Témiscouata (mon Grand Tour 2004)
[parcours balisé du 31 juillet au 7 août 2004]


Départ:  SAINT-PASCAL-DE-KAMOURASKA [240 minutes d'Iberville]

Lorsque j'ai proposé à Sylvie de faire le Grand Tour, elle a dit oui sans hésiter, et j'en ai été un peu étonné, vu la topographie du parcours. Alea jacta est. Nous connaissions un peu le Bas-Saint-Laurent, mais pas du tout le Témiscouata, et je me coucherai donc un peu moins idiot dans quelques semaines... 

Ce Grand Tour était l'un des plus difficiles, côté dénivelés. Par contre, en prenant son temps, on arrive à le compléter sur un Colnago, un vieux Fiori ou encore un vélo tout terrain. Noter que le kilométrage correspond à mon kilométrage effectif, qui inclut des variantes, et dépasse ainsi le kilométrage «officiel». Le journal du tour, le «Déchaîné», offre une description quotidienne du tour, météo et menus du soir compris. Que l'on m'excuse d'avoir pillé le site de Vélo Québec pour en créer une image miroir, pérennité oblige.

Note: La différence entre le kilométrage MapMyRide et le mien est sans doute dû à l'utilisation de mon vélo hors parcours. Enfin, en cliquant sur les «dénivelés» quotidiens, vous trouverez des copies des pages du trajet provenant du carnet de bord. 

Description détaillée du trajet
PROLOGUE (30 juillet)
Avant le départ, nous avons réservé pour la nuit de vendredi à une auberge (plus exactement un presbytère magnifiquement rénové) à Saint-Pacôme, localité située à 20 kilomètres de Saint-Pascal. Table «gastronomique» de rapport qualité-prix tout à fait honnête.
JOUR 1 (31 juillet) 67 km  dénivelé: 240 m
À peine quelques petites côtes dans cette journée de mise en jambes. Partis de Saint-Pascal-de-Kamouraska par temps brumeux, nous empruntons une Route 132 peu fréquentée. Les nids-de-poule ont été entourés de peinture orange fluo par l'organisation du Grand Tour. Un peu avant Kamouraska, nous tournons à gauche alors que le parcours continue tout droit. Heureuse méprise qui nous fait longer le fleuve et les battures. À la sortie de Kamouraska, nous rejoignons le trajet principal, qui quitte les berges pour traverser des paysages bucoliques en grande partie dissimulés sous le brouillard. Après la halte-dîner de Saint-André, nous filons vers Rivière-du-Loup, première ville-étape. Le plus beau bout de trajet de cette journée est sans doute la traversée paisible de Notre-Dame-du-Portage.
JOUR 2 (1er août) 118 km  dénivelé: 610 m
Le campement est divisé en deux sections, l'une réservée aux lève-tôt (ceux qui démontent leur tente avant 5 heures du matin), l'autre aux lève-tard (ceux qui décampent après 5 heures). Le temps est maussade et brumeux. Belles églises à Saint-Arsèneet Saint-Épiphane, où le ciel se dégage un peu. Belle route vers Saint-Clément. Lors de la halte-repas , le temps se fait menaçant et nous nous réfugions à l'intérieur de l'école pour nous protéger d'une averse courte mais violente. À la sortie de Saint-Clément, il vaut la peine d'interrompre une longue descente pour jeter un coup d'œil sur la Rivière Trois-Pistoles en contrebas. À Saint-Jean-de-Dieu, j'emprunte le trajet optionnel vers Saint-Médard, où je me réfugie une deuxième fois, cette fois sur une galerie bien fréquentée. Alors que je rejoins le trajet principal, un peu après Sainte-Françoise, le ciel s'éclaircit: magnifique panorama vers le fleuve. Encore une montée, et c'est la descente ininterrompue vers Trois-Pistoles.
JOUR 3 (2 août) 93 km  dénivelé: 800 m
La journée la plus chaude. Heureusement, les vents nous sont favorables, comme lors des deux premières étapes. L'entrée à Saint-Mathieu s'effectue sur du billard: profitons-en! Par la suite, la route ménage des vues superbes sur le fleuve et Saint-Fabien. Après la descente sur Saint-Fabien, traversée dangereuse de la Route 132, puis nouvelle descentetrès prononcée et sinueuse vers Saint-Fabien-sur-Mer, agréable lieu de villégiature. La traversée du Parc du Bic est plus difficile et moins plate (dans le sens topographique du terme) qu'on pourrait bien le croire. La piste cyclable aura rarement vu autant de cyclosportifs circulant à plus de 30 kilomètres-heure dans les boisés! À la sortie du parc, re-traversée (très dangereuse) de la Route 132, dans une forte montée (ou descente, c'est comme vous voudrez) où les véhicules moteur ne font pas de cadeau. Après avoir roulé sur l'accotement, on quitte avec plaisir la 132 pour la halte-dîner au village du Bic. Après le repas, on entreprend une forte et longue montée en direction de Saint-Valérien. Par la suite, route paisible avant la traversée de l'autoroute. Belle descente vers Saint-Odile où nous empruntons la belle piste cyclable qui longe le fleuve en direction de Rimouski. À Rimouski, il nous reste la côte de l'Avenue de la Cathédrale à gravir avant de rejoindre le petit campus sympathique de l'UQÀR.
JOUR 4 (3 août) 13 km
Journée repos. Petite randonnée au canyon des Portes de l'Enfer le matin et balade le long du fleuve dans l'après-midi.
JOUR 5 (4 août) 143 km  dénivelé: 875 m
La mère de toutes les journées, celle que toutes et tous craignaient, s'est révélée moins terrifiante que prévu, et le trafic moins lourd que je ne l'aurais craint. Il faut dire que la température, fraîche et sèche, nous a favorisés, et que le pavage était, selon les normes québécoises, relativement correct. Néanmoins, la montée de l'Avenue de la cathédrale, en direction de Sainte-Blandine, donnait le ton de la journée, placée sous le signe de la grimpe. Nous profitons du panorama (un petit arrêt le long du Lac Ferré), du beau temps et des côtes, en particulier celle menant à la Trinité des Monts: 15% sur un kilomètre, dans les travaux, mais on a eu la bonne idée d'y réserver une voie pour les Grandtouristes. Possibilité de baignade à Lac-des-Aigles; malheureusement, nous n'avons pas de maillot et je tiens à respecter l'horaire que je nous étais fixé. Une fois passé Squatec, des grimpes sérieuses précèdent les bourgades de Lejeune et Auclair, où l'on nous offre rafraîchissements et biscuits maison. Entretemps, on aura longé le Grand Lac Squatec. Après une dernière montée, c'est la descente vers Dégelis. Nous sommes en avance d'une heure sur l'horaire prévu. C'est à Dégelis que le campement était, à mon humble avis, le mieux conçu. Nous avons entre autres apprécié la belle piscine de dimensions olympiques, et la nourriture (canard et moussaka), qui  fut de loin la meilleure de la semaine.
JOUR 6 (5 août) 92 km  dénivelé: 465 m
Petite journée, comme le laisse croire le carnet de route? Voire... Après l'arrivée au Nouveau-Brunswick par le «Parc linéaire inter-provincial du Petit Témis», le parcours régulier (61 kilomètres) emprunte une côte conçue par un sadique, et qui fut la cause de plusieurs abandons. De nombreux cyclosportifs se plaignent du revêtement en aggloméré, qui oblige parfois à ralentir dans les descentes. Par contre, aucun nid-de-poule, aucune crevasse transversale. Halte-dîner intéressante à Saint-Joseph-de-Makawaska. Le parcours optionnel, que je croyais facile, ne l'était pas, mais était racheté par les plus beaux paysages de la journée. Plus loin, surtout par fort vent contraire, la Route 144 n'est pas très intéressante, à l'exception de quelques immeubles de Saint-Basile. À Edmundston, le site du campement se trouve au sommet d'une bonne côte. Baisse notable de la qualité de la bouffe, du vin et de la bière (Alexander Keith et Rickard's Red, versus sélection Unibroue et Newcastle au Québec), compensée par la gentillesse des Néo-Brunswickoises et Néo-Brunswickois.
JOUR 7 (6 août) 115 km  dénivelé: 480 m
En quittant Edmundston, on longe le fleuve Saint-Jean. À Saint-Hilaire, nous sommes accueillis par monsieur le maire en personne! Petite pause à Baker Brook, avant de longer le très bucolique Lac Baker et de traverser la frontière. Et c'est là que les choses se gâtent, côté revêtement. Le touriste qui n'aura pas rebroussé chemin au vu de ce pavage infâme aura bien du courage. Pour bien faire, il aurait fallu peindre toute la chaussée en rouge, couleur utilisée pour indiquer les nids-de-poule! Le voyageur pourra néanmoins se reposer et étancher sa soif dans un chouette établissement offrant bière froide et divertissements chorégraphiques. Le dîner se prend à Saint-Marc-du-Lac-Long, nationalement (dans le sens québécois du terme) connu pour sa mine d'ardoise. On nous fait cadeau d'un échantillon qui donnera plus de poids aux montées qui nous attendent. Après un petit hors-d'œuvre à la sortie de Saint-Marc, nous abordons les choses sérieuses (cinq kilomètres de montée impeccablement pavée) sur le chemin menant à Saint-Eusèbe. Une fois la chose avalée, on se félicite en admirant le beau paysage. Las! La route redescend, et on aperçoit le village perché tout en haut d'une côte conçue par un sadique (bis). En haut de la côte, attroupement devant le dépanneur qui profite de cette manne (in)espérée pour écouler sont stock de boissons rafraîchissantes . Il ne reste maintenant qu'à se laisser glisser, dans un paysage vaste et très très beau, vers Notre-Dame-du-Lac. La fin du trajet emprunte la piste du Petit Témis, qui longe le Lac Témiscouata jusqu'à Cabano, où nous sommes accueillis par une fanfare de camions de pompiers. Note: il y a quelques années, le Grand F, dans sa chronique du plus grand quotidien français d'Amérique, avait déblatéré contre cette piste, praticable seulement sur un vélo tout-terrain selon lui. Je n'affirmerai pas que le revêtement était le plus ferme que j'aie vu, ni que les Colnagi étaient ravis d'y mettre la roue, mais je n'ai été témoin d'aucune crevaison. Il y a quelques années, un collègue l'a parcourue sur toute sa longueur sans aucun problème. Il faut croire que les critères du Grand F en termes de confort de roulement sont élevés. Note bis: créé en novembre 2019, le Parc du Lac-Témiscouata est situé à un jet de pierre de Cabano (Témiscouata-sur-le-Lac).
JOUR 8 (7 août) 115 km  dénivelé: 460 m
Dernière journée de route. Parmi le peloton, les sentiments sont partagés, certains rêvant d'un lit douillet dans un immeuble en dur. En ce qui nous concerne, nous souhaitons étirer le plaisir, et trois options s'offrent à nous. Uno: emprunter le trajet initialement prévu et indiqué sur la couverture arrière du livret de bord, en passant par Saint-Elzéar, option rejetée par le Ministère des Transports de la Nation du Québec pour cause de travaux de réfection de la chaussée. Deuzio: tel que stipulé à l'intérieur du carnet dans la description détaillée, rebrousser chemin jusqu'à Saint-Eusèbe avant de rejoindre la Route 232. Troizio: emprunter la Route 232 à partir de Cabano. Répugnant à revenir sur nos pas, et vu le temps maussade, nous optons pour la troisième option, comme 99,78% des cyclistes, et c'était très joli. Cette matinée nous a permis de faire l'expérience, pendant une bonne heure, d'une pluie froide et insistante jusqu'à Pohénégamook. Après le dîner, une petite montée menant à Saint-Éleuthère précède la dernière longue ascension. Par la suite, ce sera une descente quasi ininterrompue vers le fleuve. À la sortie des boisés, le paysage change brutalement pour faire place aux champs, aux fermes, au fleuve et aux collines de Charlevoix, sur la rive nord. On tourne à droite pour rejoindre Saint-Joseph-de-Kamouraska. À la sortie du village, une dernière côte. L'arrivée à Saint-Pascal se fait par une descente à 19% où le freinage est de rigueur! On récupère ses bagages, on boucle le tout et on met le cap sur l'auberge de Saint-Pacôme, où nous passons la nuit.