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    <title>Saadia Gaon</title>
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        <username>Kamulewa</username>
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      <text xml:space="preserve">{{homon|Gaon}}
'''Rav Saadia Gaon''' ([[hébreu]] '''רב סעדיה גאון'''), dit le ''Rassag'' ('''רס״ג''') ou ''Sa`īd ibn Yūsuf al-Fayyūmi'' ([[arabe]] '''سعيد إبن يوسف الفيّومي'''), ainsi qu'il signait lui-même ([[882]] ou [[892]]&lt;ref name=&quot;n882&quot;&gt;Seule l'année 892 était citée avant [[1921]] et l'est encore occasionnellement depuis. Cette date repose sur l'assertion du Rav [[Abraham ibn Dawd Halevi|Abraham ibn Dawd]] dans son ''Sefer HaQabbala'', selon laquelle Saadia était âgé d'« environ » cinquante ans à son décès. La date de 882 est déduite d'un fragment daté de 1113 EC retrouvé dans la [[gueniza du Caire]], lequel fragment contient un ''fihrist'' (un inventaire) des œuvres de Saadia établi par ses fils She'erit et [[Dossa ben Saadia|Dossa]] onze ans après sa mort, survenue à ses « soixante ans moins quarante … jours » — [[Henry Malter]], &quot;[http://books.google.com/books?vid=OCLC01306323&amp;id=dPvPHCm6ZyYC&amp;pg=RA4-PA421 Postscript]&quot;, ''Saadia Gaon: His life and works'' (1921) 421–428; Jacob [Jocob] Mann, &quot;[http://links.jstor.org/sici?sici=0021-6682(192104)2%3A11%3A4%3C423%3AAFOSW%3E2.0.CO%3B2-B A fihrist of Sa'adya's works]&quot;, ''[[The Jewish Quarterly Review]]'' new series '''11''' (1921) 423-428. &lt;br/&gt;Malter rejetait 882 qui entrainait des conflits avec d'autres évènements de la vie de Saadia, et suspectait un ''lapsus calami'' de copiste. 882 est toutefois généralement accepté, car le fragment de la gueniza est plus proche tant dans le temps que dans l'espace, de sa mort.&lt;/ref&gt;–[[942]]), fut le [[Gueonim|Gaon]] (équivalent juif du [[scholarque]]) de l'[[académies talmudiques en Babylonie|académie talmudique]] de [[Soura (Babylonie)|Soura]] de [[928]] à sa mort (avec une période d'interruption due à un conflit avec l'[[exilarque]] [[David ben Zakkaï]]), et l'un des [[rabbin]]s les plus éminents de la [[Gueonim|période gaonique]]. &lt;br /&gt;Personnalité énergique et d'une haute moralité, sa vie et son œuvre sont une suite de luttes et de combats, menés en vue d'unifier le judaïsme oriental contre des adversaires souvent acharnés, tant du dehors que de l'intérieur du judaïsme babylonien&lt;ref&gt;[[Salo W. Baron]], &quot;Saadia's communal activities&quot;, ''Saadia Anniversary Volume'' (1943) pp. 9-74&lt;/ref&gt;. Elles lui ont permis d'être le seul directeur « étranger, » c'est-à-dire juif égyptien et non babylonien, à avoir occupé ce poste prestigieux, et lui ont acquis une place et une réputation dans l'histoire et la pensée juive orientales à laquelle nul d'autre que [[Moïse Maïmonide]] n'a pu prétendre par la suite&lt;ref&gt;[[Élie Barnavi]] et al., Histoire universelle du judaïsme, ''le temps des ghe'onim'', p.87, éd. Hachette, Paris, 1992, isbn 978-2-0123-5617-7&lt;/ref&gt;.

Saadia se situe en effet à un moment critique de l'histoire juive, laquelle rencontre une double crise.

Le judaïsme est d'une part confronté à l'expansion musulmane. La civilisation arabo-musulmane, récente conquérante de l'Orient, est en effet à son apogée politique et culturelle ; inversement, le centre autrefois puissant du judaïsme en Babylonie périclite, et l'instabilité politique entraîne des luttes d'influence menant à des dissensions spirituelles. Du fait du prosélytisme musulman, et, pour certains, de la perspective d'avantages matériels, les conversions des populations de ''[[dhimmi]]s'' (sujets non-musulmans dans un État régi par la [[charia|loi musulmane]]), qu'elles soient [[Christianisme|chrétiennes]], [[Zoroastrisme|zoroastriennes]] ou [[Juifs|juives]], sont nombreuses.

Le judaïsme est d'autre part confronté à une crise interne, avec la montée du [[karaïsme]], un courant contestant radicalement le [[Talmud]]. La remise en question de la [[Sunna|tradition orale musulmane]] par certaines factions du monde musulman s'est en effet accompagnée d'un phénomène analogue dans le monde juif&lt;ref&gt;Cette vision classique d'une importante influence de l'islam sur le [[karaïsme]] a toutefois été récemment critiquée — Meira Pollack, ''Medieval Karaism'', dans ''The Oxford Handbook of Jewish Studies'', 2002, pp.302-303.&lt;/ref&gt;. Les contestataires de la tradition orale juive, principalement représentée par le [[Talmud]], se confédèrent au {{VIIIe siècle}} sous la houlette d'[[Anan ben David]] en un mouvement appelé le [[karaïsme]] (de ''Miqra'', la [[Bible hébraïque]], seule source reconnue par les adhérents à cette mouvance). Ce mouvement prône un judaïsme basé sur l'interprétation libre du seul Texte biblique, et démontre la compatibilité de sa démarche avec la raison au moyen d'une [[Kalam juif|variante juive de la pensée discursive du Kalâm]]. Face à un judaïsme rabbinique élitiste, figé dans son interprétation traditionnelle et mysticisante, donc perçue comme irrationnelle, le karaïsme rencontre un succès croissant auprès de nombreux Juifs. 

Saadia se fait d'abord connaître en intervenant dans la controverse du calendrier, empêchant la survenue d'un schisme entre le judaïsme rabbinique babylonien et son homologue de la terre d'Israël ; mais il passera vraiment à la postérité par son œuvre ultérieure, par laquelle il devient le premier partisan du [[Talmud]] à produire une œuvre intellectuelle et théologique susceptible de faire pièce à l'influence l'intellectuelle et religieuse du [[karaïsme]], et accessoirement de l'[[islam]]. &lt;br /&gt;
Pour ce faire, il est obligé d'innover, ou à tout le moins de réaliser une présentation systématique pour des domaines dans lesquels il n'en existe aucune. Ces domaines sont aussi variés que la [[hébreu|linguistique hébraïque]], l'[[exégèse juive de la Bible]], la [[philosophie juive]], la [[liturgie juive]] et la [[Halakha|Loi juive]]. Son œuvre la plus mémorable en la matière est le ''[[Emounot veDeot]]'', première tentative systématique d'intégrer à la théologie juive certaines composantes de [[philosophie grecque]]. Cette démarche théologique intégrant la [[philosophie grecque]] et l'idée de Raison (''[[Logos]]'') est novatrice, et salutaire, au sein d'un [[judaïsme rabbinique]] considérant jusqu'alors que la révélation divine se suffit à elle même et n'a pas à être justifiée. Ce faisant, Saadia jette les bases d'un renouveau intellectuel et culturel au sein du judaïsme rabbinique, et trace la voie de la civilisation juive qui s'épanouira en [[Al-Andalus|Espagne musulmane]], sous l'égide de [[Hasdaï ibn Shaprout]]. 

== Biographie ==
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&lt;/timeline&gt;
&lt;/div&gt;
Si l'historicité de Saadia ne fait pas de doute, on ne sait que peu de choses sur sa vie avant ses premiers écrits. 

Lui-même ne s'est pas soucié de laisser des notes biographiques, à l'exception de son ''Sefer HaGalouï'' (Le Livre Ouvert). Cependant, ce livre a été rédigé par Saadia en réponse aux diffamations lancées lui par ses adversaires; les informations qui y sont contenues sont donc sujettes à caution, d'autant plus, qu'elles ne sont pour la plupart connues que par des citations ultérieures. Le livre n'a en effet pas été préservé, à l'exception de quelques fragments retrouvés dans l'[[Gueniza du Caire|entrepôt de la synagogue Ben Ezra du Caire]].

L'un des premiers témoignages sur le [[Gaon]] et son époque est le fait d'un autre [[Gaon]], [[Sherira Gaon|Sherira bar Ḥanina]], dans une lettre circulaire initialement destinée à la communauté de [[Kairouan]], sur l'histoire de la [[Mishna]] et du [[Talmud]]. Le contenu de cette lettre, repris par [[Abraham ibn Dawd Halevi]] dans son ''Sefer HaQabbala'' (Le Livre de la Transmission), sera la base de l'historiographie traditionnelle de Saadia.

Un autre témoignage contemporain, celui de [[Nathan HaBavli]], fut destiné probablement aux mêmes Juifs de Kairouan, et intégré à une édition des ''Youḥassin'' d'[[Abraham Zacuto]], une chronique d'histoire juive ; le récit de ce dernier, légèrement postérieur (Sherira et lui parlent des mêmes personnages, mais Sherira ne connaît pas Nathan&lt;ref&gt;{{he}} [[Yehouda David Eisenstein]], ''[[Otzar Israël]]'', [http://www.hebrewbooks.org/pdfpager.aspx?req=2596&amp;hilite=&amp;pgnum=133 Nathan Habavli]&lt;/ref&gt;) se focalise davantage sur les [[exilarque]]s, autorité temporelle sur les Juifs dans le [[monde musulman]], et leurs conflits avec les [[gueonim]], qui représentent l'autorité spirituelle, ainsi que sur les mœurs de leur époque. 

Ces deux témoignages ont été complétés au {{XIXe siècle}} par les historiens de la [[Wissenschaft des Judentums]], dont [[Heinrich Graetz|Graetz]] et [[Isaac Hirsch Weiss|Weiss]], qui ont compilé d'autres sources, notamment dans la littérature polémique de l'époque. 

Cette historiographie  moderne est enrichie par les manuscrits exhumés de la [[Gueniza du Caire]] au début du {{s|XX}} : ils ont apporté de nombreux éclaircissements, dont certains permettent de corriger des informations comme la date de naissance de Saadia&lt;ref name=&quot;n882&quot;/&gt;.

=== Jeunes années ===

Sur les jeunes années, la famille et la formation de Saadia, rien ne peut être considéré comme certain, sinon sa région de naissance : l'épithète d' ''Al-Fayyoumi'' tend à indiquer qu'il serait né dans le district de [[Fayyoum]] en [[Égypte]]. La région était identifiée à l'époque, et par Saadia lui-même, au lieu biblique de ''[[Pithom]]'', d'où son nom hébraïque de ''HaPithomi''. 

D'après l'historiographie traditionnelle, Saadia naît à Dilaẓ, un village dans la région d'Abou Souweir, dans une famille pieuse et instruite&lt;ref name=&quot;Sherira&quot;&gt;[[Sherira Gaon|Sherira]]'s Epistle, ed. [[Adolf Neubauer|Neubauer]], ''Medieval Jewish Chronicles'' I, 40&lt;/ref&gt;. Il compte des personnages illustres dans son ascendance, dont [[Hanina Ben Dossa]], un [[Hassidéen]] du {{s|I}} célébré dans maints récits du [[Talmud]], raison pour laquelle il nomme l'un de ses fils [[Dossa ben Saadia|Dossa]] et, peut faire remonter son lignage à [[Shelah (fils de Juda)|Shelah]] fils de [[Juda (patriarche)|Juda]]&lt;ref&gt;[http://sefarim.fr/?Library=Pentateuque&amp;Book=Gen%E8se&amp;Chapter=38&amp;Verse=5 Genèse 38:5], 46:12 et [http://sefarim.fr/?Library=Hagiographes&amp;Book=Chroniques%201&amp;Chapter=4&amp;Verse=21 1 Chroniques 4:21]&lt;/ref&gt;. &lt;br/&gt;Cependant, cette version des faits se base sur son ''Sefer haGalouï'', en réponse à des rumeurs selon lesquelles sa famille se serait en réalité [[conversion au judaïsme|convertie au judaïsme]] de fraîche date ; selon ces rumeurs, son père, modèle de débauche, aurait été ''[[muezzin]]'' (membre de la [[mosquée]] chargé de lancer l'[[adhan|appel à la prière]]), boucher ou barbier, avant d'être contraint de quitter l'Égypte pour [[Jaffa]], probablement avec son fils Saadia, et mourir en [[terre d'Israël]] dans la misère. [[Henry Malter]], qui a analysé ces assertions, ne juge ni implausible ni dégradant que Saadia ait pu descendre de prosélytes ; il fait toutefois montre d'un certain scepticisme, ces assertions émanant d'adversaires acharnés de Saadia, au cours de polémiques particulièrement violentes, contredites par d'autres sources, notamment la lettre de Sherira qui affirme que son père était un homme pieux et instruit&lt;ref name=&quot;Sherira&quot;/&gt;{{,}}&lt;ref name=&quot;chabad&quot;&gt;[http://www.chabad.org/library/article_cdo/aid/112319/jewish/Rabbi-Saadia-Gaon.htm Rabbi Saadia Gaon] sur [http://www.chabad.org chabad.org]&lt;/ref&gt;, et souvent abandonnées après la résolution du conflit les opposant à lui&lt;ref name=&quot;assertions&quot;&gt;Il s'agit d'assertions répétées à plusieurs reprises par [[Aaron ben Meïr]] dans au moins deux missives à ses élèves; l'appellation de « Gentil de Dilaẓ » a également été reprise pas [[Aaron ibn Sarjadou]] - Malter, Saadia, his life and works, p. 27&lt;/ref&gt;. 

Saadia quitte le foyer familial encore jeune, pour étudier auprès des maîtres de [[Tibériade]], dont un certain Abou Kathir Yaḥia al Kathib, dont on ne connait rien, si ce n'est par une mention d'[[Al Masudi]], historien et voyageur arabe, qui aurait disputé avec lui en Palestine&lt;ref&gt;[[Steinschneider]], ''Die Arabische Literatur der Juden'', a/M 1902 §23. &lt;/ref&gt;. Abou Kathir pourrait avoir été un [[Massorète]], et aurait enseigné à Saadia les systèmes de ''[[niqqoud]]'' (marques de vocalisation de l'hébreu) et de [[cantillation]] (méthode de prononciation et de récitation le texte biblique), ainsi que la ''[[massora]]''&lt;ref name=&quot;SBO&quot;&gt;{{he}} [http://www.daat.ac.il/DAAT/mahshevt/mehkarim/rabenu1-2.htm Rabbenou Saadia Gaon, l'homme et son œuvre littéraire]&lt;/ref&gt; (notes critiques en marge du texte biblique), toutes choses dont Saadia fait usage dans ses œuvres ultérieures, notamment grammaticales&lt;ref&gt;Solomon L. Skoss, ''Saadia, the earliest hebrew grammarian'', in ''Proceedings of the American Academy for Jewish Research''&lt;/ref&gt;. Cependant, le théologien [[Ibn Hazm]] compte Abou Kathir aux nombres des [[Kalam juif|Mutakallimûn juifs]], et il semble ressortir des écrits d'Al-Masudi qu'Abou Kathir était un philosophe&lt;ref name=&quot;M36&quot;&gt;Henry Malter, op. cit., p. 36&lt;/ref&gt;. Saadia rencontre sans doute des écrivains mahométans, ainsi que des Karaïtes instruits, ce qui influencera sa production, surtout polémique, ultérieure&lt;ref name=&quot;M36&quot;/&gt;. 

Contrairement à de nombreuses figures illustres du judaïsme, on ignore tout des premiers maîtres de Saadia, tant pour son [[éducation juive]] que pour son apprentissage de la philosophie et des sciences : si l'on sait que Saadia échange dans sa jeunesse une correspondance avec le philosophe néoplatonicien [[Isaac Israeli ben Salomon|Isaac Israeli]]&lt;ref&gt;Dans son introduction au ''[[Sefer Yetzira]]'', [[Dounash ibn Tamim]] fait référence à la correspondance entre Saadia et son maître, Isaac Israeli, qui s'est tenue lorsque Dounash avait environ 20 ans, et qui a eu lieu avant l'arrivée de Saadia en Babylonie[http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=520&amp;letter=D]. Cela est également confirmé par un autre commentateur de ce même livre, [[Jacob ben Nissim]][http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=86&amp;letter=J].&lt;/ref&gt;, et que l'on pense qu'il a rencontré [[David ibn Merwan Al-Mukkamas]]&lt;ref&gt;D'après une note de [[Juda ben Barzilaï]] dans son commentaire sur le Sefer Yetzira — Henry Malter, op. cit., p. 67&lt;/ref&gt;, rien ne permet d'indiquer avec certitude qu'ils l'aient inspiré&lt;ref name=&quot;SBO&quot;/&gt;, sur le plan des idées tout au moins. Il paraît cependant vraisemblable que Saadia avait lu les oeuvres d'Al-Mukkamas avant de composer les siennes&lt;ref name=&quot;Stroumsa&quot;&gt;Sarah Stroumsa, ''Saadia and Jewish Kalam'', pp. 79-80&lt;/ref&gt;. D'autre part, l'Égypte de son temps était un terrain favorable à l'apprentissage des sciences. Toutefois, si elle était un terreau fertile pour le [[karaïsme]], elle n'avait pas produit de talmudiste d'envergure&lt;ref name=&quot;Graetz&quot;&gt;[[Heinrich Graetz]], [[:s:Histoire des Juifs, Troisième période, II - Chapitre I - Saadia, Hasdaï et leurs contemporains|Histoire des Juifs, troisième période, deuxième époque, chapitre premier]]&lt;/ref&gt;, or Saadia manifeste dès ses premières œuvres anti-karaïtes une connaissance étendue non seuelement de la littérature karaïte mais aussi de la tradition orale du judaïsme.&lt;/br&gt;Si certains pensent que Saadia se développa par sa seule intelligence&lt;ref name=&quot;SBO&quot;/&gt;{{,}}&lt;ref name=&quot;Graetz&quot;/&gt;, on préfère estimer, dans les milieux traditionnels, en se basant sur la lettre de Sherira, que le premier maître de Saadia fut son père&lt;ref name=&quot;chabad&quot;/&gt; ; Mar Yossef, ainsi que l'appelle Sherira, aurait été, selon [[Moshe Gil]], ''Resh Kallah'' (« maître de l'assemblée&lt;ref name=&quot;Alouf&quot;/&gt;{{,}}&lt;ref&gt;Saadia signait en effet Saïd ibn Yussuf Alluf, et non Saïd Alluf. Moshe Gil y voit un indice que le titre s'appliquait en réalité à son père et non à lui-même — Moshe Gil, ''Jews in Islamic Countries in the Middle Ages'' (traduit par David Strasler), p. 350, Brill 2004, ISBN 900413882X&lt;/ref&gt; »). Les karaïtes lui supposent, dans un but polémique évident, un maître karaïte, peut-être même [[Salman ben Yerouḥam]], son contemporain et futur antagoniste&lt;ref&gt;[http://www.jstor.org/pss/1452595 Review: The Milḥamōth ha-Shēm of Salmon ben Jeroham by Leon Nemoy], [[The Jewish Quarterly Review]], New Series, Vol. 28, No. 1 (Jul., 1937), pp. 91-94; consultable uniquement après payement; selon une autre légende rapportée par Nemoy, vraisemblablement inventée par des Rabbanites, Salman ben Yerouḥam aurait été un Rabbanite, devenu karaïte par suite à un conflit personnel avec son rival Saadia.&lt;/ref&gt;, bien qu'Abou Kathir pourrait avoir été un Karaïte&lt;ref name=&quot;Stroumsa&quot;/&gt;.

À 20 ans, il compose son premier grand ouvrage, le ''Sefer Egron'' (que Graetz lit « ''Iggaron''&lt;ref name=&quot;Graetz&quot;/&gt; »), le premier lexique hébraïque connu, rédigé à l'intention des [[piyyout|poètes liturgiques]] et, à 23 ans (selon un verset dans le ''Yessod Mispar'' d'[[Abraham ibn Ezra]]), le ''Livre de la Réfutation d'Anan'', attaque en règle contre [[Anan ben David]] et ses disciples, les [[karaïtes]].&lt;br /&gt;La lutte de Saadia avec le [[karaïsme]] en général, et [[Salman ben Yerouḥam]] en particulier, commence. Elle durera toute sa vie. &lt;br /&gt;Cette même année, il quitte l'[[Égypte]] définitivement, et s'installe en [[terre d'Israël]] avec l'intention de s'y fixer, par suite, selon certains, de représailles de la part de Karaïtes&lt;ref name=&quot;chabad&quot;/&gt;.

=== La dispute du calendrier ===
{{Article détaillé|Aaron ben Meïr}}

En [[921]], le ''[[rabbin|Rav]]'' [[Aaron ben Meïr]], ''[[Nassi]]'' de la communauté palestinienne, [[Rosh Yeshiva|directeur de la yeshiva]] de [[Ramle]], instaure une modification de la règle du ''dehiya molad zaken'' qui décide de la postposition de la date du [[Rosh Hashana|Nouvel An juif]], si le ''[[molad]]'' (la conjonction lunaire) se produit à midi ou plus tard&lt;ref&gt;Depuis [[Hillel II]], la fixation du [[calendrier hébraïque]] est basée sur une série de règles, et non plus sur l'observation des [[Phase lunaire|phases lunaires]] ; ces règles sont rappelées dans le ''[[Mishneh Torah]]'', ''Hilkhot Kiddoush HaLevana'', chap. 6-10, écrit vers [[1170]].&lt;/ref&gt;. &lt;br /&gt;
Selon sa règle, non seulement le Nouvel An, mais aussi [[Pessa'h|la Pâque juive]] et les fêtes qui en découlent devaient être en [[922]], [[923]] et [[927]], célébrées deux jours plus tôt que ne le prévoient les calculs des Sages babyloniens. 

Cette dispute du calendrier va immédiatement opposer la direction babylonienne à la direction religieuse palestinienne. Elle les opposent sur le calendrier religieux lui-même. Mais elle les opposent aussi en terme de pouvoir, celui parvenant à convaincre le plus de communautés juives obtenant ''de facto'' la prééminence sur celles-ci.

La mise à jour de diverses pièces de la [[Gueniza du Caire]], comportant de nombreuses missives tant de Saadia que de Ben Meïr, permet de reconstituer une dispute qui dura cinq ans au moins. 

Ainsi qu'il l'écrit à ses disciples demeurés en [[Égypte]], Saadia se trouve à [[Alep]] lorsqu'il est mis au courant de l'affaire. Il adresse incessamment plusieurs missives à Aaron ben Meïr, en tentant de lui démontrer que le calendrier établi par les ''Gueonim'' est correct (lui-même a adressé une missive à Yehouda Gaon quatre ans plus tôt au sujet de cette méthode&lt;ref name=&quot;marx&quot;/&gt;) ; il l'avertit aussi des conséquences déplaisantes qu'occasionnerait tout changement. 

Ces lettres sont restées sans effet, ainsi qu'il le constate en arrivant à [[Bagdad]] : Ben Meïr a proclamé la règle officiellement, à une date inconnue (probablement ''[[Hoshanna Rabba]]'', jour de rassemblement traditionnel des [[Juifs]] en [[terre d'Israël]] de l'an 4 682, c'est-à-dire [[921]] dans le [[calendrier grégorien]]).

Les ''[[Gueonim]]'', ainsi que l'[[exilarque]] (chef officiel du judaïsme babylonien) de l'époque, [[David ben Zakkaï]] et probablement Saadia, lui adressent donc une lettre officielle dont la teneur est similaire à la première lettre de Saadia. 

Les ''Gueonim'' rédigent également des lettres circulaires adressées à de nombreuses communautés, les priant de ne pas adopter l'innovation proposée. Saadia en fait autant, preuve du prestige dont il jouit déjà dans le monde juif&lt;ref name=&quot;Postponement&quot;&gt;[http://www.abcog.org/saadia.htm#188 ''The Jewish Controversy about Calendar Postponements'']&lt;/ref&gt;.

Ben Meïr fait peu de cas des lettres qui lui sont envoyées de Babylonie, et envoie son fils réitérer à [[Jérusalem]] les changements proposés. Par ailleurs, il répond aux ''Gueonim'' et à Saadia en  affirmant que le calcul du calendrier devrait être laissé entre les mains des sages en terre d'Israël, comme auparavant. De religieuse, la querelle s'exprime maintenant en terme de pouvoir institutionnel.&lt;br /&gt;
Dans une longue lettre à ses adhérents en Babylonie, il explique les raisons de ses réformes, attaquant Saadia et « ses arrogants disciples ». Ceux-ci ont en effet tenté, suite à une autre missive de Saadia, de convaincre les [[Juifs]] d'Égypte de ne pas se plier aux régulations de Ben Meïr, mais à celles des ''Gueonim''&lt;ref name=&quot;marx&quot;/&gt;. Cette lettre, malgré l'impériosité de sa demande, ne contenait pas la moindre attaque contre Ben Meïr&lt;ref name=&quot;Postponement&quot;/&gt;.

Ben Meïr, fort de sa réputation et de ses compétences d'[[astronome]], bénéficiant de soutien de personnages influents&lt;ref name=&quot;marx&quot;/&gt;, réussit à faire accepter sa règle par certaines personnes et communautés ; en 922, celles-ci célèbrent [[Pessa'h|la Pâque]] un dimanche, alors que ceux qui suivent l'ordonnance des ''Gueonim'' de Babylone l'observent un mardi, le décalage se répercutant sur les [[fêtes juives]] de ''[[Chavouot]]'' (la Pentecôte juive), ''[[Roch Hachana]]'' (le Nouvel An juif), ''[[Yom Kippour]]'' (le Jour du Grand Pardon) et ''[[Soukkot]]'' (la fête des Cabanes). Les proportions de cet évènement sont telles qu'un historien syrien chrétien le mentionne dans ses chroniques&lt;ref name=&quot;marx&quot;/&gt;.

La querelle s'envenime entre les partis, particulièrement entre Saadia et Ben Meïr, et les attaques personnelles se multiplient&lt;ref&gt;C'est Ben Meïr qui, le premier, diffame Saadia et sa famille, affirmant « de source sûre » que son père était muezzin au service des Mahométans, s'impurifiait en ingurgitant des abominations, jusqu'à ce qu'il soit expulsé d'Égypte, et meurt à Jaffa. Saadia riposte, en traitant Ben Meïr d'« obscurantiste » et de « maudit, » toutes deux étant des allusions satiriques au nom Meïr (« éclairant »), et ses fils de « veaux ». -- [http://www.abcog.org/saadia.htm#188 ''The Jewish Controversy about Calendar Postponements'']&lt;/ref&gt;.

Les autorités religieuses babyloniennes, incapables de contenir Ben Meïr envisagent de faire appel au gouvernement, puis, pour une raison inconnue, chargent Saadia d'écrire en 922, au plus fort de la crise, le ''Sefer Zikkaron ouMeguila LeDorot'' (Livre [de] mémorial et Rouleau pour les générations), à l'intention des communautés de la [[diaspora juive|diaspora]]. Ce livre, dont il ne reste que des fragments, devait être lu le 20 [[Eloul]]. Il rappelle les « méfaits » de Ben Meïr depuis le début de la controverse, et est assorti d'un avertissement contre des troubles de ce genre à l'avenir. Par ailleurs, Saadia compose aussi un ouvrage intitulé ''Sefer haMo'adim'' (''Livre des Temps fixés''), lui aussi en bonne partie disparu ; il y réfute les arguments d'Aaron ben Meïr, moins pour des raisons arithmétiques, que pour préserver la communauté rabbinique d'un nouveau schisme, celle-ci ayant déjà subi la dissidence des [[karaïtes]].
 
Ces livres firent apparemment leur effet, puisque l'agitation se calma, et que Ben Meïr n'est plus mentionné lors des années suivantes&lt;ref name=&quot;Postponement&quot;/&gt;. Selon [[Alexander Marx]], ils auraient d'ailleurs été rédigés alors que la controverse avait déjà été réglée&lt;ref name=&quot;marx&quot;/&gt;.

Aaron ben Meïr avait-il cherché à profiter, comme le pensent certains&lt;ref&gt;[[Isaac Broydé]], [http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=648&amp;letter=B Ben Meïr], dans la [[Jewish Encyclopedia]]&lt;/ref&gt;, de la faiblesse de l'exilarche [[David ben Zakkaï]], peu respecté par la population et contesté par le [[Gaon]] de [[Poumbedita]], [[Mar Cohen Tzedek]]&lt;ref name=&quot;Graetz&quot;/&gt; (selon la version de Sherira, et des manuscrits retrouvés dans la Gueniza du Caire, il ne s'agirait en réalité pas de Cohen Tzedek, mais de son rival, le Rav Mevasser ben Kimoï Gaon&lt;ref name=&quot;marx&quot;/&gt;), pour le priver de l'une de ses plus importantes prérogatives, la fixation des fêtes et le calcul du calendrier, et ainsi redonner au centre palestinien sa primauté ? Ou bien avait-il trouvé une méthode permettant d'optimiser la règle du ''dehiya molad zaken'' et souhaitait-il la faire appliquer de son vivant, le prochain décalage significatif n'ayant pas lieu avant 181 ans&lt;ref&gt;[[Henry Malter]], op. cit., p. 80; Remy Landau, [http://www.geocities.com/athens/1584/index.html#26 ''The Meir-Saadia Calendar Controversy''].&lt;/ref&gt;?

La question n'a pas été résolue. Il est en revanche certain que c'est à Saadia que l'on doit la défaite de Ben Meïr, ainsi que lui-même le stipule dans une lettre à ses partisans, que son intervention empêcha une profonde division communautaire, et que son impact sur le calendrier actuel est tel que, des siècles plus tard, le [[Tossafiste]] [[Rabbenou Tam]] le décrit comme le père et le fondateur de la science du calendrier juif&lt;ref name=&quot;Postponement&quot;/&gt;. 

Cette controverse favorisa par ailleurs l'ascension de Saadia, l'assurant de la faveur de Ben Zakkaï, ce qui lui ouvrit la voie vers le [[gaon]]at&lt;ref name=&quot;Postponement&quot;/&gt;.

=== Carrière académique et nomination au poste de Gaon ===

==== À Poumbedita ====
Les services rendus par Saadia en faveur de la cohésion communautaire, ainsi que la reconnaissance de ses compétences dans les domaines d'études scientifiques et juives, valent à Saadia d'être élevé au rang de ''Resh Kalla''&lt;ref name=&quot;Alouf&quot;&gt;Dans les académies babyloniennes, le titre de ''Resh kalla'' ([[judéo-araméen]]: tête de l'assemblée), ou ''Alouf'' en [[hébreu]], désigne le juge en chef, troisième en rang derrière le Gaon. Étant une distinction particulière, il était souvent octroyé à des érudits éminents non-Babyloniens, en particulier ceux de Palestine. D'autres portaient ce titre dont, un certain &quot;Eliezer Allouf,&quot; ou &quot;Resh Kallah,&quot; en Espagne au {{s|IX}}. Le titre proviendrait de ''aloufeinou'' ([http://www.sefarim.fr/?Library=Hagiographes&amp;Book=Psaumes&amp;Chapter=144&amp;Verse=14 Ps. 144:14]), « bêtes de somme, » qui, selon le [[Talmud]] ([[Talmud de Babylone|T.B.]] [[Berakhot (traité)|Ber. 17a]]), est une appellation figurative des hommes pieux et érudits dans l'[[enfants d'Israël|assemblée d'Israël]] — [[Louis Ginzberg]], [http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=1270&amp;letter=A Alluf]&lt;/ref&gt; à [[Poumbedita]] en [[Babylonie]]. 

Sans cesser de polémiquer avec les Karaïtes, qui s'en prennent à leur tour au [[calendrier hébraïque]], Saadia entreprend de restaurer auprès de ses étudiants, essentiellement arabophones, la compréhension de la [[Bible hébraïque]]. Il s'attarde pour cela sur la structure de l'[[hébreu]] lui-même, publiant les premiers ouvrages systématiques de [[grammaire hébraïque]], réunis sous le nom de ''Kutub al-Lughah'' (« Livre de la Langue »). Ayant ainsi jeté les bases de la philologie hébraïque, il peut diffuser son exégèse biblique, laquelle s'appuie, pour la première fois, autant sur le Texte que sur la tradition&lt;ref name=&quot;JExegesis&quot;&gt;Executive Committee of the Editorial Board, [[Wilhelm Bacher]], [[Kaufmann Kohler]] &amp; J. Frederic McCurdy, ''[http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=1029&amp;letter=B Bible exegesis]'', ''in'' [[Jewish Encyclopedia]], 1901-1906&lt;/ref&gt;. Cette exégèse, appelée simplement le « ''Tafsir'' » ([[arabe]] : [[tafsir|تفسير]] exégèse), est accompagnée d'une [[targoum|traduction]] arabe de la Bible (bien qu'il n'y ait pas de citation des [[Livres des Chroniques|Chroniques]]). Tous deux sont écrits en [[alphabet arabe|caractères arabes]], et non [[alphabet hébreu|hébraïques]], afin de les rendre accessibles aux intellectuels arabes non-juifs. Le ''Tafsir'' est l'un des ouvrages majeurs de Saadia.

C'est aussi à cette époque qu'il commence à composer son  [[Siddour|livre de prières]] en se basant sur le précédent d'[[Amram Gaon]], visant là aussi à organiser un rituel et effectuer un tri parmi les variations de [[noussa'h|rites liturgiques]] et [[minhag|coutumes]] de chaque communauté, afin d'en proposer un seul, valable pour l'ensemble des communautés de la [[Diaspora juive]]. Il y inclut des morceaux de [[piyout|poésie liturgique]], rédigés dans un [[hébreu biblique|style biblique]] et non dans celui, communément admis mais de compréhension difficile, d'[[Eleazar Hakalir]], ainsi qu'un commentaire des prières et poèmes en arabe. Les morceaux de poésie les plus notables sont les ''Azharot'' sur les [[613 commandements]], et sont signés « Sa'id ben Yosseph Alouf&lt;ref name=&quot;Alouf&quot;/&gt; ».

==== À Soura ====

Lorsqu'en [[924]], Yaaqov ben Natronaï, le [[Gaon]] de [[Soura (Babylonie)|Soura]], décède, l'académie est dans une situation critique. Plus fortement éprouvée par la conquête musulmane que Poumbedita, son collège ne comporte plus d'éléments brillants, depuis la mort de Rav Naḥshon en 879&lt;ref&gt;{{he}} [http://daat.co.il/daat/kitveyet/mahanaim/horvits.htm La Yeshiva au temps des Gueonim], du Dr. Y. Horowitz, sur le site [http://www.daat.co.il daat]&lt;/ref&gt;. [[Mar Cohen Tzedek]], a en outre obtenu qu'elle ne soit plus prioritaire dans la répartition des subsides financiers&lt;ref&gt;[[Solomon Schechter]] and [[Max Schloessinger]], [http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=315&amp;letter=K&amp;search=kohen%20zedek KOHEN ẒEDEḲ II. KAHANA BEN JOSEPH], [[Jewish Encyclopedia]], 1901-1906&lt;/ref&gt;, privilège dont elle avait joui jusque là pour avoir été fondée par ''[[Abba Arika|Rav]]'', le père des études talmudiques en Babylonie. Et le nouveau Gaon, Yom Tov Kahana bar Yaaqov, fils du précédent et élu pour cette raison à défaut de meilleurs candidats, est un humble tisserand, sans grandes connaissances&lt;ref name=&quot;Graetz&quot;/&gt;. Lorsqu'il meurt deux ans plus tard, [[David ben Zakkaï]] envisage, sur les conseils de Cohen Tzedek, de transférer l'académie de Soura à Poumbedita, et d'y nommer un Gaon honoraire qui aurait son siège à Poumbedita. Cependant, la mort de Nathan ben Yehouda, fils d'un Gaon de Poumbedita, survenue alors qu'il venait d’être revêtu de cette nouvelle dignité, est interprétée par les contemporains comme un avertissement du ciel, enjoignant à maintenir Soura&lt;ref name=&quot;Graetz&quot;/&gt;.

L'exilarque hésite entre deux candidats: Saadia Allouf&lt;ref name=&quot;Alouf&quot;/&gt;, ainsi qu'il est encore appelé, et Tzemaḥ ben Shahin, peu connu, mais d'ancienne noblesse&lt;ref name=&quot;Graetz&quot;/&gt;. Il se prononce finalement en faveur de Saadia, malgré les nombreuses voix qui s'élèvent pour protester contre la nomination d'un « étranger, » et la réticence de Nissim Nahrwani, un ''Resh Kallah'' de Soura qui, malgré son admiration pour Saadia, craint que sa forte personnalité, sa droiture morale et son refus des compromis ne soient incompatibles avec la docilité que David ben Zakkaï attend d'un Gaon&lt;ref&gt;Récit de [[Nathan ben Isaac Habavli|Nathan HaBavli]], inclus dans les Youḥassin d'[[Abraham Zacuto]], section 3&lt;/ref&gt;. Saadia ben Yosseph est proclamé Gaon de Soura en [[928]]. 

Sous sa direction, l'académie retrouve sa prédominance&lt;ref&gt;Iggeret de Rav [[Sherira Gaon]], pp. 39-40 de l'[http://www.daat.ac.il/daat/vl/shrira/shrira01.pdf édition Oxford]&lt;/ref&gt;. Sa renommée encourage les donateurs et attire de nombreux élèves de toute la Babylonie, et même d'ailleurs, comme [[Dounash ibn Labrat]], né au Maroc.&lt;br/&gt;
Saadia se concentre sur la ''[[Halakha]]'' (loi rabbinique), rédigeant les premières monographies en la matières, dans un style clair, exact et accessible, et en arabe, dans un souci d'accessibilité, et non en [[araméen judéo-babylonien]] comme il était d'usage jusque là. Là aussi, le but est de contrer l'influence des Karaïtes, en aidant les [[dayan|juges]] à rendre plus aisément un verdict en accord avec la Torah et la tradition rabbinique.  

Par ailleurs, Saadia découvre, dans le cadre de ses activités de directeur, que des instituteurs de Soura utilisent des livres élémentaires basés sur l'enseignement de [[Hiwi al Balkhi]], un [[Histoire des Juifs en Afghanistan|Juif afghan]] dont les critiques et objections au nom de la raison portent non seulement contre la [[Torah orale]], mais aussi contre la [[Torah écrite]], raison pour laquelle il fut considéré hérétique non seulement par les [[Rabbanite]]s (partisans du Talmud) mais aussi par les [[Karaïte]]s&lt;ref&gt;[[Abraham ibn Dawd]], in ''Medieval Jewish Chronicle'' i. 66&lt;/ref&gt;. Saadia décide non seulement d'interdire l'usage de ces livres, mais aussi de combattre les assertions d'Al Balkhi dans un livre, aujourd'hui perdu, intitulé ''Kitab al-Rudd ala Ḥiwi al Balkhi'' (''Livre de la Réfutation de Ḥiwi al Balkhi''). Il y fournit des preuves, tirées de la tradition et la [[philosophie grecque]], démontrant encore une fois que la Torah n'est incompatible ni avec la logique ni avec la raison.

=== Dispute avec David ben Zakkaï ===

Deux ans plus tard, en [[930]], une dispute oppose le scholarque Saadia ben Joseph à l'exilarque [[David ben Zakkaï]], ainsi que l'avait prédit Nissim Nahrwani. 

Lors d'une affaire d'héritage, David use de sa position pour en percevoir un bénéfice important, et prie les [[Gueonim]] de contresigner son ordonnance, comme le veut la règle. Saadia refuse de cautionner ce verdict, qu'il juge inéquitable et contraire à la Torah. Ne souhaitant pas effaroucher l'exilarque, il se réfugie derrière la signature de [[Mar Cohen Tzedek|Cohen Tzedek]] pour déclarer la sienne superflue. Lorsque, fatigué d'effectuer des allers-retours entre les partis, Juda, le fils de l'exilarque, s'emporte contre Saadia et le menace physiquement, il est promptement expulsé par le serviteur de Saadia.&lt;br /&gt;David ben Zakkaï dépose alors Saadia, nommant à sa place Yosseph ben Yaacov ibn Satya, érudit mineur mais frère de Yom Tov Kahana, l'ancien gaon, et fils du précédent, Yaaqov ben Natronaï. Saadia riposte en destituant David, et en conférant la dignité d'exilarque au frère cadet de celui-ci, Yoshia (Hassan) ben Zakkaï. 

Deux camps se constituent: David est soutenu par [[Aaron ibn Sarjadou]], riche commerçant d'une certaine érudition, mais maladivement jaloux de Saadia, et sans doute par Cohen Tzedek. Saadia peut quant à lui compter sur les membres du collège de Soura, de nombreux savants de Bagdad, et surtout sur les banquiers de la famille Netira. Une lutte d'influence commence à la cour du [[calife]] [[Al-Muqtadir]], doublée d'une campagne de propagande publique, au cours de laquelle David ben Zakkaï et Aaron ibn Sarjadou se répandent en pamphlets haineux contre Saadia, l'accusant par exemple d'avoir profané effrontément le [[chabbat]], ou d'avoir des relations intimes avec des jeunes garçons dans sa chambre&lt;ref&gt;[[Abraham Harkavy]], Zikaron la-Rishonim (St. Petersburg, 1892), 5:230&lt;/ref&gt;, et ressortant les calomnies autrefois lancées par [[Aaron ben Meïr]] contre Saadia. Saadia ne manque pas de leur répondre, et compose le ''Sefer HaGalouï''. &lt;br/&gt;Ce livre, dont il ne reste que des fragments comportait sept chapitres. Dans le troisième, Saadia décrit l'infortune qui accable un peuple gouverné par un despote (probablement David ben Zakkaï) ; dans le quatrième, il écrit que Dieu appointe à chaque génération un Sage qu'Il inspire et illumine pour guider le peuple juif dans le droit chemin ; dans le sixième, il décrit les souffrances que lui infligent ses adversaires, avant de les mettre en garde dans le dernier chapitre, car Dieu punit sévèrement ceux qui oppriment injustement l'innocent. Le livre, bien que polémique, couvre d'autres sujets, et est écrit dans un langage poétique. Il est en outre vocalisé et accentué, ce que les opposants à Saadia ne manqueront pas de lui reprocher, car il s'agit à cette époque de l'apanage exclusif des textes bibliques. Suite à la réponse si féroce d'Aaron ibn Sarjadou qu'un Karaïte contemporain a jugé bon de la recopier, en se gaussant de l'intensité des disputes chez les Rabbanites, Saadia produit une nouvelle édition de ce livre, avec une traduction et une introduction en [[arabe]]&lt;ref name=&quot;marx&quot;&gt;[[Alexander Marx]], « ''Saadia Gaon'' » ''in'' [[Jacob Neusner]], [http://books.google.fr/books?id=x1F8Aa-5dRUC&amp;pg=PA167&amp;dq=saadia+karaite&amp;lr=&amp;sig=bZw1hnGpsiUFTbGgqvZbziGef0w#PPA168,M1 ''Understanding Rabbinic Judaism, from Talmudic to Modern Times'', pp. 149 - 171]&lt;/ref&gt;.

L'affaire prend un tournant décisif en [[932]], à l'accession au pouvoir du calife [[Al-Qahir]]. Celui-ci, en besoin de fonds, accueille volontiers le « présent » apporté par les partisans de l'exilarque, alors que l'influence des partisans de Saadia décline. Il exile Hassan ben Zakkaï, qui mourra en exil dans le [[Khorassan]]. Comme cela ne ramène le calme au sein du judaïsme babylonien, il en fait de même pour Saadia, et l'empêche de prendre la moindre part à la vie publique.

=== Les dernières années ===

C'est donc en exil que Saadia, mettant à profit son congé forcé, rédige ses œuvres maîtresses, le commentaire du ''[[Sefer Yetsirah]] '' étant achevé en 931, et le ''[[Emounot veDeot]]'' deux ans plus tard. Ce faisant, sa réputation ne cesse de grandir.

En [[937]], lors d'un procès, l'un des partis demande l'intervention de Saadia, ce qui énerve David ben Zakkaï.&lt;br /&gt;Un certain Bishr ben Aaron, beau-père d'Ibn Sarjadou, le convoque et obtient la réconciliation entre Saadia et Ben Zakkaï, le jour du [[jeûne d'Esther]]. Après tirage au sort, il est décidé que Saadia sera l'hôte de David au cours de la [[Pourim|fête des Sorts]], qui est célébrée après le jeûne. 

Saadia est réinvesti à la tête de Soura avec les honneurs, et en redevient l'autorité incontestée, lui rendant une fois de plus sa splendeur, perdue lors de la dispute. À la mort de David ben Zakkaï, vers [[940]], Saadia soutient l'investiture de Juda. Juda étant lui-même assassiné quelques mois plus tard, Saadia s'occupe personnellement d'élever et d'éduquer son petit-fils Hizkiya&lt;ref name=&quot;Graetz&quot;/&gt;. C'est le petit-fils de celui-ci, également nommé [[Hizkiya Gaon|Hizkiya]], qui sera le dernier Gaon de Poumbedita, cumulant cette fonction avec celle d'exilarque&lt;ref&gt;Ceci d'après le Sefer HaKabbala d'Ibn Dawd. [[Moshe Gil]] émet de nombreux doutes sur cette version des faits — M. Gil, ''Jews in Islamic countries'', pp. 111 - 116&lt;/ref&gt;. Cependant, affaibli par une vie de luttes, Saadia Gaon décède à Soura le 26 [[Iyar]] 4602&lt;ref&gt;[http://www.chabad.org/calendar/view/day_cdo/aid/281363/jewish/R.-Saadia-Gaon.htm Passing of R. Saadia Gaon]&lt;/ref&gt; (ce qui correspond au [[21 mai]] [[942]]&lt;ref&gt;Calculé sur le [http://www.chiourim.com/cal/calendrier_hebraique.php?activelocation=Baghdad,%20Iraq&amp;jahr=942&amp;Monate=5 Calendrier hébraïque de chiourim.com]&lt;/ref&gt;), de « [[bile noire]], » selon une tradition rapportée par [[Abraham ibn Dawd Halevi|Ibn Dawd]], et dont la source est vraisemblablement [[Dossa ben Saadia|Dossa]]. 

Après sa mort, Yosseph ben Yaaqov ibn Satya est réinvesti. Il n'a cependant pas l'envergure de Saadia, et l'académie de Soura ferme pendant 45 ans. Suite à une ultime tentative, menée de concert par le collège de Soura et celui de Poumbedita, Soura connaît sa dernière période d'éclat sous la tutelle de [[Samuel ben Hofni]], institué en urgence par son beau-fils, [[Haï Gaon]]. &lt;br/&gt;C'est dans ce contexte qu'Ibn Dawd situe la tradition des [[quatre captifs]] : quatre étudiants des académies babyloniennes sont capturés en mer par Ibn Ruḥamis, un amiral andalou, avant d'être revendus en divers pays, chacun de ces quatre ayant fait de son pays d'adoption un important centre d'études talmudiques. L'historicité de ce récit est controversée (pour la majorité des érudits de la ''[[Wissenschaft des Judentums]]'', il s'agit d'un mythe étiologique visant à expliquer l'influence grandissante d'[[yeshiva|écoles talmudiques]] fondées en Europe et en Afrique du Nord&lt;ref&gt;[http://jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=989&amp;letter=H Houshiel], dans la [[Jewish Encyclopedia]]&lt;/ref&gt;).&lt;br /&gt;Toutefois, c'est bel et bien [[Moshe ben Hanokh]], l'un des quatre captifs, supposé avoir été racheté par la communauté d'Espagne, qui y transmet l'héritage des Gueonim. C'est aussi lui qui fait connaître à [[Hasdaï ibn Shaprout]] l'œuvre de Saadia. Hasdaï en est si impressionné, qu'il commandita à Dossa une biographie de son père. C'est dans doute par celle-ci, ainsi que par [[Dounash ben Labrat]], que Saadia est popularisé en Espagne. L'épître de Dossa n'est cependant pas parvenue à nous.

== Å’uvre ==

La production de Saadia est estimée à environ cent ouvrages, dont la plupart sont perdus, et touche à de nombreux domaines. La [[littérature rabbinique]] classique dit qu'il les a inventés : Abraham ibn Ezra le qualifie, dans l'introduction à son Moznayim (p. 1b) de « ''Rosh hamedabrim'' » (le premier, et plus grand, de ceux qui parlent), et [[Menahem HaMeiri]] le considère comme « autorité en toute matière. » Si cette assertion a souvent été invalidée par la découverte de textes antérieurs, dont Saadia s'était vraisemblablement inspiré, il n'en reste pas moins que son influence dans les domaines qu'il a abordés a été si importante, tant auprès de ses sectateurs que de ses adversaires, qu'il en a effectivement fait oublier la plupart de ses prédécesseurs. 

L'œuvre de Saadia poursuit, malgré sa diversité, un but unique : donner aux tenants de la tradition les outils scientifiques et logiques pour la défendre contre ceux qui la dénigrent au nom de la science et de la raison. Il en expose les fondements au moyen d'une méthode rigoureuse et logique, héritée de son temps et inédite jusqu'alors dans le judaïsme rabbinique. C'est dans le but de simplifier cet apprentissage qu'il le dispense dans la langue vernaculaire des Juifs, le [[judéo-arabe]], et non dans la langue littéraire, le [[judéo-araméen]], réservant l'[[hébreu]] à la [[piyyout|poésie liturgique]] ou aux [[responsa]]. 

Ce faisant, il conteste souvent les opinions et méthodes karaïtes ; ceux-ci répondent sur un ton vigoureux, et souvent hargneux, à ses attaques. De cette compétition naît une riche [[littérature judéo-arabe]], et un regain d'intérêt pour leur champ de bataille commun, la [[Bible hébraïque]], que l'étude du Talmud avait fait quelque peu négliger (bien que l'opinion de [[Simhah Pinsker]], selon laquelle tout érudit du Texte antérieur à Saadia aurait été karaïte, soit fortement exagérée).

=== [[Grammaire hébraïque|Grammaire]] et [[hébreu|linguistique]]===

Bien que Saadia semble n'avoir considéré ses œuvres de linguistique qu'en tant qu'auxiliaires de son exégèse, il invente avec eux la philologie hébraïque, et fait de la grammaire hébraïque un objet d'étude indépendant, bien au-delà des notions contenues dans la ''[[Massora]]'', ainsi qu'une arme de sa propagande contre les Caraïtes.

Ses trois ouvrages les plus connus en la matière sont :  
# Le '''''Sefer haEgron''''' ([[hébreu]]: ספר האגרון Livre de la Collection&lt;ref&gt;[http://tabs-online.com/TABS/Jastrow/ Dictionary of Targumim, Talmud and Midrashic Literature] de [[Marcus Jastrow|Jastrow]], [[1926]]&lt;/ref&gt;), ouvrage lexicographique, est le premier à être composé par Saadia, en 913.&lt;br/&gt;Il se présente comme un dictionnaire double, chaque partie étant arrangée selon l'ordre alphabétique des initiales et des lettres finales respectivement. Il est conçu pour servir à la versification, dans laquelle les acrostiches et rimes jouent un rôle de premier plan. Saadia le réédite ensuite en y ajoutant la traduction arabe de chaque mot, et inclut des passages concernant divers « sujets mémorables des poètes ; » cette nouvelle mouture est appelée ''Kitab al-Shi'r'' (plus exactement ''Kitab Atsoul al-Shir al-Ivrani''). &lt;br/&gt;L'impact du ''Sefer HaEgron'' a été tel que le terme d'''ègron'' a non seulement été repris par les Karaïtes pour désigner un ouvrage lexicographique&lt;ref name=&quot;Grammar&quot;/&gt;, mais sert encore à désigner en hébreu moderne un [[lexique]]&lt;ref&gt;Marc M. Cohn, Nouveau dictionnaire hébreu-français, éd. Larousse, 2001, ISBN 2-03-451212-X&lt;/ref&gt;. Il a été édité par N. Allony en 1969, avec annotations critiques&lt;ref&gt;{{he}}Nehemiah Allony, ''HaEgron'' - ''Kitab Atsoul al-Shir al-Ivrani'' de Saadia Gaon, publications de l'académie de la langue hébraïque, [[Jérusalem]], 1969&lt;/ref&gt;.
# Le ''Kutub al-Lughah'' ([[arabe]] : كتب اللغة) ou, plus exactement, '''''Kitāb faṣīḥ lughat al-ʿibrāniyyīn''''' ([[arabe]]: كتب اللغة ; en [[hébreu]], ספר צחות הלשון העברים ''Sefer ẓaḥout halachon ha'Ivrim'', « Livre de l'Élégance de la Langue des Hébreux ») est un ouvrage de linguistique hébraïque en douze chapitres. &lt;br/&gt;Rédigé en judéo-arabe et sous l'influence de la philologie arabe, il a pour but, ainsi que l'écrit Saadia dans le ''Sefer HaGalouï'', « d'expliquer l'''[[irab]]'' (inflexion grammaticale) de la langue des [[Hébreux]] ». Ce travail, le plus ancien traité de [[grammaire hébraïque]] recensé, n'était connu qu'à travers les citations, plus ou moins longues, préservées dans le commentaire de Saadia sur le [[Sefer Yetzira|Sefer Yeẓirah]], et dans le livre de son disciple, [[Dounash ben Labrat]], qui critique ses conclusions&lt;ref name=&quot;JE&quot;&gt;[http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=4&amp;letter=S#21 Saadia ben Joseph] dans la [[Jewish Encyclopedia]]&lt;/ref&gt;. &lt;br /&gt;Il a été récemment édité sur base de manuscrits originaux et des recherches du professeur [[Aron Dotan]]&lt;ref&gt;{{he}} Aron Dotan, « À l'aube de la linguistique (hébraïque) — Le Livre de l'Élégance de la Langue des Hébreux, du Rav Saadia Gaon, » en 2 volumes, World Union of Jewish Studies, Jérusalem, Rabbi David Moses and Amalia Rosen Foundation, 1997, 668 pages, ISBN 965-90148-2-1&lt;/ref&gt;.
# Le '''''Tafsir al-Sab'ina Lafẓah''''' (arabe: تفسير السبعين لفظة ; en hébreu, פתרון שבעים מילים ''Pitron chiv'im millim'', « Exégèse (ou Résolution) des 70 mots ») une liste de 70 (en réalité 90) [[hapax]] ou mots (hébraïques et araméens) rares dans la [[Bible hébraïque]]. &lt;br/&gt;La polémique n'est pas absente du livre : contrairement aux Karaïtes qui se fient à leur exégèse personnelle pour comprendre ces mots, Saadia les explique au moyen de la littérature traditionnelle, en particulier des [[hébraïsme|néo-hébraïsmes]] de la [[Mishna]]&lt;ref&gt;Aron Dotan, [http://www.jstor.org/pss/1454323 A New Fragment of Saadiah's &quot;Sab'īn Lafẓah&quot;], The [[Jewish Quarterly Review]], New Series, Vol. 80, No. 1/2 (Jul. - Oct., 1989), pp. 1-14&lt;/ref&gt;. Ce petit ouvrage a connu de fréquentes réimpressions&lt;ref&gt;Notamment : 
* {{he}} ''in'' [http://www.daat.ac.il/daat/vl/rasagpitaron/rasagpitaron01.pdf Debarim Attikim], Leipzig 1844
* {{en}} Traduction et commentaire de [[Samuel Krauss]], in '' [http://books.google.fr/books?id=AHPsHqQaYwsC&amp;printsec=frontcover&amp;dq=Saadya+Studies&amp;lr=&amp;sig=aF9HZ7XvXPCjZhjRyA8jGdsEqLk#PPP15,M1 ''Saadya Studies''], pp. 47-77&lt;/ref&gt;.

La division des lettres effectuée par Saadia entre lettres-racines et lettres fonctionnelles sera adoptée par tous ses successeurs : elle constitue le principe fondamental de la théorie de formation des mots, et mène, d'une part, à la connaissance de la racine comme une partie essentielle et permanente de la forme du mot et, d'autre part, à la détermination exacte des fonctions grammaticales des autres éléments qui s'y rattachent&lt;ref name=&quot;Grammar&quot;&gt;[[Richard Gottheil]] &amp; [[Wilhelm Bacher]], [http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=411&amp;letter=G&amp;search=grammar Hebrew grammar], dans la [[Jewish Encyclopedia]], 1901-1906&lt;/ref&gt;. &lt;br /&gt;L'un des douze livres du langage de Saadia traite des inflections des verbes ; il fournit une revue systématique des formes qui peuvent être produites par inflexion à partir de la forme infinitive du verbe (contrairement aux Karaïtes, qui infléchissaient à partir de l'impératif&lt;ref&gt;{{en}} [http://www.jstor.org/pss/1455577 Revue des travaux du Pr. Dotan]&lt;/ref&gt;), en prenant le verbe shama (שמע) comme modèle&lt;ref name=&quot;Grammar&quot;/&gt;. Ce sont là les premiers paradigmes en grammaire hébraïque. &lt;br/&gt;Saadia traite aussi dans ses autres ouvrages des anomalies de la grammaire, auxquelles ses successeurs portèrent une attention soutenue&lt;ref name=&quot;Grammar&quot;/&gt;.

Étant le premier grammairien, le travail de Saadia comporte de nombreuses erreurs, mais celles-là mêmes furent aussi utiles à ses successeurs&lt;ref name=&quot;Graetz&quot;/&gt;.

===[[Exégèse]]=== 

Saadia a traduit en arabe la majeure partie, voire toute la Bible hébraïque, bien qu'il n'y ait pas de trace ni de citation des Chroniques. Il y ajouté en outre un commentaire en arabe. Le nombre de commentaires dans de nombreux Livres, comme celui des Psaumes, est cependant limité, car Saadia entend faire un commentaire de la traduction elle-même, et c'est pourquoi il l'a appelée '''''Tafsir''''' (arabe : تفسير « Commentaire »). Parmi les livres parvenus à nos jours :
# Tafsir al-Toraa (commentaire sur le Pentateuque). La traduction de la Torah a été incluse dans les Bibles Polyglottes de Constantinople (1546), de Paris (1645), et de Londres (1657). Les [[Juifs du Yémen]] la lisaient également avec le [[Targoum d'Onkelos]] (''Keter Torah'', Jérusalem, 1894-1901) ; elle est également retranscrite dans le premier volume des Œuvres Complètes sous la supervision de [[Joseph Derenbourg|Derenbourg]]. Un large fragment du commentaire sur l'Exode existe aussi à l'état manuscrit &lt;ref&gt;Voir le ''Magazin'' de Berliner, vii. 133&lt;/ref&gt;. 
# Tafsir Yishaya (commentaire sur Isaïe)
# Kitab al-taadil (« Livre de la justification » ou « de la théodicée »)

La traduction est rédigée en arabe, avec des caractères arabes, afin de la rendre accessible à tous, Juifs comme Arabes chrétiens et musulmans. Bien que ne comportant pas de paraphrase, la traduction est assez libre, particulièrement dans la syntaxe : Saadia n'hésite pas à connecter des versets et des fragments de versets afin de former un tout compréhensible&lt;ref name=&quot;JExegesis&quot;/&gt;, et facilement accessible. Il en résulte souvent que Saadia « fait souvent dire au texte plus et autre chose qu’il ne dit en réalité&lt;ref name=&quot;Graetz&quot;/&gt;. » Ce reproche est déjà formulé en termes sévères par Abraham ibn Ezra, mais il suppose que le texte, également destiné aux mahométans, devait être absolument clair, de peur qu'on ne raille les Juifs de ne pas comprendre leurs propres Écritures.&lt;br /&gt;Quant au commentaire, il contient, selon son auteur, non seulement une exacte interprétation du Texte, mais vise également à démontrer que les [[Hazal|Sages du Talmud]] n'ignorent rien des Écritures, et que celles-ci ne peuvent être correctement comprises en dehors de la tradition. Par conséquent, le commentaire, s'appuyant sur la tradition et la philosophie, s'oppose à la fois aux interprétations [[Anan ben David|ananites]] de la Bible et aux lectures littéralistes qui voudraient prendre les [[anthropomorphisme]]s bibliques au premier degré.  
&lt;br/&gt;Le système d'herméneutique de Saadia ne se limite pas à l'exégèse de passages particuliers, mais tend à traiter chaque Livre biblique comme un tout, et à montrer les connections existant entre ses diverses sections. &lt;!--The minuteness which, in the judgment of Ibn Ezra, characterized the geonic commentaries on the Bible must have been especially marked in Saadia's Pentateuch commentary, to which, according to a citation by Judah ben Barzillai, a whole volume served as introduction. The commentary contained, as is stated in the author's own introduction to his translation of the Pentateuch,not only an exact interpretation of the text, but also a refutation of the cavils which the heretics raised against it. Further, it set forth the bases of the commandments of reason and the characterization of the commandments of revelation; in the case of the former the author appealed to philosophical speculation; of the latter, naturally, to tradition. His exegetic application of the most diverse passages of Holy Writ is conspicuously shown in that portion of his commentary which treats of Ex. xxx. 11-16, and which has been translated by Bacher in Winter and Wünsche's &quot;Jüdische Litteratur&quot; (ii. 251). 
--&gt;

&lt;!--The translation of Isaiah was edited by Paulus (1790-91), and with portions of the commentary, by Derenbourg in his third volume. A translation of and commentary on the Psalms have been edited in the dissertation of Margulies (Breslau, 1884), and by others; selections were published by Ewald in his &quot;Beiträge zur Aeltesten Auslegung und Spracherklärung des Alten Testaments&quot; (i., Stuttgart, 1844); and the introduction was translated into German by J. Cohn (Berliner's &quot;Magazin,&quot; viii. 1-19, 61-91). A translation or Proverbs, together with a commentary and an introduction thereto, was edited by Derenbourg; and extracts have been published by Bondi (1888), a detailed characterization being given by Heller (&quot;R. E. J.&quot; xxxvii.). Cohn likewise edited the translation of and commentary on Job, a complete edition of which was published by Bacher (in Derenbourg, &quot;Œuvres Complètes,&quot; v.); and extracts were published by Ewald (l.c.). The translations of the Five Megillot found in various manuscripts, and ascribed therein to Saadia, are not genuine, though they are probably based on his translation, the version of Esther contained in them and printed in a siddur of Yemen (Vienna, 1896) being, at all events, very close to Saadia's rendering (see Poznanski in &quot;Monatsschrift,&quot; xlvi. 364). His translation of and a portion of his commentary on Daniel are preserved in manuscript; but the Hebrew commentary on Daniel which bears Saadia's name in the rabbinical Bible was written by another Saadia, who lived in the twelfth century (see Porges, ib. xxxiv. 63-73); and the same statement holds truewith regard to the commentary on Ezra edited under Saadia's name by Mathews (1882; see &quot;Ha-Goren,&quot; ii. 72 et seq.). Here likewise may be mentioned the Arabic midrash on the Decalogue ascribed to Saadia and frequently reprinted (see Steinsehneider, l.c. p. 285; idem, &quot;Hebr. Bibl.&quot; vii. 114; &quot;J. Q. R.&quot; xii. 484). For the commentary on Canticles of which a Hebrew translation was edited at Constantinople (c. 1577) and which was attributed to Saadia see Ewald and Dukes, &quot;Beiträge,&quot; ii. 104-109; and for a similar commentary on Ecclesiastes (Hasiatyn, 1903) see Bacher in &quot;Hebr. Bibl.&quot; ix. (1905).--&gt;

Ce faisant, il ramène au judaïsme de nombreux Juifs envisageant de l'abandonner afin de pouvoir embrasser non pas l'[[islam]], mais la culture et l'éducation, qu'ils associent à lui&lt;ref name=&quot;Naomi&quot;&gt;Naomi E. Pasachoff, [http://books.google.fr/books?id=zJRYTKXkpTYC&amp;printsec=frontcover&amp;sig=S2iJ4LjK3XeEw-YDZhzDD7PS-eU#PPA15,M1 Great Jewish Thinkers, Their Lives and Work], p. 15, Behrman House, Inc., [[1992]], isbn 0874415292&lt;/ref&gt;. 

Le ''Tafsir'', outre l'inauguration de l'exégèse rabbinique de la Bible hébraïque qu'il marquait, joua également une fonction importante dans l'histoire de la civilisation. Produit de l'arabisation d'une importante partie des communautés juives, cette traduction servit pendant des siècles à familiariser l'esprit juif avec la culture arabe, en un temps ou celles-ci étaient considérées comme incompatibles&lt;ref name=&quot;Naomi&quot;/&gt;. Elle joua un rôle comparable à la [[Septante]] dans l'Antiquité ou, plus tard, à la traduction en allemand de [[Moses Mendelssohn]], qui fut l'un des principaux vecteurs de la [[Haskala]]. De même, avec son langage clair et sa forme rationnelle, le ''Tafsir'' de Saadia éduqua ses contemporains et les ouvrit à la spéculation philosophique, tout en veillant à prémunir contre les arguments de sceptiques rationalistes. &lt;br /&gt;Réciproquement, cette traduction fit également connaître Saadia dans le monde arabe non-juif: [[Al Masudi|Massoudi]], un musulman contemporain de Saadia donne des détails sur sa vie, et un auteur du {{s|X}}, [[Ibn al-Nadim|Mohammed ibn Iṣḥaḳ al-Nadim]], donne, dans son ''[[Kitab-al-Fihrist|Fihrist al-'Ulum]],'' une liste de onze œuvres de Saadia.

=== [[Halakha]] ===

# Des monographies courtes, traitant de divers points de [[Halakha|Loi juive]] (témoignages lors des procès, héritages, chairs [[cacheroute|impropres à la consommation]], etc.)&lt;br/&gt;De ces traités rédigés en [[judéo-arabe]], seul les titres et quelques extraits ont été préservés, à l'exception du « Kitab al-Mawarith » (« traité des successions »), qui a survécu sous forme de fragments plus longs&lt;ref&gt;Traduction de Joel Müller, ''in'' Œuvres complètes section 9, pp. 1-53&lt;/ref&gt;, et d'un manuscrit sur les lois de la [[sheḥiṭa]]&lt;ref&gt;ibid., p. 37&lt;/ref&gt;, tous deux édités dans les « Œuvres Complètes » en 1897.  
# Des [[responsa]], n'existant pour la plupart qu'en hébreu, certains ayant probablement été rédigés dans cette langue. Envrion conquante de ces responsa ont été extraits de la littérature des responsa gaoniques par Joël Müller&lt;ref&gt;ibid. [http://www.daat.ac.il/daat/vl/tshuvotravsadia/tshuvotravsadia01.pdf pp. 87-142]&lt;/ref&gt;, qui a en outre compilé de nombreuses citations de Saadia au sujet de la Halakha&lt;ref&gt;''ibid''. pp. 145-173&lt;/ref&gt;.
# Saadia avait également proposé une méthodologie d'exégèse talmudique, avec son commentaire des [[treize principes de Rabbi Ishmael]], préservé en hébreu uniquement&lt;ref&gt;ibid., pp. 73-83&lt;/ref&gt;.
# Il aurait composé une traduction en judéo-arabe de la Mishna, dont [[Petahia de Ratisbonne]] attestait qu'elle était encore en usage à Bagdad au {{s|XII}}&lt;ref name=&quot;JE&quot;/&gt; et, selon [[Haïm Joseph David Azoulaï]], une autre méthodologie talmudique, intitulée « ''Klalei haTalmud'' », et rédigée en judéo-arabe&lt;ref&gt;Shem haGuedolim, 2:16&lt;/ref&gt;. Ces deux ouvrages ont disparu.
Si les codes de loi avaient été inventés avant Saadia, et tentaient de clarifier la pratique à adopter en conformité avec la tradition juive en réponse aux attaques des Karaïtes contre celle-ci&lt;ref&gt;[[Michael Levi Roskinson|Rodkinson]], [http://www.sacred-texts.com/jud/t10/ht110.htm History of the Talmud, chap VII, p.30]&lt;/ref&gt;, Saadia leur apporta sa méthode, inventant le genre de la monographie halakhique&lt;ref name=&quot;EU&quot;&gt;Gabrielle Sed-Rajna, ''[http://www.universalis.fr/encyclopedie/T302801/SAADIA_BEN_JOSEPH.htm Saadia ben Joseph ou Saadyah ibn Yusuf al-Fayyumi]'', [[Encyclopédie Universalis]] (entièrement consultable sur abonnement)&lt;/ref&gt;. Par ailleurs, il introduisit l'usage de l'[[judéo-arabe|arabe]], dans un souci d'accessibilité, usage presque unanimement adopté par ses successeurs&lt;ref name=&quot;EU&quot;/&gt;.

=== [[Liturgie juive|Liturgie]] ===
Le &quot;[[Siddour]] de Saadia Gaon&quot; est la plus ancienne tentative authentifiée de transcrire le rituel des [[Liste des prières et bénédictions juives|prières juives]] tant pour les jours de semaine ordinaires que pour les [[Chabbat|Sabbaths]] et [[Célébrations dans le judaïsme|jours fériés]] (bien que le premier ''siddour'' ait été rédigé par [[Amram Gaon]], à la demande des communautés d'Espagne, il n'en existe pas de texte faisant autorité). Il semblerait que ce ''siddour'' ait servi de base pour les tentatives de compilation ultérieures du rituel liturgique juif, et ait été imité par de nombreux auteurs. Le ''siddour'' comprend également des morceaux de [[piyout|poésie liturgique]], ainsi qu'un commentaire en arabe. Les portions de poésie les plus notables sont les « ''Azharot'' », sur les [[613 commandements]], et ont été composées alors que &quot;Sa'id ben Yosseph,&quot; ainsi qu'il signe, n'avait encore que le titre de ''alouf''&lt;ref name=&quot;Alouf&quot;/&gt;.

Il n'existe pas de manuscrit du texte complet, bien qu'une version quasi-complète se trouve à [[Oxford]]. Des fragments ont également été retrouvés dans la [[Gueniza du Caire]]. Une édition basées sur ces manuscrits a été publiée par Davidson, Assaf et Yoel à [[Jérusalem]] en 1941. les portions en arabe sont accompagnées d'une traduction hébraïque dans les colonnes en vis-à-vis.

=== [[Philosophie juive|Philosophie]] et [[pensée juive]] ===
# Le '''[[Emounot veDeot|Sefer haemounot vehadeot]]''' (''Le Livre des croyances et convictions'', originellement '''''Kitab al-Amanat wal-l'tikadat''''', &quot;Livre sur les Articles de Foi et les Doctrines du Dogme&quot;), fut publié en [[934]]. Premier système complet de philosophie religieuse, selon Graetz&lt;ref name=&quot;Graetz&quot;/&gt;, il tente d'intégrer au judaïsme des éléments de philosophie grecque. Si un tel effort avait été auparavant entrepris par [[Philon d'Alexandrie]], l'œuvre de Saadia eut un impact bien plus profond dans le monde juif {{Harv|1989|Ivry}}. Inspiré par l'école motazilite dans sa méthode, comme dans son découpage et dans son choix des thèmes (Création du monde, unité de Dieu, vérité de la Révélation, justice et rétribution divine, devenir de l'âme et rédemption aux temps messianiques), l'ouvrage vise à combattre tant le scepticisme parmi les gens portés à la spéculation que le refus de s'y adonner parmi les fidéistes. Saadia y affirme la profonde compatibilité entre raison et révélation. Toutefois, en cas de conflit, la tradition doit avoir préséance sur la raison.
# Le &quot;'''''Tafsir Kitab al-Mabadi''''',&quot; une traduction et commentaire en arabe du [[Sefer Yetsira]], écrit deux ans avant le précédent. L'un des plus anciens sinon le premier ouvrage rabbinique (et le seul à l’époque de Saadia) traitant spécifiquement de la création du monde, il en existe de nombreuses versions à l'époque de Saadia, qui présente son ouvrage comme un travail d'établissement du texte. Bien que le livre ait été ultérieurement considéré comme ésotérique, et que Saadia ne semble pas considérer la théorie de la création du monde qu'il propose comme philosophiquement sérieuse, son commentaire n'en est pas moins une défense de la doctrine de la création ''ex nihilo'' contre ses détracteurs, par voie de la raison que les philosophes grecs avaient invoquée contre elle. Il est probable, bien que Saadia ait fait abstraction, en le commentant, des spéculations théologiques du Kalâm, que les idées contenues dans ce commentaire furent à l'origine des doctrines exposées dans la première section du Emounot veDeot, dont il omettra tout de même la théorie du Sefer Yetsira sur la création lors de l'exposition des diverses opinions sur le sujet&lt;ref name=&quot;Verdier&quot;/&gt;{{,}}&lt;ref name=&quot;JE&quot;/&gt;.

=== Ouvrages de polémique ===
# Trois ouvrages de réfutation des auteurs karaïtes, désignés sous le terme global de &quot;'''''Kitab al-Radd''''',&quot; le &quot;Livre de la Réfutation,&quot;  abondamment cité dans des ouvrages karaïtes ultérieurs; l'une de ces références prouve que le troisième livre fut écrit après 933:
## Le &quot;'''Kitab al-Radd 'alei Anan''',&quot; le &quot;Livre de la Réfutation d'Anan&quot;, mentionné plus haut
## Le &quot;'''Kitab al-Tamyiz'''&quot; (en hébreu, &quot;Sefer HaTamyiz&quot;, &quot;Sefer haHakkarah&quot;, &quot;Sefer HaMivḥan), le &quot;Livre de Distinction,&quot; composé en 926, et le plus complet des ouvrages polémiques de Saadia. Il était encore cité au {{s|XII}}, et de nombreux passages en sont donnés dans un commentaire biblique de [[Yaphet Halevi]].
## Le &quot;'''Kitab al-Radd 'alei Ben Saqouye''',&quot; le &quot;Livre de la Réfutation de Ben Saqouye&quot; (qu'[[Alexander Marx]] identifie à [[Salman ben Yerouham]]&lt;ref name=&quot;marx&quot;/&gt;), contre l'[[Aviv]] et le calcul des néoménies et fêtes, point d'achoppement majeur avec les karaïtes
# À ces livres, il convient certainement de rajouter le &quot;'''Kitab al-'Ibbour''',&quot; ou &quot;Livre du Calendrier,&quot; vraisemblablement dirigé contre les Karaïtes;&lt;br/&gt;par ailleurs, une glose dans le Tafsir mentionne une dispute avec un dénommé Ben Zouta, bien que c'en soit la seule trace. 
# Une réfutation contre le bibliste critique rationaliste [[Hiwi al-Balkhi]], outre ce qu'il en dit dans son Emounot veDeot. Cet ouvrage ne nous est pas parvenu;
# &quot;'''Kitab al-Shara'i''',&quot; ou &quot;Livre des Commandements de la Religion.&quot;
# &quot;'''Sefer ha-Mo'adim''',&quot; ou &quot;Livre des Festivals,&quot; retraçant la polémique avec Ben Meïr sur la détermination du calendrier, mentionnée supra. 
# Le &quot;'''Kitab al-Ṭarid'''&quot; (en hébreu, &quot;Sefer haGalouï&quot;), écrit en arabe et en hébreu dans le même style que le &quot;Sefer ha-Mo'adim&quot;; il s'agit d'un ouvrage apologétique dirigé contre David ben Zakkaï et ses partisans. Dans ce livre, connu par quelques citations, il expose son lignage et tire fierté des services qu'il a rendus, en particulier dans son opposition aux hérésies.

== Sa place dans l'histoire juive ==

Si l'histoire juive médiévale est riche en personnalités, comme [[Rachi]], [[Abraham ibn Ezra|ibn Ezra]] ou [[Moïse Maïmonide|Maïmonide]], qui, par leur envergure, occultent quelque peu Saadia, celui-ci n'en occupe pas moins un rôle de premier plan, tant en son temps qu'ultérieurement. Son œuvre et son influence ont en effet été telles que [[Moïse Maïmonide]] dira « Peu s’en fallut que la Torah ne disparût, s’il n’avait été là &lt;ref name=&quot;Verdier&quot;&gt;[http://www.editions-verdier.fr/v3/oeuvre-seferyetzira.html Notice des éditions Verdier au Commentaire du Séfer Yetzira]&lt;/ref&gt;. »

Saadia est, selon Graetz&lt;ref name=&quot;Graetz&quot;/&gt;, l'initiateur de la  renaissance au sein du judaïsme, dont l'un des élèves, [[Dounash ben Labrat]], sera le promoteur en [[Andalousie]].&lt;br/&gt;Il fait figure de pionnier dans la plupart, sinon tous les domaines qu'il entreprend: 
* il établit une nouvelle école exégétique de la Bible, caractérisée tant par une investigation rationnelle de son contenu, traitant chaque Livre comme un tout, montrant les relations entre ses diverses sections, que par une connaissance scientifique de son langage; 
* il est, selon [[Abraham ibn Ezra]], le premier grammairien hébraïque, préfigurant une discipline qui fera le fleuron du judaïsme andalou. cependant, si [[Wilhelm Bacher|Bacher]] souscrit à cette appréciation&lt;ref name=&quot;JE&quot;/&gt;, d'autres chercheurs, dont [[Salomon Munk|Munk]], pensent qu'il ne fut que le premier auteur d'un ouvrage systématique, et que sa grammaire elle-même est fortement redevable des études karaïtes dans le domaine; 
* son ''Agron'' est le premier ouvrage de lexicographie juive, et son intitulé désignera longtemps un dictionnaire, surtout parmi les Karaïtes; 
* il est aussi probablement l'un des fondateurs de la philologie comparée, non seulement par son Livre des 70 mots, mais par son explication du vocabulaire hébreu au travers de l'arabe, n'hésitant pas à traduire des mots bibliques par des mots arabes de même prononciation&lt;ref name=&quot;marx&quot;/&gt;;
* par la systématisation de sa présentation de la [[Halakha]] dans ses responsa, qu'il est le premier à utiliser, et qui servira de modèle à l'exégèse talmudique séfarade, par la traduction de la [[Mishna]] qui en fut sûrement un commentaire, et était encore étudiée au {{s|XII}}, et par l'exposition d'un système de philosophie religieuse, Saadia annonce Maïmonide, bien que celui-ci soit fortement critique envers [[Kalam juif|le système philosophique de son prédécesseur]]; 

Les œuvres de Saadia ont également été la source et la base d'auteurs juifs ultérieurs, comme [[Berakhya]], auteur d'une encyclopédie philosophique, le ''Sefer Haḥibbour'' (Le livre de la Compilation).

=== Saadia et le karaïsme ===

Malgré son excellence dans des domaines si variés, ou peut-être parce que d'autres, comme Maïmonide s'y illustreront davantage, Saadia demeure pour l'histoire juive celui qui remporta la première victoire contre le [[karaïsme]], bien qu'il n'ait pas été le premier à engager la lutte contre eux.  

Le karaïsme, bien que n'existant que depuis un siècle et demi à l'époque de Saadia, a gagné de nombreux pans de la communauté juive, menaçant même l'existence des [[yeshiva|académies talmudiques]]. Dénonçant l'hégémonie du [[Talmud]] dans la pratique et la vie intellectuelle juives, son inertie (car ce qui a été décrété ne peut être défait par les générations ultérieures), ses [[herméneutique|méthodes d'interprétation]] de la [[Bible hébraïque]] qui s'écartent assez souvent du sens littéral des versets, quand elles ne semblent pas le contredire, et la présence en son sein de nombreux éléments de la [[mythologie persane]] (lesquels sont au demeurant propres au [[Talmud de Babylone]], ne se retrouvant pas dans le [[Talmud de Jérusalem]]), incompatibles avec la [[Torah]] de [[Moïse]], les karaïtes ont développé une interprétation de la Torah se voulant basée sur le texte de la Torah elle-même, libre de toute tradition imposée, et en accord avec la raison. &lt;br /&gt;Bien qu'en réalité, l'interprétation que font les [[Anan ben David|Ananites]] de la Torah soit elle-même entachée de « rabbinisme » et que son incompatibilité avec une pratique quotidienne menât à l'extinction de ce courant, l'idéal de libre exégèse, fondée sur la grammaire et le [[kalam]], s'est répandu d'autant plus que certaines écoles, dont celle de [[Benjamin al-Nahawendi]], proposent de concilier cet esprit de libre-exégèse avec l'acceptation de nombreuses ordonnances et pratiques rabbiniques. &lt;br /&gt;Si le karaïsme avait dû s'imposer, le judaïsme oriental aurait été morcelé en une multitude de courants professant chacun une pratique différente, laquelle situation n'aurait pas été sans rappeler [[Courants du judaïsme#Anciens courants du judaïsme|celle qui existait à l'époque du Second Temple]], et la tradition orale aurait vraisemblablement été perdue, ce qui revenait, aux yeux des partisans du judaïsme traditionnel, dénommés [[Judaïsme rabbinique|Rabbanites]] par leurs adversaires, à perdre la Torah.

Saadia est le premier à maitriser leurs champs de prédilection, la grammaire et le Kalam motazilite, et à connaître parfaitement leur littérature, il peut, en réconciliant tradition et rationalisme, rendre son attrait à la première. Au vu de la vigueur, puis de l'acrimonie des débats, les attaques ''ad hominem'' contre Saadia, l'accusant notamment d'ivrognerie, se multiplient, surtout après sa mort. De son côté, en clamant l'hérésie&lt;ref&gt;[[Simon Szyszman]], Le Karaïsme, éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, 1980, pages 17-18.&lt;/ref&gt;, puis la non-judéité des Karaïtes&lt;ref&gt;[http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/biography/SaadiaGaon.html Saadia Gaon sur la Jewish Virtual Library]&lt;/ref&gt;, Saadia amorce le schisme entre ces deux courants du judaïsme, qui culminera plus tard avec l'excommunication des Karaïtes, considérée comme définitive par certains [[posqim|décisionnaires]]&lt;ref&gt;[[Josy Eisenberg]], Une histoire des Juifs, P. 222; Voir aussi [http://www.biu.ac.il/JH/Parasha/eng/emor/gel.html On the attitude of posekim toward the Karaites]&lt;/ref&gt;. &lt;br/&gt;Paradoxalement, c'est en réponse aux attaques de Saadia que le karaïsme fournit ses contributions les plus notables sur la grammaire et la linguistique hébraïque au cours du {{s|X}} et de la première moitié du {{s|XI}}.

== Notes et références de l'article ==
{{Références|colonnes=2}}

=== Bibliographie ===

==== Livres ====
* [[Henry Malter]], ''[http://books.google.com/books?vid=OCLC01306323 Saadia Gaon: His life and works]'' (Morris Loeb Series, Philadelphia: Jewish Publication Society of America, 1921, dernière réédition en 2007).
* Sylvie Anne Goldberg ''La Clepsydre II'', Albin Michel, 2004, p. 181-195
* Sarah Stroumsa, ''[http://books.google.fr/books?id=KBjtygnlBtEC&amp;pg=PA71&amp;dq=sarah+stroumsa&amp;sig=XLcE5OZrfxxwAUdEcII4nR1sO44 Saadya and Jewish kalam]'', in Daniel H. Frank &amp; Oliver Leaman, ''The Cambridge Companion to Medieval Jewish Philosophy'', 2003, pp. 71–90, Cambridge University Press, isbn 978-0521652070
* Yaffa Ganz &amp; [[Berel Wein]], ''Sand and Stars, The Jewish Journey, pp. 94-99, Mesorah Publications 1994, Brooklyn NY, ISBN 0-89906-036-6
* [[Berel Wein]], ''Herald of Destiny: The Story of the Jews 750-1650, pp. 4-12, Shaar Press 1993, Brooklyn, NY, ISBN 0-89906-237-7
* Erwin Isak Jakob Rosenthal, [http://books.google.fr/books?id=AHPsHqQaYwsC&amp;printsec=frontcover&amp;dq=Saadya+Studies&amp;lr=&amp;sig=aF9HZ7XvXPCjZhjRyA8jGdsEqLk#PPP15,M1 Saadya Studies], 1980 (réimpression du n° 282 des Publications of the University of Manchester, 1943, en l'honneur du millénaire du décès de Saadia).

==== Articles ====

* {{Ouvrage | auteur=Ivry, Alfred L. | année= 1989 | titre=The contribution of [[Alexander Altmann]] to the study of medieval Jewish philosophy, in The [[Leo Baeck]] Institute Year Book XXXIV| éditeur=Arnold Paucker | Publi=Secker &amp; Warburg | lieu=London | Pages=433–440}}.
* {{he}} Simha Bounam Orbach, [http://www.daat.ac.il/DAAT/mahshevt/mehkarim/rabenu1-2.htm Saadia, l'homme et son oeuvre], 1971
* [[Salo W. Baron]], « Saadia's communal activities, » ''[http://books.google.fr/books?id=TE0wAAAACAAJ&amp;dq=Saadia+Anniversary+Volume&amp;lr= Saadia Anniversary Volume]'' (1943) pp. 9-74.

==== Encyclopédies ====
* {{he}} [http://www.daat.ac.il/encyclopedia/value.asp?id1=1548 Saadia] sur le site de l'encyclopédie juive Daat
* {{en}} [http://plato.stanford.edu/entries/saadya/ Saadya], sur le site de la Stanford Encyclopedia of Philosophy
* {{Otzar Israël|article=Rav Saadia|url=http://www.hebrewbooks.org/pdfpager.aspx?req=2596&amp;hilite=&amp;pgnum=238}}
* {{en}} {{Jewish Encyclopedia|article=SAADIA B. JOSEPH (Sa'id al-Fayyumi)|author=[[Wilhelm Bacher]]|url=http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=4&amp;letter=S}}

===== Bibliographie de la Jewish Encyclopedia =====
* Notices biographiques générales
** [[Solomon Judah Loeb Rapoport|Rapoport]], Toledot R. Sa'adyah Gaon, in Bikkure ha-'Ittim, 1828, ix. 20-37;
** [[Salomon Munk|S. Munk]], [http://books.google.com/books?id=aA82AAAAMAAJ&amp;pg=RA1-PA87&amp;dq=Saadia+munk&amp;lr=&amp;hl=fr#PRA1-PA73,M1 Notice sur R. Saadia Gaon], Paris, 1838; (voir aussi les [http://books.google.com/books?id=7xA2AAAAMAAJ&amp;printsec=frontcover&amp;lr=&amp;hl=fr#PRA2-PA104,M1 additions à la Notice], Paris 1843) 
** [[Abraham Geiger|Geiger]], in Wiss. Zeit. Jüd. Theol. v. 267-316;
** [[Moritz Steinschneider|Steinschneider]], Cat. Bodl. cols. 2156-2224;
** idem, Die Arabische Litteratur der Juden, pp. 46-69 (comp. [[David Kaufmann|Kaufmann]] Gedenkbuch, pp. 144-168);
** [[Heinrich Graetz|Grätz]], [[:s:Histoire des Juifs, Troisième période, II - Chapitre I - Saadia, Hasdaï et leurs contemporains|Gesch. v.]];
** {{he}} [[Isaac Hirsch Weiss|Weiss]], Dor, iv. ch. 13-16, pp. [http://www.daat.ac.il/daat/vl/dorvolume4/dorvolume406.pdf 115]-[http://www.daat.ac.il/daat/vl/dorvolume4/dorvolume407.pdf 143] ;
** [[David Kohn]], Sefer Toledot R&quot;S. HaGaon, Cracovie, 1891;
** [[Michael Friedländer|M. Friedlander]], &quot;[http://links.jstor.org/sici?sici=0021-6682(189301)1%3A5%3A2%3C177%3ALAWOS%3E2.0.CO%3B2-Z Life and works of Saadia]&quot;, ''[[The Jewish Quarterly Review]]'' '''5''' (1893) 177-199.
** [[Abraham Harkavy|A. Harkavy]], Leben und Werke Saadia's Gaon, i. (in Studien und Mittheilungen, v.), Berlin, 1891;
** W. Engelkemper, De Saadiœ Gaonis Vita, Bibliorum Versione, Hermeneutica, Münster, 1897. 
* Pour la linguistique et l'exégèse :
** [[Leopold Dukes|Dukes]], in Ewald and Dukes, Beiträge zur Geschichte der Aellesten Auslegung, ii. 5-115;
** [[Wilhelm Bacher|Bacher]], Abraham ibn Esra's Einleitung zu Seinem Pentateuchcommentar, Vienna, 1876;
** idem, Die Anfänge der Hebräischen Grammatik, pp. 38-62, Leipsic, 1895;
** idem, Die Bibelexegese der Jüdischen Religionsphilosophen des Mittelalters vor Maimuni, 1892, pp. 1-44;
** idem, Leben und Werke des Abulwalid, 1885, pp. 93-97;
** idem, in Winter and Wünsche, Die Jüdische Litteratur, ii. 138-141, 243-246;
** [[Maurice Wolff|M. Wolff]], Zur Charakteristik der Bibelexegese Saadia's, in Stade's Zeitschrift, iv. 225, v. 15;
** [[Levi Bodenheimer|L. Bodenheimer]], Das Paraphrastische der Arabischen Uebersetzung des Saadia, in Monatsschrift, iv. 23-33;
** Schmidl, Randbemerkungen zu Saadia's Pentateuchübersetzung, ib. xlv.-xlvii.;
** [[Adalbert Merx|A. Merx]], Die Saadjanische Uebersetzung des Hohenlieds, 1882 (comp. Loevy in Berliner's Magazin, x. 39-44; Bacher in Stade's Zeitschrift, iii. 202-211);
* pour la [[Halakha]]: introduction au neuvième volume des Œuvres Complètes, édité sous la supervision générale de [[Joseph Derenbourg]]. 
* pour la philosophie de la religion: outre ses travaux généraux sur le sujet et ses branches spéciales, [[Julius Guttmann|J. Guttmann]], Die Religionsphilosophie des Saadia, Göttingen, 1882;
** [[Martin Schreiner|M. Schreiner]], Der Kalam in der Jüdischen Litteratur, pp. 5-22, Berlin, 1895 (Treizième rapport de la Lehranstalt für die [[Wissenschaft des Judentums]]);
** [[David Kaufmann|D. Kaufmann]], Gesch. der Attributenlehre, pp. 1-90. 
* pour la littérature polémique:
** H. J. Bornstein, {{he}} La dispute de R. Saadia Gaon et Ben Meïr, pp. 19-189, Varsovie, 1904;
** [[Abraham Epstein|A. Epstein]], La Querelle au Sujet du Calendrier, in R. E. J. xlii. 179-210, xliv. 220-236;
** [[Samuel Abraham Poznański|S. Poznanski]], The Anti-Karaite Writings of Saadiah Gaon, in J. Q. R. x. 238-276;
** idem, Saadiah and Salomon b. Jeroḥam, ib. viii. 684-691;
** [[Abraham Harkavy|A. Harkavy]], Fragments of Anti-Karaite Writings of Saadiah, ib. xiii. 655-668. 
*** Sur le Sefer ha-Galouï : 
**** outre [[Abraham Harkavy|Harkavy]], ''Studien und Mittheilungen'', v., 
**** [[David Samuel Margoliouth|Margoliouth]], Harkavy &amp; Bacher, in J. Q. R. xii. 502-554, 703-705;
**** [[Wilhelm Bacher|Bacher]], in Expository Times, xi. 563. Divers fragments de la Gueniza se référant à Saadia ont été édités par [[Solomon Schechter|Schechter]], sous le titre Saadyana, in J. Q. R. xv.-xvi., et séparément, à Cambridge, 1903 (comp. Poznanski in Steinschneider, Hebr. Bibl. vii.). 
**** [[Samuel Abraham Poznański|Poznanski]], in Monatsschrift, xxxix., xli., xliv., xlvi.;
**** [[Abraham Harkavy|Harkavy]], in Ha-Goren, i. 89 et seq.W. B.

== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
* [[Gueonim]]
** [[Samuel ben Hophni]]
* [[Grammaire hébraïque]]
** [[Dounash ben Labrat]]
* [[Philosophie juive]]
** [[Kalam juif]]

=== Liens et documents externes ===
* {{en}} [http://www.dinur.org/resources/resourceCategoryDisplay.aspx?categoryid=441&amp;rsid=478 Resources &gt; Medieval Jewish History &gt; Geonica] The Jewish History Resource Center - Project of the Dinur Center for Research in Jewish History, The [[Université hébraïque de Jérusalem|Hebrew University of Jerusalem]]
* {{fr}} [http://www.akadem.org/sommaire/themes/philosophie/3/4/module_3735.php Raison et Révélation - Hommage aux grands maîtres: Saadia Gaon]
* {{en}} [http://www.wbenjamin.org/saadia.html Extraits du commentaire de Saadia sur le Sefer Yetzira]
&lt;br /&gt;
{{Sages d'Israël/Gueonim}}

[[Catégorie:Grammairien hébraïsant]]
[[Catégorie:Philosophe du judaïsme]]
[[Catégorie:Rabbin égyptien]]
[[Catégorie:Gueonim]]
[[Catégorie:Philosophe du judaïsme]]

[[de:Saadia Gaon]]
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[[fi:Saadia Gaon]]
[[he:סעדיה גאון]]
[[hr:Gas al Fayoumi Saadia]]
[[hu:Szádja Gáon]]
[[pl:Saadja ben Josef]]
[[pt:Saadia Gaon]]
[[ru:Саадия Гаон]]
[[sk:Saadja Gaon]]
[[sv:Saadja ben Josef]]</text>
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