1930 (Chronologie de Dada et du surréalisme)
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2008-07-08T14:23:35Z
Arcane17
170088
/* Cette année-là */ Gherasim Luca
==Éphéméride==
===Janvier===
*:Lettre d'[[Antonin Artaud]] au docteur [[Édouard Toulouse]] : « Les angoisses que j'éprouve sont dévorantes. […] Je suis de plus en plus hanté par l'idée du suicide, d'autant plus terrible que c'est pour moi la seule issue LOGIQUE. Si je n'en suis pas à la mort, moralement je suis la mort. »
*:15 janvier</br>Sur le modèle du pamphlet de 1924 contre [[Anatole France]], des dissidents et exclus du groupe [[surréalisme|surréaliste]] publient un ensemble de textes écrits contre [[André Breton]] et reprenant le même titre « ''Un cadavre'' »<ref>Biro, p. 416 et Bonnet, OC 1, p. LVI</ref> :</br>[[Jacques Baron]] « ''Un bon débarras'' »</br>[[Georges Bataille]] « ''Le Lion châtré'' »</br>[[Jacques-André Boiffard]] « ''Questions de personnes'' »</br>[[Alejo Carpentier]] « ''Témoignage'' »</br>[[Robert Desnos]] « ''Thomas l'imposteur'' »</br>[[Michel Leiris]] « ''Le Bouquet sans fleurs'' »</br>[[Georges Limbour]] « ''Lettres'' »</br>[[Max Morise]] « ''La Marseillaise'' »</br>[[Jacques Prévert]] « ''Mort d'un Monsieur'' »</br>[[Georges Ribemont-Dessaignes]] « ''Papologie d'André Breton'' »</br>[[Raymond Queneau]] « ''Dédé'' »</br>[[Roger Vitrac]] « ''Moralement puer'' ».</br>[[André Masson (peintre)|André Masson]] et [[Antonin Artaud|Artaud]], malgré son exclusion, refusent de s'associer au pamphlet.
===Février===
*:Rencontre [[Antonin Artaud|Artaud]] / [[Benjamin Fondane]].
*:14 février</br>[[André Breton|Breton]] et [[René Char|Char]] tentent de saccager un bar de nuit du quartier Montparnasse qui s'est baptisé "Maldoror".<ref>Dans le quotidien "Le Soir" du 17 février, [[Roger Vitrac]] s'est vanté d'en avoir eu l'idée. Béhar, p. 252</ref> Dans la bagarre [[René Char|Char]] reçoit un coup de couteau à la cuisse. Le patron de ce bar délivrait des cartes de "vampire permanent", à [[Robert Desnos|Desnos]] notamment.
*:[[Yves Tanguy]] et sa femme Jeannette partent en Afrique du Nord. À son retour, il s'installe rue du Moulin Vert (Paris, 13{{e}} arrdt.) où il a pour voisins [[Victor Brauner]] et [[Alberto Giacometti]].<ref>Angliviel, p.195</ref>
===Mars===
*:1{{er}} mars</br>[[Robert Desnos]]</br>« ''The Night of loveless nights'' », nouvelle version avec trois illustrations de [[Georges Malkine]].</br>« ''Troisième manifeste du surréalisme'' ».<ref>Bonnet, OC 1, p.LVI</ref>
*:[[Camille Goemans]] organise une exposition entièrement consacrée aux « ''collages'' ». [[Louis Aragon]] écrit la préface du catalogue intitulée « ''La Peinture au défi'' ».<ref>Scheler, p.LXVI</ref>
*:[[Roger Vitrac]] quitte le Théâtre [[Alfred Jarry]].
*:20 mars</br>[[André Breton|Breton]], [[René Char|Char]] et [[Paul Éluard|Éluard]] quittent Paris pour les Névons (Vaucluse), propriété familiale de [[René Char|Char]]. Sur la route, en voiture, ils composent « ''Ralentir travaux'' »<ref>Parution le 20 avril</ref> sur le principe du [[cadavre exquis]] :</br>« On entrait par une porte dérobée / il y avait un cœur sur un tableau noir », [[René Char|Char]]</br>« Et un baguette de coudrier sur la table / On aurait entendu un pas de loup », [[André Breton|Breton]]</br>« L'amour le premier enseignait / aux amants à bien se tenir », [[Paul Éluard|Éluard]].<ref>Bonnet, OC 1, p. LVI, LXII et 763 et Scheler, p.LXVI</ref>
===Avril===
*:5 avril</br>[[René Char]]</br>« ''Tombeau des secrets'' »,</br>avec un collage d'[[André Breton]] et [[Paul Éluard]].<ref>Anne Reinbold « Chronologie de [[René Char]] », in « Œuvres complètes », Gallimard, La Pléiade, 1983, p. </ref>
===Mai===
*:5 mai</br>[[Robert Desnos]]</br>« ''Corps et biens'' » :</br>« Le jour le jour prochain où la voix passera sur la ville</br>Une mouette fantomatique m'a dit qu'elle m'aimait autant que je l'aime</br>Que ce grand silence terrible était mon amour</br>Que le vent qui portait la voix était la grande révolte du monde</br>Et que la voix me serait favorable. »
*:[[Paul Éluard]] rencontre [[Nusch Éluard|Nusch]], modèle de [[Man Ray]] et [[Pablo Picasso|Picasso]].<ref>Scheler, p. LXVI</ref>
===Juin===
*:20 juin</br>[[André Breton]]</br>« ''Second manifeste du [[surréalisme]]'' »,</br>frontispice de [[Salvador Dalí]]<ref>Bonnet, OC 1, p. LXII</ref> :</br>{{citation|... il faut de défier du culte des hommes, si grands apparemment soient-ils. Un seul à part : [[Comte de Lautréamont|Lautréamont]], je n'en vois pas qui n'aient laissé quelque trace équivoque de leur passage.|citation}}
===Juillet===
*:Parution du premier numéro de la revue "[[Surréalisme]] au service de la révolution" (SASDLR) en remplacement de "La Révolution surréaliste".<ref>Bonnet, OC 1, p. LVI</ref> Le titre de la revue est d'[[Louis Aragon|Aragon]].
*:[[Maxime Alexandre]], [[Louis Aragon|Aragon]], [[Luis Buñuel]], [[René Char|Char]], [[René Crevel]], [[Salvador Dalí]], [[Max Ernst]], [[Georges Malkine|Malkine]], [[Benjamin Péret]], [[Georges Sadoul]], [[Yves Tanguy|Tanguy]], [[Pierre Unik]], [[Albert Valentin]] signent un prière d'insérer écrit par [[Paul Éluard|Éluard]] et [[André Thirion]] au « ''Second manifeste du [[surréalisme]]'' » :</br>« Le Second manifeste donne toute sécurité pour apprécier ce qui est mort et ce qui est plus que jamais vivant dans le [[surréalisme]].<ref>Pastichant le titre d'un ouvrage de [[Benedetto Croce]] sur la pensée de [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]] « Ce qui est mort, ce qui est vivant de la pensée de Hegel ».</ref> Subordonnant aux fins merveilleuses de la subversion, rejetant sans appel, au moyen de l'asepsie morale la plus stricte, les spécialistes du faux témoignage, [[André Breton]] fait dans ce livre, la somme des droits et des devoirs de l'esprit. »<ref>Breton, OC 1, p. 1627.</ref>
===Août===
*:19 août</br>[[Robert Desnos|Desnos]], le peintre [[Tsuguharu Fujita|Foujita]] et [[Youki]] partent pour une randonnée pédestre en Bourgogne.
===Septembre===
*:Du 1{{er}} au 15 septembre</br>[[André Breton]] et [[Paul Éluard]] écrivent « ''L'Immaculée conception'' »,<ref>Parution le 24 novembre, avec une vignette et une gravure par [[Salvador Dalí]]. Bonnet, OC 1, p. LXII</ref></br>jeu de simulations des troubles du langage provoqués par différentes maladies mentales :</br>{{citation|Si je puis successivement faire parler par ma propre bouche l'être le plus riche et l'être le plus pauvre du monde, l'aveugle et l'halluciné, l'être le plus craintif et l'être le plus menaçant, comment admettrai-je que cette voix qui est en définitive seulement la mienne, me vienne de lieux où il me faut, avec le commun des mortels, désespérer d'avoir accès ?|citation}}
*:[[Louis Aragon|Aragon]] et [[Georges Sadoul|Sadoul]] partent à Kharkov (URSS), pour assister à la 2° "Conférence internationale des Écrivains révolutionnaires".<ref>Scheler, p. LXVI</ref>
===Octobre===
*:Dans une « ''Lettre ouverte à [[André Breton]] sur les rapports du [[surréalisme]] et du Grand jeu'' » [[René Daumal]] répond à la tentative de Breton de réconciliation :</br>« Pour une fois, vous avez devant vous des hommes qui, se tenant à l'écart de vous, vous critiquant même souvent avec sévérité, ne vont pas pour cela vous insulter à tort et à travers ''(Aucun des membres du groupe n'a participé au pamphlet contre Breton)''. Prenez garde, André Breton, de figurer plus tard dans les manuels d'histoire littéraire, alors que si nous briguions quelque honneur, ce serait d'être inscrits pour la postérité dans l'histoire des cataclysmes. »<ref>Biro, p.117</ref>
*:[[Benjamin Péret]]</br>« ''Vie de l'assassin [[Foch]]'' », poème.</br>Un critique du quotidien "La Liberté" réclame qu'on fusille son auteur.<ref>Scheler, p.LXVI</ref>
*:15 octobre</br>[[Paul Éluard]]</br>« ''À toute épreuve'' ».<ref>Scheler, p. LXVI</ref>
*:[[André Breton]]</br>« ''La Médecine mentale devant le [[surréalisme]]'' »,</br>article qui reprend et complète les attaques portées dans « ''[[Nadja (André Breton)|Nadja]]'' » contre les abus de pouvoir des psychiatres.<ref>Bonnet, OC 1, p. LVI</ref>
===Novembre===
*:6 novembre</br>Avant leur départ d'URSS, on fait signer à [[Louis Aragon|Aragon]] et [[Georges Sadoul|Sadoul]], une résolution qui définit le [[surréalisme]] comme une « réaction des jeunes générations d'intellectuels provoquée par les contradictions du capitalisme dans la troisième phase de son développement ».<ref>Scheler, p.LXVI</ref>
*:30 novembre</br>Première du film « ''[[L'Âge d'or]]'' » de [[Luis Buñuel]] et [[Salvador Dalí]], avec [[Max Ernst]] dans le rôle du chef des bandits et la voix du récitant est celle de [[Paul Éluard]].<ref>Le découpage complet du film a été publié par "L'Avant-scène", n°27-28, 1963</ref></br>La projection au Studio 28, rue Montmartre à Paris (9° arrdt), est annoncée comme une manifestation surréaliste avec accrochage d'œuvres de Dalí, Ernst, [[Joan Miró]], [[Man Ray]] et [[Yves Tanguy]] dans l'entrée et les couloirs du cinéma. Dans le programme vendu à cette occasion figurent, outre le scénario résumé du film, des textes de présentations de [[Louis Aragon]], [[André Breton]], [[René Crevel]], Dalí, Éluard, [[André Thirion]] et [[Tristan Tzara]].</br>[[Salvador Dalí|Dalí]] : « Mon idée générale en écrivant avec Buñuel le scénario de « ''L'Âge d'or'' » a été de présenter la ligne droite et pure de conduite d'un être qui poursuit l'amour à travers les ignobles idéaux humanitaires, patriotiques et autres misérables mécanismes de la réalité. »</br>Thirion : « À l'époque de la "prospérité", la valeur d'usage social de « ''L'Âge d'or'' » doit s'établir par la satisfaction du besoin de destruction des opprimés et, peut-être aussi, par la flatterie des tendances masochistes des oppresseurs. »</br>À l'initiative du préfet de police [[Jean Chiappe]], la censure exige des coupes : essentiellement les scènes "anti-religieuses".<ref>Biro, p.12, Clébert, p.14 et Scheler, p.LXVI</ref>
*:[[André Breton|Breton]] et [[André Thirion|Thirion]] proposent aux instances dirigeantes du [[parti communiste français]] l'idée d'une "Association des artistes et écrivains révolutionnaires" dont ils ont rédigé les statuts.<ref>Bonnet, OC 1, p.LVII</ref>
===Décembre===
*:3 décembre</br>La Ligue des patriotes et la Ligue anti-juive saccagent le Studio 28. Ils maculent l'écran et lacèrent les tableaux [[surréalisme|surréalistes]] exposés dans l'entrée dont trois [[Yves Tanguy|Tanguy]] « ''Fraude dans un jardin'' », « ''Mottes de terre'' » et « ''L'Orage'' ».<ref>Angliviel, p. 80 et 195</ref>
*:11 décembre</br>Après une virulente campagne de presse, le préfet de police [[Jean Chiappe]] fait saisir « ''[[L'Âge d'or]]'' ».<ref>Ce n'est qu'une copie qui est saisie. Le négatif original était conservé chez Marie-Laure et Charles de [[Marie-Laure de Noailles|Noailles]], producteurs du film. L'interdiction de projection ne sera levée qu'en 1981. Biro, p.12</ref>
*:15 décembre</br>[[Salvador Dalí]]</br>« ''La Femme visible'' »,<ref>Scheler, p.LXVI</ref> écrit :</br>« J'espère faire comprendre que j'attache en amour un prix particulier à tout ce qui est nommé communément perversion et vice. »<ref>"Beaux-Arts Magazine" n°279, septembre 2007, p. 38</ref></br>Invention de l'« activité paranoïaque-critique » : processus par lequel [[Salvador Dalí|Dalí]] interprète une photo, un dessin, en démonte les diverses couches superposées en s'abandonnant à une sorte de délire, qu'il théorise ensuite en « méthode spontanée de connaissance irrationnelle basée sur l'objectivation critique et systématique des associations et interprétations délirantes. »<ref>Citation in, Béhar, p. 267</ref>
*:[[Gala Dalí|Gala]] et [[Paul Éluard|Éluard]] se séparent.<ref>Scheler, p. LXVI</ref>
==Cette année-là==
*:Le peintre et sculpteur roumain [[Jacques Hérold]] arrive à Paris. Il rencontre [[Yves Tanguy|Tanguy]] qui le présente aux [[surréalisme|surréalistes]].
*:Publication en Roumanie de la revue "Alge" créée par [[Gherasim Luca]].<ref>Clébert, p. 21</ref>
*:[[Salvador Dalí]] découvre des tableaux de [[Clovis Trouille]] exposés au "Salon des Artistes Révolutionnaires".</br>Il présente le peintre au surréalistes.<ref>"Artension" n°35, mai 2007, p. 16</ref>
==Œuvres==
*:[[Jean Arp]]</br>« ''Tête couverte de trois objets désagréables : une mouche, une mandoline et une paire de moustaches'' »,<ref>Pierre, p.186</ref> bronze.
*:[[Salvador Dalí]]</br>« ''[[Guillaume Tell]]'' »<ref>Breton, "SP", p.75</ref></br>« ''Simulacre de la nuit'' »,</br>huiles sur toile
*:[[Robert Desnos]]</br>« ''Youki 1930 poésie'' »
*:[[Max Ernst]]</br>« ''Rêve d'une petite fille qui voulut entrer au Carmel'' », huile sur toile
*:[[Valentine Hugo]]</br>« ''La Barque de l’amour s’est brisée contre la vie courante'' », huile sur toile
*:[[René Magritte]]</br>« ''La Clef des songes'' », huile sur toile
*:[[Pablo Picasso|Picasso]]</br>« ''Tête de femme'' »,</br>assemblage de fer, tôle, ressort et passoire
*:Le poète [[Shuzo Takiguchi]] traduit en japonais « ''Le [[Surréalisme]] et la peinture'' » d'[[André Breton]]
*:[[Yves Tanguy]]</br>« ''Légendes ni figures'' »,<ref>Angliviel, p.51</ref></br>« ''Palais promontoire'' »<ref>Breton, "SP", p.67</ref></br>« ''La Tour de l'Ouest'' », invention des ''coulées'', technique rapidement abandonnée : « Je m'aperçus que si je projetais mon tableau tout de suite au crayon sur la toile, je n'avais plus de surprise en le peignant, et la surprise est ce qui me cause le plus de plaisir en peinture. »
==Notes et références==
*Pour les références bibliographiques complètes, voir l'article principal [[Chronologie de Dada et du surréalisme]]
<references />
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