Tortue imbriquée 306916 31818737 2008-07-23T13:43:38Z DaBot 243034 robot Ajoute: [[lv:Bissa]] {{taxobox animal | Tortue imbriquée|Eretmochelys imbricata 01.jpg|''Eretmochelys imbricata bissa''}} {{taxobox sous-règne | Eumetazoa}} {{taxobox phylum | Chordata }} {{taxobox sous-embranchement | Vertebrata}} {{taxobox classe | Reptilia }} {{taxobox ordre | Testudines }} {{taxobox famille | Cheloniidae }} {{taxobox genre animal (auteur) | Eretmochelys | [[Carl von Linné|Linnaeus]],[[1766]] }} {{taxobox binomial animal | Eretmochelys imbricata | [[Carl von Linné|Linnaeus]], [[1766]] }} {{taxobox synonymes animal| *''Chelone imbricata'' <small>(Brongniart, 1805)</small> *''Chelonia imbricata'' <small>(Schweiger, 1812)</small> *''Caretta imbricata'' <small>(Merrem, 1820)</small> *''Chelonia pseudo-midas'' <small>(Lesson, 1834)</small> *''Chelonia pseudo-caretta'' <small>(Lesson, 1834)</small> *''Caretta bissa'' <small>(Rüppel, 1835)</small> *''Eretmochelys imbricata'' <small>(Fitzinger, 1843)</small> *''Eretmochelys squamata'' <small>(Agassiz, 1857)</small> *''Caretta squamosa'' <small>(Girard, 1858)</small> *''Herpysmostes imbricata'' <small>(Gistel, 1868)</small> *''Onychochelys kraussi'' <small>(Gray, 1873)</small> }} {{taxobox taxons animal|{{b sous-espèce}}| *''E. i. imbricata'' *''E. i. bissa'' <small>(Rüppell, 1835)</small>}} {{Taxobox répartition animal|Lieux pontes tortue ecaille.png}} {{taxobox IUCN | CR | 1996|A1bd}} {{taxobox CITES| I | 04/02/1977}} {{taxobox commons|Category:Eretmochelys imbricata }} {{Taxobox wikispecies | Eretmochelys imbricata }} {{taxobox fin}} La '''tortue imbriquée''' ou '''tortue à écaille''' ''('''Eretmochelys imbricata''')'' est l’une des sept espèces actuelles de [[tortue marine|tortues marines]] et la seule du genre ''Eretmochelys''. Elle se distingue par plusieurs caractères [[Anatomie|anatomiques]] et [[Écologie|écologiques]] uniques, il s’agit notamment du seul [[reptile]] [[spongivore]] connu. Elle est aussi appelée '''caret''' ou '''carette''' localement, notamment aux [[Antilles]] ou à [[La Réunion]], ces noms prêtant toutefois à confusion avec la [[caouanne|tortue caouanne]] ''(Caretta caretta)''. Elle vit à proximité des [[Côte (géographie)|côtes]] dans l’ensemble des [[mer]]s [[Tropique|tropicales]]. Réputée et longtemps recherchée pour la qualité supérieure de son [[écaille (tortue)|écaille]], elle est pour cette raison l’une des espèces de tortues de mer les plus menacées d’extinction. ==Description== ===Apparence=== [[Image:EretmochelysImbricata ShellScutes.png|thumb|left|300px|Le dos de la carapace comporte cinq plaques centrales (C1 à C5) dites vertébrales<br/> et quatre paires de plaques latérales (L1 à L4 et L1' à L4') appelées costales.]] [[Image:EretmochelysImbricata HeadScutes.png|thumb|left|300px|Sur la tête, la présence de quatre écailles préfrontales fait ressortir une ligne blanche entre les deux yeux.]] L’aspect de cette espèce est assez semblable à celui des autres tortues marines. Sa [[carapace (tortue)|carapace]] osseuse, sans carène continue et très colorée est plutôt aplatie. Ses pattes sont transformées en rames. Elle est cependant facilement distinguable par ses écailles épaisses recouvrant la dossière, posées comme les tuiles d’un toit, par son bec long, étroit et crochu et par les deux [[griffe (anatomie animale)|griffe]]s disposées à quelques centimètres l’une de l’autre sur l’extérieur à mi-nageoires. La dossière de la carapace est formée de cinq plaques vertébrales et de quatre paires de costales. En outre, 11 paires d’écailles dites marginales et une paire d’écailles post-centrales sont présentes sur le bord de la carapace<ref name="FAO">{{en}}{{Lien web|url=http://www.fao.org/fi/website/FIRetrieveAction.do?dom=species&fid=3606| titre=Species Fact Sheet ''Eretmochelys imbricata'' L.|éditeur=[[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture|FAO]]|consulté le=17/5/2007}}.</ref>. La dossière de la carapace est d’une teinte brun orangé. Cette coloration est une combinaison irrégulière de stries claires et foncées avec des taches jaunes ou rouges. Le plastron est jaune, les écailles post-anales sont de même couleur avec des taches noires. Les nageoires sont brunes sur le dessus et jaunes dessous. Enfin, sa petite tête est brune avec quatre écailles préfrontales. Ses [[mâchoire]]s sont jaunes, l’inférieure ayant une forme de [[V (lettre)|V]]. Les juvéniles sont noirs, excepté sur le bord de carapace, qui est jaune. Celle-ci est en forme de [[cœur]] à la naissance, puis devient [[ovale]] en grandissant<ref name="T.O">{{en}}{{Lien web|titre=The Hawksbill Turtle|éditeur=turtles.org|url=http://www.turtles.org/hawksd.htm|consulté le=17/5/2007}}.</ref>. De plus, la dentelure formée par les écailles marginales s’estompe avec l’âge. Les mâles se distinguent par une pigmentation plus claire et, comme pour les autres espèces de tortues, un plastron concave, de plus longues griffes et une queue plus épaisse. ===Caractéristiques=== La tortue imbriquée mesure entre 60 et 100 centimètres et pèse entre 43 et 75 kilogrammes<ref name="VWI">{{en}}{{Lien web|url=http://www.dgif.state.va.us/wildlife/species/display.asp?id=030073 |titre=hawksbill|éditeur=Virginia Wildlife information|consulté le=15/5/2007}}.</ref>, le plus gros spécimen trouvé faisant 127 kilogrammes<ref name="mb">{{en}}{{Lien web|url=http://marinebio.org/species.asp?id=164|éditeur=marinebio.org|titre=Hawksbill Sea Turtle|consulté le=15/5/2007}}.</ref>. Les [[Œuf (biologie)|œufs]] mesurent entre 30 et 45 millimètres et pèsent entre 20 et 31,6 grammes<ref name="FAO"/>. La tortue imbriquée est une grande nageuse. Des scientifiques ont relevé des pointes à 24 kilomètres/heure sur cinq kilomètres<ref name="mb"/>. Aux [[Mer des Caraïbes|Caraïbes]], des plongées ont été enregistrées à plus de 70 mètres pour des durées de {{formatnum:4866}} s<ref>{{en}}{{lien web|titre=HAWKSBILL SEA TURTLE|url=http://polaris.nipr.ac.jp/~penguin/penguiness/turtles/cheloniidae/hawksbill.html|site=The penguiness book}}.</ref>, soit plus de 81 minutes. La [[maturité sexuelle]] est atteinte chez cette tortue après dix ans, voire probablement vers vingt ans et peut se reproduire au moins pendant dix ans. Elle est donc qualifiée d’espèce à maturité tardive. Son [[espérance de vie]] n’est pas connue. ===Comportement et alimentation=== [[Image:Hawksbill Turtle.jpg|thumb|right|300px|Tortue imbriquée en plongée.]] Les conditions d’observation étant difficiles, l’alimentation des tortues en zone [[Pélagos|pélagique]] n’est pas très bien connue ; on pense qu’elles doivent se nourrir essentiellement de [[méduse (animal)|méduse]]s. En zone [[Benthos|benthique]], et plus particulièrement dans les [[récif corallien|récifs coralliens]], elles consomment surtout des [[Porifera|éponges]]. Dans les [[Mer des Caraïbes|Caraïbes]], ces dernières constituent d’ailleurs 70 à {{unité|95|%}} de leur régime alimentaire et, comme beaucoup de spongivores, elles ne consomment que des espèces précises de la classe des ''[[Demospongiae]]'', et plus spécifiquement celles appartenant aux ordres ''[[Astrophorida]]'', ''[[Spirophorida]]'' et ''[[Hadromerida]]''<ref name="ScienceSpongi">{{Périodique|auteur=Anne Meylan | titre =Spongivory in Hawksbill Turtles: A Diet of Glass | revue =[[Science magazine]] | no =239 | issue =4838 | pages =393–395 | éditeur=American Association for the Advancement of Science | date =19/1/1998 | résumé=http://links.jstor.org/sici?sici=0036-8075%2819880122%293%3A239%3A4838%3C393%3ASIHTAD%3E2.0.CO%3B2-H| lang=en}}.</ref>. {{Référence nécessaire/Bloc|Certaines éponges consommées sont d’ailleurs connues pour être très toxiques pour d’autres organismes. C’est le cas notamment de ''[[Aaptos aaptos]]'', ''[[Chondrilla nucula]]'', ''[[Tethya actinia]]'', ''[[Spheciospongia vesparium]]'' et ''[[Suberites domuncula]]''}}. Les tortues imbriquées semblent particulièrement apprécier les [[Éponges siliceuses|éponges les plus siliceuses]] comme celles des genres ''[[Ancorina]]'', ''[[Geodia]]'' (dont ''[[Geodia gibberosa]]''<ref name="VWI"/>), ''[[Ecionemia]]'' et ''[[Placospongia]]''<ref name="ScienceSpongi"/>. Ce type d’alimentation est très rare, y compris chez les poissons. Cette alimentation très particulière rend la [[viande]] et plus particulièrement la peau de tortue très toxique dans les régions concernées, surtout dans l’[[océan Indien]]. Ces tortues s’alimentent également d’[[invertébré]]s tels que les ''[[Ctenophora]]'' et les [[cnidaria|cnidaires]], dont les [[méduse (animal)|méduse]]s et les [[hydrozoa]]ires comme la [[Physalia physalis|physalie]], mais aussi d’[[Phaeophyceae|algues brunes]], de [[mollusque]]s, d’[[anémone de mer|anémones de mer]] et de [[crustacé]]s<ref name="mb"/>. ===Physiologie=== [[Image:Hawksbill turtle doeppne-081.jpg|thumb|right|300px|Détail d’un œil de la tortue imbriquée.]] Les [[poumon]]s de l’animal sont adaptés pour permettre des échanges gazeux rapides et son [[sang]] lui permet d’oxygéner efficacement les tissus, même en plongée profonde sous de fortes pressions. Ces tortues peuvent dormir sous l’eau pendant plusieurs heures mais leur durée de plongée maximale est beaucoup plus courte lorsqu’elles doivent se nourrir ou fuir un [[prédateur]]. Elles ferment les yeux lorsqu’elles mangent des [[cnidaria|cnidaires]]<ref name="VWI"/> car ces derniers ne sont pas protégés contre les [[nématocyste]]s, contrairement au reste de leur corps. ===Reproduction=== [[Image:Eretmochelys imbricata hatchling.jpg|thumb|left|150px|Juvénile de tortue imbriquée.]] Les tortues imbriquées femelles ne se reproduisent que tous les deux ou trois ans<ref>{{en}}{{ouvrage|auteurs=W. N. Witzell|date=1983|titre=Synopsis of biological data on the hawksbill turtles, Eretmochelys imbricata (Linnaeus, 1766)|éditeur=[[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture|FAO]]|collection=Fisheries Synopsis|numéro=137: 1-78}}.</ref> mais cet écart peut varier entre neuf mois<ref name="PA">{{ouvrage|lang=en|auteurs=N. J. Pilcher et Lamri Ali|date=1999|titre=Reproductive biology of the hawksbill turtle, Eretmochelys imbricata, in Sabah, Malaysia|éditeur=Conservation and Biology|numéro=3 (2)|pages=330-336|présentation en ligne=http://www.chelonian.org/ccb/titles/V3_2.shtml}}.</ref> et 10 ans<ref>{{en}}{{ouvrage|auteurs=J. A. Mortimer et R. Bresson|date=1999|titre=Temporal distribution and periodicity in hawksbill turtles (Eretmochelys imbricata) nesting at Cousin Island, Republic of Seychelles|publi=1971-1997|éditeur=Chelonian Conservation and Biology|numéro=3 (2)|pages=318-325|présentation en ligne=http://www.chelonian.org/ccb/titles/V3_2.shtml}}.</ref>. La [[reproduction (biologie)|reproduction]] peut même se dérouler plusieurs fois une même année, à quinze jours d’intervalle<ref name="VWI"/>, le plus souvent sur la même plage. C’est une espèce de tortue marine très féconde. La période de reproduction durant six mois, la femelle retourne sur son site de nidification en moyenne de 2,6<ref name="FAO"/> à 4,5 fois<ref name="T.O"/> par saison selon les sources. Les individus d’un couple sont très fidèles<ref name="CITES">{{fr}}{{lien web|url=http://www.cites.org/fra/prog/HBT/intro.shtml|titre=Aspect biologique de la tortues imbriquées|éditeur=[[CITES]]|url=http://www.cites.org/fra/prog/HBT/bg/bio_aspect.shtml|consulté le=18/5/2007}}.</ref>. De plus, fait particulier, la femelle stocke des réserves de [[spermatozoïde]]s<ref>{{fr}} ''[http://www.aquarium-larochelle.com/index.php?id_site=1&id_page=54 Tortue imbriquée]'', [[Aquarium de la Rochelle]].</ref>. Elle peut ainsi se reproduire pendant plusieurs années sans avoir de contact avec un mâle. On a pu déterminer que pour chaque site, les tortues disposaient d’une certaine homogénéité génétique, ce qui tend à prouver que les femelles viennent pondre à l’endroit où elles sont nées. Chacune débarque sur la plage et creuse un nid profond d’au moins 10 centimètres et de 90 centimètres au plus<ref name="CITES"/>. Elle y dépose en moyenne une centaine d’[[œuf (reptile)|œufs]] (de 70 à un maximum enregistré de 250)<ref>{{fr}}{{lien web|titre=Eretmochelys imbricata|éditeur=Aquarium La Rochelle|url=http://www.aquarium-larochelle.com/index.php?id_site=1&id_page=54}}.</ref>{{,}}<ref name="CITES"/>, d’un poids de 25 grammes et de la taille d’une balle de ping-pong. Elle retourne immédiatement à la mer après avoir recouvert le nid de [[sable]]. Le nombre d’œufs et la viabilité de ceux-ci dépendent fortement du lieu de ponte. Le processus dure environ 1 à 3 heures<ref name="mb"/>. La période d’[[incubation]] est de 47 à 75 jours, selon la saison et l’emplacement<ref name="FAO"/>. Dans l’[[océan Atlantique]], la période de reproduction a lieu habituellement d’[[avril]] à [[novembre]] et dans l’[[océan Indien]] de [[septembre]] à [[février]], durant la période chaude<ref>{{en}}{{Lien web| titre=Strategic Management of Turtles| éditeur=Marine Conservation Society, Seychelles | url=http://www.seychellesturtles.org/species/hawksbill.html|consulté le=02/2/2007}}.</ref>. Peu d’autres données fiables sont disponibles. La tortue imbriquée s’hybride facilement avec d’autres tortues marines, telle que les [[caouanne]]s. Certains hybrides trouvés au [[Brésil]] ou en [[Floride]] sont viables et fertiles car ils existent depuis au moins deux générations<ref>{{en}}{{ouvrage|auteurs=M. A. Marcovaldi, C. F. Vieitas, et M. H. Godfrey|date=1999|titre=Nesting and conservation management of hawksbill turtles (Eretmochelys imbricata) in northern Bahia, Brazil|éditeur=Chelonian Conservation and Biology|numéro=3 (2)|pages=301-307|présentation en ligne=http://www.chelonian.org/ccb/titles/V3_2.shtml}}.</ref><sup>, </sup><ref>{{en}}{{ouvrage|auteurs=A. L. Bass|date=1999|titre=Genetic analysis to elucidate the natural history and behavior of hawksbill turtles (Eretmochelys imbricata) in the Wider Caribbean: A review and re-analysis|lire en ligne=http://www.iucn-mtsg.org/publications/cc&b_april1999/4.17-Bass-Genetics.pdf|éditeur=Chelonian Conservation and Biology|Numéro=3 (2)|pages=195-199}}</ref>. Un hybride de [[tortue verte]] a aussi été découvert au [[Surinam]]<ref>{{en}}{{Ouvrage|auteurs=S. A. Karl, B. W. Bowen, et J. C. Avise|date=1995|titre=Hybridization among the ancient mariners: characterization of marine turtle hybrids and molecular genetic markers. Journal of Heredity|numéro=86|pages=262-268.|présentation en ligne=http://jhered.oxfordjournals.org/cgi/content/abstract/86/4/262|issn=1465-7333}}.</ref>. La détermination du sexe chez les tortues imbriquées est très hasardeuse. Les caractères sexuels ne sont pas toujours extérieurement visibles. Les caractères sexuels secondaires (comme pour les autres tortues: la largeur de la queue, les griffes ou la forme du plastron) ne sont pas toujours déterminants. Seule l’analyse sanguine est une méthode fiable. La tortue est [[ovipare]], et comme pour les autres tortues, la température d’incubation détermine le sexe des [[embryon]]s dans les œufs. Le ''sexe ratio'' serait compris entre trois et quatre femelles pour un mâle<ref name="CITES"/>. ==[[Chorologie]]== ===Écologie=== En s'alimentant d'éponges, la tortue imbriquée libère des surfaces de [[corail]], ce qui permet à certains poissons opportunistes d'accéder au récif pour se nourrir. Elles participent indirectement à l'[[écosystème]] de la [[barrière de corail]]. Elles sont également une proie particulièrement vulnérable, sous forme d'[[œuf (reptile)|œufs]] puis juste après l'éclosion avant qu'elles n'atteignent les zones sécurisées en mer, comme les autres tortues marines. D'après les estimations, près de 30% des juvéniles imbriqués lâchés à la sortie d'une écloserie à [[Sabah]] en [[Malaisie]] sont dévorés à moins de dix mètres en mer par les [[poisson]]s osseux et les [[requin]]s<ref name="PA"/>. Selon une étude, moins d'un œuf sur mille donnerait naissance à un adulte<ref>{{en}}{{ouvrage|auteurs=J. I. Richardson, R. Bell, et T. H. Richardson|date=1999|titre=Population ecology and demographic implications drawn from an 11-year sudy of nesting hawksbill turtles, Eretmochelys imbricata, at Jumby Bay, Long Island, Antigua, West Indies|éditeur=Chelonian Conservation and Biology|lire en ligne=http://www.iucn-mtsg.org/publications/cc&b_april1999/4.245-Richardson-Antigua.pdf|numéro=3 (2)|pages=244-250}}.</ref>. Une fois adulte, ses seuls prédateurs sont le requin et surtout l'homme, mais son taux de survie est tout de même très élevé (95% pour une femelle adulte)<ref name="CITES"/>. Les tortues sont souvent observées accompagnées de [[Echeneis naucrates|rémoras rayés]]. Cette particularité est utilisée par certains chasseurs de tortues de l'océan Indien. Le rémora, préalablement pêché, est attaché à une corde puis relâché à l'eau vivant. Il s'agrippe alors à une tortue qui peut donc ensuite être remontée en surface. Comme pour d'autres tortues, on peut également observer des [[balane]]s et des [[algue]]s filamenteuses sur leur carapace. ''Voir aussi, [[Tortue marine#Prédateurs|Tortue marine : Prédateurs]]'' ===Habitat=== Les tortues imbriquées adultes vivent principalement en zone tropicale. C'est d'ailleurs l'une des espèces de tortues marines qui reste la plus confinée dans cette zone. Les tortues occupent différents habitats selon les étapes de leur cycle biologique. Elles se reposent fréquemment autour des [[récif corallien|récifs de corail]] ou dans des [[grotte]]s sous-marines dès qu'elles mesurent plus de vingt centimètres, ce qui a été effectivement montré pour ''Eretmochelys imbricata imbricata''<ref name="CITES"/>. Cependant, comme elles migrent, elles peuvent aussi être aperçues dans les [[lagune]]s, les [[mangrove]]s ou les [[estuaire]]s. On ne sait pratiquement rien sur les juvéniles, qui gagnent immédiatement les zones pélagiques après l'[[éclosion (biologie)|éclosion]]. Incapables de plonger en eau profonde, ils vivent parmi les algues flottantes (''[[Sargassum|Sargassum sp.]]'')<ref>{{harv|réf=BOST|texte=The Biology of Sea Turtles (1996)}}</ref>{{,}}<ref>{{harv|réf=TUSC|texte=turtles of the United States & Canada, (2000)}}</ref>. Les tortues regagnent toujours leurs habitats habituels entre les périodes de migration. Ainsi, lorsque les tortues imbriquées disparaissent d'une zone, il n'y a pas de repeuplement par d'autres individus et la disparition est définitive. ===Migration=== On pensait à tort, jusqu'à récemment, que la tortue imbriquée était moins [[migration animale|migratrice]] que les autres espèces de tortues marines. Des études utilisant la [[Système de positionnement par satellites|télémétrie satellite]] ont montré que cette espèce voyage sur des milliers de kilomètres. Il est probable que les tortues imbriquées s'alimentent et se multiplient dans des zones complètement différentes<ref name="WWF">{{en}}{{lien web|éditeur=[[World Wide Fund for Nature|WWF]]|titre=''Hawksbill turtle''|url=http://www.panda.org/about_wwf/what_we_do/species/about_species/species_factsheets/marine_turtles/hawksbill_turtle/index.cfm|consulté le=15/5/2007}}.</ref>. ===Répartition=== ====Atlantique==== On estime qu'au maximum {{formatnum:5000}} tortues imbriquées pondent annuellement dans les [[Mer des Caraïbes|Caraïbes]] et 600 au [[Brésil]], au [[Surinam]] et en [[Guyane française]]; la plus grande population restante niche au [[Mexique]]. On ne dispose pas de données sur tous les pays comme par exemple la [[Guyana|Guyane]], [[Cuba]], la [[Floride]], [[Grenade (pays)|Grenade]], le [[Guatemala]], [[Montserrat]], [[Trinité-et-Tobago]], le [[Venezuela]] et les [[îles Caïmans]]. Cependant, d'une façon générale, beaucoup d'études sur ces tortues sont menées dans la région. On considère que les populations y sont épuisées ou pratiquement épuisées même si leur nombre dans la [[péninsule du Yucatan]] au [[Mexique]] et à [[Isla Mona]] est en augmentation. La population de [[Antigua (île)|Antigua]] (Jumby Bay) et dans les [[îles San Juan]] (Buck Island) est considérée comme stationnaire. Cette espèce est rencontrée dans cette région, du nord des États-Unis c'est-à-dire jusqu'à [[Long Island Sound]] et [[Massachusetts]] jusqu'en [[Argentine]]. À l'ouest, elle s'observe de la [[Manche (mer)|Manche]] au [[cap de Bonne-Espérance]]. Aucune observation de pontes de tortues imbriquées n'a eu lieu en [[Mer Méditerranée|Méditerranée]] et les rapports documentés sur des observations en mer sont presque inexistants. La répartition sur la côte [[Afrique de l'Ouest|ouest-africaine]] est moins connue que dans les Caraïbes. On sait que dans les [[années 1800]], le [[golfe de Guinée]] et les îles de [[Sao Tomé-et-Principe]] étaient des sites importants de ponte et de transformation des écailles. Nous ne disposons pas de données chiffrées précises, mais il resterait quelques centaines de pontes par an<ref>{{Périodique|lang=en|auteur=Castroviejo, J., Juste, J., Perez Del Val, J., Catelo, R., and Gil, R|date=1994|titre=Diversity and status of sea turtle species in the Gulf of Guinea islands|revue=Biodiversity and Conserv.|lang=en|vol=3|pages=828-836}}.</ref>. En 1996, des écailles étaient toujours en vente aux touristes dans cette région<ref>{{périodique|lang=en|auteur=Graff, D|date=1996|titre=Sea turtle nesting and utilization survey in São Tomé|revue=Mar. Turtle News|vol=75|pages=8-12.}}.</ref>. ====Océan Indien==== Grâce à la forme des écailles, six classes de tortues imbriquées sont identifiables dans cette région. Ainsi, les populations de tortues imbriquées pondant en [[Afrique de l'Est]], en [[Asie]] et sur la plupart des îles ont connu un déclin considérable depuis cent ans. Certaines régions n'ont plus du tout de pondeuses. Alors qu'elles avaient été décrites comme extrêmement nombreuses autrefois, il n'existe plus que {{formatnum:6000}} à {{formatnum:7000}} pondeuses par an en ne comptant pas l'[[Indonésie]] et l'[[Australie]] en [[1999]]<ref>{{périodique|lang=en|auteur=A.B. Meylan et M. Donnelly|date=1999|titre=Status justification for listing the hawksbill turtle (Eretmochelys imbricata) as Critically Endangered on the 1996 IUCN Red List of Threatened Animals|revue=Chelonian Conservation and Biology|vol=3|issue=2|pages=200-224}}.</ref>. Seules les populations des [[Seychelles]] sont en augmentation<ref name="Cousin"/>. La datation et l'analyse des écailles permettent de connaître à la fois les lieux d'origine des lignées de tortues et leur âge. Aussi l'évolution des effectifs des populations de l'océan Indien peut être estimée à partir du volume d'écailles qui, depuis le {{s|XIX|e}} principalement, a été exporté vers l'[[Europe]]. Les rassemblements de tortues imbriquées qui pondent dans la zone de la [[Malaisie]], la [[Thaïlande]], l'[[Indonésie]] sont en déclin très rapide. Seules les populations d'Australie stagnent. La situation des populations de la région est en fait très mal connue du fait que les entités géopolitiques de cette zone ne mettent pas en place des systèmes de surveillance comme en [[Papouasie-Nouvelle-Guinée]], en [[Indonésie]] et au [[Vanuatu]], difficile, il est vrai, tant le nombre d'îles est grand. Les tortues imbriquées sont donc présentes sur une grande partie de l'océan Indien allant du [[Mozambique]] à la [[mer Rouge]] à l'ouest et de la [[Corée]] au [[Japon]] au nord-est et toute la [[Nouvelle-Zélande]] au sud-est. ====Lieux de ponte importants==== Plus de soixante lieux de ponte habituels sont connus, principalement dans les régions tropicales des océans Pacifique et Atlantique. On en trouve également dans l'océan Indien. [[Image:Lieux pontes tortue ecaille.png|thumb|600px|center|Carte de 1981<br/> [[Image:Repartition map - Where.PNG|20px]]&nbsp; Fond bleu : présence de tortues imbriquées<br/> [[Image:Repartition map - Yellow point.png]]&nbsp; Point jaune : lieux de ponte secondaires<br/> [[Image:Repartition map - Red point.png]]&nbsp; Point rouge : lieux de ponte principaux]] Les sites de plus de {{formatnum:1000}} nids sont : *L'[[Cousin (Seychelles)|île Cousin]], dans l'[[océan Indien]] est un des rares lieux de ponte où les effectifs augmentent<ref name="Cousin">{{Périodique|lang=en|auteur=P. M. Hitchins, O. Bourquin et S. Hitchins | titre =Nesting success of hawksbill turtles ''(Eretmochelys imbricata)'' on Cousine Island, Seychelles | revue=[[Journal of Zoology]] | no =264| issue =2 | pages =383–389 | éditeur =[[Cambridge University Press]], [[The Zoological Society of London]] | date =2004-04-27 | url=http://journals.cambridge.org/action/displayAbstract?fromPage=online&aid=259629 | doi =10.1017/S0952836904005904|id=|lang=en}}.</ref> ; *Les îles [[Daymaniyat]] à [[Oman]] ; *[[Shitvar]] en [[Iran]], mais les données sur ce site sont actuellement parcellaires ou inexistantes ; *[[Guyane française]] ; *[[Détroit de Torres]] et [[Terre d'Arnhem]] en [[Australie]]<ref name="gvtAu">{{en}}{{lien web|url=http://www.environment.gov.au/cgi-bin/sprat/public/publicspecies.pl?taxon_id=1766|éditeur= [[Department of the Environment and Water Resources]] of Australia|titre=Eretmochelys imbricata|consulté le=18/5/2007|lang=en}}.</ref> ; *[[Péninsule du Yucatan]], [[Mexique]]. ===État des stocks=== En [[2007]], il n'existe plus au monde que cinq grands sites de rassemblement annuel de plus de mille tortues qui se situent aux [[Seychelles]], au [[Mexique]] et deux au nord de l'[[Australie]]<ref name="gvtAu"/>. Depuis les [[années 1990]], les prélèvements intensifs d'œufs en [[Indonésie]] ont fait fondre de 90% les effectifs. Les sites de rassemblement d'Indonésie, des Seychelles et un des deux d'Australie sont d'ailleurs en relatif déclin. Partout, la population de tortues imbriquées a diminué de plus de 80% au cours des cent dernières années et quelquefois en moins de cinquante ans ([[Nicaragua]], [[Panama]], [[Cuba]], [[Madagascar]], [[Sri Lanka]], [[Thaïlande]], [[Malaisie]], [[Indonésie]] et [[Philippines]]). L'espèce a complètement disparu de nombreux endroits, ou presque comme dans l'Atlantique Est. À ce titre, elle est inscrite sur la [[Liste rouge de l'UICN]] de l'[[Union internationale pour la conservation de la nature|UICN]] depuis [[1968]]<ref name="CITES2">{{fr}}{{lien web|titre=Situation des tortues imbriquées au plan mondial et régional|éditeur=[[CITES]]|url=http://www.cites.org/fra/prog/HBT/bg/conserv_status.shtml|consulté le=18/5/2007}}.</ref> et comme étant en danger critique d'extinction depuis [[1996]]. Les efforts de protection des [[années 1980]] n'ont porté leurs fruits que dans de rares endroits où l'on constate une stagnation. Cependant, point positif, une légère augmentation des effectifs a été observée au [[Yucatán]], à [[Isla Mona]] et sur l'[[Cousin (Seychelles)|île Cousin]]<ref name="Cousin"/><sup>, </sup><ref name="CITES2"/>. Il est très difficile de connaître très précisément les stocks en raison de deux comportements. D'une part le comportement migrateur des tortues ne nous permet pas de déduire leur nombre des observations localisées, leur densité, pouvant varier en fonction des lieux, des périodes, etc. D'autre part, on ne peut déduire le nombre de femelles en surveillant les pontes, car leur fréquence de ponte varie fortement en fonction des lieux et de l'âge des tortues. Le grand nombre de [[plage]]s où elles vont pondre, leur grande [[longévité]], ainsi que le temps important avant d'atteindre la maturité sexuelle, ont permis à l'espèce de résister aux prélèvements massifs opérés par les humains. Cependant, lorsque ces prélèvements atteignent une taille critique, la population de tortues chute et peut mettre plusieurs dizaines d'années avant de croître à nouveau<ref name="CITES2"/>. ==Classification et dénomination== ===Histoire évolutive de l'espèce=== {{Article détaillé|Testudines (classification phylogénétique)}} En raison de son régime alimentaire unique, sa position dans l'arbre [[phylogénétique]] a été très discutée. Les analyses moléculaires tendent à prouver que les ''Eretmochelydae'' descendent d'ancêtres [[carnivore (régime alimentaire)|carnivore]]s plutôt qu'[[herbivore]]s. On pense qu'elle est plus proche de la tribu des ''[[Chelonini]]'', qui inclut la [[tortue verte]], que de celle des ''[[Carettini]]'', représentée par la [[Caouanne]]<ref name="MolecularPhylogeny">{{Périodique|auteur=Brian Bowen, William S. Nelson and John C. Avise | titre =A Molecular Phylogeny for Murine Turtles: Trait Mapping, Rate Assessment, and Conservation Relevance | revue=Proceedings of the [[National Academy of Sciences]]| no =90 | issue =12 | pages =5574–5577 | date =15/6/1993| lang=en|résumé=http://links.jstor.org/sici?sici=0027-8424%2819930615%2990%3A12%3C5574%3AAMPFMT%3E2.0.CO%3B2-X|lan=en}}.</ref>. Les principaux groupes évolutifs relatifs sont décrits ci-dessous par phylogénie<ref>{{en}}{{lien web|éditeur=Mikko's Phylogeny Archive|titre=Cheloniidae turtles and relatives|url=http://www.fmnh.helsinki.fi/users/haaramo/Metazoa/Deuterostoma/Chordata/Reptilia/Parareptilia/Chelonioidea/Chelonioinea_1.htm|consulté le=17/5/2007}}.</ref> selon Hirayama, 1997, 1998, Lapparent de Broin, 2000, et Parham, 2005 : --o ''[[Chelonioidea]]'' Bauer, 1893 |--o | |--o †''[[Toxochelyidae]]'' | `--o ''[[Cheloniidae]]'' | |--o ''[[Carettini]]'' | | `-- ''[[Caretta]]'' L., 1758 | |--o ... ''[[Natator]]'' Garman, 1880 | `--o ''[[Chelonini]]'' | |--o ''[[Eretmochelys]]'' (L., 1758) | `--o | |--o ''[[Lepidochelys]]'' Girard, 1858 | `--o | `--o ''[[Chelonia]]'' L., 1758 `--o ''[[Dermochelyoidea]]'' ===Dénomination=== On l'appelle en [[Guadeloupe]] la '''karet'''. L'origine du mot "Caret" est mal connue, mais il date du {{s|XVI|e}} et pourrait être un emprunt aux langues caraïbes via l'[[espagnol]]<ref>{{CNRTL|caret}}, Consulté le 29/5/2007.</ref>. On la surnomme aussi « tortue à bec de faucon »<ref>{{lien web| url=http://sea.unep-wcmc.org/isdb/CITES/Taxonomy/tax-species-result.cfm?displaylanguage=eng&Genus=Eretmochelys&Species=imbricata&source=animals&Country=&tabname=all |éditeur=unep-wcmc.org|titre=CITES species base|sous-titre=Eretmochelys imbricata}}.</ref> (comme en anglais ''Hawksbill turtle'') à cause de son bec crochu. Mais en [[français]], elle est dite « imbriquée » et en [[latin]] « ''imbricata'' » parce que les plaques arrières de sa dossière se chevauchent. La tortue imbriquée a été décrite à l'origine par [[Carl von Linné]] comme ''Testudo imbricata'', en [[1766]]. Au début du {{s|XIX|e}}, la systématique s'affine, on reconnaît aux tortues marines des caractéristiques communes et on les regroupe au sein de [[taxon]]s communs. Un nouveau genre ''Eretmochelys'' (du [[Grec ancien|grec]]: ''eretmo'', [[Rame (navigation)|rame]] et ''chelys'', tortue) est proposé par le [[Zoologie|zoologiste]] [[Autriche|autrichien]] [[Leopold Fitzinger]] en [[1843]]<ref name="FAO"/> suite à la nouvelle description plus précise de l'espèce. Deux sous-espèces ont été ensuite décrites, une vivant dans l'[[océan Atlantique]] et l'autre dans les [[océan Pacifique|océans Pacifique]] et [[Océan Indien|Indien]]. Comme la première sous-espèce décrite par Linné était originaire de l'Atlantique, elle prit pour nom, selon les règles usuelles de [[Type nomenclatural (zoologique)|nomenclature]], ''Eretmochelys imbricata imbricata''. C'est la description de [[Wilhelm Peter Eduard Simon Rüppell]] de [[1835]] qui est retenue pour la tortue imbriquée du Pacifique. Elle est appelée ''Eretmochelys imbricata bissa'', ''bissa'' signifiant double en latin. Ce nom lui a été attribué suite à une précédente mauvaise classification dans les ''[[Carettini]]'' qui l'avait fait nommer ''Caretta bissa''. En [[1857]], la création d'une nouvelle sous-espèce ''Eretmochelys imbricata squamata'' est proposée mais est jugée ensuite invalide. ==Relation avec l'homme== ===Une ressource ancestrale=== [[Image:Tortue imbriqueeld4.jpg|thumb|right|200px||Tortue imbriquée vue de dos.]] Des vestiges de ces reptiles sont associés aux activités humaines dans le monde et ont souvent accompagné les [[Rite funéraire|rites funéraires]]. La tortue imbriquée est retrouvée dans des représentations anciennes comme les [[peinture]]s, les statuettes, les [[sculpture]]s, les [[poterie]]s, les [[Pièce de monnaie|pièces de monnaie]], les [[hiéroglyphe]]s, les [[poème]]s, les [[légende]]s et les [[mythe]]s<ref name="CITES"/>. C'est sûrement l'espèce de tortue marine qui a le plus subi la prédation humaine<ref>{{en}}{{ouvrage|auteurs=J.J. Parsons|date=1972|titre=The hawksbill turtle and the tortoise shell trade|collection=Etudes de géographie tropicale offertes à Pierre Gourou||éditeur=Mouton,Paris|pages=45-60|langue=anglais}}.</ref>. Cette espèce de tortue est surtout mangée au [[Japon]] et en [[République populaire de Chine|Chine]] même si la viande, et surtout la peau, s'est fréquemment avérée [[Toxicité|toxique]]<ref name="mb"/>{{,}}<ref>{{fr}}{{lien web|url=http://perso.orange.fr/aresub/medecinesubaquatique/dangersfaune/tortuhistoric.htm|titre=Historique du chélonitoxisme|éditeur=Association réunionnaise de médecine subaquatique et hyperbare}}.</ref>. Cette pratique, y compris pour la tortue imbriquée, est attestée depuis au moins le {{-s|V|e}}<ref name="AOS">{{Périodique| auteur =Edward Schafer | titre =Eating Turtles in Ancient China | revue =[[Journal of the American Oriental Society]] | no =82 | issue =1 | pages =73–74 | éditeur =American Oriental Society | date =1962 | lang=en| résumé=http://links.jstor.org/sici?sici=0003-0279%28196201%2F03%2982%3A1%3C73%3AETIAC%3E2.0.CO%3B2-R}}.</ref>. L'usage de l'écaille de tortue imbriquée est attesté entre la [[Civilisation chinoise|Chine]] et la [[Rome antique]]<ref name="AOS"/>. L'écaille de tortue est une des marchandises citées dans ''[[Le Périple de la mer Érythrée]]'' du {{s|I|er}}. En raison des pratiques de chasse à la tortue pour la consommation, pour la [[médecine traditionnelle]], pour les écailles et la confection de [[parfum]]s et de [[produits de beauté]] (japonais), elle est devenue une espèce rare. En outre, il faut ajouter le ramassage massif des œufs, les conséquences de la [[Pêche (halieutique)|pêche]] (comme la prise dans les [[Filet de pêche|filets de pêche]]) et de la dégradation de l'environnement en général (dégradation de la qualité de l'eau et ingestion de [[Sac plastique|sacs plastiques]] qui provoquent des [[Occlusion digestive|occlusions intestinales]]). ====Transformation des écailles==== [[Image:鼈甲 祭器.JPG|thumb|right|200px|Ornement [[japon]]ais en écaille de tortue imbriquée.]] Une seule tortue produit entre 0,75 et 1,5 kilogramme d'écailles avec un rendement moyen d'environ un kilogramme<ref name="CITES3">{{fr}}{{lien web| url=http://www.cites.org/fra/prog/HBT/bg/trade_status.shtml |éditeur=[[CITES]] |consulté le=19/5/2007 |titre=SITUATION DU COMMERCE DE LA TORTUE IMBRIQUEE}}.</ref>. L'écaille présente des couleurs chaudes et, dans les mains d'artisans habiles, elle peut être soudée, moulée, découpée et sculptée. Les Japonais appellent les écailles de tortue ''bekko''<ref name="T.O"/>, les Chinois les nomment ''tai mei''<ref name="AOS"/>. La tortue a été utilisée pour décorer de nombreux objets, pour faire des [[pendentif]]s, des [[bague (bijou)|bague]]s, et tout objet personnel allant jusqu'à la fabrication de [[Monture de lunettes|montures de lunettes]]. Le [[prix]] actuel de certains objets en écaille en font l'un des produits d'animaux les plus précieux<ref name="CITES"/>. L'industrie du ''bekko'' reste active au Japon, mais en principe, continue sur les stocks d'écailles existants puisqu'il y est interdit d'exploiter des écailles d'animaux tués après la signature de la convention de [[1992]]. ===Protection=== On sait que la tortue imbriquée a quasiment disparu d'[[Afrique de l'Est]] dès la fin du {{s|XIX|e}}. Plusieurs auteurs ont fait part de la raréfaction de cette espèce à [[Madagascar]] depuis les [[années 1930]]. Les prélèvements commerciaux et le commerce à grande échelle ont débuté dans les années [[Années 1950|1950]] et [[Années 1960|1960]]. Identifiée comme menacée depuis [[1968]] par l'UICN, la population d'Atlantique Nord est immédiatement protégée en étant inscrite dans l'[[annexe I de la CITES]] à la signature de la convention de Washington ([[CITES]]) de [[1975]]<ref name="CITES2"/>. La population du pacifique est inscrite en [[annexe II de la CITES|annexe II]] mais passe en annexe I dès [[1977]]. Dès lors, elle est légalement protégée<ref name="WWF"/> et par conséquent tout sous-produit obtenu à partir de cette tortue est interdit à la vente. Cependant le commerce massif continue, d'ailleurs le Japon en a importé 640 kilogrammes entre [[1966]] et [[1986]]. Son statut passe à "en danger" en [[1982]]<ref>{{en}}{{Ouvrage|auteurs=B. Groombridge|titre =The IUCN Amphibia-Reptilia Red Data Book, Part 1: Testudines, Crocodylia, Rhynocehapalia | éditeur =IUCN | date =1982}}.</ref>. En [[1983]], les seules populations stables connues se trouvaient au [[Moyen-Orient]] et au nord-est de l'[[Australie]]. En [[1986]], puis en [[1988]], l'UICN signale une aggravation de la situation. Le [[Japon]] continue à importer environ de [[1985]] à [[1990]] 2,7 tonnes en moyenne jusqu'en [[1992]] où il en importe 175 kilogrammes<ref name="CITES3" />. En [[1989]], un rapport décrit une situation préoccupante en Atlantique Nord, où les populations d'''E. imbricata'' sont partout menacées. En [[1992]], un règlement a pu être négocié, notamment avec le Japon qui supprime le commerce massif. Cependant, les populations continuent à diminuer, et en [[1994]] l'UICN signale de nouveau une aggravation. En [[1996]], la tortue est cette fois considérée en [[espèce en danger de disparition|danger de disparition]]. Le trafic cependant continue. Les plus belles [[écaille (tortue)|écailles de tortue]], les plus rares aussi, proviennent de la tortue imbriquée. Ce qu'aujourd'hui les magazines de mode présentent comme de l'« écaille de tortue » est en fait du [[Matière plastique|plastique]] teinté. Le commerce de l'écaille de tortue véritable, toujours convoitée par quelques initiés, est restreint ou interdit mais malheureusement pour la survie de l'espèce, toujours actif. Si la tortue imbriquée est protégée par le [[United States Fish and Wildlife Service]] depuis les [[années 1970]]<ref>{{en}}{{lien web | titre = Species Profile: Hawksbill sea turtle (Eretmochelys imbricata) | auteurs=USFWS Threatened and Endangered Species System (TESS) | éditeur =United States Fish and Wildlife Service | date = 2/6/1970 | url =http://ecos.fws.gov/speciesProfile/SpeciesReport.do?spcode=C00E | consulté le = 19/5/2007}}.</ref>, l'[[Indonésie]], [[Haïti]], [[Cuba]] ne respectent pas les recommandations de la CITES<ref name="T.O"/>, tandis que d'autres pays ferment les yeux. On sait qu'un trafic de carapaces se déroule dans la région des [[Espace Caraïbe|Caraïbes]], en [[Colombie]] et au [[Venezuela]]<ref>{{en}}{{lien web| éditeur = WWF | titre =Turtles of the Caribbean: the curse of illegal trade | consulté le=17/5/2007|en ligne le=1er oct. 2006|url =http://www.panda.org/news_facts/newsroom/index.cfm?uNewsID=81940}}.</ref>. Les très rares tortues survivantes en Atlantique, comme à [[Sao Tomé]], continuent d'être pêchées et leurs carapaces vendues aux [[Tourisme|touristes]]. Or d'après le CITES<ref name="CITES2"/> : {{citation_bloc|D'après des études récentes, les tortues imbriquées ont été décimées tant à l'échelle mondiale que dans les Caraïbes. Cependant, certaines indications donnent à penser qu'en prenant certaines mesures de conservation – notamment la protection des plages de ponte – sur plusieurs décennies, il serait possible d'augmenter le nombre annuel de tortues reproductrices (populations pondeuses).}} ===L’élevage=== Depuis les [[années 1970]], quelques [[élevage]]s marins de tortues comme [[Kélonia]], à [[la Réunion]], ont été créés. Cela inclut des fermes intégrant des tortues imbriquées. Cependant, ces élevages sont contestés. Leurs objectifs sont quadruples : *Aider la recherche sur les tortues, *Fournir un cadre de découverte pour que le grand public découvre les tortues et soit sensibilisé aux problèmes de l'environnement marin, *Faire des lâchés de juvéniles, *Vendre les écailles pour le financement du projet. Le quatrième point est le plus controversé car en favorisant un commerce légal, il entraîne nécessairement un trafic parallèle de carapace de tortue sauvage. D'autre part, il est très difficile de contrôler si les œufs sont des œufs de nids sauvages pillés ("ranch") ou obtenus suite l'accouplement d'adultes déjà en captivité ("ferme"). Ces élevages se font généralement en bassin fermé, toute tentative en bassin ouvert ayant échoué. Leur alimentation est habituellement très pauvre en [[calorie]]s, ce qui entraîne une croissance naturelle lente. Or, ceci va à l'encontre de l'intérêt des éleveurs. Cette alimentation est de plus impossible à reproduire en captivité, par conséquent elle est modifiée en étant enrichie en [[protéine]]s, ce qui entraîne une accélération de la croissance des tortues. L'eau est également chauffée pour accélérer leur [[métabolisme]] et leur croissance. Enfin, les juvéniles imbriqués sont très agressifs les uns envers les autres. Si ces projets sont jugés nécessairement non rentables en raison des coûts liés à l'entretien des bassins, à la surveillance médicale pour toutes les autres tortues, seuls ceux de la tortue imbriquée pourraient s'avérer économiquement viables en raison de la valeur du ''bekko''. L'absence de certitudes quant à l'effet d'un relâcher et la possibilité de provoquer des [[épidémie]]s dissuadent les gouvernements de soutenir ces initiatives qui ont cessé les unes après les autres. ===Culture=== La tortue imbriquée est représentée sur le dos des billets de 20 [[Bolívar (monnaie)|Bolívar]] [[venezuela|vénézuélien]] de 2008 et de 2 [[réal brésilien]] de 2001. ==Annexes== ===Bibliographie=== [[Image:Eretmochelys imbricata Haeckel.png|260px|right]] * {{ouvrage|id=BOST|date=1996|titre=The Biology of Sea Turtles I|lang=en|isbn=9780849384226|pages=448}} * {{ouvrage|id=TUSC|auteurs=C. H. Pope|date=1939|titre=Turtles of the United States & Canada|éditeur=Smithsonian Books|publi=2000|auteurs=Carl H. Ernst, Jeffrey E. Lovich, Roger W. Barbour|lang=en|pages=682|isbn=9781560988236}} * {{fr}} Fretey, J. (Compil). Les tortues marines de Guyane. Ed. Plume Verte * {{fr}} Bonin F., Devaux B. & Dupré A. ''Toutes les tortues du monde''. Delachaux et Niestlé. * {{fr}} Ferri V. ''Guide des tortues''. Delachaux et Niestlé. ===Liens externes=== {{synthèse vocale |fichier=Tortue imbriquée.ogg |date=18 février 2008 |oldid=26429710 |article=Tortue imbriquée }} {{Commons|Category:Eretmochelys imbricata|la tortue imbriquée}} *{{en}} {{lien web|titre=Translations and Original Descriptions|url=http://ebeltz.net/herps/etymain.html#Turtles|éditeur=Ellin Beltz|date=2006|consulté le=17/5/2007}}, Références des ouvrages de descriptions originels. *{{fr}} {{lien web|url=http://www.cites.org/fra/prog/HBT/intro.shtml|titre=Tortues imbriquées (''Eretmochelys imbricata''), page de présentation|éditeur=[[CITES]]|url=http://www.cites.org/fra/prog/HBT/intro.shtml|consulté le=18/5/2007}} *{{lien web|titre=fiche technique| url=http://www.ifrecor.nc/documents/fichestortues/tortueimbriq.htm |éditeur=[[IFRECOR]]}} * {{fr}} [http://doris.ffessm.fr/fiche2.asp?fiche_numero=504 Données d'Observations pour la Reconnaissance et l'Identification de la faune et de la flore Subaquatiques, base collective d'information de la Fédération Française d'Etudes et de Sports Sous-Marins (FFESSM)] ====Références==== * {{ADW|Eretmochelys_imbricata|''Eretmochelys imbricata''}} * {{NCBI|27787|''Eretmochelys imbricata''}} * {{ITIS|173836|''Eretmochelys imbricata'' (Linnaeus, 1766) }} * {{IUCN|8005|''Eretmochelys imbricata'' (Linnaeus, 1766) }} * {{CITES espèce|animal|Eretmochelys|imbricata|(Linnaeus, 1766) }} ====Média==== * {{ARKive GES|reptiles|Eretmochelys|imbricata}} * {{img}}: [http://www.tortuesmarinesguadeloupe.org/photo_imbriquee.html Photothèque ''Tortue imbriquée''], Association Kap'Natirel === Sources et indications supplémentaires === {{Références|colonnes=2}} {{Article de qualité|oldid=21535352|date=18 octobre 2007}} {{Portail|Zoologie|Maritime}} [[Catégorie:Chéloniidé]] [[Catégorie:Testudiné (nom vernaculaire)]] {{lien AdQ|en}} [[cs:Kareta pravá]] [[de:Echte Karettschildkröte]] [[en:Hawksbill turtle]] [[eo:Akcipitrobeka martestudo]] [[es:Eretmochelys imbricata]] [[fi:Karettikilpikonna]] [[it:Eretmochelys imbricata]] [[ja:タイマイ]] [[lt:Bisa]] [[lv:Bissa]] [[nl:Karetschildpad]] [[pl:Żółw szylkretowy]] [[pt:Tartaruga-de-pente]] [[simple:Hawksbill turtle]] [[th:เต่ากระ]] [[tr:Şahin gagalı kaplumbağa]] [[uk:Бісса]] [[zh:玳瑁]] [[zh-yue:玳瑁]]