Moustérien 230277 28040011 2008-04-01T08:12:08Z Badmood 4507 nouveau style de bandeau de portail, voir [[Wikipédia:Prise de décision/Bandeaux de portail]] {{Infobox Faciès culturel |nom=Moustérien |autres noms= |image=Nucleus_et_eclat_levallois.jpg |légende=Nucléus et éclat [[méthode Levallois|Levallois]] en silex de Haute-Saône |éponyme=[[Le Moustier]] <br /> (vallée de la [[Vézère]]) |auteur=[[Gabriel de Mortillet]] (en 1872) |zone=[[Eurasie]] |période=[[Paléolithique moyen]] |chronologie=environ - 300 000 à - 30 000 [[avant le présent]] |subdivisions=Selon proportion outillage : * Moustérien typique; * Moustérien à denticulés; * Moustériens charentiens de type [[La Quina|Quina]] et [[La Ferrassie|Ferrassie]]; * Moustérien de Tradition Acheuléenne. |objet=[[racloir]]s, pointes, [[grattoir]]s, denticulés, encoches, débitage d'éclats [[méthode Levallois|Levallois]] |humain=[[Homme de Néandertal]] |climat= alternance de périodes tempérées et froides ([[glaciation]]s) |remarque=sépultures vers -100 000 ans <br />indices de préoccupations esthétiques |carte=Le Moustier sup.jpg |note=Abri supérieur du [[Le Moustier|Moustier]], site éponyme du Moustérien }} Le '''Moustérien''' est la principale manifestation culturelle du [[Paléolithique moyen]] en Eurasie (environ - 300 000 à - 30 000 avant le présent). Il est principalement l’œuvre de l’[[Homme de Néandertal]]. Il a été défini en 1872 par [[Gabriel de Mortillet|G. de Mortillet]] à partir de l’[[industrie lithique]] de l’abri supérieur du [[Le Moustier|Moustier]], situé dans la vallée de la [[Vézère]] en [[Dordogne (département)|Dordogne]]. Il succède à l’[[Acheuléen]] et précède le [[Châtelperronien]].<br/> ==Faciès du Moustérien== D’abord empiriquement puis de manière statistique (notamment par [[François Bordes|F. Bordes]] à partir des années 1950), les proportions des différents types d’outils présents dans un site ont permis de définir plusieurs variantes du Moustérien : * Moustérien typique ; * Moustérien à denticulés ; * Moustériens charentiens de type [[La Quina|Quina]] et de type [[La Ferrassie|Ferrassie]] ; * Moustérien de Tradition Acheuléenne. Ces faciès ont été considérés par certains comme l’expression de cultures différentes ou successives <ref>Bordes, F. (1953) - « Essai de classification des industries "moustériennes" », ''Bulletin de la Société Préhistorique Française'', t. L, pp. 457-466.</ref><sup>,</sup><ref>Bordes, F. et Bourgon, M. (1951) - « Le complexe moustérien : Moustériens, Levalloisien et Tayacien », ''L'Anthropologie'', t. 55, pp. 1-23.</ref><sup>,</sup><ref>Bordes, F. (1984) - ''Leçons sur le Paléolithique - 2. Le Paléolithique en Europe'', Cahiers du Quaternaire n° 7, Ed. du CNRS, 3 t.</ref>, et par d’autres comme le reflet d’activités particulières <ref>Binford, L. R. (1973) - « Interassemblage variability - the Mousterian and the "functional" argument », in: ''The explanation of culture change : models in prehistory'', Renfrew, C., (Éd.), London, Duckworth, pp. 227-254.</ref> ou d'une évolution diachronique <ref>Mellars, P. (1970) - « Some comments on the notion of "functionnal variability" in stone-tool assemblages », ''World Archaeology'', vol. 2, pp. 74-89.</ref> ; il est probable que chacune de ces explications comporte une part de vérité… ==Caractéristiques de l'industrie== [[Image:Racloir silex.jpg|thumb|left|300px|Racloir moustérien en silex]] Les industries moustériennes comportent le plus souvent des gammes très diversifiées d’outils sur [[Éclat (Préhistoire)|éclats]], dominées par différentes formes de [[racloir]]s (racloirs simples, doubles, convergents, déjetés…), des pointes, des [[grattoir]]s, des denticulés, des encoches. Les éclats nécessaires sont produits par des méthodes de [[débitage]] complexes, dont la [[méthode Levallois]] <ref>Boëda, E. (1994) - ''Le concept Levallois : variabilité des méthodes'', Paris, CNRS, monographie du CRA n° 9, 280 p.</ref>. Ces outils sur éclats sont parfois associés à de petits [[biface]]s, souvent minces et réguliers. La répartition des [[Tracéologie|traces d’usure]] <ref>Anderson-Gerfaud, P. et Helmer, D. (1987) - « L'emmanchement au Moustérien », in: ''La main et l'outil : manches et emmanchement préhistoriques'', Stordeur, D., (Éd.), Travaux de la Maison de l'Orient, vol. 15, pp. 37-54.</ref> (ainsi que quelques découvertes exceptionnelles de pièces portant des vestiges de matières adhésives naturelles <ref>Boëda, E., Connan, J., Dessort, D., Muhesen, S., Mercier, N., Valladas, H. et Tisnerat, N. (1996) - « Bitumen as a hafting material on Middle Palaeolithic artefacts », ''Nature'', vol. 380, pp. 336-338.</ref>) ont montré que ces outils pouvaient être emmanchés. Ces mêmes traces d’utilisation, observées sur les tranchants à l’aide de puissants microscopes, nous ont appris que les hommes de cette période ne travaillaient pas seulement la pierre mais aussi le bois, les peaux animales fraîches et sèches en vue de leur conservation, et qu’ils employaient parfois leurs outils pour couper des végétaux <ref>Claud, É. (2004) - ''La contribution des études tracéologiques à l'interprétation des industries datées du Paléolithique moyen : apports, limites et perspectives. Bilan critique des études menées sur l'ensemble des sites français et quelques sites européens'', Université de Bordeaux I, Mémoire de Master IIème année, 70 p.</ref><sup>,</sup><ref>Lemorini, C. (2000) - ''Reconnaître des tactiques d'exploitation du milieu au Paléolithique moyen. La contribution de l'analyse fonctionnelle ; étude fonctionnelle des industries lithiques de la Grotta Breuil (Latium, Italie) et de la Combette (Bonnieux, Vaucluse, France)'', BAR international Séries 858, 142 p.</ref>. ==Comportements complexes== À l’outillage diversifié et aux méthodes de taille complexes déjà évoquées, il faut ajouter un certain nombre de comportements évolués, tels que la chasse de grands herbivores ([[bison]]s, [[aurochs]], [[Cheval|chevaux]]) avec rabattage de troupeaux vers des pièges naturels <ref>Jaubert, J., Lorblanchet, M., Laville, H., Slott-Moller, R., Turq, A. et Brugal, J.-Ph. (1990) - ''Les chasseurs d'Aurochs de La Borde - un site du Paléolithique moyen (Livernon, Lot)'', Paris, MSH, Documents d'Archéologie Française n° 27, 157 p.</ref><sup>,</sup><ref>Farizy, C., David, F. et Jaubert, J. (1994) - ''Hommes et bisons du Paléolithique moyen à Mauran (Haute-Garonne)'', Paris, CNRS, XXXème supplément à Gallia Préhistoire, 267 p.</ref>, la sélection et le transport des silex de très bonne qualité sur des distances pouvant aller jusqu’à une centaine de kilomètres <ref>Féblot-Augustins, J. (1997) - ''La circulation des matières premières au Paléolithique'', Liège, ERAUL 75, 275.</ref> ou encore l’aménagement de l’habitat, dont témoignent des restes de cabanes ou des foyers construits, autant en plein air que sous abri (même si dans ce dernier cas les vestiges sont plus fréquemment et mieux conservés) <ref>Desbrosse, R. et Koslowski, J. (2001) - ''Les habitats préhistoriques - des Australopithèques aux premiers agriculteurs'', Paris, CTHS.</ref>.<br/> L’[[Homme de Néandertal]] semble aussi être le premier, il y a environ 100 000 ans, à avoir eu des préoccupations d’ordre spirituel : en effet, plusieurs squelettes de Néandertaliens ont été découverts dans des sépultures particulièrement soignées, parfois accompagnées de dépôts sans doute rituels d’outils ou de cornes animales <ref>Maureille, B. (2004) - ''Les premières sépultures'', Paris, Le Pommier, Cité des sciences et de l'industrie, 123 p.</ref>. À ces sépultures s’ajoutent d’autres témoignages de préoccupations d’ordre esthétique, telles que la collecte d’ocre, de fossiles insolites ou de minéraux rares <ref>Leroi-Gourhan, A. (1983) - ''Les religions de la préhistoire'', PUF.</ref> et la réalisation de gravures ou d’incisions non figuratives <ref>Lorblanchet, M. (1999) - ''La naissance de l'Art. Genèse de l'art préhistorique'', Paris, Éd. Errance, 304 p.</ref>. Les [[chasseur-cueilleur|chasseurs-cueilleurs]] nomades néandertaliens étaient donc parfaitement adaptés à leur environnement et suffisamment évolués pour survivre durant plusieurs dizaines de milliers d’années, parfois dans des conditions climatiques extrêmes ([[Glaciation|périodes glaciaires]]). Leur disparition progressive il y a environ 30 000 ans, lors de l’arrivée des [[Homo sapiens|humains anatomiquement modernes]] venus du [[Proche-Orient]], reste en partie inexpliquée. ==Voir aussi== ===Notes=== <references /> ===Bibliographie=== * J. Jaubert : ''Chasseurs et artisans du Moustérien'', La Maison des Roches (1999) ISBN 2-912691-05-2 {{Portail|Archéologia|préhistoire}} [[Catégorie:Préhistoire]] [[Catégorie:Paléolithique]] [[Catégorie:Culture archéologique]] [[ca:Mosterià]] [[cs:Moustérien]] [[de:Moustérien]] [[en:Mousterian]] [[eo:Musterio]] [[es:Musteriense]] [[gl:Musteriense]] [[he:התרבות המוסטרית]] [[it:Musteriano]] [[nl:Moustérien]] [[oc:Mosterian]] [[pl:Kultura mustierska]] [[pt:Musteriense]] [[sv:Moustérienkulturen]] [[uk:Мустьєрська культура]]