Pierre A. Riffard
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2008-06-28T23:33:47Z
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/* Ésotérisme */
'''Pierre A. Riffard''' est un [[philosophe]] français et spécialiste de l'[[ésotérisme]]. Né à Toulouse, il est professeur à l'I.U.F.M. et à l'[[Université Antilles-Guyane]], en pédagogie et philosophie.[http://www.payot-rivages.fr/asp/fiche.asp?id=5684]
Enseignant à l'étranger ou outre-mer : Suisse, Laos, Syrie, Nouvelles-Hébrides (Vanuatu), Polynésie française, Burkina Faso, Mauritanie, Guyane.
== Ésotérisme ==
L'[[ésotérisme]] est pour Pierre A. Riffard « un enseignement occulte, doctrine ou théorie, technique ou procédé, d'expression symbolique, d'ordre méta-physique, d'intention initiatique. Le druidisme, le Compagnonnage, l'alchimie sont des ésotérismes. »<ref>P. Riffard, ''Dictionnaire de l'ésotérisme'', Paris, Payot, 1983, rééd. 1993, p. 125.</ref>
Pierre A. Riffard a soutenu une thèse de 3{{e}} cycle en philosophie sur la formule grecque Έν καì Πãν (« Un et Tout ») puis une thèse d'État ès-lettres sur ''L'Idée d'ésotérisme'' (1987, Paris 1 Sorbonne), après avoir mené des recherches sur l'[[occultisme]].
Auteur d'un ''Dictionnaire de l'ésotérisme'' (Payot, 1983 et 1993) qui fait autorité dans ce domaine<ref>Claudie Voisenat et Pierre Lagrange, ''L'ésotérisme contemporain et ses lecteurs'', Paris, Bibliothèque Centre Pompidou, 2005, p. 54.</ref>{{,}}<ref>[[Antoine Faivre]], ''Accès de l'ésotérisme occidental'' (1986), Paris, Gallimard, "Bibliothèque des sciences humaines", t. 1, 1996. ''Le Figaro Magazine'', n° 1270 : "Ésotérisme", 26 février 2005, p. 49.</ref>, il a écrit, pour la collection « Bouquins » des éditions Robert Laffont, deux gros volumes, l'un consacré à l'ésotérisme en général (''L'ésotérisme. Qu'est-ce que l'ésotérisme ?'' 1990), l'autre aux ésotérismes non occidentaux (''Ésotérismes d'ailleurs'', 1997).[http://svetlina.over-blog.com/article-4685807.html] Il met en avant neuf invariants pour définir un ésotérisme<ref>P. Riffard, ''L'ésotérisme'', Paris, Robert Laffont, "Bouquins", 1990, rééd. 2003, p. 245-371.</ref> :
* la discipline de l'arcane (garder le secret)
* l'impersonnalité de l'auteur (marquer l'aspect surhumain du message)
* l'opposition entre l'ésotérique et l'exotérique (distinguer l'[[initiation|initié]] du non-initié, l'occulte du manifeste)
* le subtil (admettre des plans de réalité invisibles, supérieurs : [[aura]], corps [[éthérique]], influences astrales, ondes telluriques, anges gardiens...)
* les analogies et correspondances (mettre en résonance toutes les parties de l'univers : macrocosme et [[microcosme]], gencives et doigts, sang et sève, couleurs et organes, animaux et vertus...)
* le nombre formel (choisir l'arithmétique symbolique comme clef par excellence : [[nombre d'or]], cycles cosmiques, kabbale de la ''gematria'', métrique en poésie, rythmes en musique...)
* les arts occultes (utiliser [[alchimie]], [[astrologie]], [[divination]], [[Magie (surnaturel)|magie]], [[Guérisseur|médecine occulte]])
* les sciences occultes (penser l'interprétation spirituelle des textes, la lecture du "Livre de la nature" ou des "Archives âkâshiques", la théosophie, les études sur la [[vie après la mort]]...)
* enfin et surtout l'initiation (entrer en quête de perfectionnement, de libération spirituelles pour les autres, pour soi ou plutôt pour le SOI).
En d'autres termes, « un ésotérisme est un enseignement qui prend la forme d'une doctrine secrète ou d'une organisation initiatique, d'une pratique spirituelle ou d'un art occulte ».<ref>P. Riffard, ''Nouveau dictionnaire de l'ésotérisme'', Paris, Payot, 2008, p. 96.</ref>
Sur la [[forme]], un ésotériste a son secret : la prétérition ; il prétend ne rien dire, alors que, l'air de rien, il révèle ("je ne dirai rien de la nature sacrée de la sexualité" : c'est dit) ; par exemple, des symboles comme la pomme ou le serpent lové abondent en indices et clefs sur la sexualité, pourtant ils semblent obscurcir le discours ou l'image.
Sur le [[fond]], l'ésotériste a aussi son secret : la réversion ; il renverse les idées ordinaires, il retourne les comportements banals, il chavire les émotions communes, pour revenir à l'origine ; par exemple, le kundalinî-yoga fair remonter l'énergie sexuelle au cerveau, l'alchimiste revient à la matière primordiale, quand tout redevient possible et puissant.<ref>P. Riffard, ''L'ésotérisme'', p. 305-306, 385 (la prétérition) et p. 297-299, 381-387, 393-395 (la réversion) ; ''Ésotérismes d'ailleurs. Les ésotérismes non occidentaux'', Paris, R. Laffont, "Bouquins", 1997, p. 1051 (prétérition par paraboles) et p. 1036 (réversion par analogies inverses).</ref>
Sur le [[sens]], l'ésotériste n'a pas de secret, il adopte juste un mode de vie<ref>P. Riffard, ''Nouveau dictionnaire de l'ésotérisme'', Paris, Payot, 2008, p. 138.</ref>, celui qui privilégie l'intérieur des choses ; par exemple, en amour il préfère un état de conscience supérieur à la jouissance sexuelle, il s'attache à l'image solaire de l'or plutôt qu'à sa valeur marchande.
"''Riffard's approach may thus be characterized as universalist, religionistic, and trans-historical''" ([[:en:Wouter Hanegraaff|Wouter Hanegraaff]]).<ref>Wouter J. Hanegraaff, "''On the Construction of Esoteric Traditions''", in Antoine Faivre et Wouter J. Hanegraaff (dir.), ''Western Esotericism and the Science of Religion'', Louvain, Peeters, "Gnostica", 1998, p. 24.</ref>
== Philosophie ==
Pierre A. Riffard publiait récemment, aux Presses Universitaires de France, des essais (''Les philosophes : vie intime'', 2004 ; ''Philosophie matin, midi et soir'', 2006 [http://www.puf.com/wiki/Autres_Collections:Philosophie,_matin,_midi_et_soir] consacrés au mode de vie<ref>Sur la philosophie comme mode de vie : Pierre Hadot, ''Études de philosophie antique'', Les Belles Lettres, "L'âne d'or", 1998, p. 207-257 ; ''La Philosophie comme manière de vivre, Entretiens avec Jeannie Carlier et Arnold I. Davidson'', Paris, Albin Michel, "Biblio/essais", 2001. Et Kierkegaard, ''Journaux et cahiers de notes'' (1834-1855), trad. du danois, Paris, Fayard, 2007 ss.</ref> des [[philosophe|philosophes]], d'un point de vue psychologique et sociologique.<ref>Voir Évelyne Pieiller, [http://www.humanite.fr/2004-10-09_Cultures_Comment-peut-on-etre-Platon « Comment peut-on être Platon ? »], dans ''[[L'Humanité]]'', 2004-10-09</ref>
Dans ''Les philosophes : vie intime''<ref>P. Riffard, ''Les philosophes : vie intime'', Paris, PUF, "Perspectives critiques", 2004, p. 33-232.</ref>, il attire l'attention sur certains traits humains du [[philosophe]], passés généralement sous silence, depuis [[Thalès]] jusqu'à [[Sartre]] :
* un handicap : être femme. Sur une liste officielle de 305 philosophes classiques on ne relève en 1991 qu'une seule femme.
* une occasion : être expatrié. Plus de 13 % des philosophes sont nés à l'étranger, dans les colonies. Plus de 54 % des philosophes ont vécu à l'étranger.
* un avantage : être orphelin. 68 % des grands philosophes sont orphelins à cinq ans.
* pas de précocité. En moyenne statistique, la première oeuvre est publiée à 27 ans, l'oeuvre maîtresse à 42 ans.
* l'acceptation de la langue culturellement dominante. Il faut se faire entendre dans une langue savante. 23 % des grands philosophes ont parlé latin (jusqu'en 1889), 21 % grec et français, 13 % anglais (cette langue devient dominante).
* le refus de la religion idéologiquement dominante. On entre en philosophie comme on entre dans la Mafia, par un assassinat, celui du Dieu d'alors, des croyances du moment. Les grands philosophes sont chrétiens à 51 %, sans religion à 27 %, païens à 19 %.
* des maladresses en amour. L'exaltation amoureuse n'entre pas dans un programme philosophique (sauf pour [[Auguste Comte]]).
* des risques de folie. Un bon philosophe maîtrise ses folies : mélancolie d'Héraclite, maniaco-dépression d'Auguste Comte, anxiété de [[Hegel]], paranoïa de [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], méningo-encéphalite syphilitique de [[Nietzsche (biographie)|Nietzsche]]...
* des succès sur la maladie. Beaucoup de philosophes souffrent, mais ils surmontent qui sa néphrite ([[Épicure]]), qui ses calculs reinaux ([[Montaigne]]), qui sa paralysie ([[Blaise Pascal|Pascal]], [[Paul Feyerabend|Feyerabend]]), qui la malvoyance ([[Démocrite]], [[Plotin]], [[Etienne Bonnot de Condillac|Condillac]], [[Antoine Augustin Cournot|Cournot]], [[Ferdinand Gonseth|Gonseth]])...
* des papiers d'identité obscurs. Les philosophes jouent beaucoup avec les noms d'auteur, l'anonymat, etc. [[Descartes]] et [[Kierkegaard]] avancent masqués.
* des cartes professionnelles brouillées. 43,7 % des philosophes furent enseignants, les autres religieux (20,9), politiciens (9,3), sans profession (4,9), médecins (4 %), avocats ou juristes (3,1), éditeurs ou journalistes (3,1 %), aucun ou presque pour être artisan ([[Henry David Thoreau|Henry Thoreau]]) ou paysan ([[Gustave Thibon]]) ou marin ([[Michel Serres]]).
* des pieds. Nietzsche : "Seules les pensées qui nous viennent en marchant ont de la valeur" (''Le crépuscule des idoles'').
* une tête (une tête ou deux, ou trois, si le philosophe change de philosophie, comme [[Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling|Schelling]], [[Ludwig Wittgenstein|Wittgenstein]], [[Rudolf Carnap|Carnap]]). Un grand philosophe se signale au monde par une vaste mémoire sémantique personnelle et une obsession métaphysique universelle.
« La philosophie est comme un casse-noix. Certaines personnes ne réussissent qu'à se pincer les doigts avec, les professionnels le retournent dans tous les sens, et puis - quand même - il se trouve des gens qui s'en servent pour ouvrir ces merveilleuses noix que sont les pensées. Philosopher, c'est bien ; philosopher soi-même, c'est mieux. Philosopher soi-même chaque jour sur le quotiden, sur du banal, c'est le mieux.»<ref>P. Riffard, ''Philosophie matin, midi et soir'', Paris, PUF, "Perspectives critiques", 2006, p. 9.</ref>
"La vision qu'a Pierre Riffard du philosophe est celle d'un être tiraillé par des sollicitations contraires : analyse et synthèse, le singulier et l'universel, certitude et doute" (Thomas Régnier).<ref>Thomas Régnier, "Un essai de Pierre Riffard. La philomafia", ''Le Nouvel Observateur'', n° 2228, 1-7 avril 2004, p. 108.</ref>
== Publications ==
* ''L'Occultisme, textes et recherches'', Paris, Larousse, « Idéologies et sociétés », 1981, 191 p. ISBN 2-03-861028-2.
* ''Dictionnaire de l'ésotérisme'', Paris, Payot, « Bibliothèque scientifique », 1983, 387 p. ISBN 2-228-13270-5 ; rééd. « Grande bibliothèque Payot », 1993, 387 p. ISBN 2-228-88654-8. Traduit en 5 langues.
* ''L'Ésotérisme : Qu'est-ce que l'ésotérisme ?'', Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 1990, 1016 p. ISBN 2-221-05464-4. Rééd. 2003. Traduit en 3 langues.
* ''Ésotérismes d'ailleurs. Les ésotérismes non occidentaux : primitifs, civilisateurs, indiens, extrême-orientaux, monothéistes'', Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 1997, 1242 p. ISBN 2-221-07354-1.
* "Le penser ésotérique", "Existe-t-il un ésotérisme négro-africain ?", et "Descartes et l'ésotérisme", ''ARIES. Association pour la Recherche et l'Information sur l'Esotérisme'', Paris, Archè, n° 21, 1998, p. 1-28, 197-203. ISBN-10: 8872521920.
* "L'ésotérisme nous apprend-il quelque chose ?", in ''Ésotérisme, gnoses et imaginaire symbolique : Mélanges offerts à Antoine Faivre'', Louvain, Peeters, 2001, p. 807-817. [http://books.google.fr/books?id=rNF0O3K2EQEC&pg=PA807&lpg=PA807&dq=%22l%22%C3%A9sot%C3%A9risme+nous+apprend-il+quelque+chose%22&source=web&ots=G3e-BlQasb&sig=LtHFs-YVE-r2FFCZLc3W525EOfE&hl=fr]
* ''Les philosophes : vie intime'', Paris, Presses universitaires de France, « Perspectives critiques », 2004, 283 p. ISBN 2-13-053968-8. Traduit en 4 langues.
* "Non-philosophe : ce n'est pas moi c'est toi", in Gilles Grelet (dir.), ''Théorie-rébellion'', Paris, L'Harmattan, "Nous les sans-philosophie", 2005, p. 42-45. ISBN 2-7475-9210-3.
* ''Philosophie matin, midi et soir'', Paris, Presses universitaires de France, « Perspectives critiques », 2006, 185 p. ISBN 2-13-055735-X.
* ''Nouveau dictionnaire de l'ésotérisme'', Paris, Payot, 2008, 331 p. ISBN 978-2-228-90274-8.
== Liens externes ==
*[http://catalogue.bnf.fr/servlet/NoticeAutorite;jsessionid=0000RoPsN2wOAlM8Ifwlzu7v9B-:-1?host=catalogue Notices bibliographiques du catalogue de la Bibliothèque nationale de France] BNF
* [http://www.sans-philosophie.net/auteur.php?id=40 Notice bio-biographique sur le site sans-philosophie.net] Mouvement sans-philosophie
* [http://www.beta.puf.com/wiki/Auteur:Pierre_Riffard Notice bio-bibliographique des PUF] PUF
== Notes et références ==
{{Références|colonnes=2}}
{{Portail|philosophie|religion}}
{{DEFAULTSORT:Riffard, Pierre A.}}
[[Catégorie:Naissance en 1946]]
[[Catégorie:Philosophe français]]