Orviétan 2053305 28331211 2008-04-04T23:22:56Z HerculeBot 346772 nouveau style de bandeau de portail, voir [[Wikipédia:Prise de décision/Bandeaux de portail]] L’'''orviétan''' est un faux [[antidote]] des {{XVIIe s}} et {{XVIIIe siècle}}s. Médicament de rencontre resté fameux dans les fastes du charlatanisme médical, l’orviétan était dû, dit-on, à l’imagination d’un certain Jérôme Ferrante, natif d’[[Orvieto]], d’où il tira son nom, et depuis son origine jusque vers la fin du {{s|XVIII|e||}}, il fut apporté en [[France]] en [[1647]] par un autre natif d’Orvieto du nom Christoforo Contugi, qui se fit d’abord appeler ''Lorvietano'', puis ''Lorviétan'' ou ''l’Orviétan''. L’[[apothicaire]] Pierre Pomel écrit en [[1694]] dans son ''Histoire des drogues'' : « L’orviétan étoit commun à [[Rome]] depuis longtemps, et c’est de là que le faisoient venir les épiciers avant que le sieur Contugi eût obtenu du Roi la permission de le débiter publiquement. » Contugi acquit vite célébrité et richesse sous le nom qu’il avait choisi et il était déjà fameux au temps de la [[Fronde (histoire)|Fronde]], car son pseudonyme figure en tête de plusieurs [[mazarinade]]s. Ayant entrepris, en [[1647]], de faire approuver sa drogue par la [[Faculté de médecine de Paris|Faculté]], il réussit, moyennant espèces sonnantes trébuchantes, à obtenir la signature de douze docteurs. Mais cette ambition le perdit lorsque, voulant avoir jusqu’à l’attestation du doyen, Jean Piètre, il offrit audacieusement de la lui payer quatre cents écus en lui mettant sous les yeux les approbations qu’il avait déjà achetées. Jean Piètre, mauvais médecin, mais honnête homme, réunit toute la Faculté et les douze docteurs corrompus « furent chassés de la compagnie par un décret solennel. » Cette mésaventure du charlatan italien ne nuisit nullement au succès qu’obtenait sa drogue. Il en transmit le secret à ses descendants, et l’un d’eux le vendit à un autre entrepreneur de guérisons, le sieur Nicolas de Blegny, créateur de nombreuses spécialités pharmaceutiques, aigrefin qui, pour avoir le titre de médecin du roi, connaissait pourtant mieux le chemin de la prison que celui de la Cour. L’orviétan se composait seulement de vingt-sept substances, dont les plus utiles paraissent avoir été la [[thériaque]] vieillie et « des vipères sèches garnies de leur cœur et de leur [[foie]]. Comme l’atteste comiquement [[Molière]], c’était une véritable [[panacée]] : : '''S<small>GANARELLE</small>'''. : Monsieur, je vous prie de me donner une boite de votre orviétan, que je m’en vais vous payer. : '''L’O<small>PÉRATEUR</small>'''. : L’or de tous les climats qu’entouré l’Océan : Peut-il jamais payer ce secret d’importance ? : Mon remède guérit par sa rare excellence : Plus de maux qu’on n’en peut nombrer en tout un : La gale, : La rogne, : La teigne, : La fièvre, : La peste, : La goutte, : Vérole, : Descente, : Rougeole. : Ô grande puissance : De l’orviétan ! L’orviétan fut ensuite débité en France, dans les villes, dans les bourgs et dans les villages, par des [[tabarin]]s de bas étage, des bateleurs effrontés, charlatans, saltimbanques, marchands de drogues prétendues médicales vendant leurs produits avec accompagnement de [[lazzi]]s, de [[farce (théâtre)|farce]]s [[burlesque]]s, de [[Parade (théâtre)|parade]]s et de coups de grosse caisse, qui s’installaient sur les places publiques, dans les [[foire]]s et dans les carrefours, et qui, attirant les badauds par le moyen de leur spectacle grossier, aidaient ainsi la vente de leur spécifique incomparable. De là est venu qu’on a donné, par la suite, le nom de « marchand d’orviétan » à tous les charlatans de toutes sortes. == Sources == * Alfred Franklin, ''La Vie privée d'autrefois'', Paris, p. 133-7. * Arthur Pougin, ''Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’y rattachent'', Paris, Firmin-Didot, 1885, p. 498. {{Portail|médecine|théâtre}} [[Catégorie:Pharmacie]] [[Catégorie:Fraude]] [[Catégorie:Pseudo-médecine]]