Murray (fleuve)
624472
31595914
2008-07-15T13:08:34Z
Idioma-bot
192248
robot Modifie: [[ru:Муррей (река)]]
{{Voir homonymes|Murray}}
{{Confusion|texte=Ne doit pas être confondu avec l'autre [[Murray (Australie-Occidentale)|fleuve Murray d'Australie]]}}
{{Infobox Cours d'eau
|nom=Murray
|image=[[Image:Murray river australia.jpg|center|frameless|upright=1.2]]Le Murray à Younghusband
|longueur=2 530
|module=450
|commune=Wentworth
|surf. bass.=1 061 469
|pays=[[Australie]]
|régime=[[Régime pluvial|pluvial complexe]]
|se jette dans=l'[[océan Indien]]
|bass. fluv. coll.=Murray-Darling
}}
Le '''Murray''' (en [[anglais]] : ''Murray River'') est un [[fleuve]] d’[[Australie]] d'une longueur de {{formatnum:2530}} kilomètres de sa source dans la [[Cordillère australienne]] à son embouchure dans l'[[océan Indien]].
Né dans les [[Alpes australiennes]], il draine la partie sud-est du pays et se jette dans l’[[océan Indien]] près d’[[Adélaïde (Australie)|Adélaïde]] après avoir reçu l’apport de ses deux grands affluents : le [[Murrumbidgee]] et surtout le [[Darling River (Australie)|Darling]]. Bien qu'étant le plus [[longueur|long]] d'[[Australie]], le fleuve présente un [[débit]] faible pour un [[Cours d'eau|cours d’eau]] de cette importance en raison des [[précipitation]]s insuffisantes sur les régions qu'il traverse et de l’utilisation massive de ses eaux par l’[[agriculture]] et les villes proches de ses rives.
Le Murray, largement présent dans la mythologie des [[Aborigènes d'Australie|Aborigènes]] (qui l'appelaient ''Millewa''), n’a été exploré qu'au cours de la première moitié du {{XIXe siècle}} par les Européens installés dans le pays mais a joué ensuite un grand rôle dans la mise en valeur de l’Australie grâce à la navigation de nombreux [[bateau à vapeur|bateaux à vapeur]] et au développement des activités agricoles. Sa [[faune (biologie)|faune]] et sa [[flore]] endémiques offrent un riche patrimoine naturel, aujourd’hui menacé par l’introduction d’[[espèce invasive|espèces invasives]] et par la surexploitation de ses eaux.
== Étymologie ==
Le [[fleuve]] porte le nom du secrétaire d'État britannique aux colonies au moment de sa découverte par les Européens, Sir [[George Murray]], que lui a donné l'explorateur [[Charles Sturt]].
== Le milieu naturel ==
=== Géographie ===
[[Image:Murray river (Australia) map-fr.svg|thumb|upright=1.25|Le fleuve Murray]]
Long de {{formatnum:2530}} kilomètres<ref name="britannica">{{en}} Entrée « [http://www.britannica.com/eb/article-9054372/Murray-River Murray River] » de l'[[Encyclopaedia Britannica]]. Consulté le 14 juin 2008.</ref>{{,}}<ref name="bassinmurray">{{en}} [http://rivermurray.com/html/about_the_murray/murray_darling_basin.html {{lang|en|''Murray Darling Basin''}}] sur rivermurray.com. Consulté le 14 juin 2008.</ref> ({{formatnum:1572}} miles), le Murray prend sa source à Forest Hill, à quarante kilomètres au sud du [[Mont Kosciuszko]] dans les [[Alpes australiennes]], à {{formatnum:1800}} mètres d'altitude et draine le versant Ouest de la plus haute chaîne de [[montagne]] du pays puis traverse les plaines intérieures décrivant de nombreux [[méandre]]s, en formant la frontière entre les États du [[Victoria (Australie)|Victoria]] et de la [[Nouvelle-Galles du Sud]]. Son cours, d'abord orienté vers l'ouest-nord-ouest, s'incline en direction du sud (peu après sa rencontre avec le [[Darling]]) pour ses 500 derniers kilomètres à travers l'État de l'[[Australie-Méridionale]]. À son embouchure, le Murray traverse le [[lac Alexandrina (Australie)|lac Alexandrina]] près de la lagune le Coorong avant de se jeter dans l'[[océan Indien]] (dans l'[[océan Austral]] pour les Australiens<ref>{{en}} [http://aadc-maps.aad.gov.au/database/mapcat/antarctica/aust_to_ant_jan04.pdf Cette carte] (site gouvernemental) indique que pour les Australiens, le Murray se jette dans l'[[océan Austral]] car en Australie, l'océan Austral comprend non seulement la zone définie par l'[[Organisation hydrographique internationale]] ou OHI mais englobe aussi toute l'étendue maritime située entre l'Antarctique et les côtes Sud du pays et de Nouvelle-Zélande. Les côtes de [[Tasmanie]] et du Sud de l'Australie sont donc baignées par l’océan Austral et non par l’océan Indien.</ref>) près de [[Goolwa]].
Le Murray fait partie du système fluvial combiné Murray-Darling, long de {{formatnum:3750}} kilomètres, qui draine les terres des États de Victoria, de Nouvelle-Galles du Sud et du sud du [[Queensland]]. Le [[bassin versant|bassin hydrographique]] de ce système couvre une zone de {{formatnum:1061469}} km{{2}} qui représente à elle seule 14% du territoire australien<ref name="bassinmurray" />. Le Murray compte deux affluents principaux sur sa rive droite<ref>La longueur des affluents est donnée d'après les indications de l'[[Encyclopaedia Britannica]].</ref> : le [[Darling River (Australie)|Darling]], long de {{formatnum:2739}} kilomètres qui conflue près de [[Wentworth]], et le [[Murrumbidgee]], qui s'écoule sur {{formatnum:1690}} kilomètres avant de rejoindre le fleuve en amont de [[Robinvale]]. Il reçoit également les eaux de quelques tributaires de plus faible longueur venant de sa rive gauche : les rivières [[Mitta Mitta (rivière)|Mitta Mitta]] (160 kilomètres), [[Kiewa]] (100 kilomètres) et surtout [[Goulburn (rivière)|Goulburn ]] (563 kilomètres).
[[Image:La confluence du Murray et du Darling à Wentworth.JPG|thumb|left|La confluence du Murray et du Darling (au premier plan) à Wentworth]]
Le Murray forme une grande partie de la [[frontière]] qui sépare les États de [[Victoria (Australie)|Victoria]] et de [[Nouvelle-Galles du Sud]]. Il est couramment admis que la frontière est matérialisée par le niveau des plus hautes eaux sur la rive Sud du fleuve (autrement dit, le fleuve est entièrement contenu dans l'État de Nouvelle-Galles du Sud)<ref name="frontière">{{en}} Seamus Bradley, Time to proclaim Victoria's final, ''The Age'', 24 novembre 2004 [http://www.theage.com.au/news/National/Time-to-proclaim-Victorias-final-frontier/2004/11/23/1100972397224.html?from=storylhs Lire en ligne]. Consulté le 14 juin 2008.</ref>. Cette définition de la délimitation entre les deux États n'est pas sans poser de problèmes étant donné que le cours du fleuve a été légèrement modifié depuis que cette frontière a été introduite en [[1851]]<ref name="frontière" />.
À l'ouest du 141{{e}} méridien Est, le Murray sépare sur 3,6 kilomètres l'État de Victoria (au sud) de l'[[Australie-Méridionale]] (au nord). L'explication en est la suivante : le roi [[Guillaume IV du Royaume-Uni|William IV]] décréta en [[1836]], par une [[lettre patente]] impériale portant création de l'État, que la frontière orientale de l'Australie-Méridionale serait le 141{{e}} méridien Est<ref>{{en}}''Letters Patent establishing the Province of South Australia'', Archives nationales d'Australie, 19 février 1836 [http://www.foundingdocs.gov.au/resources/transcripts/sa2_doc_1836.pdf Lire en ligne]. Consulté le 14 juin 2008.</ref>. Mais suite à des erreurs de mesure, les [[Géomètre-expert|géomètres]] de l'époque (Tyers, Wade et White), qui ont travaillé au sud du fleuve, ont placé les bornes de repérage du 141{{e}} méridien 3,6 kilomètres plus à l'ouest que ce qu'ils auraient dû<ref>{{en}} Cette erreur relatée dans [http://www.ga.gov.au/education/facts/dimensions/borders.htm State and Territory Borders] sur le site du gouvernement fédéral australien. Consulté le 14 juin 2008.</ref>{{,}}<ref>Voir cette anomalie sur [http://maps.google.fr/maps?f=q&hl=fr&q=australie&ie=UTF8&ll=-33.99575,141.043854&spn=0.99056,1.867676&z=9&om=1 Google map.] Le préjudice subit est assez important puisque l'Australie-Méridionale se trouve ainsi lésé d'environ 1 300 km{{2}}.</ref>. La frontière séparant le Victoria de l'Australie-Méridionale n'est donc pas alignée avec celle séparant la [[Nouvelle-Galles du Sud]] de l'Australie-Méridionale. De fait, c'est donc le Murray qui fait office de frontière entre les deux États sur près de 3,6 kilomètres en faisant la jonction entre les deux frontières-méridien. Cette affaire a opposé Victoria et Australie méridionale pendant de très longues années et n'a été réglée en [[Appel (justice française)|appel]] qu'en 1914 par le [[Conseil privé (Royaume-Uni)|Conseil privé]] qui décida de maintenir le premier tracé, moyennant le paiement par le Victoria de £{{formatnum:215000}} de dédommagement à l'Australie méridionale.
Après ce point, le fleuve s'écoule entièrement à l'intérieur de l'État d'Australie-Méridionale<ref>{{en}} [http://www.ga.gov.au/education/facts/dimensions/borders.htm Les différentes frontières entre Etats australiens] sur le site du gouvernement fédéral australien. Consulté le 14 juin 2008.</ref>.
=== Hydrologie ===
[[Image:Murray_Bridge.jpg|thumb|left|Ponts de chemin de fer (à gauche) et routier (à droite) sur le lit majeur du Murray à [[Murray Bridge]] en [[Australie-Méridionale]] près de son embouchure.]]
Le Murray ne transporte qu'une très faible quantité d'[[eau]], comparativement à d'autres fleuves de taille semblable dans le monde, et avec de grandes fluctuations de [[débit]] au cours de l'année ; le [[module (hydrologie)|module]] moyen est estimé à 450 m{{3}}/s après la [[confluent|confluence]] avec le [[Darling]] à [[Wentworth]] (soit un [[débit]] spécifique de 0,4 l/s/km², contre 6 l/s/km² pour l'[[Ob]] et 30 l/s/km² pour l'[[Amazone (fleuve)|Amazone]])<ref>Jacques Bethemont, ''Les grands fleuves'', PUF, 2000, p. 21.</ref>. Le chiffre annoncé dans l'article de la Britannica sur le Murray<ref name="britannica" /> de 0,89 m{{3}}/s correspond au débit – presque inexistant – du Murray à son embouchure. Victime d'une forte [[évaporation]], de forts prélèvements destinés aux activités agricoles et à l'alimentation de la ville d'[[Adélaïde (Australie)|Adélaïde]], le fleuve n'apporte que très peu d'eau douce à l'océan<ref>{{en}} Voir Dean Patterson, Dr Doug Treloar et Craig Witt, ''Murray Mouth Management Review of Alternative Schemes'', juin 2004 [http://209.85.135.104/search?q=cache:x7oL3zKJNoMJ:www.dwlbc.sa.gov.au/assets/files/FINALMMaltmgmtreportJun18-04.pdf+Dean+Patterson+Murray+Mouth+Management+Review+of+Alternative+Schemes&hl=fr&ct=clnk&cd=3&gl=fr&client=firefox-a Lire en ligne]. Consulté le 14 juin 2008.</ref>. Cette situation alarmante conduit à l'ensablement progressif de l'[[estuaire]], à la salinisation progressive des plans d'eau situés à son amont et à la grave perturbation d'écosystèmes fragiles. Depuis que les relevés existent, il est déjà arrivé à deux ou trois reprises que le fleuve soit complètement tari en période d'extrême [[sècheresse]]<ref name="britannica" />.
Le [[Régime hydrologique|régime]] du Murray, de type [[Régime pluvial|pluvial]] (l'apport [[Régime nival|nival]] des [[Alpes australiennes]] est trop faible pour avoir une incidence sur le régime général), est complexe car le cours du fleuve traverse des [[climat|milieux climatiques]] différents<ref>André Musy, ''Cours "Hydrologie générale"'', chap. 9 « Les régimes hydrologiques » [http://hydram.epfl.ch/e-drologie/chapitres/chapitre9/chapitre9.html Lire en ligne]. Consulté le 14 juin 2008.</ref>. Toutefois une constante s'impose : les [[précipitations]] se réduisent progressivement de la source à l'embouchure. À partir d'[[Echuca]], à la même [[longitude]] que [[Melbourne]] à 180 kilomètres au nord, la hauteur annuelle descend au-dessous des 400 millimètres ce qui fait pénétrer le cours d'eau dans la zone semi-aride puis, à Mildura, peu avant sa confluence avec le Darling, le Murray franchit l'[[isohyète]] des 300 millimètres pour ne plus pratiquement quitter cette zone à la limite de l'[[Climat désertique|aridité]] jusqu’à son embouchure<ref name="précipitations">[http://www.bom.gov.au/cgi-bin/climate/cgi_bin_scripts/annual-monthly-rainfall.cgi Carte dynamique des précipitations] sur le site du bureau australien de météorologie. Consulté le 14 juin 2008.</ref>. Parallèlement à cette réduction aval des précipitations, l'[[évaporation]] augmente et dépasse largement les apports fournis par les précipitations sur les régions traversées<ref>[http://www.bom.gov.au/cgi-bin/climate/cgi_bin_scripts/evaporation.cgi Carte dynamique de l'évaporation] sur le site du bureau australien de météorologie. Consulté le 14 juin 2008.</ref>.
=== Embouchure ===
[[Image:Lac Alexandrina.png|thumb|right|Le lac Alexandrina]]
Le Murray se jette dans l'[[océan Indien]] au sud de Goolwa<ref>{{lang|en|''South Australia - Murray Mouth - Dredging works - change of Access for small craft''}} (note du ministre des transports Patrick Conlon) donne les coordonnées géographiques.</ref> mais son [[embouchure (géographie)|embouchure]] ne permet pas au fleuve de jouer un grand rôle commercial, contrairement aux espoirs des premiers [[explorateur]]s.
En effet, quand les premiers explorateurs européens sont partis à la recherche de l'embouchure du Murray, ils avaient de grands espoirs de trouver une [[rade]] adaptée à la [[navigation]]. Si tel avait été le cas, le Murray aurait pu être utilisé comme débouché et voie d'entrée naturelle des marchandises exportées et importées dans tout le bassin du Murray. Mais le premier explorateur, le capitaine [[Charles Sturt]], tomba sur une embouchure remplie de pièges pour des [[bateau]]x qui devaient se frayer un passage vers la mer à travers des [[Courant de marée|chenaux]] percés à grand peine par le fleuve et la mer dans le [[banc de sable|cordon littoral]] qui sépare la lagune Coorong de la mer<ref name="sturt">{{en}} [http://www.davidreilly.com/australian_explorers/sturt/sturt.htm L'expédition de Charles Sturt avec une carte de celle-ci] sur Australian Explorers. Consulté le 14 juin 2008.</ref>.
[[Image:L'estuaire du Murray.jpg|thumb|left|L'embouchure du Murray vue du Nord. Au premier plan, le lac Alexandrina avec l'arrivée du Murray sur la gauche ; à l'arrière plan, derrière les îles et presqu'îles, le Coorong séparé de l'Océan par la péninsule Younghusband.]]
De plus, les registres officiels indiquent que la position de ces chenaux a varié au cours de l'histoire. À l'époque où le débit du fleuve était plus puissant et où la mer était plus agitée, le cordon littoral pouvait être entaillé des deux côtés : par le fleuve qui devait se frayer un chemin vers l'océan et par l'océan qui, à marée haute ou en cas de tempête, élargissait les chenaux formés par le fleuve ou réussissait à se faire son propre chemin. De nouveaux passages étaient ainsi créés pendant que d'autres se refermaient ce qui rendait plus difficile encore le passage des bateaux<ref>{{en}} [http://www.islandsofaustralia.com/southaustralia/hindmarshisland/ Les variations de la position de l'embouchure] sur IslandsofAustralia.com. Consulté le 14 juin 2008.</ref>.
À l'heure actuelle, le fleuve s'élargit d'abord dans une vaste étendue d'eau : le [[Lac Alexandrina (Australie)|lac Alexandrina]]<ref>{{en}} Entrée « [http://www.britannica.com/eb/article-9005636/Lake-Alexandrina ''Lake Alexandrina''] de l'[[Encyclopaedia Britannica]]. Consulté le 14 juin 2008.</ref> avant de se heurter à un mur formé par un un chapelet d'[[île]]s réunies par des [[barrage]]s. Il emprunte un chenal contournant par le Nord l'île Hindmarsh, la plus grande des îles, pour se jeter dans la mer après un dernier virage. Tous ces barrages peuvent être ouverts en cas de crue du fleuve mais sont fermés pour empêcher l'océan de remonter de plus de vingt-cinq kilomètres dans le Murray à marée haute et surtout conserver de l'eau douce dans le lac Alexandrina<ref name="embouchure">{{en}} ''Barrage Fishway'', Murray-Darling Basin Inititive [http://www.mdbc.gov.au/__data/page/65/BarrageFishway_long.pdf Lire en ligne]. Consulté le 14 juin 2008.</ref>. Le chenal de Goolwa, long de quelques centaines de mètres est séparé de la mer par un banc de sable : la [[péninsule]] de Sir Richard<ref>{{en}} Mike Hilton et Nick Harvey, ''Management Implications of Exotic Dune Grasses on the Sir Richard Peninsula, South Australia'', Compte-rendu de la conférence Coast to Coast, 2002 [http://www.coastal.crc.org.au/coast2coast2002/proceedings/Theme6/Managemet-implications-exotic-dune-grasses.pdf Lire en ligne]. Consulté le 14 juin 2008.</ref>.
[[Image:Dredge Murray Mouth-2.jpg|thumb|right|Dragage de l'estuaire du Murray vu depuis l'île d'Hindmarsh.]]
Il se prolonge au sud-est sur plus de cent kilomètres par la lagune Coorong séparée de l'océan par la péninsule Younghusband<ref name="embouchure" />.
Comme l'eau du fleuve est utilisée par les fermiers pour l'[[irrigation]] dans quatre États australiens et l'alimentation en eau de la plupart des villes le long du fleuve et d'autres villes reliées par [[aqueduc]]s, il en résulte une chute du débit et un [[Vase (mer)|envasement]] de l'estuaire qui est un des signes les plus visibles de la surexploitation du fleuve<ref>{{en}} ''Water Allocation Plan for the River Murray'', River Murray Catchment Water Management Board, Government of South Australia [http://www.rivermurray.sa.gov.au/about/pdfs/wap_final_lowres.pdf Lire en ligne]. Consulté le 14 juin 2008.</ref>. Une opération de dragage de l'embouchure a été mise en route en octobre 2002 afin de maintenir un écoulement minimum dans la mer et la lagune de Coorong<ref>{{en}} [http://www.mdbc.gov.au/__data/page/701/1part1.pdf Les opérations de dragage] sur le site du ministère de l'environnement australien. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. Sans ce dragage permanent, l'embouchure serait envahie de vase et finirait par se boucher, interrompant ainsi l'approvisionnement en eau de mer de la lagune, ce qui pourrait à terme provoquer son réchauffement, son croupissement et sa disparition. Au milieu de l'année [[2006]], suite à l'amélioration notable de la situation, il a été décidé de réduire l'ampleur de l'opération en passant de deux [[Drague (navire de services)|machines de dragage]] à une seule. Un opérateur privé assure maintenant la liaison entre Goolwa et Coorong en traversant l'embouchure du fleuve<ref>{{en}} [http://www.ministers.sa.gov.au/news.php?id=249 ''Murray Mouth dredging reaches milestone''], publié le 7 juin 2006 sur le site du gouvernement d'Australie-Méridionale. Consulté le 15 juin 2008.</ref>.
=== Histoire géologique ===
L'[[géologie|histoire géologique]] du fleuve qui remonte à 65 millions d'années<ref name="géologie">{{en}} [http://www.savethemurray.com/facts_geological_history.php ''Geological History''] sur www.savethemurray.com. Consulté le 15 juin 2008.</ref> est marquée par deux faits importants : l'existence d'un immense [[lac]] dans son actuelle région aval, le lac Bungunnia, et la formation près d'Echuca d'une [[faille]] après un mouvement de terrain, la faille de Cadell (du nom du premier explorateur qui descendit le fleuve en canot), qui a permis le développement des célèbres forêts d'[[eucalyptus]] de Barmah.
==== Le lac Bungunnia ====
[[Image:Australian-Lungfish.jpg|right|thumb|Le Neoceratodus forsteri]]
Durant une longue période comprise entre 2,5 et 0,6 millions d'années, le cours du Murray s'achevait dans un immense lac d'eau douce (phénomène d'[[endoréisme]]), le lac « Bungunnia », aujourd'hui disparu<ref name="géologie" />. Ce lac s'était formé à l'issue d'un mouvement tectonique qui eut lieu voilà 2,5 millions d'années et qui bloqua l'écoulement du fleuve à proximité de la ville actuelle de [[Swan Reach]]<ref name="bungannia">{{en}} ''The Cainozoic Evolution of Murray Basin'', Université de Wollongong [http://www.library.uow.edu.au/adt-NWU/uploads/approved/adt-NWU20050909.141124/public/04Chapter3.pdf Lire en ligne], p. 31. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. Lors de sa plus grande extension géographique, le lac avait une superficie de 33 000 km{{2}}, s'étendant jusqu'au lac Menindee au nord et jusqu’à « Boundary Bend » au sud<ref name="bungannia" />. La rupture du barrage retenant l'eau, la reprise de l'écoulement et le tarissement du lac Bungunnia il y a environ 0,7 à 0,6 million d'années ont dû être des événements déterminants pour l'évolution de la flore et la faune de la région<ref>{{en}} ''The Cainozoic Evolution of Murray Basin'', Université de Wollongong [http://www.library.uow.edu.au/adt-NWU/uploads/approved/adt-NWU20050909.141124/public/04Chapter3.pdf Lire en ligne], p. 33. Consulté le 15 juin 2008.</ref>.
Les épaisses couches d'[[argile]] déposées au fond du lac sont encore visibles sur les [[falaise]]s autour de Chowilla en [[Australie-Méridionale]] et sont les traces d'un haut niveau d'eau dans le lac. Des chutes de [[pluie]] très importantes ont été nécessaires pour conserver un tel niveau et le tarissement du lac Bungunnia semble correspondre à la fin d'une période humide dans l'histoire du bassin fluvial Murray-Darling et au début de conditions arides similaires à celles que l'on connaît de nos jours<ref>{{en}} ''The Cainozoic Evolution of Murray Basin'', Université de Wollongong [http://www.library.uow.edu.au/adt-NWU/uploads/approved/adt-NWU20050909.141124/public/04Chapter3.pdf Lire en ligne], p. 36. Consulté le 15 juin 2008.</ref>.
Une espèce de poisson [[dipnoi|dipneuste]], le ''[[Neoceratodus forsteri]]'', vivait dans le lac Bungunnia<ref>{{en}} Sur le Neoceratodus + carte du lac et quelques photographies du Murray, in ''The origin of Blanchetown Clay & the riddle of the Rainbow Cliffs'' [http://users.esc.net.au/~pereilly/prom.htm Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref> ; on ne le trouve aujourd'hui que dans quelques rivières du [[Queensland]].
==== La faille de Cadell et la formation des forêts d'eucalyptus de Barmah ====
[[Image:700 yr red river gum.jpg|thumb|left|upright=0.5|Gommier rouge]]
Les célèbres [[forêt]]s de [[gommier rouge|gommiers rouges]] de [[Barmah]] doivent leur existence à la faille de [[Francis Cadell|Cadell]]. Voilà environ 20 000 ans, le Murray coulait au nord d'[[Echuca]] et c'est une autre rivière, le [[Goulburn]], qui traversait cette ville lorsqu'un mouvement de terrain, qui créa la faille de Cadell entre [[Deniliquin]] et [[Moama]], souleva le côté ouest de la faille (orientée nord-sud) de huit à douze mètres et bloqua l'écoulement des eaux<ref name="gommiers">{{en}} Cet événement tectonique, le formation de la forêt de Barmah et quelques idées de découverte de cette dernière in ''Barmah State Park, Barmah Forest, Moira Forest, Millewa Forest and Gulpa Island'' sur le site du gouvernement de Nouvelle-Galles-du sud. [http://www.murray.nsw.gov.au/files/1004/File/Forest.pdf Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. La portion du fleuve située en aval de la faille fut asséchée. Ce [[chenal]] pratiquement à sec existe encore aujourd'hui et est connu sous le nom de ''Green Gully'' (la rigole verte)<ref name="gommiers" />. Le Murray forma un lac qui put se déverser par plusieurs exutoires : l'actuel Gulpa en fut l'un des premiers. Le Murray s'écoula aussi vers le nord en contournant la faille de Cadell, créant le bras appelé rivière Edward par où s'écoule encore de nos jours la plus grande partie des eaux du Murray qui va rejoindre l'ancien cours du Murray à Barham<ref name="gommiers" />. Une autre partie de l'eau du Murray a réussi à passer au dessus du barrage près de Barmah, à creuser un chenal, à s'écouler vers le sud et à rejoindre le lit de la Goulburn. Encore à l'heure actuelle, le chenal qui s'est progressivement agrandi au cours du temps présente des passages étroits : ''Barmah Choke'' (Défilé de Barmah) et ''The Narrows'' (les Goulets) – lieu où le canal est anormalement étroit. Ce bras du Murray qui a annexé la portion aval de la Goulburn va rejoindre son ancien lit bien en aval<ref name="gommiers" />.
[[Image:Murray (fleuve).jpg|thumb|right|Le Murray au milieu de gommiers rouges.]]
Cette série d'événements complexes a eu d'importantes conséquences : alors que sur le reste de son parcours le fleuve a eu largement le temps de creuser un [[chenal]] qui peut contenir le fleuve même en périodes de hautes eaux, les nouveaux bras (l'Edward au nord, le Goulburn au sud ainsi que plusieurs petits autres bras) n'en ont pas eu le temps<ref name="gommiers" />. En cas de hautes eaux, le fleuve sort de son lit pour s'étaler sur toutes les basses terres environnantes et de nombreuses zones peu élevées situées à proximité, offrant ainsi des conditions idéales au développement rapide des gommiers rouges, une variété d'[[eucalyptus]]<ref> Quelques petits films pour découvrir la forêt de gommiers rouges. [http://www.path.unimelb.edu.au/~bernardk/Victoria/virtual/vr/barmah.html Regarder en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. La formation des forêts de gommiers rouges de Barmah est ainsi la conséquence directe du déplacement de la faille de Cadell, il y a de cela 20 000 ans<ref name="gommiers" />.
[[Image:Barmah1.png|thumb|left|Barmah, seule ville de l'État de Victoria à avoir une portion de Nouvelle-Galles du sud ... au sud]]
En amont, le ''Barmah Choke'' et ''The Narrows'' ne permettent qu'à une faible quantité d'eau de s'écouler dans ce bras du Murray. Il s'en suit qu'en période d'[[inondation]] ou d'[[irrigation]] importante, la majorité de l'eau qui ne peut passer par le défilé inonde les forêts de gommiers rouges et s'évacue vers le nord, par le bras de l'Edward. Le Murray n'a pas en effet un débit suffisant pour élargir les défilés et ainsi augmenter la quantité d'eau qu'elle peut évacuer<ref name="gommiers" />.
Autre particularité : la ville de [[Barmah]], située dans l'État du [[Victoria (Australie)|Victoria]], a une situation inhabituelle pour une ville de cette division administrative. Par suite de la [[méandre|boucle]] faite par le bras Sud du Murray, elle se trouve au nord d'une avancée de la [[Nouvelle-Galles du Sud]], alors que toutes les autres villes (comme [[Echuca]], l'agglomération la plus proche) du [[Victoria (Australie)|Victoria]] se trouvent au sud de l'État voisin comme on peut le voir sur une carte de la région. En effet, le Murray qui coule d'est en ouest au nord de [[Barmah]] va tout de suite après la ville se heurter à la faille de Cadell, changer complètement de direction pour aller vers le sud-est, passer en dessous de [[Barmah]] avant de rejoindre le lit de la [[Goulburn (rivière)|Goulburn]] et repartir vers l'ouest. Ce Z inversé dessiné par le fleuve est à l'origine de la particularité géographique de la ville en créant une poche de [[Nouvelle-Galles du Sud]] en dessous d'une ville de l'État de [[Victoria (Australie)|Victoria]]<ref>Voir carte jointe au texte.</ref>.
La faille de Cadell est assez remarquable car il s'agit d'une [[digue]] en terre, continue et basse semblant former une voie pour mener à Barmah depuis l'ouest et qui peut paraître être l'œuvre de l'homme pour un œil non averti<ref>{{en}} Rapport annuel 2004-2005 de la Murray Darling Basin Commission, 89 pages [http://www.mdbc.gov.au/subs/annual_reports/ar0405/2_river_murray_water.htm Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref>.
=== Faune ===
{{Article détaillé|Faune d'Australie}}
Le Murray et ses [[affluent]]s subviennent aux besoins d'une [[faune (biologie)|faune]] unique en son genre et adaptée à ses caprices. On y trouve notamment un grande diversité de poissons autochtones<ref name="poissons">{{en}} [http://www.dpi.vic.gov.au/angling/Introduction/MurrayRiver.htm Les différentes espèces de poissons du Murray] sur le site du gouvernement du Victoria - Department of Primary Industries. Consulté le 15 juin 2008.</ref> parmi lesquels la [[morue de Murray]], la ''[[Maccullochella macquariensis]]'', la [[Macquaria ambigua|perche dorée]], la [[perche Macquarie]], la [[perche argentée]], le [[poisson-chat tandanus]], l'[[éperlan australien]] et l'[[Hypseleotris klunzingeri]] ainsi que d'autres espèces aquatiques telles que la [[tortue du Murray]], l'[[Cherax destructor|écrevisse de Murray]] ou la [[crevette géante d'eau douce]]. Mais il est également possible d'y observer des espèces communes à tout le Sud-Est de l'Australie comme la [[tortue à long cou]], l'[[écrevisse|écrevisse commune]], la crevette ''Parataya'', le [[Hydromys chrysogaster|rat d'eau]] et l'[[ornithorynque]]<ref name="faune">{{en}} [http://getaway.ninemsn.com.au/article.aspx?id=258317 Détails sur la faune et la flore du Murray] sur Getaway Fact sheets. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. Le Murray fournit également l'eau nécessaire aux célèbres [[Gommier rouge|gommiers rouges]] poussant sur ses rives et aux forêts environnantes.
La santé du fleuve a fortement décliné depuis la [[colonisation]] européenne, notamment à cause des régulations fluviales ; de nombreuses espèces aquatiques sont désormais menacées, vulnérables ou en voie de disparition<ref>{{en}} [http://www.savethemurray.com/facts_native_fish.php Les menaces pesant sur de nombreuses espèces aquatiques.] sur savethemurray.com. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. Les récentes grandes sécheresses de [[2000]] à [[2007]] ont mis les forêts de [[gommier rouge|gommiers rouges]] en danger, mettant en péril leur survie à long terme<ref name="faune" />.
Les espèces de poissons introduites telles que la [[carpe (poisson)|carpe]], la [[gambusie]], la loche d'étang<ref>[http://195.167.226.100/poissons/poi_pm5.html Description de la loche d'étang] sur le site du système d'information sur l'eau du bassin Rhône-Méditerranée. Consulté le 15 juin 2008.</ref>, la [[perche commune]] et la [[truite fario]] ont eu des incidences très négatives sur la population piscicole d'origine. La carpe a également contribué à la dégradation environnementale du fleuve et de ses affluents en détruisant la [[flore]] aquatique et en augmentant l'opacité des eaux. Certaines portions du fleuve ne sont ainsi plus habitées que par des carpes<ref name="poissons" />.
<center>Quelques-unes des espèces présentes dans le Murray :
<gallery>
Image:Platypus.jpg|[[Ornithorynque]]
Image:Mosquitofish.jpg|[[Gambusie]]
Image:Cherax destructor (Cyan yabby).jpg|[[Écrevisse de Murray]]
Image:800px-Macquarie perch.jpg|[[Perche Macquarie]]
</gallery>
</center>
== Histoire ==
=== Mythologie ===
{{Article détaillé|Mythologie aborigène}}
[[Image:Murray cod02 melb aquarium.jpg|thumb|left|Pondi ou morue de Murray]]
En tant que système fluvial majeur dans un des continents les plus secs du monde, le Murray fait partie intégrante de la culture [[Aborigènes d'Australie|aborigène]] dans laquelle il était connu sous le nom de ''Millewa''<ref>{{en}} [http://www.albury-wodonga.com/docs/history.htm Le nom aborigène du Murray] sur le site de la ville d'Albury-Wodonga. Consulté le 15 juin 2008.</ref> (en fait, il s'agit du [[toponyme]] le plus répandu car étant donné la longueur du cours d'eau, des dizaines de tribus aborigènes habitaient sur ses rives et lui donnaient un nom différent). Selon les peuples du [[lac Alexandrina (Australie)|lac Alexandrina]], le fleuve aurait été créé par les empreintes laissées par le ''Grand Ancêtre'' Ngurunderi alors qu'il pourchassait Pondi, la [[morue de Murray]]. La poursuite débuta à l'intérieur de la Nouvelle-Galles du Sud. Ngurunderi poursuivit le poisson (qui est souvent représenté sous des traits humains à l'instar de nombreux [[Totem (Indiens d'Amérique)|totems]] aborigènes) sur un [[radeau]] en bois d'eucalyptus en lui décochant des flèches sans relâche<ref>{{en}} La morue de Murray et sa place dans la culture aborigène in John Kean, ''Cod Talk'' [http://netsvictoria.org/MurrayCod/Q&A_John_Kean.pdf Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. Mais Pondi était une proie rusée et creusa un labyrinthe d'affluents. Ngurunderi fut contraint d'accoster avec son radeau et d'en construire souvent de nouveaux à chaque traversée des affluents<ref name="ancêtre">{{en}} Dossier complet sur les pérégrinations du grand ancêtre Ngurunderi in ''Ngarrindjeri Nation Yarluwar-ruwe plan'' sur le site du ministère de l'environnement australien [http://www.environment.gov.au/indigenous/publications/pubs/ngarrindjeri-scp-2006-1.pdf Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref>.
À Kobathatang, la chance tourna et Ngurunderi réussit finalement à toucher Pondi à la queue avec une de ses flèches. Cependant, la secousse fut si grande qu'elle propulsa le poisson jusqu’à [[Peindjalang]], près de Tailem Bend. Voulant rectifier son erreur, le chasseur et ses deux femmes (deux sœurs, parfois épouses de Waku et Kanu) se dépêchèrent et prirent position sur la [[falaise]] de Tailem Bend. Ils tendirent une embuscade à Pondi qui échoua à nouveau<ref name="ancêtre" />. Ngurunderi se remit en chasse mais perdit sa trace quand Pondi plongea dans le lac Alexandrina. Ngurunderi s'installa alors avec ses femmes sur les rives du lac mais la pêche ne fut pas fructueuse à cause de l'attaque d'un monstre aquatique connu sous le nom de Muldjewangk. Ils changèrent alors d'endroit et s'installèrent près d'Ashville. Les deux sommets du Mont Misery sont sensés être les vestiges de ses radeaux. Ils sont connus sous le nom de ''Lalangengall'' ou de ''Two Watercraft'' (littéralement, les « deux bateaux »)<ref name="ancêtre" />.
Étonnamment, cette histoire de [[chasseur]] à la poursuite d'une morue de Murray qui creusa le Murray persiste sous de nombreuses formes dans des groupes linguistiques différents habitant une zone immense traversée par le Murray. Le peuple [[Wotojobaluk]] de Victoria parle notamment d'un certain ''Totyerguil'' des environs de [[Swan Hill]] qui vint à court de flèches alors qu'il chassait la morue ''Otchtout''.
=== Exploration européenne ===
{{Article détaillé|Charles Sturt}}
[[Image:Baudin nicolas.jpg|thumb|left|upright=0.7|Nicolas Baudin]]
L'existence du Murray fut supposée bien avant sa découverte effective par les [[Europe|Européens]]. À la fin du {{XVIIIe siècle}}, en effet, leur connaissance de la [[Côte (géographie)|côte]] orientale de ce que l'on appelle aujourd'hui l'[[Australie]] augmenta rapidement grâce à plusieurs expéditions maritimes anglaises ou [[France|françaises]] et à l'établissement d'une colonie pénitentiaire à [[Botany Bay]]. Dès lors, ils remarquèrent que ce long [[littoral]] sur l'[[océan Pacifique]] était tout aussi dépourvu d'embouchures importantes que les rivages continus sommairement [[Cartographie|cartographiés]] par les [[Pays-Bas|Hollandais]] depuis deux siècles au nord et à l'ouest, face à l'actuelle [[Indonésie]] et à l'[[océan Indien]]. Pour l'expliquer, et forts de la découverte de l'[[archipel]] [[Nouvelle-Zélande|néo-zélandais]], laquelle discréditait la croyance en l'existence d'un vaste [[continent]] [[Hémisphère Sud|austral]] d'un seul tenant, les géographes soutinrent l'[[hypothèse]] d'un bras de mer courant entre le fond du [[golfe de Carpentarie]] et les terres jamais visitées situées entre le [[cap Leeuwin]] à l'ouest et la Terre de Diémen, soit l'actuelle [[Tasmanie]], à l'est<ref name="découvreurs">''Découvreurs et conquérants, La grande aventure des explorations'', Vol. 7, p. 1842-1858.</ref>. Selon ce schéma, un long [[détroit]] divisait donc en deux [[île]]s de taille semblable le vaste ensemble [[Mythe|mythique]] jusqu'alors appelé [[Terra Australis]] et recevait les eaux de leurs principaux [[cours d'eau]], en tout cas ceux du bloc oriental, car de l'autre côté la [[rivière Swan]] était déjà connue. Ainsi, on imagina très tôt qu'une grande rivière plus ou moins parallèle à l'[[Équateur (ligne équinoxiale)|équateur]] courait d'est en ouest puis se jetait dans un plan d'eau communiquant avec la côte sud<ref name="découvreurs" />.
[[Image:FrancisCadell.jpg|right|thumb|upright=0.7|Francis Cadell]]
Bientôt, la concurrence entre puissances européennes ayant été réactivée par la [[Révolution française]], la reconnaissance de cette côte inconnue censée être arrosée par un fleuve capable de fournir de l'[[eau potable]] en abondance dans une région [[Tropique du Capricorne|tropicale]] par ailleurs aride devint un enjeu [[Stratégie|géostratégique]] d'importance : elle laissait entrevoir la possibilité d'un contrôle maritime d'une vaste partie du [[globe terrestre]] à partir d'une nouvelle [[Colonie de peuplement|colonie]] qui servirait de lieu d'[[escale]]. [[Napoléon Ier|Napoléon]] initia donc un [[voyage d'exploration scientifique]] en vue de dresser un plan de la zone et de trouver le débouché du détroit ou du cours d'eau<ref name="baudin">{{en}} [http://www.hi.com.au/resource/rfactsa.asp?kla=13&subtopicid=3567 L'expédition de Nicolas Baudin] sur hi.com.au. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. Mais l'[[expédition Baudin|expédition vers les Terres Australes]] partie du [[Le Havre|Havre]] sous le commandement de [[Nicolas Baudin]] en [[octobre 1800]] dut conclure à l'absence de toute embouchure : elle fut divertie par une rencontre inattendue avec [[Matthew Flinders]] dans la [[baie de la Rencontre]], à seulement quelques kilomètres de l'entrée du [[Lac Alexandrina (Australie)|lac Alexandrina]], qu'aucun des explorateurs ne remarqua<ref name="baudin" />.
Dès lors, les premiers Européens à explorer le Murray furent [[Hamilton Hume]] et [[William Hovell]] qui, en [[1824]], le traversèrent au niveau de l'actuelle [[Albury (Nouvelle Galles-du-Sud)|Albury]] : ils le nommèrent ''Hume River'' en l'honneur du père du premier<ref>{{en}} ''Explorers of Australia : Hamilton Hume (1797- 1872) and William Hovell (1786-1875)'' [http://www.kidcyber.com.au/topics/humenhovell.htm Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. En [[1830]], le capitaine [[Charles Sturt]] atteignit le fleuve en descendant le cours d'un affluent, le [[Murrumbidgee]], et le nomma ''Murray River'' en l'honneur de Sir George Murray<ref>{{en}} ''Significant Scots, Sir George Murray'' sur electricscotland.com. [http://www.electricscotland.com/history/men/murray_george.htm Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref>, le secrétaire d'État britannique aux colonies depuis [[1828]], sans se rendre compte qu'il s'agissait en fait du même fleuve découvert précédemment par Hume et Hovell. Sturt longea le reste du fleuve jusqu’à atteindre le lac Alexandrina et l'embouchure du fleuve<ref name="sturt" />. Cette dernière fut explorée plus minutieusement par Collet Barker en [[1831]]<ref>{{en}} J. Bach, ''Barker, Collet (1784 - 1831)'', Australian Dictionary of Biography [http://www.adb.online.anu.edu.au/biogs/A010054b.htm Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. En [[1852]], [[Francis Cadell]] construisit un canoë et devint le premier Européen à descendre le fleuve dans sa totalité<ref>{{en}} Ian Mudie, ''Cadell, Francis (1822 - 1879)'', Australian Dictionary of Biography [http://www.adb.online.anu.edu.au/biogs/A030300b.htm Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref>.
En [[1856]] et [[1857]], le zoologiste du Gouvernement, [[William Blandowski]], en compagnie de [[Gerard Krefft]], explora les abords des fleuves Murray et Darling et dressa une liste des différents oiseaux et mammifères qui s'y trouvent. Au cours de leur expédition, ils ont recueilli 17 400 spécimens et ont identifié un grand nombre de nouvelles espèces<ref>{{en}} L. K. Paszkowski, ''Blandowski, William (1822 - 1878)'', Australian Dictionary of Biography [http://www.adb.online.anu.edu.au/biogs/A030174b.htm. Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref>.
=== Transport fluvial ===
[[Image:PS Murray Princess 3.JPG|thumb|left|Le Murray Princess, le plus gros bateau à aube en opération sur le Murray.]]
La mauvaise qualité de l'[[estuaire]] empêche tout bateau d'entrer dans le Murray à partir de la mer. Cependant, au {{XIXe siècle}}, le fleuve fut le lieu d'un important trafic commercial qui utilisa les [[bateau à vapeur|bateaux à vapeur]] à fond plat. Les premiers voyages ont été effectués par deux navires de l'Australie Méridionale lors de la crue printanière de [[1853]]. L'un d'eux, le ''Lady Augusta'', atteignit Swan Hill pendant que l'autre, le ''Mary Ann'', se dirigea sur [[Moama]] (près d'[[Echuca]])<ref>{{en}} [http://users.esc.net.au/~pereilly/myth.htm Chronologie sur la première navigation] sur le site du Murray River Heritage. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. En [[1855]], un bateau à vapeur transportant du minerai d'or atteignit Albury alors que les embarcations avaient l'habitude de faire demi-tour à [[Echuca]]. Seuls les petits bateaux reliaient les villes plus en amont telles que [[Tocumwal]], [[Wahgunyah]] et [[Albury (Nouvelle Galles-du-Sud)|Albury]]<ref name="navigation">{{en}} ''History from the Murray River Charts'', Murray River History [http://www.murrayriver.com.au/history/murraycharts.htm Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref>.
L'arrivée des transports à vapeur fut bien accueillie par les éleveurs qui souffraient d'une pénurie de transport due à la concurrence liée aux grands besoins des gisements d'[[or]]. En [[1860]], 17 bateaux à vapeur naviguaient pendant les hautes eaux sur le fleuve Murray et ses affluents<ref name="navigation" />. Avec l'arrivée du [[chemin de fer]] à Echuca en [[1864]]<ref>{{en}} [http://www.railwaymuseum.org.au/history.html Chronologie du chemin de fer dans l'Etat de Victoria] sur railwaymuseum.org.au. Consulté le 15 juin 2008.</ref>, l'essentiel des ballots de [[laine]] en provenance de Riverina fut transporté par le fleuve jusqu’à Echuca puis acheminé par train jusqu’à [[Melbourne]]. Le fleuve Murray était alors infesté de « chicots », des arbres tombés à l'eau. Des efforts considérables ont été faits pour maintenir le trafic fluvial en utilisant des barges équipées de leviers à vapeur pour dégager les chicots et rétablir la navigabilité du fleuve. Ces derniers temps, des efforts ont été faits pour restaurer plusieurs de ces chicots en plaçant à nouveau des gommiers morts dans le fleuve. L'objectif principal est de rétablir un habitat propice à la reproduction de plusieurs espèces de poissons.
[[Image:Night travel on the Murray c1880.jpg|thumb|right|Gravure d'un bateau à vapeur sur le Murray de nuit, vers [[1880]].]]
La quantité et la qualité du commerce fluvial ont fait d'Echuca le second port de l'État de [[Victoria (Australie)|Victoria]], lequel a connu un important développement dans les années 1870. À cette époque, près d'une trentaine de bateaux à vapeur et un nombre équivalent de barges étaient en opération sur le fleuve en haute saison. Le trafic fluvial commença à décliner au fur et à mesure que le [[chemin de fer]] desservait les villes situées le long du fleuve<ref name="navigation" />. Le niveau capricieux du fleuve a fini d'achever le transport fluvial qui n'a pu rivaliser ni avec le rail ni, plus tard, avec le transport routier.
Le fleuve continue toutefois d'être emprunté par des bateaux de plaisance<ref>[http://www.australianportraits.com/video/murray/default.htm Des vidéos à charger sur la navigation sur le Murray] sur australianportraits.com. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. À l'heure actuelle, la majorité du trafic est liée aux activités de loisirs comme le [[ski nautique]] ou la [[Pêche (halieutique)|pêche]]. Les maisons [[péniche]]s y sont courantes que ce soit comme logement permanent ou à la location. Il y a également un grand nombre de vieux bateaux à [[aube (mécanique)|aube]]s ainsi que des navires plus récents qui proposent des croisières pouvant durer d'une demi-heure à cinq jours<ref name="navigation" />.
== Aménagements et menaces sur le fleuve ==
=== Ponts et traversées ===
[[Image:BethangaBridgeHumeDamMurrayRiver.jpg|left|thumb|Le Murray et le pont Bethanga.]]
Pour permettre aux bateaux de naviguer sur le fleuve même en période d'[[inondation]], il est nécessaire d'avoir une voie large et dégagée. Si l'on considère en plus la faible densité de population et la faible circulation qui en résulte en [[Australie-Méridionale]], on peut comprendre le nombre peu élevé de [[pont]]s dans cet État. La plupart des traversées s'effectuent grâce à des [[bac à traille|trailles]], des [[Bac (bateau)|bacs]] ou des [[Ferry (bateau)|ferrys]] qui traversent le long d'un câble tendu entre les deux berges<ref name="ponts">{{en}} La traversée du Murray in ''The River Murray in South Australia'' sur le site du gouvernement d'Australie Méridionale [http://www.slsa.sa.gov.au/murray/content/riverAsHighway/crossingIntro.htm Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. Ces trailles sont gérées par le Département des Transports de l'Australie-Méridionale et sont gratuites, tout comme les ponts.
Le fleuve matérialise non seulement la frontière entre les États actuels de [[Victoria (Australie)|Victoria]] et de [[Nouvelle-Galles du Sud]] mais également entre les anciennes colonies et leurs postes de douanes. De ce fait, on retrouve bien souvent une ville de chaque côté du Murray.
Par ailleurs, la plupart des ponts en aval d'Echuca sont des ponts basculants afin de permettre le trafic des bateaux à aube et ce quelle que soit la hauteur du fleuve<ref name="ponts" />.
Tous les ponts sont de la responsabilité des deux États à l'exception des ponts de Hume, Newell et Sturt qui sont sous la juridiction du Gouvernement Fédéral<ref>{{en}} ''Murray Bridge South Australia Railway and Riverboat Heritage'', Murray River Hisrory [http://www.slsa.sa.gov.au/murray/content/riverAsHighway/crossingIntro.htm Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref>.
{{clr}}
=== Écluses ===
[[Image:Murray - Ecluse 11 près de Mildura.jpg|thumb|right|L'écluse n°11 près de Mildura]]
Pour permettre une navigation toute l'année sur le fleuve, les différents gouvernements de la région entreprirent de faire construire vingt-six [[barrage]]s et [[écluse]]s sur le cours d'eau pour permettre un tirant d'eau permanent de 3,10 mètres sur toute la longueur navigable du fleuve. Le premier ensemble fut achevé près de [[Blanchetown]] en [[1922]]. Mais seuls treize furent construits : les ensembles un à onze sur la portion en aval de [[Mildura]] (ce qui permet de rendre le fleuve navigable sur ses 930 derniers kilomètres entre l'océan et la ville de Nangiloc), le numéro quinze à [[Robinvale]] (le dernier à être construit, achevé en [[1937]]) et le numéro vingt-six à Torrumbarry. La construction des ensembles restants (douze à quatorze et seize à vingt-cinq) fut définitivement abandonnée en [[1934]] par suite du déclin du trafic fluvial concurrencé par le rail<ref name="ecluses">{{en}} [http://www2.mdbc.gov.au/river_murray/river_murray_system/locks_and_weirs/locks_and_weirs.htm ''Locks and Weirs''] sur le site de la Murray-Darling Basin Commission. Consulté le 15 juin 2008.</ref>.
Chaque écluse est associée à un barrage chargé de maintenir constant le niveau d'eau du fleuve en amont. Ceci est rendu possible par des panneaux mobiles qui restent fermés en cas de faible [[débit]] et qui sont plus ou moins ouverts lorsque le débit est trop fort pour passer par le seul sas de passage. En cas d'inondation, toutes les panneaux peuvent être ouverts et l'ouvrage immergé<ref>{{en}} [http://www2.mdbc.gov.au/river_murray/river_murray_system/locks_and_weirs/design.htm ''Design and operation of Locks and Weirs''] sur le site de la Murray-Darling Basin Commission. Consulté le 15 juin 2008.</ref>.
L'écluse numéro onze et le barrage associé, au niveau de Mildura, créent dans le [[bief (sur un cours d'eau)|bief]] amont une retenue longue de cent kilomètres aidant à l'irrigation des champs de [[Mildura]] et [[Red Cliffs]]<ref>{{en}} [http://www2.mdbc.gov.au/river_murray/river_murray_system/mildura/mildura.htm ''Mildura Weir''] sur le site de la Murray-Darling Basin Commission. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. Ils ont la particularité d'être construits sur une boucle du fleuve : le barrage, haut de sept mètres et long de 61,5 mètres a coupé le cours du fleuve à l'entrée de la boucle et l'écluse a été construite sur un [[Canal (voie navigable)|canal]] formant la corde de la boucle de sorte que l'ensemble a isolé une île entre fleuve et canal. Le barrage a aussi une autre particularité : il est formé de vingt-quatre portes mobiles pesant chacune onze tonnes qui peuvent être retirées du cours du fleuve en cas d'inondation et entreposées dans l'île<ref>{{en}} [http://www.g-mwater.com.au/water-resources/storages/murray/milduraweir/ ''Mildura Weir''] sur le site de la Goulburn -Murray Water. Consulté le 15 juin 2008.</ref>.
=== Barrages ===
[[Image:Hume Dam.jpg|right|thumb|Le barrage du lac Hume au confluent du Murray et de la rivière Mitta Mitta.]]
Quatre grandes retenues d'eau ont été construites le long du Murray : les [[lac]]s artificiels [[lac Victoria (Australie)|Victoria]] (terminé à la fin des années 1920), [[Lac Hume (Australie)|Hume]] près d'[[Albury (Nouvelle-Galles du Sud)|Albury]]-[[Wodonga]] (fini en [[1936]]), Mulwala à Yarrawonga (achevé en [[1939]]) et Dartmouth (mis en service en [[1979]]) qui se trouve en fait sur la rivière [[Mitta Mitta (rivière)|Mitta Mitta]] en amont du [[lac Hume (Australie)|lac Hume]]. Le Murray reçoit également une grande partie des eaux de la Snowy River, une rivière située sur le versant Est des [[Alpes australiennes]] et qui se jette très rapidement dans le Pacifique à Marlo, dans l'état de [[Victoria (Australie)|Victoria]]<ref>{{en}} [http://rivermurray.com/html/about_the_murray/locks_weirs_dams.html ''Locks, Weirs, Dams and Barrages''] sur rivermurray.com. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. Dans les années 1950 ont été construits des barrages, des [[Canal d'irrigation|canaux]] et un [[aqueduc]] souterrain passant sous la montagne qui obligeaient 99% de l'eau à passer sur l'autre versant en permettant ainsi d'augmenter le débit du Murray. Mais les protestations des habitants du [[versant]] est ont conduit à ramener ce pourcentage à 72%.
[[Image:Murray berri.jpg|left|thumb|Cimetière d'eucalyptus sur les berges du Murray, près de Berri.]]
Ces barrages ont complètement bouleversé le comportement normal du fleuve au niveau de l'écoulement. On est ainsi passé de hautes eaux en hiver et au printemps et de basses eaux en été et en automne à de basses eaux en hiver et de hautes eaux en été<ref name="sel">{{en}} [http://www.fishsa.com/barrages.php La surexploitation des eaux du Murray et la salinisation de ses eaux] sur le site : South Australia's Ultimate Fishing Resource Guide (www.fishsa.com). Consulté le 15 juin 2008.</ref>. Ces changements ont permis d'avoir de l'eau à disposition pour l'[[irrigation]], faisant ainsi de la vallée du Murray la région agricole la plus productive d'Australie. Mais ils ont sérieusement perturbé les cycles naturels de beaucoup d'[[écosystème]]s que ce soit dans ou en dehors du fleuve. L'irrigation a par ailleurs conduit à la salinisation des terres qui menace aujourd'hui l'agriculture<ref name="sel" />.
La perturbation du rythme fluvial, les rejets de l'[[agriculture]] et l'introduction d'espèces parasites comme la carpe européenne ont causé de sérieux dégâts à l'environnement tout le long du fleuve. Se pose également le problème de la salinité trop importante du fleuve, le rendant inutilisable à moyen ou long terme, ce qui est préoccupant quand on sait que le Murray fournit 40% de l'approvisionnement en eau domestique d'Adelaïde<ref name="sel" />. Des efforts ont été faits pour réduire les problèmes mais ils se heurtent aux intérêts divergents de plusieurs groupes d'intérêt<ref>{{en}} ''Review of the Operation of the Cap : Economic and Social Impacts'', Murray-Darling Basin Commission, 2 mars 2000, 116 pages [http://www.mdbc.gov.au/__data/page/102/Companion_Paper_2__Marsden_Jacob_Assoc_Report.pdf Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref>.
=== Stockage d'eau et irrigation ===
[[Image:Murray howlong.jpg|thumb|right|Un bras du Murray, près d'Howlong.]]
De mini usines de pompage ont commencé à puiser l'eau du fleuve dans les années 1870<ref name="ecluses" />, bien avant que la première grosse usine ne voit le jour à Mildura en [[1887]]<ref>{{en}} ''The Irrigation Colony of Mildura'' [http://coombs.anu.edu.au/SpecialProj/ERIC/MILDURA.HTML Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. L'implantation de stations de pompage le long du fleuve a permis l'essor de l'agriculture et mené au développement de zones d'[[irrigation]]. En [[1915]], les trois États concernés par le fleuve Murray (la [[Nouvelle-Galles du Sud]], le [[Victoria (Australie)|Victoria]] et l'[[Australie-Méridionale]]) ont signé l'''Accord du fleuve Murray'' qui prévoyait la construction de réservoirs de stockage au niveau de la source et au niveau du lac Victoria<ref>{{en}} [http://www.mdbc.gov.au/about/history_mdbc ''A Brief History of the Murray-Darling Basin Agreement''] sur le site de la Murray-Darling Basin Commission. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. Une série d'écluses et de barrages ont été construits pour faciliter la navigation quel que soit le niveau du fleuve<ref name="ecluses" />.
En [[2006]], le gouvernement de l'État d'Australie Méridionale a fait part de son intention d'entamer les études en vue de la construction du controversé ''barrage de Wellington''<ref>{{en}} ''Stop the weir: save the River Murray, lakes and the Coorong'', Wilderness Society, 15 février 2007 [http://www.wilderness.org.au/articles/weir Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref>.
=== Agriculture ===
{{Article détaillé|Riverina}}
[[Image:EubertaCentrePivotIrrigation.jpg|thumb|left|Irrigation aérienne dans la Riverina.]]
Le [[bassin versant|bassin]] du Murray (appelé plus communément « bassin Murray-Darling » en raison de l’importance de cet affluent) et plus particulièrement la [[Riverina]], au sud de la Nouvelle-Galles du Sud, a une activité largement dominée par l’[[agriculture]]. Il est considéré comme le cœur agricole (''food basket'') du pays assurant 51% de la production du pays en valeur (soit 8,1 milliards sur un total de 15,9 milliards de dollars australiens)<ref name="cérales">{{en}} [http://www.mdbc.gov.au/subs/eResource_book/chapter3/p4.htm Les grandes productions agricoles du bassin Murray-Darling] sur Murray-Darling Basin e-Resources 2006. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. La diversité des [[climat|conditions climatiques]] permet de retrouver une grande variété de productions animales et végétales dont une majeure partie est transformée par des [[agro-alimentaire|entreprises agro-alimentaires]] locales.
Les productions animales sont dominées par l’[[élevage]] des [[vache|bovins]] et des [[mouton|ovins]] pour la [[viande]] et la [[laine]] avec l'élevage de moutons [[mérinos]] dont la [[Plante fourragère|nourriture]] est produite sur place ([[Luzerne cultivée|luzerne]], [[trèfle]], etc). D’autres espèces animales sont également élevées : [[porc]]s, [[chèvre]]s, [[volaille]]s, [[cheval|chevaux]] mais également des [[Cerf élaphe|cerfs]], [[autruche]]s et [[alpaga]]s<ref>{{en}} [http://rivermurray.com/html/about_the_murray/murray_darling_basin.html#agriculture L'agriculture dans le bassin Murray-Darling] sur rivermurray.com. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. Les productions céréalières concernent le [[blé]], l’[[Orge commune|orge]] et secondairement l’[[Avoine cultivée|avoine]], le [[seigle]] et le [[Sarrasin (plante)|sarrasin]] et couvrent une superficie de 7,8 millions d’[[hectare]]s<ref name="cérales" />. Le bassin Murray-Darling s’est spécialisé dans la culture du [[riz]] dont la quasi totalité est produite dans cet espace sur 2 000 [[exploitation agricole|exploitations]] (1,6 M de tonnes annuelles) mais également dans celle du [[coton]] (93% de la production australienne sur environ 500 000 hectares), autre plante gourmande en eau. Toutefois cette activité est menacée par la concurrence des pays à moindres coûts salariaux et les disponibilités réduites en [[eau]]. Les producteurs cherchent à maintenir leurs cultures en adoptant des plants donnant des rendements plus élevés et exigeant moins d'eau ou tentent de se reconvertir dans des produits à plus forte valeur ajoutée (agneau de boucherie, vin, [[canola|colza]])<ref name="cérales" />.
=== Un environnement menacé ===
[[Image:Bassin Murray Darling1.png|thumb|left|Le bassin du Murray-Darling.]]
Le bassin Murray-Darling est aujourd’hui gravement menacé par les activités humaines. Vaste espace géographique de plus d’un million de kilomètres carrés, il apparaît comme une zone relativement humide dans un pays où l’eau est considérée comme une ressource rare et précieuse (64% de la superficie de l’[[Australie]] est affectée par l’[[endoréisme]], les cours d'eau se perdant dans des [[Dépression (géographie)|cuvettes]] intérieures)<ref>[[#perez03|Pascal Perez (2003)]], p. 2.</ref>. Baignant pour l’essentiel dans un [[climat tempéré]] caractérisé par des [[précipitations]] annuelles peu élevées de l’ordre de 400 à 500 millimètres, ses marges occidentales (région du Lower Murray Darling en [[Nouvelle-Galles du Sud]], du Dryland en [[Australie-Méridionale]]) sont considérées comme appartenant à un climat semi-aride (de 250 à 400 millimètres de précipitations annuelles)<ref name="précipitations" />.
Avant l’arrivée des Européens, les ressources étaient déjà relativement faibles et l’équilibre de l’[[écosystème]] fragile. Moins de trente années après l'arrivée des premiers colons, les premiers signes de dégradation [[environnement]]ale étaient apparus en raison des modifications apportées au milieu naturel : [[défrichement]], mise en culture, [[pâturage]]. Aujourd'hui, l'équilibre semble rompu en raison des besoins croissants en eau de l’[[agriculture]] (75% des [[irrigation|terres irriguées]] australiennes sont localisées dans le bassin<ref name="introduction">[http://publications.cirad.fr/une_notice.php?dk=515424 Résumé en ligne de l'article de Pascal Perez] dans la sélection des publications des agents du Cirad. Consulté le 15 juin 2008.</ref>), de l’industrie et de la consommation urbaine (42% de la consommation d’eau d’[[Adélaïde (Australie)|Adélaïde]] provient des prélèvements du Murray déjà sérieusement affaibli dans sa partie amont, d’où un [[débit]] dérisoire à l’[[embouchure (géographie)|embouchure]] inférieur à 1 m{{3}}/s). L’activité agricole se révèle de loin le principal facteur de déséquilibre avec 90% du prélèvement des eaux de surface (86% des eaux du bassin ne s’écoulent pas vers l’aval). Cette surexploitation de l'eau du Murray à laquelle il convient d'ajouter le rejet de divers effluents, la déforestation et la monoculture entraînent toute une série de conséquences graves dans l'ensemble du bassin<ref name="introduction" /> : dégradation de qualité des eaux par eutrophisation, salinisation ou turbidité, diminution de la fertilité voire stérilisation des sols par salinisation, acidification et [[érosion]] et par voie de conséquence, mise en péril de la [[biodiversité]] animale et végétale des cours d'eau<ref>[[#perez03|Pascal Perez (2003)]], pp. 8-10.</ref>. Le constat est alarmant ; si rien n'est fait, l'ensemble des terres irriguées le long du Murray seront inutilisables vers 2010 en raison d'une trop forte teneur en [[Sel (chimie)|sel]]<ref name="introduction" />.
[[Image:Le lac Hume près de Tallangatta.jpg|thumb|Une des conséquences de la surexploitation des eaux du bassin Murray-Darling, le niveau dramatiquement bas du lac Hume près de Tallangatta.]]
Depuis [[1987]] a été mis en place, pour faire face à ce défi, le ''Murray-Darling Basin Agreement'' auquel adhèrent des représentants du gouvernement fédéral, des États de [[Nouvelle-Galles du Sud]], du [[Victoria (Australie)|Victoria]], d'[[Australie-Méridionale]] et à partir [[1992]], du [[Queensland]]<ref>{{en}} [http://www.mdbc.gov.au/about/governance/ La structure du ''Murray-Darling Basin Agreement''] sur le site de la Murray-Darling Basin Commission. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. Cet organisme a pour mission d'optimiser l'utilisation de l'eau d'un point de vue économique tout en respectant certaines contraintes environnementales : amélioration de la qualité des eaux (niveau de salinité, [[pollution]] biochimique), maintien d'un débit naturel acceptable des cours d'eau, protection de la [[biodiversité]] terrestre et de l'écosystème fluvial<ref name="rapport">{{en}} Rapport du Murray-Darling Basin Agreement, juin 2006, 61 pages [http://www.mdbc.gov.au/__data/page/44/Murray-Darling_Basin_Agreement.pdf Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. Les objectifs fixés, les centaines de millions de [[dollar australien|dollars australiens]] dépensés, l'adoption du ''Basin Salinity Management Strategy'' couvrant la période 2001 - 2015<ref>{{en}} Le ''Basin Salinity Management Strategy 2001-2015'', texte de loi définitif du 1{{er}} novembre 2002, 30 pages [http://www.mdbc.gov.au/__data/page/44/MDB_Agreement_Schedule_C.PDF Lire en ligne]. Consulté le 15 juin 2008.</ref> se heurtent aux rivalités entre les États<ref>Le Queensland éprouve le sentiment d'être sacrifié au profit de la Nouvelle-Galles du Sud.</ref> et les résultats ne sont pas encore à la hauteur du défi à relever<ref name="rapport" />.
D'autres initiatives ont été mises en place afin de protéger les milieux naturels et les [[espèces menacées]]. On peut par exemple citer les mesures de protections des [[marais]] et des zones humides du bassin dont plusieurs figurent sur la [[Convention de Ramsar|Convention relative aux zones humides d'importance internationale]] depuis 1971 (notamment les forêts de Barmah et de Gunbower, le Riverland et le Coorong)<ref>{{en}}[http://www.mdbc.gov.au/nrm/water_issues/wetlands Gestion des marais] sur le site de la Murray-Darling Basin Commission. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. Certaines espèces piscicoles sont également protégées via la ''Native Fish Strategy'' qui vise à réhabiliter les espèces endémiques de [[poisson]]s. L'objectif de cette stratégie est d'atteindre, en cinquante ans, une population équivalente à 60% de celle qui préexistait avant l'arrivée des Européens<ref>{{en}}[http://www.mdbc.gov.au/NFS/summary_of_the_native_fish_strategy ''Native Fish Strategy - Summary''] sur le site de la Murray-Darling Basin Commission. Consulté le 15 juin 2008.</ref>. La protection des territoires passe également par l'inscription de certains sites sur le registre des [[Parc national|Parcs Nationaux]] (comme le Coorong et la montagne Burrowa-Pine)<ref>{{en}}[http://www2.mdbc.gov.au/education/encyclopedia/national_park/national_parks.htm Parcs Nationaux du bassin] sur le site de la Murray-Darling Basin Commission, Education Center. Consulté le 15 juin 2008.</ref> ou sur celui du patrimoine national, comme la forêt de Barmah<ref>{{en}} Voir le [http://www.ahc.gov.au/publications/index.html Register of the National Estate] du gouvernement fédéral Consulté le 15 juin 2008.australien, Australian Heritage Council.</ref>. À plus grande [[Échelle (proportion)|échelle]], des projets locaux ont permis de préserver ou de sauver des lieux importants sur le plan naturel mais aussi culturel. Ainsi, le ''Mungabareena Reserve Wiradjuri Reconciliation Project'' a permis, avec la collaboration d'[[Aborigènes d'Australie|Aborigènes]] et de non-Aborigènes, de réhabiliter, par l'abandon de l'élevage et la replantation de végétation endémique, 42 [[hectare]]s du lit majeur du Murray, lieu traditionnel de rassemblement et de cérémonies des populations non européennes<ref>{{en}} [http://www.csu.edu.au/research/jcentre/project_summaries/summary_yal_mungabareena.pdf ''Le Mungabareena Reserve Wiradjuri Reconciliation Project''] sur le site de l'université Charles Sturt de Wagga Wagga. Consulté le 15 juin 2008.</ref>.
[[Image:Confluence of Murray & Darling Rivers, Wentworth, NSW, 9.7.2007.jpg|thumb|center|upright=2.2|La confluence du Murray et du Darling à Wentworth.]]
== Bibliographie ==
* {{en}} {{ouvrage|auteur=Paul Sinclair|titre={{lang|en|The Murray: A River and Its People}}|éditeur=Melbourne University|année=2001|isbn=0522849407}}
* {{en}} {{ouvrage|J. Isaacs|titre={{lang|en|Australian Dreaming: 40,000 Years of Aboriginal History}}|éditeur=Lansdowne Press|année=1980|lieu=Sydney, New South Wales|isbn=0-7018-1330-X}}
* {{en}} {{ouvrage|auteur={{lang|en|Murray-Darling Basin Commission}}|titre={{lang|en|The Murray}}|éditeur=Norman Mackay and David Eastburn editors|année=1990|lieu=Canberra|isbn=1-875209-05-0}}
* {{en}} {{ouvrage|auteur=John C. Tolley|titre={{lang|en|South Coast Story}}|éditeur=Rowett Print|lieu=Mt Compass SA|année=1968|isbn=0-9587964-3-2}}
* {{fr}} <span id="perez03">Pascal Perez, ''La gestion du bassin de la Murray-Darling: un risque écologique et un enjeu économique'', dans {{ouvrage|auteurs=S Marlet et P. Ruelle (dir.), M. Götze et C. Moretti (collab.)|titre=Vers une maîtrise des impacts environnementaux de l'irrigation : actes de l'atelier du PCSI, 28 - 29 mai 2002, Montpellier|éditeur=CIRAD|année=2003|présentation en ligne=http://publications.cirad.fr/une_notice.php?dk=515424}}</span>
== Notes et références ==
{{Traduction/Référence|en|Murray river|117000034}}
{{Traduction/Référence|en|Murray Mouth|94866265}}
{{Traduction/Référence|en|Murray River crossings|96050550}}
{{Références|colonnes=2}}
== Voir aussi ==
=== Liens externes ===
{{Commons|Category:Murray River|le Murray}}
*{{en}} [http://www.mdbc.gov.au/river_murray/river_murray.htm Le Murray et le bas-Darling] sur le site de la commission du bassin Murray-Darling.
*{{en}} [http://rivermurray.com/html/about_the_murray/murray_darling_basin.html Bassin Darling-Murray] sur rivermurray.com
*{{en}} [http://www.murrayriver.com.au/history/default.htm#General%20History Histoire du Murray] sur murrayriver.com.au
*{{en}} [http://nla.gov.au/nla.map-erpc1 Cartes détaillées du cours du Murray 1880-1918], collection de l'{{lang|en|Echuca Historical Society river pilot charts}}
*{{en}} [http://www.abc.net.au/rn/talks/lnl/index/murray.htm. ''{{lang|en|Down the River Murray}}''], cinq émissions de radio, sur le fleuve Murray et ses habitants.
=== Liens internes ===
* [[Géographie de l'Australie]]
* [[Climat de l'Australie]]
* [[Aborigènes d'Australie]]
* [[Liste de fleuves dans le monde]]
{{Article de qualité|oldid=18312444|date=1 juillet 2007}}
{{Portail|eau|Australie}}
[[Catégorie:Cours d'eau d'Australie]]
[[bn:মারি নদী]]
[[cs:Murray (řeka)]]
[[da:Murray]]
[[de:Murray River]]
[[en:Murray River]]
[[eo:Murray (rivero)]]
[[es:Río Murray]]
[[et:Murray]]
[[fa:رود مورای]]
[[fi:Murray]]
[[he:מארי (נהר)]]
[[hi:मर्रे नदी]]
[[it:Murray]]
[[ja:マレー川]]
[[lt:Murėjus]]
[[nl:Murray (rivier)]]
[[pl:Murray (rzeka)]]
[[pt:Rio Murray]]
[[rm:Murray]]
[[ro:Fluviul Murray]]
[[ru:Муррей (река)]]
[[simple:Murray River]]
[[sv:Murray River]]
[[uk:Муррей]]
[[ur:دریائے مرے]]
[[zh:墨累河]]