Perversité
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2008-07-09T05:09:20Z
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/* Références */
La ''perversion'' est un concept décrivant les types de comportement qui sont perçus soit comme déviants de ce qui est considéré orthodoxe ou normal, perspective morale, soit comme contraires à l'éthique humaine. Seule la seconde perspective concerne la psychanalyse. Le terme perversité vient du latin ''perversitas'' dérivé de ''perversus'' (pervers); il désigne celui qui inverse, renverse ou retourne...
Toutefois, les différents auteurs ne s'accordent pas sur la distinction entre perversion et perversité ; cet article ne peut qu'en restituer le débat.
== Perversion et perversité ==
En 1869, [[Richard von Krafft-Ebing|Krafft-Ebing]] définit la perversion en deux grands groupes : celui où l'action est perverse, comme dans le sadisme, le fétichisme - et celui où l'objet est pervers, comme dans l'homosexualité, la pédophilie ; il décrit l'objet pervers comme « ''le plus souvent, une conséquence'' » de l'action perverse. (Aujourd'hui, l'homosexualité n'est plus considérée comme une perversion.)
En 1975, [[Henri Ey]] propose, dans le ''Manuel alphabétique de psychiatrie'', les deux articles perversité et perversion : « ''Le pervers ne s'abandonne pas seulement au mal, mais le désire'' ». Ce désir devient ''loi existentielle'' : la perversion « ''reste rivée à un stade de développement dont la structure affective est devenue la loi de son existence'' ».
== La perversion comme norme ==
=== La perversion chez Freud ===
[[Sigmund Freud]] reprend la définition de la perversion comme déviation de la sexualité, quant à l'objet ou quant au but. Ici la différence par rapport à la déviation quant à l'objet sexuel ou l'action sexuelle réside dans le concept de [[pulsion]], puisque Freud considère bien un objet qui est l'objet pulsionnel et un but qui est le but pulsionnel, but intermédiaire permettant la satisfaction.
Freud retient l'idée de fixation et ne distingue pas perversion et perversité : « ''on peut dire que, chez aucun individu sain, ne manque un élément qu'on peut désigner comme pervers, s'ajoutant au but sexuel "normal"'' » (in ''Trois essais'').
Freud par la suite reconnaît cependant la perversion comme bien plus complexe : elle met en jeu le clivage, et l'angoisse de castration : voir l'article [[perversion]].
=== Structure et perversions ===
Selon [[Joël Dor]], la description de la perversion que fait Henri Ey ne permet pas de différencier perversité et perversion. Cette définition psychiatrique renverrait non pas au domaine [[psychopathologie|psychopathologique]] mais à celui de la morale, en tout cas aux critères sociaux hors psychopathologie : le « ''champs psychopathologique, lequel - s'il existe - reste totalement sanctionné par des normes morales et idéologiques qui invalident, par avance, toute conséquence clinique'' ».
Serait donc radicalement coupée de la [[psychologie clinique]] la distinction entre perversion et perversité.
== Stratégie perverse ==
Certes, du point de vue clinique, la différenciation est délicate, et surtout malvenue si elle devient prétexte à moraliser ou normaliser. Néanmoins, les nuances de l'expérience aident le praticien dans son travail d'écoute. Pour Saverio Tomasella, à la différence de la [[perversion]] qui désignerait plutôt une structure, un mode ancré et permanent de rapport à l'autre, la perversité serait une ''défense'' utilisée ponctuellement, plus ou moins fréquemment selon les individus et leur niveau de conscience. C'est ce que cherche à exprimer le vocable "stratégie", au-delà de toute question "morale" : une posture intérieure du sujet, un choix plus ou moins conscient, pour se protéger de la douleur ou d'une réalité difficile à accepter, qui peut aller du ''refoulement'' à la ''foclusion'', en passant par le ''retournement'' de la pulsion contre soi-même et le ''renversement'' en son contraire. La forme la plus extrême se trouve dans le ''clivage du moi'' (topique) et son corollaire dynamique, le ''déni'', mais alors la question structurelle se pose de nouveau et il s'agirait plutôt de perversion, voire de [[psychose]].
Selon cet auteur, les ''stratégies perverses'' se différencient autour de trois formes principales de positions subjectives :
* la '''perversité agie''', mettant en œuvre délibérément une annulation ou une attaque de l'autre (négation de l'altérité) ;
* la '''perversité consentie''', acceptant la cruauté ou l'humiliation sans l'interroger ni la refuser (négation de soi) ;
* la '''perversité attentiste''', laissant faire ou étant complice, sans exprimer le moindre désaccord (négation de la réalité).
Même si les trois formes peuvent s'imbriquer, elles correspondent souvent à des types caractérologiques définis, plus ou moins marqués : une prédominance du sadisme pour la "perversité agie", une prévalence du masochisme pour la "perversité consentie" et le recours fréquent à la dissociation pour la "perversité attentiste".
S. Tomasella précise le mode opératoire : ''"Dans tous les cas, la mise en œuvre de la perversité s'appuie sur une négation de la relation, poussant l'autre hors de la réalité, et le mettant face au défi impossible de prouver qu'il existe vraiment"''. C'est là le principal point de rencontre entre la perversité et la perversion, ce qui confirme encore qu'il est très difficile de les différencier...
== Références ==
* [[Richard von Krafft-Ebing]], ''Psychopathia Sexualis'', 1869.
* [[Sigmund Freud]], ''Trois essais sur la théorie sexuelle'', 1905.
* [[Henri Ey]], articles perversité et perversion, in Manuel alphabétique de psychiatrie, Bardenat, 1975.
* [[Joël Dor]], ''Structure et perversions'', Denoël, 1987.
* Saverio Tomasella et Karin Trystram, ''Comprendre la psychanalyse'', CEM, 2007.
* Saverio Tomasella, ''Qu'est-ce que la perversion ?'', Psycho-ressources, Montréal, 2005.
* Pour un examen plus complet de l'acte pervers, on se reportera à l'article [[perversion]].
[[Catégorie:Psychanalyse]]
[[Catégorie:Psychiatrie]]
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