Valcrétin
1327758
24885243
2008-01-11T06:32:07Z
Galoric
232395
lien vers [[Anticolonialisme]], typo, rajout pluriel
'''''Valcrétin''''' est un roman de [[Régis Messac]]. Comme l'auteur lui-même le souligne, ce n'est pas « un conte à la manière d’[[Edgar Poe]], une histoire à donner le frisson » (p. 34). C’est un récit étrange, mettant en scène un processus régressif ou d'[[involution]], qui atteint les membres d’une expédition scientifique en mission privée sur une île perdue du [[Pacifique sud]], à la recherche d’êtres humains dégénérés, « aux os ramollis de crâne en cône tronqué ».
Écrit pour [[Camille Bélliard]], président de [[l’Amitié par le livre]], durant la période comprise entre [[novembre]] [[1942]] et [[Mars (mois)|mars]] [[1943]], ''Valcrétin'' est une œuvre littéraire achevée, originale et de qualité ; elle ne sera publiée que trente ans plus tard, chez [[Jean-Claude Lattès]].
== Résumé ==
{{début citation}}''La révolte d'un peuple esclave.''<br />
Une mission médicale découvre dans le [[Pacifique]] une île peuplée de crétins au sens étymologique du terme : [[rachitisme]], [[nanisme]], [[goitre]], absence de langage, [[idiotisme]], [[hypersexualité]], voracité et [[défécation]] perpétuelles.<br />
Trois jeunes sujets, vaccinés par le Pr Baber, prennent peu à peu apparence humaine. Renvoyés dans la tribu, vont-ils y faire triompher des pratiques nouvelles : boire dans le creux de la main au lieu de laper, ne pas vivre à proximité des excréments, cuire la nourriture ? Non. D’abord chassés pour ces idées révolutionnaires, les trois prosélytes finiront par retomber sous l’influence des vieux crétins.<br />
Pis, des crétins subissent un phénomène analogue à l’acculturation des peuples colonisés : rupture d’un équilibre naturel sans amélioration du niveau de vie. La venue des étrangers a transformé une population abrutie, mais pacifique, en une horde envieuse et agressive. Elle trouve la force de détruire le corps expéditionnaire – pardon : la mission médicale – dont les survivants sombreront à leur tour dans le crétinisme. Tel est le thème désespéré d’un livre magnifique et impitoyable : ''Valcrétin''.<ref>[[Francis Lacassin]], ''Épitaphe pour Régis Messac'', [[L’Express]], 5-11 [[février]] [[1973]]</ref>{{fin citation}}
== Critiques ==
=== Utopie ===
{{début citation}}Chez Régis Messac, l'humoriste était inséparable du penseur ! Et le trait est aussi caractéristique pour le moins dans une étude littéraire comme [[Micromégas (par Régis Messac)|Micromégas]] ou dans un pamphlet pédagogique comme [[À bas le latin !]] que dans son [[utopie]] ''Valcrétin''<ref>Jean-Jacques Bridenne, ''Hommage à Régis Messac'', [[Fiction (magazine)|Fiction magazine]] n° 48, [[Novembre]] [[1957]]
</ref>.{{fin citation}}
=== Pessimisme et prophétisme ===
{{début citation}}Livre prophétique par son [[anticolonialisme]], ''Valcrétin'' paraît pour la première fois trente ans après sa rédaction en [[1943]]. Long retard dû à la trop longue avance prise par l’auteur, Régis Messac, sur ses contemporains<ref>Francis Lacassin, ''Épitaphe pour Régis Messac'', L’Express, 5-11 février 1973</ref>.{{fin citation}}
=== Impitoyable satire ===
{{début citation}}La verve corrosive et l'humour de Régis Messac trouvent ici leur mesure. ''Valcrétin'', c'est de l'Aristophane, du Rabelais et du Swift à l'heure de la science-fiction<ref>4{{e}} de couverture de l'édition originale</ref>.{{fin citation}}
=== Des pages hautes en couleurs fangeuses ===
{{début citation}}''Valcrétin'', écrit par le malicieux Régis Messac en [[1943]], risque fort de décevoir les amateurs de [[science-fiction]]. Il n'y a pas ici, ou très peu, de science-fiction. Le récit de Messac a toutes les allures de l'aventure exotique issue de quelque ''[[Sciences et voyages]]'' du début du siècle. […]<br />
On trouve donc dans ce récit l'illusion romantique du « bon sauvage » de [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]] et, pourquoi pas, un clin d'œil au ''[[Frankenstein ou le Prométhée moderne|Frankenstein]]'' de [[Mary Shelley]], si on s'attache au fait que les civilisés sont punis par les créatures qu'ils ont voulu sauver de l'inexistence mais qu'ils ont pervertis par simple « imprégnation ». Et on débouche aussi sur ''[[l'Île du docteur Moreau]]''. […]<br />
Il y a là, sans doute, plutôt un dégoût général pour le genre humain dans son entier, l'expression d'un misanthrope qui ne voyait que trop bien, sous ses fenêtres de [[1943]], grouiller lâcheté et démission en face des silhouettes vert-de-gris du mal absolu. Cela expliquerait alors qu'il mesurât l'[[humanité]] à une aune célinienne où il reconnaît en nous « les pauvres baveux, les goitreux, les bossus, les noués, les noueux, les crasseux, chassieux, chiasseux, miteux et marmiteux » (p. 62). D'où ces pages hautes en couleurs fangeuses d'un Messac qui se dit « envahi par la nausée<ref>Jean-Patrick Ebstein, Fiction magazine n° 237, {{1er septembre}} [[1973]]
*[http://www.noosfere.com/Icarus/Livres/niourf.asp?numlivre=8162 Lire l'article]</ref>.{{fin citation}}
== Éditions ==
''Valcrétin'' (avec ''Musique arachnéenne''), [[Jean-Claude Lattès|Jean-Claude Lattès/Édition spéciale]], [[1973]], 200 pages
== Sources ==
<references />
{{Portail Science-fiction}}
[[Catégorie:Roman français|Valcrétin]]
[[Catégorie:Roman de science-fiction|Valcrétin]]
[[Catégorie:Fable politique]]