Travail à ferrer
2871460
28800009
2008-04-19T20:12:11Z
Hannes
118483
lien Lépine
Un '''travail à ferrer''' - ou simplement '''travail''' (au pluriel « ''travails'' » et non ''travaux'') - est un dispositif plus ou moins sophistiqué (autrefois fixé dans le sol, et de nos jours mobile) conçu pour maintenir de grands animaux ([[cheval|chevaux]] et [[bœuf|bœufs]]), en particulier lors du [[Ferrage (cheval)|ferrage]].
Si dans la plupart des cas, et pour un animal docile, le [[ferrage]] est effectué sans l'entraver particulièrement<ref>Docilité du cheval, attestée par photos [http://www.photogrenier.com/photoSingle.php?keyword=&group=&lang=fr&action=view&dispId=0&id=1723 ici], [http://flickr.com/photos/photosnormandie/1814467719/ là] ou par [http://www.amicale-vauvenargues.net/fichiers_images/240_histoire_metiers_art_litterature/07_tapisseries/marechal_ferrant.jpg tapisserie ancienne] consultables en ligne</ref>, hormis à la tête ou au cou par une simple corde épaisse - [[longe]] - ou sangle (nouée, généralement en laissant du mou, à un anneau contre un mur ou à un poteau) destinée uniquement à le faire rester en place voire à l'empêcher de quitter le lieu (en cas d'éventuel bruit soudain provoquant sa frayeur), le maréchal-ferrant utilise le ''travail'' pour les chevaux plus difficiles et pour les [[vache]]s et les bœufs qui ne peuvent rester debout sur trois pattes.
Sans entrer dans la catégorie des outils, le travail à ferrer est un espace aménagé (intérieur à l'atelier ou extérieur) constitué d'un bâti très robuste dans lequel le cheval ou le bœuf est entravé à l'aide de sangles et de ventrières. Il semblerait que l'usage de ce dispositif, parfois appelé aussi ''[[métier à ferrer]]''<ref>Gérard Boutet, ''La France en héritage - Dictionnaire encyclopédique - Métiers, coutumes, vie quotidienne, 1850-1960'', éd. Perrin, 2007, 1502 pages - {{ISBN|978-2-262-02622-6}} (p. 873)</ref> ait été plus systématique pour les bœufs.
<center>
<gallery>
Image:Karel Dujardin - A Smith Shoeing an Ox.jpg|Ferrage d'un bœuf vers 1650. (Tableau de [[Karel Dujardin]])
Image:StSulpice2..JPG|''Travail'' encore visible à [[Saint-Sulpice-de-Cognac]] (Charente)
Image:Noe klauenstand.jpg|En [[Allemagne]], à l'[[écomusée]] de [[Neuhausen-ob-Eck]] ([[Bade-Wurtemberg]])
Image:Cattle inspected for ticks.jpg|Exemple contemporain de ''cage de contention'' mobile
</gallery>
</center>
Cet équipement, témoin d'un mode de vie aujourd'hui disparu, est encore visible dans quelques rares localités rurales, où il peut être désigné sous différents noms selon les régions. Dans celle d'[[Angoulême]], c'était le « ''[[tramail]]'' »<ref>[http://www.patrimoine-de-france.org/search-VHJhdmFpbCDgIEZlcnJlcg==.html Patrimoine de France]</ref>, comme à [[Asnières-sur-Nouère]]<ref>Témoignage recueilli sur le vif en mars 2008 (''voir page de discussion'').</ref>. Dans celle de [[Grenoble]], par exemple, on parle d' « ''[[étrait]]'' » ou de « ''[[détré]]'' », ainsi à [[Quaix-en-Chartreuse]] et à [[Proveysieux]]<ref>[http://www.parc-chartreuse.net/culture/pdf/balcon_sud/quaix_en_chartreuse.pdf Quaix-en-Chartreuse (page au format PDF consultable en ligne)]</ref>, à [[Mont-Saint-Martin (Isère)|Mont-Saint-Martin]]<ref>[http://www.parc-chartreuse.net/culture/pdf/balcon_sud/mont_saint_martin.pdf Mont-Saint-Martin (page au format PDF consultable en ligne)]</ref> ou encore à [[Roissard]]<ref>[http://www.visite-trieves.com/index.php?page=visite&village=Roissard Site sur le Trièves]</ref>. En [[Lozère (département)|Lozère]], à [[Florac]], le dispositif était nommé en [[occitan]] ''ferrador'' [fer'raδu]. <ref>[http://www.ville-florac.fr/visite/ferradou.htm Florac]</ref>
De nos jours, le terme de ''travail à ferrer'' est généralement supplanté par celui de « '''cage de contention''' ».<ref>Marcel Lachiver, ''Dictionnaire du monde rural - Les mots du passé'', éd. Fayard, 1997, 1766 pages - {{ISBN|2-213-59587-9}} (p. 1632).</ref>
== Description ==
Le dispositif est d'abord caractérisé par sa rigidité et son extrême robustesse. Il s'agit en effet de limiter les mouvements d'animaux particulièrement vigoureux et pouvant peser jusqu'aux environs d'une tonne.
Pour ce qui est de sa conception en général et de l'évolution de celle-ci, on remarque selon les modèles une similitude initiale avec un [[joug]], un [[carcan]] et une forme de [[pilori]], par le maintien très coercitif des membres et/ou du cou.
<center>
<gallery>
Image:Chapeltown Stocks.jpg|À [[Chapeltown]] ([[Lancashire]]), blocage de la pièce mobile par insertion d'un petit parallépipède de bois dans le creux de la pierre.
Image:Chlop w dybach biernat z lublina zywot ezopa fryga krakow 1578.jpg
Image:Gotland-Bunge Museum Pranger.jpg|Parties métalliques fixées sur bâti de bois.
Image:John Waller in pillory.JPG
</gallery>
</center>
Il est intéressant de noter que l'étymologie citée ci-dessous fasse écho aux techniques mises en œuvre pour les intruments de brimade et de torture très en usage avant la [[Révolution française|Révolution]].
<center>
<gallery>
Image:Perkin Warbeck in the pillory.jpg
Image:William Pyne- The Costume of Great Britain (1805) - The Pillory.JPG
Image:Pillory 9105377.jpg|Verrouillage de la pièce mobile par [[cheville]].
Image:Tjitte.jpg|Carcan mobile aux techniques de charpente assez rudimentaires.
</gallery>
</center>
Dans certains villages de [[Picardie]], et de l'[[Amiénois]] en particulier (comme à [[L'Étoile (Somme)|L'Étoile]]<ref>[http://g.lancel.free.fr/metiers/metiers_marechal.php Site perso très détaillé consacré au village de L'Étoile]</ref> ou à [[Bovelles]], par exemple), où le souvenir de "travails à ferrer" n'est pas conservé, ont pourtant été utilisés dans les fermes, jusque dans les années 1965 environ (généralisation de l'[[insémination artificielle]]), des carcans pour maintenir par le cou ou la tête les vaches que l'on mettait à la disposition du [[taureau]]. Il y avait un coin spécial dans l'étable où le carcan était fixé au mur. On peut donc considérer ce carcan comme une version légère et peu sophistiquée du "travail à ferrer".
On faisait pénétrer l'animal à ferrer ou à soigner dans cette sorte de cage en avançant, et il en sortait soit généralement par l'avant (mais après avoir libéré son passage en relevant les parties amovibles servant à lui maintenir la tête), soit par l'arrière (si le côté avant du dispositif était fixe), en l'obligeant à reculer, ce qu'il fait avec beaucoup plus de réticence et de temps.
=== Parties fixes ===
[[Image:Travail à ferrer (LAROUSSE éd. 1925).jpg|thumb|right|350px|Dessin dans le ''Petit Larousse illustré'' de 1925.]]
Si quelques exemplaires sont constitués, ainsi que l'évoque l'étymologie du mot ''travail'', de trois [[pieu]]x comme celui de [[Roissard]], la majorité semble posséder quatre poutres verticales. L'assemblage du bâti relève de la technique de la [[charpenterie]] pour ce qui est des travails à ferrer avec montants en bois. Une variante est observée dans le cas de ceux à montants de pierre.
La section de ces pieux est bien entendu importante, de même que le bois utilisé est sans doute toujours du [[chêne]] pour ses qualités de dureté et de résistance à la torsion, aux intempéries, aux insectes et aux champignons. Ces poutres verticales sont très solidement fixées dans le sol et réunies à leur extrémité supérieure, l'une à l'autre, par quatre autres pièces de bois ([[solive]]s) parfois de section légèrement inférieure. Chaque angle ainsi formé par une pièce verticale et une pièce horizontale est renforcé par l'assemblage d'un [[gousset]], dans le but de parfaitement solidariser les parties principales de ce bâti. Parfois, le renforcement était assuré par la fixation de pattes métalliques, comme à [[Saint-Sulpice-de-Cognac]].
Les deux piliers avant de cette sorte de portique sont munis chacun à environ 50 cm du sol d'une sorte de barre de métal ou de court chevron en bois ou encore de marche destinée à l'appui des pattes avant de l'animal.
Certains travails édifiés à l'extérieur sont couverts d'un toit (oblique à une seule pente dans le cas de travail accolé à un mur voisin, en [[bâtière]], donc à deux pans, pour un travail indépendant et isolé de toute construction proche). Les quatre gros pieux verticaux du bâti sont alors les porteurs directs du toit.
=== Parties mobiles ===
==== Parties mobiles en matériau rigide ====
* parties rotatives, faisant fonction de [[treuil]]
* parties amovibles, basculantes ou pivotantes
==== Parties mobiles en matériau souple ====
* lanières et sangles
* ventrières
== Liste non exhaustive des travails à ferrer du "[[Patrimoine (culture)|Petit patrimoine]]" ==
''(Cette liste répertorie des dispositifs conservés (donc encore actuellement visibles) et d'autres définitivement disparus.)''
=== Avec pieux de bois ===
==== [[Ain (département)|Ain]] ====
* [[Conand]]<ref>[http://jappaloup.free.fr/Conand.html Petite photo du "travail" à Conand]</ref>
==== [[Charente (département)|Charente]] ====
* [[ Asnières-sur-Nouère]]<ref>Témoignage recueilli en mars 2008 (consultable en page de discussion) auprès de la propre fille du maréchal-ferrant de l'époque.</ref>
==== [[Doubs (département)|Doubs]] ====
* [[Myon]]<ref>[http://www.notrefamille.com/postcards/25/25416001.jpg Bœufs attachés]</ref>
==== [[Lot-et-Garonne]] ====
* [[Colayrac-Saint-Cirq]]<ref>[http://www.colayrac.fr/vivre_a_colayrac.php Site municipal officiel de Colayrac]</ref>
==== [[Oise (département)|Oise]] ====
* [[Rouvroy-les-Merles]], travail dont l'origine reste à déterminer, mais entreposé au ''Centre de Formation Professionnelle Agricole''.
==== [[Pas-de-Calais]] ====
[[Image:Puits-Bérault maréchal-ferrant et travail à ferrer.jpg|thumb|right|Le "travail à ferrer" de l'atelier Quénehen, vers 1905, à Puits-Bénault, (hameau du Pas-de-Calais).]]
* [[Groffliers]]<ref>Témoignage oral recueilli en mars 2008 auprès de généalogistes amateurs de la Somme, petits-enfants d'un maréchal-ferrant d'une autre localité, collègue à l'époque de celui de Groffliers.</ref>
* ''Puits-Bérault'', hameau de la commune de [[Lépine (Pas-de-Calais)|Lépine]]
==== [[Pyrénées-Atlantiques]] ====
* [[Poey-de-Lescar]]<ref>[http://www.mieydebearn.fr/IMG/jpg/herrade.jpg Photo de la place de Poey-de-Lescar]</ref>
==== [[Somme (département)|Somme]] ====
[[Image:Méharicourt maréchal-ferrant et travail à ferrer.jpg|thumb|right|Dans la rue de [[Lihons]], à Méharicourt, vers 1905.]]
* [[Bray-lès-Mareuil]]<ref>Témoignage oral recueilli en mars 2008 auprès de généalogistes amateurs de la Somme, petits-enfants du maréchal-ferrant de l'époque.</ref>
* [[Buigny-Saint-Maclou]], travail à ferrer détruit vers 1960 (forge située à côté de l'école communale).<ref>Témoignage oral recueilli en mars 2008 auprès de généalogistes amateurs de la Somme, ayant vu personnellement le travail à ferrer de Buigny-Saint-Maclou jusque dans les années 1950.</ref>
* [[Lamotte-Buleux]], travail à ferrer détruit vers 1960.<ref>Témoignage oral recueilli en mars 2008 auprès de généalogistes amateurs de la Somme, ayant vu personnellement le travail à ferrer de Lamotte-Buleux jusque dans les années 1950.</ref>
* [[Méharicourt]]
* [[Millencourt-en-Ponthieu]]<ref>Témoignage oral recueilli en mars 2008 auprès de généalogistes amateurs de la Somme, petits-enfants du maréchal-ferrant de l'époque.</ref>
=== Avec montants de pierre ===
==== [[Cantal (département)|Cantal]] ====
* ''Liozargues'', commune de [[Roffiac]] (en [[basalte]])<ref>[http://www.roffiac.fr/histoire.html Site municipal officiel de Roffiac]</ref>
==== [[Lozère (département)|Lozère]] ====
* [[Le Bleymard]]<ref>[http://www.baladeetculture.be/cevennes.htm Photo] accompagnant le récit d'une randonnnée sur les pas de [[Robert Louis Stevenson]]</ref>
==== En Espagne ====
<center>
<gallery>
Image:Potro egido.jpg|À [[Navamorales]] ([[Province de Salamanque]])
Image:Potro villar de corneja.jpg|À [[Villar de Corneja]] ([[Province d'Ávila]])
</gallery>
</center>
== Voir aussi ==
* [[Fer à cheval]]
* [[Maréchal-ferrant]]
* {{en}}[[:en:Stock (cage)]]
== Notes, sources et références ==
<references />
== Liens extrernes ==
* [http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/memoire_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=EDI,OBJ,SUJET&VALUE_98=TRAVAIL%20A%20FERRER Culture.gouv.fr]
* [http://www.ufm.asso.fr/ Site de l'Union française des maréchaux-ferrants], photos n° 48 et 69
* [http://www.info-ardenne.com/archives/15-12-00/reportage.html Trois photos (vues arrière, frontale et trois-quarts arrière, hélas petites) montant un cheval maintenu dans le travail à ferrer.]
* [http://flickr.com/photos/renodub/27478784/ En Chine, âne ou mulet fermement maintenu dans un travail à ferrer]
* Photos de travails à ferrer contemporains, [http://haras.vendee.fr/global/medias/marechalVisuel2.jpg ici] et [http://flickr.com/photos/olibac/1797212495/ là]
* [http://www.equipages-en-bourgogne.com/images/350_ferrage_au_travail.JPG Photo d'un travail à ferrer contemporain, mobile et démontable]
* [http://ahnpg.free.fr/photos/fer.jpeg Photo d'une pose de fer sur pied de cheval entravé dans le travail à ferrer]
[[Catégorie:Cheval]]
[[en:Cattle crush]]
[[es:Potro_de_herrar]]