<page>
    <title>Virginia Poe</title>
    <id>2959083</id>
    <revision>
      <id>31757535</id>
      <timestamp>2008-07-21T12:58:38Z</timestamp>
      <contributor>
        <username>WikiDreamer Bot</username>
        <id>366978</id>
      </contributor>
      <minor />
      <comment>robot  Ajoute: [[es:Virginia Eliza Clemm]]</comment>
      <text xml:space="preserve">{{Infobox Biographie
| nom               = Virginia Eliza Clemm Poe
| image             = VirginiaPoe.jpg
| tailleimage(en px)= 180px
| legende           = Virginia Poe, peinte après sa mort
| nomofficiel       =
| surnom            =
| datedenaissance   = [[22 août]][[1822]]
| lieudenaissance   = [[Baltimore]]
| datededeces       = [[30 janvier]] [[1847]]
| ageaudecès        = 24
| lieudedeces       = Forham, [[New York]]
| nationalite       =
| paysorigine       =
| paysaccueil       =
| metier            =
| occupation        =
| formation         =
| hommage           =
| autresfonctions   =
| note              =
| famille           = [[Edgar Allan Poe]]
}}

'''Virginia Eliza Clemm Poe''', née '''Virginia Eliza Clemm''' le [[22 août]] [[1822]], morte le [[30 janvier]] [[1847]], est l'épouse d'[[Edgar Allan Poe]]. Les époux étaient [[Cousin (famille)|cousins au second degré]] et, quand ils se marièrent, Virginia n'avait que 13 ans, tandis que Poe en avait 27. Plusieurs biographes ont suggéré que les relations du couple ressemblaient plus à celles d'un frère et d'une sœur et qu'ils n'auraient jamais consommé leur union. Virginia est victime en janvier [[1842]] de la [[tuberculose]], maladie dont elle meurt en janvier [[1847]] à l'âge de 24 ans.

Poe et Virginia ont vécu ensemble, avec d’autres membres de leur famille, plusieurs années avant leur mariage. Le couple a souvent dû déménager, en fonction des emplois de Poe, vivant successivement à [[Baltimore]], [[Philadelphie]] et [[New York]]. Quelques années après leur mariage, Poe a été compromis dans un scandale impliquant [[Frances Sargent Osgood]] et Elizabeth F. Ellet. Cette dernière a fait courir des bruits tendancieux sur l’amitié amoureuse unissant Poe à Mrs Osgood ; Virginia en a été affectée, au point que, sur son lit de mort, elle aurait accusé Mrs Ellet d’être responsable de sa mort.

Virginia avait les cheveux noirs et le teint très pâle, et son aspect était assez enfantin, même à l’âge adulte. Sa maladie et les menaces que celle-ci faisait peser sur ses jours ont eu un grand impact sur son époux, qui se mit à déprimer et sombra dans la boisson pour oublier sa douleur. Sa mort a peut-être également affecté sa poésie et sa prose, où la mort de jeunes femmes est devenue un motif assez fréquent.

==Biographie==
===Jeunesse===
[[Image:PoeFamilyTree.svg|thumb|400px|Arbre généalogique des Poe]]
Virginia Eliza Clemm naquit le [[22 août]] [[1822]] à [[Baltimore]]&lt;ref name=Quinn17&gt;Arthur Hobson Quinn, ''Edgar Allan Poe: A Critical Biography'', p. 17.&lt;/ref&gt; ; elle devait son nom à une sœur aînée morte dans l’enfance&lt;ref name=Silverman82&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 82&lt;/ref&gt; juste dix années plus tôt&lt;ref name=Quinn17&gt;Arthur Hobson Quinn, ''Edgar Allan Poe: A Critical Biography'', p. 17.&lt;/ref&gt;. Son père, William Clemm Jr., était un marchand d’outils de Baltimore&lt;ref name=Silverman81&gt; Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 81.&lt;/ref&gt;. Il s’était marié avec Maria Poe, la mère de Virginia, le [[12 juillet]] [[1817]]&lt;ref&gt;Arthur Hobson Quinn, ''Edgar Allan Poe: A Critical Biography'', p. 726.&lt;/ref&gt;, après la mort de sa première épouse, cousine de Maria, Harriet&lt;ref&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 59.&lt;/ref&gt;. Clemm avait eu cinq enfants de son précédent mariage et en eut trois autres avec Maria&lt;ref name=Silverman81&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 81.&lt;/ref&gt;. Après sa mort en 1826, il laissait très peu à sa famille&lt;ref name=Meyers60&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 60.&lt;/ref&gt;, et ses parents n’offrirent aucun soutien financier car ils étaient opposés au mariage&lt;ref name=Silverman81&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 81.&lt;/ref&gt;. Maria s’occupa de la famille du mieux qu’elle put en faisant des travaux de couture, en créant une pension et grâce à la pension annuelle de 240 $ dont bénéficiait sa mère Elizabeth Cairnes, qui était paralysée et clouée au lit&lt;ref name=Meyers60&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 60.&lt;/ref&gt; ; cette pension venait du mari d’Elizabeth, le « général » David Poe, un ancien intendant du [[Maryland]] qui avait prêté de l’argent à l’Etat&lt;ref&gt;Arthur Hobson Quinn, ''Edgar Allan Poe: A Critical Biography'', p. 256.&lt;/ref&gt;.

Edgar Poe rencontra pour la première fois sa cousine germaine Virginia en août [[1829]], quatre mois après qu’il a quitté l’armée. Elle avait alors sept ans&lt;ref name=Sova52&gt;Dawn B. Sova, ''Edgar Allan Poe: A to Z'', p. 52.&lt;/ref&gt;. En [[1832]], la famille — qui comprenait Elizabeth, Maria, Virginia, Henry (le frère de Virginia) [[William Henry Poe|William Henry Léonard]], le frère aîné de Poe&lt;ref name=Sova52/&gt; — avait assez, grâce à le pension d’Elizabeth, pour louer une maison au n° 3 Amity Street, à Baltimore&lt;ref&gt;Haas, Irvin, ''Historic Homes of American Authors'', Washington, The Preservation Press, 1991, p. 78 {{ISBN|0891331808}}.&lt;/ref&gt;. William Henry Léonard mourut le {{1er août}} [[1831]]&lt;ref&gt;Arthur Hobson Quinn, ''Edgar Allan Poe: A Critical Biography'', p. 187–188.&lt;/ref&gt;. Poe rejoignit en 1833 le foyer&lt;ref&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 96.&lt;/ref&gt; et tomba amoureux d’une voisine du nom de Mary Devereaux. La jeune Virginia servit de messager entre les deux jeunes gens, passant, une fois, une mèche de cheveux de Devereaux offerts en cadeau à Poe&lt;ref&gt;Dawn B. Sova, ''Edgar Allan Poe: A to Z'', p. 67.&lt;/ref&gt;. Elizabeth Cairnes Poe mourut le [[7 juillet]] [[1835]], ôtant à la famille une part importante de son revenu et la plaçant dans une situation financière délicate&lt;ref&gt;Arthur Hobson Quinn, ''Edgar Allan Poe: A Critical Biography'', p. 218&lt;/ref&gt;. Henry mourut vers la même époque, peut-être avant 1836, ne laissant  plus à Maria que deux filles&lt;ref name=Silverman323&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 323&lt;/ref&gt;.

Poe quitta sa famille et partit pour [[Richmond (Virginie)]], où il trouva un emploi au ''Southern Literary Messenger'' en août 1835&lt;ref&gt;Dawn B. Sova, ''Edgar Allan Poe: A to Z'', p. 225.&lt;/ref&gt;. Tandis que Poe était loin de Baltimore, un autre cousin, Neilson Poe, époux de la demi-sœur de Virginia, Josephine Clemm&lt;ref name=Quinn219/&gt;, apprit qu’Edgar envisageait d’épouser Virginia. Neilson offrit de la prendre avec lui et de lui donner une éducation afin d’empêcher l’union de cette si jeune fille avec Edgar, en suggérant que l’hypothèse d’un mariage pourrait être reconsidérée plus tard&lt;ref&gt;Arthur Hobson Quinn, ''Edgar Allan Poe: A Critical Biography'', p. 104&lt;/ref&gt;. Edgar qualifia Neilson, propriétaire d’un journal à Baltimore, son « ennemi le plus acharné » et interpréta le geste de son cousin comme une tentative pour briser son union avec Virginia&lt;ref name=Meyers72&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 72.&lt;/ref&gt;. Le [[29 août]] [[1835]]&lt;ref name=Meyers72&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 72.&lt;/ref&gt;, Edgar écrivit une lettre pleine d’émotion à Maria, affirmant qu’il était « aveuglé par les larmes en écrivant »,&lt;ref name=Quinn219&gt;Arthur Hobson Quinn, ''Edgar Allan Poe: A Critical Biography'', p. 219.&lt;/ref&gt; et plaidant pour qu’elle laisse Virginia décider elle-même de son sort&lt;ref&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 105.&lt;/ref&gt;. Encouragé par son embauche au ''Southern Literary Messenger'', Poe offre d’assurer l’entretien financier de Maria, Virginia et Henry s’ils s’installent à Richmond&lt;ref&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 74.&lt;/ref&gt;.

===Mariage===
Les projets de mariage furent confirmés, et Poe retourna à Baltimore pour obtenir une licence de mariage le [[22 septembre]] [[1835]]. Ils pouvaient alors tranquillement être mariés, bien que la cérémonie fût officieuse&lt;ref name=Silverman107&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 107&lt;/ref&gt;. La cérémonie publique eut lieu seulement à Richmond le [[16 mai]] [[1836]], quand ils furent unis par un ministre presbytérien, le révérend Amasa Converse&lt;ref name=Meyers85&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 85.&lt;/ref&gt;. Poe avait 27 ans et Virginia 13, bien qu’on lui en ait alors donné 21&lt;ref name=Meyers85&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 85.&lt;/ref&gt;. Les documents du mariage furent réalisés à Richmond et comportent une attestation de Thomas W. Cleland confirmant l’âge supposé de la jeune mariée&lt;ref&gt;Arthur Hobson Quinn, ''Edgar Allan Poe: A Critical Biography'', p. 252.&lt;/ref&gt;.

La cérémonie fut célébrée, dans la soirée, dans la demeure de Mrs. James Yarrington&lt;ref name=Quinn254&gt;Arthur Hobson Quinn, ''Edgar Allan Poe: A Critical Biography'', p. 254.&lt;/ref&gt;, la propriétaire de la pension où logeaient Poe, Virginia et la mère de Virginia, Maria Clemm&lt;ref&gt;Arthur Hobson Quinn, ''Edgar Allan Poe: A Critical Biography'', p. 230.&lt;/ref&gt;. Yarrington aida Maria Clemm à faire le gâteau de mariage et à préparer le repas de noces&lt;ref&gt;Dawn B. Sova, ''Edgar Allan Poe: A to Z'', p. 263.&lt;/ref&gt;. Le couple passa alors une brève lune de miel à [[Petersburg (Virginie)]]&lt;ref name=Quinn254&gt;Arthur Hobson Quinn, ''Edgar Allan Poe: A Critical Biography'', p. 254.&lt;/ref&gt;.

Le débat fut très vif, concernant le caractère inhabituel ou non de cette union, basé sur la question de l’âge des époux et leur consanguinité. Biographe notable de Poe, Arthur Hobson Quinn considérait qu’elle n’était pas spécialement anormale, signalant que Poe avait surnommé son épouse « Sissy » ou « Sis »&lt;ref&gt;Daniel Hoffman, ''Poe Poe Poe Poe Poe Poe Poe'', p. 26.&lt;/ref&gt;. Un autre biographe de Poe, [[Kenneth Silverman]], considère pour sa part que, si une union entre des cousins aussi proches n’était pas exceptionnelle, le jeune âge de l’épouse l’était davantage&lt;ref name=Silverman107/&gt;. Il a été suggéré que Clemm et Poe aurait plutôt eu des relations de frère à sœur que de mari à femme&lt;ref&gt;Joseph Wood Krutch, ''Edgar Allan Poe: A Study in Genius'', p. 52.&lt;/ref&gt;. Plusieurs analystes, notamment [[Marie Bonaparte]], considèrent nombre des œuvres de Poe comme autobiographiques et en ont conclu que Virginia était morte vierge&lt;ref name=Hoffman27&gt;Daniel Hoffman, ''Poe Poe Poe Poe Poe Poe Poe'', p. 27.&lt;/ref&gt; parce qu’elle et son époux n’auraient jamais consommé leur union&lt;ref&gt;Claude Richard Jean-Marie Bonnet, &quot;[http://www.eapoe.org/pstudies/PS1960/P1968108.HTM Raising the Wind; or, French Editions of the Works of Edgar Allan Poe],&quot; ''Poe Newsletter'', vol. I, n° 1, avril 1968, p. 12.&lt;/ref&gt;. Cette interprétation se fonde souvent sur l’idée que Virginia serait représentée dans le personnage éponyme du poème ''Annabel Lee''&lt;ref name=Hoffman27/&gt;. Joseph Wood Krutch, également biographe de Poe, suggère que Poe n’a pas eu besoin des femmes « dans le sens dont les hommes normaux en ont besoin », mais seulement comme une source d’inspiration et de soin&lt;ref&gt;Joseph Wood Krutch, ''Edgar Allan Poe: A Study in Genius'', p. 54.&lt;/ref&gt;, et que Poe ne fut jamais intéressé sexuellement par les femmes&lt;ref&gt;Joseph Wood Krutch, ''Edgar Allan Poe: A Study in Genius'', p. 25.&lt;/ref&gt;. Des amis de Poe ont suggéré que le couple ne partagea pas le même lit au moins durant les deux premières années du mariage mais que, du jour où elle eut 16 ans, ils eurent une vie de couple « normale » jusqu’au début de sa maladie&lt;ref name=Sova53&gt;Dawn B. Sova, ''Edgar Allan Poe: A to Z'', p. 53.&lt;/ref&gt;.

Virginia et Poe formaient, selon tous les témoignages, un couple heureux et dévoué. Un temps employeur de Poe, [[George Rex Graham]] écrivit, au sujet de leurs relations : « Son amour pour sa femme était une sorte de culte ravi de l’esprit à la beauté »&lt;ref&gt;Ellis Paxson Oberholtzer, ''The Literary History of Philadelphia'', p. 299.&lt;/ref&gt;. Elle, de son côté, selon de nombreux récits contemporains, idolâtrait presque son époux&lt;ref&gt;Daniel Hoffman, ''Poe Poe Poe Poe Poe Poe Poe'', p. 318.&lt;/ref&gt;. Elle s’asseyait souvent à ses côtés, tandis qu’il écrivait, mettait de l’ordre dans ses stylos et pliait et adressait ses manuscrits&lt;ref&gt;Mary E. Phillips, ''Edgar Allan Poe: The Man'', p. 1183.&lt;/ref&gt;. Elle montra son amour pour Poe dans un poème [[acrostiche]] composé quand elle avait 23 ans, daté du [[14 février]] [[1846]] :
[[Image:VirginiaValentine.jpg|thumb|right|Poème de la Saint-Valentin écrit à la main par Virginia pour son époux]]
{| align=center cellpadding=5px cellspacing=0 border=0 style=&quot;background-color: #CCCCFF&quot;
|-
|
Ever with thee I wish to roam - &lt;br /&gt;
Dearest my life is thine. &lt;br /&gt;
Give me a cottage for my home &lt;br /&gt;
And a rich old cypress vine, &lt;br /&gt;
Removed from the world with its sin and care &lt;br /&gt;
And the tattling of many tongues. &lt;br /&gt;
Love alone shall guide us when we are there - &lt;br /&gt;
Love shall heal my weakened lungs; &lt;br /&gt;
And Oh, the tranquil hours we'll spend, &lt;br /&gt;
Never wishing that others may see! &lt;br /&gt;
Perfect ease we'll enjoy, without thinking to lend &lt;br /&gt;
Ourselves to the world and its glee - &lt;br /&gt;
Ever peaceful and blissful we'll be.&lt;ref&gt;Arthur Hobson Quinn, ''Edgar Allan Poe: A Critical Biography'', p. 497.&lt;/ref&gt; 
|-
|
| valign=bottom |
|}

===Scandale Osgood/Ellet===
[[Image:FannyOsgood.jpg|right|thumb|Frances Sargent Osgood]]
L’expression « tattling of many tongues » dans le poème de la Saint-Valentin écrit par Virginia fait référence à des incidents survenus à l’époque&lt;ref&gt;Sidney P. Moss, ''Poe's Literary Battles: The Critic in the Context of His Literary Milieu'', p. 214.&lt;/ref&gt;. En 1845, Poe engagea une amitié amoureuse avec [[Frances Sargent Osgood]], une poétesse mariée de 34 ans&lt;ref&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 280.&lt;/ref&gt;. Virginia était consciente de cette amitié et l’encouragea peut-être&lt;ref name=Meyers190&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 190.&lt;/ref&gt;. Elle invita souvent Osgood à leur rendre visite chez eux, considérant que la présence de cette femme plus âgée empêcherait de boire Poe, qui avait fait la promesse d’« arrêter de prendre des stimulants » et ne buvait jamais en présence d’Osgood&lt;ref&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 287.&lt;/ref&gt;.

À la même époque, une autre poétesse, Elizabeth F. Ellet, s’énamoura de Poe, jalousant Osgood&lt;ref name=Meyers190/&gt;. Bien que, dans une lettre à [[Sarah Helen Whitman]], Poe ait qualifié l’amour qu’elle lui vouait de « répugnant » et ait écrit qu’il ne « pourrait faire autrement que [le] repousser avec mépris », il publia plusieurs de ses poèmes dans le ''Broadway Journal'', dont il était le propriétaire&lt;ref&gt;Sidney P. Moss, ''Poe's Literary Battles : The Critic in the Context of His Literary Milieu'', p. 212.&lt;/ref&gt;. Mrs Ellet était connue comme un être indiscret et vindicatif&lt;ref&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 288.&lt;/ref&gt; ; comme elle visitait le ménage Poe à la fin de janvier [[1846]], elle aperçut l’une des lettres personnelles d’Osgood à Poe&lt;ref name=Meyers191&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 191.&lt;/ref&gt;. Selon Ellet, Virginia aurait souligné les « paragraphes inquiétants » de la lettre d’Osgood&lt;ref name=Moss213&gt;Sidney P. Moss, ''Poe's Literary Battles: The Critic in the Context of His Literary Milieu'', p. 213.&lt;/ref&gt;. Motivée soit par la jalousie soit par le désir de causer un scandale&lt;ref name=Moss213/&gt;, Ellet contacta Osgood et lui conseilla de prendre garde aux indiscrétions et de demander à Poe de lui retourner ses lettres&lt;ref name=Meyers191/&gt;. Osgood envoya alors [[Margaret Fuller]] et [[Anne Lynch Botta]] demander, en son nom, à Poe de lui renvoyer ses lettres. Irrité de leur intervention, Poe les qualifia de « mouches du coche » et affirma qu’Ellet ferait mieux de « s’occuper de ses ''propres'' lettres », suggérant une indiscrétion de sa part&lt;ref name=Silverman290&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 290.&lt;/ref&gt;. L’une des ces lettres comprend ces mots en mauvais allemand : « Ich habe einen Brief fur Sie—wollen Sie gefalligst heute lassen? »&lt;ref&gt;Sidney P. Moss, ''Poe's Literary Battles: The Critic in the Context of His Literary Milieu'', p. 219.&lt;/ref&gt; La deuxième partie se traduit par « Demande-le à sa résidence ce soir », une phrase qui se voulait probablement séduisante, mais que Poe avait ignorée ou n’avait pas comprise&lt;ref&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 289.&lt;/ref&gt;. Il rassembla alors ces lettres et les renvoya dans leurs foyers&lt;ref name=Meyers191/&gt;.

Furieuse d'avoir été mise en cause, et alors que toutes ces lettres lui aient été retournées, Ellet envoya son frère, le colonel William Lummis, demander à Poe la preuve de ce qu'il affirmait&lt;ref name=Silverman290/&gt;. Armé d'un pistolet, le colonel se lança à la recherche de Poe, menaçant de le tuer. Afin de se défendre, Poe demanda un pistolet à [[Thomas Dunn English]]&lt;ref name=Meyers191/&gt;. Auteur mineur, médecin et un juriste compétent, English était à la fois l'ami de Poe et de Mrs Ellet ; il refusa de croire Poe, quand celui-ci lui affirma que ces lettres avaient bien existé&lt;ref&gt;Richard P. Benton, [http://www.eapoe.org/papers/PSBBOOKS/PB19871C.HTM « Friends and Enemies: Women in the Life of Edgar Allan Poe »], ''Myths and Reality, Baltimore'', The Edgar Allan Poe Society of Baltimore, 1987&lt;/ref&gt;. Selon lui, la solution la plus facile pour sortir de cette situation fâcheuse « était un rétractation des charges infondées.&lt;ref&gt;Sidney P. Moss, ''Poe's Literary Battles: The Critic in the Context of His Literary Milieu'', p. 220.&lt;/ref&gt; » Vexé d’avoir été traité de menteur, Poe poussa English dans un pugilat. Par la suite, il se vanta d’être sorti triomphant de ce combat, bien que English clamât le contraire, et l'une des bagues d'English fit une vilaine coupure sur le visage de Poe&lt;ref name=Meyers191/&gt;. Poe affirmait ainsi : « J’ai donné à E. un coup de fouet dont il se souviendra jusqu’au jour de sa mort. » Quelle que soit la version exacte, ce combat a favorisé la diffusion de l’affaire Osgood&lt;ref&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 291.&lt;/ref&gt;.

Le mari d’Osgood intervint et menaça de poursuivre Ellet, à moins qu’elle ne présente des excuses officielles pour ses insinuations. Elle rétracta ses affirmations dans une lettre à Osgood, écrivant : « La lettre que me montra Mrs Poe devait être une contrefaçon » crée par Poe lui-même&lt;ref&gt;Sidney P. Moss, ''Poe's Literary Battles: The Critic in the Context of His Literary Milieu'', p. 215.&lt;/ref&gt;. Elle mettait ainsi tout le blâme sur Poe, suggérant que l’incident avait pour cause le fait que Poe était « intempérant et sujet à des actes de folie&lt;ref name=Silverman292&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p.292.&lt;/ref&gt;. » Ellet propagea la rumeur de la folie de Poe, qui fut reprise par les autres ennemis de Poe et rapportée dans la presse. Le ''Reveille'' de [[Saint-Louis]] signale : « Une rumeur circule à New York, affirmant que Mr. Edgar A. Poe, le poète et auteur, a l’esprit dérangé, et que ses amis sont sur le point de le confier aux soins du Dr. Brigham de la maison d’aliénés d’Utica »&lt;ref&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', 192&lt;/ref&gt;. Le scandale ne finit par s’éteindre que quand Osgood retourna auprès de son époux&lt;ref name=Silverman292/&gt;. Virginia, cependant, avait été très affectée par toute l’affaire. Elle avait reçu des lettres anonymes au sujet des supposées indiscrétions de son époux dès juillet 1845. Selon certains, Ellet était impliquée dans ces lettres, qui auraient eu tant d’effet sur Virginia que, sur son lit de mort, elle aurait affirmé que « Mrs. E. avait été son meurtrier »&lt;ref&gt;Sidney P. Moss, ''Poe's Literary Battles: The Critic in the Context of His Literary Milieu'', p. 213–214.&lt;/ref&gt;.

===Maladie===
[[Image:VirginiaPoeBedroom.jpg|thumb|right|Virginia Poe a enduré les derniers stades de sa maladie dans le cottage des Poe dans le Bronx, à New York. Sa chambre, qui a été préservée.]]
À cette époque, Virginia avait développé la [[tuberculose]], dont les premiers signes étaient apparus lors d’un incident advenu au milieu de janvier [[1842]]. Comme elle chantait et jouait du piano, Virginia avait commencé à cracher du sang, bien que Poe ait cru alors qu’elle avait simplement « rompu un vaisseau sanguin »&lt;ref&gt;Kenneth Silverman, A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 179.&lt;/ref&gt;. Sa santé déclina, et elle devint invalide, ce qui plongea Poe dans une profonde dépression, d’autant qu’elle montrait parfois des signes d’amélioration. Dans une lettre à son ami John Ingram, Poe a décrit les résultats sur son état mental :
&lt;blockquote&gt;« Chaque fois, j’ai senti toutes les agonies de sa mort &amp;mdash; et à chaque retour du désordre je l’ai aimée plus chèrement et me suis accroché à sa vie avec l’obstination la plus désespérée. Mais ma constitution est devenue sensible &amp;mdash; nerveuse à un degré très rare. Je suis devenu fou, avec de longs intervalles d’une horrible santé mentale »&lt;ref&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 208: « Each time I felt all the agonies of her death&amp;mdash;and at each accession of the disorder I loved her more dearly &amp; clung to her life with more desperate pertinacity. But I am constitutionally sensitive&amp;mdash;nervous in a very unusual degree. I became insane, with long intervals of horrible sanity. »&lt;/ref&gt;.&lt;/blockquote&gt;

La mauvaise santé de Virginia peut avoir été à l’origine des déplacements de la famille Poe, dans l’espoir de trouver un environnement plus sain pour elle. Ils déménagèrent à plusieurs reprises dans [[Philadelphie]] au début des [[années 1840]], leur dernière demeure dans cette ville étant celle qui est conservée comme Site historique national Edgar Allan Poe à Spring Garden&lt;ref name=Silverman183&gt;Kenneth Silverman, A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 183.&lt;/ref&gt;. Dans cette maison, Virginia se sentait assez bien pour entretenir un parterre de fleurs&lt;ref&gt;Arthur Hobson Quinn, ''Edgar Allan Poe: A Critical Biography'', p. 385.&lt;/ref&gt; et distraire des visiteurs en jouant de la harpe ou du piano et en chantant&lt;ref&gt;Ellis Paxson Oberholtzer, ''The Literary History of Philadelphia'', p. 287.&lt;/ref&gt;. La famille s’installa ensuite à [[New York]], peut-être au début d’avril [[1844]], faisant le voyage en train et en vapeur. Virginia attendait à bord du navire tandis que son époux réservait une place dans une pension sur Greenwich Street&lt;ref&gt;Kenneth Silverman, A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 219–220.&lt;/ref&gt;. Au début de [[1846]], une amie de la famille, Elizabeth Oakes Smith, dit que Virginia aurait admis : « Je sais que je mourrai bientôt ; je sais que je ne peux bien me porter ; mais je veux être aussi heureuse que possible, et rendre Edgar heureux »&lt;ref&gt; Mary E. Phillips, ''Edgar Allan Poe: The Man'', p. 1098.&lt;/ref&gt;. Elle promit à son mari qu’après sa mort, elle serait son ange gardien&lt;ref&gt;Kenneth Silverman, A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 301.&lt;/ref&gt;.

En mai [[1846]], la famille (Poe, Virginia et sa mère Maria) s’installa dans un petit cottage de Fordham, à quelques quatorze [[mile]]s de New York&lt;ref&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 322.&lt;/ref&gt;, une demeure qui est toujours debout actuellement. Dans l’unique lettre de Poe à Virginia que nous conservions, datée du [[12 juin]] [[1846]], il lui recommanda vivement de demeurer optimiste: « Préservez votre cœur de tout désespoir, et gardez confiance un peu plus longtemps.&lt;ref&gt;« Keep up your heart in all hopelessness, and trust yet a little longer. »&lt;/ref&gt; » Au sujet de la perte récente du ''Broadway Journal'', le seul magazine que Poe ait jamais possédé, il dit : « Je devrais avoir perdu mon courage ''mais pour vous''&amp;mdash;ma chère petite femme vous êtes maintenant mon ''plus grand'' et ''unique'' stimulus pour lutter avec cette vie désagréable, insatisfaisante et ingrate.&lt;ref name=Meyers203&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 203 : « I should have lost my courage ''but for you''&amp;mdash;my darling little wife you are my ''greatest'' and ''only'' stimulus now to battle with this uncongenial, unsatisfactory and ungrateful life. »&lt;/ref&gt; » Mais, en novembre de la même année, la situation de Virginia semblait désespérée&lt;ref name=Silverman323 /&gt;. Les symptômes comprenaient un appétit irrégulier, des joues rouges, un pouls instable, des sueurs nocturnes, une forte fièvre, des refroidissements soudains, un essoufflement, des douleurs de poitrines, des toux et le crachat de sang&lt;ref name=Meyers203&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 203. &lt;/ref&gt;.

[[Nathaniel Parker Willis]], ami de Poe et éditeur influent, aida à faire publier une annonce le [[30 décembre]] [[1846]], requérant de l’aide en faveur de la famille, bien que les faits décrits ne soient pas entièrement exacts&lt;ref name=Meyers202&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 202.&lt;/ref&gt; :
{{quote|Maladie d’Edgar A. Poe. &amp;mdash;Nous sommes au regret d’apprendre que ce gentleman et son épouse sont très dangereusement victims de consomption, et que la main de l’infortune pèse lourdement sur leurs affaires temporelles. Nous sommes désolés de mentionner le fait qu’ils sont si diminués qu’ils n’ont plus les moyens d’obtenir le nécessaire pour vivre. Ce ci est, en effet, un dur lot, et nous avons espoir que les amis et admirateurs de Mr. Poe viendront promptement à son secours en cette heure des plus amères où le beoin se fait sentir&lt;ref name=Silverman324&gt;Kenneth Silverman, A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 324 : « Illness of Edgar A. Poe. &amp;mdash;We regret to learn that this gentleman and his wife are both dangerously ill with the consumption, and that the hand of misfortune lies heavily on their temporal affairs. We are sorry to mention the fact that they are so far reduced as to be barely able to obtain the necessaries of life. That is, indeed, a hard lot, and we do hope that the friends and admirers of Mr. Poe will come promptly to his assistance in his bitterest hour of need. »&lt;/ref&gt;.}}

Willis, qui n’avait pas correspondu avec Poe depuis deux ans et avait, entretemps, perdu sa propre épouse, était à l’époque l’un de ses plus grands partisans. Il envoya à Poe et à son épouse un livre de Noël inspiré, ''L’Anneau de mariage, ou Comment rendre un foyer heureux''&lt;ref name=Silverman324/&gt;.

L’annonce était semblable à celle qui avait été publiée en faveur de la mère de Poe, Eliza, durant les dernières phases de sa tuberculose&lt;ref name=Meyers202/&gt;. D’autres journaux reprirent l’information : « Grand Dieu ! », s’émut l’un d’eux, « est-il possible que le monde littéraire de l’Union, laisse le pauvre Poe périr de famine et sombrer dans la mendicité à New York? Comme nous sommes amenés à le penser, au vu des fréquents avis parus dans la presse, indiquant que Poe et son épouse ont sombré dans un lit de misère, de mort et de maladie, avec pas un ducat au monde.&lt;ref name=Silverman324/&gt; » Le ''Saturday Evening Post'' affirma que Virginia était dans une situation désespérée et que Poe était dans le besoin : « Il a été dit qu’Edgar A. Poe est alité avec une fièvre du cerveau menaçante, et que son épouse est dans les derniers stades de la consomption&amp;mdash;ils sont sans argent et sans amis.&lt;ref&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 203.&lt;/ref&gt; » Même [[Hiram Fuller]], que Poe avait poursuivi en justice pour diffamation, tenta dans le ''New York Mirror'' de recueillir des soutiens en faveur de Poe et de son épouse : « Nous, avec qui il s’est querellé, prendrons la tête », écrivit-il&lt;ref name=Silverman324/&gt;.

Au moment de mourir, Virginia demanda à sa mère : « Chère... vous consolerez et prendrez soin de mon pauvre Eddy &amp;mdash; vous ne le quitterez ''jamais, jamais''?&lt;ref&gt;Kenneth Silverman, ''A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 420.&lt;/ref&gt; » Vers cette époque, la famille reçut de nombreux visiteurs, notamment une vieille amie du nom de Mary Starr. À un moment donné, Virginia mit la main de Starr dans celle de Poe et lui demanda d’« être une amie pour Eddy, et de ne pas l’abandonner »&lt;ref name=Silverman326/&gt;. Virginia fut soignée par Marie Louise Shew, une femme de 25 ans. Shew, qui avait servie comme infirmière, connaissait des rudiments de medicine par son père et son époux, l’un et l’autre médecins&lt;ref&gt;Dawn B. Sova, ''Edgar Allan Poe: A to Z'', p. 218.&lt;/ref&gt;. Elle fournit à Virginia une [[Couette (literie)|couette]], son unique couverture étant la vieille capote militaire de Poe. Elle lui fournit également des bouteilles de vin, que l’invalide but « en souriant, meme quand il avait du mal à passer »&lt;ref name=Silverman326&gt;Kenneth Silverman, ''A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 326.&lt;/ref&gt;. Enfin, Virginia montra à Poe une lettre de la seconde épouse de son beau-père, John Allan, qu’elle lui avait toujours cachée&lt;ref&gt;Arthur Hobson Quinn, ''Edgar Allan Poe: A Critical Biography'', p. 527.&lt;/ref&gt;, et dans laquelle elle laissait entendre qu’elle était à l’origine de la rupture entre Allan et Poe&lt;ref name=Silverman326/&gt;.

===Décès===
[[Image:Poe's grave Baltimore MD.jpg|thumb|left|Borne du Mémorial à Virginia Clemm, Maria Clemm et Edgar Allan Poe à Baltimore, Maryland]]
Le [[29 janvier]] [[1847]], Poe écrivit à Marie Louise Shew : « Ma pauvre Virginia vit toujours, bien qu’elle s’affaiblisse rapidement et qu’elle endure maintenant de grandes souffrances.&lt;ref name=Meyers206&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 206.&lt;/ref&gt; »
Virginia mourut le lendemain, [[30 janvier]] [[1847]]&lt;ref&gt;Joseph Wood Krutch, ''Edgar Allan Poe: A Study in Genius'', p. 169.&lt;/ref&gt;, après cinq jours d’agonie. Shew l’aida à organiser ses funérailles, prenant à sa charge le cercueil. Shew aurait également peint l’unique portrait de Virginia, une aquarelle réalisée après sa mort&lt;ref name=Silverman327&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 327.&lt;/ref&gt;. L’avis de décès parut dans plusieurs journaux. Le {{1er février}}, le ''Daily Tribune'' de New York et le ''Herald'' publient ce simple faire-part : « Le samedi, le 30 du mois dernier, de consomption pulmonaire, en la 25{{e}} année de sa vie, VIRGINIA ELIZA, épouse d’EDGAR A. POE. »&lt;ref name=&quot;Silverman326&quot;&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 326.&lt;/ref&gt;. Les funérailles eurent lieu le [[2 février]] [[1847]]&lt;ref name=Meyers206/&gt;. Dans l’assistance se trouvaient Nathaniel Parker Willis, Ann S. Stephens et l’éditeur [[George Pope Morris]]. Poe refusa de regarder le visage de son épouse morte, disant qu’il préférait se souvenir d’elle vivante&lt;ref&gt;Mary E. Phillips, ''Edgar Allan Poe: The Man'', p. 1203.&lt;/ref&gt;. Bien qu’elle repose aujourd’hui à Westminster Hall and Burying Ground, Virginia fut dans un premier temps inhumée dans un caveau appartenant à la famille Valentine, à qui les Poe louaient le cottage de Fordham&lt;ref name=Silverman327/&gt;.

En [[1875]], la même année que celle où le corps de Virginia fut réinhumé, le cimetière dans lequel elle reposait fut détruit et ses restes furent presque oubliés. L’un des premiers biographes de Poe, William Gill rassembla les os et les conserva dans une boîte conservée sous son lit&lt;ref&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 263.&lt;/ref&gt;. L’histoire de Gill fut rapportée dans le ''Boston Herald'' vingt sept ans après l’événement : il expliqua qu’il avait visité le cimetière de Fordham en [[1883]] au moment exact où le sacristain Dennis Valentine saisissait les os de Virginia dans sa pelle, près à les jeter comme non-réclamés. Poe lui-même était mort en [[1849]]. Aussi Gill récupéra-t-il les os de Virginia et décida-t-il, au terme d’une correspondance avec Neilson Poe et John Prentiss Poe, de ramener à Baltimore la boîte, afin qu’ils soient déposés à la gauche de Poe dans un petit coffret en bronze&lt;ref name=Miller&gt;John C. Miller, « [http://www.eapoe.org/pstudies/ps1970/p1974204.htm The Exhumations and Reburials of Edgar and Virginia Poe and Mrs. Clemm] », dans ''Poe Studies'', vol. VII, n° 2, décembre 1974, p. 47.&lt;/ref&gt;. Les restes de Virginia furent finalement inhumés avec ceux de son époux le [[19 janvier]] [[1885]]&lt;ref&gt;Mary E. Phillips, ''Edgar Allan Poe: The Man'', p. 1205.&lt;/ref&gt;&amp;mdash;le soixante-seizième anniversaire de la naissance de Poe et près de dix ans après l’érection du monument à sa mémoire. Le même homme qui avait servi comme sacristain lors de l’inhumation originelle, de l’exhumation et de la réinhumation de Poe assistait aux rites qui accompagnèrent le transfert de ses cendres auprès de Virginia et de la mère de Virginia, Maria Clemm&lt;ref name=Miller/&gt;.

==Apparence==
Les descriptions de Virginia sont diverses. Pour d'aucuns, elle avait les cheveux noirs et les yeux violets, avec la peau si pâle qu’on l'a décrite comme un « pur blanc »&lt;ref&gt;Joseph Wood Krutch, ''Edgar Allan Poe: A Study in Genius'', p. 55–56.&lt;/ref&gt;, lui faisant un « mauvais teint qui gâtait son aspect »&lt;ref name=Silverman82/&gt;. Un visiteur de la famille Poe a noté que « le teint de rose de ses joues était trop brillant », peut-être un symptôme de sa maladie&lt;ref&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 182.&lt;/ref&gt;. Un autre visiteur de Fordham a écrit : « Mrs. Poe paraissait vraiment jeune ; elle avait de grands yeux noirs, et une blancheur nacrée de teint, qui était d’une pâleur parfaite. Son visage pâle, ses yeux brillants et ses cheveux de jais lui donnaient un air surnaturel »&lt;ref&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 204.&lt;/ref&gt;. Cet air surnaturel fut signalé par d’autres témoins, selon lesquels elle n’avait pas apparence humaine&lt;ref name=Krutch56&gt; Joseph Wood Krutch, ''Edgar Allan Poe: A Study in Genius'', p. 56.&lt;/ref&gt;. William Gowans, qui logea un temps dans la famille, décrivit Virginia comme une femme d’« une beauté et d’un charme incomparables, son œil pourraient égaler celui de n’importe quelle [[houri]], et son visage défier le génie à imiter d’un [[Antonio Canova|Canova]] »&lt;ref&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 92–93.&lt;/ref&gt;. Elle peut avoir été un peu potelée&lt;ref name=Krutch56/&gt;. On retrouve, dans de nombreux témoignages contemporains et parmi plusieurs biographes modernes, des remarques sur son aspect enfantin, y compris dans les dernières années de sa vie&lt;ref name=Meyers206/&gt;{{,}}&lt;ref name=Krutch56/&gt;{{,}}&lt;ref name=Sova52/&gt;. Un jour, Poe écrivit à un ami : « Je ne vois personne parmi les vivants d’aussi beau que ma petite femme.&lt;ref&gt;Mary E. Phillips, ''Edgar Allan Poe: The Man'', p. 1184.&lt;/ref&gt; »

===Portrait===
Il n’existe qu’un seul portrait connu de Virginia, réalisé sur son lit de mort, à la suite de son décès&lt;ref name=Sova52/&gt;. Quelques heures après sa mort, Poe réalisa qu’il n’avait aucun portrait de Virginia et commanda une [[aquarelle]]&lt;ref name=Meyers206/&gt;. Elle apparaît avec le « beau lin » dont Mrs Shew disait l’avoir parée&lt;ref name=Phillips1203&gt; Mary E. Phillips, ''Edgar Allan Poe: The Man'', p. 1203.&lt;/ref&gt;, un léger double menton et des yeux noisette&lt;ref name=Meyers206/&gt;. Le portrait est ensuite passé dans la famille de Joséphine, la demi-sœur de Virginia, épouse de Neilson Poe&lt;ref name=Phillips1203/&gt;.

==Impact et influence sur Poe==
[[Image:Poecottage-without-vicinity.jpg|thumb|right|250px|Cottage des Poe à Fordham]]
La mort de Virginia eut un grand impact sur Poe. Après cela, il fut plongé pendant plusieurs mois dans une profonde tristesse. Un ami dit de lui : « La perte de son épouse fut un triste coup pour lui. Il ne semblait plus se soucier, après qu’elle s’en fut allée, s’il vivait une heure, un jour, une semaine ou une année ; elle était tout ce qu’il avait.&lt;ref&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 207.&lt;/ref&gt; » Un an après sa mort, il écrivit à un ami qu’il avait connu la plus grande douleur qu’un homme puisse éprouver quand, dit-il, « une épouse, que j’aimais comme aucun homme n’avait aimé auparavant », avait disparu&lt;ref name=Sova53/&gt;. Pendant que Virginia luttait toujours pour se remettre, Poe avait sombré dans l’alcool après une période de complète abstinence. La fréquence avec laquelle il buvait et l’importance de sa consommation sont des questions controversées, qui ont fait l’objet de débats autant du vivant de Poe que parmi les biographes modernes&lt;ref name=Silverman183/&gt;{{,}}&lt;ref&gt;Thomas Poulter, [http://www.usna.edu/EnglishDept/poeperplex/alcoholp.htm Edgar Allan Poe and Alcohol], consulté le 2 mars 2008.&lt;/ref&gt;. Poe considérait sa réaction émotionnelle à la maladie de sa femme comme sa propre maladie et qu’il en trouvait le remède « dans la ''mort'' de ma femme. Cela, je peux et parviens à le supporter comme il sied à un homme &amp;mdash; c’était l’horrible oscillation incessante entre espoir et désespoir que je n’aurais ''pas'' pu supporter plus longtemps sans perdre complètement la raison.&lt;ref&gt;Sidney P. Moss, ''Poe's Literary Battles: The Critic in the Context of His Literary Milieu'', p. 233.&lt;/ref&gt; »

Poe visitait régulièrement la tombe de Virginia. Comme l’écrivit son ami Charles Chauncey Burr : « Après la mort de son épouse bien-aimée, on le trouva à maintes reprises, à l’heure morte d’une nuit d’hiver, assis près de sa tombe presque gelé dans la neige.&lt;ref&gt;Mary E. Phillips, ''Edgar Allan Poe: The Man'', p. 1206.&lt;/ref&gt; » Peu après la mort de Virginia, Poe courtisa de nombreuses autres femmes, en particulier Nancy Richmond de [[Lowell (Massachusetts)]], [[Sarah Helen Whitman]] de [[Providence (Rhode Island)]] et son amour d’enfance [[Sarah Elmira Royster]] de Richmond. Toutefois, Frances Osgood, à qui Poe avait également tenté de faire la cour, pensait « que [Virginia] était la seule femme qu’il ait jamais aimée.&lt;ref&gt;Joseph Wood Krutch, ''Edgar Allan Poe: A Study in Genius'', p. 57.&lt;/ref&gt; »

===Références en littérature===
Nombre des œuvres de Poe ont été interprétées comme partiellement autobiographiques, et plusieurs sont considérées comme le reflet de la longue lutte de Virginia contre la tuberculose et sa possible mort. L’œuvre qui a fait le plus débat est ''Annabel Lee''. On considère souvent que ce poème, qui décrit un jeune mariée défunte et son amant en deuil, aurait été inspiré par Virginia, bien que d’autres femmes, qui ont traversé le vie de Poe, puissent être des candidates potentielles, comme Frances Sargent Osgood&lt;ref&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 244.&lt;/ref&gt; ou Sarah Helen Whitman&lt;ref&gt;Dawn B. Sova, ''Edgar Allan Poe: A to Z'', p. 12.&lt;/ref&gt;. Un poème similaire, ''Ulalume'', est également considéré comme un tribut à la mémoire de Virginia&lt;ref&gt;Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', p. 211.&lt;/ref&gt;, de même que ''Lenore'', dont le personnage éponyme est décrit comme « la plus ravissante morte qui jamais mourut si jeune !&lt;ref&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 202.&lt;/ref&gt; »

Virginia apparaîtrait également dans la prose de Poe. Le conte ''Eleonora'' (1842) &amp;mdash; qui décrit un narrateur s’apprêtant à épouser sa cousine, avec laquelle il vit, ainsi que la mère de celle-ci &amp;mdash; ferait ainsi référence à la maladie de Virginia. Quand Poe l’écrivit, les premiers signes du mal qui devait emporter son épouse venaient à peine de se manifester&lt;ref&gt;Dawn B. Sova, ''Edgar Allan Poe: A to Z'', p. 78.&lt;/ref&gt;. C’est peu après que le couple rejoignit en bateau à New York et que Poe publia ''La Caisse oblongue'' (1844). Cette histoire, qui évoque un homme portant le deuil de sa jeune épouse défunte alors qu’il transporte son corps en bateau, semble suggérer que Poe avait le sentiment de la mort prochaine de Virginia. Comme le navire sombre, le mari préfère mourir plutôt que d’être séparé du corps de sa femme&lt;ref&gt;Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', p. 228–229.&lt;/ref&gt;. Le conte ''Ligeia'', dont le personnage éponyme endure une agonie lente et traînante, aurait également été inspiré par Virginia&lt;ref&gt;Daniel Hoffman, ''Poe Poe Poe Poe Poe Poe Poe'', p. 255–256.&lt;/ref&gt;. Après sa mort, Poe fit rééditer ''Metzengerstein'', le premier des contes qu’il ait publiés, dont il supprima notamment cette phrase du narrateur : « Je souhaiterais que tout ce que j’aime périsse de cette douce maladie.&lt;ref name=Meyers206/&gt; » La supposée folie de Poe durant la maladie de sa femme se refléterait également dans les [[protagoniste]]s narrateurs du ''Cœur révélateur'', du ''Chat noir'' et de ''La Barrique d’Amontillado''&lt;ref name=Sova53/&gt;.

==Notes et références==
{{reflist|3}}

==Sources==
*{{Traduction/Référence|en|Virginia Eliza Clemm Poe|209241600}}
*Daniel Hoffman, ''Poe Poe Poe Poe Poe Poe Poe'', Baton Rouge, Louisiana State University Press, 1972 {{ISBN|0807123218}}.
*Joseph Wood Krutch, ''Edgar Allan Poe: A Study in Genius'', New York, Alfred A. Knopf, 1926.
*Jeffrey Meyers, ''Edgar Allan Poe: His Life and Legacy'', Cooper Square Press, 1992 {{ISBN|0684193701}}.
*Sidney P. Moss, ''Poe's Literary Battles: The Critic in the Context of His Literary Milieu'', Southern Illinois University Press, 1969.
*Ellis Paxson Oberholtzer, ''The Literary History of Philadelphia'', Philadelphie, George W. Jacobs &amp; Co., 1906 {{ISBN|1932109455}}.
*Mary E. Phillips, ''Edgar Allan Poe: The Man'', Chicago, The John C. Winston Company, 1926. 
*Arthur Hobson Quinn, ''Edgar Allan Poe: A Critical Biography'', Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 1998 {{ISBN|0801857309}}.
*Kenneth Silverman, ''Edgar A. Poe: Mournful and Never-ending Remembrance'', New York, Harper Perennial, 1991 {{ISBN|0060923318}}.
*Dawn B. Sova, ''Edgar Allan Poe: A to Z'', New York, Checkmark Books, 2001 {{ISBN|081604161X}}.

==Liens externes==
*{{en}} [http://www.eapoe.org/people/poevc.htm Virginia Clemm Poe] sur le site de la Edgar Allan Poe Society
*{{en}} [http://www.eapoe.org/geninfo/poegnlgy.htm Arbre généalogique des Poe] sur le site de la Edgar Allan Poe Society
*{{en}} [http://www.poemuseum.org/poes_life/family_tree.html Vie de Poe : l'arbre généalogique] sur PoeMuseum.org
*{{en}} [http://www.10thhousepress.com/virginia2.html ''Virginia Clemm: The Myth of Sissy'', essai de Cynthia Cirile]

{{Portail|littérature|États-Unis}}

{{DEFAULTSORT:Poe, Virginia}}
[[Catégorie:Naissance en 1822]]
[[Catégorie:Décès en 1847]]
[[Catégorie:Edgar Allan Poe]]
[[Catégorie:Personnalité féminine américaine]]

{{Lien AdQ|en}}

[[en:Virginia Eliza Clemm Poe]]
[[es:Virginia Eliza Clemm]]
[[pt:Virginia Eliza Clemm Poe]]</text>
    </revision>
  </page>