, au cours du {{s-|XVIII|e}}, la société française change avec l’essor démographique et l’activité d’une bourgeoisie d’affaires et d’entreprises liée au progrès technologique (machine à vapeur – métallurgie) et au commerce avec {{Guil|les Indes}}, fondé sur la traite négrière. En même temps se développent les villes avec leurs salons, leurs cafés et leurs académies qui affaiblissent le poids de l’aristocratie dans le domaine culturel comme dans le domaine social où s’affirme peu à peu le [[Tiers état]] qui sera le vainqueur des luttes révolutionnaires à partir de 1789. Les mentalités évoluent elles aussi avec le développement de l’éducation et des sciences ([[Isaac Newton|Newton]], [[James Watt|Watt]], [[Alessandro Volta|Volta]], [[Gottfried Wilhelm von Leibniz|Leibniz]], [[Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon|Buffon]], [[Antoine Lavoisier|Lavoisier]], [[Gaspard Monge|Monge]]…) et la diffusion des œuvres de l’esprit, par le colportage et par le théâtre. La foi dans le Progrès que symbolisera l’''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]'' de [[Denis Diderot|Diderot]] et [[Jean le Rond d'Alembert|d’Alembert]] correspond à une déchristianisation progressive de la société que révèlent les conflits entre le haut et le bas clergé, ou les tensions avec les [[Jésuite]]s (expulsés du royaume en 1764) ou l’évolution du statut des protestants, admis à l’état-civil en 1787. Mais l’Église catholique reste un pouvoir dominant qui lutte contre les [[Lumières (philosophie)|Lumières]] en faisant interdire leurs œuvres et en obtenant, par exemple, la condamnation à mort du huguenot [[Jean Calas]] en 1762 ou, pour blasphème, celle du [[chevalier de La Barre]] en 1766, barbaries qui susciteront l’indignation de Voltaire. À la même période, les conquêtes coloniales intéressent toutes les puissances européennes (voir [[Guerre de Sept Ans]]) et introduisent l’[[exotisme]] et le thème du [[bon sauvage]] qui nourriront les arts et la littérature, de ''[[Robinson Crusoé]]'' à ''[[Paul et Virginie (roman)|Paul et Virginie]]'' par exemple. Les échanges se multiplient et les influences étrangères sont importantes autant pour la marche des idées que pour l’évolution des genres littéraires : c’est vrai en particulier pour l’influence anglaise avec ses avancées démocratiques ([[monarchie constitutionnelle]]) et la création romanesque ou poétique que découvrent beaucoup d’écrivains qui séjournent en [[Angleterre]] tout au long du siècle. L’influence allemande est aussi importante : elle nourrit le changement [[préromantisme|préromantique]] des sensibilités avec un apport marqué dans le domaine du fantastique et du sentiment national qui s’accentuera au siècle suivant. En ce qui concerne l’art, le {{s-|XVIII|e}} présente longtemps un art tourné vers la décoration avec le [[style Régence]] et le [[style Louis XV]] et ceux qu’on a appelés les {{Guil|peintres du bonheur}} comme [[François Boucher|Boucher]], [[Jean Honoré Fragonard|Fragonard]], [[Antoine Watteau|Watteau]] ou [[Jean Siméon Chardin|Chardin]], ou les portraitistes [[Quentin de La Tour]], [[Jean-Marc Nattier|Nattier]] ou [[Charles André van Loo|Van Loo]], avant de valoriser, dans la deuxième partie du siècle, un art sensible et moral avec [[Jean-Baptiste Greuze|Greuze]], [[Hubert Robert]] ou [[Claude Joseph Vernet]]. La musique française est illustrée par [[François Couperin]] et [[Jean-Philippe Rameau]], mais d’autres compositeurs européens dominent le siècle, de [[Antonio Vivaldi|Vivaldi]] à [[Wolfgang Amadeus Mozart|Mozart]] en passant par [[Georg Friedrich Haendel|Haendel]], [[Johann Sebastian Bach|Bach]], [[Joseph Haydn|Haydn]]… ==La variété littéraire du XVIIIe siècle== ===La littérature d’idées === [[Image:ENC 1-NA5 600px.jpeg|thumb|120px|right|L’Encyclopédie]] Continuateurs des [[libertin]]s du {{s-|XVII|e}} et d’esprits critiques comme [[Pierre Bayle|Bayle]] et [[Bernard Le Bouyer de Fontenelle|Fontenelle]], ceux que l’on appellera les [[Lumières (philosophie)|Lumières]] dénoncent au nom de la Raison et de valeurs morales les oppressions qui perdurent à leur époque. Ils contestent la monarchie absolue en revendiquant un contrat social comme fondement de l’autorité politique et une organisation plus démocratique des pouvoirs dans une monarchie constitutionnelle avec une séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ([[Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu|Montesquieu]], [[Denis Diderot|Diderot]], [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]] entre autres). [[Voltaire]] combat particulièrement les abus du pouvoir (censure, [[lettre de cachet]], collusion avec l’Église) et rêve d’un [[Despotisme éclairé|despote éclairé]], conseillé par des philosophes. Par ailleurs, les {{Guil|philosophes}}, eux-mêmes issus du {{Guil|[[Tiers état]]}}, défendent une société fondée sur les talents et sur le mérite qui s’oppose à une société de classes (ou de castes) héréditaires, introduisant ainsi les valeurs de liberté et d’égalité qu’affirmera la [[République française|République]] à la fin du siècle. Ils défendent aussi la liberté de conscience et mettent en cause le rôle des institutions religieuses dans la société. La tolérance est une valeur fondamentale pour ceux qui {{Guil|nous ont appris à vivre libres}} comme le dit la [[Convention nationale|Convention]] en honorant les cendres de [[Voltaire]] au [[Panthéon]]. [[Image:Montesquieu 1.png|120px|thumb|left|Montesquieu]] [[Image:Louis-Michel_van_Loo_001.jpg|120px|thumb|left|Diderot]] Bien sûr, le mouvement des philosophes n’est pas uniforme, mais tous fixent pour objectif à l’humanité et plus encore à l’individu, le bonheur, {{Guil|idée neuve en Europe}}, hésitant entre le rêve d’un bon sauvage disparu (Rousseau) et une vie de mondain à la recherche du raffinement (Voltaire). L’optimisme n’est cependant pas triomphant et les auteurs restent lucides : le combat est constant et ils y jouent le rôle fondamental d’agitateurs d’idées. Les œuvres importantes sont nombreuses et relèvent de différents genres comme le [[conte philosophique]] avec [[Voltaire]] ''[[Candide]]'' ([[1759 en littérature|1759]]), ''[[Zadig]]'' ([[1747 en littérature|1747]]) ou la satire distanciée avec les ''[[Lettres persanes]]'' ([[1721 en littérature|1721]]) de Montesquieu et les essais comme ''[[De l'esprit des lois]]'' ([[1748 en littérature|1748]]) du même, les ''[[Lettres anglaises]]'' ([[1734 en littérature|1734]]) ou le ''[[Traité sur la tolérance]]'' ([[1763 en littérature|1763]]) de Voltaire, le ''[[Du contrat social|Contrat social]]'' ([[1762 en littérature|1762]]) ou ''[[Émile ou De l'éducation]]'' ([[1762 en littérature|1762]]) de [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], le ''[[Supplément au voyage de Bougainville]]'' de [[Diderot]] ou l’''[[Histoire des deux Indes]]'' de l’abbé [[Guillaume-Thomas Raynal]]. Participent aussi à cette littérature d’idées certains aspects des comédies de Marivaux ou de Beaumarchais et bien sûr le grand œuvre de l’''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]'', animé par Diderot et [[D'Alembert]], et ses 35 volumes (textes et illustrations), publiés de [[1750 en littérature|1750]] à [[1772 en littérature|1772]], ainsi qu’une grande diversité de textes de longueur et d’importance variables : essais, discours, dialogues, entretiens… ===Le théâtre du XVIIIe siècle=== [[Image:Statue Beaumarchais Clausade Paris.jpg|120px|thumb|right|Beaumarchais]] [[Image:Marivaux.jpg|120px|thumb|left|Marivaux]] L’influence des grands dramaturges du {{Guil|[[XVIIe siècle|siècle de Louis XIV]]}} persiste sur la scène de la [[Comédie-Française]] mais des renouvellements apparaissent avec les tragédies de Voltaire (1694-1778) qui introduit des sujets modernes en gardant la structure classique et l’alexandrin (''[[Zaïre (Voltaire)|Zaïre]]'', [[1732 au théâtre|1732]], ''[[le Fanatisme ou Mahomet|Mahomet]]'', [[1741 au théâtre|1741]]) et qui obtient de grands succès. Néanmoins la censure est toujours active comme en témoignent, sous [[Louis XIV de France|Louis XVI]] encore, les difficultés de [[Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais|Beaumarchais]] pour son ''[[Le Mariage de Figaro|Mariage de Figaro]]''. La libération des mœurs de la [[Régence (1715-1723)|Régence]] apporte un autre renouvellement du théâtre avec le retour, dès [[1716 au théâtre|1716]], des [[Théâtre italien de Paris|Comédiens-Italiens]] chassés par [[Louis XIV de France|Louis XIV]] et le début d’une très grande vogue du spectacle théâtral : on se presse pour admirer des acteurs réputés ([[Lélio]], Flaminia, [[Silvia]]…) et rire des [[lazzi]] et du dynamisme des personnages issus de la [[commedia dell'arte]] comme [[Arlequin]], [[Colombine (théâtre)|Colombine]] ou [[Pantalon (personnage de théâtre)|Pantalon]]. C’est dans cette lignée que trouve place [[Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux|Marivaux]] (1688 -1763) avec ses comédies qui associent la finesse de l’analyse du sentiment amoureux et la subtilité verbale du [[marivaudage]] aux problèmes de société en exploitant le thème emblématique du couple maître-valet. ''[[Les Fausses Confidences]]'' ([[1737 au théâtre|1737]]), ''[[le Jeu de l'amour et du hasard]]'' ([[1730 au théâtre|1730]]), ou ''[[l'Île des esclaves]]'' ([[1725 au théâtre|1725]]) constituent quelques-unes de ses œuvres majeures. [[Jean-François Regnard|Regnard]] et [[Alain-René Lesage|Lesage]] (1668-1747) ont eux aussi marqué la comédie de mœurs avec le ''[[Le Légataire universel|Légataire universel]]'' (Regnard, [[1708 au théâtre|1708]]) et ''[[Turcaret]]'' (Lesage, [[1709 au théâtre|1709]]), mais l’autre grand auteur de comédies du siècle est [[Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais|Beaumarchais]] (1732-1799) qui se montre habile dans l’art du dialogue et de l’intrigue mais aussi dans la satire sociale et politique à travers le personnage de [[Figaro]], valet débrouillard qui conteste le pouvoir de son maître et qu’on retrouve dans deux œuvres majeures : ''[[le Barbier de Séville]]'' ([[1775 au théâtre|1775]]) et ''[[le Mariage de Figaro]]'' ([[1784 au théâtre|1784]]). Le théâtre du {{s-|XVIII|e}} est marqué aussi par des genres nouveaux, aujourd’hui considérés comme mineurs mais que reprendra et transformera le {{s-|XIX|e}}, comme la [[comédie larmoyante]] et le [[drame bourgeois]] qui mettent en avant des situations pathétiques dans un contexte réaliste et dramatique qui touchent des familles bourgeoises. Quelques titres explicites : le ''[[Le Fils naturel|Fils naturel]]'' (Diderot, [[1757 au théâtre|1757]]), le ''[[Le Père de famille|Père de famille]]'' (Diderot, [[1758 au théâtre|1758]]), le ''[[Le Philosophe sans le savoir|Philosophe sans le savoir]]'' ([[Michel-Jean Sedaine|Sedaine]], [[1765 au théâtre|1765]]), la ''[[La Brouette du vinaigrier|Brouette du vinaigrier]]'' ([[Louis-Sébastien Mercier]], [[1775 au théâtre|1775]]) ou encore la ''[[la Mère coupable|Mère coupable]]'' ([[Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais|Beaumarchais]], [[1792 au théâtre|1792]]). Mentionnons enfin le développement de genres qui associent texte et musique comme le [[Vaudeville (théâtre)|vaudeville]] ou l’[[opéra comique]] ainsi que des textes de réflexion sur le théâtre avec Diderot et son ''Paradoxe sur le comédien'', les écrits de Voltaire pour défendre la condition des gens de théâtre toujours au ban de l’Église et les condamnations du théâtre pour immoralité par Rousseau. ===Le roman du XVIIIe siècle === [[Image:Candide1759.jpg|thumb|120px|right|''Candide'']] Le roman du {{s-|XVIII|e}} est marqué par le renouvellement des formes et des contenus qui préfigurent le roman moderne considéré comme une œuvre de fiction en prose, racontant les aventures et l’évolution d’un ou de plusieurs personnages. Le genre, en pleine croissance avec un lectorat élargi, est marqué par le développement de la sensibilité, par le souci du [[réalisme]] (avec le procédé du manuscrit trouvé, l’[[Récit à la première personne|emploi de la première personne]], de l’[[Roman épistolaire|échange épistolaire]] ou des dialogues) et par l’esprit des Lumières en prenant en compte les valeurs nouvelles d’une société qui évolue. L’influence la littérature anglaise est également sensible à travers la traduction des œuvres de [[Samuel Richardson|Richardson]], [[Jonathan Swift|Swift]] ou [[Daniel Defoe]]. Le roman de ce siècle très riche explore toutes les possibilités romanesques : question du narrateur, éclatement du récit, engagement, analyse psychologique minutieuse, peinture réaliste du monde, imagination et confidence, apprentissage, souci de la forme… et les textes sont difficilement réductibles à des catégories indiscutables ; on peut cependant risquer un regroupement par sous-genre. * Les [[romans philosophiques]] : on peut discuter le genre des œuvres narratives de Voltaire comme ''[[Zadig]]'' ([[1747 en littérature|1747]]) ou ''[[Candide]]'' ([[1759 en littérature|1759]]) mais l’appellation la plus fréquente aujourd’hui est {{Guil|[[conte philosophique|contes philosophiques]]}}. La discussion est plus pertinente pour ''[[l'Ingénu]]'', plus tardif ([[1768 en littérature|1768]]), qui s’éloigne du merveilleux et introduit une large part de réalisme social et psychologique. * Les [[Réalisme (littérature)|romans réalistes]] : l’association du réalisme social et du parcours amoureux s’installe au cours du siècle. Citons ''[[la Vie de Marianne]]'' ([[1741 en littérature|1741]]) ''[[le Paysan parvenu]]'' ([[1735 en littérature|1735]]) de Marivaux, ''[[Manon Lescaut]]'' ([[1731 en littérature|1731]]) de l’abbé [[Antoine François Prévost|Prévost]] (1697-1763), ''[[le Paysan perverti]]'' ([[1775 en littérature|1775]]) et son deuxième volet ''[[La paysanne pervertie]]''([[1784 en littérature|1784]]), [[roman épistolaire]] de [[Nicolas Edme Restif de La Bretonne|Restif de la Bretonne]] (1734-1806)<ref>Google Books: [http://books.google.ch/books?id=emuZ07zObBwC&pg=PA179&lpg=PA179&dq=%22le+Paysan+perverti%22+1775&source=web&ots=lHskdg6gZ4&sig=5feqdN-auxiRwZiUbZD_8cgkqaw&hl=fr ''Libertinage et folie dans le roman du 18e siècle, De Michèle Bokobza Kahan'']</ref>. On peut aussi déterminer un sous-genre né de l’influence espagnole : le [[roman picaresque]] avec sa truculence satirique, sa variété des milieux sociaux et l’apprentissage de la vie et qu’illustre l’''[[Histoire de Gil Blas de Santillane]]'' ([[1715 en littérature|1715]]-[[1735 en littérature|1735]]) de [[Alain-René Lesage|Lesage]] (1668-1747). * Le roman d’imagination est, pour sa part, représenté par des romans d’anticipation comme ''[[L'An 2440, rêve s'il en fut jamais|l’An 2440]]'' de [[Louis-Sébastien Mercier|Mercier]] ([[1771 en littérature|1771]]) ou des romans fantastiques comme ''[[le Diable amoureux]]'' de [[Jacques Cazotte]] ([[1772 en littérature|1772]]). [[Image:Fragonard Confession of Love.jpg|120px|thumb|left|Fragonard - la déclaration d’amour.]] * Les [[roman libertin|romans libertins]] associent grivoiserie, érotisme, manipulation et jeu social avec [[Claude Prosper Jolyot de Crébillon|Crébillon fils]] (''[[Le Sopha, conte moral|le Sopha]]'', [[1745 en littérature|1745]]), Diderot (''[[les Bijoux indiscrets]]'', [[1748 en littérature|1748]] ; ''[[la Religieuse]]'', [[1760 en littérature|1760]]-[[1796 en littérature|1796]]) ; [[Pierre Choderlos de Laclos|Laclos]] (''[[les Liaisons dangereuses]]'', [[1782 en littérature|1782]]) et finalement [[Donatien Alphonse François de Sade|Sade]] (''[[Justine ou les Malheurs de la vertu]]'', [[1797 en littérature|1797]]). * Les [[roman sensible|romans du sentiment]] s’imposent dans la deuxième moitié du siècle avec ''[[Julie ou la Nouvelle Héloïse|la Nouvelle Héloïse]]'' ([[1761 en littérature|1761]]), le roman par lettres de [[Jean-Jacques Rousseau]] (sur le modèle anglais du ''[[Pamela]]'' de [[Samuel Richardson|Richardson]]) qui sera le plus gros tirage du siècle en séduisant par sa peinture préromantique du sentiment amoureux et de la nature, ou ''[[Paul et Virginie (roman)|Paul et Virginie]]'' ([[1787 en littérature|1787]]) de [[Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre|Bernardin de Saint-Pierre]] (1737-1814). * Les romans {{Guil|éclatés}} comme ''[[Jacques le fataliste et son maître]]'' ([[1773 en littérature|1773]]-[[1778 en littérature|1778]]) ou ''[[le Neveu de Rameau]]'' ([[1762 en littérature|1762]]-[[1777 en littérature|1777]]) de [[Denis Diderot|Diderot]] sont des œuvres assez inclassables mais porteuses de modernité. ===La naissance de l’autobiographie au XVIIIe siècle=== Le goût des récits de vie est très fort tout au long du siècle avec des œuvres notables comme ''[[la Vie de mon père]]'' ([[1779 en littérature|1779]]) ou ''[[Monsieur Nicolas]]'' ([[1794 en littérature|1794]]-[[1797 en littérature|1797]]) de [[Nicolas Edme Restif de La Bretonne|Restif de la Bretonne]], mais c’est l’apport essentiel de [[Jean-Jacques Rousseau]] (1712-1778) qui fonde l’[[autobiographie]] moderne avec ''[[Les Confessions (Rousseau)|les Confessions]]'' ([[1782 en littérature|1782]]-[[1789 en littérature|1789]]) et ''[[les Rêveries du promeneur solitaire]]'' ([[1776 en littérature|1776]]-[[1778 en littérature|1778]]) dans lesquelles il nous offre un portrait exemplaire et approfondi de lui-même centré sur son {{Guil|moi}}. === La poésie du XVIIIe siècle=== [[Image:Chenier.JPEG|thumb|right|120px|André Chénier.]] Si la forme versifiée est utilisée avec habileté par [[Voltaire]] dans son ''Poème sur le désastre de Lisbonne'' ou dans ''le Mondain'', la poésie, au sens commun du terme, ne se libère pas des influences du [[classicisme]] et l’histoire littéraire ne retient que quelques noms comme ceux de [[Jacques Delille]] (1738-1813) (''les Jardins'', [[1782 en littérature|1782]]) ou [[Évariste Parny]] (1753-1814) (''Élégies'', [[1784 en littérature|1784]]) qui préparent modestement le romantisme en cultivant une certaine sensibilité à la nature et au temps qui passe. Mais c’est essentiellement [[André Chénier]] (1762-1794) qui réussit une poésie expressive comme dans le poème célèbre de ''la Jeune Tarentine'' ou celui de ''la Jeune Captive'' (son œuvre ne sera publiée qu’en [[1819 en littérature|1819]], bien après sa mort tragique lors de la [[Terreur (Révolution française)|Terreur]]). On mentionnera aussi [[Fabre d'Églantine]] pour ses chansons (''[[Il pleut, il pleut, bergère|Il pleut bergère]]'') et sa participation {{Guil|poétique}} au [[Calendrier républicain|calendrier révolutionnaire]]. ===Autres genres du XVIIIe siècle=== [[Image:Saint_Just.jpg|120px|thumb|left|Saint-Just.]] * La critique d’art est inventée par Diderot dans ses ''[[Salons]]'' où il explore la part de la sensibilité dans l’émotion artistique comme à propos de la poésie des ruines peintes par Hubert Robert. * [[Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon|Buffon]] offre quant à lui une réussite littéraire intéressante avec ses écrits de vulgarisation scientifique dans son imposante ''Histoire naturelle'', publiée avec grand succès de 1749 à 1789. [[Image:Robespierre.jpg|120px|thumb|right|Robespierre.]] * Le [[discours politique]] et sa rhétorique peut être lui aussi d’une certaine façon considéré comme un genre littéraire avec les orateurs de talent comme [[Honoré Gabriel Riqueti de Mirabeau|Mirabeau]], [[Louis Antoine de Saint-Just|Saint-Just]], [[Georges Jacques Danton|Danton]] ou [[Maximilien de Robespierre|Robespierre]] qui ont marqué la période révolutionnaire. ==Conclusion== La littérature française du {{s-|XVIII|e}} montre une grande richesse d’œuvres dans tous les genres, en associant plus qu’en opposant l’engagement des [[Lumières (philosophie)|Lumières]] et la naissance de la subjectivité et de la sensibilité modernes. L’histoire littéraire n’a pas tout retenu mais l’originalité du {{s-|XVIII|e}} tient pour une bonne part au fait que l’expression des idées relevait encore de la littérature - ceux qu’on appelle les {{Guil|[[Parti philosophique|Philosophes]]}} étaient des hommes de lettres à part entière - et les créateurs ne répugnaient pas à faire de leurs romans ou de leurs pièces des œuvres de combat tout en exprimant leur personnalité et leur sensibilité dans une langue qui devenait la langue de la culture de toute l’Europe. == Bibliographie == {{Wikisource|Catégorie:XVIIIe siècle|littérature du XVIIIe siècle}} * Michel Delon, Pierre Malandain, ''Littérature française du {{s-|XVIII|e|}}'', Paris, Presses universitaires de France, 1996. {{ISBN|9782130474050}} * Béatrice Didier, ''Histoire de la littérature française du {{s-|XVIII|e|}}'', Paris, Nathan, 1992. {{ISBN|9782091900384}}. * Jean-Marie Goulemot, Didier Masseau, Jean-Jacques Tatin-Gourier, ''Vocabulaire de la littérature du {{s-|XVIII|e|}}'', Paris, Minerve, 1996. {{ISBN|9782869310834}}. * Michel Kerautret, ''La Littérature française du {{s-|XVIII|e|}}'', Paris, Presses Universitaires de France, 1983. {{ISBN|9782130379812}}. * Michel Launay, Georges Mailhos, ''Introduction à la vie littéraire du {{s-|XVIII|e|}}'', avec la collaboration de Claude Cristin et Jean Sgard, Paris, Bordas, 1984. {{ISBN|9782040156671}}. * Nicole Masson, ''Histoire de la littérature française du {{s-|XVIII|e|}}'', Paris, H. Champion, 2003. {{ISBN|9782745308863}}. * François Moureau, [[Georges Grente]], ''Dictionnaire des lettres françaises. Le {{s-|XVIII|e|}}'', Paris, Fayard, 1995. {{ISBN|9782213595436}}. === Notes et références === <references /> ==Liens externes== * [http://www.uni-muenster.de/Romanistik/Lacouriere/Litterature-18.htm La littérature française du {{s-|XVIII|e}}] * [http://users.skynet.be/fralica/refer/theorie/annex/histlitter/hlitttm.htm#tm10 Histoire de la littérature française] {{Portail|littérature|XVIIIe siècle}} [[Catégorie:Littérature française]] [[Catégorie:Littérature du XVIIIe siècle| ]] [[Catégorie:Histoire de la littérature]] [[en:French literature of the 18th century]]</text> </revision> </page>