Zénètes
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2008-07-23T15:39:22Z
70.55.53.243
Les '''Zénètes''', également appelés '''Zenata''' ou '''Iznaten''', sont un groupe de populations [[berbères]] de l'[[Moyen Âge|époque médiévale]] dont descendent plusieurs [[Tribu (ethnologie)|tribus]] berbères actuelles.
L'historien musulman [[Ibn Khaldoun]] en fait, avec les [[Masmouda]] et les [[Sanhadja]], l'un des trois grands groupes berbères de l'ère musulmane<ref name="genea">{{fr}} [http://pages.infinit.net/savoir/berbere/genealogie.htm Généalogie des Berbères] selon Ibn Khaldoun (compilée par E.M. Albarnossé)</ref>. À l'origine [[Nomadisme|nomades]] pour la plupart<ref name="recueil">''Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique de la province de Constantine'', éd. Alessi et Arnolet, Constantine, 1874</ref>, ils habitaient les plaines du [[Maghreb]]. Rattachés à la [[Numidie]] durant l'[[Antiquité]], ils fondent plusieurs royaumes ayant notamment pour [[capitale]]s Fezzan, Djerma, Garama<ref>Claude Antoine de Rozet et Ernest Carette, ''Algérie'', éd. Firmin Didot Frères, Paris, 1856</ref>, [[Tlemcen]], [[Sijilmassa]], [[Fès]] ou [[Kairouan]].
Leur langue, le zénète ou ''zenati'', est une variété du [[berbère]]. Plusieurs groupes berbérophones dispersés à travers le Maghreb le parlent encore de nos jours, notamment à la frontière algéro-marocaine (dans la région de [[Beni Snous]]) et dans plusieurs [[oasis]] du [[Gourara]], des [[Aurès]], du [[Sahara]]<ref>{{en}} [http://books.google.com/books?id=1F9HPuDkySsC&pg=PA144&dq=garamantes+ifuras&lr=&as_brr=0&hl=fr&sig=_oBi1VLRhyYaaZV_gl6lrMrTjZ4#PPA132,M1 Ivan Van Sertima, ''Golden Age of the Moor'', éd. Transaction Publishers, New Brunswick et London, 1992, p. 132]</ref>, dans le [[Mzab]] et en [[Libye]], etc.
== Étymologie ==
Selon Ibn Khaldoun, ''zenata'' dérive d'un [[nom propre]] : Djana (ancêtre berbère). Les Berbères, pour convertir un nom propre en nom générique, ajoutent un « [[T (lettre)|t]] » à la fin, ce qui forme Djanat au singulier et Djanaten au pluriel.
Le son « dj » qui se situe entre le « j » et le « ch » ne se prononce pas en arabe et se trouve remplacé par un « z », ce qui donne ''zanat''. Ensuite, par usage fréquent, un « [[A (lettre)|a]] » est ajouté à la fin pour le rendre patronymique et un autre retiré au début pour faciliter la prononciation, obtenant ainsi ''znata''<ref name="ibnhistoire">Ibn Khaldoun, ''Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale'', éd. et trad. partielle par William McGuckin de Slane, Alger, 1852-1856</ref>.
Les Zénètes étaient anciennement appelés [[Gétules]]<ref name="recueil"/>. Par ailleurs, une partie d'entre eux s'est jointe aux [[Garamante]]s<ref>Gabriel Camps, ''Encyclopédie berbère'', éd. Édisud, Aix-en-Provence, 1985-2002</ref>. Le reste était appelés [[Maures (population)|Maures]] en raison de leur lutte contre [[Rome]]<ref>{{fr}} [http://books.google.fr/books?id=GDQwdet725UC&pg=PA110&dq=maures++aur%C3%A8s&sig=bVBlmq_465AecbDwmfrNDrrh9c4#PPA109,M1 Anne-Marie Flambard Héricher, ''Les lieux de pouvoir en Normandie et sur ses marges'', éd. Publications du CRAHM, Caen, 2006, p. 109]</ref>. Parmi les Zénètes, quelques tribus ont préservé leurs noms à travers le temps <ref name="geneve">{{fr}} [http://books.google.fr/books?id=XzMFAAAAQAAJ&pg=RA2-PA46&dq=ifuraces&as_brr=1 « Notions ethnographiques sur les Berbères touaregs », ''Mémoires de la Société de geographie de Genève'', tome 4, éd. Société de géographie de Genève, Genève, 1862, p. 46]</ref>.
== Division ==
Les principales confédérations zénètes sont les suivantes : [[Maghraoua]], [[Banou Ifren]], [[Dejrawa]], [[Mérinides]], [[Abdalwadides]], [[Wattassides]], [[Ghoumari]], [[Matmata (tribu)|Matmata]], [[Laghouat]], [[Sedrata]], [[Ouargla]], [[Ancha (Zénètes)|Ancha]], [[Mzab]], Yahia, [[Maghila]], Yala, [[Faten]], Rached, [[Matghara]], [[Wasul]], [[Berzal]], [[Lemaya]] et [[Afya]]<ref name="ibnhistoire"/>. Les [[Zwawas]], actuellement appelés les [[Kabyles]], tribu issue des [[Kutama]], ont également un lien avec les Zénètes tout comme les [[Sanhadja]] du Sénégal ou du Nord du Maghreb<ref>Ibn Khaldoun , Histoire des Berbères</ref>. Par la suite, plusieurs assimilations ont lieu entre les différentes confédérations zénètes (Houara, Lemtouna, Mesmouda, etc.)<ref name="ibnhistoire"/>.
Actuellement, la majorité des [[Chaouis]], des [[Touareg]]s et des [[Mzab]],etc., ils descendent directement des Zénètes, selon la généalogie d'Ibn Khaldoun.<ref>Ibn Khaldoun, Histoire des berbères</ref>
Le mot [[chaouis]] représente les Zénètes des [[Aurès]]<ref>Ibn Khaldoun, Histoire des berbères</ref>
== Métissage ==
Plusieurs nations sont venus partager le mode de vie des berbères.
Selon Sallustre, les Maures faisaient partie de l'armée d'[[Hercule]] venus d'Espagne<ref>''Histoire de la décadence et la chute de l'Empire romain'' Edward Gibbon, Jean Alexandre C. Buchon</ref> composé des [[Perse]]s, d'[[Arménien]]s, et de [[Mèdes]].<ref>L'Univers histoire et description de tous les peuples, Ferd Hoefer</ref> Ils se sont mêlés aux populations autochtones [[Gétules]] ( [[Zénète]])[[ Berbère]] du [[Maghreb]] actuel. Ils se sont installés dans les montagnes du [[Maroc]] et aux [[Aurès]] en [[Algérie]] et en [[Libye]].
Il s'ensuit plusieurs éthnies qui se sont fondus dans les tribus Zénètes et berbères comme les[[ Vandales]], les [[Juifs]], les [[Byzantins]], les [[Romains]], les [[Arabes]], les peuples d'[[Afrique]], les [[Européens]], les [[Turque]]s, etc. <ref>La Revue de Paris, Marc Le Goupils</ref> <ref>L'Algérie De Maurice Wahl, Augustin Bernard</ref>
== Histoire ==
L'histoire des Zénètes est difficile à cerner et a fait l'objet d'une controverse de la part de différents historiens. Tout ce que l'on connaît vient essentiellement des textes d'[[Ibn Khaldoun]] et des historiens [[Romains]].
=== Origines ===
[[Image:Medghasen.jpg|right|230px|thumb|[[Medghassen]] la sépulture des rois [[Numide]] <ref>Souvenirs d'une exploration scientifique dans le nord de l'Afrique, Jules-René Bourguignat </ref> et patriache des [[Zénètes]] <ref>Ibn Khaldoun , Histoire des Berbères</ref>]]
Ils auraient été implantés en [[Afrique du Nord]] dès l'installation des premières populations berbères<ref name="ibnhistoire"/>. Ibn Khaldoun fait pour sa part du personnage de [[Medghassen]], issu de la branche de Botr dont l'auteur fait remonter l'ascendance jusqu'à [[Amazigh]] et [[Cham]] (fils de [[Noé (patriarche)|Noé]]), l'ancêtre des Zénètes<ref name="genea"/>{{,}}<ref name="ibnhistoire"/>. Son [[mausolée]], situé dans les [[Aurès]] et daté de [[-300|300 av. J.-C.]], est un monument numide et le plus ancien mausolée d'[[Algérie]]<ref name="recueil"/>. La confédération des [[Nefzaouas]], qui lui est rattachée, avait pour ancêtre un personnage originaire du [[Yémen]] dont l'épouse était berbère<ref name="ibnhistoire"/>. Cet ancêtre appelé Luwata serait d'origine [[copte]] selon Ibn Hazem, ce que dément catégoriquement Ibn Khaldoun<ref name="ibnhistoire"/>.
Les Zénètes occupent à l'origine la [[Libye antique|Libye]], les [[Aurès]] — les [[Chaouis]] sont d'origine zénète —, l'ouest de l'[[Algérie]] et surtout la région de [[Tlemcen]], le Mzab, la Moulaya (région du [[Maroc]]), le [[Mali]], le [[Niger]], etc<ref name="ibnhistoire"/>. Même si la majorité d'entre eux étaient nomades, une partie était sédentaire, dont les Chaouis des Aurès et les Zénètes de l'ouest du Maghreb, ce que montre l'existence de plusieurs villages et villes.
L'histoire des Zénètes est celle d'une lente migration d'est en ouest à travers le [[Maghreb]] puis vers l'[[Espagne]]. Pour illustrer ce fait, il suffit de suivre le parcours des [[Luwata]] ou Laguantan, tribu zénète qui avait pour prêtre Lerna (lié au dieu [[Agurzil]])<ref>Arnold van Gennep, ''L'état actuel du problème totémique'', éd. E. Leroux, Paris, 1920</ref> avant l'Antiquité. Cette tribu désignée sous le terme de « [[Libou]]s » par les Égyptiens et « Loubim » dans la [[Genèse]] a donné son nom à la [[Libye antique]]. Il s'agissait certainement d'une grande confédération peuplant la [[Cyrénaïque]], la [[Tripolitaine]] ainsi que la partie du Sahara située au sud de ces régions.
Au cours du règne des [[Égypte antique|dynasties pharaoniques]], les Zénètes ou Gétules et les Garamantes<ref>Ivan Van Sertima, ''op. cit.''</ref> étaient hostiles aux souverains et et installèrent la terreur dans cette région<ref>{{fr}} [http://books.google.com/books?id=JmZraGRcd3YC&pg=PA306&dq=garamantes+pharaon&lr=&as_brr=0&hl=fr&sig=_bBXhgZP4loqbcWo16iuFiripuU Pierre Pinta, ''La Libye'', éd. Karthala, Paris, 2006, p. 306]</ref> à l'aide de leurs chevaux et de leurs chars de guerre<ref>{{fr}} [http://books.google.com/books?id=lxzjI-mcq7wC&pg=PA130&dq=garamantes+pharaon&lr=&as_brr=0&hl=fr&sig=FG6Yc7_G4yPtTdJkuKCdFr_IPZU Georges Mazenot, ''Sur le passé de l'Afrique noire '', éd. L'Harmattan, Paris, p. 130]</ref>. Durant cette même période, ils construisirent plusieurs monuments ressemblant aux [[pyramides d'Égypte]] comme le tombeau de [[Medghassen]] ou les Djeddars. Les [[Touaregs]] issus des [[Banou Ifren]] ont également laissé des [[fresque]]s dans le massif du [[Hoggar]] où l'on voit les Garamantes accompagnés de leurs animaux et de leurs chars.
Les Zénètes, issus pour leur majorité des trois grandes tribus berbères des [[Maghraoua]], des [[Dejrawa]] et des [[Banou Ifren]], ont laissé des vestiges antiques au nord de l'[[Algérie]] comme la cité de Tilimeyen dans la vallée du Saf Saf (près de [[Skikda]])<ref>Victor Piquet, Histoire des monuments musulmans du Maghreb'', éd. Bauche, Évreux, 1937</ref>. Par ailleurs, le nom de l'[[Afrique]] provient du radical berbère ''ifru'', ''ifri'' et ''afer''<ref>François Decret et M'hamed Hassine Fantar, ''L'Afrique du Nord dans l'Antiquité'', éd. Payot & Rivages, Paris, 1998</ref> employés par la tribu orientale des Banou Ifren<ref>{{en}} [http://links.jstor.org/sici?sici=0368-4016(190301)2%3A6%3C161%3ATB%3E2.0.CO%3B2-L Babington Michell, « The Berbers », ''Journal of the Royal African Society'', vol. 2, n°6, janvier 1903, pp. 161-194]</ref> vivant en grande Kabylie (Djurdujra du nom de Faraoussen), en [[petite Kabylie]] (''ifri''), en [[Tunisie]] (''afer'') ou dans le Hoggar<ref name="geneve"/>{{,}}<ref>''Onoma'', vol. 19, éd. International Centre of Onomastics, Louvain, 1950, p. 488</ref>.
=== Afrique romaine ===
{{Article détaillé|Afrique romaine}}
À l'époque de l'[[Empire romain]], les Zénètes étaient principalement concentrés en [[Tripolitaine]] et pratiquaient le [[commerce]] et l'[[agriculture]] mais étaient aussi nomades pour une partie d'entre eux. Rattachés jusqu'alors à la [[Numidie]] sous les règnes de [[Syphax]] et [[Massinissa]], ce dernier faisait partie des Afers<ref>Jerzy Kolendo, ''Le colonat en Afrique sous le Haut-Empire'', éd. Les Belles Lettres, Paris, 1991</ref>. Syphax s'était pour sa part réfugié chez les Garamantes lors de sa défaite face à Massinissa<ref name="recueil"/> et essaya d'intégrer les Garamantes de la Tripolitaine à son royaume mais ne réussira toutefois pas à contenir les habitants de la [[Cyrénaïque]]. [[Juba Ier de Numidie|Juba]] prend finalement cette région qui est ensuite incorporée aux territoires romains<ref>Gerhard Rohlfs, ''Voyages & explorations au Sahara. 1868-1869'', tome 3, éd. Karthala, Paris, 2002</ref>.
les alontours de [[Tlemcen]] furent le royaume des Zénètes dans l'antiquité. Les [[Gétules]] ( Zénètes ) vivaient dans cette partie du Maghreb .<ref> [http://books.google.fr/books?id=NpoEAAAAQAAJ&pg=PA131&dq=g%C3%A9tule+tlemcen#PPA131,M1] Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique de la province ... De Société archéologique </ref> Plusieurs rois Gétules eurent contre balancer l'Empire Romain. L'exemple du héros [[Tacfarinas]], Vers [[17]] ans après J-C, [[Tacfarinas]] soulève tous les tribus Gétules ( Zénètes)<ref>La Capsa anciennela Gafsa moderne De Pierre Bodereau</ref> [http://books.google.fr/books?id=_MMRAAAAYAAJ&q=TACFARINAS+G%C3%89TULE&dq=TACFARINAS+G%C3%89TULE&pgis=1]. L'indomptable [[Tacfarinas]] mourru à [[Pomaria]] ( [[Tlemcen]] actuellement) <ref>Histoire politique de l'Afrique du Nord De Mohand Tazerout</ref> [http://books.google.fr/books?id=SNY9AAAAMAAJ&q=TACFARINAS+TLEMCEN&dq=TACFARINAS+TLEMCEN&pgis=1]
Le Tripolitain [[Septime Sévère]], [[empereur romain]], sera lui-même d'origine berbère<ref name="julien">Charles-André Julien et Stéphane Gsell, ''Histoire de l'Afrique du Nord'', éd. Payot, Paris, 1931</ref>{{,}}<ref>''Mélanges d'archéologie et d'histoire'', éd. École française de Rome, Rome, 1977</ref> car, à cette époque, les [[mariage]]s célébrés entre Romains et Berbères sont courants. [[Leptis Magna]], capitale de l'empire en Afrique, étaient peuplée de Berbères considérés comme [[Citoyenneté romaine|citoyens de Rome]]. Plusieurs recherches montrent que les Berbères de Tripolitaine étaient d'excellents cultivateurs de [[vignoble]] et d'[[Olivier (arbre)|oliviers]]. De plus, même si les Garamantes comme les Gétules étaient pour beaucoup nomades, cela ne les empêchaient pas d'être pleinement citoyens romains<ref>Paul Petit, ''Histoire générale de l'Empire romain'', éd. du Seuil, Paris, 1978</ref>. La religion des Zénètes est alors diversifiée et l'on y trouve des [[Christianisme au Maghreb|chrétiens]], des [[Judaïsme|juifs]] et des [[Paganisme|païens]].
À l'époque du Bas-Empire romain, les Levathae ([[Luwata]]) se révèlent tellement agressifs que les Romains font élever un [[limes]] pour les contenir. Après la crise économique que vécut la grande cité romaine de Leptis Magna, la ville connaît plusieurs [[razzia]]s de la part des populations locales. Par la suite, les [[Vandales]] s'installent mais seront finalement chassés par les Banou Ifren (Ifuraces ou Iforen) et d'autres Berbères en [[533]]<ref name="corippe">Corippe, ''La Johannide ou Sur les guerres de Libye'', éd. Errance, Paris, 2007</ref>.
Après la reconquête byzantine, ces Levathae feront l'objet d'une description de la part de [[Corripus]] dans La Johannide. On y découvre des Berbères utilisant le [[Camelus|chameau]] au lieu du [[cheval]] et adorant [[Agurzil]], un dieu taureau, ainsi qu'une divinité martiale masculine nommée Sinifer. Les Arabes les nomment Louata et [[Ibn Battûta]], dans l'introduction de son récit de voyage, ne manque pas de signaler qu'il descend lui-même de cette tribu par son père. À l'époque byzantine, Corripe décrit aussi la célèbre tribu des Iforens ([[Banou Ifren]]) qui luttaient contre les Byzantins. Ayant perdu plusieurs de leurs chefs, surtout dans la région des grands Aurès de l'époque (qui s'étale de l'Algérie à la Tunisie), ils reprendront par la suite leur indépendance et autonomie<ref name="corippe"/>.
=== Arrivée de l'islam ===
{{Article détaillé|Conquête musulmane du Maghreb}}
[[Image:Mansourah, porte de la mosquée.jpg|left|200px|thumb|Porte de la Mansourah, mosquée bâtie sous le sultan [[Mérinides|Mérinide]] [[Abu Yaqub Yusuf an-Nasr]]]]
[[Image:Mansourah-1.jpg|right|320px|thumb|Minaret de la Mansourah]]
Peu avant la période islamique, les Zénètes fondent une dynastie régnant entre le [[Maroc]] et l'[[Ifriqiya]] et regroupant plusieurs tribus : les [[Maghraoua]], les [[Meknassa]], les [[Banou Ifren]], les [[Dejrawa]], etc<ref name="prol">Ibn Khaldoun, ''Le Livre des exemples. Autobiographie'', trad. partielle par Abdesselam Cheddadi, éd. Gallimard, Paris, 2002</ref>. Alors nomades, ils consacraient essentiellement aux activités pastorales. À l'arrivée des premiers musulmans, le premier ambassadeur berbère à être honoré par le [[calife]] [[Uthman ben Affan]] est [[Ouezmar Ibn Saclab]] de la tribu des [[Maghraoua]] qui sera désigné gouverneur de sa tribu. Plus tard, [[Kusayla]] sera désigné pour représenter les Berbères mais le général omeyyade [[Oqba Ibn Nafi Al Fihri]] s'opposera farouchement à lui.
À la mort de [[Kusayla]], au {{s|VII|e}}, les Zénètes, et plus particulièrement les Banou Ifren, se soulèvent, à l'image des [[Dejrawa]] sous la direction de la [[Kahena]], en opposant une longue et sérieuse résistance aux nouveaux conquérants. L'[[islam]] se répand toutefois peu à peu, notamment grâce à l'action de [[Tariq ibn Ziyad]] issu de la tribu des [[Nefzaouas]] et de [[Musa ben Nusayr]]<ref name="ibnhistoire"/>. En [[711]], des Berbères migrent vers l'[[Al-Andalus|Andalousie]] et y laisseront une trace de leur talent en [[cavalerie]] de même que leurs chevaux.
Dès le {{s|VIII|e}}, la plupart des Zénètes adoptent la [[Sufrites|doctrine sufrite]]<ref>Émile Masqueray, ''Chronique d'Abou Zakaria'', éd. Imprimerie de l'Association ouvière V. Aillaud et Cie, Alger, 1878, p. LXXIII</ref> alors que d'autres deviennent [[Kharidjisme|kharidjites]] voire [[nekarites]], c'est-à-dire rigoristes mais égalitaires en opposition au système du [[califat]] des [[Omeyyades]]. Ils tenteront d'expulser tous les [[Arabes]] du Maghreb sous la direction d'[[Abou Qurra]]<ref>William J. T. Brown, ''Kharijite Political Influences in Medieval Berbery'', éd. Université du Wisconsin, Madison, 1963</ref> venu de [[Tlemcen]]<ref name="ibnhistoire"/>. Le premier État berbère est même proclamé au Maghreb par ce dernier mais sera vite brisé par les luttes internes entre tribus berbères<ref name="julien"/>.
{{clr}}
=== Lutte entre dynasties ===
La dynastie des [[Aghlabides]] prend le pouvoir en [[Ifriqiya]] alors que le [[Maroc]] actuel passe quant à lui sous la domination des [[Dynastie Idrisside|Idrissides]] zénètes. La dernière rébellion des Zénètes kharidjites a lieu au {{s|X|e}} sous la conduite d'[[Abu Yazid]] des Banou Ifren<ref>{{fr}} [http://books.google.com/books?id=IX_LQF1FcCEC&pg=RA1-PA381&lpg=RA1-PA381&dq=ifr%C3%A8ne&source=web&ots=l8ONJIm4Cv&sig=qUimEXDFr0uW7GOM2l74X9xfAt4#PRA1-PA342,M1 Ernest Mercier, ''Histoire de l'Afrique septentrionale (Berbérie). Depuis les temps les plus reculés jusqu'à la conquête française'', éd. Adamant Media Corporation, Boston, 2005, p. 342]</ref>. Les Zénètes étaient alors en grande partie alliés au [[califat de Cordoue]] et luttaient pour le contrôle du Maghreb occidental. Abou Yazid fit réunir toutes les tribus berbères des [[Aurès]] pour lancer une attaque contre les [[Fatimides]]. Vainqueur, il reprendra toute l'Ifriqya et désignera [[Kairouan]] comme capitale kharidjite du Maghreb. Mais les Fatimides réussiront à le vaincre et une grande partie des Zénètes deviendront par la suite des alliés des Fatimides.
Les [[Omeyyades]] essayent dans le même temps par tous les moyens de retrouver leur pouvoir, ce qui provoquera l'éclatement des tribus zénètes. Les [[Fatimides]], en guerre contre ces derniers<ref name="prol"/>, finissent par reprennent le pouvoir au nord du Maghreb central mais font face à la résistance des Zénètes jusqu'à la mort d'[[Abu Yazid]]. Certains chefs poursuivront même la guerre contre les Fatimides tandis que d'autres deviendront leurs alliés. Chassés par les Fatimides, les Zénètes se retranchent alors vers l'ouest du Maghreb (Maroc et ouest de l'Algérie), le reste du territoire algérien voyant l'avènement des dynasties [[hammadides]] et [[zirides]]. C'est dans ce contexte que les luttes entre tribus zénètes se poursuivaient et que les Omeyyades n'étaient plus en mesure de continuer à régner. Les tribus des [[Hilaliens]] ravagèrent alors le Maghreb où le chaos s'installa.
Les Zénètes sont ensuite défaits par les [[Almoravides]] de [[Youssef Ibn Tachfin]] et victimes d'un génocide tout comme les [[Berghouata]]s du Maroc actuel. Les Almoravides reconfigurent la carte du Maghreb et construisent un État fort. Les Zénètes reprennent également une importance politique de premier plan au {{s|XIII|e}} avec l'émergence de nouvelles dynasties au Maghreb et en Andalousie comme les [[Abdalwadides]] au Maghreb central ou les [[Mérinides]] et les [[Wattassides]] (jusqu'au {{s|XV|e}}) au [[Maroc]]<ref name="prol"/>. Toutefois, les luttes internes entre les dynasties zénètes continuent jusqu'à l'arrivée des [[Empire ottoman|Ottomans]] en [[Algérie]].
=== Apports culturels ===
Avec la [[conquête musulmane de l'Hispanie]], l'Andalousie accueille un énorme contingent de Zénètes qui peuple des régions entières et laissera des traces dans la toponymie, la culture — le cheval [[Genet (cheval)|Genet]] ainsi que la ''jineta'' (une manière de le monter) — et la population espagnole. De plus, les Zénètes règnent en [[Andalousie]] durant des siècles. Le savoir, l'art et la musique peuvent alors s'y développer.
De grands savants ont aussi émergé durant les règnes des dynasties zénètes comme [[Averroès]] et [[Ibn Khaldoun]]. La civilisation berbère était alors à son apogée sur une partie de l'[[Europe]] et en [[Afrique du Nord]].
== Point de vue d'Ibn Khaldoun ==
Pendant l'époque romaine, les Zénètes étaient de confession chrétienne.
Ibn Khaldoun rapporte que les Zénètes étaient nomades et que chaque tribu avait son territoire avant et pendant l'ère musulmane en Afrique du Nord. Ils ont appris l'arabe (lecture et écriture) pendant la période islamique, ce qui leur a permis de réaliser des transformations dans la vie bédouine et montagnarde dans le [[Tell (Algérie)|Tell]] et au [[Sahara]].
D'après lui, les Zénètes de la première race se divisent en trois grandes tribus. Les [[Dejrawa]], tribu de la [[Kahena]] qui seront presque exterminés par les attaques arabes. Les [[Maghraoua]] vont aussi subir beaucoup de pertes humaines et presque l'extinction. Les [[Banou Ifren]] qui eux aussi vont perdre beaucoup des leurs.
Selon Ibn Khaldoun, la première race zénète formée par les deux tribus des [[Maghraoua]] et des [[Banou Ifren]] ont bâti une dynastie. La deuxième, les [[Mérinides]] et les [[Abdelwadides]], ont été deux grandes dynasties.
Pour lui, l'esprit de corps était plus fort chez les [[Sanhadja]], les [[Kutama]] et les Houara que les Zénètes. Leur nombre aussi était plus important dans ces quatre tribus que chez les Zénètes<ref name="ibnhistoire"/>.
== Point de vue d'Emile Félix Gautier ==
Emile Félix Gautier nomme les Zénètes , les chameliers. D'après lui, il y a eu une immigration massive des Zénètes vers le VIe siècle au Maghreb. Les Zénètes pénètrent le Maghreb avec des chameaux puisque d'après lui, il n'y avait pas de chameau auparavant dans le Maghreb. Il contredit tous les historiens en langue arabe. Et il dément toutes les thèses pour dire que l'histoire des [[Berbères]] demeure obscure. Il fera une différence entre Berbère et Zénète.
D'après lui , les Zénètes étaient des nomades sauvages. Il s'enprendra à la reine [[Kahina]] et il la traitera de sauvage.<ref>Le passé de l'Afrique du NordLes siècles obscurs, Emile Félix Gautier</ref>
Emile Félix Gautier ne donne aucune référence sur le language Zénète.
== Le prophète Salih des Berbères ==
les Zénètes ont un prophète <ref> page 682, Le Livre des Exemples, Muqaddima, partie 3,traduit par Abdesselem Cheddadi. ÉDITION Gallimard, ISBN 2070114252.</ref>. du nom de [[ Moussa Ibn Salih]], de la tribu des [[Ifren]] ou des [[Maghraoua]] ou [[Ghomert]]<ref>Voy. Histoire des Berbers, t. I, p. 205, et t. III, p. 284, 285</ref>{{,}}<ref> Les Prolégomènes d'Ibn Khaldoun, partie 2, traduit par Slane, page 160 </ref>{{,}}<ref> page 682, Le Livre des Exemples, Muqaddima, partie 3,traduit par Abdesselem Cheddadi. ÉDITION Gallimard, ISBN 2070114252.</ref>.
== Héritage urbanistique ==
Les dynasties zénètes ont laissé derrière elles des routes et fondé de nombreuses villes dont [[Tlemcen]], fondée par [[Abou Qurra]] des [[Banou Ifren]] en [[790]], qui devint la première capitale des Berbères musulmans<ref>{{fr}} {{pdf}} [http://www.webjournal.unior.it/Dati/19/70/Web%20Journal%20vol.%203,%20Tlemcen.pdf Fouad Ghomari, « La médina de Tlemcen. L'héritage de l'histoire, » ''Web journal on cultural patrimony'', n°1, 2007]</ref>. Le chercheur Rachid Bellil a pour sa part effectué un travail important sur les traces archéologiques et anthropologiques des Zénètes en [[Algérie]]<ref>{{fr}} [http://dzlit.free.fr/rbellil.html Présentation de Rachid Bellil, ''Textes zenettes du Gourara'', éd. CNRPAH, Paris, 2006]</ref>{{,}}<ref>{{fr}} [http://books.google.ca/books?id=jaEFbCzF8QMC&pg=PA133&lpg=PA133&dq=ksours+z%C3%A9n%C3%A8te&source=web&ots=NiCB7Nd685&sig=BR4c_2_qmnt6IjEcfrEV1sJJnVo&hl=fr Rachid Bellil, ''Les oasis du Gourara (Sahara algérien)'', éd. Peeters Publishers, Louvain, p. 133]</ref>. Parmi les sites principaux, on peut citer :
* [[Ghardaïa]] qui est en majorité d'origine Zénète<ref>Aǧraw n yiwalen tumẓabt t-tfransist =Dictionnaire mozabite-français , J. Delheure</ref> ;
* les ksours de [[Timimoun]] et les oasis de Fouggaras à [[Adrar (Algérie)|Adrar]] ([[Gourara]]) en [[Algérie]]<ref>{{fr}} [http://whc.unesco.org/en/tentativelists/1772/ Les oasis à foggaras et les ksour du Grand Erg Occidental (Unesco)]</ref> ;
* les ksours de [[Ouargla]], et d'[[El Goléa]] ([[El Menéa]]) en [[Algerie]]<ref>{{fr}} {{pdf}} [http://amistimimoun.free.fr/2Rens/Histoire.pdf Jean Bisson, ''Le Gourara. Étude de géographie humaine'', éd. Institut d'études sahariennes, Alger, 1955]</ref> ;
* Hammam Foukani (Bain supérieur) et Hammam Tahtani (Bain inférieur) au [[Maroc]] ;
* les habitations troglodytes de [[Matmata]] en [[Tunisie]] <ref>{{fr}} [http://tunisiawatch.rsfblog.org/archive/2007/01/21/les-ksour-du-sud-de-tataouine.html Roland et Alix Martin, « Les ksour du sud de Tataouine », ''Le Temps'', 21 janvier 2007]</ref>.
== Notes et références ==
<references />
== Voir aussi ==
*[[Berbères]]
*[[Banou Ifren]]
*[[Maghraoua]]
*[[Zianides]]
*[[Mérinides]]
*[[Wattasides]]
*[[Kahina]]
*[[Histoire des Aurès]]
=== Bibliographie ===
* [[Ibn Khaldoun]], ''Le Livre des exemples. Autobiographie'', trad. partielle par Abdesselam Cheddadi, éd. Gallimard, Paris, 2002, {{ISBN|2070114252}}
* [[Ibn Khaldoun]], ''Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale'', éd. et trad. partielle par William McGuckin de Slane, Alger, 1852-1856 {{ISBN|2705336397}}
* E.F. Gautier, ''Le passé de l'Afrique du Nord'', éd. Payot, Paris, 1952
== Liens externes ==
*{{fr}} [http://www.mondeberbere.com/histoire/camps/arabisation/arabisation.htm Gabriel Camps, « Comment la Berbérie est devenue le Maghreb arabe », ''Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée'', n°35, 1983, pp. 7-24]
*{{fr}} [http://www.mondeberbere.com/civilisation/gourara/gourara.htm Rachid Bellil, « Les Zénètes du Gourara d'hier à aujourd'hui », ''Passerelles'', n°24, 2002]
*{{fr}} [http://www.cndp.fr/RevueTDC/908-77838.htm Agnès Carayon, « Cavaliers en terre d'islam », ''TDC'', n°908, 15 janvier 2006]
*{{fr}} [http://books.google.fr/books?id=H3RBAAAAIAAJ&pg=PR115&dq=ibn+khaldoun#PPR10,M1 Tableau illustrant les différentes dynasties du Maghreb par Ibn Khaldoun (Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale)]
*{{fr}} {{pdf}} [http://www.inalco.fr/crb/libyco_berbere/Libyque_Synthese.pdf « L'écriture libyco-berbère. État des lieux et perspectives » par Salem Chaker]
*{{fr}}[http://www.maisonneuve-adrien.com/description/divers/roux_cheval.htm Le cheval Zénète(le barbe)]
{{Portail|Berbères|Maghreb|Espagne}}
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