Mémoires
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2008-07-11T09:22:31Z
Gaspard Elliott
192265
/* Mémorialistes du Moyen Age */
{{Voir homonymes|Mémoire}}
Les '''mémoires''' (uniquement au [[Genre grammatical|masculin]] [[Nombre grammatical|pluriel]] dans ce contexte, du [[latin]] ''« memoria »'') sont un [[genre littéraire]] consistant en un [[recueil]] de [[Souvenir (mémoire)|souvenirs]] qu'une personne rédige à propos d'évènements [[Histoire|historiques]] ou [[Anecdote|anecdotiques]], publics ou privés, auxquels elle a participé ou dont elle a été le témoin<ref>{{Entrée TLFi|Mémoire|1}}</ref>{{,}}<ref>{{Académie|Mémoire|1}}</ref>. Globalement les mémoires tiennent à la fois de l’histoire et de l’[[autobiographie]].
Des mémoires ont été écrits depuis l’[[Antiquité]]. Puis, le genre s’est beaucoup développé à la fin de la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]], essentiellement en France : jusqu’à l’âge classique, la [[littérature française]] est l’une des plus prolifiques en la matière<ref>Jean Lafond, La Rochefoucauld, ''Mémoires'', p.7.</ref>.
Certains mémoires sont considérés comme des [[Chef-d'œuvre|chef-d’œuvres]] littéraires : ceux de [[Jules César|César]], [[Philippe de Commynes|Commynes]], [[François de La Rochefoucauld|La Rochefoucauld]], [[Jean-François Paul de Gondi|Retz]], [[Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon|Saint-Simon]], [[François-René de Chateaubriand|Chateaubriand]] sont passés à la postérité. Les mémoires ont fasciné et influencé de nombreux romanciers, comme [[Stendhal]], [[Honoré de Balzac|Balzac]], [[Alexandre Dumas|Dumas]], [[Victor Hugo]], [[Marcel Proust|Proust]], [[Marguerite Yourcenar]].
[[Image:Commentarii de Bello Gallico.jpg|right|400 px|thumb|Une édition de [[Commentaires sur la Guerre des Gaules|''La Guerre des Gaules'']] de 1783.]]
==Caractéristiques du genre==
===Une œuvre autobiographique===
Les mémoires sont un genre littéraire au croisement de l’[[autobiographie]], de l’[[histoire]] et du [[journal intime]]<ref>et même des lettres et de l’épopée, d’après Gallica [http://gallica.bnf.fr/themes/LitXVIIzg.htm].</ref>. Ils sont constitués de [[Prise_de_notes|notes]] prises sur le vif, de pièces historiques (extraits de journaux, témoignages, [[correspondance]]…), de [[récit]]s rétrospectifs en [[prose]] dans lesquels l’[[Écrivain|auteur]] assume son propre [[récit]] et prétend restituer la vérité des événements vécus.
La différence majeure entre l’autobiographie et les mémoires réside dans la nature des faits racontés : dans le premier cas, le récit est centré sur la vie privée de l’auteur ; dans le second, sur son [[Histoire (périodes)|époque]]. Dans les mémoires, l’auteur raconte sa propre vie mais en axant son récit sur des faits historiques auxquels il a assisté en qualité de témoin ou pris part en tant qu’acteur. Les mémoires permettent donc à celui qui les compose de mêler vie privée et vie publique mais en donnant plus de relief à la seconde. L’auteur emploie ce biais pour apporter son propre témoignage et éclairage sur une période historique déterminée - et bien souvent, profiter de l’occasion pour rappeler son action.
===Une source historique majeure===
[[Image:Clio1.gif|thumb|left|175px|[[Clio]], [[Muses|Muse]] de l’[[Histoire]]]]
Bien qu’ils ne soient pas toujours d’une exactitude irréprochable - le mémorialiste n’est pas un modèle d’impartialité - les mémoires ont une valeur indéniable dans la connaissance historique. La production des mémoires se développe en dehors de l’[[historiographie]] officielle et contre elle. C’est un témoignage direct de la haute [[noblesse]], le compte rendu d’une expérience personnelle, dans la politique et dans la guerre<ref>Jean Lafond, La Rochefoucauld, ''Mémoires'', p.8.</ref>. Le mémorialiste est par nature plus proche que l’[[historien]] des évènements qu’il décrit. Il verbalise les mille détails d’un fait, les choses vues ou entendues - circonstances évanouies et donc hors de portée de l’historien.
Les mémoires ne doivent pas être confondus avec les [[Chronique médiévale|chroniques]]. Le chroniqueur est comme le mémorialiste [[contemporain]] des évènements qu’il relate, mais n’intervient pas dans les affaires publiques. Le chroniqueur consigne les faits historiques dans l’ordre de leur déroulement tandis que le mémorialiste est beaucoup plus libre dans la forme de son œuvre.
===Le mémorialiste===
Les premiers mémorialistes de l’[[Antiquité]] étaient issus du monde [[politique]] ou [[militaire]], milieux lettrés de l’époque. Au [[Moyen Âge]], les mémorialistes appartiennent à la haute noblesse. La rédaction de mémoires est un coup d’œil rétrospectif et la conséquence d’une retraite, subie ou volontaire. C’est aussi très souvent une œuvre de maturité. Le mémorialiste s’oppose à l’[[Histoire de l'histoire|historiographe]] de profession, souvent de basse extraction, dont la plume est inféodée à son [[commanditaire]]<ref>Jean Lafond, La Rochefoucauld, ''Mémoires'', p.8.</ref>. Au fur et à mesure de la démocratisation de la culture, la base des mémorialistes s’est considérablement élargie et le genre s’est banalisé. Aujourd’hui on confond mémoires et souvenirs. Nombre d’entre eux fleurissent chaque année sous cette étiquette (ce sont en réalité des autobiographies) écrites (ou dictées) par des personnalités du monde de la [[chanson]], du [[cinéma]], de la [[télévision]].
==Premiers mémoires==
[[Image:Xenophon.jpg|thumb|left|140px|[[Xénophon]]]]
Les premiers mémoires datent de la [[Grèce antique]]. Dans l’[[Anabase (Xénophon)|Anabase]], [[Xénophon]] ([[-426|426]] ou [[-430|430 av. J.-C.]]-v. [[-355|355 av. J.-C.]]) raconte l’expédition de [[Cyrus le Jeune]] et de la retraite des [[Dix Mille]], campagne à laquelle il prit part<ref>{{grec ancien|Ἀνάϐασις}} (''Anabasis'') [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/xenophon/anabase1.htm].</ref>. On sait que le roi [[Pyrrhus Ier|Pyrrhus I{{er}}]] (v. [[-318|318]] – [[-272|272 av. J.-C.]]) rédigea plusieurs mémoires sur l’art de la guerre qui ont été perdus. Les mémoires étaient très répandus chez les Romains qui les appelaient commentaires. Les plus illustres citoyens consignaient les souvenirs de leur vie publique ou militaire. [[Sylla]], [[Lucullus]], [[Jules César|César]] ont rédigé des ''Commentaires''. Les 22 livres de commentaires de Sylla, terminés à la veille de sa mort, ainsi que ceux de Lucullus sont perdus<ref>[http://www.cosmovisions.com/textMemoires.htm Imago Mundi].</ref>.
[[Image:Hw-caesar.png|thumb|right|150px|[[Jules César]]]]
Les ''[[Commentaires sur la Guerre des Gaules]]'' de [[Jules César]] sont un modèle du genre<ref>''Commentarii de Bello Gallico'', [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/CAES/BGI.html].</ref>. Littéralement ''aide-mémoires'', ils sont rédigés dès la fin de la campagne en 52 av. J.-C. en réponse aux attaques et aux intrigues de ses adversaires<ref>Maurice Rat, Jules César, ''La guerre des Gaules'', p.5.</ref>. C’est une œuvre de [[propagande]], bien que le [[Dictature|dictateur]] n’ait pas trahi la vérité. Le style clair et concis a été loué par les grands orateurs romains [[Cicéron]] et [[Quintilien]]. Les ''[[Commentaires sur la Guerre civile]]'', également de la main du futur [[Imperator]], rapportent les évènements des années [[-49|49]] – [[-48|48 av. J.-C.]] lors de la guerre civile qui opposa [[Jules César]] et ses partisans à [[Pompée]]<ref>''De bello civile'', [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/CAES/BCI.html].</ref>.
[[Valère Maxime]] ([[Ier siècle av. J.-C.]]), contemporain de [[Tibère]], est l’auteur ''Des faits et des paroles mémorables''<ref>''Factorum dictorumque memorabilium libri IX'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/valere/index.htm].</ref>. Ce recueil d’anecdotes en neuf livres pille les œuvres d’historiens de l’époque. [[Libanios]] ([[314]]–[[394]]) est un auteur grec tardif et un grand rhétoricien. Son 1{{er}} [[discours]]<ref>''Oration I''.</ref>, écrit en [[374]], repris, révisé, augmenté tout au long de sa vie, mêle la peinture d’époque au récit [[autobiographique]]. [[Procope de Césarée|Procope]] (v. [[500]]-[[560]]) est l’auteur de récits détaillés du règne de l’empereur [[Justinien]] ([[483]]-[[565]]), notamment de ''Discours sur les Guerres''<ref>{{grec ancien|Ἱστορίαι}} ou {{grec ancien|Ὑπὲρ τῶν πολέμων λόγοι}}, ''De Bello Gottorum'' [http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-60356&M=pagination&Y=Image].</ref> et de l’''[[Histoire secrète de Justinien|Histoire secrète]]''<ref>{{grec ancien|Ἀνέκδοτα}}, ''Historia arcana'' [http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-83349&M=pagination&Y=Image].</ref>. Ces mémoires à la paternité incertaine et à l’authenticité douteuse sont une charge violente contre l’Empereur et sa femme [[Théodora]]<ref>voir Laura Knight-Jadczyk, [http://quantumfuture.net/fr/truth_or_lies_7_fr.htm ''Vérité ou Mensonge''].</ref>.
==Mémorialistes du Moyen Âge==
[[Image:Philippe de Commines ag1.jpg|thumb|left|180px|[[Philippe de Commynes]]]]
Les premiers mémoires en [[langue française]] sont des récits de la [[Quatrième croisade|4{{e}} croisade]] ([[1202]]-[[1204]]). On les doit à [[Robert de Clari]] et [[Geoffroi de Villehardouin]].
Robert de Clari est un petit propriétaire péronnais. Il prit part à la croisade avec son seigneur Pierre d’Amiens. Sa ''Conquête de Constantinople'', écrite en dialecte picard, relate les choses vues ou entendues au cours de l’expédition<ref>Albert Pauphilet, ''Historiens et chroniqueurs du Moyen-Âge'', p.3.</ref>. [[Geoffroi de Villehardouin]], maréchal de Champagne au moment où il prend la croix, est également l’auteur d’une ''Histoire de la conquête de Constantinople''. Contrairement à Clari, Villehardouin est de la noblesse et occupe un rôle de premier plan dans les évènements qu’il décrit, ce qui donne à son ouvrage une grande valeur historique<ref>Albert Pauphilet, ''Historiens et chroniqueurs du Moyen-Âge'', p.85.</ref>.
[[Jean de Joinville]] ([[1224]]-[[1317]]) est l’auteur d’une ''Vie de Saint Louis''<ref>Jehans de Joinville, ''Livre des saintes paroles et des bons faiz de nostre roy saint Looys''.</ref>, [[hagiographie]] entreprise à la demande de [[Jeanne Ire de Navarre|Jeanne I{{re}} de Navarre]]. Cet ouvrage est achevé en [[1309]]. [[Joinville]], qui fut l’ami de [[Louis IX de France|Saint Louis]], honore la mémoire du roi en puisant dans ses souvenirs. De nombreux épisodes sont des récits personnels de la [[Septième croisade|7{{e}} croisade]] à laquelle a pris part Joinville<ref>Albert Pauphilet, ''Historiens et chroniqueurs du Moyen-Âge'', p.197.</ref>. [[Olivier de la Marche]] ([[1425]]-[[1501]] ou [[1502]]) est un officier bourguignon. Ses mémoires<ref>''Mémoires de messire Olivier de la Marche'', Lyon, 1562.</ref> couvrent les évènements majeurs de l’histoire de France du {{s|XV|e|}} : entrevue de Montereau entre le futur [[Charles VII de France|Charles VII]] et [[Jean Sans Peur]], la succession de [[Philippe le Bon]], le [[Traité d'Arras (1435)|traité d'Arras]], la fin de la [[Guerre de Cent ans]]. Il est aussi témoin du ballotage des [[Flandres]] entre le royaume de [[France]] et la dynastie des [[Habsbourgs]].
[[Philippe de Commynes]] ([[1445]]-[[1511]]) en prologue de ses mémoires<ref>''Les Mémoires de messire Philippe de Comines, chevalier, seigneur d’Argenton, sur les principaux faicts et gestes de Louis onzième & de Charles huictième son fils, roys de France''.</ref> publiés en [[1524]] et [[1528]], justifie ses intentions de mémorialiste : « Écrire ce que j’ai su et connu des faits du roi [[Louis XI|Louis Onzième]] ». L’indépendance de jugement, l’impartialité de l’observation ont fait la fortune de cet ouvrage<ref>Marmontel, Élém. litt. Œuv. t. VIII, p. 345 ''« La première place entre les mémoires expressément écrits pour servir à l’histoire me semble due à ceux de Commines, pour leur solidité, leur ingénuité et leur vérité lumineuse »''.</ref>. Commynes est moins un mémorialiste faisant œuvre de témoignage qu’un historien et un juge des hommes et des faits de son temps. Sa démarche n’est pas très éloignée de celle d’un [[moraliste]]<ref>Albert Pauphilet, ''Historiens et chroniqueurs du Moyen-Âge'', p.947.</ref>.
==Mémorialistes de la Renaissance==
[[Image:Margot.JPG|thumb|right|170px|[[Marguerite de France (1553-1615)|Marguerite de Valois]]]]
[[Robert III de La Marck de Bouillon|Fleuranges]] ([[1491]]–[[1537]]), dit le « Jeune Adventureux », est de toutes les campagnes sous [[François Ier de France|François I{{er}}]]. Il se distingue à [[Marignan]] puis partage la captivité du roi, qu’il met à profit pour écrire ses ''Mémoires'', édités seulement en 1735. La naissance du protestantisme est une révolution spirituelle, et le prélude aux [[Guerres de religion (France)|guerres de religion]]. Les mémoires de [[Martin Luther]] ([[1483]]-[[1546]]), le père de la [[Réforme protestante|Réforme]], sont apparus en [[1835]] grâce au travail de [[Jules Michelet|Michelet]]<ref>''Mémoires de Luther écrits par lui-même, traduits et mis en ordre par Jules Michelet''.</ref>. [[Blaise de Monluc]] ([[1500]]-[[1577]]) est seigneur de Montluc, homme de lettres et gouverneur de [[Guyenne]]. Ayant participé aux [[guerres d'Italie]] et aux guerres de religion, il écrit à la fin de sa vie ses [[Commentaires (Blaise de Monluc)|Commentaires]], qualifiés par [[Henri IV de France|Henri IV]] de « Bible du soldat ».
[[Pierre de L'Estoile]] ([[1546]]-[[1611]]), magistrat au [[Parlement de Paris]], commence le [[30 mai]] [[1574]], jour de la mort de [[Charles IX de France|Charles IX]], la rédaction de ses ''Registres journaux''. Pendant 30 ans, sa plume infatigable consigne les événements des règnes d’[[Henri III de France|Henri III]] et d’[[Henri IV de France|Henri IV]], jusqu’à sa mort. [[Brantôme]], [[Agrippa d'Aubigné]] se collent eux aussi à la fin de leur vie au jeu des mémoires. [[Marguerite de France (1553-1615)|Marguerite de Valois]] (la Reine Margot), témoin de la [[Massacre de la Saint-Barthélemy|Saint-Barthélemy]] et de la révolution des provinces contre le roi d’Espagne, laisse des mémoires éclairants sur la cour des Valois. [[Guillaume de Saulx-Tavannes]], lieutenant du roi [[Henri III de France|Henri III]] en Bourgogne, se distingua pendant la [[Ligue catholique (France)|Ligue]]. Ses ''Mémoires historiques'' couvrent les années [[1560]] à [[1596]] et sont imprimés à Paris en [[1625]]. Les ''Mémoires'' de [[Sully (Maximilien de Béthune)|Sully]], ministre d’[[Henri IV de France|Henri IV]], sont des leçons d’économie<ref>Marmontel, Élém. litt. Œuv. t. VIII, p. 349.</ref>. Ils sont rédigés à la deuxième personne. Ces mémoires contiennent ''Le Grand Dessein'', un plan complet de réorganisation des États européens dirigés par un [[Conseil général]]<ref>[http://www.cosmovisions.com/Sully.htm Sully] sur Imago Mundi.</ref>.
[[François de Bassompierre]] ([[1579]]-[[1646]]), [[maréchal de France]] sous les règnes d’[[Henri IV de France|Henri IV]] et de [[Louis XIII de France|Louis XIII]], se distingue par ses faits d’armes et son goût pour la chasse. Ses ''Mémoires'' pleins d’anecdotes et d’esprit ont plus tard révélé sa vocation de mémorialiste à [[Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon|Saint-Simon]]. [[Jules Barbey d'Aurevilly|Barbey d’Aurevilly]] les lisait avec délices. Le {{Référence nécessaire|maréchal}} [[Louis de Pontis]] ([[1583]]-[[1670]]) a servi dans les armées 56 ans, sous les règnes de Henri IV, Louis XIII et Louis XIV. Il se retire à [[Port-Royal-des-Champs]] pour écrire ses mémoires. On y trouve un tableau très noir du ministère Richelieu.
En Italie, [[Benvenuto Cellini]] ([[1500]]-[[1571]]) sculpteur florentin de la Renaissance, est l’auteur de mémoires sur sa vie intitulés ''Vie de Benvenuto Cellini par lui même''. Ces mémoires servent à « compléter » ''[[Le Vite]]'' de [[Vasari]], où Cellini n’est pas mentionné parmi les meilleurs peintres, sculpteurs et architectes italiens.
==Mémorialistes de l’Ancien Régime==
===Mémorialistes du Grand Siècle===
[[Image:François de La Rochefoucauld.jpg|thumb|left|140px|[[François de La Rochefoucauld]]]]
Le [[Histoire de France au XVIIe siècle|Grand Siècle]] est une époque faste pour les mémorialistes. Autour de [[1675]], beaucoup d’acteurs de la [[Fronde (histoire)|Fronde]], vieillis et mis à l’écart par [[Louis XIV de France|Louis XIV]], rédigent leurs souvenirs<ref>Michel Pernot, Cardinal de Retz, ''Mémoires'', p.38.</ref>. La publication de mémoires devient une mode littéraire : on recense pas moins de 260 titres<ref>contre 80 titres environ pour le {{s|XVII|e|}} Jean Lafond, La Rochefoucauld, ''Mémoires'', p.7.</ref>. Ce fleurissement s’explique par l’histoire de France : la [[Fronde (histoire)|Fronde]], la régence d’[[Anne d'Autriche (1601-1666)|Anne d’Autriche]], la politique de [[Mazarin]] puis la montée en puissance du jeune [[Louis XIV de France|Louis XIV]] sont des évènements riches en intrigues, complots, histoires secrètes, qui font le sel des mémoires de cette époque. Dès leur parution « pirate » en [[1662]], les ''Mémoires'' de [[François de La Rochefoucauld|La Rochefoucauld]] ([[1613]]-[[1680]]) sont unanimement applaudis. Ces mémoires, dont la composition précède les fameuses ''Maximes'', commencent comme une autobiographie sous le règne de [[Louis XIII]] et s’achèvent à la fin de la [[Fronde (histoire)|Fronde]] en [[1653]]. Ils décrivent une histoire digne d’un [[roman d'aventures]] et un pays au bord de la guerre civile. L’auteur narre ses exploits romanesques au service de la reine [[Anne d'Autriche (1601-1666)|Anne d’Autriche]], sa rivalité avec [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Richelieu]] puis [[Mazarin]]. La [[Fronde (histoire)|Fronde]] y est analysée avec une lucidité de moraliste.
[[Image:Retz, Cardinal de.jpg|thumb|right|160px|Le cardinal de [[Jean-François Paul de Gondi|Retz]].]]
Les ''Mémoires'' de l’ambitieux [[Jean-François Paul de Gondi|cardinal de Retz]] ([[1613]]-[[1679]]), entrepris peut-être à la demande de [[Madame de Sévigné]]<ref>Sur l’identité de la confidente, v. Michel Pernot, Cardinal de Retz, ''Mémoires'', p.37.</ref>, paraissent après sa mort en [[1717]]. Ces ''Mémoires'', dont le projet initial était une simple [[autobiographie]]<ref>Ces mémoires s’intitulent au départ Vie du cardinal de Rais, Michel Pernot, Cardinal de Retz, ''Mémoires'', p.41.</ref>, font alterner portraits, études psychologiques, récit d’évènements, analyses politiques. Plutôt que d’expliquer les ressorts de l’histoire, la volonté de Retz a été de tâcher de comprendre pourquoi il a échoué si complètement<ref>Michel Pernot, Cardinal de Retz, ''Mémoires'', p.39.</ref>. Les contrevérités sont nombreuses<ref>Sur la sincérité de Retz, v. Michel Pernot, Cardinal de Retz, ''Mémoires'', p.43.</ref> mais l’ouvrage continue de jouir d’une grande réputation pour ses qualités littéraires et la plume assassine de l’auteur. [[Françoise de Motteville]] ([[1615]]-[[1689]]), première femme de chambre d’[[Anne d'Autriche (1601-1666)|Anne d’Autriche]], est l’auteur de mémoires<ref>''Mémoires pour servir à l’histoire d’Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII Roi de France & de Navarre, Par Madame de Motteville Une de ses Favorites''.</ref> très factuels. Françoise de Motteville, qui fut le témoin quotidien de la vie de la reine, a tenu journal de ce qu’elle voyait et entendait. C’est ce journal qui a été publié sous le titre de ''Mémoires''. Ceux-ci ont une valeur historique importante : du fait de la position privilégiée de l’auteur, les faits, rapportés avec franchise et bonne foi, sont nombreux, authentiques et de première main. Ce souci tyrannique de tout dire, de tout éclairer, fait le mérite et le défaut de son ouvrage : l’auteur ne recule pas devant le détail bavard, ce qui en rend la lecture fastidieuse et aride.
[[Roger de Bussy-Rabutin]] ([[1618]]-[[1693]]), le cousin turbulent de [[Marie de Sévigné]], auteur d’un scandale avec son ''Histoire amoureuse des Gaules'', qui lui valent en [[1665]] la disgrâce royale et l’embastillement, est libéré un an plus tard puis exilé pendant 16 ans dans ses terres de [[Bourgogne]]. Pour se consoler d’avoir interrompu sa carrière militaire et son ascension à la Cour, Bussy-Rabutin y rédige ses ''Mémoires'', qui reflètent bien son caractère aventureux et son goût pour la galanterie. [[Tallemant des Réaux]] ([[1619]]-[[1692]]) est l’auteur des ''[[Historiettes]]'', recueil de courtes [[biographie|biographies]] d’hommes et femmes illustres de son temps ([[écrivains]], hommes d’État, [[courtisane|courtisanes]]), précieux pour l’[[Littérature française du XVIIe siècle|histoire littéraire du {{s-|XVII|e|}}]]. D’abord publiés clandestinement, ils seront révélés en intégralité en [[1834]]. [[Nicolas Fontaine (écrivain)|Nicolas Fontaine]] ([[1625]]-[[1709]]) est l’auteur de précieux ''Mémoires pour servir à l’histoire de Port-Royal'' publiés en [[1725]].
[[Image:Saint-simon.jpg|thumb|left|160px|Le mémorialiste [[Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon|Saint-Simon]]]]
La liste des mémorialistes de cette époque est sans fin : citons [[Marie de Nemours]], [[Jean Hérault de Gourville|Gourville]], [[Boulainvilliers]], [[Hortense Mancini|Hortense]] et [[Marie Mancini (maîtresse du roi)|Marie Mancini]], la [[Grande Mademoiselle]], [[Claude de Bourdeille|Montrésor]], [[Charles Auguste de La Fare|La Fare]], [[Charlotte-Élisabeth de Bavière (1652-1722)|la princesse Palatine]], [[Saint-Réal]], [[Le Nain de Tillemont]], [[Madame de Lafayette]], la [[marquise de Caylus]], les ''Mémoires de l’[[François-Timoléon de Choisy|abbé de Choisy]] habillé en femme''.
La mode est également aux [[pseudo-mémoires]], dont [[Gatien de Courtilz de Sandras]] s’est fait une spécialité. Les ''Mémoires de D’Artagnan'' est son ouvrage le plus connu. [[Antoine Hamilton]] est l’auteur des ''Mémoires de la vie du comte de Grammont'' qui retrace le parcours de son beau-frère [[Philibert de Gramont]], aristocrate français, à la Cour d’Angleterre sous le règne de [[Charles II d'Angleterre|Charles II]]. Les mémoires donnent également naissance à un autre genre littéraire : le [[roman-mémoires]], dont [[Marie-Catherine de Villedieu]] est l’inventrice avec ses ''Mémoires de la vie de Henriette-Sylvie de Molière'' ([[1671 en littérature|1671]]).
[[Jean-Baptiste Colbert de Torcy|Torcy]] ([[1665]]-[[1746]]), [[secrétaire d'État]] aux [[Affaires étrangères]] sous [[Louis XIV de France|Louis XIV]], est l’auteur de ''Mémoires'' qui sont des leçons de politique<ref>Marmontel, Élém. litt. Œuv. t. VIII, p. 349.</ref>. [[Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon|Saint-Simon]] les fait recopier pour son usage, et [[Voltaire]] s’en servira pour son ''Siècle de Louis XIV''. Le [[Philippe de Courcillon de Dangeau|marquis de Dangeau]] ([[1638]]-[[1720]]) est l’auteur d’un vaste ''Journal'' où il décrit pendant 30 ans la vie à la cour de [[Versailles]] à la fin du règne de [[Louis XIV de France|Louis XIV]]. Ces mémoires médiocres sont plus connus pour avoir servi de point de départ à ceux du grand mémorialiste [[Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon|Saint-Simon]] (''Additions au Journal de Dangeau'')<ref>''Mémoires de Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon'' [http://rouvroy.medusis.com/].</ref>.
[[Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon|Saint-Simon]] ([[1675]]-[[1755]]) a fréquenté la Cour du [[Louis XIV|roi Soleil]] sans jouer de rôle politique majeur, à son grand regret et malgré plusieurs tentatives ratées pour occuper des postes. Réduit à l’observation, Saint-Simon enregistre tout et restitue en un grand « miroir historial » les dernières décennies du temps de Louis XIV, la [[Régence (1715-1723)|Régence]] et l’histoire de sa vie. La première édition complète paraît en [[1829]]-[[1830]]. Ces ''Mémoires'' sont l’œuvre monumentale d’un génie, moraliste virulent et peintre incomparable. L’occasion est belle de prendre sa revanche, et l’auteur répand sa hargne dans un style passionné jusqu’à la violence (nombreux portraits-charges). Leur influence s’étend sur des personnalités aussi diverses que [[François-René de Chateaubriand|Chateaubriand]], [[Marcel Proust|Proust]], [[Stendhal]], les [[Frères Goncourt|Goncourt]], [[Jules Barbey d'Aurevilly|Barbey d’Aurevilly]], [[Jules Renard]], [[Colette]], [[Marguerite Yourcenar]].
===Mémorialistes de la fin de l’Ancien Régime===
[[Image:Genlis, Félicité de.jpg|thumb|right|200px|[[Félicité de Genlis]]]]
Un grand nombre de mémoires sont issus du {{s|XVIII|e|}}. Si beaucoup sont des témoignages intéressants et présentent un intérêt historique, aucun ne peut prétendre au rang de chef-d’œuvre littéraire. C’est l’époque des salons et nombre de ces ouvrages sont des reflets de la vie littéraire.
Le ''Journal et mémoires'' du [[René Louis de Voyer de Paulmy d'Argenson|marquis d’Argenson]] reflète l’histoire politique du règne de [[Louis XV]]. Le mémorialiste se fait volontiers moraliste. Le [[François-Emmanuel Guignard de Saint-Priest|comte de Saint-Priest]] occupe des postes sous [[Louis XV]] et [[Louis XVI]]. Ses ''Mémoires'' variés font alterner campagnes militaires et vie de cour. Les ''Mémoires sur Louis XV et [[Madame de Pompadour]]'' de Madame du Hausset décrivent les corruptions à la tête du royaume. Les mémoires de [[Charles Pinot Duclos|Duclos]]<ref>''Mémoires pour servir à l’histoire des mœurs du {{s-|XVIII|e|}}''.</ref> ou d’[[Alexandre de Tilly]]<ref>''Mémoires du comte Alexandre de Tilly pour servir à l’histoire des mœurs de la fin du {{s-|XVIII|e|}}''.</ref> peignent les mœurs de la fin du {{s-|XVIII|e|}}. [[Pierre Victor de Besenval de Brünstatt|Besenval]], membre du cercle privé de la [[Marie-Antoinette d'Autriche|Reine]], est un témoin intéressant de la vie de la Cour sous [[Louis XVI]], et de l’agonie de l’[[Ancien Régime]]. Il laisse des mémoires scandaleux<ref>''Mémoires du baron de Besenval sur la cour de France''.</ref>, tout comme le [[François-Joachim de Pierre de Bernis|cardinal de Bernis]]<ref>''Mémoires et lettres de François-Joachim de Pierre, Cardinal de Bernis (1715-1758), publiés avec l’autorisation de sa famille, d’après les manuscrits inédits par Frédéric Masson''.</ref>. La [[Henriette Louise de Waldner de Freundstein|baronne d’Oberkirch]] écrit des ''Mémoires sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789''. [[Armand Louis de Gontaut-Biron|Lauzun]] laisse des ''Mémoires'' sur la cour riches en histoires galantes.
Les grands écrivains de l’époque ont laissé des mémoires souvent anecdotiques. Les ''Mémoires de jeunesse'' de [[Marguerite de Launay, baronne Staal|Marguerite de Staal-Delaunay]] concernent les années de [[Régence (1715-1723)|Régence]]. [[Voltaire]], suite à sa brouille avec [[Frédéric II de Prusse]], rédige des mémoires pleins de ressentiment et d’admiration<ref>''Mémoires pour servir à la vie de M. De Voltaire, écrits par lui-même''.</ref>. [[Jean-François Marmontel|Marmontel]] est l’auteur de ''Mémoires d’un père pour l’éducation des ses enfants'' publiés après sa mort. Les ''Contre-confessions. Histoire de Madame de Montbrillant'' de [[Louise d'Épinay]]<ref>également publié en 1818 dans une édition tronquée, sous le titre ''Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay'' [http://www.siefar.org/DictionnaireSIEFAR/SFEpinay.html].</ref> sont un roman à clefs autobiographique, rédigé à l’aide de [[Melchior Grimm|Grimm]] et de [[Diderot]], en réponse aux ''[[Les Confessions (Rousseau)|Confessions]]'' de [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]]. Les ''Mémoires'' de [[Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais|Beaumarchais]] sont loués par Voltaire<ref>''« Les mémoires de Beaumarchais sont ce que j’ai jamais vu de plus singulier, de plus fort, de plus hardi, de plus comique, de plus intéressant »'', Voltaire, lettre, 3 janv. 1774.</ref>.
[[Félicité de Genlis]] ([[1746]]-[[1830]]) brosse avec nostalgie les mœurs et les rêves de la société aristocratique d’Ancien Régime à la veille de la Révolution<ref>Genlis, ''Mémoires inédits sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours''.</ref>. Dans son salon de la rue de Bellechasse à Paris, elle reçoit les écrivains de son temps et des opposants à la monarchie absolue : on croise dans ses mémoires [[Madame du Deffand|Marie Du Deffand]], [[Voltaire]], [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], [[Madame du Barry|Mme Du Barry]], [[Talleyrand]]. Son ouvrage entremêle anecdotes et analyses, et témoigne de la « douceur de vivre » : art raffiné de la fête et du divertissement, art de la conversation, rituels mondains, vie littéraire animée.
[[Jeanne Louise Henriette Genest Campan|Madame Campan]] ([[1752]]-[[1822]]), femme de chambre de [[Marie-Antoinette d'Autriche|Marie-Antoinette]] qu’elle sert jusqu’en [[1792]], est l’auteur de mémoires qui sont un témoignage unique sur l’[[Ancien Régime]], la [[Révolution française|Révolution]], la vie quotidienne et la personnalité de la Reine<ref>''Mémoires de madame Campan, première femme de chambre de Marie-Antoinette''.</ref>. Les mémoires d’Henriette-Lucie Dillon, marquise de La Tour du Pin Gouvernet, épouse du [[Jean-Frédéric de La Tour du Pin Gouvernet|comte de Gouvernet]] (marquis de La Tour du Pin en 1825) informent sur la fin de l’Ancien régime, la Révolution, la vie sous le [[Consulat (histoire de France)|Consulat]] et l’[[Premier Empire|Empire]]. Des pages relatent l’aventure de l’exil en Amérique, où Henriette-Lucie mène brièvement une vie de campagne et se lie d’amitié avec les Indiens<ref>La Tour du Pin, ''Mémoires. Journal d’une femme de cinquante ans 1778-1815''.</ref>.
== Mémorialistes de la Révolution et du Directoire ==
[[Image:Rivarol Antoine1.jpg|thumb|right|120px|[[Antoine de Rivarol|Rivarol]], ''Mémoires contre-révolutionnaires'']]
La révolutionnaire [[Manon Roland|Madame Roland]] ([[1754]]-[[1793]]), victime de la purge de [[1793 en France|93]], a composé ses mémoires dans l’urgence<ref>''Mémoires particuliers de Madame Roland''.</ref>. Les ''Mémoires de Madame la [[Louise-Elisabeth de Croÿ de Tourzel|duchesse de Tourzel]], gouvernante des enfants de France de 1789 à 1795'' relatent la [[Fuite de Louis XVI et arrestation à Varennes|fuite de Varenne]] et la détention à la [[Tour du Temple]].
[[Antoine de Rivarol|Rivarol]] ([[1753]]-[[1801]]), esprit fin et mordant, a le goût de la polémique. Il prend la défense de la monarchie dans ses ''Mémoires contre-révolutionnaires'', recueil de ses articles du ''Journal politique et national''.
La [[Victoire de Donnissan de La Rochejacquelein|marquise de La Rochejaquelein]] ([[1772]]-[[1857]]) est l’auteur des mémoires les plus célèbres consacrés à la [[guerre de Vendée]]<ref>''Mémoires de madame la marquise de la Rochejacquelein''.</ref>. Ils inspireront [[Honoré de Balzac|Balzac]] pour ses ''[[Les Chouans|Chouans]]'' et [[Barbey d'Aurevilly]] pour son ''Chevalier Des Touches''.
Les ''Mémoires'' de [[Paul Barras]] ([[1755]]-[[1829]]) couvrent la Révolution et la période du [[Directoire]]. [[Louis-Mathieu Molé]] ([[1781]]-[[1855]]) a écrit ses ''Souvenirs de jeunesse, 1793-1803''.
== Mémoires d’artistes, d’agents du roi et d’aventuriers ==
[[Image:Charles Joseph de Ligne.jpg|thumb|left|150px|Le [[Charles-Joseph de Ligne|prince de Ligne]]]]
Parmi les mémoires notables de ce temps, il faut citer l’œuvre de trois aventuriers : [[Giuseppe Gorani]]<ref>''Mémoires secrets et critiques des cours, des gouvernemens, et des mœurs des principaux États de l’Italie''.</ref>, [[Casanova]] (''Histoire de ma vie'') et le [[Charles-Joseph de Ligne|prince de Ligne]].
[[Élisabeth Vigée Le Brun]] ([[1755]]-[[1842]]), la célèbre artiste, peintre officiel ayant fui la Révolution, est aussi l’auteur des ''Mémoires d’une portraitiste''. [[Lorenzo da Ponte]], [[librettiste]] de l’[[Opéra de Vienne]], ayant collaboré avec [[Mozart]], a écrit les siens.
Certains agents du roi, comme [[Claude de Forbin]] et Scipion de Castries (tous deux de la Marine royale), le marquis de La Maisonfort (''Mémoires d’un agent royaliste''), Canler (chef du service de sûreté) ont laissé des mémoires qui éclairent sur leurs fonctions.
== Mémorialistes du {{s-|XIX|e|}} ==
=== Mémoires autour de Napoléon I{{er}} ===
[[Image:Napoleon a Cherbourg bordercropped.jpg|thumb|right|130px|[[Napoléon Ier|Napoléon I{{er}}]]]]
L’[[Déportation à Sainte-Hélène et mort de Napoléon|exil à Sainte-Hélène]] de [[Napoléon Ier|Napoléon I{{er}}]] donne lieu à des confidences de l’empereur déchu, recueilles par ceux qui l’accompagnent : [[Henri Gatien Bertrand]], [[Gaspard Gourgaud]], [[Charles-Tristan de Montholon]], [[Pons de l'Hérault]] et surtout [[Emmanuel de Las Cases]]. ''[[Le Mémorial de Sainte-Hélène]]''<ref>sous-titré ''Journal où se trouve consigné, jour par jour, ce qu’a dit et fait Napoléon durant dix- huit mois''.</ref> est le fruit d’entretiens quasi-quotidiens de Las Cases avec l’Empereur. L’ouvrage, qui jouit d’une notoriété immense, est plus fidèle à Napoléon qu’à la vérité historique<ref>Didier Le Gall, ''Napoléon et le Mémorial de Sainte-Hélène : Analyse d’un discours''.</ref>.
Les guerres napoléoniennes et la vie militaire sont documentées par le colonel [[Marcellin de Marbot]], le [[Joseph Léopold Sigisbert Hugo|général Hugo]] (''Mémoires sur la guerre d’Espagne''), [[Antoine Marie Chamans de Lavalette|Lavalette]]. La vie intime du Corse est racontée dans les mémoires de [[Louis Antoine Fauvelet de Bourrienne|Bourrienne]], intime de Napoléon et dans ceux de Louis Constant Wairy son valet de chambre. L’impératrice [[Joséphine de Beauharnais|Joséphine]] est le sujet des ''Mémoires'' de Georgette Ducrest et des ''Mémoires'' de Mademoiselle Avrillion, sa première femme de chambre. La reine [[Hortense de Beauharnais|Hortense]], belle-fille de Napoléon, a pris la plume pour ses propres ''Mémoires''.
=== Mémoires littéraires et souvenirs ===
[[Image:Anne-Louis Girodet-Trioson 006.jpg|thumb|left|175px|[[Chateaubriand]]]]
À l’étranger certains auteurs de qualité ont soin d’écrire leur vie. En Italie nous avons les mémoires de [[Goldoni]], de [[Silvio Pellico|Pellico]] (''Mes prisons''), de [[Leopardi]], et la ''Vita'' d’[[Alfieri]]. En Allemagne ceux de [[Goethe]] (''Poésie et vérité''). En Angleterre, [[Thomas Moore]] rédige les mémoires posthumes de [[Lord Byron|Byron]] en marge du journal et de la correspondance du grand poète.
Né sous Louis XV, mort sous Louis-Philippe, [[Talleyrand]] ([[1754]]-[[1838]]) incarne le cynisme et l’ambition dans les affaires publiques. Il connaît huit régimes, six souverains et devient six fois ministre des Affaires étrangères. Son parcours est cousu de trahisons (contre le clergé, contre Napoléon, contre Charles X) et de reniements pour s’accrocher au pouvoir et durer. Son talent de parfait opportuniste l’amène à composer des ''Mémoires'', qui le montrent soucieux de la grandeur de l’État. Talleyrand n’écrit pas pour raconter sa vie ou les événements de son époque, mais pour le temps présent. C’est le contraire de [[Chateaubriand]] ([[1768]]-[[1848]]), homme d’Etat manqué, dont les imposants ''[[Mémoires d'outre-tombe]]'' (son chef-d’œuvre) visaient d’abord à une publication posthume<ref>Voir la célèbre préface testamentaire.</ref>. L’œuvre hésite en plusieurs endroits entre mémoire et fiction. Leur rédaction s’étale sur plus de 30 ans. Il met en scène sa vie d’écrivain voyageur, exilé, professeur, ambassadeur, ministre. Il s’y montre royaliste convaincu et grand admirateur de Napoléon, auquel il consacre une bonne partie de son livre. [[Image:Dorota de Talleyrand.jpg|thumb|right|160px|[[Dorothée de Courlande|La princesse de Courlande]]]]
Les ''Récits d’une tante, Mémoires de [[Adèle d'Osmond|la comtesse de Boigne]] née d’Osmond'' ([[1781]]-[[1866]]) reflètent les évolutions de la vie mondaine entre la fin de l’Ancien Régime et la fin de la [[monarchie de Juillet]]. Durant sa longue existence, elle voit défiler onze règnes et régimes différents. Son salon parisien de l’hôtel de Lannion, puis de la rue d’Anjou, ses dîners du dimanche soir à Châtenay, ont accueilli les grands acteurs de la vie littéraire, politique et diplomatique de son temps. [[Proust]] s’est inspiré d’elle pour sa duchesse de Guermantes et de ses mémoires pour décrire la vie des salons. Leur première publication date de 1907.
La princesse [[Dorothée de Courlande]] ([[1793]]-[[1862]]), duchesse de Dino, est réputée pour sa haute intelligence et sa grande beauté. Elle relate son existence haute en couleurs dans les sphères de l’aristocratie européenne dans des ''Mémoires'' qui la révèlent écrivain. Les gloires de l’époque ne manquent pas d’écrire leurs mémoires : [[Alexandre Dumas]] (''Mes Mémoires''), [[George Sand]] (''[[Histoire de ma vie (George Sand)|Histoire de ma vie]]''). [[Victor Hugo]] laisse des mémoires à l’image de sa personne, ''Choses vues'', une œuvre décousue allant de 1830 à 1885. [[Stendhal]], ignoré de son vivant, masque à peine les siens dans ''Vie de Henry Brulard''. Il laisse en outre des ''Souvenirs d’égotisme''. Les mémoires des célèbres criminels [[Pierre François Lacenaire|Lacenaire]] et [[Vidocq]] sont de vrais feuilletons et rencontrent le succès. [[Image:Goncourt.jpg|thumb|left|160px|[[Jules de Goncourt|Jules]] et [[Edmond de Goncourt]]]]Les ''Mémoires de Vidcoq'' influencent notamment les personnages de [[Vautrin (Balzac)|Vautrin]] (dans [[Honoré de Balzac|Balzac]]), de [[Auguste Dupin|Dupin]] (Edgar Poe), et de [[Jean Valjean]] ([[Victor Hugo]]).
Les recueils de souvenirs fleurissent en cette période : [[Marie d'Agoult]], [[Alexis de Tocqueville|Tocqueville]], [[Maxime Du Camp]], [[Ernest Renan]], [[Barbey d'Aurevilly]] (''Memorandum''). [[Gustave Flaubert]] avec ''Mémoires d’un fou'' livre une autobiographie lyrique et anticipée - il l’écrit à 18 ans - et ''Novembre'', qui participe de la même inspiration.
Les compositeurs [[Hector Berlioz]] et [[Charles Gounod]] ont laissé des mémoires, qui mêlent l’autobiographie aux considérations artistiques et à l’esthétique musicale. [[Horace de Viel-Castel]] rédige des mémoires caustiques sur le [[Second Empire]]<ref>''Mémoires sur le règne de Napoléon III : 1851-1864''.</ref>. La fin de siècle et la [[Belle Époque]] sont abondamment commentées. [[Jules de Goncourt|Jules]] et [[Edmond de Goncourt]] ont laissé un monumental ''Journal, Mémoires de la vie littéraire'' devenu célèbre pour son fiel. [[Louise Michel]] ([[1830]]-[[1905]]), écrivain et militante anarchiste, a rédigé ''La Commune, Histoire et souvenirs'' et des ''Mémoires''. [[Judith Gautier]] a écrit ''Le Collier des jours'', [[Robert de Montesquiou]] ''Les Pas effacés''. Les célèbres danseuses [[Cléo de Mérode]] et [[Isadora Duncan]] ont rédigé leurs souvenirs.
== Mémoires et souvenirs du {{s-|XX|e|}} ==
[[Image:De Gaulle-OWI.jpg|thumb|right|180px|[[Charles de Gaulle]]]]
=== Mémoires d’hommes d’État et leaders politiques ===
La frontière devient floue entre journal, mémoires, souvenirs et récits autobiographiques. Certaines œuvres restent des mémoires de tradition. [[Charles de Gaulle]] ([[1890]]-[[1970]]) est l’auteur de ''[[Mémoires de guerre]]'' et de ''Mémoires d’espoir'', œuvres consciencieuses, ornées d’un grand style. Son homologue britannique [[Winston Churchill]] ([[1874]]-[[1965]]), lauréat du [[prix Nobel de littérature]] en [[1953]], est mémorialiste reconnu et historien respecté. [[Valéry Giscard d'Estaing]] est l’auteur de mémoires sur son septennat (''Le pouvoir et la vie''). Certains leaders spirituels et politiques, comme [[Mohandas Karamchand Gandhi|Gandhi]], [[Nehru]], [[Thomas Edward Lawrence]], [[Tenzin Gyatso]] (l’actuel [[Dalaï lama]]) ou [[Malcolm X]], ont laissé des autobiographies engagées.
[[André Malraux]] ([[1901]]-[[1976]]) est l’auteur d'''[[Antimémoires]]'', première partie du ''Miroir des limbes'', publiés en [[1967]]. Les Antimémoires sont un genre en soi. L’auteur définit son ouvrage comme des mémoires en négatif : "''J’appelle ce livre « Antimémoires », parce qu’il répond à une question que les Mémoires ne posent pas, et ne répond pas à celles qu’ils posent.''" Les Antimémoires mêlent récits fictifs, vrais et faux souvenirs, rêveries et méditations. Malraux publie aussi en [[1971]] ''Les Chênes qu’on abat'', ouvrage de souvenirs et de réflexions, fruits d’entretiens avec le général de Gaulle.
=== Récits et carnets de guerre ===
La [[Première Guerre mondiale]] mobilise toute une génération d’écrivains. Les œuvres autobiographiques et parfois romancées de [[Henri Barbusse]] (''Le Feu''), [[Ernst Jünger]] (''[[Orages d'acier]]''), [[Louis-Ferdinand Céline]] (''Casse-pipe'', ''Carnet du cuirassier Destouches''), [[Roland Dorgelès]] (''Les Croix de bois''), [[Blaise Cendrars]] (''La Main coupée''), [[Maurice Genevoix]] (''Ceux de 14'') font état de cette expérience traumatisante.
Des polémiques naissent à propos de ces œuvres qui mélangent témoignage et littérature, la plus importante d’entre elles étant déclenchée par la publication en 1929 du monumental essai de [[Jean Norton Cru]] intitulé ''Témoins''<ref>Jean Norton Cru, ''Témoins. Essai d’analyse et de critique des souvenirs de combattants édités en Français de 1915 à 1928'', Paris, Les Étincelles, 1929..</ref> : les livres de Dorgelès et de Barbusse notamment sont vivement critiqués, provoquant de virulentes réactions de la part des intéressés<ref>Voir à ce sujet Frédéric Rousseau, ''Le Procès des témoins de la Grande Guerre. L’Affaire Norton Cru'', Paris, Éditions du Seuil, 2003, spécialement le chapitre 1 de la seconde partie : « Saines colères et vaines polémiques ».</ref>.
=== Mémoires de la Seconde guerre mondiale ===
L’expérience des camps de concentration a donné lieu à de nombreux témoignages. [[Primo Levi]] a écrit ''Si c’est un homme'', récit de son expérience à [[Auschwitz]]. [[Elie Wiesel]] relate la sienne dans ''La Nuit''. Citons également ''Le Grand Voyage'' de [[Jorge Semprún]], ''Le sang de l’espoir'' de [[Samuel Pisar]], ''Le Requiem de Terezin'' de [[Joseph Bor]], ''L’Espèce humaine'' de [[Robert Antelme]], les œuvres de [[Charlotte Delbo]] et celles de [[Imre Kertész]].
Proches des mémoires, on trouve les récits de combattants de l’Armée de l’air [[Pierre Clostermann]] (''[[Le Grand Cirque]]''), [[Antoine de Saint-Exupéry]] (''[[Pilote de Guerre]]'', ''[[Lettre à un otage]]''), ceux de l’Armée de terre [[Sven Hassel]] (''La légion des damnés'') et [[Joseph Kessel]] (''Le Bataillon du Ciel'') ou de l’US Air Force avec Moritz Thomsen (''Mes deux guerres''). La [[Résistance française]] est documentée dans les œuvres de [[Louis Aragon]] (''Le Musée Grévin'', ''La Diane française''), [[Marc Bloch]] (''L’Étrange défaite'') et [[Joseph Kessel]] (''L’Armée des ombres''). [[Alain Robbe-Grillet]] (''Le Miroir qui revient'') et [[François Cavanna]] (''Les Russkoffs'') ont livré des témoignages à propos du [[Service du Travail Obligatoire]]. Lors de sa détention, le [[Schutzstaffel|SS]] commandant d’[[Auschwitz]] [[Rudolf Höß]] a rédigé des mémoires publiés en 1958<ref>Rudolf Hoess, ''Le commandant d’Auschwitz parle''.</ref>. [[Ernst Jünger]] a livré dans ses journaux de guerre publiés en 1949 un tableau personnel de la campagne de France de 1940 du côté allemand ainsi que de son expérience d’officier d’occupation à Paris.
=== Récits autobiographiques ===
Le mélange des genres s’accentue. La distinction entre mémoires, souvenirs, autobiographie (et parfois la fiction) devient floue. Les écrivains entreprennent des récits autobiographiques plutôt que des mémoires : [[François Mauriac]] (''Mémoires intérieurs'', ''Nouveaux Mémoires intérieurs''), [[Blaise Cendrars]] (''L’Homme foudroyé'', ''[[La Main coupée]]'', ''[[Bourlinguer]]'', ''Le Lotissement du ciel''), [[Simone de Beauvoir]] (''Mémoires d’une jeune fille rangée'', ''La Force de l’âge''), [[Sartre]] (''Les Mots''), [[Bianca Lamblin]] (''Mémoires d’une jeune fille dérangée''), [[Charles Bukowski]] (''Souvenirs d’un pas grand-chose'').
De nombreux récits se concentrent sur les années d’apprentissage. Les écrivains n’hésitent pas à donner une tournure romanesque aux souvenirs de leur enfance : [[Marguerite Yourcenar]] (trilogie ''Le Labyrinthe du monde''), [[Marcel Pagnol]] (romans autobiographiques des ''[[Souvenirs d'enfance]]''), [[Albert Cohen]] (''Ô vous, frères humains''), [[Julien Green]] (''Souvenirs des jours heureux''). [[Georges Perec]] dans ''[[W ou le souvenir d'enfance]]'' fait alterner un chapitre sur deux une fiction et un récit autobiographique.
=== Mémoires de célébrités ===
Par abus de langage, les médias qualifient de mémoires indifféremment tout texte autobiographique ou recueil de souvenirs. Les mémoires de musiciens ou de leurs proches (amis, producteurs, managers) sont une tendance : [[Billie Holiday]], [[Miles Davis]], [[Johnny Cash]], [[Nick Mason]], [[Bill Wyman]], [[Andrew Loog Oldham]]<ref>[[Andrew Loog Oldham]], ''Rolling Stoned''.</ref>, Ronnie Spector<ref>Ronnie Spector, Vince Waldron, ''Be My Baby: How I Survived Mascara, Miniskirts, and Madness, or My Life as a Fabulous Ronette''.</ref>, [[Dee Dee Ramone]], [[Sting]], [[Bob Dylan]]<ref>[[Bob Dylan]], ''Chronicles''.</ref> et bientôt [[Ron Wood]]. Les mémoires de [[Keith Richard]]<ref>''« Le guitariste Keith Richards écrit ses mémoires »'', NouvelObs.com [http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/people/20070801.OBS8945/le_guitariste_keith_richardsecrit_ses_memoires.html?idfx=RSS_people].</ref>
sont annoncés. De grands cinéastes ont pris la plume et rédigé l’histoire de leur vie ([[Josef von Sternberg]], [[Charles Chaplin]]), imités par de nombreux comédiens : [[Arletty]], [[Marlène Dietrich]], [[Jean Marais]], [[Jean-Claude Brialy]]. Le monde de la télévision est représenté : [[Michel Drucker]], [[Thierry Ardisson]], [[Patrick Sébastien]]. Les sportifs ne sont pas en reste : [[Raymond Kopa]], [[Michel Platini]], [[Dominique Rocheteau]].
=== Mémoires d’anonymes ===
Régulièrement des personnalités anonymes entreprennent d’écrire leurs mémoires en raison de leur vie édifiante, de la singularité de leur profession passée, de leur ancienne appartenance à une organisation criminelle ou à une organisation gouvernementale dont les rouages sont mal connus : mémoires d’anciens agents de la CIA ([[Robert Baer]]...), mémoires d’agents secrets ([[Pierre-Henri Bunel]], [[Pierre Martinet]]...), mémoires de yakuza, mémoires de geisha ([[Yuki Inoue]], Mineko Iwasaki) etc.
== Œuvres de fiction ==
Le genre des mémoires a souvent influencé les procédés dramatiques de l’écriture romanesque. De nombreux romans se présentent comme les mémoires (ou l’autobiographie) de personnages fictifs. Ce parti pris renforce la réalité de l’illusion. Quelques exemples :
* [[Daniel Defoe]], ''[[Robinson Crusoé]]'', ''Mémoires d’un cavalier''
* [[Laurence Sterne]], ''[[Vie et opinions de Tristram Shandy, gentilhomme]]''
* [[John Cleland]], ''[[Fanny Hill|Fanny Hill, ou Mémoires d’une fille de joie]]''
* [[Honoré de Balzac]], ''[[Mémoires de deux jeunes mariées]]''
* [[Alfred de Musset]], ''[[Confession d'un enfant du siècle]]''
* [[Stendhal]], ''Mémoires d’un touriste''
* [[Charles Dickens]], ''[[David Copperfield (roman)|David Copperfield]]''
* [[Charlotte Brontë]], ''[[Jane Eyre| Jane Eyre : an autobiography]]''
* [[Comtesse de Ségur]], ''Mémoires d’un âne''
* [[Fedor Dostoïevski]], ''[[Souvenirs de la maison des morts]]'', ''[[Les Carnets du sous-sol]]''
* [[Octave Mirbeau]], ''[[Le Calvaire]]'', ''Les Mémoires de mon ami''
* [[Marcel Proust]], ''[[À la recherche du temps perdu]]''
* [[Georges Simenon]], ''Les Mémoires de Maigret''
* [[Frédéric Beigbeder]], ''Mémoires d’un jeune homme dérangé''
* [[Arthur Golden]], ''[[Geisha (roman)|Geisha]]''
* les œuvres d’[[autofiction]]
N.B. Pour les mémoires fictifs de personnages réels (comme les ''[[Mémoires d'Hadrien]]'' de [[Marguerite Yourcenar]]) consulter l’article des [[pseudo-mémoires]].
== Notes ==
{{références|colonnes=2}}
== Annexes ==
=== Bibliographie ===
* Les éditions du [[Mercure de France]] rééditent régulièrement des mémoires dans la collection ''Le Temps retrouvé''.
* ''Les Français vus par eux-mêmes. Le siècle de Louis XIV, une anthologie des mémorialistes du siècle de Louis XIV'', éditée par A. Niderst, coll. Bouquins, Robert Laffont, Paris, 1997.
* ''Les Français vus par eux-mêmes. Le {{s-|XVIII|e}}, anthologie des mémorialistes du {{s-|XVIII|e}}'', établie et commentée par Arnaud de Maurepas et Florent Bayard, coll. Bouquins, Robert Laffont, Paris, 1999.
* Madeleine Bertaud, François-Xavier Cuche, ''Le Genre des Mémoires. Essai de définition'', Klincksieck, Paris, 1995. {{ISBN|9782252030042}}
* Noémi Hepp (dir.), ''La Cour au miroir des mémorialistes, 1530-1682'', Klincksieck, Paris, 1991. Colloque. {{ISBN|9782252027813}}
* Noémi Hepp et J. Hennequin (dir), ''Les Valeurs chez les mémorialistes français du {{s|XVII|e|}} avant la Fronde'', AC, 1978.
* Frédéric Briot, ''Usage du monde, usage de soi. Enquête sur les mémorialistes d’Ancien Régime'', Seuil, Paris, 1994. {{ISBN|9782020197052}}
* Emmanuèle Lesne, ''La Poétique des mémoires (1650-1685)'', Champion, Paris, 1996.
* Frédéric Charbonneau, ''Les Silences de l’Histoire. Les mémoires français du {{s|XVII|e|}}'', Presses de l’Université Laval, 2000. {{ISBN|9782763778259}}
* Marie-Thérèse Hipp, ''Mythes et réalités, enquête sur le roman et les mémoires'', Klincksieck, Paris, 1976.
=== Articles connexes ===
* [[Pseudo-mémoires]]
* [[Autobiographie]]
* [[Souvenir (mémoire)|Souvenirs]]
* [[Histoire]]
* [[Commentaires]]
=== Liens externes ===
* [http://www.cosmovisions.com/textMemoires.htm Dictionnaire des œuvres] sur [http://www.cosmovisions.com/index.html Imago Mundi]
* [http://www.stratisc.org/strat_053_DARMAILL0.html Bibliographie de mémoires utiles à l’art de la guerre]
* [http://www.autopacte.org/Lire_en_ligne.html Répertoire de textes autobiographiques à lire en ligne sur le site de la BNF]
* [http://www.fabula.org/revue/cr/187.php L’article « Soi-même comme témoin »] sur [http://www.fabula.org/ Fabula], site de recherche en littérature
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