Matamata
1222320
31484949
2008-07-11T07:29:29Z
AlleborgoBot
225632
robot Ajoute: [[it:Chelus fimbriatus]]
{{Voir homonymes|Matamata (homonymie)}}
{{Taxobox animal | Matamata |Matamata détoure.jpg |''Chelus fimbriatus'' (de côté)}}
{{Taxobox sous-règne | Metazoa}}
{{Taxobox phylum | Chordata}}
{{Taxobox sous-embranchement | Vertebrata}}
{{Taxobox classe | Reptilia}}
{{Taxobox ordre | Testudines}}
{{Taxobox sous-ordre | Pleurodira}}
{{Taxobox famille | Chelidae}}
{{Taxobox genre animal (auteur) | Chelus|([[André Marie Constant Duméril|Duméril]], [[1806]])}}
{{Taxobox binomial animal | Chelus fimbriatus | ([[Johann Gottlob Schneider|Schneider]], [[1783]])}}
{{taxobox synonymes animal | voir [[Matamata#Nomenclature|Nomenclature]]}}
{{Taxobox répartition animal | Matamata Description.JPG}}
{{Taxobox wikispecies | Chelus fimbriatus}}
{{Taxobox commons | Category:Chelus fimbriatus}}
{{taxobox fin}}
La '''matamata''' (''Chelus fimbriatus'') est une [[Tortue aquatique|tortue d'eau douce]] à l'aspect original détonnant des autres spécimens de son [[ordre (biologie)|ordre]], ce qui a suscité la curiosité de nombreux scientifiques. C'est un animal aux techniques de chasse très évoluées. Elle se répartit globalement en [[Amérique du Sud]], notamment dans le [[bassin amazonien]] et le bassin de l'[[Orénoque]].
==Description==
===Morphologie===
[[Image:Chelus fimbriatus close.jpg|thumb|200px|left|Tête de matamata vue de profil]]
On doit la première description de la matamata à [[Pierre Barrère|Barrère]] en [[1741]]<ref name="Espenshade">{{en}} « ''Matamata, Chelus fimbriatus'' » de William H. Espenshade III, Tortuga Gazette, mai 1990 (n°26).</ref>. Il la décrit en latin en ces termes :
<center>{{Citation bloc|''testudo terrestris major putamine echinato et striato''}}</center>
On peut traduire celle-ci par « grande tortue terrestre aux écailles épineuses et striées ». Ici, c'est la carapace de la matamata qui a d'abord frappé Barrère. Mais, c'est la morphologie tout entière de l'animal qui frappe un œil non averti. En effet, il paraît difficile de confondre la matamata avec une autre tortue tellement elle présente des caractéristiques inédites :
* sa taille peut aller jusqu'à 45 centimètres<ref name="Touteslestortues">{{fr}} « ''Toutes les tortues du monde'' » de Franck Bonin, Bernard Devaux et Alain Dupré, deuxième édition (1998), éditions Delachaux et Niestlé/WWF.</ref> à l'âge adulte, ce qui est plutôt grand pour une tortue d'[[eau douce]] ;
* son poids est d'environ 15 kilogrammes<ref name="Touteslestortues"/> à l'âge adulte ;
* sa queue est également plutôt longue pour une tortue d'eau douce ;
* sa [[carapace (tortue)|carapace]] est composée de trois rangées de plaques bosselées par une multitude de pyramidions ; elle est dentelée, ce qui la démarque également des autres tortues ; les stries de croissance sont très marquées et permettent de déterminer l'âge du spécimen ; dans le bassin amazonien, la dossière<ref name="Anatomie">La dossière est la partie supérieure de la carapace tandis que le plastron est la partie inférieure. Deux ponts latéraux les relient de chaque côté de l'animal.</ref> est rectangulaire alors que dans le bassin de l'Orénoque, elle est plutôt ovale ;
* sa tête est plate et triangulaire, couverte d'excroissances ; son museau est long et mince et est terminé par une petite trompe où se trouvent les narines ;
* ses yeux sont petits, situés près de son museau et se reflètent dans la nuit comme chez de nombreux autres reptiles<ref name="ADW">{{en}} « ''[http://animaldiversity.ummz.umich.edu/site/accounts/information/Chelus_fimbriatus.html Chelus fimbriatus]'' » Animal Diversity Web.</ref> ; ses capacités visuelles ne sont pas très élevées ;
* sa bouche est très large et munie de deux barbillons<ref name="Nancy">{{fr}} « ''[http://www.cerclaqua.com/terrarium/articles/tortuesbizarres.php Ces tortues bizarres]'' » Cercle aquariophilique de Nancy.</ref> (filaments que l'on trouve de chaque côté de celle-ci) ;
* son cou est très long, il lui sert à atteindre la surface pour respirer quand elle est sous l'eau<ref name="ADW"/> ;
* ses pattes sont courtes, extensibles, munies de petites griffes et adaptées pour un habitat boueux<ref name="ADW"/>.
Les femelles sont un peu plus grandes et ont un cou plus long. Néanmoins, il est difficile de différencier un mâle d'une femelle car le [[dimorphisme sexuel]] n'est pas très marqué.
Des variations sont surtout observables<ref name="Noteélevage">{{fr}} « ''[http://www.tartaclubitalia.it/Public/data/andrea/200613111235_Manouria20_matamata_SM.pdf Note sur l'élevage et la reproduction de la Matamata]'' » de Sébastien Métrailler.</ref> entre les différentes régions où se répartit la matamata. Celles-ci se situent surtout au niveau de la taille moyenne et de la pigmentation.
[[Image:Chelus fimbriatus head.jpg|thumb|195px|right|Tête de jeune matamata vue de dessus en gros plan]]
===Couleurs===
La partie organique de l'animal oscille entre un brun très sombre et un gris foncé. La couleur de sa carapace oscille entre la couleur café et un gris très foncé. Quant à son plastron<ref name="Anatomie"/>, il varie du blanchâtre (bassin amazonien) au rouge foncé (bassin de l'Orénoque).
Les jeunes sont généralement plus colorés que les adultes. Ils sont aussi plus clairs. Leurs ponts<ref name="Anatomie"/>, leurs plastrons et le bord interne de leurs [[Carapace (tortue)#Écailles|marginales]] sont roses et cerclés par des bandes sombres. Le bord externe de chaque marginale est, pour sa part, orangé. Sur le dessus de leur tête, plus claire que celle des adultes, on peut observer trois bandes sombres. Sur leur cou, il y aussi trois bandes de couleur, cette fois-ci rougeâtres.
===Camouflage===
[[Image:Matamata turtle 2048x1536.jpg|thumb|195px|right|Matamata dont la carapace est colonisée par des algues]]
Ces attributs particuliers permettent à la matamata de se fondre dans le milieu où elle vit<ref name="Nancy"/>. La couleur et la forme de sa carapace la font ressembler à un tas de feuilles mortes, voire à du bois mort. Or, ces résidus ne sont pas rares dans la région amazonienne.
Des scientifiques ont également remarqué que la tête de la matamata ressemblait, à cause de ses excroissances entre autres, aux feuilles du ''moucou-moucou'', une plante aquatique indigène<ref name="Touteslestortues"/> ([[aracée]] envahissante mesurant de 3 à 4 mètres).
De plus, des algues colonisent son dos et accentuent sa capacité de camouflage<ref name="Nancy"/>. En effet, la matamata, sous l'eau, peut aussi se confondre avec un rocher lorsqu'elle est immobile. Ce camouflage a une part importante dans la faculté de l'animal à attraper ses proies, il est donc un avantage de survie fort qui peut expliquer l'évolution originale de cet animal par rapport aux autres tortues. Cela pourrait également expliquer comment la matamata a traversé les âges.
==Systématique==
===Étymologie===
Au [[Surinam]] et dans une partie de la [[Guyane française]], dans la langue [[sranan]], elle est appelée ''raparapa'', ce fut le premier nom utilisé, par [[Pierre Barrère|Barrère]] en [[1741]] dans sa description. Il fut repris dans le nom binomial par [[John Edward Gray|Gray]].
Son nom courant en français, ''matamata'', vient vraisemblablement des langues amérindiennes [[Tupi Guaraní|tupi guarani]] (''matamatá''), bien que l'on puisse penser aussi que ce soit une déformation du verbe espagnol ''matar'' (« tuer ») et qui donne la traduction du nom suivante : « Tue, tue »<ref>{{en}} « ''Turtles, Tortoises and Terrapins'' » de Fritz Jurgen Obst, deuxième édition (1988), St. Martins Press.</ref>.
Au [[Venezuela]], on la connaît aussi sous le nom de ''la fea''<ref name="ReptReview">{{en}} « ''[http://www.reptilereview.com/natural.ht Mata Mata - Natural History]'' », [http://www.reptilereview.com/ reptilereview.com].</ref>, soit, « la moche » en français.
En anglais, seul l'orthographe varie, on peut le trouver écrit ''mata-mata'' ou encore ''mata mata''.
En allemand, elle s'appelle ''Fransenschildkröte'', traduisible par « tortue à franges ».
===Origine===
{{Article détaillé|Testudines (classification phylogénétique)}}
La classification présentée ici est la simplification de celle présentée par A. Georges, J. Birrell, K. M. Saint, W. McCord und S. C. Donnellan<ref>{{en}} « ''A phylogeny for side-necked turtles (Chelonia: Pleurodira) based on mitochondrial and nuclear gene sequence variation'' » de A. Georges, J. Birrell, K. M. Saint, W. McCord et S. C. Donnellan, 1999, Biological Journal of the Linnean Society n°67, pages 213-246.</ref> basée sur l'analyse génétique.
──o ''[[Chelonia]]''
|--o [[Cryptodira]]''
`--o ''[[Pleurodira]]''
|--o
| |--o ''[[Podocnemididae]]''
| `--o ''[[Pelomedusidae]]''
`--o ''[[Chelidae]]''
|--o ''[[Chelodininae]]''
`--o
|--o ''[[Hydromedusinae]]''
`--o ''[[Chelidinae]]''
|--o '''''[[Chelus]]'''''
`--o
`--o ''[[Platemys]]'', ''[[Acanthochelys]]'', ''[[Mesoclemmys]]'', ''[[Batrachemmys]]'', ''[[Phrynops]]''.
La ''Chelus fimbriatus'' est la seule tortue du {{b genre}} ''Chelus'' (pas de fossile ne correspondant pas à cette espèce dans ce genre)<ref>{{en}} « ''[http://www.fmnh.helsinki.fi/users/haaramo/Metazoa/Deuterostoma/Chordata/Reptilia/Parareptilia/Pleurodira/Chelidae.htm Chelidae]'' », Mikko's Phylogeny Archive.</ref>.
===Nomenclature===
Le nom binomial de la matamata est ''Chelus fimbriatus''. Ce nom latin peut se traduire par « tortue dentelée ». La taxonomie de cette tortue a suivie l'évolution des connaissances sur la phylogénétique des tortues, qui a défini petit à petit des taxons plus précis<ref>{{en}} « ''[http://www.chelonia.org/Articles/cheluscare.htm Chelus fimbriatus]'' », World Chelonian Trust.</ref> avant que son nom binomial actuel ne soit choisi :
* ''Testudo fimbriata'' vient du [[philologie|philologue]] allemand [[Johann Gottlob Schneider|Schneider]] qui a étudié l'animal en [[1783]]<ref>{{fr}} « ''Les tortues de Guyane française'' » de Jacques Fretey, 1987, éditions Nature Guyanaise.</ref> ;
* ''Testudo fimbria'' vient de [[Johann Friedrich Gmelin|Gmelin]] en [[1789]] ;
* ''Testudo matamata'' vient de [[Jean-Guillaume Bruguière|Bruguière]] en [[1792]] ;
* ''Testudo bi-spinosa'' vient de [[François Marie Daudin|Daudin]] en [[1802]], traduisible par « tortue à deux épines » ;
* ''Testudo rapara'', ''Testudo raparara'' et ''Testudo raxarara'' viennent de [[John Edward Gray|Gray]] respectivement en [[1831]], [[1844]] et [[1855]] ;
* ''Chelys fimbriata'' vient de [[Albert Charles Lewis Günther|Günther]] et [[George Albert Boulenger|Boulenger]] respectivement en [[1882]] et [[1889]] ;
* ''Chelus fimbriatus'' est utilisé pour la première fois par [[Robert Friedrich Wilhelm Mertens|Mertens]] en [[1934]] ;
* ''Chelus fimbriata'' reprend l'orthographe de Schneider et est utilisé par Iverson en [[1992]] ;
* ''Chelus fimbriatus'' est finalement utilisé par Gorzula et Señaris en [[1999]].
==Répartition==
La matamata est une tortue d'eau douce, vivant en partie dans les eaux tièdes et en partie sur les berges des différents milieux où on a pu l'observer à l'état sauvage :
* [[Lac]]s
* [[Rivière]]s
* Eaux stagnantes ([[marécage]]s, zones boueuses...)
* Canaux d'évacuation des eaux de pluie
Elle tolère les remontées d'eau salée dans le fleuve à cause des marées, même si elle préfère éviter de s'aventurer dans les [[estuaire]]s.
La matamata est une tortue d'[[Amérique du Sud]] : dans le [[bassin amazonien]], les Guyanes, le nord de la [[Bolivie]], l'est du [[Pérou]], l'[[Équateur (pays)|Équateur]], l'est de la [[Colombie]], le [[Vénézuéla]] (bassin de l'[[Orénoque]]) et enfin, l'île de [[Trinité (île)|Trinidad]]<ref>{{en}} « ''Amphibians and Reptiles of Trinidad and Tobago'' » de John C. Murphy, 1997, Krieger Publishing Company.</ref>. Elle a également été introduite en [[Floride]] à Pembroke Park en [[1966]] mais n'aurait pas réussi à s'adapter malgré des rumeurs persistantes dans la region<ref>{{en}} « ''The exotic herpetofauna of southeast Florida'' » de W. King et T. Krakauer, 1996, ''Quarterly Journal of the Florida Academy of Sciences''.</ref>.
==Éthologie==
=== Comportement général ===
La matamata est un animal qui bouge peu, capable de rester immobile de nombreuses heures<ref name="ReptReview"/>. Elle s'aventure sur les berges le plus souvent uniquement dans le but de pondre.
Sinon, elle reste en eaux peu profondes d'où elle pourra aisément respirer à l'aide de son cou extensible qui lui permet d'atteindre l'air. Elle flotte rarement en surface, préfèrant rester au fond de l'eau.
C'est une espèce plutôt docile<ref>{{en}} « ''[http://www.honoluluzoo.org/matamata_turtle.htm Matamata turtle]'' », [http://www.honoluluzoo.org/ site officiel] du [[Zoo d'Honolulu]].</ref>. Elle n'est pas encline à mordre et n'en est d'ailleurs pas capable (son bec est beaucoup moins développé que celui des autres tortues).
Enfin, la matamata est un animal extrêmement photosensible. De ce fait, elle reste plutôt un animal crépusculaire<ref>{{fr}} « ''[http://wwwedu.ge.ch/co/renard/coursfacbio/TORTUES/fichestortue/chelus_fimbriatus.htm Chelus fimbriatus (Schneider, 1783)]'' », [http://wwwedu.ge.ch/eep/ site officiel] du Département de l'instruction public de Genève.</ref>.
===Chasse et alimentation===
La matamata a un régime alimentaire [[Carnivore (régime alimentaire)|carnivore]]<ref>{{en}} « ''[http://encarta.msn.com/refedlist_210105911_73/Matamata.html Pictures of carnivores]'' », encyclopédie [[Encarta]].</ref>. Elle se nourrit d'alevins et de têtards voire de batraciens ou de poissons quand elle est adulte. Sur l'île de [[Trinité (île)|Trinidad]], Kearney<ref>{{en}} « ''Nocturtles of Trinidad'' » de P. Kearney, 1972, Int. Turtle Tortoise Soc. J. 6, 10:33.</ref> a pu également observer des spécimens, en [[1972]], mangeant des [[crustacés]] d'eau douce et de petits [[mammifères]] nageant dans l'eau. La matamata pourrait même parfois manger de petits [[oiseau]]x.
C'est une tortue de fond de marécage qui chasse à l'affût<ref name="Noteélevage"/>, grâce notamment à son camouflage. Elle peut retenir sa respiration de longues heures, ce qui augmente encore sa dangerosité pour ses proies. Le procédé de capture est le suivant<ref name="Touteslestortues"/> : la matamata aspire ses proies en ouvrant une très large bouche et avec l'aide d'un fort mouvement de sa gorge. La manœuvre prend environ un cinquantième de seconde. Ensuite, elle rejette lentement l'eau avalée, ce qui asphyxie les proies attrapées. En revanche, n'ayant pas le bec des autres tortues, elle ne mâche pas ses proies.
Elle utiliserait également des replis de peau sensoriels qui l'aideraient à détecter ses proies, bien que cela prête parfois à controverse dans le milieu scientifique. Un test a été pratiqué pour savoir ce qu'il en était<ref>{{en}} « ''The unbelievable fringed turtle'' » de P. Hartline, 1967, Int. Turtle Tortoise Soc. J. n°6.</ref> : dans un premier temps, on a bandé les yeux d'une matamata qui est ensuite parvenue à se nourrir. Dans un second temps, on a coupé les excroissances qui formaient les replis dits sensoriels d'un autre animal. Celui-ci n'est pas parvenu à attraper de proies malgré le fait qu'il possédait toutes ses capacités visuelles. Néanmoins, une stimulation humaine par contact de ces replis ne provoqua que des mouvements de 1 millimètre sur le premier cobaye. Les scientifiques en ont déduit que la tortue faisait la différence entre un mouvement de proie et un simple contact. Une autre théorie dit que la matamata possède deux grands « tympans » sur les deux côtés de la tête capables de détecter les vibrations et ainsi, faire une sorte de [[triangulation]] pour savoir où est la proie<ref>''Turtles & Tortoises of the World'' de David Alderton, 1998, Blandford Press</ref>.
On a pu observer certaines matamatas (en captivité) qui acculaient d'abord leurs proies dans un espace confiné pour ensuite les aspirer<ref>''Reptile & Amphibian Magazine'', Septembre/Octobre, 1992, pages 34-39, article ''The Matamata'' de David T. Kirkpatrick</ref>. En réalité, l'animal apprend les meilleurs moyens de capturer leurs proies selon l'environnement où il vit<ref>''Journal of Herpetology'', 1991 (n° 25), article ''Further observations of Matamata prey herding'' de W.F. Holmstrom)</ref>. Il s'adapte en permanence aux conditions de son milieu.
===Reproduction===
Les [[Parade nuptiale (biologie)|parades nuptiales]] sont difficilement observables, mais certains scientifiques parvinrent à relever le comportement suivant<ref name="Touteslestortues"/> : le mâle chevauche la femelle, sa tête s'étend vers elle. Il ouvre et ferme la bouche. Ses pattes se détendent et lui permettent des mouvements plus rapides que d'ordinaire et aussi de passer sur la femelle un peu plus grosse que lui.
Les [[oeuf (reptile)|œufs]] sont pondus sur la berge par groupe variant en moyenne de douze à vingt-huit<ref name="Touteslestortues"/>. Ceux-ci ont une coquille dure mesurant entre trente-cinq et quarante millimètres d'épaisseur<ref name="Espenshade"/>. Il y a plusieurs pontes par an, principalement entre novembre et décembre. L'incubation des œufs<ref name="Espenshade"/> est en moyenne de deux cents jours, pour une température d'environ vingt-huit degrés celsius (observation faite en couveuse), ce qui cadre avec les températures automnales sud-américaines.
C'est vers l'âge de cinq ans que la matamata devient sexuellement mature<ref name="Noteélevage"/>. Aucune forme d'attitude maternelle n'a pu être observée chez les mères matamatas. L'espérance de vie d'une matamata tourne autour de dix ans et demi, bien que, en captivité, on l'ait vu atteindre des âges bien plus avancés (jusqu'à 15 ans<ref name="ADW"/>).
===En état de captivité===
La matamata est une espèce très appréciée et recherchée par les zoos du monde entier pour de multiples raisons dont notamment :
*son aspect original ;
*son mode de vie plus sédentaire que la majorité des autres tortues, qui lui permet de vivre dans de petits enclos.
C'est une espèce qui demande beaucoup de soins et d'attention dont nous pouvons décrire les grandes lignes<ref name="Noteélevage"/>: elle doit vivre dans un espace relativement large mais pas nécessairement dans des eaux très profondes. Les conditions majoritairement choisies par les zoos sont une profondeur suffisante pour qu'elle s'immerge totalement en pouvant toujours sortir la tête de l'eau pour respirer. Du fait de ses conditions de vie à l'état sauvage, elle reste néanmoins dans les zones où elle se sent en sécurité. Rondins de bois, rochers et autres aménagements similaires sont inutiles aux matamatas. En revanche, en cas de ponte, un lieu est impérativement mis en place.
Elles sont en général nourries avec des [[Vairon (poisson)|vairons]]. Parfois, elles sont nourries avec des [[poisson rouge|poissons rouges]], mais certains spécimens en captivité qui n'étaient nourris que de cet aliment ont rencontré des problèmes de nutrition<ref>Le poisson rouge contient de la thiaminase, une enzyme qui digère la vitamine B1. Ainsi, les matamatas nourries de ce seul type de nourriture ont eu des carences de ce type de vitamine</ref>. Les zoos vérifient en général la qualité de l'alimentation des futures proies et leur état de santé, étant donné que la matamata est une espèce à laquelle il faut faire extrêmement attention, du fait de sa rareté.
En effet, du fait de l'attrait qu'elle représente, cette espèce préoccupe beaucoup d'amoureux de la nature dans le monde qui veulent la protéger des vendeurs d'animaux et collectionneurs privés peu aptes à élever un animal si particulier.
==Menaces et protection==
Côté prédation animale, la matamata n'a pas grand-chose à craindre. En effet, comme toute tortue, en cas de menace d'un quelconque prédateur, elle se replie dans sa carapace<ref name="ADW"/>. De plus, son aspect ne lui donne pas l'air comestible, bien qu'elle le soit. Elle n'a, de ce fait, pas vraiment de prédateur naturel.
L'Homme, quant à lui, n'est pas traditionnellement un prédateur de cet animal. En effet, les [[Amérindiens]] ne le consomment pas<ref name="Touteslestortues"/>, à cause, une fois encore, de son aspect rébarbatif, mais aussi de l'odeur nauséabonde qu'il dégage. Mais, du fait de sa popularité, cette tortue est ramassée en masse pour des collectionneurs peu scrupuleux. Cela a pour effet la raréfaction de la matamata dans certaines zones. Sa capture est donc devenue illégale en [[Guyane française]]<ref>Article 1 de l'arrêté ministériel du [[15 mai]] [[1986]], [[Journal officiel de la République française]] du 25 juin 1986 [http://www.oncfs.gouv.fr/_OUTREMER/images/reglementation/AM15mai86rept.pdf]</ref>. En revanche, au niveau international, aucun règlement particulier ne régit sa capture. Néanmoins, peu de particuliers possèdent des matamatas étant donnée la relative difficulté des soins à leurs apporter.
==Apparitions dans la culture populaire==
* La matamata a probablement servi d'inspiration au ''[[kaijû]]'' Kamēba<ref>[http://www.giantmonstermovies.com/images/kameba-m.jpg allure du monstre]</ref> (カメーバ) apparu pour la première fois dans le film de monstres [[japon|japonais]] de [[1970 au cinéma|1970]], ''[[Space Amoeba]]''<ref>[http://www.imdb.com/title/tt0065776/ fiche du film ''Space Amoeba'' sur imdb.com]</ref> (''Gezora, Ganime, Kameba: Kessen! Nankai no daikaijû'') d'Ishirô Honda. On a pu également voir le monstre dans le film japonais de [[2003 au cinéma|2003]] ''[[Godzilla: Tokyo S.O.S.]]'' <ref>[http://www.imdb.com/title/tt0366526/ fiche du film ''Godzilla: Tokyo S.O.S.'' sur imdb.com]</ref> (''Gojira tai Mosura tai Mekagojira: Tôkyô S.O.S.'') de Masaaki Tezuka et dans le [[jeu vidéo]] ''[[Godzilla 3]]''.
* Suite à des décrets, en vertu de la [[convention de Carthagène]] de [[1983]], l'exploitation pétrolière au large des côtes de la Guyane française est interdite pour raisons écologiques (protection des [[cétacé]]s et des tortues). Seule la compagnie Hardman Resources a eu un permis pour exploiter un gisement potentiel. Le nom de ce projet d'exploitation est ''projet Matamata''<ref>[[Radio France internationale]], 22 décembre 2005, ''Chronique Environnement'' [http://www.rfi.fr/fichiers/mfi/ScienceTechnologie/1645.asp]</ref> en clin d’œil à l'espèce protégée.
==Annexes==
=== Notes et références ===
{{Références|colonnes=2}}
===Bibliographie ===
De nombreux médias traitent exclusivement ou en partie de la matamata, en voici une liste non exhaustive (ceux cités ci-dessus y sont reportés) :
* Livres :
**{{fr}} {{Ouvrage|titre=Tortues continentales de Guyane française|éditeur=PMS éd.|auteurs=Métrailler S. et Le Gratiet G.|langue=français|mois=juin|année=1996}}
**{{en}} {{Ouvrage|titre=The turtles of Venezuela|éditeur=Ssar Publications|auteurs=P. C. H. Pritchard et P. Trebbau|langue=anglais|mois=mai|année=1984|isbn=0916984117}}
**{{fr}} {{Ouvrage|titre=Les tortues de Guyane française|éditeur=Nature Guyanaise|auteurs=Jacques Fretey|langue=français|année=1987|isbn=2-906152-04-8}}
**{{en}} {{Ouvrage|titre=Turtles, Tortoises and Terrapins|éditeur=St. Martins Press|auteurs=Fritz Jurgen Obst|langue=anglais|année=deuxième édition (1988)|isbn=0312823622}}
**{{en}} {{Ouvrage|titre=Amphibians and Reptiles of Trinidad and Tobago|éditeur=Krieger Publishing Company|auteurs=John C. Murphy|langue=anglais|année=1997|isbn=089464971X}}
**{{fr}} {{Ouvrage|titre=Toutes les tortues du monde|éditeur=Delachaux et Niestlé/WWF|auteurs=Franck Bonin, Bernard Devaux et Alain Dupré|langue=français|année=deuxième édition (1998)|isbn=2603010247}}
**{{en}} {{Ouvrage|titre=Turtles & Tortoises of the World|éditeur=Blandford Press|auteurs=David Alderton|langue=anglais|année=1998|isbn=0816017336}}
**{{de}} [http://www.chelidae.com/pdf/Schneider1783_fimbriata.pdf ''Allgemeine Naturgeschichte der Schilkröten''] (traduisible par ''Histoire naturelle générale des tortues'') de [[Johann Gottlob Schneider]], 1783, description de la matamata
* Articles :
**{{de}} ''Aquarium und Terrarium'', juillet 1959, article ''Ein komisches Tier: die Matamata'' de H. Wermuth
**{{en}} ''Quarterly Journal of the Florida Academy of Sciences'', 1996, article ''The exotic herpetofauna of southeast Florida'' de W. King et T. Krakauer
**{{en}} ''International Turtle and Tortoise Society Journal'', 1967 (n°6), article ''Mata Mata'' de P. Hausmann
**{{en}} ''International Turtle and Tortoise Society Journal'', 1968, article ''The unbelievable fringed turtle'' de P. Hartline
**{{en}} ''International Turtle and Tortoise Society Journal'', 1971, article ''The indefatigable vacuum cleaners'' (traduisible par ''Les infatigables aspirateurs'') de M. Reeves
**{{en}} ''Tortuga Gazette'', mai 1990 (n°26), article ''Matamata, Chelus fimbriatus'' de William H. Espenshade III
**{{en}} ''Herpetologica'', 1989 (n°45), article ''[http://md1.csa.com/partners/viewrecord.php?requester=gs&collection=ENV&recid=1947150&q=&uid=789777936&setcookie=yes Foraging behavior of matamata turtles: the effects of prey density and the presence of a conspecific]'' de D.R. Formanowicz Jr., E .D. Brodie Jr.et S. C. Wise
**{{fr}} ''Aquarium Magazine'', 1990 (n°55), article ''Matamata'' de P. Paillard
**{{en}} ''Journal of Herpetology'', 1991 (n° 25), article ''Further observations of Matamata prey herding'' de W.F. Holmstrom
**{{en}} ''Reptile & Amphibian Magazine'', Septembre/Octobre, 1992, pages 34-39, article ''The Matamata'' de David T. Kirkpatrick
**{{en}} ''Tropical Fish Hobbyist'', mars 1994, article ''The matamata and more...'' de R.D. Bartlett
**{{en}} ''The Vivarium'', 1999 (n°5), article ''Too Bizarre! South America’s Matamata Turtle'' de A. Montoya
**{{es}} ''Reptilia'', 2001 (n°28), article ''Cuidados en cautividad de la matamata'' de D. Fogel
**{{en}} ''Journal Of Experimental Biology'', 2002 (n°205), article ''Feeding patterns of Chelus fimbriatus (Pleurodia: Chelidae)'' de P. Lemell
* Bande dessinée :
**{{fr}} ''Journal de Spirou'', n° 1369, 1964, article ''Matamata'' de René Hausman
* Film documentaire :
** {{en}} ''L'univers de prédateurs'' (''Built for the Kill'' en version originale), série documentaire produite par Allison Bean pour la [[National Geographic Channel]], épisode ''Ambush'' <small>[http://www.ngcasia.com/watch/program_details.aspx?id_program=370 résumé]</small>
** {{fr}} ''[[Ushuaïa Nature]]'' de [[Nicolas Hulot]], épisode 38, ''Les Derniers hommes libres'' (Amazonie, [[2008]])
=== Pour aller plus loin ===
====Articles connexes====
{{Article audio
|fichier=Matamata.ogg
|date=10 juin 2007
|oldid=17664927
|article=Matamata
}}
*[[Testudines|Tortues]], [[tortues marines]]
*[[Biodiversité]], [[conservation de la nature]]
====Liens externes====
{{commons|category:Chelus fimbriatus}}
*{{fr}} {{lien web|titre=Chelidae.com|url=http://www.chelidae.com}} Site de référence sur les Chelidae d'Amérique du sud
*{{en}} {{lien web|titre=Family Chelidae|url=http://www.tigr.org/reptiles/families/Chelidae.html}} sur la phylogénétique
*{{en}} [http://www.reptilereview.com/zoos.htm Où observer une matamata en captivité dans le monde ?]
* {{img}} [http://members.aol.com/Nofxpunk99/matam.jpg Photo grand format d'une matamata vue de dessus]
* {{img}} [http://www.reptilereview.com/mataneckskull.jpg Photo de squelette de matamata (cou et tête)]
* {{img}} [http://www.marine-world.co.jp/kame/weekly_kame/01_matamata01.jpg Photo d'une matamata fondu dans son milieu (site éducatif japonais)]
* {{vid}} [http://www.honoluluzoo.org/media/matamata2.mpg Vidéo d'une matamata en train de s'alimenter]
====Références externes====
* {{ADW|Chelus_fimbriatus|''Chelus fimbriatus'' }}
* {{NCBI|44495|''Chelus fimbriatus'' }}
* {{ITIS|208721|''Chelus fimbriata'' (Schneider, 1783) }}
{{Article de qualité|oldid=15626987|date=8 avril 2007}}
{{portail zoologie}}
[[Catégorie:Testudiné (nom vernaculaire)]]
[[Catégorie:Chélidé]]
[[cs:Matamata třásnitá]]
[[de:Fransenschildkröte]]
[[en:Mata mata]]
[[es:Chelus fimbriatus]]
[[hr:Matamata]]
[[it:Chelus fimbriatus]]
[[ja:マタマタ]]
[[lt:Skarmalotasis vėžlys]]
[[nl:Matamata (schildpad)]]
[[no:Matamata (skilpadde)]]
[[pl:Matamata]]
[[pt:Mata-mata]]
[[sr:Матамата]]
[[zh:楓葉龜]]