Shen Kuo 1550043 31482478 2008-07-11T01:27:34Z LaaknorBot 387021 robot Modifie: [[ru:Шэнь Ко]] {{Unicode chinois}} {{Infobox biographie | nom =Shen Kuo | image =Shen Kua.JPG | tailleimage(en px)=250 | legende =Vision d'artiste moderne de Shen Kuo. | nomofficiel ={{lang|zh|沈括}} | surnom = | datedenaissance =[[1031]] | lieudenaissance =[[Hangzhou]] | datededeces =[[1095]] | ageaudecès =64 | lieudedeces =[[Zhenjiang]] | nationalite =[[Civilisation chinoise|Chinoise]] | metier = | occupation = | formation = | hommage = | autresfonctions = | note = | famille = }} '''Shen Kuo'''<ref>Par convention, les [[noms chinois]] sont écrit en commençant par le [[nom de famille]], Shen, puis le prénom, Kuo.</ref> ([[Langues chinoises|chinois]] : {{lang|zh|沈括}}, [[Hanyu pinyin|pinyin]] : {{lang|zh-pny|Shěn Kuò}}), '''Shen K’uo''', '''Shen Kua''' ou encore '''Shen Gua''' ([[Hangzhou]], [[1031]] - [[Zhenjiang]], [[1095]]) fut un [[scientifique]] [[polymathe]] [[Civilisation chinoise|chinois]] et un [[fonctionnaire]] gouvernemental sous la [[dynastie Song]] ([[960]]-[[1279]]). Il était très bon dans de nombreux domaines d'études : il fut notamment [[géologue]], [[astronome]], [[mathématicien]], [[cartographe]], [[météorologue]], [[agronome]], [[ethnographe]], [[zoologiste]], [[botaniste]], [[ingénieur]] en [[hydraulique]], [[pharmacologue]], [[auteur]] encyclopédiste et [[poète]] mais également [[diplomatie|diplomate]], [[général]], [[chancelier]] académique, ministre des finances et [[inspecteur]] des services de l'Etat. Il fut responsable du Bureau de l'Astronomie à la cour des Song, ainsi qu'adjoint du ministre de l'Hospitalité impériale<ref name="needham volume 4 part 2 33">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 4, Physics and Physical Technology'', Partie 2, page 33.</ref>. À la cour, son allégeance politique allait à la faction réformiste du « Groupe de nouvelles politiques », dirigée par le chancelier [[Wang Anshi]] ({{lang|zh|王安石}} ; 1021-1086). Dans son livre ''[[Mengxi Bitan]]'' ({{lang|zh|夢溪筆談}}) de [[1088]], Shen fut le premier à décrire le [[Compas (navigation)|compas]] à aiguille [[magnétisme|magnétique]] qui sera utilisé pour la navigation alors qu'en Europe, cette découverte ne sera décrite pour la première fois qu'en [[1187]] par [[Alexandre Neckam]]<ref name="bowman 599">John S. Bowman, ''Columbia Chronologies of Asian History and Culture'', New York : Columbia University Press, 2000. Page 599.</ref>{{,}}<ref name="mohn 1">Peter Mohn, ''Magnetism in the Solid State : An Introduction'', New York : Springer-Verlag Inc, 2003. Page 1.</ref>. Shen a aussi découvert le concept du « [[Vrai Nord]] » en termes de [[Déclinaison magnétique terrestre|déclinaison magnétique]] vers le [[pôle Nord]]<ref name="mohn 1"/>, c'est-à-dire en découvrant qu'il existe une différence entre le [[pôle Nord|pôle Nord géographique]] et le [[pôle Nord magnétique]]<ref name="sivin III 22">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 22.</ref>. Ce fut le pas décisif dans l'Histoire pour faire du compas un outil de navigation encore plus utile, alors que cette notion resta encore inconnue en Europe les quatre siècles suivants ([[Christophe Colomb]])<ref name="embree 843">Ainslie T. Embree et Carol Gluck, ''Asia in Western and World History : A Guide for Teaching'', New York : An East Gate Book, M. E. Sharpe Inc, 1997. Page 843.</ref>. Parallèlement à son collègue [[Wei Pu]] ({{lang|zh|衛朴}}), Shen cartographia avec précision les [[orbite|chemins orbitaux]] de la [[Lune]] et d'autres [[planète]]s dans un projet intensif de cinq ans qui rivalisa avec le travail ultérieur de l'astronome danois [[Tycho Brahe]] (1546-1601)<ref name="sivin III 18">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 18.</ref>. Dans le cadre de ses travaux en [[astronomie]], il réaisa des versions améliorées de la [[sphère armillaire]], du [[Gnomon]], du [[télescope]] et inventa la [[clepsydre]]. Shen Kuo, en tant que géologue, élabora une théorie sur la formation de la [[Terre]], la [[géomorphologie]], en se fondant sur la présence de fossiles marins à terre, ses connaissances sur l'[[érosion]] du sol et l'observation des dépôts de [[limon (roche)|limon]]<ref name="sivin III 23 24">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, pages 23–24.</ref>. Il proposa également une théorie du [[changement climatique]] progressif, après avoir observé d'anciens [[bambou]]s pétrifiés conservés dans un endroit sec et souterrain alors que la région, trop froide, ne permettait pas la croissance du bambou. Il fut le premier personnage littéraire en Chine à parler de l'utilisation de la [[cale sèche]] ([[forme de radoub]]) pour réparer les bateaux hors de l'eau et a également décrit l'efficacité de la relativement nouvelle invention de l'[[écluse à poids]]. Bien que [[Alhazen]] ait été le premier à décrire la [[chambre noire]], Shen Kuo fut son premier émule en Chine, à quelques décennies de distance. Shen Kuo a beaucoup écrit au sujet de l'impression [[Typographie|typographique]] inventée par [[Pi Cheng]] ({{lang|zh|畢昇}} ; 990-1051) et grâce à ses écrits, l'héritage de Pi Cheng et la compréhension moderne des premiers caractères typographiques ont été transmis aux générations suivantes<ref name="bowman 105">John S. Bowman, ''Columbia Chronologies of Asian History and Culture'', New York : Columbia University Press, 2000. Page 105.</ref>. Shen Kuo a écrit plusieurs autres livres en plus de ''Mengxi Bitan'', même si une grande partie n'en a pas survécu. Certains de ses poèmes ont été préservés dans des écrits posthumes. Bien que beaucoup de ses efforts aient porté sur les questions techniques et scientifiques, il s'intéressa aussi à la [[divination]] et au [[surnaturel]]. Il a également écrit des commentaires sur d'anciens textes [[Taoïsme|taoïstes]] et [[Confucianisme|confucéens]]. == Biographie == === Enfance === Shen Kuo est né en [[1031]] à Qiantang, l’actuelle [[Hangzhou]]. Son père Shen Zhou ({{lang|zh|沈周}} ; 978-1052) faisait partie de la petite noblesse et occupait des postes officiels à l’échelon provincial. Sa mère était d’une famille de [[Suzhou]] de statut similaire, son nom de jeune fille étant Xu ({{lang|zh|許}})<ref name="sivin III 1">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 1.</ref>. Kuo reçut sa première éducation de sa mère, pratique courante en Chine à l'époque<ref name="sivin III 1" />. Elle-même très instruite, elle enseigna à Kuo et à son frère Pi ({{lang|zh|披}}) les doctrines militaires de son propre frère aîné [[Xu Tang]] ({{lang|zh|許洞}} ; 975-1016)<ref name="sivin III 1" />. Shen ne pouvant se vanter d’une généalogie de clan comme beaucoup de ses pairs nés dans le Nord, il fut forcé de se fier à son esprit et à sa forte détermination durant ses études pour passer avec succès les examens impériaux<ref name="sivin III 1" />. À partir de [[1040]], la famille Shen nomadisa à travers la province du [[Sichuan]], en fonction des postes provinciaux mineurs occupés par le père<ref name="sivin III 5">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 5.</ref>. La famille se fixa finalement à [[Xiamen]]. Shen Zhou servit également plusieurs années au [[tribunal]] de Xiamen, qui était l’équivalent de la Cour fédérale suprême<ref name="sivin III 1" />. Shen Kuo prit note, au gré de ses pérégrinations dans différentes villes et terroirs, des caractéristiques de la Chine, s’intéressant dans sa jeunesse à la diversité du relief de la [[Terre]]<ref name="sivin III 5" />. Il remarqua aussi les aspects fascinants de l’implication de son père dans la gouvernance administrative et dans les problèmes liés. Cette expérience devait avoir un impact profond sur lui car, plus tard, il devait devenir haut fonctionnaire du gouvernement<ref name="sivin III 5" />. Comme il fut souvent malade étant enfant, Shen Kuo développa également un fort intérêt pour la [[médecine]] et la [[pharmacie]]<ref name="sivin III 5" />. Shen Zhou décéda à la fin de l’hiver de [[1051]] (ou début [[1052]]), alors que son fils Shen Kuo avait 21 ans. Kuo attristé par la mort de son père et suivant l’éthique [[Confucianisme|confucéenne]], resta inactif dans un état de [[deuil]] pendant trois ans, c’est-à-dire jusqu’en [[1054]] (ou début [[1055]])<ref name="sivin III 6">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 6.</ref>. Vers [[1054]]-[[1055]], il commença à servir à des postes gouvernementaux, mineurs et locaux. Toutefois ses capacités naturelles à planifier, organiser et concevoir apparurent très tôt. Sa conception et la supervision du drainage hydraulique d’un système de [[digue]]s, qui converti des [[marais]] en une centaine de milliers d’[[hectare]]s (400 km²) de [[terre arable|terres arable]] en sont un exemple<ref name="sivin III 6"/>. Shen Kuo nota dans ses écrits que le succès de la méthode de [[fertilisation]] du [[limon (roche)|limon]] se basait sur le bon fonctionnement des vannes de canaux d’irrigation<ref name="needham volume 4 part 3 230 231">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 4, Physics and Physical Technology'', Partie 3, pages 230 à 231.</ref>. === Au service du gouvernement impérial === [[Image:SongShenzong.jpg|thumb|200px|left|Le confident de Shen, l’Empereur [[Shenzong]] des Song (vers 1067-1085), d’après un portrait de l’époque Song.]] En [[1063]], à 35 ans, il passa avec succès l’[[examen impérial]] nécessaire pour entrer au service du gouvernement en se plaçant dans la catégorie des plus brillants étudiants<ref name="sivin III 6"/>. Bien que siégeant à [[Yangzhou]], le sens du devoir de Shen attira l’attention de [[Zhang Chu]] ({{lang|zh|張蒭}} ; 1015-1080), l’intendant fiscal de la région. Shen fit une très bonne impression sur Zhang, qui le recommanda pour un poste dans un tribunal de l’administration financière de la Cour centrale<ref name="sivin III 6"/>. Dans sa carrière de fonctionnaire de l’Administration centrale, Shen Kuo fut également ambassadeur auprès de la [[Dynastie des Xia occidentaux]] et de la [[Dynastie Liao]]<ref name="steinhardt 316">Steinhardt, Nancy Shatzman, ''Liao Architecture'', Honolulu : University of Hawaii Press, 1997. Page 316.</ref>, commandant militaire, directeur des travaux [[hydraulique]]s et premier chancelier de l’[[Académie Hanlin]]<ref name="needham volume 1 135">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 1, Introductory Orientations'', page 135.</ref>. En [[1072]], il fut nommé responsable du « Bureau de l’astronomie »<ref name="sivin III 6"/>. Il y fut chargé des améliorations et des réformes du [[Calendrier chinois]]<ref name="bowman 105">John S. Bowman, ''Columbia Chronologies of Asian History and Culture'', New York : Columbia University Press, 2000. Page 105.</ref> en collaboration avec son collègue [[Wei Pu]] ({{lang|zh|衛朴}})<ref name="sivin III 18">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 18.</ref>. Étant donné ses compétences et ses aptitudes pour les questions économiques et financières, Shen fut aussi nommé Commissaire des finances à la Cour centrale<ref name="sivin III 9"/>. Enfin, il fit avec d’autres responsables des tournées d'inspection du système de [[grenier]]s de l’Empire, au cours desquelles il enquêta également sur des problèmes de collectes illégales, de négligences, d’inefficacité des secours en cas de catastrophe, et sur l’insuffisance des projets de retenues d’eau<ref name="hymes 109">Robert P. Hymes et Conrad Schirokauer, ''Ordering the World : Approaches to State and Society in Sung Dynasty China'', Berkeley : University of California Press, 1993. Page 109.</ref>. Pour ces services rendus, Shen Kuo reçut le titre honorifique de « [[Vicomte]] de l’État Fondateur » par l’Empereur [[Shenzong]] des Song ({{lang|zh|神宗}} ; vers 1067-1085), qui avait une grande confiance en lui<ref name="sivin III 9"/>. Au tribunal, Shen était un des politiciens favoris du [[chancelier]] [[Wang Anshi]] ({{lang|zh|王安石}} ; 1021-1086), chef de la faction politique des Réformateurs, également connu sous le nom de « Groupe de nouvelles politiques » ({{lang|zh|新法}}, Xin Fa)<ref name="sivin III 3">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 3.</ref>. Shen Kuo avait un précédent avec Wang Anshi puisque c’était Wang qui avait composé l’[[épitaphe]] funéraire du père de Shen<ref name="sivin III 7">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 7.</ref>. Shen Kuo impressionna Wang Anshi par ses dons d'administrateur et ses multiples compétences. En [[1072]], il fut envoyé pour superviser le programme de Wang concernant la construction de dépôts de [[limon (roche)|limon]] dans le [[Grand Canal (Chine)|canal de Bian]] (le « Grand Canal »), situé à l’extérieur de la capitale. Grâce à une technique originale, Shen réussit brillamment le dragage du canal et démontra la formidable valeur de la [[boue]] recueillie comme [[engrais]]<ref name="sivin III 7"/>. Il acquit en outre une bonne réputation à la Cour lorsqu’il fut envoyé officiellement comme représentant à la [[Dynastie Liao]] à l’été [[1075]]<ref name="sivin III 7"/>. Les [[Khitans]] avaient plusieurs fois manoeuvré en des négociations agressives afin de repousser leurs frontières plus au sud, manipulant plusieurs ambassadeurs chinois incompétents qui avaient cédé aux demandes du royaume Liao<ref name="sivin III 7"/>. En une brillante démonstration de diplomatie, Shen Kuo se rendit au camp du monarque Khitan au [[mont Yongan]] (de nos jours près du district de [[Xian de Pingquan|Pingquan]], [[Hebei]]) avec les compte-rendus des précédentes négociations diplomatiques entre les deux dynasties<ref name="sivin III 7"/>. Shen Kuo réfuta point pour le point les prétentions de l’Empereur [[Daozong]] des Liao, rétablissant la frontière originelle<ref name="sivin III 7"/>. Par ces succès mémorables, Shen devint un membre de confiance du cercle proche de Wang Anshi, lequel se composait officieusement de dix-huit personnes loyales aux projets du Groupe de nouvelles politiques<ref name="sivin III 7"/>. [[Image:China 11a.jpg|thumb|right|Frontières de la [[Dynastie Song]], de la [[Dynastie Liao]] et de la [[Dynastie des Xia occidentaux]].]] [[Image:Wang Anshi 2.jpg|thumb|right|200px|Dessin de [[Wang Anshi]] tiré de ''Wan Xiao Tang'', 1743.]] Bien que beaucoup des réformes de Wang Anshi exposées par le Groupe de nouvelles politiques étaient centrées sur les finances de l’État, la [[taxe foncière]] et l’[[examen impérial]], il y avait également des préoccupations [[militaire]]s. Il s’agissait notamment de la mobilisation de [[milice]]s afin de réduire les frais d’une armée atteignant un million de soldats<ref name="ebrey 164">Ebrey, Walthall, Palais, ''East Asia: A Cultural, Social, and Political History'', Boston : Houghton Mifflin Company, 2006. Page 164.</ref>, la création de [[monopole]]s sur la production et la distribution de [[salpêtre]] et de [[soufre]] en [[1076]] afin d'éviter que l’approvisionnement en [[poudre à canon]] ne tombe entre des mains hostiles<ref name="needham volume 5 part 7 126">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 5, Chemistry and Chemical Technology'', Chapitre 7, page 126.</ref>{{,}}<ref name="yunming 489">Zhang, Yunming, ''Isis : The History of Science Society : Ancient Chinese Sulfur Manufacturing Processes'', Chicago, University of Chicago Press, 1986. Page 489.</ref> et la mise en place d’une politique militaire agressive vis-à-vis des rivaux en Chine du Nord, la Dynastie des Xia occidentaux et la dynastie Liao<ref name="sivin III, 4-5">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, pages 4–5.</ref>. Quelques années après que les forces militaires de la dynastie Song avaient gagné du territoire sur les Xia occidentaux, en [[1080]], Shen Kuo fut nommé en tant qu’officier militaire dans la défense de Yanzhou (de nos jours [[Yan'an]] dans la province de [[Shaanxi]])<ref name="sivin III 8">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 8.</ref>. Au cours de l’automne [[1081]], Shen défendit avec succès le territoire de la Dynastie Song en capturant plusieurs villes fortifiées des Xia occidentaux<ref name="sivin III 9">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 9.</ref>. L’empereur [[Shenzong]] des Song récompensa Shen avec de nombreux titres pour son mérite dans ces combats. En seize mois de campagne militaire, Shen avait reçu 273 lettres de l’empereur<ref name="sivin III 9"/>. Cependant, l’empereur Shenzong eut confiance en un officier militaire arrogant : ce dernier désobéit à l’empereur et aux recommandations stratégiques de fortification de Shen, ce qui eut pour conséquence de fortifier inutilement des positions que Shen considérait comme très secondaires. En outre, cet officier renvoya Shen de son poste de commandement au sein de la principale place-forte, afin de l’empêcher de s'illustrer lors d'une éventuelle victoire<ref name="sivin III 9"/>. Les conséquences en furent presque catastrophiques car les forces de cet officier furent décimées<ref name="sivin III 9"/>. Néanmoins, Shen réussit à défendre ses fortifications et la seule route possible pour une invasion Tangoute sur Yanzhou<ref name="sivin III 9"/>. Toutefois, le nouveau Chancelier [[Cai Que]] ({{lang|zh|蔡確}} ; 1036-1093) tint Shen pour responsable de la catastrophe et des pertes humaines<ref name="sivin III 9"/>. Suite à l’abandon du territoire pour lequel Shen Kuo avait lutté, Cai Que lui ôta toute responsabilité<ref name="sivin III 9"/> et le mit sous probation, avec assignation à résidence, durant les six années suivantes. Shen, coupé du gouvernement, décida de reprendre la plume et de se consacrer à des études intensives. Après avoir terminé deux [[Atlas (géographie)|Atlas]] pour un programme parrainé par l’État, il se vit récompensé par l'abrogation de son assignation<ref name="sivin III 9"/>. Il fut aussi absous par la Cour de toutes les fautes qui lui avaient été imputées<ref name="sivin III 9"/>. === Dernières années === Selon le livre ''Pingzhou Ketan'' ({{lang|zh|萍洲可談}}) de [[Zhu Yu]] de [[1119]], Shen Kuo se maria deux fois, sa seconde épouse étant la fille de [[Zhang Chu]] ({{lang|zh|張蒭}}) et originaire de [[Huainan]]. Cette seconde femme était connue pour ses tendances [[autoritaire]]s et pour sa fierté, et elle abusa souvent de Shen Kuo. Bouleversés, les enfants de Shen Kuo lui demandèrent souvent de changer de comportement mais, malgré tout, elle alla jusqu’à chasser du foyer le fils du premier mariage de Shen Kuo. Dans les années 1070, Shen acheta un domaine avec un jardin luxuriant à la périphérie de l’actuel [[Zhenjiang]] dans la province de [[Jiangsu]]. Il nomma ce lieu d’une grande beauté « Mengxi », après sa première visite en [[1086]]<ref name="sivin III 9"/>, et il y emménagea définitivement en [[1088]] ; la même année, il terminait l’écriture de ''[[Mengxi Bitan]]'' ({{lang|zh|梦溪笔谈}}), intitulé d’après sa propriété. Ce livre fut l’ultime tentative de Shen pour comprendre et décrire une multitude de facettes de la [[nature]], de la [[science]] et de toutes les coutumes et curiosités du monde. La traduction littérale de « Mengxi Bitan » est en anglais « Dream Brook Brush Talks », c’est-à-dire dans une traduction libre « Discussions de pinceau au ruisseau du rêve ». On attribue à Shen Kuo cette citation : « Parce que je n’avais en tout que mon pinceau et mon encre avec qui converser, je l’appelle Discussion de pinceau »<ref>D’après sa biographie dans le ''Dictionary of Scientific Biography'' (New York, 1970–1990).</ref>. Après la mort de sa dernière épouse, Shen Kuo tomba dans une profonde dépression et tenta même de se suicider en sautant dans le [[Yangzi Jiang]] pour se noyer. Bien que cette tentative de suicide échoua<ref name="hongen">Hongen.com (2000&ndash;2006). [http://www.hongen.com/art/twdg/htwxj/th0004.htm {{lang|zh|沈括}}]. Beijing Golden Human Computer Co., Ltd. {{zh}}. Consulté en août 2007.</ref>, retiré dans son domaine et malade, il mourut un an plus tard en [[1095]]<ref name="sivin III 9"/>. == Œuvre == Shen Kuo a beaucoup écrit sur de nombreux sujets. Son travail écrit comprend deux types d’[[Atlas (géographie)|atlas]] géographique, un [[Traité (littérature)|traité]] sur la [[musique]] avec des [[harmonique]]s mathématiques, des études de l’administration gouvernementale, sur l’[[astronomie]] mathématique, sur les instruments astronomiques, sur les tactiques défensives militaires et des recherches pour des fortifications, la [[peinture]], le [[thé]], la [[médecine]], ainsi que beaucoup de [[poésie]]<ref name="sivin III 10">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 10.</ref>. Il proposa des versions améliorées de la [[sphère armillaire]], du [[gnomon]] et de la [[clepsydre]] ainsi que de nombreuses évolutions. Les écrits scientifiques de Shen Kuo ont reçu de nombreux éloges de [[Sinologie|sinologues]] comme [[Joseph Needham]] et [[Nathan Sivin]]. Son travail a souvent été comparée à celle d’un autre brillant [[polymathe]] chinois [[Su Song]] (1020-1101). Shen Kuo a également été comparé à de nombreux intellectuels occidentaux comme [[Gottfried Wilhelm von Leibniz]] et [[Mikhaïl Lomonossov]]<ref name="sivin III 11">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 11.</ref>. === Cartographie === Le plus grand atlas de Shen incluait vingt-trois cartes de Chine et des régions proches, cartes qui ont été dessinées uniformément à l’échelle de 1:{{formatnum:900000}}<ref name="sivin III 22"/>. Shen a également créé une carte en [[Trois dimensions|tridimensionnelle]] à l’aide de sciure de [[bois]], de morceaux de bois, de [[cire d'abeille]] et de la pâte faite à partir de [[céréale]]s<ref name="sivin III 22"/>. === Météorologie === En [[météorologie]], Shen a écrit plusieurs descriptions de [[tornade]]s et a donné raison à une théorie de [[Sun Sikong]], expliquant que les [[Arc-en-ciel|arcs-en-ciel]] qui sont formées par l’ombre du [[Soleil]] sous la pluie, qui se produisent lorsque le Soleil brille sur lui<ref name="sivin III 24">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 24.</ref>. Shen estima que, bien que les arbres étaient de plus en plus rares en raison de la déforestation pour les besoins de l’industrie du [[fer]] locale, « le [[pétrole]] était produit continuellement au sein de la Terre »<ref name="sivin III 24" />. === Pharmacologie et botanique === En matière de [[pharmacologie]], Shen a décrit les difficultés de donner un [[diagnostic]] et une [[thérapie]] adéquate, ainsi que le bon choix, la préparation et l’administration de drogues<ref name="sivin III 29">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 29.</ref>. Il accordait une grande importance aux détails et à l’exactitude [[Philologie|philologique]] dans l’identification, l’utilisation et la culture des différents types de plantes médicinales, comme les mois où elles devaient être récoltées et leur degré précis de mûrissement pour qu’elles soient propres à des fins thérapeutiques<ref name="sivin III 30 31">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, pages 30-31.</ref>. Il écrivit également sur l’[[horticulture]] et les plantes communes, leurs époques de plantation et de [[fertilisation]]<ref name="sivin III 30 31" />. Shen Kuo prit un soin particulier à décrire des centaines de plantes. === Zoologie et minéralogie === Dans les domaines de la [[zoologie]] et la [[minéralogie]], Shen Kuo se documenta et décrivit les animaux et les minéraux présents dans son pays<ref name="needham volume 6 part 1 475">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 6, Biology and Biological Technology'', Chapitre 1, page 475.</ref>{{,}}<ref name="needham volume 6 part 1 499">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 6, Biology and Biological Technology'', Chapitre 1, page 499.</ref>{{,}}<ref name="needham volume 6 part 1 501">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 6, Biology and Biological Technology'', Chapitre 1, page 501.</ref>{{,}}<ref name="sivin III 30">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 30.</ref>. En outre, il décrivit le phénomène des [[insecte]]s [[prédateur]]s naturels qui assurent le contrôle de la population d’[[Organisme nuisible|insectes nuisibles]] au potentiel ravageur pour l'agriculture chinoise<ref name="needham volume 6 part 1 545">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 6, Biology and Biological Technology'', Chapitre 1, page 545.</ref>. === Médecine === Shen eut également comme centre d'intérêt l’[[anatomie]] humaine : il anéantit la théorie selon laquelle la gorge contenait trois canaux, écrivant notamment, « Quand les liquides et les solides sont mêlés les uns aux autres, comment se fait-il que dans la [[bouche]], ils se trient eux-mêmes en deux voies ? »<ref name="sivin III 30 31">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, pages 30-31.</ref>. Shen soutint que le [[larynx]] était le début d’un système qui distribuait le « [[Qi (spiritualité)|Qi]] » vital de l’[[air]] dans tout le corps et que l’[[œsophage]] était un simple tube amenant les aliments à l’estomac<ref name="sivin III 31">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 31.</ref>. Continuant le raisonnement de Shen et corrigeant les résultats de la [[dissection]] de bandits exécutés en [[1045]], un rapport chinois datant du début du {{XIIe siècle}} confirma la présence de deux canaux à la gorge et non trois<ref name="sivin III 30 31 footnote">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, pages 30-31, note de bas de page 27.</ref>. En outre, un juge de la dynastie Song et un expert dans ce qu’on l’on appellera bien plus tard [[médecine légale]], [[Song Ci]] ({{lang|zh|宋慈}} ; 1186-1249), permirent de promouvoir l’utilisation de l’autopsie comme moyen de résoudre les cas d’[[homicide]]s, tel qu’il est rédigé dans ''[[Xǐyuān Jílù]]'' (« {{lang|en|Collected Cases of Injustice Rectified}} »)<ref name="Sung 12, 19, 20, 72">Tz’u Sung (traduction en anglais par Brian E. McKnight), ''The Washing Away of Wrongs : Forensic Medicine in Thirteenth-Century China'', Ann Arbor, University of Michigan Press, 1981. Pages 12, 19, 20 et 72.</ref>. === Hydraulique et architecture civile et navale === Les écrits de Shen Kuo sont la seule source datant la première utilisation de la [[cale sèche]] en Chine<ref name="needham volume 4 part 3 660">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 4, Physics and Physical Technology'', Partie 3, page 660.</ref>. Shen Kuo a écrit que pendant le règne de [[Xi Ning]] (1068-1077), le fonctionnaire Huang Huaixin conçut un plan pour la réparation des bateaux du palais, longs de 60 m et vieux d’un siècle. En substance, Huang Huaixin conçut la première cale sèche chinoise pour suspendre les bateaux hors de l’eau<ref name="needham volume 4 part 3 660"/>. Ces bateaux furent ensuite placés sous une toiture pour les protéger des intempéries<ref name="needham volume 4 part 3 660"/>. Shen Kuo a également décrit l’efficacité d’une invention relativement nouvelle, remontant au {{XXe siècle}} par l’ingénieur [[Qiao Weiyo]], concernant l’[[écluse à poids]] afin de remplacer les anciens [[Pertuis (écluse)|pertuis]] utilisés dans les canaux<ref name="needham volume 4 part 3 352">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 4, Physics and Physical Technology'', Partie 3, page 352.</ref>. Selon Shen Kuo, ce nouveau type d’écluse économisait le travail annuel de cinq cents hommes, diminuait les coûts annuels et permettait d’augmenter la taille maximum des bateaux accueillis de 21 à 113 [[Tonne (unité)|tonne]]s<ref name="needham volume 4 part 3 352"/>. S’il n’y avait eu Shen Kuo et ses analyses dans ''[[Mengxi Bitan]]'', le travail de l’architecte du {{XIe siècle}} [[Yu Hao]] aurait été perdu<ref name="needham volume 4 part 3 141">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 4, Physics and Physical Technology'', Partie 3, page 141.</ref>. Yu Hao conçut notamment une célèbre [[pagode]] en bois qui brûla en [[1044]] et qui fut remplacée en [[1049]] par une pagode de [[Brique (matériau)|brique]]s de même hauteur, surnommée la « Pagode de fer ». === Mathématiques et optique === Dans le vaste domaine des [[mathématiques]], Shen Kuo maîtrisa de nombreux problèmes mathématiques pratiques, y compris de nombreuses formules complexes pour la [[géométrie]]<ref name="needham volume 3 39">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 3, Mathematics and the Sciences of the Heavens and the Earth'', page 39.</ref>, le [[calcul infinitésimal]]<ref name="needham volume 3 145">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 3, Mathematics and the Sciences of the Heavens and the Earth'', page 145.</ref> et les problèmes de [[trigonométrie]]<ref name="needham volume 3 109">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 3, Mathematics and the Sciences of the Heavens and the Earth'', page 109.</ref>. Il écrivit abondamment sur ce qu’il avait appris en travaillant pour la Trésorerie de l’État, y compris des problèmes mathématiques posés par le calcul des [[Taxe foncière|taxes foncières]], des estimations des besoins, des questions [[Devise (monnaie)|monétaires]], de la [[métrologie]]<ref name="sivin III 12 14">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 12.</ref>. Il calcula aussi, un jour, la surface requise pour une bataille rangée, en vue de s'en servir en [[stratégie]] militaire<ref name="sivin III 14">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 14.</ref>. Il calcula également la plus longue [[campagne militaire]] possible, calculée d'après les limites et les capacités de transport, étant entendu que les [[soldat]]s emporteraient leur propre nourriture et celle d’autres soldats<ref name="ebrey 162">Ebrey, Walthall, Palais, ''East Asia: A Cultural, Social, and Political History'', Boston : Houghton Mifflin Company, 2006. Page 162.</ref>. Shen Kuo fit des expériences sur le [[sténopé]] et les [[miroir]]s, comme jadis les chinois [[Moïsme|mohistes]] au {{IVe siècle av. J.-C.}}. Bien que le scientifique [[musulman]] [[Alhazen]] (965-1039) ait été le premier à étudier la [[chambre noire]], Shen Kuo fut celui qui y appliqua des attributs géométriques et quantitatifs à la chambre noire, plusieurs décennies après la mort d’Alhazen<ref name="needham volume 4 part 1 98">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 4, Physics and Physical Technology'', Partie 1, page 98.</ref>. Shen a écrit sur [[Yi Xing]] ({{lang|zh|一行}} ; 672-717), un moine bouddhiste, qui avait appliqué un [[Échappement (horlogerie)|mécanisme d’échappement]] à une [[sphère armillaire]] hydraulique. De plus, en utilisant les permutations mathématiques, Shen décrivit le calcul de Yi Xing des combinaisons possibles au [[jeu de go]]. Shen calcula ce total avec jusqu’à cinq lignes et vingt-cinq pièces du jeu, et obtint {{formatnum:847288609443}} possibilités<ref name="sivin III 15">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 15.</ref>{{,}}<ref name="needham volume 3 139">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 3, Mathematics and the Sciences of the Heavens and the Earth'', page 139.</ref> Toutefois, certains de ses plus impressionnants travaux dans le domaine des mathématiques sont ceux qu'il appliqua au domaine de l’[[astronomie]]. === Compas à aiguille magnétique === {{Article général|Compas (navigation)}} [[Image:Model Si Nan of Han Dynasty.jpg|thumb|200px|Boussole chinoise « Si Nan » de la [[Dynastie Han]].]] Depuis l’époque de l’ingénieur et inventeur [[Ma Jun]] ({{lang|zh|馬鈞}} ; vers 200-265), les Chinois utilisaient un appareil mécanique connu sous le nom de pointage « [[Chariot pointant le Sud]] » afin de se diriger sur terre (et éventuellement en mer, comme la chanson ''Song Shu'' le suggère par allusion). Ce dispositif était particulièrement ingénieux, car il utilisait un [[différentiel]]. En [[1044]], le célèbre ''[[Wujing Zongyao]]'' ({{lang|zh|武經總要}}, « Collection des plus importantes techniques militaires ») rapporte que l'on utilisait pour indiquer le sud un dispositif fait d'un objet de tôle de fer en forme de tête de poisson, magnétisé par [[thermorémanence]] (c’est-à-dire par un échauffement qui produit une faible force magnétique), et placé dans un bol d’eau, lui-même placé dans une boîte marquée de points cardinaux<ref name="sivin III 21"/>{{,}}<ref name="needham volume 4 part 1 252">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 4, Physics and Physical Technology'', Partie 1, page 252.</ref>. Toutefois, ce n’est qu’à partir de Shen Kuo que les premiers [[Compas (navigation)|compas]] magnétiques seront utilisés pour la navigation. Dans ses écrits, Shen Kuo réalise l’une des premières références historiques au compas à aiguille magnétique, au concept de « [[Vrai Nord]] » et à son utilisation pour la navigation en mer<ref name="needham volume 1 135"/>. En effet selon lui, « [Les aiguilles magnétiques] sont toujours déplacées légèrement à l’Est au lieu de pointer plein Sud »<ref name="sivin III 21" />. D'après ce qu'il nous dit, les aiguilles étaient magnétisées en les frottant avec de la [[magnétite]] ; on les laissait flotter ou on les montait librement. Il affirme que le « compas suspendu » est la meilleure sorte de boussole, et note que l’aiguille du compas magnétique indique soit le Sud, soit le Nord<ref name="sivin III 21">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 21.</ref>. Shen Kuo a aussi écrit qu’il était préférable d’utiliser une [[rose des vents]] utilisant vingt-quatre points au lieu du vieux compas avec huit [[Point cardinal|points cardinaux]]. La première utilisation maritime d'une rose de ce type est enregistrée peu de temps après la mort de Shen<ref name="sivin III 22"/>. La préférence pour ce compas semble liée à sa découverte d’un [[plan méridien]] plus précis, déterminé par ses mesures entre l’[[Alpha Ursae Minoris|Étoile polaire]] et le Vrai Nord<ref name="sivin III 22"/>. Toutefois, elle pourrait également avoir été inspirée par des croyances et des pratiques tirées de la [[géomancie]]<ref name="sivin III 22"/>. Le livre de l’auteur chinois [[Zhu Yu]], le ''Pingzhou Ketan'' ({{lang|zh|萍洲可談}}), publié en [[1119]] et écrit de [[1111]] à [[1117]], contient la première mention de l’utilisation d’un compas par les marins. Cependant, le livre de Zhu Yu relate les évènements remontant à [[1086]], à l'époque où Shen Kuo écrivait ''Mengxi Bitan'', ce qui signifie qu’au temps de Shen, le compas pouvait déjà être en usage<ref name="needham volume 4 part 3 463">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 4, Physics and Physical Technology'', Partie 3, page 463.</ref>. Quoi qu'il en soit, les écrits de Shen Kuo sur le compas magnétique sont des indications précieuses sur la façon dont les Chinois s'en servaient alors. En Europe, un tel concept ne devait apparaître qu’un siècle après, par l’intermédiaire d’[[Alexandre Neckam]]. === Théorie sur la géologie === {{Article général|Géomorphologie}} [[Aristote]] (384 avant J.-C. - 322 avant J.-C.) décrivait dans sa ''[[Météorologie (Aristote)|Météorologie]]'' la façon dont la [[Terre]] peut changer physiquement, et exprimait sa conviction que tous les fleuves et les mers existant à un moment donné n’avaient pas toujours existé, ni qu'ils couleraient toujours car ils finiraient par s'assécher. Son compatriote [[Xénophane de Colophon]] (570 avant J.-C. - 480 avant J.-C.) voyait dans les [[fossile]]s marins retrouvés à terre la preuve que des inondations périodiques massives étaient survenues jadis, mais il n'a rien écrit sur la formation des bords de mer<ref name="desmond 275: 692-707">Adrian Desmond, ''The Discovery of Marine Transgressions and the Explanation of Fossils in Antiquity'', American Journal of Science, 1975. Volume 275, pages 692 à 707.</ref>. Du côté musulman, l’érudit [[perse]] [[Al-Biruni]] (973-1048) émit l’hypothèse que l’[[Inde]] était autrefois couverte par l’[[océan Indien]], tout en observant les formations rocheuses à l’embouchure des rivières<ref name="salam 179-213">Abdus Salam, ''Islam and Science'', 1984 cité dans C. H. Lai, ''Ideals and Realities : Selected Essays of Abdus Salam'', Seconde édition, World Scientific, Singapore, 1987. Pages 179 à 213.</ref>. [[Image:TaihangMountain8.jpg|thumb|200px|left|La [[montagne Taihang]]]] Ce fut Shen Kuo qui formula une hypothèse sur le processus de formation de la Terre et de ses continents ([[géomorphologie]]) en utilisant ses observations comme preuves empiriques. Ainsi, en trouvant des fossiles marins dans une strate géologique d’une montagne de l'intérieur des terres, et en observant d’étranges érosions naturelles dans les montagnes [[Montagne Taihang|Taihang]] et [[Montagne Yandang|Yandang]] près de [[Wenzhou]], il déduisit que la terre avait été remodelée et formée par l’[[érosion]] de la montagne, l’élévation, et les dépôts de [[vase]]<ref name="needham volume 3 603 604">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 3, Mathematics and the Sciences of the Heavens and the Earth'', pages 603 et 604.</ref>. Il émit l’hypothèse que les dépôts de limon avaient dû mettre très longtemps à former les terres du continent<ref name="sivin III 23">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 23.</ref>. En visitant la montagne Taihang en [[1074]], Shen Kuo remarqua sur une falaise les [[strate]]s de coquillages de la [[Classe (biologie)|classe]] des [[Bivalvia]] et des roches de forme ovoïde sur un plan horizontal<ref name="sivin III 23"/>. Il en conclut que la falaise était autrefois l’emplacement d’un ancien littoral qui se situait alors à des centaines de kilomètres à l’est<ref name="sivin III 23"/>. Toujours selon Shen, sous le règne de [[Zhiping]] (1064-1067) un homme de Zezhou trouva un objet en creusant dans son jardin. Celui-ci ressemblait à un serpent ou à un [[Dragon (mythologie)|dragon]] mais après examen, l’homme conclut que l’animal s’était apparemment pétrifié<ref name="needham volume 3 618">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 3, Mathematics and the Sciences of the Heavens and the Earth'', page 618.</ref>{{,}}<ref name="chan 15">Alan Kam-leung Chan, Gregory K. Clancey et Hui-Chieh Loy, ''Historical Perspectives on East Asian Science, Technology and Medicine'', Singapore : Singapore University Press, 2002. Page 15.</ref>. Zheng Boshun, le magistrat de [[Jincheng]], examina également la créature et nota la présence de marques d’écailles comme sur d’autres animaux marins<ref name="needham volume 3 618"/>{{,}}<ref name="chan 15"/>. Shen Kuo compara cela aux « crabes de pierre » trouvés en Chine<ref name="needham volume 3 618"/>{{,}}<ref name="chan 15"/>. Vers [[1080]], il nota qu’un glissement de terrain sur une rive d’un grand fleuve près de Yanzhou (l’actuelle [[Yan'an]]) avait révélé un espace ouvert à plusieurs dizaines de mètres sous le sol, sous la rive effondrée<ref name="chan 15"/>{{,}}<ref name="needham volume 3 614">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 3, Mathematics and the Sciences of the Heavens and the Earth'', page 614.</ref>. Cet espace souterrain contenait des centaines de bambous pétrifiés encore intacts avec leurs racines. « Tous se sont changés en pierre » écrivit Shen Kuo<ref name="chan 15"/>{{,}}<ref name="needham volume 3 614" />. Il précisa que les bambous ne poussent pas près de la ville de Yanzhou, située dans le Nord de la Chine, et s'interrogea sur la dynastie durant laquelle ces bambous avaient poussé<ref name="chan 15"/>{{,}}<ref name="needham volume 3 614" />. Considérant que les endroits humides et sombres offraient des conditions adéquates pour la croissance du bambou, Shen déduisit que le climat de Yanzhou devait avoir été tel dans des temps très anciens<ref name="chan 15"/>{{,}}<ref name="needham volume 3 614" />. La [[paléoclimatologie]] n’est cependant jamais devenue une discipline établie en Chine médiévale. Le philosophe [[Zhu Xi]] ({{lang|zh|朱熹}} ; 1130-1200), connu pour avoir lu les œuvres de Shen Kuo<ref name="chan 15"/>, a écrit sur ce curieux phénomène naturel. Les descriptions de Shen sur l’érosion des sols, les changements climatiques et les dépôts sédimentaires précédèrent deux ouvrages de référence comme ''De veteribus et novis metallis'' par [[Georgius Agricola]] en [[1546]]<ref name="needham volume 3 604"/> ou les travaux de [[James Hutton]] en [[1802]]<ref name="needham volume 3 604">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 3, Mathematics and the Sciences of the Heavens and the Earth'', page 604.</ref>. L’historien [[Joseph Needham]] compara la trouvaille de Shen à celle du savant écossais [[Roderick Murchison]] (1792-1871) qui devint géologue suite à l’observation providentielle d’un glissement de terrain. === Astronomie === [[Image:Su Song Star Map 1.JPG|thumb|right|230px|Une des [[carte astronomique|cartes astronomiques]] publiées dans un livre de [[Su Song]] datant de [[1092]], avec la position de l’étoile polaire corrigée par Shen Kuo.]] En tant que chef du Bureau de l’astronomie, Shen Kuo était un passionné érudit d’astronomie et améliora plusieurs instruments astronomiques. On lui attribue des modèles améliorés de [[gnomon]], de [[sphère armillaire]], de [[clepsydre]] et d’[[horloge]]<ref name="sivin III 17">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 17.</ref>. Pour la clepsydre il a conçu un nouveau type de réservoir et plaidé pour une interpolation plus efficace de l’étalonnage de la mesure du temps<ref name="sivin III 17" />. Pour améliorer le modèle du {{Ve siècle}} du [[tube astronomique]], Shen Kuo en a accru le diamètre afin que le nouveau calibrage puisse observer l’étoile polaire indéfiniment<ref name="sivin III 17" />. Ce fut en raison du déplacement de la position de l’étoile polaire depuis l’époque de [[Zu Geng]] au {{Ve siècle}}, que Shen Kuo observant le mouvement de l’étoile polaire pendant trois mois, conclut qu’elle avait bougé d’un peu plus de trois degrés<ref name="sivin III 17" />. Apparemment, cette « trouvaille » astronomique eu un impact sur la communauté intellectuelle de l’époque en Chine. Même le rival politique de Shen, l’astronome [[Su Song]], corrigea la position de l’étoile polaire dans les versions de son [[atlas céleste]]<ref name="needham volume 3 278">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 3, Mathematics and the Sciences of the Heavens and the Earth'', page 278.</ref>. Avec son collègue [[Wei Pu]] du Bureau de l’astronomie, Shen Kuo traça les coordonnées exactes des mouvements planétaires et lunaires en enregistrant leurs observations astronomiques trois fois par nuit sur une durée de cinq ans<ref name="sivin III 18"/>. Bien que les cartes du ciel aient été créées entretemps, cette quantité d’observations astronomiques collectées sur une durée aussi longue ne fut égalée en [[Europe]] qu’à l’époque de l’astronome [[Tycho Brahe]] (1546-1601)<ref name="sivin III 18"/>. Les phénomènes astronomiques des éclipses [[éclipse solaire|solaire]] et [[éclipse lunaire|lunaire]] étaient connus en Chine depuis au moins l’époque des astronomes [[Gan De]] ({{lang|zh|甘德}} ; {{IVe siècle av. J.-C.}}) et [[Shen Shi]] ({{lang|zh|石申}} ; {{IVe siècle av. J.-C.}}), puisque ce fut Shi Shen qui donna des instructions sur la prévision des éclipses fondées sur la position de la Lune par rapport au Soleil<ref name="needham volume 3 411">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 3, Mathematics and the Sciences of the Heavens and the Earth'', page 411.</ref>. Le philosophe [[Wang Chong]] ({{lang|zh|王充}} ; [[27]]-[[97]]) avait avancé des arguments contre la théorie de « l’influence rayonnante » des écrits de [[Jing Fang]] au {{Ier siècle av. J.-C.}}, et sur la véracité de l’hypothèse de l’astronome [[Zhang Heng]] ({{lang|zh|張衡}} ; [[78]]-[[139]]), selon laquelle la Lune ne faisait que refléter la lumière du soleil<ref name="needham volume 3 413 414">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 3, Mathematics and the Sciences of the Heavens and the Earth'', pages 413 et 414.</ref>. Jing Fang disait au {{Ier siècle av. J.-C.}} qu’il était depuis longtemps admis en Chine que le Soleil et la Lune avaient une forme [[sphère|sphérique]] et non plate<ref name="needham volume 3 227">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 3, Mathematics and the Sciences of the Heavens and the Earth'', page 227.</ref>. Shen Kuo écrit développa également cette théorie, expliquant pourquoi les corps célestes étaient sphériques, allant à l’encontre de la théorie de la « [[Terre plate]] » pour les corps célestes<ref name="needham volume 3 227">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 3, Mathematics and the Sciences of the Heavens and the Earth'', page 227.</ref>. Cependant, il n’y a pas de preuves laissant à penser que Shen Kuo ait soutenu la théorie d’une [[Terre]] ronde, laquelle fut introduite dans les sciences chinoises par [[Matteo Ricci]] et [[Xu Guangqi]] au {{XVIIe siècle}}<ref name="fan 431 432">Dainian Fan et Robert Sonné Cohen, ''Chinese Studies in the History and Philosophy of Science and Technology'', Dordrecht : Kluwer Academic Publishers, 1996. Pages 431 à 432.</ref>. Lorsque le directeur de l’[[Observatoire astronomique]] demanda à Shen Kuo si les formes du Soleil et la Lune étaient comme les balles rondes ou plates, Shen Kuo expliqua que les corps célestes étaient, dans la limite de ses connaissances, sphériques<ref name="needham volume 3 415 416"/>. Tout comme Zhang Heng, Shen Kuo assimilait la Lune à une balle d’[[argent]], qui ne produisait pas de lumière, mais reflétait simplement celle fournie par une autre source (le Soleil)<ref name="needham volume 3 415 416"/>. Il expliquaé que lorsque la lumière du soleil était « inclinée », la [[pleine lune]] apparaissait<ref name="needham volume 3 415 416"/>. Il poursuivit en expliquant que si l’on couvrait n’importe quelle sorte de sphère de poudre blanche et qu’on la regardait sur le côté, elle donnerait l’impression d’être un croissant, et par conséquent, il estimait que les corps célestes étaient sphériques<ref name="needham volume 3 415 416"/>. Il affirma également que, bien que le Soleil et la Lune fussent en conjonction et en opposition entre eux une fois par mois, cela ne signifiait pas que le Soleil serait éclipsé à chaque fois que leurs chemins seraient réunis, en raison de la légère obliquité de leurs chemins orbitaux<ref name="needham volume 3 415 416">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 3, Mathematics and the Sciences of the Heavens and the Earth'', pages 415 et 416.</ref>. [[Image:Ancient Beijing observatory 10.jpg|right|thumb|230px|Une réplique moderne d’une [[sphère armillaire]] de l’époque [[Dynastie Ming|Ming]], située à l’ancien observatoire de [[Pékin]].]] Shen Kuo est aussi réputé pour ses hypothèses [[cosmologique]]s expliquant les variations des [[orbites]] planétaires, y compris le mouvement [[Rétrograde (astronomie)|rétrograde]]<ref name="sivin III 16">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 16.</ref>. Son collègue [[Wei Pu]] s'était rendu compte que l’ancienne méthode de calcul du [[temps solaire]] moyen était inexacte par rapport à la vision apparente du Soleil, puisque ce dernier est en avance de celui-ci dans la phase accélérée du mouvement et derrière elle dans la phase retardée<ref name="sivin III 19">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 19.</ref>. Les hypothèses de Shen étaient similaires à la notion d'[[épicycle]] dans les traditions gréco-romaines<ref name="sivin III 16"/>, mais lui seul compara la section latérale des chemins orbitaux des planètes et les variations de leur vitesse à ces points, ce qu'il compara à la forme des feuilles de saule<ref name="sivin II 71-72">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre II, pages 71 et 72.</ref>. Les travaux de Shen sur le mouvement planétaire peut aussi être comparés à celui de l’astronome persan [[Nasir ad-Din at-Tusi]] (1201-1274), qui écrivit ''[[Zij-i Ilkhani]]''. Les astronomes de la [[dynastie Song]] de l’époque de Shen utilisaient encore la théorie de la Lune et les coordonnées de [[Yi Xing]], ce qui après 350 ans était devenue une erreur considérable<ref name="sivin III 18"/>. Pour résoudre ce problème, Shen et Wei tinrent des archives astronomiques où ils notaient la position de la Lune, à l’instar de ce qu’ils avaient fait pour les planètes, trois fois par nuit pendant cinq années successives<ref name="sivin III 18"/>. Les fonctionnaires et les astronomes de la cour s'opposèrent violemment à Shen et Wei, s'estimant offensés par leur insistance à démontrer que les calculs du renommé Yi Xing étaient devenus inexacts<ref name="sivin III 18 19">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, pages 18 et 19.</ref>. Ils diffamèrent aussi Wei Pu, par jalousie envers sa basse extraction<ref name="sivin II 73">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre II, page 73.</ref>. Lorsque Shen et Wei firent une démonstration publique en utilisant le [[gnomon]] pour prouver l’erreur, les autres ministres acceptèrent de corriger ces erreurs lunaires et solaires<ref name="sivin III 18 19"/>{{,}}<ref name="">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre II, page 72.</ref>. Malgré ce succès, ils finirent par rejeter les tables des mouvements planétaires de Shen et Wei<ref name="sivin III 7">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 7.</ref>. De ce fait, seule la pire et la plus évidente des erreurs fut corrigée mais de nombreuses imprécisions demeurèrent<ref name="sivin II 73"/>. === Typographie === [[Image:Jingangjing.gif|left|thumb|250px|Le ''[[Sūtra du Diamant]]'', le plus ancien livre imprimé connu. [[Dynastie Tang]], 868.]] Selon Shen Kuo, durant le règne Qingli (1041-1048), sous l’Empereur [[Renzong]] des Song ({{lang|zh|仁宗}} ; 1022-1063), un artisan connu sous le nom de [[Bi Sheng]] ({{lang|zh|毕升}} ; 990-1051) inventa l’[[Imprimerie|impression]] [[Typographie|typographique]] à l’aide de caractères mobiles en [[céramique]]<ref name="needham volume 5 part 1 201">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 5, Chemistry and Chemical Technology'', Chapitre 1 : ''Paper and Printing'', page 201.</ref>. Bien que l’assemblage de caractères individuels pour composer un texte ait ses origines dans l’[[Antiquité]], l’innovation de Bi Sheng était totalement révolutionnaire pour l’époque. Shen Kuo note que le processus était fastidieux si l’on ne voulait imprimer que quelques copies d’un livre, mais si l’on désirait en faire des centaines, voire des milliers, il s'avérait incroyablement rapide et efficace<ref name="needham volume 5 part 1 201"/>. Hors des écrits de Shen Kuo, cependant, on ne sait rien de la vie de Bi Sheng ou de l’influence des caractères mobiles de son vivant<ref name="needham volume 5 part 1 202 203">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 5, Chemistry and Chemical Technology'', Chapitre 1 : ''Paper and Printing'', pages 202 et 203.</ref>. Il reste quelques livres imprimés à la fin de la [[dynastie Song]] en utilisant ce procédé<ref name="Wu 211 212">Kuang Ch'ing Wu, ''Ming Printing and Printers'', Harvard Journal of Asiatic Studies, février 1943. Pages 211 et 212.</ref>, dont ''Notes du hall de Jade'' ({{lang|zh|玉堂雜記}}) de Zhou Bida imprimé en [[1193]] avec les de caractères mobiles d’argile cuite décrits dans ''[[Mengxi Bitan]]''<ref>Xu Yinong Moveable Type Books ({{lang|zh|徐忆农 活字本}}) {{ISBN|7806437959}}</ref>. Yao Shu (1201-1278), conseiller auprès de [[Kubilai Khan]], persuada un jour son disciple Yang Gu d’imprimer des manuels de [[philologie]] et des textes néo-confucéens à l’aide de ce qu’il appelait « la méthode de Shen Kuo »<ref name="needham volume 5 part 1 203">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 5, Chemistry and Chemical Technology'', Chapitre 1 : ''Paper and Printing'', page 203.</ref>. [[Wang Zhen]] ({{lang|zh|王祯}} ; vers 1290-1333), auteur du traité agricole, scientifique et technologique ''Nong Shu'', mentionne une autre méthode de cuisson de la [[faïence]] sur cadres afin de créer des blocs complets<ref name="needham volume 5 part 1 203"/>. Wang Zhen améliora également son utilisation en inventant des caractères mobiles en bois dans les années [[1297]] ou [[1298]], alors qu’il était magistrat à [[Jingdezhen]]<ref name="needham volume 5 part 1 206">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 5, Chemistry and Chemical Technology'', Chapitre 1 : ''Paper and Printing'', page 206.</ref>. Bi Sheng avait déjà expérimenté cette méthode<ref name="needham volume 5 part 1 205-206">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 5, Chemistry and Chemical Technology'', Chapitre 1 : ''Paper and Printing'', pages 205 et 206.</ref>, mais Wang fut celui qui contribua le plus à augmenter la rapidité d'impression grâce à de simples dispositifs mécaniques, et qui permit l’agencement complexe et systématique de blocs types en bois impliquant l’utilisation de tables de roulement<ref name="needham volume 5 part 1 208">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 5, Chemistry and Chemical Technology'', Chapitre 1 : ''Paper and Printing'', page 208.</ref>. Bien plus tard, Wang Zhen fit des tentatives avec de l'[[étain]], mais le trouva inefficace<ref name="needham volume 5 part 1 217">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 5, Chemistry and Chemical Technology'', Chapitre 1 : ''Paper and Printing'', page 217.</ref>. Au {{XVe siècle}}, l’imprimerie à caractères mobiles en métal fut développée en Chine par la [[dynastie Ming]] (et plus tôt vers le milieu {{XIIIe siècle}} en [[Corée]] pendant la [[période Chosŏn]]), et fut largement pratiquée en Chine au moins jusqu’au {{XVIe siècle}}<ref name="needham volume 5 part 1 211">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 5, Chemistry and Chemical Technology'', Chapitre 1 : ''Paper and Printing'', page 211.</ref>. À [[Jiangsu]] et [[Fujian]], les riches familles de l’ère Ming sponsorisèrent le métal, le plus souvent du [[bronze]]. Cela incluait notamment les travaux de [[Hua Sui]] ({{lang|zh|华燧}} ; 1439-1513) qui mit au point la première méthode chinoise utilisant le bronze en [[1490]]<ref name="needham volume 5 part 1 212">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 5, Chemistry and Chemical Technology'', Chapitre 1 : ''Paper and Printing'', page 212.</ref>. En [[1718]], vers le milieu de la [[dynastie Qing]] (1644-1912), le savant de [[Tai'an]] connu sous le nom de Xu Zhiding développa des caractères mobiles en [[Émail (verre)|émail]] au lieu de la [[faïence]]<ref name="needham volume 5 part 1 203"/>. Il y eut également Zhai Jinsheng (né en 1784), un professeur de [[Jingxian]], qui passa trente années à créer une [[police de caractères]] mobiles en faïence, laquelle en [[1844]] comptait plus de {{formatnum:100000}} caractères chinois en cinq tailles différentes<ref name="needham volume 5 part 1 203"/>. Malgré ces avancées, l’imprimerie à caractères mobiles ne se généralisa jamais en Asie de l'Est, que la [[gravure sur bois]] avait atteinte depuis la [[dynastie Tang]] au {{IXe siècle}}. Avec les [[sinogramme]]s, la grande quantité des caractères écrits ([[morphème]]s) entrava l’adoption et l’utilisation des caractères mobiles<ref name="needham volume 5 part 1 201"/>. En outre, l’imprimerie de [[Johannes Gutenberg]] (1398-1468) fut finalement entièrement adoptée comme norme en Chine, malgré une tradition de gravure sur bois toujours populaire en Asie de l’Est. == Pensées personnelles et philosophie == [[Image:Mencius2.jpg|thumb|210px|right|Les idées du penseur [[Mencius]] influencèrent profondément Shen.]] Les écrits de Shen Kuo ne portaient pas tous sur des sujets scientifiques ou pratiques. Outre ses travaux sur la [[divination]] chinoise, la [[Magie (surnaturel)|magie]] et le [[folklore]], Shen Kuo a aussi été [[critique d'art]]. Par exemple, il a critiqué le travail du peintre [[Li Cheng]] pour avoir omis de respecter le principe de « ''voir le petit du point de vue du grand'' », par exemple en peignant des bâtiments<ref name="needham volume 4 115">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 4, Physics and Physical Technology'', page 115.</ref>. Malgré toutes ses réalisations scientifiques, Shen Kuo était nettement en faveur du [[taoïsme]] qui contestait l'influence de la science empirique à son époque. Bien que beaucoup de choses puissent être connues par le biais de l'observation empirique et de l'étude, le taoïsme affirme que les secrets de l'univers sont infinis, et que la recherche scientifique ne pourrait jamais qu'en exprimer des fragments et des compréhensions partielles<ref name="ropp 170">Paul S. Ropp, ''Heritage of China : Contemporary Perspectives on Chinese History'', Berkeley : University of California Press, 1990. Page 170.</ref>. Shen Kuo se réfère à l'antique manuel taoïste ''[[Yi Jing]]'' dans l'explication du processus spirituel et de la [[prescience]] qui ne peuvent être atteintes par « des traces brutes », qu'il assimile à l'astronomie mathématique<ref name="ropp 170"/>. Shen était aussi un fervent partisan des notions de [[destin]] et de [[pronostic]]s, et a formulé des explications rationnelles sur les relations entre elles<ref name="sivin III 34 35">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, pages 34 et 35.</ref>. Il portait un intérêt particulier au sort (bon ou mauvais), à la divination mystique, aux phénomènes bizarres, alors même qu'il était prémuni contre la tendance à croire que tout est joué d'avance dans la vie<ref name="sivin III 35">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 35.</ref>. Un jour, décrivant le cas d'une maison frappée par la foudre dont les murs en bois ont noiric au lieu de brûler, tandis que les objets décoratifs recouverts de [[laque]] restaient intacts et que les objets métalliques avaient fondu, Shen Kuo écrivit : « La plupart des gens ne peuvent juger des choses que par les expériences de la vie ordinaire, mais les phénomènes en dehors de ce champ sont vraiment très nombreux. Il est peu sécurisant d'étudier les principes naturels en utilisant uniquement la lumière des connaissances habituelles et des idées subjectives »<ref name="needham volume 3 482">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 3, Mathematics and the Sciences of the Heavens and the Earth'', page 482.</ref>. Dans son commentaire de l'ancien philosophe [[Confucius|confucéen]] [[Mencius]] (-372 - -289), Shen insiste sur l'importance de suivre le choix de ce que l'on sait être le vrai chemin, mais il ajoute que le cœur et l'esprit ne peuvent atteindre la pleine connaissance de la vérité, du fait de sa simple expérience sensorielle<ref name="sivin III 34">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 34.</ref>. De sa propre manière, mais en utilisant des termes influencés par les idées de Mencius, il formule l'idée d'une autorité autonome intérieure qui servirait de base à son acceptation des choix moraux, une notion liée aux expériences de sa vie quant au succès par l'auto-suffisance<ref name="sivin III 34"/>. En plus de son commentaire sur les [[Classique chinois|textes classiques chinois]], Shen Kuo a également écrit de nombreux articles sur les thèmes du surnaturel, de la divination et de la [[méditation]] [[Bouddhisme en Chine|bouddhiste]]<ref name="ebrey cambridge 148">Ebrey, Patricia Buckley, ''The Cambridge Illustrated History of China''. Cambridge : Cambridge University Press, 1999. Page 148.</ref>. === ''Mengxi Bitan'' === {{Article détaillé|Mengxi Bitan}} Comme l’historien [[Chen Dengyuan]] l’a fait remarquer, beaucoup des écrits de Shen Kuo ont probablement été purgés sous le ministre [[Cai Jing]] ({{lang|zh|蔡京}} ; 1046-1126), qui avait relancé les Nouvelles Politiques de [[Wang Anshi]], bien qu’il ait fait campagne pour la destruction ou la modification radicale des travaux écrits de ses prédécesseurs, et en particulier de ses ennemis conservateurs<ref name="sivin III 44">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 44.</ref>. Par exemple, seul six des livres de Shen demeurent, et quatre d’entre eux ont été altérés de manière significative depuis leur rédaction initiale<ref name="sivin III 44 45">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, pages 44 et 45.</ref>. ''[[Mengxi Bitan]]'' ({{lang|zh|夢溪筆談}}) est cité pour la première fois dans un écrit chinois de [[1095]], montrant que, même vers la fin de la vie de Shen, son dernier livre était largement imprimé<ref name="sivin III 45"/>. ''Mengxi Bitan'' était constitué de quelques 507 essais distincts explorant une large variété de sujets<ref name="bodde 86">Derk Bodde, ''Chinese Thought, Society, and Science: The Intellectual and Social Background of Science and Technology in Pre-modern China'', Honolulu : University of Hawaii Press, 1991. Page 86.</ref>. L’ouvrage était initialement composé de 30 chapitres, mais en [[1166]], un éditeur chinois inconnu modifia et réorganisa l'oeuvre en 26 chapitres <ref name="sivin III 45">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 45.</ref>. Il reste un exemplaire de cette édition. Une réimpression eut lieu en [[1305]]<ref name="sivin III 45"/> et une autre en [[1631]], mais le texte fut alors radicalement réorganisé en trois grands chapitres<ref name="sivin III 45"/>. ''Chiwuming Shitukao'' de 1848 mentionne souvent des passages du livre de Shen Kuo, ainsi ses classifications des espèces végétales<ref name="needham volume 6 part 1 475">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 6, Biology and Biological Technology'', Chapitre 1, page 475.</ref>. À l’époque moderne, la tentative la plus complète de lister et de résumé les écrits de Shen fut un appendice rédigé par [[Hu Daojing]] dans son édition de ''Brush Talks'' de [[1956]]<ref name="sivin III 44"/>. L’édition chinoise de 1166 fut fidèlement traduite en japonais lors d’un séminaire de l’Institut de recherche en Sciences humaines (japonais : ''Jimbun Kagaku Kenkyusho'') de l’[[Université de Kyoto]] puis imprimé par [[Umehara Kaoru]] dans son édition en trois volumes ''Bokei hitsudan'' (1978-1981)<ref name="sivin III 49">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 49.</ref>. [[Zhang Jia Ju]] a partiellement traduit ''Mengxi Bitan'' du [[chinois médiéval]] en [[Baihua|chinois vernaculaire]] dans sa biographie ''Shen Kuo'' de 1962. Cette biographie est d’une grande importance car elle est — selon l’historien [[Nathan Sivin]] — la référence la plus complète et la plus exacte sur la vie de Shen Kuo<ref name="sivin III 49"/>. Le plus grand nombre de traductions en anglais de ''Mengxi Bitan'' se trouve dans divers volumes des séries ''Science and Civilization in China'' de [[Joseph Needham]], publiées à partir de 1954<ref name="sivin III 49"/>. En français, des extraits du livre ont été cités dans les travaux de J. Brenier<ref>''Shen Gua (1031–1091) et les Sciences, Revue d’Histoire des Sciences et de Leurs Applications'' (1989).</ref> ainsi que J.F. Billeter<ref>''Florilège des Notes du Ruisseau (Mengqi bitan) de Shen Gua (1031–1095), Études Asiatiques'' (1993).</ref>. === Autres écrits === [[Image:SuShi-Portrait.jpg|thumb|left|200px|Un portrait contemporain de [[Su Shi]], dont les travaux pharmaceutiques furent associés à ceux de Shen Kuo en [[1126]].]] Bien que ''Mengxi Bitan'' soit certainement le plus vaste et important travail de Shen Kuo, il n'est pas le seul. En [[1075]], il composa le ''Xining Fengyuan Li'' ({{lang|zh|熙寧奉元曆}} ; anglais : ''The Oblatory Epoch astronomical system of the Splendid Peace reign period'') qui a été perdu, mais répertorié dans une bibliographie de la [[dynastie Song]]<ref name="sivin III 46">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 46.</ref>. C’était le rapport officiel sur les réformes de Shen Kuo sur le calendrier chinois, qui ne furent que partiellement intégrées au calendrier officiel des Song<ref name="sivin III 46" />. Il est aussi l'auteur d'un traité pharmaceutique intitulé ''Liang Fang'' (良方 ; ''Bonnes formules médicinales''), fruit de notes compilées durant ses années de retraite du service gouvernemental<ref name="sivin III 47"/>. Autour de l’année [[1126]], il fut combiné à une œuvre écrite de [[Su Shi]] (苏轼 ; 1037-1101), lequel, ironiquement, comptait parmi les opposants au « Groupe de nouvelles politiques » de Shen Kuo<ref name="sivin III 47">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 47.</ref>. Cependant on sait aujourd'hui que Shen Kuo et Su Shi étaient quand même amis et associés<ref name="needham volume 1 137">Joseph Needham, ''Science and Civilization in China : Volume 1, Introductory Orientations'', page 137.</ref>. Cette même retraite lui donna le temps de composer ''Mengqi Wanghuai Lu'' ({{lang|zh|夢溪忘懷錄}} ; anglais : ''Record of longings forgotten at Dream Brook)''. Il s'agit d'un traité ethnographique sur les populations montagnardes isolées de la Chine, notamment inspiré de sa jeunesse<ref name="sivin III 48">Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. Chapitre III, page 48.</ref>. Seules des citations en survivent dans la collection ''Shuo Fu'' ({{lang|zh|說郛}}), qui décrit les travaux agricoles et les outils de ces régions. Shen Kuo a également écrit ''Changxing Ji'' ({{lang|zh|長興集 }}; ''Recueil d'oeuvres littéraires du [vicomte de] Changxing''), recueil de divers poèmes et documents administratifs de sa main, mais ce livre fut sans doute publié de manière posthume<ref name="sivin III 48"/>. Il fut réimprimé au {{XVe siècle}}, sous la [[dynastie Ming]]), mais seul le 19{{e}} chapitre fut par la suite conservé<ref name="sivin III 48"/> et réimprimé en [[1718]], et ce sous une forme corrompue<ref name="sivin III 48"/>. Enfin, dans les années 1950, l’auteur [[Hu Daojing]] compléta ce travail d’autres poèmes épars de la main de Shen, dans l’ancienne collection ''Collection of Shen Kua’s Extant Poetry'' (Shanghai, Shang-hai Shu-tian, 1958)<ref name="sivin III 48"/>. Dans la tradition des « [[récit de voyage|récits de voyage]] » (''youji wenxue'') de la littéraire populaire de l’ère Song<ref name="hargett 67">James M. Hargett, ''Some Preliminary Remarks on the Travel Records of the Song Dynasty (960-1279)'', Chinese Literature : Essays, Articles, Reviews (Juillet 1985), page 67.</ref>, Shen Kuo est enfin l'auteur du ''Registre de ce qu’il ne faut pas oublier'', un guide du voyageur précisant le type de transport idéal selon le type du voyage, les aliments, les vêtements spéciaux et de nombreux autres articles utiles<ref name="hargett 71">James M. Hargett, ''Some Preliminary Remarks on the Travel Records of the Song Dynasty (960-1279)'', Chinese Literature : Essays, Articles, Reviews (Juillet 1985), page 71.</ref>. == Postérité de Shen Kuo == À sa mort, Shen Kuo a été enterré dans une tombe dans la région de Yuhang, à [[Hangzhou]], au pied de la colline Taiping<ref name="Yuhang">Yuhang Cultural Network, ''[http://www.yhwt.com/newsshow.aspx?artid=3169 Shen Kuo's Tomb]'', The Yuhang District of Hangzhou Cultural Broadcasting Press and Publications Bureau, octobre 2003. Consulté en mai 2007.</ref>. Son tombeau a finalement été détruit, mais les archives de la [[dynastie Ming]] indiqués son emplacement et il fut découvert en [[1983]] puis protégé par le gouvernement depuis [[1986]]<ref name="Yuhang" />. Des restes de la structure de brique de la tombe ont été retrouvés, ainsi que du [[verre]] et des des [[pièce de monnaie|pièces de monnaie]] datant de la [[dynastie Song]]<ref name="Yuhang" />. Le Comité municipal de Hangzhou termina une restauration de la tombe de Shen en septembre [[2001]]. En plus de sa tombe, le domaine de Shen Kuo à [[Zhenjiang]], notamment ses deux premiers [[Acre (unité)|acres]] ({{formatnum:8000}} m² environ), ont été réhabilités par le gouvernement en [[1985]]<ref name="Talking Park">Zhenjiang.gov, ''[http://www.zhenjiang.gov.cn/gb/zgzj/zjgb/lyzpd/fjjc/userobject1ai12068.html Talking Park]'', The Zhenjiang municipal government office, octobre 2006. Consulté en mai 2007.</ref>. Cependant, la partie rénové du jardin n'est qu'une partie de l'original au temps de Shen Kuo<ref name="Mengxi Garden">The Zhenjiang Foreign Experts Bureau, ''[http://www.feb.gov.cn/news1/displaynews.asp?id=139 Mengxi Garden]'' The Zhenjiang Foreign Experts Bureau, juin 2002. Consulté en mai 2007.</ref>. Une salle d'inspiration [[dynastie Qing|Qing]] fut construite sur le site et est maintenant utilisé comme porte d'entrée principale<ref name="Talking Park" />. Dans le hall servant comme mémorial, se trouve un grand tableau dépeignant le jardin d'origine de Shen Kuo en son temps, y compris les [[puit]]s, les bosquets de [[bambou]]s verts, des chemins pavés de pierres et des murs décorés comme à l'origine<ref name="Mengxi Garden" />. Dans ce hall d'exposition il y a une statue de Shen Kuo assis sur une plate-forme, avec des éditions de son livre datant de plusieurs siècles dans des armoires en verre<ref name="Mengxi Garden" />. Dans le domaine se trouve également des statues de Shen Kuo, une [[sphère armillaire]] et un petit musée retrace les diverses réalisations de Shen<ref name="Talking Park" />. L'[[Observatoire de la Montagne Pourpre]] a découvert un nouvel [[astéroïde]] en [[1964]]. En [[1979]], l'[[Académie chinoise des sciences]] a décidé de nommé Shen Kuo comme l'un de ses membres d'honneur. == Bibliographie == * {{en}} Derk Bodde, ''Chinese Thought, Society, and Science: The Intellectual and Social Background of Science and Technology in Pre-modern China'', Honolulu : University of Hawaii Press, 1991. {{ISBN|9780824813345}} * {{en}} John S. Bowman, ''Columbia Chronologies of Asian History and Culture'', New York : Columbia University Press, 2000. * {{en}} Alan Kam-leung Chan, Gregory K. 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Hymes et Conrad Schirokauer, ''Ordering the World : Approaches to State and Society in Sung Dynasty China'', Berkeley : University of California Press, 1993. * {{en}} Peter Mohn, ''Magnetism in the Solid State : An Introduction'', New York : Springer-Verlag Inc, 2003. {{ISBN|3540431837}} * {{en}} Joseph Needham, Taipei : Caves Books Ltd, 1986 : ** ''Science and Civilization in China : Volume 1, Introductory Orientations'', ** ''Science and Civilization in China : Volume 3, Mathematics and the Sciences of the Heavens and the Earth'', ** ''Science and Civilization in China : Volume 4, Physics and Physical Technology, Part 3 : Civil Engineering and Nautics'', ** ''Science and Civilization in China : Volume 5, Chemistry and Chemical Technology, Part 1 : Paper and Printing''. ** ''Science and Civilization in China : Volume 6, Biology and Biological Technology, Part 1 : Botany''. * {{en}} Paul S. Ropp, ''Heritage of China : Contemporary Perspectives on Chinese History'', Berkeley : University of California Press, 1990. {{ISBN|9780520064409}} * {{en}} Nathan Sivin, ''Science in Ancient China'', Brookfield, Vermont : VARIORUM, Ashgate Publishing, 1995. * {{en}} Tz’u Sung (traduction en anglais par Brian E. McKnight), ''The Washing Away of Wrongs : Forensic Medicine in Thirteenth-Century China'', Ann Arbor, University of Michigan Press, 1981. {{ISBN|0892648007}} * {{en}} Adrian Desmond, ''The Discovery of Marine Transgressions and the Explanation of Fossils in Antiquity'', American Journal of Science, Volume 275, 1975. * {{en}} Dainian Fan et Robert Sonné Cohen, ''Chinese Studies in the History and Philosophy of Science and Technology'', Dordrecht : Kluwer Academic Publishers, 1996. {{ISBN|0-7923-3463-9}} == Notes et références == {{Traduction/Référence|en|Shen Kuo}} {{Références|colonnes = 1}} ==Liens externes== * {{en}} [http://ccat.sas.upenn.edu/~nsivin/shen.html Chapitre de livre de Nathan Sivin sur Shen Kuo] * {{en}} [http://www-groups.dcs.st-and.ac.uk/~history/Mathematicians/Shen_Kua.html Shen Kua at JOC/EFR] * {{en}} [http://people.bath.ac.uk/hyj20/Shen%20Kuo.htm Shen Kuo, un mathématicien, ingénieur, physicien, et astronome] * {{en}} {{gutenberg author| id=Shen+Kuo | name=Shen Kuo}} * {{en}} [http://www.chinaculture.org/gb/en_madeinchina/2003-09/24/content_72415.htm Shen Kuo et Chinaculture.org] * {{en}} [http://rosettastone.wordpress.com/2006/04/30/shen-kuos-bamboo-shoots/ Shen Kuo's "Bamboo Shoots"] {{Portail Chine}} {{Lien AdQ|en}} [[Catégorie:Naissance en 1031]] [[Catégorie:Décès en 1095]] [[Catégorie:Dynastie Song]] [[Catégorie:Scientifique chinois]] [[Catégorie:Général chinois]] [[Catégorie:Diplomate chinois]] [[Catégorie:Géologue chinois]] [[Catégorie:Astronome chinois]] [[Catégorie:Mathématicien chinois]] [[Catégorie:Cartographe]] [[Catégorie:Pharmacologue]] [[Catégorie:Zoologiste]] [[Catégorie:Zoologiste chinois]] [[Catégorie:Botaniste]] [[Catégorie:Botaniste chinois]] [[Catégorie:Météorologue chinois]] [[de:Shen Kuo]] [[en:Shen Kuo]] [[es:Shen Kuo]] [[fi:Shen Kuo]] [[it:Shen Kuo]] [[ja:沈括]] [[ko:심괄]] [[nl:Shen Kuo]] [[no:Shen Kuo]] [[pl:Szen Kua]] [[pt:Shen Kuo]] [[ru:Шэнь Ко]] [[sv:Shen Kuo]] [[zh:沈括]] [[zh-classical:沈括]]