<page> <title>Situation linguistique de la Suisse</title> <id>2945960</id> <revision> <id>31582171</id> <timestamp>2008-07-14T21:23:03Z</timestamp> <contributor> <username>Romano1246</username> <id>43374</id> </contributor> <minor /> <comment>multi -> plurilingue</comment> <text xml:space="preserve">La '''situation linguistique de la Suisse''' est particulière à la [[Suisse]], pays plurilingue. En effet, le territoire suisse est partagé en quatre zones linguistiques où, dans chacune d'entre-elles, une seule langue officielle a cours, soit l'[[allemand]], le [[français]], l'[[italien]] ou le [[romanche]]. Les zones linguistiques telles que nous les connaissons au début du {{s|XXI|e}} siècle sont nées il y a plus de {{formatnum:1000}} ans, avant la naissance de la [[Suisse|Confédération]], et sont demeurées presque inchangées<ref name="drlg">[http://www.cslf.gouv.qc.ca/publications/PubD115/D115ch1.html Droit des langues en Suisse], consulté en mai 2008.</ref>. == Historique des langues en Suisse == === Origines === [[Image:Souabe et Haute-Bourgogne1.png|thumb|{{legend|#52b041|[[Burgondes]]}} {{legend|#fe9625|[[Alamans]]}}]] Du {{-Ier siècle}} au {{IVe siècle}}, le territoire de la Suisse actuelle est sous domination de l'Empire romain et le [[latin]] s'est imposé comme langue écrite. Tous les textes retrouvés sur le territoire, écrits pour la plupart sur des tablettes enduites de [[cire]] sont en effet en latin, prouvant ainsi que la langue s'était répandue non seulement dans l'administration, mais aussi dans la vie de tous les jours<ref>{{ouvrage|auteur=J.-P. Felber|titre=De l'Helvétie romaine à la Suisse romande op. cit}} page 33</ref>. Dès la fin du {{s|III|e}}, avec les premières incursions barbares des [[Alamans]] (ou ''Alémans''), la population romaine migre vers le sud. Le territoire suisse est occupé par les [[Burgondes]] à l'ouest et par les Alamans à l'est<ref>{{ouvrage|auteur=J.-P. Felber|titre=De l'Helvétie romaine à la Suisse romande op. cit}} page 44</ref>. Les Burgondes, qui utilisaient une langue de la branche [[Langues germaniques orientales|germanique orientale]] aujourd'hui éteinte, adoptèrent le latin local des habitants qui se transforma en [[francoprovençal]] puis en français. À l'est, les langues germaniques se transformèrent en dialectes alémaniques<ref name="Leclerc">[http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/europe/suissefed.htm L'aménagement linguistique dans le monde : La Suisse fédérale] auteur : Jacques Leclerc, consulté le 28 avril 2008.</ref>. La [[Rhétie]] est également prise par les peuples germaniques, seules de petites enclaves de romanisation persisteront en particulier autour de [[Coire]], d'où vient le {{lang|de|''[[Romanche|Rätoromanisch]]''}} (littéralement ''roman de la Rhétie'' en [[allemand]]), une [[langue romane]]. === La croissance de la Confédération (1291 - 1481) === La Suisse s'est formée lentement à partir des [[Waldstätten]] et de la [[Confédération des III cantons]]. Au début, en [[1291]], son territoire est entièrement germanophone. Puis entre [[1332]] et [[1481]], la Confédération s'est développée uniquement dans des régions germanophones pour former la [[Confédération des VIII cantons]] ([[Canton de Lucerne|Lucerne]], [[Canton de Zurich|Zurich]], [[Canton de Glaris|Glaris]], [[Canton de Zoug|Zoug]] et [[Canton de Berne|Berne]]). La ville de Berne bien que germanophone est située plus à l'ouest en territoire burgonde, entre les sphères d'influence des Habsbourgs et de la Maison de Savoie. Ville dominant l'ouest du [[plateau suisse]], Berne avait un système d'alliances avec [[Bienne]], [[Soleure]], [[Fribourg]], [[Neuchâtel]] et convoitait les zones francophones du plateau (le pays de [[Canton de Vaud|Vaud]]) afin d'assurer des limites naturelles à son territoire entre le Jura et le [[lac Léman]]<ref group="b" name=b49>p. 49</ref>. Mais le premier territoire non germanophone sera italophone. [[canton d'Uri|Uri]] contrôle l'accès nord de la route du [[Gothard]] et souhaite également en contrôler l'accès au sud. En [[1403]], Uri et [[Canton d'Obwald|Obwald]] profitent d'une rébellion en [[Léventine]] contre le [[duché de Milan]], propriétaire de la région, pour conquérir une première fois la Léventine. Cette région italophone devint le premier pays sujet des Confédérés. Ensuite ce fût la [[Vallemaggia]], le [[Val Verzasca]] et [[Bellinzone]]. À noter que le traité était rédigé en allemand<ref group="b" name=b42>p. 42 - 45</ref>. À l'ouest, lors des [[guerres de Bourgogne]] en [[1475]], les bernois et fribourgeois gagnent pour la première fois des territoires francophones en Pays vaudois et les Haut-Valaisans (alliés des Confédérés) s'emparent du [[Bas-Valais]]<ref group="b" name=b55>p. 49 - 55</ref>. En [[1481]] la Confédération est plurilingue avec des possessions italophones au sud du Gothard, des liens avec les [[trois Ligues]] romanches [[Canton des Grisons|grisonnes]] et des possessions francophones avec Fribourg (premier canton francophone dès 1481), le Pays de Vaud, le Bas-Valais mais aussi des territoires dans le [[Canton du Jura|Jura]] détenus par Bienne d'une part et, d'autre part, de l'évêché de Bâle<ref group="b" name=b57>p. 55 - 57</ref>. Mais la conscience de constituer dorénavant une nation les incita à considérer le {{citation|suisse allemand}} comme seule {{citation|langue nationale}}. Ainsi toute la correspondance avec l'étranger fût rédigée en suisse allemand<ref group="b" name=b60>p. 60 – 61</ref>. === L'influence française (1481 - 1798) === [[Image:Besenval, baron de2.jpg|thumb|[[Pierre Victor de Besenval de Brünstatt]], [[baron (noblesse)|baron]] de Besenval, [[écrivain]], [[courtisan]] et [[militaire]] suisse au service de la [[France]].]] Les mercenaires suisses ont servi les rois de France pendant l'[[Ancien Régime]]. Au début [[Louis XI]] ne reconnaissait que les mercenaires suisses de langue allemande afin d'assurer la ''provenance'' de ses mercenaires. Mais par la suite les romands devinrent majoritaires et comme à partir du {{s|XVII}} le français s'imposa en Europe même les mercenaires alémaniques se mirent à parler français. Ceci contribua au développement de l'usage du français en Suisse<ref group="b" name=b63>p. 63 - 65</ref>. Au {{s|XVII}} et {{s|XVIII}} les liens entre la France et la Suisse étaient forts et le prestige de la culture française valorisa la [[Suisse romande]]. Les bonnes familles des villes situées sur la limite des langues cultivaient les relations avec le monde francophone : les bonnes familles bernoises étaient francophiles, on y parlait un mélange de français et de dialecte bernois, à Bâle le français est fréquent et à Fribourg les bonnes familles parlaient seulement le français. {{citation|Dans les villes de Berne, Fribourg et Soleure, parmi les gens d'un certain rang, la langue française est la plus usitée}} raconte un voyageur en 1780. En Suisse centrale, l'influence est restreinte néanmoins l'usage de certains mots français tel que {{citation|adieu}} ou {{citation|bonjour}} remplacent les mots suisses allemands<ref group="b" name=b96>p. 96 – 103</ref>. Au {{s|XVIII}}, les écoles privées se développèrent à Genève, Lausanne et Neuchâtel, fréquentées par les suisses allemands qui cultivaient l'art de vivre français. D'autre part, au {{s|XVII}} déjà , se développèrent les échanges de jeunes entre familles alémaniques et romandes. Des centaines de {{citation|Schönfilles}}<ref>jeunes filles ou jolie fille, {{citation|schön}} en allemand signifiant joli</ref> firent des {{citation|Welschlandjahr}}<ref>{{de}} [http://www.thata.ch/rapportofes2004teilethomashuonker.html ''schönfilles'' ou ''Trudis''] Deuxième paragraphe du chapitre "D" de l'article '' Zur Geschichte fremdplatzierter Kinder in der Schweiz'' sur le site ''thata.ch'' consulté le 9 juillet 2008.</ref> c'est à dire un séjour linguistique d'une année passée en Suisse romande. De nombreux suisses alémaniques s'installèrent en Suisse romande<ref group="b" name=b105>p. 105 – 109</ref>. === Entre égalité des langues et prédominance de l'allemand (1798 - 1848) === Jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, l'allemand était considéré comme la langue de la Confédération. La [[République helvétique]] qui suivit, entre [[1798]] et [[1803]], apporta la reconnaissance formelle de l'égalité des langues ainsi que l'égalité des citoyens. Les sujets vaudois et tessinois voulant rester liés à la Suisse, ils intégrèrent la République Helvétique. Le 29 avril 1798, les conseils législatifs publient les lois et décrets en français et en allemand. En juillet 1798, les cantons italophones de [[Canton de Lugano|Lugano]] et de [[Canton de Bellinzone|Bellinzone]] rejoignent la république et l'italien fût également reconnu comme langue nationale<ref group="b" name=b114>p. 114 – 125</ref>. Avec l'[[Acte de médiation]], entre 1803 et 1813, la Suisse est soumise à la France et organisée selon un modèle fédéral attribuant plus d'autorité aux cantons. Dix-neuf cantons composent le pays dont seuls Vaud et Tessin ne sont pas germanophones. Lors des [[Diète fédérale|Diètes]], l'allemand domine clairement, les grisons et les fribourgeois utilisant cette langue majoritaire<ref group="b" name=b127>p. 127 – 130</ref>. La période suivante, entre 1815 et 1830, est la {{citation|Restauration}} qui voit les vingt-deux cantons souverains liés par un pacte. Bien que cette nouvelle Confédération comprend plus de cantons latins ou multilingues qu'auparavant (Genève, Vaud, Neuchâtel, Fribourg, Berne, Valais ,Tessin et Grisons), c'est l'allemand qui est la langue privilégiée représentant le pays, en réaction au français qui représentait l'époque révolue de la République Helvétique. À la Diète, chacun fait usage de la langue de son choix mais les décisions étaient publiées uniquement en allemand {{citation|le texte allemand faisant foi}}<ref group="b" name=b134>p. 134 – 135</ref>. La création d'institutions militaires fédérales, l'[[École militaire centrale fédérale de Thoune|École militaire de Thoune]] ainsi que la création de nombreuses sociétés d'étudiants contribua à l'émergence d'un sentiment national et permit à des personnes provenant des diverses régions linguistiques de se côtoyer. En outre, les élites de confession [[Protestantisme|protestante]] des cantons de Genève, Vaud, Neuchâtel et Jura bernois s'intéressaient à l'Allemagne et à la langue allemande. Le français est introduit dans les programmes scolaires de Suisse allemande, à Bâle à partir de 1817. La Suisse romande occupe désormais une place dans la vie économique et culturelle créant un certain équilibre entre alémaniques et romands<ref group="b" name=b138>p. 138 – 141</ref>. === L'État fédéral de 1848 plurilingue=== Pendant la [[guerre du Sonderbund|guerre civile du Sonderbund]] qui opposa cantons catholiques aux protestants, en 1847, les cantons romands étaient répartis dans les deux camps, selon leur confession, ainsi les soldats de tout le pays se côtoyaient pour la même cause ce qui permit de préserver la paix des langues. L'issue de cette guerre fût la création de l'État fédéral démocratique et progressiste<ref group="b" name=b149>p. 149 – 150</ref>. Le problème des langues n'était pas un thème central du nouvel État. L'article constitutionnel sur les langues de la nouvelle constitution de 1848, l'article 109 adopté de justesse, disait : {{citation|Les trois principales langues parlées en Suisse, l'allemand, le français et l'italien sont les langues nationales de la Confédération}}. Ces trois langues devinrent également langues officielles. Le premier [[conseil fédéral]] tient compte des langues car il est composé de cinq alémaniques, d'un romand et d'un tessinois mais de par sa structure, l'État fédéral de 1848 a rendu les trois langues latines minoritaires car la tendance est à la centralisation des affaires publiques sur le plan national<ref group="b" name=b151>p. 151 – 157</ref>. Il faut attendre avril 1999, avec l'adoption d'une nouvelle constitution, pour voir le thème de la préservation de la diversité linguistique et culturelle au centre des préoccupations et voir l'adoption de nombreux nouveaux articles dédiés aux langues, notamment : le romanche est érigé en langue nationale (article 4), les cantons déterminent leurs langues officielles en prenant en considération les minorités autochtones (article 70.2), la Confédération et les cantons encouragent la compréhension et les échanges entre communautés linguistiques (article 70.3), la Confédération soutient les cantons plurilingues dans leurs tâches particulières (article 70.4) et soutient les mesures pour promouvoir et sauvegarder l'italien et le romanche (article 70.5)<ref group="b" name=b278>p. 278 – 279</ref>. == Langues nationales et langues officielles == Au niveau fédéral on distingue les langues nationales<ref>[http://www.admin.ch/ch/f/rs/101/a4.html article 4 de la Constitution fédérale]</ref> qui sont les langues utilisées en Suisse des langues officielles<ref>[http://www.admin.ch/ch/f/rs/101/a70.html article 70 de la Constitution fédérale]</ref> qui sont celles utilisées pour les rapports à la Confédération ou aux cantons. Les langues nationales sont l'[[allemand]] (majoritaire) et trois langues romanes minoritaires : le [[français]], l’[[italien]] et le [[romanche]]. Ce sont les quatre langues utilisées en Suisse. Les langues officielles sont l'allemand, le français et l’italien. Le romanche est partiellement langue officielle en ce sens qu'il est utilisé pour les rapports que la Confédération entretient avec les personnes de langue romanche<ref>Nouvelle teneur de la Constitution depuis 1999. Avant, le Romanche n'était pas langue officielle régionale [http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/europe/suissefed.htm L'aménagement linguistique dans le monde] auteur : Jacques Leclerc, consulté le 28 avril 2008.</ref>. === Les principes === Les quatre grands principes inscrits dans la Constitution fédérale sont<ref name="Leclerc"/> : *l'égalité des langues *la liberté des citoyens en matière de langue *le principe de la territorialité des langues *la protection des langues minoritaires Les trois langues officielles sont donc égales en droit au niveau fédéral depuis 1848<ref>{{pdf}} [http://www.unifr.ch/main/bilinguisme/bukarest_end.pdf Texte de Michael Langner / Ruedi Imbach, Université de Fribourg] consulté le 28 mai 2008.</ref>. Bien que les citoyens aient la liberté de choix de leur langue, selon le deuxième principe, c'est le troisième, le principe de territorialité, qui est primordial car il permet de maintenir les zones linguistiques avec une certaine stabilité. Le romanche, fortement minoritaire, voit son territoire se réduire au fil du temps. Grâce à son statut de langue régionale et au titre du quatrième principe, la Confédération soutient les mesures prises par les cantons des Grisons et du Tessin pour sauvegarder et promouvoir les deux langues fortement minoritaires que sont le romanche et l’italien. === Les langues dans l'administration fédérale === À l'[[Assemblée fédérale (Suisse)|Assemblée fédérale]] on peut en principe s'exprimer dans l'une des langues nationales de son choix. En pratique, l'allemand étant majoritaire, c'est cette langue qui est le plus souvent utilisée. Les italophones choisissent l'allemand ou le français et les francophones utilisent en principe le français. Le romanche n'est quasiment pas utilisé. Un système de traduction simultanée existe pour l'allemand, le français et l'italien<ref name="Leclerc"/>. Les textes législatifs fédéraux sont en principe promulgués et publiés simultanément en allemand, en français et en italien et chaque version linguistique est considérée comme texte original. En fait, les textes sont souvent rédigés en allemand puis traduits en français et en italien. D'autre part certaines lois sont également traduites en romanche<ref name="Leclerc"/>. Le [[français fédéral]] désigne un [[français]] que l'on retrouve dans les textes administratifs qui, bien que parfaitement correct dans sa [[grammaire]] et sa [[syntaxe]], se ressent d'un substrat [[allemand]]. En effet, les textes étant traduits de l'allemand, il s'agit de coller au texte d'origine pour le rendre au plus près, parfois même en respectant dans le texte traduit le nombre de mots du texte source. Comme la traduction ne se limite pas à la langue mais est une activité de [[langage]], il en résulte que les phrases sont certes syntaxiquement correctes, mais que l'énumération des idées ne respecte pas l'ordre spontané de la langue française. Alors qu'à la ''Berne fédérale'' l'administration fédérale est trilingue, voire quadrilingue avec le romanche, et répond au citoyen dans l'une des langues nationales utilisées par celui-ci, l'administration fédérale décentralisée utilise exclusivement la ou les langues officielles du canton selon le principe de territorialité<ref name="Leclerc"/>. Les [[Tribunal fédéral (Suisse)|tribunaux fédéraux]] sont trilingues et les citoyens peuvent utiliser leur langue habituelle de leur lieu d'habitation. Mais le tribunal rend ses sentences uniquement dans une seule langue : celle de la partie défenderesse<ref>{{pdf}} http://www.bger.ch/cahiers_conseil_constitutionnel_def_2005.pdf Les arrêts du Tribunal fédéral sont motivés en fait et en droit, dans la langue de la décision attaquée. Page 8 de la présentation du Tribunal fédéral par André Jomini, conseiller scientifique au Tribunal fédéral suisse. Consulté le 21 mai 2008.</ref>. == Répartition géographique == {{article détaillé|contenu=Sections détaillées dans articles : [[Canton de Fribourg#Langues|Canton de Fribourg]] et [[Canton du Valais#Démographie|Canton du Valais]]}} {| align="right" class="wikitable droite" |+ '''Population résidante selon la langue principale en % de la population totale'''<ref>{{xls}} [http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/01/05/blank/key/sprachen.Document.21752.xls Population résidante selon la langue principale (1910 - 2000), Office fédéral de la statistique OFS] consulté le 12 mai 2008.</ref> ! année ! allemand ! français ! italien ! romanche ! autres<br /> langues<ref>Langues étrangères ou immigrantes non nationales.</ref>, <ref>Le serbe et croate, albanais, portugais, espagnol et anglais sont les principales langues étrangères [http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/news/publikationen.Document.52217.pdf Le paysage linguistique en Suisse, recensement fédéral 2000], page 11 consultée le 3 mai 2008.</ref> |- || 1910||69.1||21.1||8.1||1.1||0.6 |- || 1920||70.9||21.3||6.1||1.1||0.6 |- || 1930||71.9||20.4||6.0 ||1.1||0.6 |- || 1941||72.6||20.7||5.2 ||1.1||0.4 |- || 1950||72.1|| 20.3||5.9||1.0||0.7 |- || 1960||69.3 ||18.9||9.5||0.9||1.4 |- || 1970||64.9||18.1||11.9||0.8||4.3 |- || 1980||65.0||18.4||9.8||0.8||6.0 |- || 1990||63.6||19.2||7.6||0.6||8.9 |- || 2000||63.7||20.4||6.5||0.5||9.0 |- |colspan="6"|'''La répartition des langues''' en 2000<ref>{{fr}} {{pdf}} [http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/news/publikationen.Document.52217.pdf Le paysage linguistique en Suisse, recensement fédéral 2000], page 7 consultée le 3 mai 2008.</ref><br /><small>Source : Office fédéral de la statistique (2002)</small> |- |colspan="6"|[[Image:Sprachen CH 2000 fr.png|thumb|400px|center|{{legend|#fe9625|[[Allemand]]}} {{legend|#52b041|[[Français]]}} {{legend|#6a51a3| [[Italien]]}} {{legend|#91238d|[[Romanche]]}}]] |} La Suisse est découpée en quatre zones linguistiques reconnues en principe unilingues : une zone de langue allemande, une zone de langue française, à l'ouest du pays, une zone de langue italienne, la [[Suisse italienne]] représentée par le canton du Tessin et quelques vallées méridionales des Grisons et une zone de langue romanche située aux Grisons. Si la majorité des cantons sont unilingues, certains ont leur territoire partagé en deux voire trois zones linguistiques. Les cantons unilingues sont : * Avec l'allemand comme langue officielle : 17 cantons de [[Suisse alémanique]] ([[Canton d'Appenzell Rhodes-Intérieures|Appenzell Rhodes-Intérieures]], [[Canton d'Appenzell Rhodes-Extérieures|Appenzell Rhodes-Extérieures]], [[Canton d'Argovie|Argovie]], [[Canton de Bâle-Campagne|Bâle-Campagne]], [[Canton de Bâle-Ville|Bâle-Ville]], [[Canton de Glaris|Glaris]], [[Canton de Lucerne|Lucerne]], [[Canton de Nidwald|Nidwald]], [[Canton d'Obwald|Obwald]], [[Canton de Saint-Gall|Saint-Gall]], [[Canton de Schaffhouse|Schaffhouse]], [[Canton de Soleure|Soleure]], [[Canton de Schwytz|Schwytz]], [[Canton de Thurgovie|Thurgovie]], [[Canton d'Uri|Uri]], [[Canton de Zoug|Zoug]] et [[Canton de Zurich|Zurich]]) * Avec le français comme langue officielle : quatre cantons de [[Suisse romande]] ([[canton de Genève|Genève]], [[canton du Jura|Jura]], [[canton de Neuchâtel|Neuchâtel]] et [[canton de Vaud|Vaud]]) * Avec l'italien comme langue officielle : le [[canton du Tessin]] Les cantons partagés en deux voire trois zones linguistiques sont : * Avec l'allemand et le français comme langues officielles : les cantons de [[canton de Fribourg|Fribourg]], [[Valais]] et [[canton de Berne|Berne]] * Avec l'allemand, l'italien et le romanche comme langues officielles : le [[canton des Grisons]]. On constate que le romanche est présent seulement dans une petite partie du canton des Grisons. L'immigration récente d'italophones de l'étranger, dans les années 1960 - 1970, fait que le nombre de personnes de langue maternelle italienne a augmenté dans une grande proportion et résident également hors de Suisse italienne<ref name="drlg"/>. À l'intérieur même des quatre régions linguistiques on observe des différences dans la répartition des langues. Dans la région germanophone, l'italien est la deuxième langue nationale la plus pratiquée avec 3% de la population, le français seulement 1,4%. Dans les autres régions linguistiques l'allemand se place toujours comme deuxième langue mais à des degrés divers : 5,1% en Suisse romande, 8,3% en Suisse italienne et 25% en région romanche. La région romanchophone est la moins homogène avec 68,9% des résidents utilisant la langue officielle. En outre, seule un peu plus de la moitié de l'ensemble de la population Suisse utilisant le romanche y réside. En effet, {{formatnum:18000}} locuteurs vivent dans leur propre région linguistique, {{formatnum:9000}} dans le reste du canton des Grisons et {{formatnum:8000}} dans le reste de la Suisse dont {{formatnum:990}} en ville de [[Zurich]] qui est la ville de Suisse (hors Grisons) avec le plus grand nombre de personnes parlant romanche<ref>[http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/news/publikationen.Document.52217.pdf Le paysage linguistique en Suisse, recensement fédéral 2000], pages 13 à 18 consultées le 3 mai 2008.</ref>. === Le principe de territorialité === La Confédération n'est pas compétente pour fixer la répartition des langues. Les frontières linguistiques sont fixées par les cantons car ce sont eux qui déterminent leurs langues officielles et veillent à la répartition territoriale traditionnelle des langues. A cette fin ils peuvent, dans certains cas, déléguer ce pouvoir aux communes (par exemple pour délimiter la zone de langue romanche dans le canton des Grisons). Le but du principe de territorialité est le maintien, autant que possible, des zones linguistiques dans leurs limites. Les limites sont relativement stables. Néanmoins, entre 1860 et 2000, 83 communes ont changé de région linguistique<ref>{{xls}} [http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/regionen/11/geo/analyse_regionen/02.parsys.0010.downloadList.00101.DownloadFile.tmp/11regling18602000020405fr.xls Liste des communes ayant changé de région linguistique] Site admin.ch consulté le 18 mai 2008.</ref> et au cours de l'histoire la frontière entre l'allemand et le français a varié à Fribourg, au Jura et en Valais. Par exemple en Valais, les villes de Sion et Sierre ont été d'abord de langue française puis, sous l'[[Ancien Régime]], de langue allemande avant de revenir au français. La région romanche est celle qui subit les plus grands changements car elle perd régulièrement de sa surface au profit de la région linguistique allemande<ref name="drlg"/>. Avec le principe de territorialité chaque commune a une langue officielle et, par exemple, lorsqu'un germanophone s'établit en Suisse romande, il doit accepter la langue officielle de son lieu de résidence et, notamment, accepter que l'école publique se fasse en français<ref name="Leclerc"/>. Pour les cantons partagés en deux voire trois zones linguistiques, c'est toujours le principe de la territorialité qui est appliqué et donc, par exemple, bien que le canton de Berne soit bilingue, l'allemand n'est pas la langue officielle dans le [[Jura bernois]] mais uniquement le français. À l'inverse en ville de [[Berne]] c'est l'allemand qui est officiel. * Les 3 districts francophones du canton de Berne représentent 5,4% de la population totale du canton. * À Fribourg, le district germanophone de la [[District de la Singine|Singine]] représente 14,5% de la population totale du canton. * En Valais les districts germanophones ([[Haut-Valais]]) représentent 37,1% de la population totale du canton. * Aux Grisons la répartition des langues se fait au niveau des communes. Peu de districts sont clairement majoritaires dans une langue, excepté les districts de [[District de Bernina|Bernina]] et de [[District de Moesa|Moesa]] ainsi que le cercle de Bregaglia ([[District de Maloja]]) qui sont nettement italophones. [[Image:Picswiss BE-98-49 Biel- Zweisprachige Strassenbeschriftung.jpg|thumb|left|Plaque indicatrice de rue bilingue à Bienne]] Par contre, pour certaines villes situées sur une frontière linguistique, le bilinguisme est effectivement appliqué au niveau communal. Le bilinguisme communal est très rare : seules 35 communes sont bilingues français - allemand. Une commune est bilingue si la minorité linguistique représente au moins 30% de la population résidente<ref name="drlg"/>. Par exemple [[Bienne]] est bilingue allemand - français et [[Fribourg (ville)|Fribourg]] bilingue français - allemand. * À Berne, le [[district de Bienne]] est bilingue avec 40% de francophones et 60% de germanophones. * À Fribourg, le [[district de la Sarine]] est bilingue avec 75,3% de francophones et 14.5% de germanophones et celui du [[district du Lac|Lac]] est bilingue avec 24,9% de francophones et 67,1% de germanophones. * En Valais il n'y a pas de districts bilingues<ref>[http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/news/publikationen.Document.52217.pdf Le paysage linguistique en Suisse, recensement fédéral 2000], pages 89 à 97 consultées le 3 mai 2008.</ref>. La Confédération soutient les cantons plurilingues dans l’exécution de leurs tâches particulières. Les Suisses alémaniques appellent parfois les Romands, les ''Welsches'' et la Suisse romande, le ''Welschland''. Le mot ''Welsch'' signifiant ''[[celtes|celte]]'' en vieil [[allemand]]. Il a ensuite été repris pour qualifier les peuples de [[langue romane]] dans les zones majoritairement francophones comme la Romandie ''(Welschland)'' ou encore les [[Anciennes_Provinces_des_Pays-Bas|Pays-Bas]] ([[wallon]]). === Limites linguistiques === ==== Röstigraben ==== {{article détaillé|Röstigraben}} Le ''[[Röstigraben]]'' (en allemand ''la barrière de [[rösti]]s'', du nom du plat typique de Suisse alémanique) est le nom que l'on donne à la frontière culturelle et linguistique entre l'allemand et le français. Cette frontière trouve ses racines dans l'histoire. À ce titre, l'étude des noms de localités permet de retracer les différentes zones soumises à l'influence plus ou moins avancées des différents langages. Ainsi, si les noms de villages se terminant en ''-ens'' ou ''-ence'', curieusement fréquents dans les cantons [[canton de Fribourg|de Fribourg]] et [[Vaud]] jusqu'au bord du lac Léman, sont d'origine alamande et montrent ainsi des percées larges dans le territoire burgonde, les préfixes ''Wal-'' et ''Walen-'' (ce qui signifie ''Welch'', soit Roman) se trouvent en nombre dans la zone comprise entre l'Aar et la [[Sarine]], qui fixe la frontière linguistique à partir du {{s|VIII|e}}. ==== Limite du romanche ==== Dans le sud et l'est du pays, le processus ne sera pas aussi rapide et la frontière linguistique changera pendant une bien plus longue période. Si le [[romanche]] est resté pendant longtemps dominant dans les vallées rhétiques, il s'étend, selon certaines sources, encore jusqu'à [[Einsiedeln]] au {{s|X|e}} et [[Glaris]] est encore bilingue au {{s|XI|e}}, à la période où le dialecte germanique commence à se répandre à partir de la [[vallée de Conches]] jusque dans tout le [[Haut-Valais]] par la migration des [[Walser]] qui vont ensuite rejoindre, au {{s|XIII|e}}, les vallées [[canton des Grisons|grisonnes]]. De fait au {{s|XIV|e}}, la majorité des vallées et la totalité du [[Vorarlberg]] sont devenus germanophones, langue utilisée par la classe dominante. Les seules enclaves de romanche restent dans les lieux qui sont géographiquement reliés par des cols à l'Italie<ref>''ibid.'' pages 107-109</ref>. ==== Limite de l'italien ==== La limite linguistique entre l'italien et l'allemand est naturelle et sépare, en Suisse, le nord du sud des [[Alpes]]. Elle suit les sommets du massif du [[Gothard]] l'italien et ses différents dialectes étant parlés au sud de celui-ci, au Tessin, et dans les vallées du canton des Grisons situés au sud des Alpes<ref name="drlg"/>. == Usages == :[http://www.swissworld.org/fr/switzerland/ressources/animations/langues_et_dialectes/ Écouter les accents suisses et différents dialectes alémaniques et tessinois] === Langues nationales (les quatre zones linguistiques) === [[Image:SprachenSchweiz.jpg|thumb|left|Panneau en quatre langues]] La plupart des Suisses parlent plus d’une langue. À l'école, l'enseignement d'une autre langue nationale comme langue étrangère est obligatoire et est du ressort de chaque canton. Lors de réunions d'affaires ou de conférences nationales, il est fréquent que chacun prenne la parole dans sa langue maternelle, supposant qu'elle sera comprise par ses homologues. Les minorités italophones et romanches sont particulièrement défavorisées : les principales hautes écoles se trouvent soit en Suisse romande ou en Suisse alémanique. Aussi ces minorités sont contraintes de parler l'allemand pour défendre leur économie face à la Suisse allemande. La plupart des produits commerciaux sont étiquetés en français, en allemand et en italien. {{clr}} ==== Allemand ==== {{Article détaillé|Suisse allemand}} [[Image:Alemannic language location map in 1950-fr.svg|thumb|{{legend|#ffd735|Bas alémanique}}{{legend|#fea43d|Haut alémanique}}{{legend|#ff771c|Alémanique supérieur}}]] Dans l'usage courant des langues et dans la sphère privée, la population germanophone parle généralement l'un des nombreux [[dialecte]]s [[suisse allemand|suisses allemands]] ou ''Schwyzerdütsch''<ref>{{DHS|F24595-1-1|Dialectes suisses alémaniques}}</ref>, lesquels jouissent d'une grande valorisation sociale, y compris dans les centres urbains, alors que l’usage de l’[[allemand standard]] – ''Hochdeutsch'' ou « bon allemand » – est limité aux situations les plus formelles. Le suisse allemand emprunte certains termes étrangers au français, italien ou anglais. En [[linguistique]] on désigne par [[helvétisme]] une tournure ou une expression typiques de la [[Suisse]], par exemple : ''Perron'', ''Kondukteur'' et ''Billet'' au lieu de ''Gleis'', ''Schaffner'' et ''Fahrkarte''<ref name="Blocher">{{fr}} Allocution prononcée par le conseiller fédéral [[Christoph Blocher]] à l’Institut national genevois, le 12 novembre 2007, à Genève : {{Lien web |url=http://www.ejpd.admin.ch/ejpd/fr/home/dokumentation/red/2007/2007-11-12.html |titre="Frontières linguistiques" |site=[http://www.ejpd.admin.ch/ejpd/fr/home.html Département fédéral de justice et police] |consulté le=12 mars 2008}}.</ref>. Les dialectes suisses allemands, formés entre les {{s|XI|e}} et {{s|XV|e}} se divisent, du nord au sud, en trois groupes : bas [[alémanique]], haut alémanique et alémanique supérieur. Seul le dialecte [[Bâle|bâlois]] est du bas alémanique. La grande majorité des dialectes sont haut alémaniques et les dialectes situés dans les Alpes sont de l'alémanique supérieur. La prononciation varie fortement du nord au sud et d'une région à l'autre. L'allemand standard est appris à l'école primaire, il est ensuite principalement utilisé pour la forme écrite formelle, les journaux et les magazines. Son usage oral est de moins en moins effectif. A la radio, la télévision mais aussi en politique on parle de plus en plus le suisse allemand au lieu du bon allemand. Dans le milieu scolaire, afin d’élever le niveau d’allemand des élèves qui généralement préfèrent parler le dialecte, plusieurs cantons alémaniques (dont [[canton de Zurich|Zurich]], [[canton de Schwytz|Schwytz]], [[canton d'Uri|Uri]] et [[canton de Zoug|Zoug]]) ont imposé l’usage systématique du ''Hochdeutsch'', et les professeurs sont tenus de s’exprimer exclusivement dans cette langue. La considération du hochdeutch par rapport aux dialectes alémaniques évolue au cours de l'histoire en fonction des circonstances. Au {{s|XVIII|e}} Les dialectes étaient mal considérés et lorsque l'école devint obligatoire au début du {{s|XIX|e}}, l'usage du bon allemand augmente ainsi que la part grandissante de ressortissants allemands en Suisse qui fit craindre pour la disparition des dialectes. Des dictionnaires de régionalismes sont alors édités pour sauvegarder ce patrimoine, comme en 1862 le ''Schweizerische Idiotikon''<ref>{{de}}{{en}}[http://www.idiotikon.ch/index.php Schweizerische Idiotikon] Site consulté le 5 mai 2008.</ref>. Au début du {{s|XX|e}}, après la [[première guerre mondiale]], le bon allemand perdit de son influence et, après 1933, l'usage des dialectes fut encouragé. Dans la seconde moitié du {{s|XX|e}} le suisse allemand est devenu la langue courante mais évolue. Le brassage des populations dans les villes de plus en plus denses et les médias modernes ont tendance à modifier les dialectes locaux, rattachés à une région, et la langue se transforme en un « suisse allemand interrégional » commun à toute la suisse allemande<ref>{{DHS|24595-1-1|Dialectes suisses alémaniques}}</ref>. En suisse romande et italienne c'est le bon allemand qui est appris à l'école. C'est un handicap pour la communication et la compréhension inter régionale<ref name="Leclerc2">[http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/europe/suisse-1Intro.htm L'aménagement linguistique dans le monde : Situation politique et démolinguistique] auteur : Jacques Leclerc, consulté le 28 avril 2008.</ref>. ==== Français ==== [[Image:Francoprov.GIF|thumb|left|Les dialectes francoprovençaux et d'oïl]] {{Article détaillé|Français de Suisse}} Le français parlé dans l’ouest du pays est le [[français de Suisse]]. Il se différencie peu du [[français de France]]. Il se caractérise par quelques termes issus du [[francoprovençal]] (mieux nommé [[arpitan]]), par des mots tels que ''[[70 (nombre)|septante]]'', ''[[80 (nombre)|huitante]]'' ou ''[[90 (nombre)|nonante]]'', ainsi que localement par des mots et expressions issues de [[langue germanique|langues germaniques]] tel que ''mouttre'', ''witz'', ou ''poutser''. Les dialectes romands ou ''patois'', interdits à l'école dès le {{s|XIX|e}} se sont éteints au cours du {{s|XX|e}}. Ils sont encore pratiqués localement, notamment en Valais dans la vallée d'[[Évolène]] et dans le canton de Fribourg, mais ils ont presque disparu dans l’usage quotidien. Ils proviennent tous du [[francoprovençal]] excepté la langue parlée dans le [[canton du Jura]] qui est un [[langue d'oïl|dialecte d'oïl]], le [[franc-comtois]]-jurassien. Malgré l'appui institutionnel, le patois étant inscrit dans la constitution jurassienne, le dialecte local ne se développe pas<ref>{{DHS|24595-1-2|Dialectes suisses romands}}</ref>. Louis Gauchat étudie dès 1899 les patois romands et publie le ''glossaire des patois de la Suisse romande''<ref>[http://www.glossaire-romand.ch/ Glossaire des patois de la Suisse romande]Site consulté le 5 mai 2008.</ref>. Les Suisses romands apprennent le « bon allemand ». S'ils habitent non loin de la frontière linguistique ils apprennent plus facilement le suisse allemand<ref name="Leclerc2"/>. ==== Italien ==== {{Article détaillé|Tessinois}} En [[Suisse italienne]] (le canton du Tessin et quelques vallées méridionales des Grisons : Val Poschiavo, Val Bregaglia, Val Calanca et Val Moesa, ainsi que la commune de [[Bivio]], seule commune du versant nord des [[Alpes]] dont l'italien est langue officielle), l'on parle un dialecte [[tessinois]], apparenté aux parlers [[Lombard (langue)|lombard]] et la langue écrite est l'italien. Il y a trois sortes d'italiens en usage : un dialecte local qui change d'une vallée à l'autre et qui est la langue des anciennes générations, le dialecte [[tessinois]] régional, qui tend à remplacer les dialectes locaux, est le langage familier le plus couramment utilisé par toutes les couches de population, aussi bien pour un usage dans la sphère privée qu'en public et l'[[italien]] qui est la langue apprise à l'école, utilisée à l'écrit et pour les situations moins familières. Le dialecte est la langue maternelle de la majorité de la population<ref>en 1990 42% de la population parlaient le dialecte en famille et plus de la moitié de la population l'utilise aussi quotidiennement au travail ou à l'école {{DHS|24595-1-3|Dialectes suisses italiens}}</ref>. L'italien est utilisé avec le tessinois dans l'administration, le monde des affaires et les services publics. Les programmes de radio et télévision de la [[Radiotelevisione svizzera di lingua italiana|RTSI]] sont en italien mais certains sont en dialecte. L'italien de suisse [[Emprunt lexical|emprunte]] des termes du français ou de l'allemand<ref>[http://www.crcsoft.com/lessico/sezione1.html Le lexique italien en Suisse] consulté le 12 mai 2008.</ref> : {| class=wikitable ! Italien standard ! Italien en Suisse ! Mot correspondant en français ou ''allemand'' |- || offerta speciale || azione || action; ''aktion'' |- || prenotare/prenotazione || riservare / riservazione || réserver / réservation; ''reservieren / reservation (emprunté du français)'' |- || ordinare || comandare || commander |- || istruttore || monitore || moniteur |} L'italien étant une langue minoritaire en Suisse, la moitié de la population de l'aire italophone est bilingue<ref name="Leclerc2"/>. Les principales hautes écoles étant situées dans d'autres régions linguistiques du pays la plupart des italophones sont contraints de parler l'allemand ou le français qu'ils utilisent naturellement. À l'inverse, le Tessin est une région touristique fréquentée par les suisses alémaniques ou les allemands. L'usage de l'allemand au Tessin augmente et à tendance à devenir courant<ref name="drlg"/>. À noter que la commune de [[Bosco/Gurin]] est l'unique commune traditionnellement germanophone du Tessin. Ce village a été fondé en [[1253]] par des colons [[walser (peuple)|walser]] venus du [[Valais|Haut-Valais]], lesquels ont apporté leur dialecte [[Suisse_allemand|alémanique]]<ref>{{DHS|2257|Bosco/Gurin}}</ref>. Aujourd'hui bilingue<ref>{{de}} [http://www.linguistik-online.com/20_04/russ.html Dialectologie du suisse allemand] consulté le 12 mai 2008.</ref> la majorité de la population du village parle maintenant italien<ref>{{pdf}} [http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/01/22/press.Document.24786.pdf Recensement fédéral de 2000] communiqué de presse du 19 décembre 2002, consulté le 12 mai 2008.</ref>. ==== Romanche ==== {{Images |largeur=320 |titre=Répartition des langues aux Grisons<br /> en 1860 et 2000 |Image:Grisons 1860 linguistic map-fr.svg|'''Répartition officielle en 1860.''' {{legend|#FE9625|Allemand}} {{legend|#91238D|Romanche}} {{legend|#6A51A3|Italien}}<small>''Source : Office fédéral de la statistique, recensement 2000''</small> |Image:Amtssprachen 3.svg|'''Répartition officielle en 2000.''' {{legend|#FE9625|Allemand}} {{legend|#91238D|Romanche}} {{legend|#6A51A3|Italien}}<small>''Source : Office fédéral de la statistique, recensement 2000''</small> |Image:Grisons 2000 real linguistic map-fr.svg|'''Répartition effective en 2000.''' {{legend|#FE9625|Allemand}} {{legend|#91238D|Romanche}} {{legend|#6A51A3|Italien}} Hachures : zone avec langue minoritaire<br/> parlées par au moins 30% de la population <small><br>''Source : Office fédéral de la statistique, recensement 2000''</small> }} {{Article détaillé|Romanche}} Le '''romanche''' (''Rumantsch'' en romanche) est reconnu comme l'une des quatre langues nationales de la Suisse depuis le [[20 février]] [[1938]], et il est considéré avec certaines restrictions comme langue officielle à l'échelle fédérale depuis la [[votation]] populaire du [[10 mars]] [[1996]]. Il est parlé uniquement dans le canton des [[Grisons]] où il a un statut officiel depuis le {{XIXe siècle}}. Son usage étant en régression lente (-15% depuis dix ans, moins de quarante mille locuteurs), des craintes se portent sur l'avenir de cette langue. On distingue cinq langues écrites infra-régionales : * le ''sursilvan'', ou ''sursylvain'', pour 13'879 locuteurs natifs dans la région du [[Rhin Antérieur]] ([[District de Surselva|Surselva]]), * le ''sutsilvan'', ou ''subsylvain'', pour 571 locuteurs natifs dans la vallée du [[Rhin Postérieur]] ([[Schons]], [[Rheinwald]]), * le ''surmiran'', ou ''sourmiran'', pour 2'085 locuteurs natifs dans les vallées de l'[[Albula (rivière)|Albula]] et de la [[Julia (rivière)|Julia]] ([[District d'Albula|Surses]]), * le ''puter'' pour 2'343 locuteurs natifs en [[Haute-Engadine]], * le ''vallader'' pour 5'138 locuteurs natifs en [[Basse-Engadine]]. Le ''puter'' et le ''vallader'' forment ensemble le sous-groupe [[engadinois]] ou ''rumantsch ladin''. On ne confondra ce sous-groupe avec la langue romane parlée au Tyrol du Sud, également appelée [[Ladin]] et qui fait partie du même ensemble [[rhéto-roman]]. Une langue unifiée a été créée en 1982 par la [[Ligue romanche]] comme langue standard ou langue de compromis. Basée essentiellement sur trois des cinq variétés les plus courantes (le [[sursilvan]], le [[vallader]] et le [[surmiran]]) cette nouvelle langue écrite, « le Rumantsch grischun », est utilisée comme langue officielle. Les nouveaux manuels scolaires édités par le canton ainsi que les documents administratifs sont désormais seulement dans cette forme unifiée de la langue, pourtant la grande majorité des écoles et des administrations communales utilisent encore les cinq langues écrites infra-régionales<ref>{{DHS|24595-1-4|Dialectes romanches}}</ref>{{,}}<ref name="Leclerc2"/>. La population de cette région est dans sa grande majorité (70%) bilingue. L'allemand est en effet utilisé aussi bien dans le cercle privé que pour la vie professionnelle et à l'école. Les jeunes générations utilisent de moins en moins le romanche. Ainsi, le territoire du romanche tend à diminuer. === Langues non nationales === Il y a deux sortes de langues non nationales : premièrement des langues [[autochtone]]s qui sont soit très localisées, soit très minoritaires et menacées de disparition ou sans attache territoriale. Deuxièmement les langues issues de l'immigration. Seul ce deuxième groupe est en forte croissance. ==== Langues régionales suisses ==== Le [[bavarois]] est une langue du groupe [[haut-allemand]] parlé en Suisse uniquement dans la commune de [[Samnaun]] (Grisons). Cette particularité vient du fait que la commune est orientée et accessible à partir du [[Tyrol]]. Ce n'est qu'à partir de 1913 qu'une route rejoint le village à partir de la Suisse<ref>''Samnaun'' en [http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/d/D1527.php <span title="Samnaun en allemand">allemand</span>] dans le [[Dictionnaire historique de la Suisse]] en ligne</ref>. Le [[franco-provençal]] est une langue romane historiquement présente dans les cantons francophones, excepté le [[canton du Jura]] qui a disparu comme langue vivante des cantons de Genève, Neuchâtel et Vaud. En Valais (à [[Évolène]]) et à Fribourg ([[district de la Gruyère]]) il est encore pratiqué très localement par quelques locuteurs. La langue est considérée comme éteinte par les autorités suisses<ref name="Leclerc2"/>. [[Image:Jenische1928e.jpg|thumb|Yéniches au Lauerzersee à Schwytz]] Le [[Langue yéniche|yéniche]] est le [[sociolecte]] ou [[Argot|cryptolecte]] des [[yéniche]]s, c'est-à -dire de certains groupes marginalisés qui ont mené depuis plusieurs générations une vie nomade ou semi-nomade. On compte environ {{formatnum:30000}} yéniches qui sont considérés comme minorité autochtone en Suisse, dont {{formatnum:3500}} pratiquant encore le nomadisme. La langue, considérée comme ''langue sans localisation territoriale'', est caractérisée par une grammaire allemande et par un lexique composé qui dérive ses éléments de l'allemand, du [[yiddish]] et de la [[Romani]], avec un nombre mineur d'emprunts d'autres langues européens (surtout français et italien)<ref name="Leclerc2"/>. Le [[yiddish]] est une langue juive d'origine germanique proche de l'[[allemand]], avec un apport de vocabulaire [[hébreu]] et [[langues slaves|slave]], qui a servi de [[langue vernaculaire]] aux communautés [[ashkénaze]]s, communautés juives d'Europe centrale et orientale, du [[Moyen Âge]]. Après son apogée dans les années 1920, cette langue disparaît progressivement. Actuellement parlée par une petite communauté de {{formatnum:1500}} personnes<ref name="Leclerc2"/>. Le [[walser]] est une langue [[alémanique]] du groupe ''alémanique supérieur'' originaire de la vallée de [[Conches]] (''Goms'' en allemand), en haut [[Valais]]. Les ''Walser'' est une peuplade formée par des groupes d'[[Alamans]] venu de l'[[Oberland bernois]] aux environs de l'[[1000|an mil]]. Ce peuple a ensuite migré en diverses régions de Suisse (Oberland bernois, Tessin, Grisons) et aussi en Italie (Val-d'Aoste et au Piémont), Autriche (Voralberg et Tyrol) et Liechtenstein<ref>[http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/Europe/walser.htm L'aménagement linguistique dans le monde : le Walser] auteur : Jacques Leclerc,consulté le 14 mai 2008.</ref>. Cette langue, menacée de disparition, est encore parlée par environ {{formatnum:10000}} personnes en Suisse et {{formatnum:13000}} en Italie, Autriche et Liechtenstein<ref>[http://www.ethnologue.com/show_language.asp?code=wae Ethnologue.com] consulté le 14 mai 2008.</ref>. ==== Langues immigrantes étrangères ==== Au quadrilinguisme historique des langues nationales réparties selon un territoire se superpose un plurilinguisme d'immigration<ref>[http://www.teluq.uquebec.ca/diverscite/SecArtic/Arts/98/0398AGL/0398AGL_ftxt.htm De la Suisse quadrilingue à la Suisse plurilingue] auteur : Lüdi, Georges, 1998, Bases démographiques, modèles de développement et problèmes de gestion. DiversCité Langues. En ligne. Vol. III. Disponible à http://www.uquebec.ca/diverscite. Consulté le 18 mai 2008.</ref>. L'immigration est en forte augmentation durant le {{XXe siècle}}. En 2000 les langues étrangères non-nationales comme langue principale représentent 9% de la population totale. Les principales langues sont, dans l'ordre décroissant, le serbe et croate, l'albanais, le portugais, l'espagnol, l'anglais et le turc<ref name="Leclerc2"/>. L'anglais est surtout présent dans les principales zones urbaines de [[Zurich]], [[Zoug (ville)|Zoug]], [[Bâle]], la région [[Lac Léman|léman]]ique [[Genève]]-[[Lausanne]] mais aussi dans le Bas-Valais. Le portugais est fortement représenté dans la région francophone alors que dans la région germanophone prédominent le serbe et croate, l'albanais et le turc. Le serbe et le croate sont également surreprésentés en Suisse italienne. Les étrangers représentent 18% de la population totale. Parmi ceux-ci, deux tiers des immigrants déclarent utiliser une des langues nationales comme langue principale. La part des italophones est plus grande comparée à la seule population suisse : 14,8% parlent italien soit presque autant que le français (18%) et l'allemand représente un tiers. == Annexes == === Notes et références === *Références {{ouvrage|auteur=Christophe Büchi|titre vo=Röstigraben|titre=Mariage de raison, Romands et Alémaniques : une histoire suisse|éditeur=éditions Zoé|année=2001|isbn=2881824412|isbn2=978-2881824418}} : {{Références|colonnes=3|groupe=b}} <references group="b2" /> *Autres références : {{Références|colonnes=2}} === Articles connexes === * [[Suisse allemand]] * [[Français de Suisse]] * [[Tessinois]] * [[Romanche]] === Liens et documents externes === * [http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/europe/suissefed.htm L'aménagement linguistique dans le monde] auteur : Jacques Leclerc. * [http://www.cslf.gouv.qc.ca/publications/PubD115/D115ch1.html Droit des langues en Suisse] auteur : François Dessemontet. * {{de}}{{fr}}{{it}} [http://www.nfp56.ch/f.cfm?Slanguage=f&kati= PNR56 "Diversité des langues et compétences linguistiques en Suisse"] Programme national de recherche. === Bibliographie === * {{fr}} {{pdf}} [http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/news/publikationen.Document.52217.pdf Le paysage linguistique en Suisse, recensement fédéral 2000] auteurs : Georges Lüdi, Université de Bâle et Iwar Werlen, Université de Berne. Éditeur : Office fédéral de la statistique, 2005. * {{ouvrage|auteur=Christophe Büchi|titre vo=Röstigraben|titre=Mariage de raison, Romands et Alémaniques : une histoire suisse|éditeur=éditions Zoé|année=2001|isbn=2881824412|isbn2=978-2881824418}} {{Portail|Langues|Suisse}} [[Catégorie:Politique linguistique]] [[Catégorie:Langue de Suisse|*]] [[de:Sprachen in der Schweiz]] [[en:Linguistic geography of Switzerland]] [[nl:Talen in Zwitserland]]</text> </revision> </page>