Pont de Recouvrance
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2008-07-15T10:23:41Z
Hannes
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bandeau homonymie
{{Voir homonymes|Recouvrance}}
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{{Infobox Pont
|nom=Pont de Recouvrance
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Inauguré le [[17 juillet]] [[1954]], le '''pont de Recouvrance''' à [[Brest (France)|Brest]] était à sa construction le plus grand [[pont levant]] d’[[Europe]]. Situé sur [[Penfeld|la Penfeld]], il relie le bas de la [[rue de Siam]] au [[Recouvrance (Brest)|quartier de Recouvrance]], en remplacement du pont tournant (pont National) détruit en [[1944]] par les bombardements alliés.
Chaque pylône mesure 70 mètres de haut. La travée mobile, d'une longueur de 88 mètres, pèse 525 tonnes.
== Historique ==
=== Avant les ponts ===
L’histoire de la ville de [[Brest]] se construit notamment autour du franchissement de la [[Penfeld]], rivière ou bras de mer séparant le centre ville du quartier de [[Recouvrance]]. Pendant des siècles, le passage d’une rive à l’autre s’effectue en bateau. Les [[Brest]]ois doivent s’acquitter d’un droit pour traverser. Des témoignages rapportent les dérives courantes des bateliers, souvent ivres, laissant les commandes aux passagers. Les accidents sont fréquents et chaque noyade remet en question le système des « passiers ».
=== Le [[Pont National (Brest)|Pont National]] ===
[[Image:29-Brest-Port militaire-Arrivée du Croiseur Duguay-Trouin-1901.jpg|thumb|300px|left|La [[Penfeld]] en 1901, avec le [[Pont National (Brest)|Pont National]] tournant]]
Ce n’est qu’en 1836 que les gouvernants acceptent enfin d’étudier des propositions de conception d’un pont suite à des pétitions signées par les habitants de [[Recouvrance]]. Après maints projets délibérés et refusés, le [[Conseil général des ponts et chaussées]] approuve celui des ingénieurs Cadiat et Oudry : le 23 juin 1861, le « [[Pont National (Brest)|Grand Pont]] » est inauguré.
Afin de répondre aux exigences de la Marine, ce pont est constitué de deux volées tournantes qui permettent aux bateaux à haute mâture de remonter la [[Penfeld]]. Cette rotation est commandée par des [[cabestan]]s à bras.
En septembre 1944, le [[Pont National (Brest)|Pont National]] s’écroule dans la rivière pendant les bombardements de la libération de Brest de l’occupation allemande.
=== Les nouveaux franchissements de la Penfeld après guerre ===
==== Le pont de Kervallon ====
Détruit par les [[bombardement]]s alliés de [[1944]], le Pont National ne peut plus remplir son rôle et les commerçants de la rive droite de [[Brest]] s’en plaignent : seule une passerelle piétons est disponible, et ne permet pas le transport des marchandises, qui du coup sont bien plus onéreuses à [[Recouvrance (Finistère)|Recouvrance]] qu’à Brest-même. Ils sollicitent de ce fait l’ouverture au trafic civil du Pont de Kervallon, situé à l’intérieur du périmètre de l’[[arsenal de Brest|Arsenal]], qui leur était jusqu’alors fermé<ref>Le Pont de Kervallon se situe au niveau de la porte de l’Arrière-Garde ; il y passe la voie ferrée de l’embranchement particulier de l’Arsenal.</ref>. L’autorisation d’un transit des véhicules civils entre les portes de la Brasserie et de Quéliverzan via les Bâtiments en Fer est accordée en avril 1945, mais restreinte aux seules heures d’ouverture des portes de l’arsenal<ref>Circulation interdite de nuit mais également aux “heures de pointe” du début et de la fin du travail des ouvriers (8h00-8h45 — 12h00-12h45 — 13h45-14h15 — 17h45-18h15).</ref>.
Parallèlement, diverses études sont poussées afin de pourvoir au remplacement du Pont National. Début 1945, les [[Direction des travaux maritimes de Brest|Travaux Maritimes]] étudient différentes solutions — pont fixe, [[pont flottant]], [[bac (bateau)|bac]] — et concluent, au vu des contraintes liées au dégagement du gabarit et au matériel disponible, que la solution du bac serait la meilleure, malgré l’acuité des pentes des cales disponibles au bas des [[rue de Siam|rues de Siam]] et de la Porte ; toutefois, en raison des temps d’attente, l’utilisation du bac ne procurerait pas un gain temporel substantiel par rapport au trajet via Kervallon.
==== Le pont flottant dit « pont Gueydon » ====
La remise en place du Pont Gueydon, pont flottant, entre les deux tours pivots de l’ancien pont National n’a lieu qu’en avril 1946, cette date étant liée à la finalisation des travaux de dégagement des volées du pont National, qui ont eu lieu en mars 1946<ref>Explosions les 8 et 9 mars 1946 sur la volée Est, avec chute effective le 11 mars.</ref>. Le petit pont Gueydon permet aux civils de franchir à pied la Penfeld en transitant via les portes Jean-Bart et Tourville.
Afin d’améliorer les conditions de transit d'une rive à l’autre, le recours à l’utilisation de matériel issu des surplus de l’armée américaine (en particulier le matériel [[Pont Bailey|Bailey]]) est privilégié. Ce matériel permettrait la circulation de camions de 23 tonnes. Toutefois, le [[Génie militaire|Génie]] y est opposé et privilégie l’utilisation d’un matériel allemand qui conviendrait également. Cette solution, définitivement adoptée début 1952, est mise en œuvre par récupération de la prise de guerre entreposée à [[Nouâtre]]-[[Maillé (Indre-et-Loire)|Maillé]].
Mais, la conclusion de ces études étant longue, une solution provisoire d’adaptation du pont alors en place pour la circulation des voitures de tourisme, avec remplacement des radeaux de bois par des radeaux de fer, est décidée et réalisée par les services de la Marine et de la DCAN début 1949. Cette solution temporaire permet le transit de svéhicules de tourisme.
Le pont Gueydon a été déplacé lors de l’ouverture du nouveau pont de Recouvrance. Ce déplacement permet l’utilisation par les civils du pont Gueydon si la travée du nouveau pont de Recouvrance était enlevée ; à cette fin, des escaliers ont été construits au niveau des piles sud du pont de Recouvrance sur les deux rives de la Penfeld, qui aboutissent à proximité d’un poste de garde, dans une zone clôturée avec postes de garde d’où l’on peut descendre sur le pont flottant<ref>Ces escaliers sont bien évidemment condamnés en temps normal.</ref>.
==== Le Pont de l’Hôpital ou [[Pont de l’Harteloire]] ====
Les réflexions sur la construction de passage « en dur » sur la Penfeld se poursuivent. Avant même la signature de l’armistice du [[8 mai 1945]], les autorités nationales décident de reconstruire deux ponts, l’un fixe sur lequel la passera [[route nationale 12]] et l’autre, mobile, au cœur de la ville, ne devant avoir qu’une fonction de desserte locale.
La construction d’un pont au niveau de l’Hôpital Maritime, à l’emplacement du [[pont transbordeur]], est donc actée. Ce pont de l’Hôpital, ultérieurement renommé pont de l’Harteloire, sera construit de façon à permettre un important transit de véhicules et de poids lourds.
Les travaux sont subordonnés à l’enlèvement préalable du pont transbordeur<ref>Fortement endommagé pendant les combats, le pont transbordeur sera enlevé en 1947.</ref> et au déblaiement des ruines de l’hôpital maritime. Par ailleurs, son dessin permet, par sa hauteur et par la limitation du nombre d’appuis en rivière, le passage par toutes marées d’un [[croiseur]] de {{unité|10000|t}} et le dégagement d’un [[tirant d’air]] au-dessus des plus grandes eaux de marée de 40 mètres. L’hypothèse un temps évoquée d’établissement d’un nouveau pont transbordeur sous le tablier du nouveau pont est rapidement écartée pour des raisons à la fois techniques et esthétiques.
=== Le Pont de Recouvrance ===
Pour le Pont de Recouvrance, la technologie retenue découle de la prise en compte des deux considérations suivantes :
* la construction d’un pont peut être considérée comme susceptible de compromettre la sécurité des communications entre l’arrière-pont et la rade-abri : en cas d’écroulement de ce pont, sept [[forme de radoub|bassins de radoub]] se trouveraient inutilisables, ce qui serait militairement inadmissible<ref>Rappelons que le Pont National, écroulé au travers de la Penfeld, a empêché plusieurs mois durant l’utilisation desdits sept bassins. Il est dès lors envisagé la construction d’un pont qui, en plus de ses deux positions normales d’“ouverture” et de “fermeture”, présenterait, en outre, une position spéciale de “sécurité” dans laquelle son bombardement ne pourrait entrainer la suppression des communications en Penfeld.</ref> ;
* le tirant d’air minimum devra être porté à 45 mètres alors que celui du pont de l’Harteloire n’est que de 40 mètres.
Le premier pont présenté en instruction mixte en décembre 1947 était un [[pont tournant]], d’une technologie semblable à celle de l’ancien Pont National. Cette première esquisse est refusée par la Marine, car condamnant, en position de sécurité, un des postes de réparations de l’arsenal. Les premiers croquis d’un [[pont levant]] datent de février 1948 ; cette solution technique permet de remplir toutes les exigences imposées par la Marine<ref>Le souhait — et non l’exigence — de la Marine de disposer d’un tirant d’air infini ne peut être réalisé que par la dépose du tablier (ie l’utilisation de sa position de sécurité). En pratique, cette position de sécurité n’a jamais été utilisée.</ref>.
Les études, menées par le Service Central des Études Techniques du ministère des Travaux Publics et des Transports, conduisent finalement en la construction du nouveau pont par la société [[Groupe Fives-Lille|Fives-Lille]], financé par la ville de [[Brest]], la [[Marine nationale (France)|Marine nationale]], le [[ministère de l’Intérieur (France)|ministère de l’Intérieur]] et le [[conseil général du Finistère|département du Finistère]]. Son édification ne commence qu’en février 1950.
Construite dans le [[Arsenal de Brest#Le bassin 4|bassin 4]] de l’arsenal par la DCAN, en sous-traitance pour le compte des établissements Fives-Lille, la travée est transportée vers l’aplomb des piles du pont le {{date|28|avril|1954}}<ref>Le transport a été effectué par les deux [[chaland (bateau)|chaland]]s en [[béton armé]], construits par les établissements Limousin de Paris dans le cadre des travaux de construction du [[pont Albert-Louppe]]. Ils ont servi avant guerre à la mise en place et à l’enlèvement du [[cintre]] du pont, en 1948-1949 à sa reconstruction, puis furent embossées en attendant à [[cimetière des navires de Landévennec|Landévennec]].</ref>. Après mise en place de la travée, la dalle de béton est coulée en place, et les essais en charges ont lieu de 10 juillet, pour une inauguration officielle le {{date|17|juillet|1954}}. Il s’agissait alors du plus haut pont levant d’Europe.
== Caractéristiques ==
[[Image:04-05-2005-006.jpg|thumbnail|300px|right|Le pont de Recouvrance en position levée]]
La travée mobile, constituée d’une poutre en treillis en acier, mesure 88 mètres de long et pèse 525 tonnes. Elle se déplace sur quatre pylônes de béton armé qui s’élèvent à 64 mètres au-dessus des quais.
Trois positions sont possibles :
* l’ouverture élève le tablier à 53 mètres au-dessus du niveau des basses marées ;
* la fermeture, à 27 mètres de hauteur ;
* une position de sécurité abaisse la travée mobile au niveau de l’eau afin qu’elle puisse être évacuée et mise à l’abri. Cette position de sécurité peut être atteinte grâce un positionnement judicieux des contrepoids (qui ne sont qu’à mi-hauteur des piles avec le pont en position normale) et grâce à l’utilisation de béquilles rétractables.
Bien que le pont ait été prévu uniquement pour le passage des véhicules légers, il a été calculé pour permettre le passage de poids lourds (deux camions de 25 t) et supporte de ce fait le transit des [[ancien trolleybus de Brest|trolleybus]] du réseau brestois, puis, jusqu’à aujourd’hui, des bus du réseau [[Bibus]]. La limitation de circulation envers les poids lourds est essentiellement liée, à l’origine, à l’étroitesse de sa chaussée.
La travée mobile est équilibrée par quatre [[contrepoids]] principaux de 109,5 tonnes chacun et par quatre contrepoids auxiliaires de 18 tonnes chacun, chaque pylône abritant un contrepoids principal et un contrepoids auxiliare. Les câbles et poulies reliant la travée aux contrepoids permettent d'équilibrer exactement la masse de la travée lorsqu'elle est hissée et qu'elle ne repose plus sur ses béquilles. En revanche, lorsqu'elle est en position routière et qu'elle repose sur ses béquilles, en mollissant les câbles de manœuvre (en bleu sur le schéma ci-dessous) et en hissant davantage les contrepoids auxiliaires (en rose), on établit une prépondérance du poids de la travée de 72 tonnes, permettant ainsi de stabiliser le tablier et de résister à d'éventuels efforts ascendants (vent par exemple)<ref>D'après le bulletin de la [[Télémécanique]] Industrielle cité plus loin.</ref>.
[[Image:Pont_de_Recouvrance-principe_de_fonctionnement.gif|thumb|center|600px|Principes de fonctionnement du pont de Recouvrance. En bleu les contrepoids principaux et leurs câbles ; en rose les contrepoids auxiliaires et leurs câbles. Les différentes molettes et poulies de renvoi sont fixes par rapport au génie-civil du pont, tout comme les béquilles symbolisées par les carrés noir. La tablier figure en gris clair.]]
Depuis le tablier du pont, un passant peut facilement observer les « [[molette]]s » de 4 mètres de diamètre située en haut des piles et les câbles de manœuvre qui, après être passé dans les [[réa]]s de ces molettes, viennent se fixer aux quatre coins de la travée.
Ce dispositif particulier était doublé, à l'époque de la construction du pont, d'un système innovant de [[synchronisation]] des moteurs des treuils de hissage des piles côté Recouvrance et côté Brest<ref>Les câbles des piles aval et amont d'une même rive sont hissés à l'aide d'un treuil unique situé en dessous du tablier des viaducs d'accès.</ref>, qui a fait la fierté de l'entreprise qui l'a conçu et mis en œuvre ; de la même manière, l'asservissement du système de fermeture des barrières oscillantes empêchant l'accès au tablier et de déclenchement de la sirène et des feux de signalisation préalablement à la levée du pont était également une nouveauté.
== Divers ==
Les débats à la mairie portent sur le choix de la couleur de la partie centrale et le nom du nouveau pont. Ils oscillent entre bleu, rose et gris, qui l’emporte avec 19 voix contre 18 ; la peinture est refaite tous les 8 ans.
La plaque de commémoration de la libération ne fut apposée, sur la rive droite, qu’à l’occasion de « Brest 1992 ». En juillet 2004, l’association ''Vivre la Rue'', en collaboration avec la ville de Brest, a organisé un jour de jubilé (exposition, remise de visas de passage, animations) pour les 50 ans du Pont de Recouvrance qui participe à la renommée internationale de la ville de Brest.
== Notes et références ==
{{références|colonnes=2}}
== Bibliographie ==
Brochure ''Le pont levant de Brest'' éditée par l’entreprise ''[[Télémécanique|La Télémécanique Électrique]]'' (1954 ?)
== Voir aussi ==
{{Commonscat|Pont de Recouvrance|le Pont de Recouvrance}}
* [[Pont National (Brest)|Pont National]]
* [[Rue de Siam]]
* [[Recouvrance (Brest)|Recouvrance]]
* [[Arsenal de Brest]]
* [[Château de Brest|Le Château]]
* [[Tour Tanguy]]
== Liens externes ==
* [http://www.structurae.info/fr/structures/data/s0002932/index.cfm Détails techniques et photos], Structurae
{{Portail|route|Bretagne|Construction}}
{{DEFAULTSORT:Recouvrance}}
[[Catégorie:Pont du Finistère]]
[[Catégorie:Pont levant]]
[[Catégorie:Transport à Brest]]
[[Catégorie:Brest]]
[[lb:Recouvrance-Bréck]]