Wilhelm Kube
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2008-07-03T21:08:20Z
Maffemonde
194453
/* Kube et les Juifs allemands */
{{Infobox Personnalité militaire
| nom =Wilhelm Kube
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| datedenaissance =[[13 novembre]] [[1897]]
| lieudenaissance =[[Glogau]] ([[Allemagne]])
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| datededeces =[[23 septembre]] [[1943]],
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| paysdorigine ={{Allemagne (1933)}}
| allegeance =[[Parti national-socialiste des travailleurs allemands|NSDAP]]
| grademilitaire =SS-{{lang|de|[[Rottenführer]]''}}
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| annéedebutdecarriere =[[1924]]
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'''Wilhelm Kube''', né le {{date|13|novembre|1887||1}} à [[Glogau]] en [[Silésie (province)|Silésie]] et mort le {{date|23|septembre|1943||1}} à [[Minsk]] en [[Biélorussie]], était un homme politique [[nazisme|nazi]], député au [[Reichstag (république de Weimar)|Reichstag]], [[Gauleiter]] du [[Brandenbourg]], puis Commissaire général pour la [[Biélorussie]], et à ce titre responsable du [[Ghetto]] de [[Minsk]] et de sa liquidation.
== Un nazi de la première heure ==
Kube suit des études d'[[histoire]], de [[théologie]] et d'[[économie]], pendant lesquelles il est très actif dans le [[Mouvement völkisch]]. Il adhère très tôt au [[Parti national-socialiste des travailleurs allemands|parti nazi]] ; en 1924, il est un des rares députés nazis au [[Reichstag (république de Weimar)|Reichstag]]. Il devient vite un dignitaire du parti et est nommé Gauleiter du [[Brandebourg]] en 1928 ; il joue également un rôle important dans l'assemblée du Land de [[Prusse]]. En 1939, son autorité s'étend sur [[Danzig]] et sur le [[Reichsgau Wartheland|Wartheland]]. Soupçonné de détournements de fonds, il se voit privé de toutes ses charges.
Son engagement fervent parmi les nazis ne l'empêche pas de reste un chrétien convaincu. Il joue un rôle central dans la création et de le développement du ''Deutsche Cristen'', les chrétiens allemands, une organisation nazie aux sein des Églises protestantes. Kube affirme lui-même que son but est « de prendre le contrôle de Églises », de « prendre les Églises par la main »<ref>Richard Steigmann-Gall, ''The Holy Reich Nazi Conceptions of Christianity, 1919-1945'', Cambridge University Press, 2003, p. 71</ref>. Mais, ce protestant sincère est convaincu que le national-socialisme sert les intérêts des Églises protestantes allemandes. Kube s'oppose à la signature d'un concordat entre l'Église luthérienne de Prusse et le Land de Prusse parce que le président de ce dernier est un socialiste. Il refuse qu'une communauté chrétienne soit placée sous l'influence d'un gouvernement d'inspiration marxiste<ref>Richard Steigmann-Gall, p. 72</ref>. Il est élu surintendant de l'[[Luthéranisme|Eglise luthérienne]] de Berlin-Brandebourg en 1932. Après l'arrivée d'Hitler au pouvoir, il contribue à la « nazification » des Églises protestantes<ref>Biographical information from Ernst Klee, Das Personen-lexikon zum Dritten Reich (Fischer Verlag 2005), p 346 </ref>. Kube rejoint la [[Schutzstaffel]] (SS) en 1934 avec le grade de [[Rottenführer]]. En 1940, il est brièvement affecté à [[Dachau]]. Après avoir été réhabilité, en juillet 1941, il est nommé commissaire général de [[Biélorussie]].
== Kube et les Juifs allemands ==
A [[Minsk]], à la fin de 1941, l'arrivée de Juifs allemands suscite une correspondance entre Kube et les autorités du Reich. Kube écrit d'abord à [[Hinrich Lohse]] à titre personnel. Il indique que {{formatnum:6000}} à {{formatnum:7000}} Juifs allemands sont arrivés et qu'il ne sait pas ce qu'il est advenu des {{formatnum:17000}} autres. Parmi les juifs allemands, certains ont été décorés de la croix de guerre ou sont des demi-aryens. Kube, antisémite notoire, pense que ces juifs allemands sont plus qualifiés que les Juifs russes et qu'ils sont cinq fois plus productifs qu'eux. Il constate qu'ils sont aussi beaucoup plus propres, mais qu'ils vont mourir de froid, de faim et d'épidémies<ref>Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Tome 1, Folio/histoire, 2006 p 636</ref>.
Il poursuit en disant : « Des gens qui viennent de notre milieu culturel sont certainement autre chose que les hordes indigènes bestiales. Doit-on charger du massacre les Lituaniens et les Lettons... Je ne le pourrais pas »<ref>Raul Hilberg, T.1, p 637</ref>. Cette lettre, qui émet une différence entre les Juifs allemands et les Juifs russes, rapprochant les premiers du peuple allemand remet en cause l'idéologie nazie dans un de ses fondements, à savoir l'inégalité des races. En fait, Kube est soucieux de productivité économique. Il lutte pied à pied avec les SS pour garder sa main d'oeuvre juive qualifiée avec le soutien de son supérieur Lohse, commissaire de l'Ostland<ref>Raul Hilberg, p 655</ref>. Le 30 octobre 1941, il est averti que le 11ème bataillon de police de réserve s'apprête à massacrer les juifs de Minsk<ref>Raul Hilberg, T. 1, p 681</ref>. Malgré ses efforts pour préserver les Juifs allmeands qualifés qu'il juge indispensable à la production de guerre, la police encercle le ghetto, massacre les Juifs, enterre même les bléssés dont certaines parviennent à ramper hors de leur tombe, et vandalise les ateliers où ils travaillaient<ref>Raul Hilberg, T. 1, p 680</ref>. Kube entre alors dans une colère noire. Il envoie un rapport sévère à son supérieur Lohse avec une copie à Rosenberg. Il trouve répugnant le fait d'enterrer de blessés qui peuvent ensuite sortir de leur tombe et demande qu'on en informe Göring et Hitler. Rosenberg répond que les problèmes économiques ne doivent pas être pris en compte dans la question juive<ref>Raul Hilberg, T. 1, p 681</ref>. Kube sait qu'il a perdu la partie. Comme tous les administrateurs civils de Biélorussie, il dresse à partir de janvier 1942 la liste des Juifs irremplaçables pour l'industrie, accélère la formation des non-juifs<ref>Raul Hilberg, T. 1, p 682²</ref>.
Le 2 mars 1942, Kube soustrait les Juifs allemands à un massacre conduit par le [[Sturmbannführer]] Eduard Strauch dutant lequel 3400 Juifs du ghetto sont tués<ref>Helmut Heiber, "Aud den Akten des Gauleiters Kube," Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte 4 (1956): 87.</ref>. Il participe pourtant au massacre et est personnellement impliqué dans le meurtre d'un groupe d'enfants de l'orphelinat de la rue Shpalerna<ref>M. Gilbert, "The Holocaust", Fontana/Collins, 1987, p. 297. </ref>. Ils sont emmenés rue Ratomskaya et jetés vivants dans un puits profond. Kube arrive et jette des poignées de bonbons aux enfants terrifiés. Puis tous sont tués<ref>[http://www.encyclopedie.bseditions.fr/article.php?pArticleId=69&pChapitreId=8098&pArticleLib=Les+massacres+de+1942+%5BLe+ghetto+de+Minsk%5D Les massacres de 1942], consulté le 24 juin 2008</ref>. En juin 1942, le Regierungsrat Trampedach écrit à Kube pour lui signifier que la valeur économique d'un juif est inférieur au danger potentiel qu'il représente comme éventuel soutien aux partisans soviétiques. Kube effectue alors une révision de sa liste de travailleurs juifs pour écarter ceux qui ne sont pas absolument nécessaires à l'économie de la région<ref>Raul Hilberg, T. 1, p 683</ref>.
Son attitude envers les Juifs du Reich lui vaut pourtant une plainte des SS à son encontre, une sévère réprimande d'[[Reinhard Heydrich|Heydrich]]. Kube, soucieux de sa carrière, se soumet sans réserve aux directives de ses supérieurs<ref>Gerald Fleming, Hitler and the Final Solution. Berkeley: University of California Press. 1987. pp. 116 - 119 </ref>. Le 31 juillet 1942, il écrit depuis Minsk à Lohse : {{citation| ... nous avons liquidé au cours des dix dernières semaines environ {{formatnum:55000}} Juifs en Biélorussie [...] À Minsk, approximativement {{formatnum:10000}} Juifs ont été liquidés les 28 et 29 juillet, dont {{formatnum:6000}} Juifs russes, en majorité des personnes âgées, des femmes et des enfants; le reste composé de Juifs inaptes au travail. La plus grande partie d’entre eux avait été déportée à Minsk en novembre dernier, par ordre du Führer, de Vienne, Brünn, Brême et Berlin}}<ref>Rapport de Kube à Lohse du 31 juillet 1942. Traduit d’après le texte original en Allemand, Tribunal Militaire International de Nuremberg, Procès des grands criminels de guerre devant le tribunal militaire international : Nuremberg, 24 novembre 1945 - 1er octobre 1946, tome XXXII, Doc. PS-3248, p. 280.</ref>. Il continue à exprimer son espoir que les juifs de la Biélorussie soient complètement liquidés dès que la Wehrmacht n'aurait plus eu besoin de leur force de travail.
== La controverse Kube-Strauch ==
Le 20 juillet 1943, Strauch arrête 70 Juifs travaillant au service de Kube et les exécute. Kube s'emporte alors contre Strauch l'accusant de sadisme et de barbarie, d'avoir un comportement indigne de l'Allemagne de [[Goethe]] et de [[Kant]]. Il reproche aux SS d'avoir donné au monde par leurs agissements une image catastrophique. Il soutient même que les SS de Strauch ont une une satisfaction sexuelle à assassiner les Juifs<ref>Memorandum complet de Strauch, 20 juillet, 1943, NO-4317. On teeth extractions, see report by prison warden Guenther to Kube, May 31, 1943, R-135</ref>. Les récriminations de Kube ne sont pas motivées par des considérations humanitaires, mais il estime plutôt que ces « actions » des SS et de la police ont été faites sans son approbation et qu’elles ont ainsi affaibli son autorité. Il fait du meurtre de ces Juifs travaillant pour la Wehrmacht une insulte personnelle. Cinq jours plus tard, Strauch envoie un mémorandum à l'''Obergruppenführer'' von dem Bach recommandant que Kube soit relevé de ses fonctions. Strauch décrit le comportement "indigne" de Kube: il a serré la main à un juif qui avait extrait sa voiture d'un garage en feu; il a admis aimer la musique de [[Mendelssohn]] et d'[[Offenbach]], il affirme qu’« il y avait des artistes parmi les juifs »; il a promis la vie sauve à {{formatnum:5000}} juifs allemands expulsés à Minsk<ref>[http://www.encyclopedie.bseditions.fr/article.php?pArticleId=69&pChapitreId=8099&pArticleLib=La+controverse+Kube+%96+Strauch+%5BLe+ghetto+de+Minsk%5D La controverse Kube – Strauch], consulté le 24 juin 2008</ref>. [[Alfred Rosenberg|Rosenberg]] décide d'envoyer à Minsk le ''Staatssekretär'' [[Kurt Meyer|Meyer]] pour adresser à Kube un sévère avertissement.
Kube est tué dans un attentat le 23 septembre 1943. Une jeune femme, Yelena Mazanik, une domestique, avait caché une bombe dans une bouillotte placée dans son lit. En représailles, les SS tuèrent 1000 habitants de Minsk<ref>Reidlinger 1960 p.157 as quoted in Turonek 1989 p.118.</ref>. Mazanik parvient à s'enfuir pour rejoindre les partisans russes. Après la guerre, elle est décorée en tant que héros de l'URSS.
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
* Raul Hilberg, ''La destruction des Juifs d'Europe'',Tome 1, II et III, Foliohistoire, 2006.
=== Liens internes ===
* [[Histoire des Juifs en Allemagne]]
* [[Shoah]]
=== Liens externes ===
* [http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/Holocaust/application.html La lettre de Kube à Lohse concernant les Juifs allemand du 16 décembre 1941]
* [http://www.phdn.org/histgen/kubelohse310742.html Le rapport de Wilhelm Kube à Hinrich Lohse du 31 juillet 1942]
== Notes et références ==
<references />
{{DEFAULTSORT:Kube, Wilhem}}
[[Catégorie:Personnalité du Troisième Reich]]
[[Catégorie:Membre de la SS]]
[[Catégorie:Naissance en 1887]]
[[Catégorie:Décès en 1943]]
{{Portail|Seconde Guerre mondiale|nazisme}}
[[be:Вільгельм Кубэ]]
[[be-x-old:Вільгельм Кубэ]]
[[ca:Wilhelm Kube]]
[[de:Wilhelm Kube]]
[[en:Wilhelm Kube]]
[[fi:Wilhelm Kube]]
[[pl:Wilhelm Kube]]
[[ru:Кубе, Вильгельм]]